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 (priadji) let’s go get 'em

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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyLun 27 Juil 2020 - 22:02


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{let’s go get 'em}
crédits gif/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

Les choses s’étaient soudainement enchaînées rapidement, beaucoup trop rapidement. Un mois après l’avoir soumise à ses supérieurs, sa démission s’était officialisée une semaine plus tôt, ça avait apporté au quotidien de Yasmine une légèreté libératrice que les chocolats, les fleurs et les mots doux laissés par ses collègues avaient rendu difficile à envisager sur le coup, et ce quelques minutes à peine après la fin de sa toute dernière garde que chaque membre de l’équipe présent cette nuit-là avait célébré avec la morosité des grands départs ; celui de nurse Khadji avait été jugé comme une erreur monumentale que ceux qui avaient travaillé le plus longtemps avec elle avaient bien tenté de corriger, mais en vain. Les jours passant, elle avait retrouvé ses objectifs cependant, s’en remettant aux bons conseils de Sloan qui lui avait déjà fait la somme des postes disponibles ici où là pour l’encourager à rapidement retrouver une activité à la hauteur de ses capacités. Elle avait ainsi pu très vite délaisser l’idée qu’elle avait lâchement abandonné l’hôpital sans essayer davantage, et peut-être même faire la paix avec l’idée qu’elle avait mis toute son ancienne équipe dans le pétrin. Au fond, est-ce que c’était toujours son problème ? La question ne se posait pas, Molly ne dissimulant pas son plaisir lorsqu’elle rentrait chez Yasmine, l’appartement de cette dernière étant devenu son logement temporaire depuis quelques temps déjà, avec les derniers potins croustillants des urgences, un air de vouloir lui faire regretter d’être partie en grossissant les faits comme elle savait si bien le faire, ajoutant péripéties et humour graveleux à l’ensemble de ses longs récits. Oui, ce serait toujours son problème, elle n’essaierait même pas de dire le contraire. Après tout, elle y avait travaillé une dizaine d’années ; elle avait vécu entre ses murs, au sens premier du terme. Mais non, lorsqu’elle s’apercevait combien elle se sentait soulagée ces derniers temps, c’était définitif : elle ne le regrettait pas.
Yasmine avait fait ce qu’il fallait, une constatation appuyée par Edgerton qui vivait exactement la même épreuve qu’elle, à l’exception près que, s’il tentait de faire bonne figure comme souvent, il semblait s’adapter moins bien à la situation qu’elle ne le faisait en ayant pas attendu une minute pour consulter toutes les options qui s’offraient à elle. Et c’était la raison pour laquelle, au-delà de l’histoire qu’ils vivaient tous les deux et qui s’étaient nettement renforcée depuis peu, devenant une constante solide à laquelle elle s’accrochait sans trop de peine, il passait le plus clair de son temps dans son appartement, lui aussi ; un fait dont elle ne se plaignait pas, préférant passer ses nuits à ses côtés. Est-ce que ça l’inquiétait de le voir si désoeuvré ? Forcément, parce qu’elle le connaissait suffisamment pour savoir que ses longues siestes n’étaient pas aussi habituelles qu’il le prétendait, et que rester à tourner obstinément les pages des gros volumes qu’il lisait pour s’occuper en songeant à la meilleure manière de reprendre son avenir en mains, c’était quelque chose de très compliqué pour lui. Alors en parallèle de ses propres recherches, Yasmine furetait avec détermination sur la toile pour se rancarder sur les possibilités de reconversion professionnelle de son petit-ami à qui elle lançait des intitulés de postes à pourvoir chaque fois qu’ils lui semblaient digne de son palmarès académique et de son talent, gardant toujours un oeil sur lui pour amortir son besoin de parler si l’envie lui prenait.
C’était ce qu’elle faisait le matin où soudainement les choses s’étaient enchaînées rapidement, trop rapidement ; du moins, c’était ce qu’elle faisait avant de se laisser distraire par le long baiser qu’elle échangeait avec Edge sur le pas de la porte. Elle avait fini par lui ordonner de s’en aller en lui barrant la bouche avec sa main, et il y avait consenti, traversant le couloir après un dernier baiser qu’il était venu voler comme témoignage de fausse rébellion avant d’enfin disparaître à l’angle du couloir que… son père avait dépassé en sens inverse.
Amjad s’était approché de la porte déjà ouverte de l’appartement de sa fille avec un bouquet de jasmin entre les mains, l’interrogeant d’un regard qui lui rappelait beaucoup trop celui de son frère pour que ça ne lui brise pas le coeur. Molly était sortie de la salle de bain à ce moment-là, et avait pris des mains du vieil homme le bouquet qu’elle avait mis dans l’eau sans demander l’avis de quiconque, et ça bien avant de s’apercevoir qu’elle était de trop, et de s’habiller en troisième vitesse pour aller travailler.
Pendant un long moment, qui avait compris la préparation d’un thé bien sucré pour son père, la jeune femme s’était demandée s’il avait assisté à la scène de ses au revoir avec son petit ami, ou si elle avait encore une chance infime d’enfin lui annoncer ce qu’elle s’était préparée à leur dire, à lui et à sa mère, depuis quelques semaines maintenant. Elle n’avait pas eu le temps de s’appesantir davantage sur la question qu’Amjad l’avait questionné prudemment pendant quelques minutes afin d’arriver à la révélation finale qui faisait état qu’en effet, elle côtoyait quelqu’un depuis près de quatre mois bientôt. Yasmine l’avait observé encaisser la nouvelle avec une angoisse que les doigts qu’elle fourra dans ses longs cheveux, raides ce matin-là, rendit évidente, encore plus lorsqu’il se leva de son tabouret pour venir déposer un baiser sur sa joue après avoir récupéré son blouson pour quitter son appartement.
Le silence qui tomba sur l’ensemble de son chez elle à ce moment-là lui avait plombé le moral, et elle s’était appuyée contre le comptoir du petit-déjeuner en tachant de calmer la crise d’angoisse qui avait fait gonfler une boule de tant de choses dans sa poitrine. Yasmine était restée comme ça un moment, les dents serrées, et ce assez longtemps pour ne pas voir le temps passer, et sincèrement s’étonner de la sonnerie de son téléphone qui lui indiqua qu’Amjad l’appelait. Elle avait décroché, déjà prête à intercepter ses reproches avec la voix chevrotante, quand ce qui lui proposa sans lui laisser le temps de s’élancer la fit considérer la possibilité qu’elle avait mal interprété son stoïcisme.

***

"C’est rien qu’un déjeuner, t’étais pas obligé pour la chemise." s’amusa-t-elle, un sourire en biais flottant sur son visage discrètement embelli par quelques coups de pinceaux précis, sensés atténuer les cernes qui lui restaient de ses insomnies. Elle éteignit le moteur - trop bruyant - de sa Jeep qu’elle avait garé dans l’allée de garage fleurie de ses parents, et déboucla sa ceinture pour mieux tourner d’abord sa tête, puis tout son corps vers Edge, assis côté passager. Yasmine marqua un temps d’arrêt pour réunir le peu de sérénité qu’elle avait pour elle en cette fin de matinée, et observa le visage du jeune homme d’un air concerné, presque préoccupé.
Quand au bout du fil, Amjad lui avait chaudement conseillé de réserver son prochain dimanche midi pour un déjeuner chez les Khadji, sa cadette était restée interdite et n’avait pu qu’ânonner en arabe un on vient pour quelle heure, baba ? L’ascenseur émotionnel dans lequel elle avait été poussée de force avait eu un certain effet sur elle et sur le moment, encore sous le choc de la surprise, elle n’aurait su dire s’il avait été bénéfique ou non. Toujours était-il que l’angoisse qu’elle avait ressenti quelques longues minutes plus tôt s’était brusquement transformée en un enthousiasme qu’elle avait eu besoin de partager avec Edgerton qu’elle avait appelé dans la foulée pour le prévenir qu’ils étaient invités, tous les deux, à déjeuner ses parents.
Ils en étaient là aujourd’hui, propulsés en avance vers un péril qu’elle aurait aimé préparer davantage pour être sûre que tout se passe pour le mieux. Pour sa défense, elle s’y était attelée doucement, comme en témoignait la conversation qu’elle avait eu avec son frère sur le sujet, mais comme toujours, l’imprévu s’était joint à la fête. Tandis qu’elle plongeait son regard dans celui de son petit-ami, Yasmine lui demanda "Hey, t’es nerveux ?" Elle aurait bien voulu prétendre qu’il n’y avait aucune raison de l’être, mais si elle était douée pour faire bonne figure, elle l’était moins beaucoup moins pour mentir, surtout à Edgerton "Sans mentir, d’accord ? T’es nerveux ?" lui demanda-t-elle à nouveau, la tête posée sur le haut de son siège dans lequel elle s’enfonça en plissant les yeux, ses longs cils allongés par le mascara formant une barrière épaisse qui accentuait le vert de ses yeux. Yasmine souligna d’un nouveau plissement d’yeux la mine qu’elle emprunta pour atténuer la portée de ce qu’elle laissa échapper dans un murmure exagérément précipité "Parce que moi je le suis un tout, tout petit peu."
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyMer 29 Juil 2020 - 0:40


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crédit/ (ssoveia) ✰ w/ @yasmine khadji

Le temps est une drôle de chose. Voilà ce que tu ne cesses de te répéter depuis quelques jours, voire même quelques semaines. Ou alors c’est depuis l’une de tes dernières séances chez ta thérapeute, quand tu as été plus que dérouté par sa dernière requête, quand elle t’a demandé d’écrire une liste de toutes les choses que tu avais accompli et dont tu étais fier. Un exercice complètement stupide, selon toi, et loin de vocaliser ton mécontentement, tu t’es contenté d’une profonde inspiration, lui promettant au moins d’essayer. Et la liste en elle-même est courte, un peu trop courte selon elle -ah, ce complexe d’infériorité- tu penses néanmoins avoir compris le but de l’exercice. C’est juste une question de perspective, ça et te dire que tu as encore du temps, suffisamment de temps, pour continuer d’inscrire des choses sur cette liste. Que ce n’est pas juste le travail de quelques minutes, quelques heures ou des jours, mais bien des années et même de toute une vie. Une notion qui aurait pu t’effrayer il y a peu, ce n’est plus vraiment le cas. Encore une fois, juste une question de perspective. Se retrouver sans emploi, par choix, n’est vraiment pas la pire chose du monde, tu as une certaine sécurité financière, assez pour te permettre de te la couler douce pendant quelques semaines, tu es en bonne santé, ta famille et tes proches le sont et tu ne manques de rien. Absolument rien. Donc tu peux prendre un mois ou deux pour respirer. Pour essayer, pour te perdre et si tout ceci non plus tu ne l’as pas vocalisé, tu prends le temps. Le temps de ne rien faire justement, quitte à ce qu’une certaine personne s’en fasse un peu trop pour toi.
Car oui, avec ou sans emploi, Yasmine reste Yasmine et s’inquiéter pour tout le monde autour d’elle reste ce qu’elle fait de mieux. Et en dehors de Molly qui a envahi son appartement, en dehors de sa propre recherche de boulot, tu restes sa cause préférée il semble bien. Non pas que cela te dérange particulièrement, mais le regard de la brune se fait un peu trop insistant parfois, quand tu es caché par une quatrième de couverture ou que tu émerges d’une énième sieste, parce que tu peux le faire et que tu ne veux pas vraiment avoir à te justifier. Elle essaye, à sa manière de te remonter le moral, te montrer que ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Et tu pourrais freiner l’enthousiasme de la brune, facilement, d’une simple inflexion de tes sourcils, tu sais très bien le faire, sauf que c’est le chemin qu’elle doit faire elle. C’est sa manière de décompresser et de faire face à ses propres problèmes, en s’occupant des tiens, décidément pas quelque chose qui fait du sens, qui ne doit pas faire de sens pour un avis extérieur, cependant tu ne le feras pas remarquer, tu laisses Yasmine faire ce qu’elle fait de mieux. Osant juste l’interrompre, en changeant de sujet, en posant tes lèvres sur les siennes, quand les mots salaire et photographie sont lancés dans ta direction. Une bonne technique… okay une très bonne technique, qui marche très bien pour le moment.
Tellement bien que tu n’es pas surpris de voir une figure un peu familière et pourtant complètement étrangère près du pas de la porte de Yasmine alors que tu t’en vas rejoindre Camille à l’autre bout de la ville. Tu n’y penses pas, jusqu’à ce que Yasmine t’informe qu’il s’agissait en fait de son père. Oh okay… c’est ta réaction initiale et voilà que tu te retrouves des jours plus tard, devant ta propre penderie à décider s’il vaut mieux que tu portes une chemise bleue ou une chemise blanche pour déjeuner avec les Khadji. "Mets-la blanche !" La voix de Camille te parveint en provenance du salon et tu regrettes soudainement de lui avoir dit pourquoi il était impératif que tu n’es pas trop l’air… négligé ce jour-là en particulier, mais okay. Une chemise blanche. Pourquoi questionner sa logique maintenant ? Ce n’était pas comme si rencontrer les parents de Yasmine était une étape cruciale et importante dans votre toute nouvelle relation, que quatre mois passés dans votre propre bulle c’est sûrement trop long et que quoi qu’il se passe, tout continuera d’aller bien entre la brune et toi… n’est-ce pas ? "Va pour la blanche." Que tu conclues, parlant à ton propre reflet dans le miroir, finissant par enfiler le vêtement, fermant, contrairement à ton habitude, tous les boutons avant de sortir de ta chambre, cherchant Camille, Louis et Paul du regard. Installés devant la télé, évidemment, Camille prend quand même le temps de se tourner vers toi et les deux pouces levés dans ta direction sont tous ceux dont tu as besoin pour enfiler tes chaussures. Elle est sur le point de te poser une question, ou de faire une blague foireuse, tu le sais, mais tu l’en dissuades d’un regard, ajoutant un simple : "Garde ta vanne pour dans quelques heures. Je serais un peu plus disposé à l’entendre, okay ?" ce à quoi elle répond par un hochement de tête.
Tu leur adresses un dernier signe de la tête, sortant de la demeure au moment où la Jeep de Yasmine se gare devant chez toi. Le trajet est un peu trop rapide à ton goût et quand la brune coupe le moteur, tu réalises que tu étais en train de fixer les roues de la voiture en face de vous, perdu dans tes pensées. Tu te tournes enfin vers elle, lui offrant un maigre sourire, qui se transforme en léger rire quand elle commente ton choix de tenue. "Hmmm… l’absence de chemise ça sera pour plus tard, Khadji …" Que tu réponds, presque automatiquement, bien décidé à utiliser ton humour latent pour servir de distraction. C’est assez pour que ton regard trouve celui de la brune, tandis que tu demandes intérieurement si tu dois déjà commencer à t’inquiéter ou pas. Elle est tournée vers toi, ayant l’air presque aussi incertaine que toi et c’est plus fort que toi, une de tes mains se pose sur le genou de Yasmine. Juste là, comme pour te rassurer qu’elle est bien là et que c’est toujours vous quoi qu’il advienne. Sa question ne t’aide pas à te faire une idée des prochaines heures, ni sa dernière remarque, au contraire, tu as envie de l’interroger à ton tour. De lui demander si cette petite réunion aurait eu lieu si son père n’avait pas été là ce jour précis. Ou si elle avait autre chose de prévu en tête justement. Ou si elle aurait préféré attendre encore un peu. Ou juste garder votre histoire pour elle un peu plus longtemps.
Tu ne lui poses pas toutes ces questions-là, penser en hypothèse est une belle perte de temps et en plus, Yasmine t’a annoncé la nouvelle sans détour, semblant plus qu’enthousiaste et enjouée. "Tu veux la réponse longue ou la réponse courte ?" Répondre à une question par une autre interrogation… pas une chose à faire non plus, tu finis par hausser les épaules, parce que tu ne sais vraiment pas quoi penser de tout ça et que la nervosité de Yasmine elle, est totalement palpable. C’est lisible sur son visage et tu demandes de quoi tu as l’air toi. "Je ne vais pas te mentir, je suis nerveux. Un peu. Un peu stressé également mais je crois que c’est une bonne chose ?" Parce que son avis a toujours compté dans ta vie et que par extension, celui de ses parents comptera aussi. Oui, et parce que tous les deux, vous avez une place particulière pour votre famille dans vos vies respectives. Yasmine a pu le constater au fil de ces derniers mois, vu qu’elle a plus ou moins été adopté par toute la famille Price. "Parce que j’ai vraiment envie de les rencontrer et que je ne me suis jamais, jamais retrouvé dans cette situation-là donc…" Pas une confession que tu prévoyais de faire maintenant, peut-être après le repas mais, cela reste la stricte vérité. Tu n’as pas été le petit-ami de beaucoup, juste deux femmes, et cela, c’est en comptant Yasmine. Et tu n’entres décidemment pas dans la catégorie des hommes qu’on présente à ses parents en espérant qu’ils comprennent. En général, tu es une mauvaise phase, l’excès de trop et le type qui ne rappelle pas donc… oui, les changements ne sont arrivés qu’avec Yasmine et que pour Yasmine, et là, tout de suite, tu te demandes si c’est assez. Mais ça non plus, tu ne le dis pas, n’ayant pas vraiment envie d’embêter la brune avec tes propres insécurités. "Je suis content que ma première fois soit avec toi." Cette admission là est toute aussi sincère que la précédente, tournée de façon un peu plus ridicule, un peu plus toi, histoire de ne pas l’alarmer. "Plus sérieusement, je ne sais absolument pas à quoi m’attendre donc… allons-y ?" Que tu suggères finalement, défaisant ta ceinture et prêt à sortir du véhicule de la brune, histoire de ne pas arriver en retard.
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyJeu 30 Juil 2020 - 22:20


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Yasmine aurait tant aimé être capable de dissimuler un peu plus sa nervosité. D’autant que dans le fond, ce qu’elle craignait n’avait rien à voir avec l’accueil qu’Edge recevrait de la part de ses parents. Elle les connaissait tous les deux, ils lui avaient légués les bons principes qu’elle s’échinait à mettre en pratique chaque jour de sa vie. Certes, elle avait bifurqué du chemin qu’ils avaient biné pour elle durant toute son enfance, la protégeant sans cesse, et lui réservant un avenir de maman comblée et toute dévouée à son époux. Mais en même temps, elle avait su leur prouver, avec douceur et respect, toujours, combien lui faire confiance en la laissant envisager une vraie carrière, dans le domaine de son choix, n’avait pas été une erreur de leur part, bien au contraire : ils étaient fiers de la femme qu’elle était devenue, c’était une certitude qu’ils n’exprimaient pas très souvent, mais qui se lisaient dans leurs yeux quand ils l’écoutaient raconter ses journées aux urgences.
Non, ils n’étaient pas du genre à se montrer froids et guindés, le soleil du Maroc qu’ils avaient été forcés de quitter étant bien toujours bel et bien présent dans le coeur qu’ils avaient gros comme ça. Ils étaient intégrés depuis longtemps, Amjad et Fatima Khadji, tellement qu’ils faisaient entièrement partie du paysage de Logan City. Ils s’étaient adaptés au monde qu’ils avaient rejoints par défaut, un peu chamboulés par leurs premiers pas sur des terres moins arides que celles qui avaient accueilli les premières années de leur vie c’était vrai, mais finalement ils s’étaient fait aux différences qu’ils chérissaient pour affirmer la notion de tolérance qu’ils s’étaient efforcés d’inculquer à leurs deux enfants. Enfin, ils avaient prouvé que leur tolérance avait leurs limites toutefois, et c’était ça que la jeune femme redoutait vraiment.
Elle avait assisté impuissante à la répudiation de son frère aîné après son coming out. Son monde s’était écroulé à cette époque et encore aujourd’hui, après plusieurs années passées à essayer de faire de son mieux pour les rabibocher tous les trois, elle n’en finissait plus de ne pas comprendre comme ces gens bons, honnêtes et tournés vers les autres avaient pu se montrer si durs envers leur propre fils pour une histoire de supposée offense à leur croyance. Vraiment, ça avait été un choc pour Yasmine d’assimiler l’idée qu’en vérité, ils n’étaient peut-être pas aussi parfaits qu’elle l’avait toujours cru. D’un côté c’était de sa faute, elle aurait dû s’en douter. Plus encore, elle aurait dû se méfier quand toute jeune, il avait été question pour elle de répondre à leurs attentes en matière de jeunes hommes à côtoyer - comprendre, à épouser.
La question du mariage était une obsession pour Fatima qui avait rencontré Amjad de façon arrangée et bien heureusement, ils s’étaient aimés dès le premier regard qu’ils avaient échangé. Dans l’entourage de la famille Khadji, personne n’ignorait que la matriarche du clan aurait adoré que sa fille se plie à cette tradition pour répondre au rêve de sa vie qui était d’avoir des petits enfants à elle, des petits enfants qu’elle imaginait aussi doux que sa fille - mais tout ça à condition d’une chose, et c’était que l’heureux élu soit musulman, évidemment. Et Yasmine avait essayé de se plier à cette requête qui ne mangeait pas de pain, sincèrement ; elle avait toujours eu le souci de faire plaisir à ceux qui l’aimaient autant qu’elle les aimaient. Seulement en grandissant, elle avait trouvé ça tellement archaïque de s’en remettre à ce simple critère pour faire un choix qu’elle, elle jugerait sans aucun doute définitif, n’étant pas du genre à butiner pour trouver son bonheur en terme de relation amoureuse. D’ailleurs, les deux seules relations qu’elle avait eu avant Edgerton, elles s’étaient basées sur ce critère… pour mieux se solder par des déceptions qui lui avaient fait promettre que plus jamais de sa vie, elle ne jugerait une foi partagée comme une preuve irréfutable d’amour.

"Je veux la réponse tout court. Longue ou pas, j’ai tout mon temps." Elle jeta un bref coup d’oeil à sa montre histoire de "On est en avance." compléta-t-elle avec une pointe de malice, sa main trouvant finalement celle que le jeune homme avait posé sur son genou, ses doigts s’enclavant doucement entre les siens, et qu’elle finit par serrer par réflexe inconscient. Elle savait que finalement, elle n’avait pas tellement besoin qu’il lui affirme qu’il était nerveux ; elle l’avait rarement vu aussi silencieux et pensif, un indicateur fiable du fait que, s’il essayait de se laisser porter par les choses en les laissant venir telle qu’elles étaient, il n’était pas aussi serein que ça. A son contraire, il ne craignait pas grand chose pourtant, si ce n’était de subir un interrogatoire en bon et due forme tout au long du déjeuner. Aussi en le regardant un instant sans doute un peu trop long, sa tendance à se laisser perturber par tout ce qui constituait son si beau visage prenant le dessus, Yasmine se demanda à quel moment exactement ses parents chercheraient à savoir quel était son point de vue sur la religion, et s’il était pratiquant.
Leur réaction quand ils découvriraient qu’elle leur avait amené un athée, elle avait du mal à l’anticiper… ça l’effrayait à un point qu’elle n’aurait été capable de verbaliser tout de suite, se souvenant que trop bien de la scène qui avait mené Sohan à ne plus jamais être autorisé à remettre les pieds dans la maison dans laquelle il avait grandi. Elle referma brusquement cette porte de sa mémoire, préférant reporter toute sa concentration sur le visage d’Edge qu’elle aurait voulu apaiser aussi bien que d’habitude. Et avec un effort, sortant de sa propre fébrilité mi-hésitante mi-enthousiaste, elle s’en donna les moyens en faisant un trait d’humour. Elle appuya doucement sa joue contre l’appui-tête de son propre siège, les paupières doucement plissées pour paraître plus sérieuse qu’elle ne l’était "Et je suis contente que tu sois le premier homme que je ramène de mon plein gré à la maison." lui dit-elle pour mieux poursuivre sur lancée après une pause inutile "Les autres ont été pistonné, et tu veux que je te dise… tu pars pas grand favori du jury, mais moi, c’est toi que je préfère." Elle opina solennellement du chef, la joue toujours légèrement écrasée avant de redresser la tête, puis de lever leurs mains entrelacés pour embrasser celle d’Edgerton qu’elle lâcha à contre-coeur.
En même temps, elle libéra un long soupir qui fit disparaître le sourire qu’elle avait laissé filer en se croyant maline avec sa boutade "Ça va bien se passer, mais sois pas étonné si ma mère se montre un peu froide avec moi au début. Elle a mal pris que mon père soit celui qui la prévienne en premier que je vois quelqu’un." commença-t-elle en vérifiant que son volant était bien bloqué "Il a dû lui dire que j’avais commencé à lui en parler pendant le ramadan en plus… elle se sent trahie." Elle retira sa clef du contact en se laissant vaguement distraire pas l’image d’une Fatima boudeuse quand, le jour-même de l’appel de son père, Yasmine était passée prendre le goûter avec elle pour la trouver à marmonner à son intention. Elle avait tenu à lui faire savoir qu’elle était plus que vexée d’avoir été ainsi tenue à l’écart ; sa fille lui avait assurée qu’elle aussi avait été prise de court par l’enchaînement des événements, mais elle n’avait rien voulu entendre, l’interrogeant sur les goûts culinaires de son petit ami comme si de rien n’était, mais lui lançant des regards noirs par-dessous ses longs cils très discrètement maquillés. Du grand Fatima, Yasmine ne s’en formalisait pas plus que ça, ça la faisait même un peu sourire - mais pas devant elle, ça non "Je suis sûre que toi, t’auras droit à un câlin. Eeeeet je sais que tu vas me répondre que c’est Tamara qui fait les meilleurs câlins du monde…" Elle tourna la tête vers lui, une main en suspend près de la poignée de sa portière, et continua en retrouvant un peu d’entrain lorsqu’elle se rendit compte qu’Amjad était sorti sur le perron pour les accueillir avec un sourire chaleureux sur le visage "Sauf que je suis obligée de te contredire sur ce point. Tu comprendras quand ma mère te prendra dans ses bras." Elle pointa brièvement son père du doigt à travers la vitre "J’en connais un qui s’impatiente - comment t’as su qu’on arriverait en avance ?" finit-elle par lancer quand elle sortit de sa Jeep après un dernier regard vers Edge qu’elle encouragea silencieusement. Elle marcha jusqu’à l’avant de la voiture en replaçant entre ses omoplates la longue tresse qu’elle s’était faite ce matin, puis tendit la main au jeune homme pour qu’il la saisisse pendant qu’elle passait la bandoulière de son sac en travers de sa poitrine. Souriant à la mine que son père lui accorda en descendant deux marches du petit escalier qui menait jusqu’à la porte d’entrée vers laquelle elle guida son petit ami, sa voix arriva jusqu’à eux "Mon sixième sens de père, benthi. Tu comprendras quand vous aussi vous aurez des enfants." Silence gêné, uniquement dérangé par la densité des pas d’Edge et Yasmine sur la gravier de l’allée de garage qu’ils remontèrent ensemble tandis qu’Amjad tendait déjà une main vers la jeune homme en lui demandant "Edge, c'est bien ça ? Autant dire que ça commençait sur les chapeaux de roues.
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyJeu 6 Aoû 2020 - 23:02


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crédit/ (ssoveia) ✰ w/ @yasmine khadji

Il est certain que ce nouveau silence ne te ressemble pas. Cela ne te ressemble pas du tout et tous ceux qui te connaissent savent que tu es un homme d’action et que tu fonctionnes avant tout à l’instinct. Tu es capable de jauger une situation en seulement quelques secondes et c’est tout aussi rapidement que tu décides si cela te convient ou pas. De même que tu juges rarement les autres sur ce qu’ils disent mais bien sur ce qu’ils font et pas autre chose. Car il est toujours facile de faire des promesses et de songer à des jours meilleurs ou à un éventuel futur et ce sans se soucier de ce qui compte dans l’instant présent. Mais dans la présente, il y a un peu trop d’inconnues pour que tu puisses te faire une véritable opinion ou partager tout ce que tu ressens avec Yasmine. Et tu ne veux vraiment pas stresser davantage la brune, cela ne serait vraiment pas juste, d’autant plus que ce déjeuner est tout autant important pour elle. Peut-être même plus qu’elle ne le laisse sous-entendre ? Connaissant Yasmine, c’est sûrement le cas. Ni elle ni Sohan ne t’ont donné de véritables détails sur les raisons de l’éloignement de Sohan mais tu as assez de jugeotte pour assembler les pièces du puzzle. Assez de jugeotte pour ne pas vouloir en ajouter plus, car tu as bien conscience ne pas tout à fait rentrer dans le moule du gendre parfait.
Et si d’ordinaire, cela ne te dérange pas vraiment, ou alors tu as appris à ne plus te laisser atteindre pas tout ça, tu ne peux plus prétendre le contraire. Pas quand tu t’apprêtes à rencontrer les parents de la personne qui compte le plus à tes yeux. Non. Mais tu ne dis rien de tout cela, un minimum rassuré quand la main de Yasmine vient se poser sur la tienne, cherchant un peu de motivation dans le regard de la brune. Et quelque chose auquel tu peux te raccrocher dans ses mots à elle. Et quand elle te confirme que la situation est toute aussi inédite et nouvelle pour elle, tu as un léger sourire sur le visage. Pas à cause ton ego parce que tu es le premier, comme elle le dit si bien, juste parce que Yasmine est honnête avec toi et n’essaye pas de cacher ce simple fait. "Et le sentiment est réciproque Khadji, j’ai pas prévu de me débarrasser de toi de sitôt, on en a déjà parlé." Que tu répliques aussitôt, rassuré par la pression des lèvres de Yasmine sur ta peau. Tu n’en doutais pas une seule seconde, il s’agit tout de même de Yasmine et en dépit de ce que certains ont l’air de penser, il est difficile de la convaincre et elle fait ce qu’elle a envie de faire avant tout. Quand tu es concerné, l’avis des autres importe peu au final. Et c’est pareil pour toi dès qu’il s’agit de Yasmine.
Tu espères juste que cela sera suffisant pour les prochaines heures. Et tu hausses un sourcil quand elle fait la mention particulière de sa propre mère et tu te demandes intérieurement si tu ne lui as pas déjà causé du tort. Avant même d’avoir franchi le seul de la porte. Pas la meilleure impression du monde, songes-tu automatiquement, avant de rebondir sur la dernière remarque de Yasmine. "Oui, Tamara Price fait les meilleurs câlins du monde mais… je peux être convaincu du contraire. Tu me connais… je ne suis pas très difficile au final." Pas très difficile du tout, au final. La prochaine étape, logique au possible, serait que vos parents respectifs se rencontrent mais… cela n’est pas pour tout de suite, peut-être dans quelques mois. Et non, ce n’est plus vraiment toi de faire des plans aussi concrets et sur le long terme, mais avec Yasmine ? Il n’y a pas vraiment d’incertitude alors, pourquoi pas ? Tu sors de la Jeep de Yasmine, suivant l’exemple de la brune, faisant facilement le tour du véhicule, seulement pour laisser échapper un léger rire la seconde suivante, apercevant le père de Yasmine à travers la vitre. "Tiens, ça me rappelle une de mes cousines." Que tu marmonnes, plus pour toi qu’autre chose, et oui quand on sait que tu n’as qu’une seule cousine, on peut apprécier à quel point tu es hilarant.
Mais tu as encore le souvenir de la première rencontre entre Camille et Yasmine, quand tu étais encore hospitalisé au St Vincent, Camille n’hésitant pas avec ses questions et pas du tout dérangée par le fait que la situation n’était pas idéale pour se montrer curieuse, pas idéale du tout. Au moins les parents de Yasmine savent que tu feras ton apparition aujourd’hui. Ta main dans celle de la brune, tu te laisses guider tout simplement, en territoire complètement inconnu pour le coup, un sourire toujours sur ton visage. Ton regard tombe automatiquement sur le père de Sohan et Yasmine, ce dernier venant à votre rencontre et avec une expression familière sur le visage, le genre de sourire que Yasmine porte souvent, que tu as déjà vu se dessiner sur le visage de Sohan également… tu es ravi de constater que c’est de famille et s’il n’y avait eu que Yasmine et toi sur le perron, tu aurais pris plus de temps pour observer la demeure. Pour demander à Yasmine de te raconter toutes les anecdotes et quelques souvenirs, sur tout ce qui te dessine sur tes yeux, sur ce garage et sur tout. Tu réalises soudainement qu’il vous faudrait voyager à Melbourne pour que la jeune femme voit l’appartement dans lequel tu as grandi et même ta ville natale, certes, tu t’es fait à Brisbane, à ton quartier et tu te considères chez toi ici mais… il y a un toujours un sentiment particulier qui t’habite en retournant à Melbourne et en constatant tout ce qui a changé. Et d’après les récits de la brune, ses propres parents viennent de loin, plus loin que Melbourne, du Maroc et tu n’as pas oublié l’admiration certaine avec laquelle Yasmine parle de ses parents, de cette transition plus ou moins imposée et de leurs, non de ses, origines lointaines.
Tu es sur les talons de Yasmine, littéralement, tandis qu’elle échange avec son père et ton expression se fige en un sourire poli et légèrement crispé à sa remarque à lui. Une remarque que n’importe quel parent aurait pu faire, n’importe quel parent avec une fille dans la tranche d’âge de Yasmine, dans une relation qu’il croit sérieuse. Et qui l’est, vraiment pour le coup. Aussi, tu préfères ne pas relever, choisis de ne pas le faire, ce n’est pas le bon moment pour expliquer que tu n’es pas tout à fait certain de vouloir des enfants -pas le bon moment du tout-, offrant un sourire à l’autre homme. Tu sens Yasmine légèrement se tendre à tes côtés et tu décides qu’aujourd’hui sera comme les autres fois où tu fais semblant de maîtriser parfaitement la situation et que rien ne peut vraiment t’atteindre. Yasmine en a clairement besoin, aujourd’hui plus qu’un autre jour. Tu serres donc la main que l’on te tend, répondant à la question. "Edge pour faire simple, mon prénom complet est Edgerton mais je vous laisse choisir quelle dénomination vous préférez, je réponds à tout au final." C’est la version la plus courte que tu peux faire, histoire de ne pas accaparer encore plus l’attention, tu laisseras Yasmine remarquer que cela ne te dérange pas que ses parents à elle utilisent ton prénom complet… tu n’est plus à ça près et puis Edgerton ça sonne mieux. "Et vous, comment est-ce que je dois vous appeler, Monsieur Khadji ?"
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptySam 8 Aoû 2020 - 17:15


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C’était bien parce qu’aucun d’eux ne voulait se débarrasser de l’autre de sitôt qu’ils se retrouvaient dans cette situation aujourd’hui. Ça n’avait rien d’une corvée au demeurant, bien que ne pas savoir exactement comment les choses se passeraient véritablement rendait Yasmine nerveuse ; tout simplement parce que l’environnement dans lequel elle avait grandi n’avait rien à voir à celui dans lequel Edge avait grandi, elle le savait.
Même à plus de 30 ans aujourd’hui, elle gardait à l’esprit qu’elle devait se montrer redevable envers ceux qui l’avaient élevée. Dans la limite du raisonnable évidemment, prenant les choses à sa manière sans déroger trop radicalement aux attentes nourries par ses parents qui savaient subtilement lui rappeler que ses travers d’adorable rebelle leur avait donné du fil à retordre, mais là encore dans une limite plus que tolérable. Amjad et Fatima n’avaient clairement pas à se plaindre de leur fille, et ils s’en étaient toujours réjouis.
D’un côté, cette rencontre n’était que la suite logique de l’histoire qu’elle écrivait à quatre mains avec le jeune homme qui se trouvait à ses côtés, remontant ensemble l’allée du garage de ses parents. Comme tout jusqu’ici, il n’y avait rien qui ne relevait pas de l’évidence même dans la manière avec laquelle ils évoluaient en tant que couple, et si cette rencontre ne s’était pas déroulée aujourd’hui, elle se serait sans aucun doute déroulée un autre jour ; elle s’était juste doucement laissée rattraper par ce fichu imprévu qui se mettait souvent sur leur route depuis qu’ils avaient repris contact tous les deux.
Quelque part c’était peut-être cette épée de Damoclès qui flottait au-dessus de leur tête qui la rendait un peu timide à l’idée de faire officiellement rentrer Edgerton dans l’univers de la famille Khadji. Mais n’avaient-ils déjà pas contrer pires imprévus que ceux sur lesquels elle évitait de potasser dans l’intimité de ses pensées ? Ça restait à prouver comme le témoignait l’entame de son père qui la fit intérieurement grimacer, puis sourire largement, toutes fossettes se creusant sur son visage bronzé, pendant qu’elle passait son bras libre autour de ses épaules fatiguées, mais robustes, grimpant les quelques marches du perrons pour arriver à sa hauteur en tout premier lieu. Enfin, elle s’approcha un peu plus près de son visage pour déposer deux baisers consécutifs sur son front - le second fut plus long et bruyant, se terminant par un mouah qui le fit rire un peu.
Elle ne releva pas sa réflexion, parce que ce n’était pas nécessaire dans le fond, et qu’elle ne voulait pas créer un malaise inutile alors qu’ils n’avaient même pas encore dépassé le seuil de la maison familiale. Yasmine préférait nettement remarquer la manière dont Amjad avait tendu la main à Edge sans hésitation tandis que de son côté, elle serrait un peu plus celle qu’elle tenait toujours dans la sienne, ne pouvant s’empêcher d’éprouver un sentiment galvanisant qui se rapprochait nettement d’un bonheur qu’elle n’avait jamais encore eu l’occasion de connaître jusqu’à présent. C’était étrange et satisfaisant à la fois et à ce moment-là, elle aurait aimé savoir ce que pensait son petit ami qui poursuivit le dialogue sans donner l’impression de perdre son sang froid au contraire.
Il savait se faire apprécier, Edgerton Samuel Price. Il était très doué pour ça à vrai dire. Pour y être constamment confrontée, se laissant avoir à chaque fois à coup sûr, son charme était un atout qui faisait bien souvent l’unanimité. Et elle savait très bien de quoi elle avait l’air, à le regarder se débrouiller sans aucun problème. Mais lorsqu’elle croisa son regard, et qu’elle lui sourit pour silencieusement l’encourager, elle s’aperçut que ça ne la dérangeait pas outre mesure que son père remarque à quel point elle était amoureuse au travers du regard qu’elle posa sur lui.

"Il déteste qu’on l’appelle Edgerton." dit Yasmine suite aux paroles d’Edgerton, donc. Elle rompit le contact visuel avec le jeune homme, et toujours avec un bras autour des épaules de son père, elle alterna l’angle de ses yeux pour partager avec lui un regard rempli de douceur, leur tête respective tournée l’une vers l’autre. Elle le lâcha brièvement pour, avec ses doigts bagués, essuyer la tache invisible de baume à lèvres qu’elle lui avait laissé sur le front, songeant au fait qu’elle préférait rester la seule à l’appeler par son prénom complet. Un avantage qu’elle avait gagné avec le temps, et qui paraissait moins l’agacer désormais ; aussi elle avait beau adorer ses parents, elle ne tenait pas à ce qu’eux, ils remporte ce passe-droit en l’espace d’un instant. Ça se méritait, après tout "On se contentera d’Edge dans ce cas. Pour toi ce sera Amjad." Le tutoiement était inné sous le toit des Khadji, une habitude gardée du pays.
Amjad poursuivit, se détachant de sa fille avec dans le regard une lueur qui indiquait clairement qu’il s’apprêtait à faire une blague, sa voix se gorgeant d’un accent rieur qui s’ajouta à celui qu’il n’avait jamais réussi à perdre avec le temps, malgré une pratique de l’anglais régulière quand il n’était pas à la maison "Les noms d’oiseaux sont réservés à ma femme qui tient une liste aussi longue qu’elle." En d’autres termes, pas très - ils s’aimaient beaucoup trop pour s’insulter, c’était un fait. Un léger rire échappa à Yasmine qui secoua la tête en suivant son père qui s’avança sur le perron ; elle n’avait toujours pas lâché la main d’Edge dont la chaleur l’apaisait, c’était immanquable "Elle est très en colère, ou j’ai toujours une chance de m’en sortir avec des compliments ?" Maintenant la pression de ses doigts autour de ceux du jeune homme, elle lui lança un regard pour être sûre qu’il suivait le mouvement. Attendant la réponse de son père, elle l’observa en essayant de deviner si tout allait bien, s’il se sentait en confiance, et si cet accueil correspondait à celui qu’il s’imaginait ou pas "Je réserve mon verdict pour plus tard, ma chérie. Elle est dans la cuisine tu t’en doutes… et on déjeune sur la terrasse, ça vous ira ?" finit par demander Amjad en prenant assez vite congés après que Yasmine eut détourné ses yeux du visage d’Edge pour faire signe que oui, c’était même parfait.
L’homme contourna le chemin renforcé qui faisait le tour complet de la jolie maison fleurie, et qui menait jusqu’à l’arrière. En partant, il leur indiqua la porte de la maison que Yasmine ouvrit sans plus attendre ; son coeur manqua un battement, le faisant brusquement s’affoler quand elle réalisa ce qui était en train de se passer, et à quel point elle n’aurait jamais été capable d’anticiper la manière dont elle se sentirait en imaginant seulement qu’elle présenterait quelqu’un qu’elle avait choisi, elle, et elle seulement, à ses parents.
Elle prit une très grande inspiration, puis elle referma la porte derrière Edge ; des saveurs de quatre épices accueillirent leur entrée, un mélange d’odeurs qui participait à la sensation qu’elle avait toujours eu d’être chez elle ici, qu’importait si elle vivait dans son propre appartement, vivant sa propre vie. Réconfortée par cette entrée en matière, surtout par la manière qu’Amjad avait eu de mettre à l’aise son petit ami, Yasmine dit à celui-ci, et ce avec un sourire qu’elle ne put retenir "Donne-moi ta veste." Ce fût seulement à cet instant qu’elle lâcha sa main pour se rendre compte que la sienne était atrocement moite. Mais la première approche entre le jeune homme et son père s’était plutôt bien passée, il n’aurait pu en être autrement de toute façon. Doucement, elle sentit une partie de son stress s’évaporer, faisant baisser la pression de son corps qu’elle mut en quelques pas jusqu’au vestibule de la maison de son enfance.
Prenant la veste d’Edgerton, elle l’accrocha à l’entrée, tout comme la sienne et son sac, puis elle replaça à nouveau sa longue tresse brune entre ses omoplates en laissant échapper la pensée fugace qui lui traversa l’esprit en songeant brièvement à toutes ces fois où elle était entrée ici avec son frère, mais aussi avec Hassan, Qasim et même Olivia et Clara, tous enveloppés par la promesse d’un bon repas préparée avec amour par Fatima "J’aurais trop aimé que Sohan soit là." Mais elle ne s’apitoya pas sur cet échange de pensées avec le jeune homme, elle ajouta juste, reprenant sa main dont elle écarta délicatement les doigts pour y glisser les siens, et ce après avoir asséchée la sienne à la passant à l’arrière du jean taille-haute qu’elle portait. Naturellement, elle le guida jusqu’à la cuisine "On en discutait l’autre fois, tu sais qu’il aurait été prêt à te montrer mes pires photos d’enfance juste pour que tu te sentes à l’aise ? T’as un sérieux allié - hey, heyyyy… attends." Elle s’arrêta à quelques pas de la cuisine, assez loin pour que Fatima ne puisse pas entendre sa voix qu’elle baissa après avoir regardé par-dessus son épaule. Se plaçant devant le jeune homme qu’elle regarda dans les yeux, elle lui demanda "Ça va ? T’as qu’à mot à dire si tu te sens pas à l’aise au cours du repas." Elle posa ses deux mains sur les épaules d’Edge, et lui leva la tête pour qu’il ne soit pas tenté de la détourner pendant qu’elle faisait tout pour qu’il se sente bien, pour qu’il se sente comme chez lui. Après tout, il avait toujours fait en sorte qu’elle se sente comme chez elle lorsqu’elle se trouvait avec sa famille, la réciproque était plus que normale pour elle "Ça va durer des heures… personne t’en voudra, OK ?"
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyMar 18 Aoû 2020 - 22:26


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Lorsque la brune prend la parole pour clarifier les choses concernant ton prénom, et ton prénom complet que tu viens de donner, tu as presque envie d’éclater de rire. Presque, tu ne le fais, tu te contentes d’un léger sourire, un regard lourd de sens jeté dans la direction de Yasmine. Elle aurait pu garder ce petit détail-là pour elle, et tu peux bien faire des efforts pour ses parents à elle. Tu fais bien des efforts pour elle d’ailleurs, depuis que vous vous êtes rencontrés et que ton dossier médical a révélé ton prénom complet, tu n’as pas eu d’autres choix que d’assumer toutes les syllabes du prénompar Tamara. C’est Edge... Combien de fois as-tu repris Yasmine ? Que ce soit au cours de votre relation précédente ou même lorsque vous avez renoué il y a presque des mois de cela ? Tu as … fini par t’habituer, oui, par t’habituer au fait qu’elle soit la seule à l’utiliser fréquemment et ce sans aucune once de sarcasme ou autre chose de ce genre. C’est un peu comme si toutes les syllabes prenaient toutes leur sens quand la brune les prononce et un peu comme si tu avais attendu la parfaite occasion et la bonne personne pour enfin l’apprécier. Ou alors tu aimes vraiment les clichés et tu te découvres un côté romantique que tu ne te connaissais pas aux côtés de la brune… quelque chose de ce genre-là, tu en es presque persuadé.
Mais tu chasses la pensée bien loin, hochant déjà la tête à la réponse du père de la brune, cette dernière restant proche de lui et le guidant presque vers l’entrée. La scène est familière pour eux et complètement nouvelle pour toi, et pourtant, le tableau reste tout de même attendrissant et tu regrettes presque de ne pas avoir un appareil photo sur toi. Pour marquer le coup, mais surtout pour capturer l’expression qui se dessine sur le visage de Yasmine à cette seconde précise, une expression que tu ne connaissais pas, que tu ranges avec une précaution certaine dans un coin de ta tête, heureux de la voir en compagnie de son père, les deux partageant la même mine bienveillante. "Amjad, c’est noté." Que tu conclues finalement, suivant le père et la fille jusqu’à une demeure que tu ne connais pas non plus, écoutant une conversation qui te concerne plus ou moins directement. Yasmine essaye toujours de deviner l’état esprit de sa mère et tu ne peux pas vraiment empêcher la légère vague d’incertitude qui te saisit. Tu espères vraiment ne pas avoir jeté un froid sur la relation entre Yasmine et sa mère, que tu n’as pas encore rencontré et à qui tu t’apprêtes à faire face dans quelques minutes. D’après ce que tu peux comprendre, et c’est même quasiment imperceptible, c’est son avis à elle que Yasmine redoute le plus, pas besoin que la brune le dise explicitement, la prise qu’elle a sur tes doigts se fait plus forte à sa question, tandis qu’elle feint un semblant de nonchalance. Et pour quelqu’un d’autre, Yasmine passerait pour une bonne actrice, mais pas sous ton regard malheureusement, tu as passé beaucoup trop de temps à l’observer, essayant de lire tout ce qu’elle ne dit jamais et qu’elle garde bien loin.
Elle est nerveuse et la réponse plus que vague d’Amjad n’a absolument rien de rassurant, tu le réalises avec quelques secondes de retard quand toi et Yasmine vous êtes de nouveau seuls. Tu n’ajoutes rien, tu ne vois pas ce que tu pourrais dire pour rassurer Yasmine quand tu n’es certain de rien, tu ne veux pas vraiment mentir à la brune, aussi tu choisis le silence, une nouvelle fois, une chose plutôt rare et tu te laisses guider à l’intérieur de la maison.  "Hmm ? Oh… okay." Que tu lances à la brune quand elle te demande ta veste, tu as été distrait par ton nouvel environnement et tu tends le vêtement à Yasmine facilement, ramené à la réalité encore une fois par les mots de la brune et son air presque… nostalgique ? Oui, décidément nostalgique. Toute cette affaire aurait eu l’air beaucoup moins sérieuse avec Sohan dans les parages, tu le sais déjà, tu aurais eu… un allié de plus ? Oui, toi comme Yasmine, histoire d’arrondir les angles et de faire en sorte que la brune arrive vraiment à se détendre et arrête de voir ce déjeuner comme une situation de vie ou de mort. Comme le fait que vous vous arrêtiez, juste là, à quelques pas de la cuisine tu en es certain, cela ne peut qu’être ça à en juger par les odeurs et les sons qui émanent de cette direction-là.
Et tu te retrouves à froncer les sourcils face au regard de Yasmine, face à sa question et … son offre pour écourter tout ça ? T’offrir une sortie de secours ? Tu considères le regard de la brune pendant quelques secondes et tu poses tes deux mains à toi sur ses poignets à elle, pas pour la faire reculer ou qu’elle desserre la prise qu’elle a sur toi mais bien au contraire. Juste pour t’assurer qu’elle est bien là et pour vous ancrer tous les deux dans la réalité et le moment présent. "Déjà laisse-moi te dire que pour Sohan, ce n’est que partie remise. Ce sera pour la prochaine fois, et tu me connais assez pour savoir que je ne dis pas ça pour me faire bien voir. Je le pense vraiment." Tu hoches de nouveau la tête, comme pour sceller cette promesse silencieuse et … lui apporter un semblant de réconfort ? Quelque chose comme ça. "Et ensuite, je ne vois pas pourquoi je serais mal à l’aise." Que tu avoues, sincère au possible, certes, il est toujours un peu stressant de rencontrer les parents de quelqu’un de proche, encore plus quand on connait votre histoire, et c’est tout ? Tu espères que oui, et tu hésites vraiment à demander à la brune s’il y a encore des zones d’ombres qu’elle aurait dû éclaircir avant aujourd’hui. Car chacune de ses hésitations et de ses questions ne font qu’ajouter un point de pression de plus et tu n’as vraiment pas envie de te demander si tout ceci était une bonne idée au bonne final. Tu n’as pas envie de te dire que peut-être Yasmine aurait eu besoin d’un peu plus de temps, de garder cette relation pour elle un peu plus longtemps avant que cela ne devienne vraiment réel et officiel. Car il est certain qu’aucune rencontre avec aucun des membres de ta famille n’a jamais été aussi solennelle. Sauf que tu dérives, tu ne vas certainement pas lui dire tout ça, et maintenant, elle n’est clairement pas prête à entendre ce genre de vérités ou même tes propres insécurités. Donc tu réponds enfin à sa question, arrondissant les angles, comme tu sais si bien le faire, avec un sourire presque sincère.
"Yasmine, je vais bien, vraiment, je commence très sincèrement à me dire que c’est toi la plus stressée au final… je me trompe ?" Pure question de rhétorique, tu n’attends pas vraiment de réponses, tu ne peux pas vraiment te mettre à la place de la brune tout comme elle ne peut pas se mettre à la tienne. Vous avez chacun vos propres appréhensions au sujet des prochaines heures et pour des raisons complètement différentes. Tu te penches, pour déposer un baiser sur le front de Yasmine et pour chasser une mèche brune de son visage, juste avant qu’elle ne le fasse, et tu ajoutes à voix un peu plus basse et juste pour elle : "Ce n’est que quelques heures comme tu l’as dit, quoi qu’il se passe, je ne le prendrais pas personnellement, tu m’en as assez dit sur tes parents et sur votre relation pourquoi je comprenne à quel point c’est important pour eux." Et très sincèrement ? Tu le conçois mais la chose reste tout de même étrangère, et certes, Tamara n’a pas rencontré Yasmine dans les circonstances les plus idéales, cependant ton séjour au St Vincent a au moins eu l’effet de briser la glace. "Et pour toi aussi." Tu n’es pas idiot au point de croire que tu es l’homme de sa vie, non, tu es chanceux, chanceux d’être là, et chanceux qu’elle veuille bien de toi. Et l’avis de son père et de sa mère, à propos de toi, compte, bien sûr qu’il compte et prétendre le contraire ferait de toi un idiot, justement. Tu ne laisses cependant pas à Yasmine le temps de trop penser à tout ce que tu viens ou non de dire et d’avouer, vous aurez cette conversation pour plus tard, tu finis par lui attraper la main droite, comme tu as si bien l’habitude de le faire. "Donc, prends une grande inspiration, arrête de retourner le problème dans tous les sens dans ta tête, oui je sais que c’est à toi que je demande de faire ça, ce serait plus simple de te demander la Lune…" Tes propres mots te font légèrement rire mais tu poursuis tout de même : "Plaisanterie à part, allons-y, ça va bien se passer, okay ?"  
Une affirmation, tu le sais déjà, c’est bien pour ça que c’est toi qui la guides dans la cuisine, comme si tu avais vécu toute ta vie ici. "Nan c’était pas une question en fait." Que tu murmures la seconde suivante, câlant un sourire sur ton visage.  
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyMer 19 Aoû 2020 - 16:15


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"Je suis désolée, je pensais pas que je serais aussi nerveuse." lâcha-t-elle dans un nouveau soupir, les mains d’Edge posées autour de ses poignets la ramenant dans leur bulle, là où elle se sentait toujours moins oppressée. Elle se pencha vers lui, et posa son front contre le sien, juste le temps de rassembler tout son calme, et de faire un peu le point, rassurée par la pression des doigts du jeune homme contre sa peau. Elle aurait aimé prétendre à nouveau que ce déjeuner n’était rien qu’un déjeuner, qu’il n’y n’avait aucun autre enjeux que de profiter de la cuisine savoureuse de sa mère, et qu’elle n’y avait pas songé à la seconde où il avait été question de répondre positivement à l’invitation de son père. Mais la vérité, c’était qu’elle ressentait sur ses épaules le poids du choix qu’elle affirmerait si jamais ses parents venaient à considérer son histoire avec Edgerton comme un énième caprice qu’ils n’étaient pas en mesure d’accepter.
A la différence du coming out de Sohan à l’issue duquel il avait été mis à l’amende, bien obligé de se faire à la décision d’Amjad et de Fatima de ne plus jamais avoir rien à faire avec lui, Yasmine serait la seule à pouvoir vraiment décider si oui ou non son histoire d’amour méritait qu’elle fasse une croix sur ses parents. C’était radical comme façon de voir les choses, elle l’entendait bien, et même si dans le fond elle avait la certitude que rien ne serait aussi dramatique que ça, ses parents ayant toujours eu suffisamment confiance en elle pour ne pas remettre en doute des choix aussi déterminant, elle, l’éternelle optimiste, avait pour une fois préféré voir le mauvais côté des choses pour mieux se préparer à voir son monde dériver encore un peu plus.
Parce qu’en effet, si jamais les critères de ses parents les poussaient à lui demander de ne pas continuer à le côtoyer, s’ils lui posaient un ultimatum en espérant qu’elle soit assez docile pour les choisir, eux, ils tomberaient de haut, emportant avec eux une partie de son coeur qui éclaterait en mille morceaux. Et elle assumerait les choses, Yasmine, quoi qui lui en coûterait. Elle avait eu le temps de comprendre combien elle avait eu besoin d’Edge ces derniers mois, et combien il était important pour elle de ne pas gâcher ce qu’ils avaient réussi à bâtir en remettant les compteurs à zéro, en se donnant les moyens d’apprendre à se connaître et à s’apprivoiser - il y avait encore quelques ratés, mais elle avait cessé de croire que tout devait être facile pour compter, et elle se complaisait dans le challenge que représentait d’être aussi amourachée d’un homme comme celui qu’elle finit par regarder, relevant la tête pour se redresser. Elle n’était pas en mesure de se passer de la manière dont il réussissait à comprendre ce qui l’animait quand ils échangeaient rien qu’un regard, ni de faire grandir ce sentiment d’avoir quelqu’un pour qui elle était prête à s’ouvrir, corps et âme, et à donner sans compter sans jamais chercher à temporiser la somme de toutes ces choses qu’elle gardait pour elle en temps normal, apprenant une nouvelle notion du partage qu’elle n’avait jamais eu l’occasion d’explorer. Yasmine ne voulait pas mettre de côté le bien-être qu’elle avait gagné grâce à Edgerton pour satisfaire ses parents et leurs envies de perpétuer des traditions qui tendaient vers le cliché qu’ils n’avaient pourtant jamais été. Et ce paradoxe n’en finissait plus de lui échapper et de remettre en cause l’image parfaite qu’elle avait toujours eu du modèle d’intégration qu’ils étaient à ses yeux ; mais alors qu’elle était en passe de leur demander d’accepter sa façon de voir les choses, elle était bien obligée de faire la même chose de son côté sans pour autant étouffer les valeurs qu’elle s’était forgée, elle, en devenant une adulte, en devenant une femme, au fil des années.
C’était vrai, la seule chose qu’elle leur demanderait, qu’elle leur demandait, c’était de se faire à l’idée qu’elle n’avait pas nécessairement tort de confier son coeur à quelqu’un qui ne faisait pas partie de leur communauté, et il faudrait qu’eux aussi, ils l’entendent sans rechigner. Yasmine n’attendait pas leur avis, elle n’attendait même pas leur approbation : elle attendait juste qu’ils continuent à lui faire confiance. Auquel cas, son choix était déjà fait, et ce n’était pas vers eux qu’il tendrait, et aussi sûre qu’était cette conclusion qu’elle avait mûrit en secret si jamais les choses se passaient mal, elle n’était pas moins difficile à envisager parce qu’elle était proche de ses parents, qu’elle l’avait toujours été ; qu’elle les aimait d’un amour aussi loyal que l’était celui d’un enfant pour ceux à qui il devait tout, et qu’ils représentaient un équilibre qui vacillerait sitôt qu’elle déciderait de les bannir de sa vie pour avancer au côté de celui qui constituait l’autre extrémité de la balance qui lui permettait de rester celle qu’elle était.

Elle n’avait pas fait état de tout ça à Edgerton, le lui exprimant uniquement dans les grandes lignes pour ne pas le faire fuir. Probablement parce qu’elle aurait dû disserter en profondeur sur la mésaventure de Sohan en la matière, et que si elle avait réuni la force nécessaire pour lui confesser tout un tas de choses au cours des derniers mois, faire la lumière sur le manque de tolérance de ses parents à ce sujet-là, ça la mettait particulièrement mal à l’aise. Sans doute avait-elle eu tort, sans doute aurait-elle dû être plus expressive à propos de ce secret-là, ne serait-ce pour qu’il sache pourquoi elle donnait l’impression de jouer sa vie sur ce déjeuner qu’elle n’était même pas sûre de savourer à sa juste valeur.
Enfin ça, c’était ce qu’elle pensait, car Edge était suffisamment habile pour annihiler une bonne part du stress qu’elle dégageait rien qu’avec des paroles qui la firent sourire, puis suivre ses directives et prendre une grande inspiration avant, d’à son tour, reprendre la parole "OK, je te fais confiance. Si ça se passe bien, t’auras même pas besoin de Sohan pour avoir un aperçu de l’adorable petite fille que j’étais." Elle se laissa conduire, ne trouvant pas si étrange que ça qu’il soit assez à l’aise pour prendre la situation en mains ; le contraire l’aurait davantage étonné, l’homme de toutes les situations, c’était lui "Je te montrerai les albums moi-même… ça c’est de l’enjeu, hum ? T’as la pression maintenant." termina-t-elle en espérant que sa malice soit un assez gros tampon pour absorber toute la tension qui filait à vive allure dans son organisme. Elle tenta même un clin d’oeil, qu’elle rata puisqu’elle n’avait toujours pas gagné cette capacité-ci au cours des mois précédents. Mais l’effort était notable, et le chemin jusqu’à la cuisine lui parut soudain moins miné.
"Ça sent tellement bon, maman." fit-elle en posant le pied dans la cuisine, lâchant la main d’Edgerton pour se diriger vers Fatima qui se retourna pour poser ses grands yeux vert dans ceux, similaires, de sa fille. Elles se ressemblaient beaucoup trop pour que ça échappe au jeune homme qui eut droit à une observation moins sévère de la part de la mère de sa petite amie qui soulevait déjà les casseroles, un baiser s’étant perdu sur le front de Fatima au passage "C’est la recette d’Hassan ?" lui demanda-t-elle après avoir reconnu les arômes d’un poulet à la circasienne qui embaumait toute la pièce. La réponse de Fatima se fit attendre tandis que Yasmine se retournait dans sa direction pour affronter… quoi exactement, elle l’ignorait tellement qu’une vague d’angoisse la fit blêmir très légèrement.
Les yeux de Yasmine étaient d’une transparence certaine, aussi c’était plus difficile de se faire une idée de ce qui pouvait se jouer dans l’esprit de sa mère à ce moment-là. Au-delà de la chaleur du teint qu’elle avait relevé d’un coup de blush orangé, aussi efficace que celui que sa fille s’était appliqué le matin-même, ses cheveux dissimulés par une écharpe rose pâle accordée à l’imprimé fleuri de sa robe longue, une certaine bonhommie se dégageait de la petite silhouette accentuée par la main qu’elle posa sur sa hanche en faisant dériver ses pupilles d’Edgerton à Yasmine qu’elle pointa, sans appel, avec sa cuillère en bois "Je sais ce que tu essayes de faire. Je suis moins naïve que j’en ai l’air, benthi." fit-elle, tentant de se donner l’air sérieux, son arabe emplissant le silence relatif de la cuisine quand Yasmine la corrigea "En anglais, maman." Rien n’était agressif, tout était prononcé avec un sourire en biais qui accentua le dessin de la pommette de Yasmine qui s’approcha d’Edge quand Fatima lui répondit - en anglais, donc "Tu préfères que ton ami comprenne que j’essaye de te rendre coupable de m’avoir totalement mise à l’écart de ta vie ? Je suis toujours la dernière au courant de tout dans cette maison, toujours." C’était totalement faux, c’était elle la gazette du clan. Mais tout le monde se faisait aux élans théâtraux de Fatima Khadji, ça faisait partie de son charme ; elle n’était pourtant pas bien méchante, tout était le contraire d’ailleurs. Cependant elle aimait l’attention, et ça la rendait tellement attachante que bien souvent, ses proches préféraient s’amuser de son cinéma plutôt qu’autre chose. C’était même devenu un running gag, d’avoir des réactions tellement excessives qu’on les appelait des Fatima Khadji.
Yasmine appuya une main sur l’épaule d’Edge en échangeant avec lui un regard rapide, complice, puis se déhancha en plissant les paupières, ses longs cils formant une brosse qui réduit son champ de vision alors que ses yeux se redirigeaient vers sa mère. Elle la regarda, la tête penchée sur le côté "Petit ami, et tu peux l’appeler Edge. Mais oui… au moins il se rendra compte combien ta voix est mélodieuse, et comme tu sais y faire avec les mots. Tu sais qu’elle a fait du théâtre quand elle était jeune ? Une actrice née, vraiment." Un hum, hum, hum, huuuum peu convaincu s’échappa de la gorge de Fatima qui enfin, délaissant sa cuillère en bois sur le plan de travail et s’essuyant les mains sur un torchon pas loin, s’approcha d’eux pour déployer ses petits bras et prendre le jeune homme contre elle ; elle se risqua à presser ce qu’elle réussissait à atteindre de ses larges épaules, sans doute pour vérifier si tout était bien à sa place. Et puis après un instant, elle encercla son visage avec ses paumes pour analyser ses yeux avec la volonté d’une chercheuse d’or.
Yasmine se décala à ce moment-là, se positionnant derrière sa mère pour pouvoir lever les pouces en l’air et chuchoter à l’intention d’Edgerton "Meilleurs câlins du monde, je te l’avais dit." Fatima termina son analyse des yeux du jeune homme, aussi elle redevint rapidement sérieuse quand elle se retourna pour lui faire la même chose. Elle termina son câlin en faisant valser le bout de la tresse de sa fille sur son épaule un air de dire prends garde à toi "Au moins, je suis sûre qu’il fera honneur au plat que j’ai préparé. Des épaules pareilles, ça laisse présager un bon coup de fourchette." se réjouit-elle, adressant à Edge un regard par-dessus son épaule "Fatima, mais j’imagine que tu le sais déjà." s’introduit-elle alors, et ce pendant que Yasmine le rejoignit. Elle lui prit la main et y déposa un baiser furtif qui n’échappa à l’attention de sa mère. Elle ne dit rien toutefois, se détournant juste très légèrement pour reprendre le cours de sa préparation "Ma mère. Un compliment ou deux, et tu l’auras dans la poche." fit-elle mine de chuchoter exagérément, ne s’attendant pas à ce que Fatima ne l’entende pas, et provoquant même un léger rire pouffé après une fausse mine indignée ; la preuve irréfutable que sa fille disait vrai.
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyLun 31 Aoû 2020 - 16:30


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crédit/ (ssoveia) ✰ w/ @yasmine khadji

Quand il s’agit de rassurer Yasmine, tu commences un peu à devenir un expert. Tu ne sais pas vraiment ce qui aide le plus la jeune femme au final. Le fait que tu sois honnête avec elle depuis des mois, que tu partages tes moments de doute au moment où ils surviennent ou que tu n’aimes pas l’idée de la savoir anxieuse. Peut-être qu’il s’agit de tout cela à la fois, c’est un peu comme une seconde nature pour toi et tu sais que dans le cas de Yasmine, ce n’est pas juste ton ego qui joue et que savoir que la brune va mieux, c’est aussi important pour toi que… de respirer. C’est aussi simple que cela, si la brune doute, tu marqueras toujours une pause. Si tu la vois se mordre la lèvre inférieure et tenter d’organiser ses pensées et tout ce qu’elle ne dit pas, tu sais que quelque chose cloche. Et si enfin, elle tente d’organiser ses mèches brunes dans une coiffure un peu plus compliquée ou de les repousser derrière son oreille, c’est que vraiment, elle a besoin de parler. Et ce n’est jamais évident pour quelqu’un d’autre, c’est toujours subtil et c’est simplement parce que tu as l’habitude de la côtoyer, de l’observer et que tu connais les signes, ni plus, ni moins.
Aujourd’hui n’est pas vraiment différent et si tu n’as pas les bons mots ou la formule magique pour effacer les doutes de ta petite-amie ou les tiens, tu as assez de jugeotte pour faire semblant. Tu sais de quelle façon sourire pour être convaincant au possible et tu espères que cela sera suffisant pour elle, il le faut car tu n’as pas grand-chose à offrir au final et c’est ça que tu crains le plus au final. Qu’un seul regard posé sur toi et les parents de Yasmine comprendront que tu n’es qu’un imposteur en vérité, quelqu’un qui fait semblant de sourire, fait semblant d’aller bien, fait semblant de mener un train de vie équilibré, pour ensuite se réfugier dans les bras de leur seule et unique fille. Sauf que tu ne mens pas face à Yasmine, il n’y a pas de jeu et rien de très élaboré et il n’était même pas prévu que vous vous retrouviez ou que vous finissiez là aujourd’hui. Mais vous êtes là et elle est bien la seule personne pour qui tu peux faire un effort, tu le sais. Quand la brune dit te faire confiance, c’est assez pour que ton expression retrouve une part de sincérité, car c’est certainement l’une des plus belles choses qu’elle peut te dire et ce que tu ne te lasseras pas d’entendre, car cela est important pour vous et un bon pas en avant dans l’avancée de votre relation. Ça et ce déjeuner, même si vous avez tous les deux beaucoup de mal à le concevoir. Car tu n’es pas juste son secret inavouable et inavoué et qu’il ne s’agit pas juste de passer le temps, ni pour elle, ni pour toi d’ailleurs.
Aussi, tu vous guides vers la cuisine et ton regard se pose automatiquement sur sa mère à elle et il ne te faut que quelques secondes pour remarquer les similarités, physique du moins, entre les deux femmes. C’est assez frappant à dire vrai et ce sont les efforts que font Yasmine et sa voix un peu trop aigue qui te rappelle à l’ordre, ça et les mots échangés dans une langue que tu ne maitrises absolument pas. Mais l’échange reste tout de même privé, entre la mère et la fille, tu le sais, tu as constamment ce genre d’interaction avec Tamara. Tamara qui aurait tout de suite trouvé quoi dire pour mettre tout le monde à l’aise, tu le sais déjà et ton sourire s’agrandit lorsque ce sont des yeux si similaires à ceux de Yasmine qui se posent également sur toi, la mère comme la fille ayant tourné leur attention sur toi. Une plainte arrive et tu ne peux pas vraiment stopper le léger rire qui s’échappe de tes lèvres, tandis que tu essayes de défendre ta petite-amie du mieux que tu peux. "Je peux vous assurer que ça a totalement fonctionné et qu’elle se sent légèrement coupable." Tu lâches les mots suivants en échangeant un regard avec Yasmine, te disant intérieurement que c’est un léger euphémisme.
Tu connais Yasmine et sa capacité à tout ressasser entre les murs de son esprit et de toujours se positionner en coupable, et également comme celle qui doit trouver une solution. Pas toujours un rôle facile à assumer et tu ne sais pas comment la brune fait pour gérer ce trop-plein d’émotion. Tout ce que tu peux faire, c’est aider, ni plus ni moins. En tant que petit-ami comme le précise si bien Yasmine et tu as à peine le temps d’hocher la tête que déjà Fatima se rapproche de toi pour une étreinte dont seul une mère a le secret. C’est assez pour que tu te sentes immédiatement à l’aise et que ta propre anxiété se dissipe légèrement, preuve que non, personne ne va te mettre à la porte. Ton regard croise celui de Yasmine et tu répliques un "Yep, je crois que tu as gagné." à l’affirmation de la brune, chose que tu n’avoueras jamais à Tamara, qui a de la sérieuse compétition. Tu ne le dis pas, trop surpris la seconde suivante quand les paumes de Fatima Khadji se posent sur tes joues et que tes prunelles se retrouvent sous l’inspection des siennes. Définitivement un truc de famille, toi qui t’es toujours demandé ce que Yasmine pouvait bien se dire quand elle te fixait, voilà que sa génitrice se retrouve à en faire de même. Et oui, les yeux sont censés être le miroir de l’âme, là, il s’agit d’une interprétation plus que littérale et qu’on se le dise, tu n’étais pas prêt pour cette petite introspection. "… Bonjour ? Ravi de vous rencontrer." que tu te retrouves à marmonner. Mais ton regard ne flanche pas cependant, tu n’as absolument rien à cacher pas vrai ? Que ce soit devant Yasmine ou devant ses parents, et cela est sûrement le moyen le plus assuré de le prouver. Fatima semble satisfaite, tu ne sais pas comment, tu ne sais pas pourquoi, mais lorsqu’elle te relâche, tu as le sentiment d’avoir réussi quelque chose d’important. Tu doutes qu’on te doute une explication à haute voix, cela sera un secret très bien gardé, tu le sais déjà au final mais cette impression de légèreté est toujours là, toujours au creux de ta poitrine.
C’est assez pour que tu te sentes vraiment idiot d’avoir redouté cet instant précis, ce moment-là justement, et assez pour que tu renvoies un autre sourire à Yasmine lorsque cette dernière s’empare de ta main pour y déposer un baiser. Tu en déposes un sur la joue de la jeune femme l’instant d’après, comme pour lui indiquer que tu vas bien dans un langage que vous êtes les deux seuls à comprendre, te tournant finalement vers sa mère, maintenant que la tension semble se dissiper peu à peu. "Je le sais déjà en effet, mais les présentations officielles sont toujours mieux, et ne croyez-pas que c’est uniquement de la faute de Yasmine, je suis un peu timide quand je m’y mets." Ce qui est vrai… dans une certaine mesure, mais timide n’est définitivement pas le bon mot, asocial te correspond certainement mieux, ce qui n’est qu’un détail pour le moment. "Mais je suis là, c’est ce qui ne compte, pas vrai ?" La question est autant pour la mère que pour la fille, et ta façon de faire comprendre à Yasmine que tout se passe bien pour le moment et que tout va bien. "Et si vous êtes exactement comme ma mère, je connais déjà la réponse à cette question, mais, est-ce que vous avez besoin d’aide ? Je ne sais pas si Yasmine vous l’a déjà dit mais… je me débrouille plutôt bien dans une cuisine." Car tu te sens déjà suffisamment coupable d’être venu les mains vides, chose que Tamara va sûrement te reprocher dans un futur proche, si tu peux aider, tu le feras, et puis, cela sera une bonne occasion d’en apprendre un peu plus sur les parents de Yasmine. Et de répondre à leurs interrogations concernant son fameux ami.
"Et je laisse toujours mon assiette vide, surtout quand c’est bon." Un compliment pour la personne derrière les fourneaux, à savoir Fatima, et comme pour prouver ta bonne foi, tu te détaches de Yasmine, un pas vers sa mère, signe plus qu’évident que tu attends ses prochaines instructions et que tu veux vraiment aider. Comme pour le prouver, tu t’adresses à Yasmine la seconde suivante. "Je crois que tu peux nous laisser, non ? C’est le moment où on va apprendre à se connaître et quelque chose me dit que Fatima n’aime pas partager. Comme une certaine personne que je connais…" Et rappeler à Yasmine une autre de vos conversations récentes devant sa mère n’est certainement pas juste mais… c’est pour une bonne cause, tu en es persuadé.
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyVen 4 Sep 2020 - 15:45


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crédits gif/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

"Yasmine ne me dit plus jamais rien, mon garçon. J’ai perdu ce privilège depuis qu’elle est rentrée d’Afrique." A vrai dire, elle l’avait perdu bien avant ça, mais ce que Fatima ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal.
Yasmine laissa glisser son regard sur le profil d’Edge. Le menton légèrement rentré et les yeux dirigés par-dessous ses long cils avec un semblant de sourire qu’elle tenta d’amenuiser pour ne pas laisser l’impression à la maîtresse de maison qu’elle se moquait d’elle, elle le remercia silencieusement, et ironiquement, d’avoir ranimé la machine à drama qu’était sa mère. Tout au long de la journée, elle n’en finirait plus de faire remarquer à sa cadette comme elle s’évertuait à lui cacher tous ses petits secrets ; mais ce n’était rien, elle pouvait encaisser ses piques, elles n’étaient pas bien méchantes après tout. Ce n’était pas la première fois, et ce ne serait pas la dernière non plus et surtout, si ça lui permettait d’éviter de creuser trop profond du côté de son petit ami et des siens, de petits secrets, elle était prête à tout supporter pour le soustraire à l’indiscrétion notoire de sa mère qui le mettrait immanquablement dans l’embarras à un moment où un autre. De fait, elle n’ajouta rien suite à ça, laissant couler le reproche sur elle sans donner l’impression de s’en émouvoir davantage, et se contenta d’accepter que le jeune homme lui lâche la main pour s’avancer dans la cuisine.
L’échange de regard qu’il y avait eu entre lui et Fatima avait été suffisamment long pour qu’elle s’en détourne un instant, ayant eu l’impression d’assister à quelque chose qu’elle n’aurait pas dû voir et qui, quelque part, ne la concernait pas tout à fait. Ça resterait entre Edgerton et sa mère, elle ne chercherait pas à en démêler les tenants et les aboutissants tant que la sensation de légèreté que lui laissa l’attitude de Fatima à l’encontre de son invité perdurerait, la satisfaisant assez pour qu’elle se dise qu’elle c’était probablement fait tout un monde de cette rencontre, la craignant plus que nécessaire alors que maintenant qu’ils y étaient, maintenant que les présentations étaient officiellement faites, tout semblait se dérouler si paisiblement, si naturellement.
"Je vois qu’une petite collaboration est en train de naître ici et que je suis de trop." Le faux soupir de vexation lui vint naturellement "Fine, j’ai compris. On m’aurait dit franchement que je dérange que je ne l’aurais pas mieux pris." Les mains levées devant elle et les épaules légèrement haussées, elle emprunta les travers de drama queen de Fatima le temps d’une seconde ; et puis enfin, elle tourna la tête vers Edge pour s’assurer par un simple regard rempli de sourires que tout irait bien pour lui.
Elle savait ce qui se passerait une fois qu’elle aurait tourné les talons pour rejoindre son père sur la terrasse, la capacité de Fatima à mener un interrogatoire avec une force tranquille étant aussi reconnue que sa propension à faire tout un plat d’un rien. Yasmine présageait une mise en garde, du genre de celle que les mamans protectrices font aux mauvais garçons qui tournent autour de leur petite fille pour jouer à autre chose qu’à la marelle, et c’était un peu anxiogène dans le sens où, réalisa-t-elle pour de bon en regardant Edgerton apporter son aide à Fatima qui accepta qu’il soulève le couvercle de ses casseroles, que cette dernière n’avait pas eu beaucoup l’occasion de s’y risquer puisque jusqu’à présent, les seuls jeunes hommes que sa fille avaient côtoyés avaient été préalablement choisi par ses soins, ou selon un tableau de critères strictes et précis qu’elle s’était obstinée à suivre parce qu’elle leur devait bien ça, à papa et maman Khadji. Elle évita d’y penser, elle évita de se rappeler que ces fois-là, les choses étaient toujours bien déroulées parce qu’elle avait eu à peine son mot à dire et que le risque que ses parents trouvent à redire sur les croyances des types qu’ils lui avaient mis entre les pattes ne risquaient pas d’être un frein à leur bonne humeur - ce qui, aujourd’hui, serait probablement le cas quand la question serait soulevée. Mais pas tout de suite, et elle s’interdit définitivement d’y songer tandis qu’elle revenait sur ses pas pour donner un baiser à Fatima sur la joue, puis à Edge qu’elle favorisa d’un second.

***
Elle n’aurait pas été capable de s’imaginer que les choses puissent aussi bien se passer. Ce n’était pas dans son tempérament de voir les choses tout en noir et d’un côté, elle n’avait pas redouté un désastre non plus, mais elle n’avait pas voulu semer les graines d’une atroce déception si ce déjeuner ne s’était pas bien passé, refusant donc d’anticiper une réussite au risque de voir tout s’effondrer. Et ce n’était pas le cas. Il y avait rarement des moments de flottement entre les sujets abordés au cours du repas qui s’éternisa, et les questions d’Amjad et Fatima étaient plutôt raisonnables si on considérait la situation. Le sujet que redoutait Yasmine n’avait pas encore été évoqué, et elle avait même failli l’oublier tant tout était parfait.
Une main toujours non loin d’Edge, posée sur la sienne ou sur sa cuisse, elle s’était détendue grâce à son contact, regrettant simplement l’absence de son grand frère, d’Hassan et même de Qasim pour appuyer les souvenirs partagés par une Fatima loin d’être avare en détails sur les méfaits relatifs de sa cadette à l’époque où il lui manquait trois ou quatre dents ; de grandes explications sur les nombreuses cicatrices qu’elle avait sur les genoux, d’autres sur sa fâcheuse tendance à suivre les grands garçons de son entourage pour prouver de quel bois elle se chauffait tandis que chacun la considérait comme un trésor trop précieux pour être exposé à la vue de tous, et des éloges sur sa capacité à chasser ses grosses larmes après ses chutes en vélos par des grands sourires qu’elle maîtrisait depuis qu’elle était bébé, ; elle s’attarda étrangement sur sa douceur, mais surtout sur sa détermination à faire entendre à ses parents qu’elle était faite pour soigner, pour aider, et pour rien d’autre. Ça avait été le seul moment où la jeune femme avait opéré un léger temps d’hésitation à relancer la conversation, et en particulier quand son père avait jugé sa démission comme quelque chose de très, très dommage.
Du reste, du copieux repas jusqu’aux échanges que ses parents avaient eu avec Edgerton, tout était doux et bienveillant - même les piques de Fatima à son encontre qui, une fois sur deux, se désolait de sa pseudo-maigreur, c’est pour dire - et sans qu’elle ne puisse savoir pourquoi exactement, elle sentait instinctivement que le jeune homme assit à ses côtés ressentait les choses de la même façon qu’elle. Enfin, elle l’espérait, elle voulait qu’il se sente bien, comme chez lui.
Et pour ça, elle tourna le regard vers lui, elle profita de l’absence de ses parents autour de la table pour se pencher vers son visage qu’elle tint à deux doigts et déposa ses lèvres sur les siennes par deux fois "Tu peux te détendre maintenant. Approche, laisse-moi faire." Elle se redressa, se tourna complètement sur sa chaise, et tendit la main pour défaire les deux premiers boutons de la chemise dans laquelle le jeune homme s’était enfermé pour faire bonne impression. La torture n’avait plus lieu d’être - encore que, rien n’était moins sûr dans le fond - et elle se retint de faire une farce à ce sujet, lui souriant seulement avant de lui demander, ses grands yeux verts passant l’expression du visage du jeune homme au crible ; avant ce moment-là, elle ne pensait pas qu’elle pouvait l’aimer plus que ce n’était déjà le cas, et pourtant "De quoi vous avez parlé tout à l’heure dans la cuisine ? Je te promets que je le répéterais pas… je suis juste curieuse." fit-elle, finissant par caler son coude sur le bord de la table. Ils en parleraient sans aucun doute une fois qu’ils partiraient, seulement l’envie de Yasmine d’en savoir plus fût plus forte que le reste à ce moment-là pendant que, pour la première fois depuis qu’ils étaient arrivés chez ses parents, ils se retrouvaient un peu seuls.
Ce fût de courte durée toutefois. Amjad et Fatima faisaient déjà leur retour sur la terrasse avec la suite du repas, en l’occurence le dessert et le thé à la menthe typique auquel on n’échappait jamais lorsqu’on prenait un repas chez les Khadji. A nouveau, elle profita d’un moment d’inattention de la part de ses parents pour dire à Edge, une main portée devant sa bouche pour qu’il soit le seul à discerner ses paroles "C’est le moment où tu leurs annonces que tu ne bois pas de thé, que tu détestes ça, et que tu perds tous les bons points que t’as gagné durant le déjeuner. Tout ça pour rien…" Pour lui montrer qu’elle plaisantait, elle fronça le nez en grimaçant légèrement, retournant son attention vers son père qui lui faisait face, et qui pointait un doigt en direction de son petit ami "Je reconnais ce que tu portes autour du cou." Yasmine entrouvrit la bouche, se redressant pour mieux se tenir, déjà prête à se justifier. Mais aussi vite, Amjad leva les mains devant lui ; c’était lui qui lui avait offert le pendentif avant son voyage au Niger et qu’elle, en retour, avait offert à Edgerton durant son hospitalisation. La tête de l’homme s’inclina un peu "Je ne suis pas en colère, tu as dû juger qu’il en avait plus besoin que toi." Il détourna son regard de Yasmine pour le poser sur Edge qu’il donna  soudain l’impression de voir différemment ; il plissa un oeil "Tu as de la chance d’être tombé sur quelqu’un qui prend ta protection autant au sérieux. C’est un grand geste, mais je ne doute pas que tu en as conscience. Elle tient à toi, beaucoup." L’honnêteté de son père pouvait être désarmante parfois, surtout ainsi déclamée sans crier gare, et elle le fût à ce moment-là. Mais c’était clairvoyant, et cet échange de collier avait tant de signification finalement ; si elle le savait particulièrement bien entouré, sa famille étant aussi présente pour lui que la sienne était présente pour elle, elle se sentait rassurée qu’au-delà de la perception faite par leur statut de simples mortels, une entité veillait constamment sur lui pour tenir ses démons à l’écart. Comme elle le lui avait expliqué lorsqu’elle lui avait accroché ce collier sans lequel elle ne l’avait plus jamais vu depuis, il ne s’agissait pas de spiritualité, plus d’une superstition à laquelle elle aimait se raccrocher et qui la réconfortait, elle, en plus de le protéger, lui ; elle tenait à lui c’était une certitude ancrée dans son coeur, inscrite à jamais dans sa peau aussi, et qui lui fit marquer un temps mental qui se réverbéra sur le moment présent, et durant lequel un léger silence s’étira.
Jusqu’à ce que "Et alors, Edge, tu fréquentes quelle mosquée ?" Fatima, affairée à désempiler les assiettes à dessert l’air de ne pas y toucher, se rappela à l’assistance d’une voix guillerette. Et brusquement, trop brusquement, Yasmine se détesta. Elle se détesta de s’être sentie si bien au point d’oublier pour de bon que ses parents ne faiblissaient jamais lorsqu’il s’agissait de religion. Mais comme une claque derrière la tête - comme une gifle injuste, la première de sa vie, qu’elle avait reçue en plein visage plus d’un an en arrière maintenant -, la question de sa mère la prit par surprise et elle se retrouva à tourner la tête vers Edge qu’elle observa une longue seconde ; comme pour se mettre d’accord avec lui sur quelque chose, un léger sourire fendit son visage et sa main, qu’elle plongea sous la table, retrouva sa cuisse sur laquelle elle exerça une douce pression quand elle lui demanda dans un léger murmure "Je peux répondre à ta place si tu veux. Ça va être le moment le plus déplaisant." Pour lui comme pour elle d’ailleurs. Aussi, elle n’ajouta rien, affrontant encore un instant les yeux du jeune homme ; et elle le savait, que dans les siens un je suis désolée transparaissait… mais elle le ravala - difficilement certes, non moins sûrement.
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyDim 6 Sep 2020 - 16:04


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crédit/ (ssoveia) ✰ w/ @yasmine khadji

Peut-être que le terme de petite-amie n’est définitivement pas celui qui convient le mieux à Yasmine et pas la meilleure analogie pour décrire ta relation avec la brune. Oui, vous êtes ensemble, oui, le terme est plus qu’approprié dans de telles circonstances et pourtant, tu trouves cela tellement réducteur au final… Et cela ne correspond pas vraiment à tout ce que cette après-midi représente à tes yeux et pourquoi tu te mettais autant la pression il y a encore quelques heures ou même quelques minutes. L’avis de la brune compte, il a toujours compté, que ce soit de manière subtile ou franche, les mots de Yasmine ont toujours eu un impact particulier sur toi et ce sans que tu puisses vraiment l’expliquer. Toi qui as l’habitude d’ignorer les clichés, les blagues vaseuses, les insultes et autres stéréotypes à ton égard, Yasmine n’a jamais eu ce traitement-là et tu n’as jamais rangé les mots de la brune au fin fond de ton esprit, là où tu mets toutes les choses auxquelles tu ne veux plus jamais faire face et sur lesquelles tu ne reviens pas . Et la liste commence à devenir longue, la liste a toujours été longue et ce depuis un peu trop longtemps à ton goût, mais cela fait parti du marché, cela fait partie de l’échange complètement pas égal qu’il faut faire quand on veut vivre tout simplement. Et même si tu ne l’as jamais véritablement compris, même si parfois c’est de la colère qui t’a saisi, une colère assez sourde et sans pareille qui t’a fallu apprendre à canaliser en grandissant, tu t’y fais tout simplement. Tu as compris que tu ne pouvais pas contenter tout le monde, que tu ne pouvais pas plaire à tout le monde et que tu devais investir ton énergie dans les choses qui étaient importantes à tes yeux, ni plus, ni moins.
Cela est d’autant plus évident, encore plus clair maintenant. Sans les effets de l’alcool, sans poison pour noircir tes veines, sans aucune distraction, tu te rends encore plus compte de toutes ces évidences, de ce qui compte et de ce qui ne compte pas. Et quelque part, depuis quelques semaines, tu fais le deuil de beaucoup de choses. Le deuil d’une vie qui a été bien remplie, remplie de choses bien futiles et bientôt, tu le sais, tu peux le sentir, tu tourneras la page. C’est sans doute pour cela que tu as bien dû mal à te faire à la vie sans aucun emploi, bien pour cela que tu ne cherches pas particulièrement à occuper tes journées, et bien pour cela que flâner et partir en vacances te paraissent comme des options tout à fait valables, maintenant. Une fois que tout aura été rangé et remis correctement à sa place, tu pourras avancer, ni plus ni moins. Yasmine dans tout ça est une constante, une bouffée d’air frais et se raccrocher à elle, que ce soit pour quelques heures, quelques minutes, juste pour pouvoir enfouir ton visage dans la courbe du cou de la jeune femme pendant un moment de silence, lui attraper la main quand elle s’exprime ou juste la laisser se reposer dans le creux de tes bras… tout ça compte, tout ces moments là sont importants, car si tout tangue depuis quelques semaines, si tout est incertain, la brune est quelque chose de clair et de précis.
Pas qu’elle, tu le réalises alors, sa mère aussi, son père aussi… toute cette famille qui fait également partie d’elle et un seul regard de Fatima, un seul mot et tu sais que beaucoup d’instants ont été passés dans cette cuisine. Que ce soit avec elle et Yasmine, ou même avec Sohan, probablement à leur dire de se tenir un peu plus droit et de répéter tous ses gestes à elle pour apprendre tout simplement. Parce que c’est ce que font toutes les bonnes mères, pas vrai ? Et que tu rangerais définitivement Fatima Khadji dans la catégorie des bonnes mères. Tu adresses un clin d’œil à Yasmine lorsqu’elle quitte la cuisine, pour reporter ton attention sur Fatima la seconde suivante. Elle décrit sa fille comme charmante mais un peu têtue sur les bords et c’est assez pour te faire rire, encore plus pour que tu révèles que non, tu n’as pas de sœur, tu es fils unique et que tu étais aussi têtu toi aussi, assez pour accaparer toute l’attention de ta mère. La conversation reste sur Tamara quelques secondes de plus et si Fatima remarque que tu ne mentionnes aucune autorité paternelle, elle ne le fait pas remarquer. Non, ses inquiétudes sont pour sa fille et sa vie depuis ces derniers mois, voire même ses dernières années, dont elle ne connait absolument rien, tellement rien qu’il aura fallu que son époux se charge d’organiser une journée comme aujourd’hui. "Je crois que vous n’avez pas trop d’inquiétudes à vous faire, vous l’avez bien élevée." Oui, tu peux faire une telle affirmation, une affirmation qui mérite une pause supplémentaire il te semble et cette fois-ci tu es prêt à affronter le regard de Fatima ainsi que ses mots suivants.
Parce qu’elle ne savait même pas que sa fille fréquentait quelqu’un et que ce n’est décidément pas une bonne façon de faire les choses, cela n’a fait que piquer sa curiosité et réveiller un bon nombre d’anxiétés. Surtout s’il s’avère que tu n’es pas le bon. Et cette dernière remarque est totalement justifiée, tu le sais, mais tu n’as même pas la réponse à cette question-là. Une inquiétude de mère tout à fait légitime et tout ce que tu peux assurer c’est que oui, tu tiens à elle, vraiment, et que tu feras absolument tout pour qu’elle ne manque de rien. Et tu ne sais pas si tu parais particulièrement convaincant ou sincère, tu l’es réellement, tout ce que tu sais c’est qu’avant même de le réaliser, ou alors ce sont les ordres de Fatima que tu suis de façon un peu trop naturelle, comme si tu avais fait cela toute ta vie, ton regard croise de nouveau celui de Yasmine.

Tu lui renvoies même un sourire pour lui affirmer que tu es en un seul morceau et c’est tout aussi facilement et tout aussi naturellement que se déroule le repas. C’est assez pour que tes doutes s’envolent et que tu écoutes chacune des anecdotes sur l’enfance de Yasmine avec un sourire certain sur le visage, faisant de ton mieux pour tout mémoriser, histoire de lui poser des questions bien plus tard. Et oui, tu as de très nombreuses questions pour la brune, ce n’est pas la première fois qu’on parle de son côté garçon manqué devant toi, mais les détails sont toujours mieux, surtout quand tu sais que ses parents sont des sources sûres et qu’elle ne pourra pas le nier. Du tout d’ailleurs. Ton sourire ne s’affaiblit pas au fil des heures, c’est tout le contraire et il est toujours présent sur tes traits pendant les quelques minutes où il n’y a plus que Yasmine et toi assis à la table et tu laisses échapper un léger rire quand la brune ouvre les deux premiers boutons de ta chemise, boutons qui ne sont jamais fermés d’ordinaire. "That obvious, hmm ?" Que tu demandes, tu as ta réponse au moment où ton regard sombre croise celui beaucoup plus clair de Yasmine, du moins, tu y trouves un début de réponse et ta main droite se pose sur la cuisse de la jeune femme, quand elle t’interroge à son tour. Tu savais que la question arriverait, Yasmine semble plus que déterminée à ce que tu repartes avec une bonne impression de sa famille et de sa demeure, le reste ne peut pas vraiment être accepté et tu hausses les épaules. Tu n’as pas envie qu’elle ne s’inquiète pour rien, ou pire encore, qu’elle formule des excuses que Fatima ne s’est pas sentie obliger de dire. Sa mère a été franche, et quitte à choisir … tu préfères ce genre de franchise que de l’hypocrisie à peine déguisée.
"Hey… tu as tes secrets et j’ai les miens, y compris les quelques minutes où tu n’étais pas dans la cuisine." Le ton de ta voix est léger et tu décides que Yasmine devra se contenter de cette réponse-là, car tu ne comptes pas en ajouter davantage, pour toi, le sujet est complètement clos et il s’agit d’une conversation entre Fatima et toi. Ni plus, ni moins. Aussi, voyant ses parents revenir du coin de l’œil, tu exerces une légère pression sur sa cuisse, plutôt que de tout simplement l’embrasser, te redressant un peu plus la seconde suivante. Car c’est l’heure du thé visiblement et tu marmonnes un :  "Tsss… Je peux faire un effort." plus qu’immature à souhait dans la direction de Yasmine, ramené à la réalité par les mots Amjad. Qui fait référence au collier que tu as autour du cou, et que tu n’as pas enlevé depuis que Yasmine t’en a fait cadeau et il y a bien des mois de cela. Et si la brune ne t’a pas expliqué tout ce que le pendentif signifiait à ses yeux, ni même qui lui a offert le collier en premier lieu, tu as compris qu’il s’agissait de quelque chose d’assez important et qui permettrait à la brune de ne pas trop s’en faire pour toi.
Et après ta visite au St Vincent, tu étais plus que prompt à lui apporter un peu de tranquillité d’esprit. Amjad ne fait que confirmer ce que tu pensais déjà et plutôt que de lui faire face, c’est sur Yasmine que ton regard te porte. Car tu t’en doutais déjà, mais en avoir la confirmation, d’une autre personne, de son père qui plus est, c’est plus que rassurant et si tu n’as aucun mal à concevoir la place que tu as pris dans la place de la brune, tu ne sais pas encore pourquoi ni comment tu as été aussi chanceux. Tu ne l’expliques pas vraiment, aussi, tu te contentes d’hocher la tête. "Et c’est réciproque." Tu es concis, ce qui n’est pas dans ton habitude, mais … les grandes déclarations seront pour Yasmine et uniquement pour Yasmine, et puis, ce n’est pas vraiment ton fort alors, tu manques clairement de pratique dans ce domaine, tu le sais. Tout comme tu sais que le moment que la brune redoutait tant arrive également avec la question de Fatima. La fameuse question qui a une réponse tout à fait simple et qui serait acceptée sous bien des toits, cependant, cela risque de faire tâche ici. Mais pourquoi mentir ? Cela n’aiderait personne et tu n’as absolument rien à cacher. Quand il s’agit de croire en quelque chose de plus grand que soit, Yasmine a beaucoup de choses à t’apprendre tant tu es quelqu’un de pragmatique à souhait. Pas assez pour remettre en cause les croyances des autres ou pour ne pas les respecter, bien au contraire. Ta main se pose sur celle de Yasmine sans que tu n’es vraiment besoin d’y penser, la façon de la brune de te dire qu’elle est là, que tu n’es pas tout seul et pendant quelques secondes, tu ne vois qu’elle.
Yasmine et son sourire un peu trop incertain, quelque chose au fond de ses prunelles, un brin de tristesse et des regrets ; Yasmine et ses traits fins, Yasmine qui aura sûrement beaucoup plus de mal que toi à se remettre des prochaines minutes… Le moment se termine au moment où tu lui renvoies un léger sourire, ou quand tu lui murmures de respirer, ou quand tu te tournes de nouveau vers Fatima pour répondre à sa question. "Pour être complètement franc, je ne fréquente pas de mosquée du tout." Tout comme Fatima un peu plus tôt, tu préfères être honnête, ne voyant pas d’intérêt à te cacher ou à tourner encore plus autour du pot. Cela serait un manque de respect flagrant et ce n’est pas cette impression-là que tu veux donner. Et tu as parfaitement conscience que tu ne remplis pas le cahier des charges dressé par ses parents protecteurs et encore moins celui de Fatima, et que si Yasmine et toi vous avez un futur, il ne sera pas du tout conventionnel et complètement différent de celui des Khadji. Tu le sais, mais il sera aussi complètement différent de celui de Tamara, oui, Yasmine et toi vous placez la famille avant tout. Mais s’il y a bien quelque chose que tu peux affirmer, c’est que ce n’est pas juste une question d’une simple relation ou non, Yasmine fait définitivement partie de ta famille. Et à chaque fois que tu as assez d’espoir, ou même d’audace pour t’imaginer un futur… Yasmine est toujours présente dans ton esprit.

"J’ai été élevé par une mère célibataire et la religion n’était pas vraiment présente chez moi, ou même dans ma famille. Nous sommes proches, ma mère et moi, mes cousins et mes oncles et mes tantes et c’est surtout ça la chose la plus importante que j’ai retenu au fil des années. Que faire parti d'une famille est important, quelle soit biologique, adoptive ou peu importe… Donc chez moi aussi tout le monde veille sur tout le monde et on est tous soudés." Sûrement aussi soudés que les Khadji, il s’agit tout simplement d’un autre type d’atmosphère et d’un autre type de liens. Tu ne crois pas en beaucoup de choses, mais tu sais très bien que les membres de ta famille seront toujours là pour t’aider à te relever et ce peu importe les circonstances, et ils l’ont déjà prouvé par le passé. Et c’est ça que tu veux construire avec Yasmine, tout un tas de souvenirs, tout un tas de sourires et d’autres moments sur lequel tu peux revenir quand tu en as besoin, pour y puiser un peu de force et pour effacer les mauvaises journées. Tout un tas de briques, posées une par une, sur des fondations solides cette fois-ci. Ton regard s’est de nouveau perdu sur Yasmine tandis que tu parlais, tu la laisses prendre la mesure de tout tes doubles-sens et tout ce que tu sous-entends et tu finis par pousser un soupir. Tu ne te savais pas aussi optimiste avant de la rencontrer.
"Cela ne répond pas du tout à votre question, j’en ai bien conscience mais… j’ai vu et j’ai vécu assez de choses pour vous dire que je garde l’esprit ouvert dans tous les cas, et je peux tout à fait être convaincu." Qui es-tu pour affirmer que tu ne changeras pas d’avis, sur ce sujet là ou sur un autre ? Après tout, il y a encore quelques années de cela, tu étais persuadé d’avoir tout loupé avec Yasmine et qu’elle ne ferait plus jamais parti de ta vie… et maintenant tu rencontres ses parents, comme quoi… impossible de prévoir quoi que ce soit. "Mais je sais que je suis chanceux d’être là, avec vous, ici, avec Yasmine, de porter ce collier-là et je ne prends rien de tout cela à la légère, bien au contraire."
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyLun 7 Sep 2020 - 14:24


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crédits gif/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

Edgerton Samuel Price pouvait être aussi têtu qu’elle. La réponse qu’il lui accorda à propos du moment qu’il avait passé seul avec Fatima suffisait à lui faire entendre que ça n’irait pas à son avantage d’insister. Elle ne comptait pas le faire. Yasmine avait compris, elle n’irait pas plus loin. De toute façon, elle n’en eut pas tellement le temps. Tout s’enchaîna beaucoup trop rapidement tout à coup, comme si on s’amusait à son insu à accélérer le rythme de la journée en remontant les aiguilles d’une horloge dont elle discernait le tic-tac à l’intérieur de sa boîte crânienne. Jusqu’alors tout s’était écoulé tranquillement, un peu trop sans doute, et ce pour mieux endormir son instinct et lui faire croire que tout était bien. Et elle savait ce qu’elle devait faire, elle savait ce qu’elle devait dire ; elle y avait tellement songé à vrai dire que la perche tendue par sa mère n’aurait pas dû être si difficile à saisir… mais elle marqua un temps trop long, un temp remarqué par le jeune homme à ses côtés qui lui murmura de respirer, tétanisée par la somme de tout ce qu’elle avait attendu de pouvoir assurer à ses parents pour leur faire accepter que quoi qu’ils penseraient à propos d’Edge et de tout ce qui constituait la personne qu’il était, il y avait de fortes chances que ça ne change en rien ce qu’elle, elle ressentait pour lui.
Elle respira, mais par hachures. C’est la main du jeune homme qui serra la sienne, mais surtout sa voix rauque qui s’éleva dans l’espace qui les séparait de l’autre côté de la table, du côté de ses parents, qui la fit revenir sur Terre pour de bon, et poser définitivement ses yeux sur eux. Elle eut du mal à déterminer si leur absence de réaction était une bonne chose, et sous la table, ses doigts s’insérèrent dans l’espace entre ceux d’Edgerton à qui elle broya la main.
Ce qu’il disait à propos de la famille, Yasmine était convaincue que ça prendrait racine au fin fond du grand coeur bienveillant de ses parents ; ils avaient la même conception des choses que lui. En l’espace d’une tirade prononcée aussi sereinement que possible malgré la tension soudaine, il avait sûrement réussi à les réconforter sur l’idée que cet homme-là accordait aux liens entre les individus une importance égale à ceux du sang. La boule de nerfs qui s’était formée dans le creux de l’estomac de Yasmine se démêla soudain.
Fatima cessa de disposer les assiettes à dessert devant chacun des convives pour se rasseoir, lentement, les yeux posés directement sur le visage d’Edgerton que Yasmine regarda, elle aussi, tournant la tête vers lui pour l’encourager à continuer d’un léger hochement de tête, pour aussi lui faire deviner qu’elle appréciait les efforts qu’il faisait et qu’elle avait compris tous ses sous entendus. Elle aurait pu l’embrasser là, maintenant, ne laissant aucun répit au moindre millimètre de sa peau sombre qu’elle connaissait bien maintenant, rien que pour le remercier d’être lui, pour le remercier de réussir à trouver les bons mots alors qu’elle, elle restait sans savoir quoi dire sur le moment. Mais elle ne le pouvait pas, on ne faisait pas ce genre de choses sous ce toit, au lieu de quoi sa main se desserra un peu sur la sienne, et son pouce traça de petits mouvements circulaires pour le rassurer, pour se rassurer aussi.

En plus de ne pas aimer la manière dont elle avait brusquement été ramenée à la réalité, Yasmine n’aimait pas qu’il soit obligé de se justifier sur quelque chose d’aussi intime que ses croyances - que son absence de croyances en l’occurence. Elle avait été élevée dans l’idée que la foi était importante, mais privée, et ce principe faisait entièrement partie d’elle. Elle n’était pas très assidue, elle l’était beaucoup plus lorsqu’elle était plus jeune et qu’elle vivait encore sous le toit de ses parents, et c’était quelque chose dont elle ne se cachait pas. Probablement qu’Amjad et Fatima auraient préféré qu’elle soit plus pieuse et tourné vers la lumière, mais ils se contentaient de la certitude qu’elle avait souvent déclamé que, malgré son manque de pratique, elle trouvait une paix relative à l’idée de s’y raccrocher quelques fois. Ça lui avait déjà valu des moqueries et des insultes, les gens étaient fermés d’esprit… mais ce n’était pas le cas d’Edge, et c’était pour ça aussi qu’elle savait qu’il était le bon.
Il n’avait jamais cherché à la détourner de ce en quoi elle croyait en lui faisant entendre qu’elle se reposait sur du vent et sur des fondements qui trouvaient leurs sources dans rien d’autre que des simulacres de contes pour enfants. Il aurait pu faire comme Sloan qui ne ratait pas une occasion de la titiller sur sa non-consommation d’alcool, ou comme Molly qui s’amusait parfois de sa pudeur avant de s’excuser par un énorme câlin qui durait. Edgerton respectait, il n’en faisait pas une farce récurrente, il acceptait et c’était tout. Pourtant, elle le savait pragmatique - et elle aimait ça chez lui  -, aussi elle le savait trop ancré dans le monde moderne pour juger que c’était une bonne chose de vivre dans des valeurs d’un autre temps ; il ne l’avait jamais fait se sentir honteuse de respecter des temps de recueillements, des prières et des voeux… il avait essayé de comprendre pourquoi ce rituel et pas un autre, et ça l’avait rendue beaucoup plus confiante sur l’idée que, même si elle savait profondément qu’il ne croyait en rien, il ne tournerait pas en dérision ce en quoi, elle, elle croyait. Le contraire était valable également. Yasmine ne trouvait pas indigne de la part du jeune homme de ne pas s’autoproclamer pieux, et elle était claire avec elle-même sur le sujet : elle ne tenterait pas, jamais, de le faire adhérer à ses croyances que ce soit pour rentrer dans ses bonnes grâces, dans lesquelles il avait déjà la première place soit dit en passant, que dans celles de ses parents.
Alors ce qu’il ajouta sur son ouverture d’esprit et sur l’éventualité d’être convaincu, elle lui fit brusquement tourner la tête vers lui et murmurer à son tour, un signe de dénégation de la tête la faisant s’agiter sur sa chaise, un "Edge…" qui ne l’empêcha pas de continuer cependant. Yasmine n’avait jamais ressenti de sentiments négatifs à l’égard de ses parents, pas même quand ils l’auraient mérité, pas même quand elle aurait été en droit de les ressentir et de les nourrir. Seulement à cet instant-là, assurément pour la première fois de sa vie, elle leur en voulu de les obliger tous les deux à mentionner des sujets qu’ils n’avaient jamais encore abordés. Ils n’étaient pas ensemble depuis longtemps finalement, alors c’était on ne peut plus normal qu’ils veuillent prendre leur temps pour rentrer dans d’autres détails, d’autres confidences, ils avaient eu leur lot au cours des derniers mois ; ainsi l’urgence soudaine avec laquelle les choses s’enchainaient soudain lui fit un peu peur. Toutefois, elle prit sur elle en même temps qu’elle prit une profonde inspiration.
"Très bien…" Fatima reprit la parole, Yasmina la coupa "Non, c’est à mon tour de parler." Elle tourna aussi brusquement la tête vers ses parents que lorsqu’elle l’avait tournée vers Edgerton, arrachant une mine de surprise à sa mère qui rentra le menton pour démontrer avec intransigeance que le ton qu’elle employait ne lui plaisait pas "Pardon." ajouta-t-elle, parce qu’elle avait beau être déterminée, elle ne comptait pas non plus leur manquer de respect. Ses excuses rapides semblèrent contenter Amjad qui l’encouragea à reprendre, une main, délicate malgré les années de travail manuel, désignant le centre de la table comme pour lui montrer qu’ils étaient prêts à tout entendre. Yasmine savait que non, elle se souvenait que trop bien de la manière dont les choses avaient tournées avec Sohan et tandis qu’à contre coeur, elle lâchait la main d’Edge pour mieux repousser sa longue tresse entre ses omoplates, elle commença "Je sais que ce que je vais vous dire maintenant va être difficile." Un trigger warning qu’ils apprécieraient, ou non… était-ce vraiment important ? Elle hocha la tête de façon résolue et posa ses mains, ses doigts bagués légèrement écartés, à plat sur la table. Après avoir reprit une profonde inspiration, elle enchaîna "C’est un problème parce que vous en faites un problème, comme beaucoup d’autres choses d’ailleurs." Elle ne pouvait pas s’en empêcher, de mentionner de façon détournée le traitement que Sohan avait reçu. Là encore, elle ne s’y attarda pas, revenant à ce qui comptait pour elle à l’instant présent "Mais moi ça m’est égal qu’il soit musulman ou pas, et je suis désolée encore une fois, mais c’est ce qui compte, non ?" Un nerf lâche, la faisant émettre un très léger rire qu’elle finit par contenir pour se recentrer, les sourcils froncés "Je partage pas votre manière de voir mon futur, vous l’avez toujours su, je m’en suis jamais cachée, et je suis reconnaissante que vous m’ayez fait autant confiance en m’autorisant à étudier, à avoir une vie qui soit différente de ce que vous attendiez pour moi. Je suis sincère, je sais que j’ai de la chance moi aussi, et j’ai toujours essayé de vous rendre la pareille en…" Elle buta sur ses émotions en même temps que sur ses mots, levant légèrement les yeux au ciel pour s’en remettre au sujet la discussion qui battait son plein "Je sais pas comment dire, en rééquilibrant ? Oui, en rééquilibrant ce que vous avez parfois considéré comme des caprices." Sauf que ça n’en avait jamais été, loin de là. Elle soupira, baissant le regard pour l’arrêter sur Amjad, puis sur Fatima.
Sa bouche s’entrouvrit, mais elle ne dit rien dans la seconde, avant de retrouver le fil et de reprendre "J’ai accepté des choses dont j’avais pas envie pour vous faire plaisir, et vous le savez aussi bien que moi." Battant des cils, elle chercha la meilleure façon de continuer son discours sans paraître irrespectueuse, sans se laisser submerger par ses émotions non plus, alors qu’elle se sentait trop observée, aussi bien par ses parents que par Edge qu’elle ne regarda pas tout de suite. Concentrée, elle marqua une autre pause, puis elle reprit sur le même ton, résolu donc, mais aussi doux que d’habitude "Je le ferai plus. Je veux plus être forcée de vous mentir en faisant comme si je trouve ça normal que mes parents soient autant impliqués dans ma vie sentimentale alors que je suis adulte."
Elle pinça les lèvres, se soustrayant à l’image de son père qui baissait les yeux et sa mère la tête pour tourner la sienne vers Edge rien qu’un instant. Elle lui adressa un sourire avant de poursuivre, la tête dodelinant sous l’écho de ses paroles, ses yeux retrouvant les visages de ses parents quasi-immédiatement "Vous l’avez entendu, il est ouvert d’esprit… et pas seulement d’ailleurs, il a des tas de qualités. Mais je vous connais, et je sais que vous êtes déjà convaincus que c’est quelqu’un de bien. Il l’est, vraiment. Ça pas été le cas de ceux que vous pensiez assez bien pour moi à l’époque. Ce en quoi on croit, ça détermine pas grand-chose… quand vous étiez là-bas peut-être, mais pas ici, plus maintenant." affirma-t-elle sans faillir, retournant brièvement la tête vers le jeune homme qu’elle observa un peu plus longtemps. Ses yeux vadrouillant de part et d’autre de ses traits sur lesquels elle s’attarda longuement, elle prolongea son discours ensuite, se sommant de ne pas se laisser happer par ce qu’elle lisait sur son visage "Soyez aussi ouverts d’esprit qu’il l’est. C’est la seule chose que je vous demande parce que mon choix est fait, et que je ne reviendrai pas dessus." Sous-entendus qu’au fond, leur avis ne comptait pas à ce sujet, qu’il ne compterait plus. Amjad lui donna l’impression d’avoir saisi la subtilité de sa verve, et il se laissa tomber en arrière, s’enfonçant tout contre le dossier de sa chaise qui grinça sous son poids "Je ne vous demande que ça. Ça, et aussi de continuer à me faire confiance… même si je vous ai sans doute déçus à des moments, vous savez que je prends toutes mes décisions en connaissance de cause, et que si je suis ici aujourd’hui, avec lui, c’est que je suis assez sûre de moi pour accepter de vous décevoir encore un peu plus. C’est pas grave, je vivrai avec." Et là, elle sentit sa gorge se serrer. Fatima l’anticipa en se penchant sur la table pour lui dire avec autant de détermination que sa fille à faire entendre le choix qu’elle avait fait "Tu ne nous as jamais, jamais déçus, Yasmine." Et elle était tentée de la croire, honnêtement. Mais après avoir assisté à l’opprobre de son grand frère pour des motifs aussi grotesques que ceux qui l’empêchaient aujourd’hui de revenir à la maison, elle en avait bien du mal.
Elle ne dit rien cependant, elle estimait en avoir dit assez pour l’instant. Elle ravala la boule qui s’était logée dans sa gorge, et elle inspira par à coup en saisissant à nouveau la main d’Edgerton alors que Fatima se levait de la table pour rentrer à l’intérieur. Un lourd silence retomba sur la terrasse, bientôt perturbé par les pieds de la chaise d’Amjad qui contourna la table pour déposer un baiser sur le front de sa fille, puis une douce tape sur l’épaule d’Edge, en leur disant "Je vous quitte juste pour l’encourager à revenir prendre le thé avec nous, ne prenez pas mon absence comme de la désapprobation. Ce ne sera pas très long." Yasmine sentit ses yeux se remplir de larmes et acquiesça sans rien répondre. Sa voix, légèrement chevrotante, s’éleva seulement un instant après, quand elle se tourna toute entière vers Edge pour lui dire, son autre main trouvant son visage qu’elle caressa de sa pommette à sa mâchoire "C’est rien, tout va bien. Je t’avais dit qu’elle était du genre à suréagir à tout et n’importe quoi. C’est pour le spectacle, elle va revenir." Elle tenta un sourire, un peu maigre et triste, qui disparut lorsqu’elle lui demanda en inclinant la tête sur le côté "Ça va, toi ? Tu veux qu’on s’en aille ?"
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyVen 11 Sep 2020 - 13:28


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{let’s go get 'em}
crédit/ (ssoveia) ✰ w/ @yasmine khadji

C’est une situation bien nouvelle pour toi et tu réalises que tu n’aurais pas été équipé pour une telle rencontre il y a des années de cela. Quand tu venais juste d’accueillir Yasmine dans ta vie et qu’il s’agissait juste de la faire sourire et de t’assurer que tu serais un bon petit-ami. Dans le fond, tu n’avais pas la moindre idée de ce que tu étais en train de faire mais... quelques années plus tard, tu n’as pas non plus les bonnes réponses mais au moins, tu sais de quoi le monde de Yasmine est fait. Tu sais ce qui se cache, du moins tu peux deviner, devant tel ou tel sourire, face à tel ou tel silence; quand la brune préfère laisser la place aux autres de s’exprimer, quand elle a l’air d’être ailleurs, quand elle fronce les sourcils face à telle ou telle phrase, quand ses doigts finissent par trouver ses boucles brunes pour replacer, défaire ou démêler une tresse, une queue de cheval ou un chignon particulièrement compliqué. Maintenant, tu as le privilège de connaître Yasmine et d’en savoir plus sur la femme que tu aimes. Est-ce que tu sais absolument tout de la brune ? Non, il y a beaucoup de choses à découvrir encore, beaucoup de détails qui prennent tout leur sens maintenant et beaucoup de choses que vous allez déterminer ensemble. Et s’il y a peu, cette simple pensée t’aurait terrifiée, t’aurait forcé à analyser et à revoir ta relation avec Yasmine... ce n’est plus le cas à présent. Tu te sens prêt à relever ce genre de défi, refusant d’être mis sur la touche, refusant de ne pas savoir, de ne pas avoir l’opportunité de pouvoir le découvrir par toi-même et de te faire une opinion. Si cela nécessite des efforts ? Tu les feras tout simplement, sans y penser, pour Yasmine ? Il n’y jamais aucune hésitation à avoir, il n’y a rien que tu ne feras pas, tu le sais déjà et peut-être que cela est complètement démesuré comme pensée quand on réalise que techniquement, vous ne formez qu’un couple depuis avril dernier mais... au diable la logique pas vraie ?
Si tout prend du sens quand tu fais ces choses-là pour elle, quand tu es en sa présence alors pourquoi trop réfléchir justement. Tu le savais déjà et tu en as encore plus la confirmation, dans la présente face à ses parents, face au nouveau silence qui suit tes mots, tu l’aimes. C’est elle, alors la logique et la raison... il n’y a plus vraiment de place dans ton cœur pour ces deux notions, il appartient à Yasmine, tout simplement. Et tu voudrais que ce soit assez, pourtant les mots échanges avec Fatima dans sa cuisine sont toujours dans ton esprit, assez pour te rappeler que les parents de la brune voyaient les choses d’une manière bien différente pour elle. C’est dans l’air, c’est dans la façon que Yasmine a de passer sa frustration et tout ce qu’elle ressent sur ta main, broyant tes doigts au passage. Mais la sensation n’est déplaisante, la douleur passagère te rappelle que tu es en vie et que tout cet échange est important. Fatima prend la parole, du moins essaye et c’est Yasmine qui l’interrompt. C’est à elle de parler, elle d’éclaircir les choses et ... de s’exprimer tout simplement.
Tu as un déjà un sourire sur le visage, bien avant que Yasmine ne reprenne la parole, bien avant qu’elle ne s’exprime avec calme et fermeté. Mais comment ne pas sourire ? Tu sais que dire tout ceci, à voix haute, face à ses parents n’est pas un exercice facile, tu sais qu’elle aurait pu garder le silence, continuer d’accuser le coup et feindre des sourires pendant des années. Elle le fait mieux que personne, jugeant ses propres émotions et ses propres sentiments comme de trop. Sauf qu’ils ne sont pas de trop, ils font partie d’elle et elle est humaine tout simplement et elle a le droit à une erreur. Ou deux. Et peut-être que tu ne seras que ça au final, une erreur, que tu seras vite oublié dans quelques années mais ce n’est pas de cette manière que la brune décrit la situation à ses parents et ce n’est pas pour cela que tu sens ton cœur s’accélérer dans ta poitrine. Tu veux prendre la brune dans tes bras, par réflexe, par habitude, lorsqu’elle évoque les choses qu’elle a faites et qu’elle a acceptées dans le but de satisfaire ses aînés. Et l’inflexion de sa voix, son rire nerveux, son froncement de sourcils, laissent bien sous-entendre que ce sont des choses qui elle... ne l’ont pas rendue heureuse, sauf qu’elle ne s’est pas plainte sur le coup, n’a pas offert d’avis négatif et à continuer de tout accepter, pour satisfaire et pour rendre fier. Parce que c’est bien ça la nature du problème au final. Tu en as plus que conscience maintenant, vous avez grandi dans des environnements complètement différents.
Tamara n’a jamais été exigeante, elle n’a jamais essayé de dessiner ou de façonner ton futur, qu’il s’agisse de ta vie sentimentale ou de ta carrière ou un quelconque aspect de ta vie. Bien au contraire, elle a toujours été la première à t’encourager, réalisant qu’il s’agissait d’un privilège si vous étiez aussi proches et non un devoir. De même, les conseils sont toujours là quand tu les demandes et les avertissements... ils ont toujours été justifiés, ils sont toujours arrivés quand tu étais sur le point de sombrer et de plus ou moins la perdre. Ni plus, ni moins. Donc non, tu ne peux pas imaginer le type de pression qu’il y a dû avoir sur les épaules de Yasmine ou de Sohan pendant toutes des années.... Quand les mots de Yasmine dérivent sur toi et que les compliments arrivent, ton regard redouble d’une intensité certaine, tu ne comprendras jamais où est-ce qu’elle va chercher tout ça ou la manière dont elle te voit. Ce n’est pas le moment de le questionner ou de s’interroger, non, la seule ombre au tableau c’est l’absolu qu’elle semble mettre sur votre relation. Ce sera toi et ce peu importe l’avis de ses parents, qui sont assis juste en face de vous. Ce que tu ressens en entendant ces mots-là est plus que contradictoire, une partie de toi est plus que contente d’entendre toute l’importance que tu as pris dans la vie de Yasmine et l’autre ... l’autre à bien conscience que c’est beaucoup trop tôt, trop vite et que tout ne devrait pas être noir ou blanc, surtout maintenant, quand vous en êtes encore au tout début de votre histoire, tu en es persuadé.

Aussi tu prends une profonde inspiration quand Fatima s’exprime, pour rassurer Yasmine et c’est un coup de plus quand elle finit par se lever et par vous quitter. Elle est suivie par son mari et tu lui lances un maigre sourire quand il semble un peu moins catégorie que sa femme. Ce n’est vraiment pas suffisant pour te rassurer et peu importe ce qui se dit entre Amjad et Fatima, tu en es plus que convaincu maintenant : tu n’es définitivement pas le bon... pour eux. Et franchement ? Tu peux vivre avec ce fardeau, il te suffira juste de l’ajouter à la liste de tout ce que tu ne dis pas. Peu importe, que tu penses avec une véhémence certaine, rappelé à l’ordre et ramène à la réalité par la voix de Yasmine et une de ses mains sur ta joue. "La vraie question c’est ... comment est-ce que toi tu vas ?" Que tu réponds automatiquement, observant la brune sous tous les angles. Ses yeux verts ne sont plus aussi clairs, un peu plus froncés un peu plus ambrés, un peu plus marqués par l’inquiétude et par les larmes qui y prennent naissance. Et c’est plus fort que toi, tu prends le visage de Yasmine entre tes mains, tu déposes d’abord un baiser sur son front, pour la rassurer, pour qu’elle puisse respirer correctement et qu’elle ne se fasse pas trop de soucis. Puis sur chacune de ses joues, faisant disparaître les quelques larmes qui y roulaient déjà, puis enfin sur ses lèvres.
Une pression légère de tes lèvres, complètement innocente mais nécessaire pour le coup. Tu prends le temps de la regarder quelques secondes de plus, juste là, ton visage à quelques millimètres du sien, avant que tu ne recules enfin, retrouvant ta place sur ton siège, tu n’avais pas réalisé que tu avais bougé à ce point, tenant toujours une des mais de Yasmine. "Je suis sérieux Khadji, je réalise que ce n’était pas du tout facile à entendre pour tes parents et ... tout aussi difficile à dire pour toi. Du tout." Un léger euphémisme sauf que tu ne peux pas t’empêcher de le faire remarquer. Tu ne pensais sincèrement pas que la discussion serait aussi sérieuse et aussi rapidement ... c’était à prévoir sans doute, ou alors tu as été vraiment naïf de croire que ton sourire et toutes les bonnes intentions du monde seraient suffisants. Le moment est passé cependant et avec une lui, une légère partie de la tension. "Et je sais que tu ne parlais pas juste de moi, mais tu es comme ça je suppose, toujours à penser aux autres et jamais à ta propre personne." Tu en fais le constat, bien installé sur le dossier de ta chaise, exerçant un peu plus de pression sur les doigts de la jeune femme, qui sont toujours noués aux tiens. Tu sais bien que les mots de Yasmine étaient également pour Sohan qui vraiment, aurait dû être présent aujourd’hui. Une absence de plus mais chaque chose en son temps, pas vrai ?
Tu fais de ton mieux pour retrouver ton sourire l’instant d’après et tu enfouis tout ce que tu ressens, la légère déception et ce sentiment de ne pas pouvoir en faire plus, bien loin, le plus loin possible, juste pour elle. Juste pour offrir un sourire sincère à Yasmine. "Malheureusement pour toi je suis là et c’est officiellement mon boulot maintenant. Si, si... et je peux déjà te dire que j’accepte toutes sorte de compensation." Tu portes sa main à tes lèvres en disant cela, la gratifiant d’un autre baiser, tu essayes de détendre l’atmosphère à ta manière. Essayant simplement même toi tu es dérouté par tout ce qui vient de se passer, même toi. "Plus sérieusement Yasmine, merci je ..." Tu marques une pause, à la recherche de quelque chose d’adéquat et de correct à dire. Tu sais quoi dire, juste trois petits mots qui pourraient justifier ta confusion et les promesses que tu viens de faire. Sauf que ce n’est définitivement pas comme ça que tu te voyais faire cet aveu-ci. Pas comme ça, pas pour lui remonter le moral... non. Ça aussi, tu le ranges un peu plus loin, avec une amertume certaine, tu le sais, trouvant d’autres mots. "Tu es la seule personne que je connaisse qui viendrais à ma défense comme ça, sans y penser et même si j’apprécie plus que tout... je ne veux pas être celui qui creuse un fossé entre tes parents et toi, okay?"
Tu réalises qu’il est sans doute trop tard pour dire cela, il s’agit de la vérité pourtant. Et à tes yeux, Yasmine mérite de tout avoir. "Cela ne devrait pas être un choix pour toi, pour Sohan... mais d’après ce que j’ai pu voir ils tiennent à vous et peut-être qu’ils réussiront à se faire à tout ça mais ... ça ne veut pas dire qu’on baisse les bras. Et je ne veux pas que cela soit une autre source d’inquiétude pour toi." Est-ce que tu es en train de faire une autre promesse ? Pour le coup, tu n’en es pas certain mais tu sais que Yasmine aime beaucoup trop ses parents pour tout simplement tourner la page ou les mettre un peu plus de côté. Non, pas de cette manière-là, pas à cause de toi en tout cas. Et tu penches la tête légèrement sur le côté, ton regard ancré dans celui de Yasmine. "C’est toi ma priorité Khadji, et ça ... rien ni personne ne peut le changer, okay?" Personne, pas l’avis des autres, pas le jugement, pas les conseils, pas même tes propres erreurs .... Ça, tu peux l’affirmer sans trop de difficultés, sans avoir peur d’échouer. Et tu considères la proposition de Yasmine de tout simplement prendre congés de ses parents et de s’éclipser, ce qui ne serait pas la chose la plus mature ou respectueuse à faire, mais d’un autre côté, tu ne sais pas si tu as envie d’entrer dans une de ses catégories. "C’est toi qui me dis si on part ou pas... On peut rester et continuer d’aplanir la situation ou alors ... on peut partir et je ne sais pas moi..."
Sauf que tu le sais très bien et tu te penches vers la brune, un autre type de sourire sur les lèvres. "Tu mérites bien un dessert, une boite de donuts ou deux, du thé et quelques câlins... enfin je dis ça, je dis rien." Car tes moments préférés restent ceux où il n’y a plus qu’elle et toi.
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptySam 12 Sep 2020 - 14:42


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{let’s go get 'em}
crédits gif/ (crackshipforya) ✰ w/ @Edge Price

Si on lui avait dit un an en arrière qu’elle se retrouverait ici, chez ses parents, à les confronter à propos de leur autorité, elle aurait froncé les sourcils, dubitative, et aurait tourné les talons pour vaquer au plus urgent. D’un autre côté, ce n’était pas si surprenant que ça ; elle avait toujours été subtile dans ses rebuffades, reste qu’elle s’était toujours donnée les moyens de faire entendre son avis lorsqu’elle jugeait que ses parents allaient trop loin. Ça n’avait pas été le cas à de trop nombreuses reprises fort heureusement, puisqu’au-delà de l’importance des principes qu’ils avaient légués à leurs enfants, les élevant aussi bien que possible, ils faisaient partie du genre de parents à se contenter de l’assurance que, si ça les rendait heureux de faire tel choix, ou d’emprunter tel chemin, ils pourraient dormir tranquilles. Toute la contradiction de leur raisonnement était là en fin de compte, et ça épuisait Yasmine de devoir traiter avec sans soulever à quel point ce n’était pas cohérent de souhaiter le bonheur de sa progéniture en faisant la grimace quand celui-ci ne se basait pas sur l’idée qu’ils s’en faisaient en tant que parents. Elle était assez âgée maintenant pour accepter que, même si elle les aimait sans tergiversation possible et que sa loyauté leur était toute acquise, elle n’était pas obligée d’être foncièrement d’accord avec eux, et qu’elle était même en droit de l’exprimer sans avoir la sensation d’être une enfant ingrate.
Et si en définitive, ils jugeaient qu’elle l’était, est-ce que ce serait si dramatique que ça ? Pas plus que d’être interdit de séjour dans la maison de son enfance, elle n’en démordrait pas. Dans toute sa clairvoyance, Yasmine savait pertinemment qu’ils ne lui imposerait jamais une sentence aussi sévère que celle-là, que celle dont ils avaient gratifié Sohan sans lui donner l’occasion de leur démontrer que son homosexualité n’était qu’une donnée à prendre en compte, que ça ne devait pas interférer dans la perception qu’ils avaient toujours eu de lui, et pas une raison pour qu’ils considèrent qu’ils avaient échoué à un moment donné. Tout partait de là ; de l’impression que leur fermeture d’esprit à ce sujet-là avait fait naître chez elle d’être leur unique chance d’obtenir ce qu’ils s’estimaient en droit d’acquérir, encore une fois en tant que parents, en plus de quelques éloges sur leur éducation parfaite en tous points, tandis qu’elle, elle nourrissait des aspirations différentes qu’elle avait parfois dû trafiquer pour ne pas les blesser davantage, pour ne pas les laisser finir leur vie avec le malheur d’avoir mis au monde deux beaux enfants dont ils ne pourraient pas être fiers. Yasmine avait beaucoup pensé à eux au cours de sa vie, elle avait constamment placé leurs espoirs avant les siens parce qu’elle pensait que c’était de cette façon qu’on rendait la pareille à ceux à qui on devait d’être vivant et en bonne santé… mais elle avait perdu tellement, tellement d’occasions de répondre à ce qu’elle, elle voulait, qu’elle en venait quelques fois à se dire qu’elle avait probablement ratée plus que des opportunités. Elle ne voulait pas devenir amère en alimentant cette conclusion désagréable, elle ne voulait pas non plus leur en vouloir d’avoir cherché à la façonner pour la garder auprès d’eux le plus longtemps possible, chose qu’ils n’avaient pas été capables de faire avec leur premier enfant qui, par leur faute d’ailleurs, s’était brusquement retrouvé sans autres repères qu’une petite soeur, des amis proches, et sa volonté farouche de ne pas faire de ce rejet catégorique de la personne qu’il était, une excuse pour ne pas devenir quelqu’un de bien - ironiquement, exactement comme eux, ses parents, l’auraient souhaité.
Elle aurait aimé que Sohan soit là. Cette pensée se soumit de nouveau à elle quand son père quitta la terrasse pour rejoindre son épouse. Les larmes qui bordèrent ses yeux clairs, elle s’interdit de les laisser couler, préférant se concentrer sur Edge à qui elle caressa la joue. Elle n’aurait pas dû lui faire passer le seuil de cette maison sans le mettre totalement au courant de ce dans quoi il mettait les pieds, et elle s’en voulut atrocement d’avoir été assez naïve pour s’imaginer qu’ils géreraient la situation sans remettre en doute la confiance qu’ils lui avaient toujours accordée. Foncièrement, c’était ça aussi qui la blessait, et ce plus profondément que le reste ; de voir sa mère prendre la tangente alors qu’elle ne lui avait jamais laissé l’occasion de douter sur sa capacité à faire les bons choix, et quand on savait à quel point Yasmine manquait de confiance en elle, la voir assurer sans ciller qu’elle savait ce qu’elle faisait, ça aurait dû être suffisant pour leur faire entendre qu’ils n’avaient pas d’autres choix que de se faire à l’idée qu’elle préférait s’en remettre au bien-être que lui procurait cet homme-là, celui qui déposa plusieurs baisers sur son visage pour la réconforter et prendre une partie de la tension qu’elle sentait peser sur son coeur, que celui d’un autre rencontré sur arrangement, et à qui elle aurait eu du mal à s’attacher.

"Je t’ai posé la question la première." rétorqua-t-elle sans vouloir qu’entre eux naisse aussi une tension, et elle laissa un autre sourire, toujours un peu faible, fendre l’expression qu’elle lui retourna quand il se réinstalla, réaffirmant la pression de la paume de sa main contre la sienne, et de ses doigts autour des siens. Elle prit sens de la manière dont elle s’y était accrochée, de tout petits dessins de ses bagues et de ses anneaux s’étant imprimés sur sa peau, et parce qu’il lui répondrait probablement de ne pas s’excuser pour si peu, elle déposa un baiser dessus pour le faire silencieusement. Et puis elle se détourna un instant de l’observation faite par le jeune homme de son visage qui était proche du sien, tournant la tête de l’autre côté pour prendre une profonde inspiration et fermer les yeux pour mieux remettre toutes ses jauges émotionnelles au même niveau, en même temps.
La question n’était pas vraiment de savoir si elle allait bien ou pas, elle n’avait pas envie de s’arrêter sur l’idée que c’était difficile pour elle à ce moment précis parce qu’elle n’était pas la seule à pâtir des travers de dramaturge de sa mère, et que ça aurait été injuste de sa part de faire comme si c’était plus dur à avaler pour elle que pour Edgerton. C’était peut-être elle la fille ingrate, mais lui, il n’avait rien demandé si ce n’était connaître davantage l’univers duquel il venait, et voilà comment on l’encourageait à s’y intéresser.
Si les rôles avaient été inversés, elle se serait intérieurement effondrée ; de se rendre compte que malgré la bonne impression laissée sans en faire trop toutefois, ça ne collait pas tout à fait à la vision des choses de ceux qu’il fallait convaincre. Si Tamara n’avait ne serait-ce que démontrée un semblant de critiques à son encontre, Yasmine aurait été peinée d’en venir à la conclusion qu’elle ne faisait pas l’affaire en la traitant comme la prochaine entrée du tableau de chasse de son fils, ou comme une lubie passagère dont il se satisfaisait avant d’en trouver une autre, une bien meilleure. Mais est-ce que ça l’aurait dissuadé de s’impliquer autant dans sa vie ? Dans l’état actuel des choses, la question ne se posait même pas - bien sûr que non, jamais, et elle lui aurait prouvé par tous les moyens qu’elle était digne d’avoir une place près de lui, même si elle-même en doutait parfois.
Et elle ferait la même chose ici, la tache ne revenait pas qu’au jeune homme de faire ses preuves, et d’effacer partiellement les idéaux que les Khadji, père et mère, avaient couvés trop longtemps pour en changer maintenant. Ça leur prendrait du temps à Amjad et Fatima, et ça leur demanderait de la patience à Edge et Yasmine… mais il n’y avait sincèrement rien qu’elle ne se sentait pas capable de faire pour le couple qu’il formait tous les deux, plus précisément pour celui qu’elle avait appris à connaître avec trois ans de retard certes, qui ne restait pas moins la meilleure chose qui lui soit arrivée depuis bien trop longtemps.
"Moi aussi je suis sérieuse." commença-t-elle calmement "Tu sais, j’ai passé beaucoup de temps à me dire que ce serait une bonne idée de leur faire entendre une fois pour toutes que je suis assez grande pour juger de ce qui est bien pour moi ou pas." termina-t-elle en posant son coude sur la table pour appuyer son menton dans le creux de sa main, son regard se plissant à cause de la luminosité de l’ensemble, trop vif, quand elle rouvrit les yeux et qu’elle les posa sur les jolis rosiers de son père "J’aurais trop aimé que Sohan soit là." murmura-t-elle pour la seconde fois quand Edge mentionna sa fâcheuse tendance à user de sa voix pour autre chose que son propre intérêt ; sans même avoir eu besoin d’être précise, il avait été assez habile pour saisir qu’elle ne parlait pas qu’en son nom, et ça ne fit que confirmer qu’ils avaient leur propre mode de communication.
Se mordant la lèvre pour refouler ses larmes qu’encore une fois, elle s’interdit de laisser couler pendant qu’Edge reprenait le cours de ses paroles ; qu’elle stoppa en fronçant doucement les sourcils. Yasmine ne lui lâcha pas la main. En revanche, elle délaissa sa contemplation sommaire du jardin d’Amjad pour se tourner entièrement vers lui. Elle se glissa au bord de sa chaise pour être la plus proche du jeune homme, et d’un coup d’épaule sûr et déterminé, elle repoussa sa tresse qui atterri sur l’épaule opposée tout en secouant la tête pour terminer par apposer son avis sur le sujet, et lui faire comprendre qu’il ne fallait pas qu’il considère ses paroles comme un effort qu’elle avait fait, mais davantage comme une évidence à laquelle effectivement, elle n’avait même pas songé.
"T’as pas à me remercier d’être honnête. On est ensemble." Elle entrelaça ses doigts aux siens, cherchant son regard qu’elle ne mit pas longtemps à trouver, bien qu’il lui parut plus trouble à cause du sien, voilé par les larmes qu’elle contenait et qu’obstinément, elle ne laisserait pas lui échapper "On plaisante souvent à propos de mon manque d’objectivité, mais j’ai pas eu besoin de tomber amoureuse de toi pour savoir que t’es quelqu’un de bien, et tu le sais au fond." Et elle ajouta son autre main à l’étau que formait déjà celles qu’ils avaient joints, et eut un léger sourire quand il parla d’être la cause du fossé entre elle et ses parents. Yasmine aurait aimé qu’il soit la source de tout ce qui constituait sa vie, elle aurait aimé pouvoir dire que toutes ses premières fois avaient été avec lui, mais le privilège de la distance qu’elle avait timidement prise avec ses parents depuis quelques temps maintenant lui avait été ravi par la réaction qu’ils avaient eu lors du coming out de son frère. Mais il ne pouvait pas le savoir, c’était encore trop frais et douloureux pour elle pour qu’elle lui en parle en détails. Elle pencha la tête sur le côté, soustrayant l’une de ses mains à la mêlée pour la poser sur le visage du jeune homme qu’elle ne quitta par des yeux, reprenant sur elle avec une volonté constante, ses sourcils froncés un peu plus fort "Edge, ça fait un bout de temps qu’il est creusé ce fossé. Ils ont pas eu besoin de te rencontrer pour ça, et je t’interdis de penser que c’est toi la cause de la distance qu’ils choisiront de prendre ou pas avec moi." Aussi pénible qu’était cette supposition, elle était aussi nébuleuse car au fond d’elle, elle était convaincue que ça n’arriverait pas tant qu’elle s’obstinerait à leur faire accepter son choix. Elle était douce, parfois soumise, Yasmine… mais quand elle avait une idée en tête, elle ne l’avait pas ailleurs et Edgerton était bien placé pour le savoir étant donné qu’elle était restée auprès de lui , sans marquer aucune hésitation, alors qu’il avait tenté de la repousser plus fort que jamais, cette fois-là au St-Vincent "OK, mais je veux pas que ce soit une autre source d’inquiétude pour toi non plus. C’est pas ta faute." Et ce n’était pas de la sienne non plus, mais c’était un peu plus difficile à verbaliser si bien que quand il lui affirma qu’elle était sa priorité, elle lui lâcha les mains, et se pencha vers lui pour le prendre dans ses bras et le serrer contre elle plus fort qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant. Elle laissa échapper des excuses qu’elle lui chuchota à l’oreille, l’une de ses mains se refermant sur sa nuque, et ses yeux dirigés en hauteur "Je suis désolée que tu te retrouves au milieu de tout ça. J’aurais dû avoir cette conversation avec eux bien avant que vous vous rencontriez, j’ai été prise de court…" lui avoua-t-elle pendant que la barrière de son entêtement à ne pas pleurer finit par céder et qu’elle laissa couler quelques larmes qu’elle chassa d’un geste de la main quand elle défit leur étreinte.
Et puis le sourire qu’il tenta de faire apparaître sur son visage ralluma momentanément la chaleur qu’elle irradiait sans cesse. Yasmine prit un temps pour décider si oui ou non, sa proposition de s’en aller était la bonne, et si retourner dans leur cocon pour mieux accuser le coup n’aurait pas des conséquences dont elle ignorait encore tout. De nouveau, sa main termina sur le visage d’Edge. Du bout de ses ongles peints en vert foncé, elle gratouilla sans y penser le bas de son visage, cette barbe qui devenait de plus en plus épaisse, tout en lui disant et en s’approchant de ses lèvres qu’elle frôla d’abord avec son pouce "Merci d’essayer d’alléger l’atmosphère." Et un furtif baiser vint expliciter sa pensée qui le remerciait d’être lui tout simplement, mais qu’elle garda pour elle pour mieux affirmer leur départ, ses hochements de tête confirmant qu’elle était sûre d’avoir besoin d’autre chose que d’attendre que ses parents reviennent sans avoir pour autant avoir l’assurance que tout reprendrait son court normalement "Ça m’ennuie qu’on s’en aille comme ça. Mais on va leur laisser un peu de temps pour réfléchir à tout ça, et…" Un bruissement du côté de la baie vitrée lui fit soudain relever la tête, et détourner son attention d’Edge.
Amjad reprit sa place en face de Yasmine. Se tournant graduellement vers son lui, toujours une main dans celle de son petit ami, elle lui annonça avec calme "Papa, on va rentrer, d’accord ?" Un bruit mat, comme quand on laisse volontairement tomber lourdement quelque chose, rompit définitivement la tension. En tournant brusquement la tête, surprise par ce bruit, Yasmine constata que trois gros volumes de ce qu’elle reconnu comme étant les fameux albums photos de sa mère venaient d’être lourdés sans ménagement près de la théière qu’Amjad attrapa en troisième vitesse alors que Fatima, l’expression pas aussi dure qu’elle voulait le faire croire, ses yeux brillants de quelques larmes qu’elle avait dû théâtralement laisser couler, disait à sa fille avec une autorité nettement surjouée "Vous n’allez nulle part. J’ai promis des photos à ce garçon, non ?" Un peu interdite, la bouche très légèrement entrouverte,  la jeune femme laissa son regard glisser très momentanément sur Edge tandis que son père disait, tout en se dirigeant vers l’intérieur et brandissant sa théière lourde de thé à la menthe refroidi "Ça a besoin d’être réchauffé. Mais commencez sans moi, allez-y."
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Message(#)(priadji) let’s go get 'em EmptyLun 14 Sep 2020 - 16:01


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{let’s go get 'em}
crédit/ (ssoveia) ✰ w/ @yasmine khadji

Au final, tu es quand même content d’être là et d’avoir rencontré les parents de Yasmine et ce … malgré la nouvelle tournure que prend l’échange. Peut-être que c’était à prévoir, et peut-être que la brune aurait pu avoir une conversation avec eux en amont, histoire de lisser certains plis, d’arrondir certains angles et mieux leur expliquer que si tu es rentré de nouveau dans sa vie, c’est pour de bon. Et leur expliquer, calmement, son désir d’aller à l’encontre de leur souhait et de toute la vie et le futur qu’ils voyaient se dessiner pour elle. Mais est-ce que cela aurait réellement changé quelque chose ? Tu n’en sais rien du tout en fait. Tout ce que tu sais, et tu l’as appris à force de fréquenter Yasmine, c’est qu’il ne sert à rien de se perdre en illusions et de manier les et si. Vous en êtes là aujourd’hui, tous les deux, main dans la main, à faire face à toutes les conséquences de la décision de Yasmine, et c’est tout. C’est le meilleur scénario possible pour vous deux et tu n’aurais pas voulu savoir la brune toute seule aujourd’hui, sans Sohan, sans toi, sans personne d’autre pour affronter le regard de ses géniteurs et leur faire entendre une partie de la vérité. Car peu importe leur réaction à eux au final, tout ce qui importe, tout ce qui t’importe, c’est la façon dont la jeune femme envisage les choses et de quelle façon elle veut continuer d’avancer. Tout droit, de l’avant, aucun moyen de revenir en arrière et ce qui est dit est dit, tout ce que l’on peut faire c’est l’accepter et avancer.
Tu le sais, elle le sait, aussi tu te contentes juste de hocher la tête quand elle te remercie d’être aussi honnête. Face à elle ? Toujours, tu ne vois pas vraiment ce que tu pourrais lui cacher. Et cette leçon-là ? Tu l’as apprise d’une manière difficile, quand tu essayais encore d’être tout bien sous rapport, encore en train de maquiller la vérité et de faire croire que tes cicatrices n’étaient pas aussi profondes que cela. Cependant, Yasmine te connait un peu mieux désormais, elle a vu les marques sur ta peau, sur ton cœur et celles qui n’ont pas laissé de traces et elle n’a pas reculé, bien au contraire. Alors tu peux offrir le même genre de soutien face à l’adversité, face aux propres difficultés de la jeune femme et ses angoisses. Tu l’aimes, vous êtes ensemble, aussi tu n’as pas à choisir ce que tu prends et ce que tu laisses de côté. Tu prends absolument tout, le bon comme le mauvais, les hauts comme les bas, une après-midi aussi éreintante qu’éprouvante que celle-ci, qu’une soirée passée dans la cuisine de la brune, à te délecter de son rire tandis que tu fais l’idiot et qu’elle te met au défi de continuer. Tout ces instants au final, ils font partie de vous et du couple que vous formez.
Cela apaise les trémolos de l’entendre affirmer, réaffirmer même, ce qu’elle ressent pour toi, tu ne te lasseras jamais de l’entendre des lèvres de Yasmine et tu ne cesseras probablement jamais de te demander pourquoi. Et qui sait si tu obtiendras la réponse à cette question un jour, ce n’est pas cela qui compte en fait. "Oui, on est ensemble… cela ne risque pas de changer aujourd’hui. Ni demain d’ailleurs. Ni le jour suivant… tu vois où je veux en venir avec tout ça pas vrai ?" Une constante, voilà ce qu’elle est devenue dans ta vie, mais pas une habitude pour autant. Parce qu’elle te surprend toujours, parce que tu n’es pas encore fatigué de sentir la pression de ses doigts sur les tiens, ni même la façon si particulière qu’elle a de te regarder ou de dire ton prénom. Quand elle parle de tes inquiétudes, tu ne peux t’empêcher de prendre une profonde inspiration, te demandant si tu es aussi transparent que cela ou si elle sait exactement comment interpréter tes silences. Tu mentirais si tu disais qu’elle ne visait pas en partie juste, mais tu n’y peux rien, tu ne contrôles pas vraiment la part de toi qui se sent coupable, et qui a l’impression d’avoir tout ruiné. Et qui sait que les parents de Yasmine auraient préféré qu’un autre passe la porte de leur demeurer, accompagné d’un sourire, des bonnes croyances et tout ce qu’il faut pour les convaincre. "Je le sais, et ce n’est pas de la tienne non plus, donc tu n’as pas besoin de t’excuser. Je savais que ce ne serait pas un déjeuner sans accroc, le plus dur est derrière nous je suppose ? Moi je trouve qu’on s’en sort très bien."
Tu lui lances un clin d’œil, avant de lui voler un autre baiser la seconde d’après, faisant de ton mieux pour qu’elle puisse respirer un peu plus légèrement et ce malgré tout ce qui flotte encore dans l’air. "Encore une fois, c’est toi qui vois." Que tu ajoutes tout simplement, prêt à suivre les directives de la brune, sans poser plus de question. Tu entames même un mouvement pour te lever quand Amjad revient vers vous et que Yasmine lui annonce votre départ. Tu ne vois pas ce que tu pourras ajouter de plus : merci pour la nourriture mais pas besoin d’en rajouter ? Quelque chose comme ça mais un peu plus poli. Encore une fois, tu n’en veux à personne, ce ne sont pas les remords qui t’habitent mais autre chose, tu as le cœur lourd, un peu trop lourd et il menace dangereusement de déborder à tout instant. Tu le sais, pour autant, c’est Yasmine qui décide et pas toi, pour autant, tu n’es pas vraiment surpris quand ton regard se pose de nouveau sur Fatima. Et tu connais l’expression de la mère, bien évidemment que tu la connais, tu l’as déjà vu sur le visage de sa propre fille, avec des larmes au fond de ces mêmes yeux verts. Et soudainement, entre les mots de Fatima et son air attristé, déterminé et presque suppliant, tu es renvoyé des mois en arrière. Pendant un réveil un peu trop brutal, dans une chambre d’hôpital, quand tu faisais de ton mieux pour te tenir debout et pour mettre le plus de distance possible entre Yasmine et toi, certain que là encore, tu en dirais un peu trop.

C’est trop familier comme sensation et tu te retrouves à hocher la tête, bien malgré toi, baissant les yeux vers Yasmine, la vraie, pas celle construite par ta culpabilité et ton imagination, la seconde suivante. Tu prends une profonde inspiration avant de retrouver l’usage de la parole, avant de replacer les choses et l’endroit où tu trouves. "C’est bien vrai, on m’a promis des photos, et du dessert. Et du thé. Et puis on est déjà là, pas vrai ?" C’est ta manière de faire comprendre à Yasmine que vous pouvez bien rester quelques minutes de plus. Une demi-heure d’ailleurs, ou une heure, le temps qu’il faudra pour que la situation soit un peu plus légère, échanger une autre anecdote ou deux, boire une tasse de thé et oublier le fameux incident.  "Ça va aller." Tu te penches vers Yasmine pour murmurer les mots suivants, pas du tout dérangé par la proximité de sa propre mère, non, tu te contentes de lui offrir un sourire et de déposer tes lèvres contre son front une nouvelle fois. Sauf que cette fois-ci, tu ne sais pas vraiment qui tu cherches à rassurer, Yasmine ? Toi ? Fatima ? Tout ce monde à la fois ? Tu ne le sais pas, tu n’as cependant pas d’avoir la réponse dans l’immédiat, ça tu en es convaincu. Tout comme tu es convaincu qu’il te faut une seconde ou deux pour respirer, juste un moment rien qu'à toi.
"Par contre vous allez devoir m’excuser juste quelques minutes… Je reviens." Tu confirmes avec Fatima où se trouve les toilettes les plus proches et tu finis par quitter l’extérieur, un peu trop étouffant, chose qui ne fait pas vraiment de sens, tu en as parfaitement conscience. En chemin ton regard croise celui du père de Yasmine et tu lui offres la même excuse, qu’il ne remet pas en question car pourquoi le ferait-il après tout ? Et s’il y a des heures de cela, tu aurais pris le temps d’observer avec une précaution certaine tout ce qui t’entoure, la décoration, les photos et autres ornements sur les murs, ce n’est plus vraiment le cas, tu te moques bien des toilettes à dire vrai et c’est plutôt vers la salle de bain que tu te diriges et tu es bien content de pouvoir verrouiller la porte derrière toi. C’est seulement à ce moment là que tu prends une profonde inspiration, tu prends le souffle un peu trop saccadé que tu retenais depuis une longue minute déjà. C’est tout ce que tu peux faire cependant, c’est tout ce que tu t’autorises, offrant un bien pâle sourire à ton reflet dans le miroir.
Tu ouvres le robinet, distrait par autre chose, par quelque chose, observant l’eau s’écouler pendant quelques secondes. Quelques secondes pour te dire que ce ne sera pas la pire chose du monde si tu n’es pas le bon justement, cela ne t’enlèvera pas plus de valeur et n’annuleras pas tous les progrès que tu as fait… jusqu’à aujourd’hui. Parce que tu ne vaux pas moins qu’un autre au final, et que cette notion de valeur est bien stupide, et même si tu es cassé, tout le monde l’est en fait, certains font juste mieux semblant que d’autre. Rassuré par cette idée, plutôt que de te laver les mains, tu n’en as pas besoin au final vu que tu as menti sur la raison qui te pousse à te trouver dans cette pièce, tu finis par te passer un peu d’eau sur le visage, sur le front, dans ta nuque. Juste assez pour desserrer d’un cran l’étau que tu pouvais sentir se refermer autour de ta gorge quand tu faisais face à tous les Khadji. Ça va mieux, beaucoup mieux et sans y penser, tu sors finis par couper l’eau, t’essuyer le visage avec la serviette prévue à cet effet et toujours avec des gestes qui paraissent automatiques, tu tires ton téléphone portable de la poche de ton jean. Tu t’arrêtes sur le prénom de ta mère pendant une seconde, puis deux, et puis tu finis par lui envoyer un message. Plus pour toi qu’elle, mais bien parce qu’elle mérite de l’entendre. Ou dans ce cas précis, de le lire. – Merci. Je sais que ne je le dis pas suffisamment et que ça un peu l’air de sortir de nulle part mais je le pense. Merci.  Le message envoyé, tu fais le chemin en sens inverse, ayant parfaitement conscience que cela ne fera pas vraiment de sens pour Tamara et tu devrais très probablement lui expliquer ce que tu voulais dire par la suite.
Ce sera pour plus tard, que tu songes aussitôt, prêt à retrouver ta place aux côtés de Yasmine et oublier les cinq minutes précédentes. "Qu’est-ce que j’ai loupé ?" Tu annonces ton retour de cette façon-là, t’installant de nouveau à côté de la brune, nouant de nouveau tes doigts à ceux de Yasmine, un sourire sur le visage. Si ton expression présente trahit quoi que ce soit, il n’y aura que la brune pour le voir, tu le sais, tout comme tu sais qu’elle ne posera pas de questions devant ses parents. Et puis tu n’as pas envie d’être le centre de l’attention, pas maintenant, ni plus tard, c’est Fatima qui accapare l’attention de la petite assemblée ensuite. Comme s’il n’y avait pas eu d’interruption, comme s’il n’avait pas fallu que tu te justifies ou que Yasmine le fasse, comme si elle s’était juste éclipsée pour aller chercher les fameux albums photos et continuer votre repas. Comme si. Sauf que tu n’y penses pas bien évidemment, tu n’y songes pas du tout, jetant un regard intéressé et curieux face aux clichés qui te sont présentés, parce que c’est ta passion, c’est ton métier et que les photos de Yasmine sont définitivement les meilleures. "J’en ai aussi des photos d’elle, pas autant que vous, mais quelques-unes. Et elle n’apprécie pas plus de poser maintenant si ça peut vous rassurer mais…" Tu marques une pause, pour te tourner vers la brune, pour faire un peu plus pression sur ses doigts, car plus que jamais, tu as besoin de savoir qu’elle est là et qu’elle ne risque pas de disparaitre.  "… C’est un peu ma spécialité de la faire changer d’avis." Que tu conclues finalement, te disant que c’est une bonne analogie.
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