« Envoyer son genou dans les couilles de son agresseur c’est vraiment la base» haussais-je les épaules, répondant avec le plus de naturel possible.  « Normal, basique et incroyablement efficace surtout. Si jamais il est par terre aussi tu lui saute sur le genou pour le lui briser afin qu’il ne suive pas et hop, t’as tout le temps du monde pour déguerpir de là» voilà les techniques qu’on m’a un jour appris lors de mes cours d’auto défense et je peux dire que c’est graver dans ma mémoire depuis.

Je fini par changer de sujet et, après avoir acheter de l’alcool et des chips, je propose à Jill de jouer au jeu du never have I ever. J’apprends ainsi qu’elle n’a jamais été en couple et si je bois ce n’est pas parce que je n’ai jamais été en couple mais simplement car j’avais envie de goûter l’alcool que je viens d’acheter, avant de dire que je n’ai jamais douté de mon homosexualité et reprendre une gorgé de Gin. Car si, j’ai douté pendant de longues années, mais ma rupture avec Yele m’a fait comprendre que mon attirance était bien plus porté sur le féminin que le masculin.  «nop » dis-je en secouant la tête  « Il m’a surprit entrain d’embrasser une autre femme et ça ne lui a pas plus» c’est compréhensible, en vrai  «J’pense qu’à sa place j’l’aurais aussi mal prit » et je pouffe de rire, alors qu’il n’y a pas grand-chose d’amusant en vrai.  «C’était mon meilleur ami d’enfance, on était tout le temps fourré ensemble et on s’est mit en couple un peu en mode ‘aller on fait ça pour tester’ » je fronce les sourcils  « Enfin c’était mon cas surtout. Je sais pas si lui n’était pas super sincère dans son amour et ...bref on s’en fout. Non je ne le vois plus, il a Brisbane et c’est pour ça que je suis ici, pour prendre mes distances» j’hausse les épaules puis incline la tête sur le côté lorsqu’elle me dit que c’est à moi de poser une question  « t’as des frères et sœurs ?» demandais-je avec curiosité en lui redonnant la bouteille.

”Je retiens comment briser le genoux, je pense que je pourrai m’en servir plus d’une fois.” Elle hoche la tête avant de hausser un sourcil amusé en regardant la brune dans les yeux. Elle passe une bonne soirée Jill, elle aime ce moment qu’elles passent à deux. C’est étonnant de rencontrer des gens avec qui elle s’entend vraiment bien. La conversation est fluide, la partie se joue des deux côtés et elle a facilement trouvé à qui parler. Elle tangue et laisse ses pieds dériver d’un côté puis de l’autre sans même tenter de contrôler quoi que ce soit. Elle a l’impression de pouvoir sentir le monde tourner et c’est plaisant. Elle aime l’idée qu’elle ne contrôle pas ce qu’il se passe dans sa tête et dans ses membres. Son corps décide tout seul de ce qu’il fait et où il va. Et, pour le moment, il décide de rester aux côtés de Louisa qui continue d’avancer en buvant de temps à autre quelques gorgées d’alcool. Jill aussi en profite. Elles n’ont pas besoin d’un jeu pour continuer à boire.

Elle raconte ce qu’il s’est passé avec ce copain qu’elle a eu il y a quelque temps. Elle a voulu se tester, et Jill aurait pu faire la même chose si elle avait réellement eu besoin de trouver une réponse à cette question. Mais elle le sait déjà, elle aime tout le monde, et elle a une préférence prononcée pour les hommes malgré tout. Louisa fait partie de ces femmes qui l’attirent sans qu’elle n’explique pour quoi. C’est à chaque fois nouveau, et Jill adore ça. Elle n’aime pas se bloquer dans une routine, et ce soir, elle surf sur cette vague de nouveauté. “Si vous étiez vraiment ami vous pourrez sûrement le rester même quand tu seras rentrée.” Les vrais amis ne se perdent jamais vraiment de vu. “Un grand frère et une petite soeur.” Mais il faut dire qu’elle les évite au maximum depuis qu’ils sont tous arrivés à Londres. “T’as retrouvé qui ici ?”

Je rigole de bon cœur lorsque Jill me dit qu’elle note dans un coin de sa tête qu’elle tentera de se rappeler comment elle peut briser les genoux des gens. C’est bien la preuve que nous sommes pareille toutes les deux non ? Qu’elle et moi avons beaucoup plus de chose en commun que ce que j’imaginais à la base. Je l’observe qui tangue joyeusement puis retourne l’attraper le bras pour qu’elle reste près de moi et qu’elle ne finisse pas sur la route, la stoppant à temps en arrivant au feu rouge.

Là, je lui parle de mon expérience hétérosexuelle qui s’est résulté en moi qui trompe mon ex avec une autre fille, mettant ainsi en péril mon couple et laissant Yele expérimenté une des pires trahisons qui existe. Nous n’étions plus très heureux de toute façon, non ? Ou plutôt moi je n’étais plus très heureuse. Est-ce que ça justifie pour autant mes agissements ? Je ne pense pas. Et pourtant c’est arrivé, nous sommes passé par une engueulade puis notre couple s’est brisé en même temps que la confiance de mon meilleur ami envers moi. C’est malheureux mais c’est comme ça. Peut-être que le temps nous donnera l’occasion de passer, un jour, outre, tout cela ?

C’est ce que Jill me dit en tout cas. D’après elle, si nous étions réellement aussi proche que je le dis, nous devrions pouvoir trouver un terrain d’entente.  « Je sais pas» soufflais-je en grimaçant légèrement  «je lui ai quand même fait beaucoup de peine et pis c’est un p’tit sensible malgré ce qu’il prétend » un sourire amusé vient s’afficher sur mon visage  «On verra bien s’il souhaite reprendre notre amitié là où on l’a lasisé avant de se mettre en couple et avant que je ne quitte Brisbane du jour au lendemain pour venir ici » j’hausse les épaules et attrape la bouteille alors que j’apprends que Jill est, elle aussi, la fille du milieu. Elle, toutefois, elle a un grand frère et une petite sœur, alors que chez moi c’est le contraire.  « tu t’entends bien avec eux ?» vu comment elle change rapidement de sujet, je pense que la réponse est assez facilement trouvée.

 « Mon cousin maternel» dis-je en hochant la tête  «Y a a eu une sombre histoire familiale qui fait que ma mère, originaire de Londres, a quitté la ville quand elle avait 18 ans et a coupé tous les ponts avec sa famille ici, dont son frère, le père de mon cousin. Pendant 15 ans elle m’a interdit de lui parler, pour elle Hugo n’existait pas. » j’hausse les épaules  « mais j’ai jamais aimé suivre les règles donc j’ai décidé de le contacter et...voilà. C’est chez lui et son homme que je squatte depuis quelques semaine semaines» je souris et reprend la bouteille, bifurquant à droite pour entrer dans hyde park  « Pourquoi t’es à Londres et pas à Brisbane ?» c’est fou comment notre jeu s’est finalement transformé en questions de confidence.

Ca devait seulement être un jeu. Des questions indécentes et des choses gênantes qui leur aurait permis d’en savoir plus sur l’une et l’autre. Mais là, ça tourne sur de vraies questions. Celle auxquelles Jill n’aime pas répondre en général parce qu’il n’y a pas de retour. Elle ne joue pas au jeu des confidences avec les gens qu’elle connait à peine. Et Louisa, elle ne la connait que depuis quelques minutes. Une heure au grand maximum. Ca l’étonne d’arriver à parler facilement, et elle a envie de mettre tout ça sur le compte de l’alcool et toutes les substances qu’elle a pu prendre tout au long de la soirée. “Peut-être qu’il le ressentait comme toi.” Ce n’est pas rare de voir des amis qui finissent par se mettre en couple par habitude d’être souvent l’un avec l’autre. Elle l’a déjà vu plusieurs fois ça Jill. Ca ne l’étonne plus les comportements bizarres des gens. Mais il y en a bien trop qui accordent de l’importance aux couples et à l’amour en général. Au lieu de s’amuser. Elle, elle préfère se concentrer uniquement sur l’amusement. C’est tout ce qui importe. Surtout depuis qu’elle est à Londres.

“C’est compliqué.” Il y a quelques mois elle aurait répondu oui pour Matt et non pour Ginny. Mais maintenant elle a envie de répondre non pour les deux. Elle soupire, Londres a changé beaucoup de choses. Et elle détestera sûrement cette ville jusqu’à la fin de sa vie. Elle est là avec de la famille, mais Louisa n’a apparemment aucune obligation de rester dans cette ville affreuse. Elle est venue de son plein gré contrairement à la McGrath. “Je réponds pas à ce genre de questions aussi facilement.” Elle hausse un sourcil. Elle ne dévoilera pas les secrets de McGrath en seulement une question et quelques minutes d’interrogatoire. “Ma famille t’intéresse vraiment tant que ça ?”

J’hausse les épaules lorsque Jill suppose que Yele aurait pu ressentir comme moi  « va savoir» dis-je simplement, le plus détachée possible  « Peut-être, après tout ce n’est pas impossible. Il est pas très expressif au niveau sentimental donc peut-être que ...» je ne dis, laisse plâner le mystère qui restera sans doute éternellement un mystère avant de reprendre la bouteille en main et, prenant une gorger, je m’intéresse un peu plus à la famille de Jill.

Très vite, pourtant, je me rend compte que c’est un sujet sensible, voire carrément tabou. Vu comment elle se referme comme une huitre lorsque je lui pose des questions, sur ses frères et sœur et sur le pourquoi du comment elle est là, à Londres, et non à Brisbane, je me dis que je ne devrais pas m’aventurer sur ce terrain accidenté. Alors, lorsqu’elle me demande si ses histoires de famille m’intéresse réellement j’hausse simplement les épaules  «Pas forcément. Enfin, si, mais je suis curieuse de nature donc bon » je laisse échapper un petit rire avant de lui redonner la bouteille  « Mais bon, tu réponds ou tu réponds pas, j’accepte les deux solutions» après tout, je ne suis qu’une simple inconnue qui est là, de passage et qu’elle ne reverra sans doute plus. Et pis qu’est-ce que ça peut me faire si Jill est à Londres parce qu’elle recherché par le FBI version australien ou si elle est ici parce qu’elle a fuit un truc ? Ou qu’elle voulait simplement se rapprocher de la famille ? Ou qu’on l’y a obligé ? Bref, peu importe.

Je fini par l’immobilisé au niveau d’une air de jeu et m’installe sur une balançoire, commençant à me pousser légèrement d’avant en arrière  «Bon, thème plus joyeux. Si tu étais …. » je pince les lèvres en une moue de réflexion  «hm … si tu étais une chanson qu’on devrait jouer à ton enterrement, tu serais laquelle ? » je repose mon regard sur la jeune femme, lui offrant un large sourire.

La marche est longue et Jill commence à avoir mal aux pieds. Elle retire ses talons et se retrouve à arpenter les rues de la ville pieds nus. Elle pourrait se blesser, mais ça l’amuse plus qu’autre chose. Elle évite quelques bouts de verre avant de reporter son attention sur la brune qui marche et qui n’a pas vraiment l’air de savoir où elle va. Elle hoche la tête, elle ne connait pas ce type mais il a l’air compliqué. C’est exactement pour ça qu’elle ne s’intéresse pas aux relations Jill. Elle aime avoir des amis éphémères, des relations d’un ou deux soirs, mais ça ne va jamais plus loin. Elle ne s’engage que très rarement émotionnellement avec les gens.

Les questions s’enchaînent et ça n’a plus rien à voir avec le jeu que Louisa avait lancé plus tôt. Elle est curieuse la jeune femme, mais Jill continue d’imposer une certaine distance avec tout ce qui lui paraît un peu trop personnel. “Peut-être que je répondrai plus tard.” Elle hausse un sourcil, reste mystérieuse. Tout ça ne reste qu’un jeu et elle s’amuse à la faire patienter. D’ici quelques heures elles auront sûrement oublié le sujet sur la famille ou sur les ex petits amis.

Elles s’arrêtent toutes les deux au niveau d’une air de jeu. Louisa s’assoit sur une balançoire et Jill fait la même chose. Elle se balance et elle écoute la brune qui continue de parler et de chercher un moyen de s’amuser. Jill continue de boire au goulot et elle réfléchit. La question est étrange, mais intéressante. Jill passe de longues minutes à froncer les sourcils et se demander quel serait le meilleur choix. “Je sais pas trop.” Elle regarde le ciel en continuant de se balancer en se poussant avec les pieds. “Quelque chose de festif, de joyeux.” Elle hoche la tête. “Du rock ! Queen peut-être ?” ça rendrait ses parents complètement tarés. “Si tu étais un plat tu serais quoi ?”

Hyde park est bien plus loin que ce que j’imaginais. Fort heureusement je ne suis pas adepte des chaussures à talon et je suis bien plus à l’aise avec les converses que j’ai aux pieds, contrairement à Jill qui décide de finir la promenade pieds nus. Et elle a raison, dans le fond.  « j’ai jamais compris pourquoi les filles aimaient tellement mettre des talons» que je m’interroge  « ça doit être super désagréable, non ?» je fronce les sourcils, une moue de réflexion sur le visage. Tout en marchant et buvant, nous passons d’un jeu enfantin à des questions plus personnelles. Trop personnelles à ce que je comprends. La jeune femme n’a pas envie de parler de sa famille et grand bien lui fasse. Elle me dit qu’elle répondra peut-être plus tard et je lui offre un doux sourire compréhensif, haussant les épaules pour lui montrer que je lui laisse toute la liberté du monde.

Arrivé à Hyde park, nous nous arrêtons à une air de jeu où nous nous installons chacune sur une balançoire. Lentement, je me balance en avant et en arrière puis lui demande quelle serait la chanson qu’elle jouerait à son enterrement. Et sa réponse est géniale  «Ah yes ! Queen c’est une valeure sûre » hochais-je la tête  «J’te verrais bien être enterrer avec la chanson ‘don’t stop me now’. Ce sera genre ‘même en enfer je serais instopable, mouhahah’ » et je pouffe de rire, amusé par la vision de Jill qui fait vivre un enfer au maître des enfers, avant que je ne reprenne mon sérieux lorsqu’elle me demande quel serait mon plat si j’en étais un  « hm...j’hésite entre la Poutine canadienne et le Fish & chips britannique» je réflechise, pince les lèvres puis hausse les épaules  «Bon allez, poutine » j’hoche la tête et reprend la bouteille  « Si tu étais un animal ?»

Jill se balade avec ses chaussures à la main. Des talons très hauts qu’elle adore mettre quand elle marche peu. Elle n’avait pas prévu de marcher autant. Le parc est bien plus loin que ce qu’elle aurait pu prévoir. Elle souffle mais elle continue de rire et de discuter avec la brune. La conversation et la personne sont intéressantes. Alors elle se laisse aller à la discussion et presque aux confidences. Mais elle finit par se méfier de nouveau des questions qui semblent trop nombreuses et trop intimes. Elle ne veut pas s’ouvrir à une personne qu’elle connait à peine. “Moi je trouve ça beau.” Elle hoche la tête et elle marche sur la pointe des pieds pour essayer d’éviter des choses qui pourraient la blesser. “Ca dépend des fois et de combien de temps je les garde aux pieds.” Ca dépend de ce qu’elle fait aussi tout au long de sa soirée.

Les questions qui s’enchainent sont étrange mais bien plus amusantes. Ce sont des choses auxquelles Jill n’a jamais réfléchi ou penser. Alors elle fronce les sourcils et passe quelques minutes à se demander ce qu’elle peut répondre. “Si je me fais enterrer sur Londres tu seras chargée de la playlist.” Elle rit Jill, elle n’est même pas sûre de la revoir un jour dans sa vie. Mais elle sait que si ça arrivait la brune aurait vraiment mis la playlist parfaite pour que tout le monde fasse la fête dans l’Eglise. Elle secoue la tête et la regarde réfléchir à la réponse qu’elle va pouvoir donner. “La poutine ? Ca existe vraiment ça au moins ?” Rien qu’au nom Jill grimace un peu. Ca a l’air vraiment étrange comme plat. “Un loup.” Elle aime ces animaux, elle se retrouve bien quand elle s’imagine un loup solitaire au beau milieu de la forêt. “Qu’est ce que t’as prévu pour la fin de ta soirée ?”