Il n’y avait probablement plus une seule partie de ses vêtements et de sa peau à nue qui ne soient pas entièrement recouverts de peinture. Le jeu des couleurs lui permettait même de deviner qui de Ezra, Liam ou Colleen était le responsable de l’une ou l’autre des tâches qu’il arborait des pieds à la tête, et la seule chose dont il rêvait dans l’immédiat c’était une bonne douche – et l’espoir que dans ses cheveux l’amidon coloré ne serait pas trop difficile à retirer. Contre toute attente, et à sa plus grande surprise, Liam et lui ne s’en étaient pas trop mal sortis et avaient probablement bénéficié d’une chance du débutant ayant fait défaut à leurs concurrents. Si les techniciens qu’ils avaient croisés après la fin de l’épreuve avaient refusé de leur en dire plus sur l’activité qui avait occupé le reste de l’équipe à laquelle ils avaient été intégrés, on leur avait indiqué que tous seraient de retour à la nuit tombée et qu’ils auraient tout le loisir d’échanger sur le déroulement de leur après-midi respective à ce moment-là. Ayant trop peu d’énergie en réserve pour tenter d’obtenir d’autres informations Tommy s’était donc contenté de cette vague explication à demi-fumeuse, et sans demander son reste plus longtemps il avait déguerpi jusqu’à cette douche tant espérée que méritée.

L’après-midi était pourtant loin d’être terminée, et outre le fait que son avion avait atterri à Perth en fin de matinée il n’avait aucune véritable idée d’où ils se trouvaient actuellement. C’était un peu le propre de l’Australie, tant à l’Ouest qu’à l’Est, sorti des grandes villes tout n’était qu’une succession de déserts et de grands espaces où peu de gens se bousculaient, et rien ne ressemblait plus à un no man’s land qu’un autre no man’s land. Une rivière coulait dans les environs, c’était à peu près tout ce dont il était certain et il le devait à l’un des panneaux qu’ils avaient croisé quand le véhicule les avait amenés jusqu’au lieu de l’épreuve de paintball. Par simple désir de satisfaire sa curiosité, Tommy avait donc quitté sa chambre à peine sa douche terminée et ses vêtements propres enfilés, désireux de jeter un œil aux alentours et de trouver tout seul les réponses à ses questions … Qui sait, il trouverait peut-être même un deuxième souvenir à ramener à Moïra. Elles étaient si rares, ces occasions, car Tommy n’était que rarement séparé de sa fille, et jamais pour des raisons justifiant de lui ramener une babiole en souvenir.

Les messages échangés plus tôt avec la mère de Love, puis avec la jeune femme elle-même, le laissaient un brin soucieux. Il craignait de ne pas savoir regarder Isaac dans les yeux s’il le croisait ce soir, et n’avait toujours pas décidé s’il valait mieux lui en parler ou non … Quelque part Tommy avait le sentiment que ce n’était pas son rôle, qu’il n’avait pas à s’en mêler, mais malgré tout la certitude que lui aurait aimé être mis au courant si la situation avait été inverse l’empêchait d’être entièrement catégorique à ce sujet. Perdu dans ses propres pensées, il en oubliait de regarder devant lui en marchant et n’avait pas prêté attention à la silhouette arrivant en sens inverse, téléphone portable vissé à l’oreille et pas plus attentive que lui : la collision s’était donc révélée inévitable. « Oh, pardon je regard-… ais pas où j’allais. » Face à lui, la présentatrice de l’émission contemplait son téléphone portable face contre terre sur le sol, avec dans le regard cette angoisse palpable connue de chaque propriétaire de smartphone : l’écran serait-il intact lorsqu’elle le ramasserait, où était-elle sur le point de contempler les fissures qui s’y seraient joyeusement invitées dans la chute ? « Enfin, c’est peut-être le karma tout compte fait. » Croisant les bras, il avait perdu toute volonté d’avoir l’air désolé dès l’instant où il avait compris que sa maladresse n’avait impacté que May. La May de Marius comme Scarlett et lui l’appelaient encore la veille du lancement de l'émission, la fouine de Marius comme elle aurait mérité qu’ils l’appellent aux vues de ses derniers commérages.

La fin de Race Of Australia approchait à grand pas, la dernière ligne droite était lancée et pour les deux binômes en lisse, il n’y avait plus que deux journées avant d’arriver sur la ligne d’arrivée. Deux journées qui allaient clôturer six semaines extraordinaires d’aventure. May était épuisée elle aussi mais pour autant, elle n’avait pas envie de ce clap de fin, elle aurait bien poursuivi cette aventure encore quelques temps pour aller découvrir à nouveau d’autres territoires australiens.
Ce jour-là, deux épreuves s’étaient déroulées parallèlement et personne n’avait chômé. D’un côté, les deux binômes en course avaient eu la joie de retrouver d’ancien acolyte d’aventure pour leur donner un coup de pouce dans une descente effrénée en rafting – qui s’était montré plus compliqué pour une équipe que pour l’autre, Kieran étant tombée à l’eau, la production avait dû faire appel aux secours. Plus de peur que de mal semblerait –il, s’il était toujours pris en charge et sous surveillance, il ne tarderait pas de pouvoir rejoindre le groupe qui avait installé son campement à l’arrivée du rafting.
D’un autre côté, c’est une bataille acharnée qu’on offert quatre candidats qui avaient déjà quitté la course. Les balles de peintures avaient fusés sur le champ de baille, personne n’était épargné et certains avaient fait preuve d’agilité. Roulades, sauts en hauteur, esquives toutes plus belles que les autres, le spectacle était bien au rendez-vous et allait offrir aux spectateurs un contenu de qualité et rempli d’action. De quoi bien se marrer devant son écran de télévision.
Au téléphone, May était en lien avec Gabriel qui se trouvait sur le camping, elle devait se rendre avec les candidats du PaintBall à la soirée feu de camps qui était prévu pour permettre à tous de se remémorer tous les moments de l’aventure lors d’une soirée festive. Ca aussi, ça passait toujours bien devant les caméras et l’épisode, une fois montée, promettra sans doute de belles images. Gabriel lui confirmait que tout le monde était bien arrivé et que Kieran ne tarderait pas à les retrouver aussi. De son côté, May attendait les quatre autres candidats pour les accompagner jusqu’à leurs taxi afin de quitter les lieux. Elle allait raccrocher quand on lui rentrait dedans, le téléphone lui échappa des mains et tomba face contre terre. Elle contempla le spectacle sans trop oser le ramasser de peur de voir l’écran complètement fissuré. « Oh, pardon je regard-… ais pas où j’allais. » Elle releva les yeux sur Tommy, l’auteur du crime, qui s’était fait une beauté après avoir transpiré dans sa tenue de combat. Il ne lui restait pas une seule goutte de peinture dans ses cheveux. Elle se baissa enfin, sans daigner adresser une réponse au frère de son meilleur ami. « Enfin, c’est peut-être le karma tout compte fait. » reste calme Glitters. Elle pris le téléphone dans sa main, retourna l’engin pour observer si son écran avait tenu le choc et elle entendait encore au loin la petite voix de Gabriel qui demandait si elle était toujours en ligne. Une chose : il avait sans doute parlé encore un moment sans se rendre compte qu’elle ne répondait plus. Deuxième chose : l’ecran est bel et bien intact et fort heureusement pour Tommy. Elle se releva et lui adressa un regard qui en disait long sur ce qu’elle pensait de lui (regard du genre assassin.) « Visiblement le Karma me souris bien. » elle se permi même de lui faire voir que son téléphone ne présentait aucune fissure. « Qu’est-ce que tu entends par là, d’ailleurs ? » bien curieuse de savoir ce qu’il lui voulait. Car après tout, selon elle, celui qui devrait avoir un retour de Karma, c’était bien lui. Elle pris tout de même le temps de répondre à Gabriel. "Je suis là, j'ai déjà récéptionné un premier colis, j'attends les autres. A tout à l'heure." et elle raccroche, regardant Tommy pour attendre la réponse qui lui était du.

Que l’on ne s’y trompe pas, il fallait bien que le brun n’ait pour ainsi dire rien de mieux à faire pour que l’éventualité d’un retour dans l’émission avec d’autres anciens – tous plus chanceux que lui au jeu de l’élimination, à l’exception d'Ezra – soit apparue à ses yeux comme une hypothèse envisageable. Mais la vie de Tommy était ainsi faite, monotone et si peu intéressante qu’un rien lui donnait l’impression de sortir de l’ordinaire. Il n’avait jamais vue l’Australie occidentale – il n’avait jamais rien vu d’autre que le Queensland concernant son propre pays, d’ailleurs – et Moïra n’était bien évidemment pas contre l’idée d’un week-end passé avec Marius, d’autant plus si celui-ci proposait de l’emmener surfer … Alors Tommy avait cédé, enthousiasmé par l’idée de revoir Love, et avec dans un coin de la tête sans doute aussi la volonté de dire ses quatre vérités à la présentatrice de l’émission, qui non contente de s’adresser aux candidats avec une condescendance qu’on peinait à n’imaginer que de façade, avait également entrepris de fourrer son nez dans des affaires familiales qui ne la regardaient pas, dépassant ainsi largement le cadre de ce que son rôle dans le programme télévisé lui autorisait. Grain de sable dans la machine, l’atterrissage de Love dans une chambre d’hôpital venait néanmoins de redistribuer les cartes des priorités du brun, et arpentant les couloirs à la recherche d’une raison de s’occuper en attendant le soir et la supposée réunion avec le reste des anciens son choc frontal avec May ressemblait à une tentative grossière du destin pour ne pas lui faire oublier qu’il avait son propre honneur et le peu de fierté qui y était attachée à défendre.

Si d’ordinaire sa maladresse était de ces défauts dont il n’avait cesse de s’excuser, au point que cela en soit presque devenu un réflexe, il avait cessé de se sentir désolé à la seconde où la silhouette blonde de la présentatrice s’était imposée à lui, et le sarcasme lui avait échappé presque sans qu’il n’ait le temps d’y réfléchir. Malheureusement pour lui, son propre destin et le karma de la quarantenaire ne semblaient pas s’être mis suffisamment d’accord, et ramassant son téléphone elle avait pu le prendre à témoin que l’écran ne possédait même pas une égratignure. « Visiblement le Karma me sourit bien. » Souriant avec suffisance, elle avait tout de même eu l’audace de demander « Qu’est-ce que tu entends par là, d’ailleurs ? » puis sans même lui laisser le temps de fournir une réponse elle avait remis l’appareil à son oreille et abrégé sa conversation avec Dieu sait qui d’un « Je suis là, j'ai déjà réceptionné un premier colis, j'attends les autres. À tout à l'heure. » dégoulinant de condescendance. Pour réponse, Tommy avait commencé par rouler des yeux puis sifflé avec ironie « Ça doit vraiment être un plaisir de bosser avec toi. » Puisqu’elle avait pris le parti de le tutoyer il ne s’était pas embarrassé de l’idée de ne pas en faire de même, et adoptant la même attitude qu’elle il ne lui avait pas laissé le loisir de rétorquer avant d’enchaîner « T’as pas une vague idée ? C’est trop habituel pour te rester en tête de foutre ton nez dans les affaires des autres ? » Qui sait, elle n’en était peut-être pas à son coup d‘essai. Ou alors c’était spécifiquement les relations de Marius qui lui posaient problème … « Du coup c’est quoi ? De la jalousie, ou juste de la frustration ? » Il peinait un peu à s’imaginer que l’on puisse se figurer son frère aîné comme un objet de convoitise, mais après tout il avait lui-même épousé l’une de ses anciennes flammes … Les voies du désir étaient impénétrables.

 Le premier qu’elle avait trouvé – ou plutôt qui l’avait trouvé n’était autre que Tommy. Ils allaient jouer à cache-cache avec les trois autres candidats, enfin, ex candidats, pour pouvoir retrouver les rafteurs sur leur camp afin de passer une soirée agréable, tous ensemble. Elle aurait sans doute préféré que Tommy ne soit pas le premier, puisqu’elle n’avait visiblement pas grand-chose à lui dire, mais lui semblait plus que ravi de l’avoir trouvé et d’avoir eu l’honneur ou presque de réduire son téléphone en miette. Manque de peau, rien à signaler, tout allait très bien. La blonde pris la peine de mettre fin à sa conversation téléphonique avant de se consacrer pleinement au frère de son meilleur ami. « Ça doit vraiment être un plaisir de bosser avec toi. » Personne ne s’était plain de la Glitters jusqu’à présent, elle en déduis donc qu’il avait raison : un vrai bonheur. Nul doute. Elle haussa les épaules avec une fausse modestie manifeste bien qu’elle avait compris toute l’ironie et le sarcasme dans la voix de Tommy. Visiblement, quelques chose ne lui plaisait pas chez la blonde et elle avait peut être sa petite idée. Mais, elle n’allait pas mettre de l’huile sur le feu alors qu’elle sentait qu’il mourrait d’envie d’aborder le sujet lui-même. « T’as pas une vague idée ? C’est trop habituel pour te rester en tête de foutre ton nez dans les affaires des autres ? » Un sourire non dissimulé s’afficha sur le visage de la Glitters. Elle se pinçait même les lèvres pour tenter de ne pas trop réagir, mais raté, visiblement. Aucune gêne, aucune honte n’était visible sur son visage. « Du coup c’est quoi ? De la jalousie, ou juste de la frustration ? » Alors là, non, elle ne le laisserait pas faire de telles accusations infondées. Elle leva le doigt un instant et ouvrit le bouche avant de s’arrêter dans son élan. Son téléphone vibrant dans ses mains, elle devait répondre avant de s’occuper du Warren. « Hm ? » elle ne quittait pas le brun des yeux alors qu’elle écoutait ce qu’on lui disait. « Ok, très bien, du coup, tout l’monde est avec toi, je me charge d’arriver avec Tommy. » Elle raccrocha et n’avait plus besoin de courir partout dans l’hôtel puisque Ezra, Colleen et Liam étaient déjà prêt à monter dans un taxi pour rejoindre le reste des candidats. « Je suis vraiment désolée. » même pas. « J’ai cru bien faire en prévenant mon meilleur ami que sa charmante copine et son charmant frère avaient l’air de s’entendre à merveille. » Par s’entendre à merveille, pas besoin de faire de dessin. « Il aurait eu le cœur brisé de savoir que ça ne se passait pas bien entre vous, j’en suis persuadée. Mais finalement, tout est bien qui fini bien, n’est-ce pas ? » Il semblerait que les rumeurs lancées par May se soient montrées fausses, que sa vision d’une scène posant question au sujet de la relation qu’entrainaient Colleen et Tommy fu complétement biaisés. Mauvais contexte, mauvais timing, n’est-ce pas ? « Je devrais me méfier davantage de ce que mes yeux voient. Pourtant, spécialiste des télé réalité, je sais qu’un bon cadrage et un bon timing peuvent biaiser la réalité. J’aurai du m’en douter. » elle se frappa presque le front pour illustrer à quel point elle avait manqué de jugeotte. « Bien sûre que non, aucune jalousie à venir et sache bien que depuis le temps que ton frère est célibataire, enfin, était, j’avais toutes mes chances depuis longtemps. » alors jalousie, absolument pas…

Elle n’était qu’un nom sans visage et sans intérêt, jusqu’à cette émission. Si Tommy avait déjà vaguement entendu parler de May par le biais d’Elizabeth, seul véritable pont entre les différents membres de la fratrie à avoir subsisté durant la dernière décennie et tout ce qu’elle avait contenu d’embuches et de drames, il n’avait jusqu’au démarrage de l’émission jamais rencontré la blonde et n’en attendait pour ainsi dire pas grand-chose : elle était amie avec Marius, et ne pouvait donc être qu’affreusement snob, comme lui. Il n’en attendait pas grand-chose et n’était donc ni surpris ni déçu de l’avoir découverte si antipathique, au fond il n’était même pas vraiment surpris que son frère puisse s’entendre avec elle … Mais qu’elle tente sciemment de semer la zizanie entre eux alors même qu’elle devait savoir à quel point la situation était déjà compliquée, ça il ne l’avait pas vu venir, et à l’évidence Marius non plus puisqu’il était encore parvenu à lui trouver des excuses. Tommy, lui, n’avait ni leur passif ni ses scrupules, et quitte à être de retour dans les parages il n’entendait pas se faire l’économie d’une confrontation avec la fautive. Peu concernée, cette dernière le toisait cependant d’un air narquois, interrompue pour la seconde fois par les vibrations de son téléphone et les piaillements de Dieu savait quel clown sous ses ordres. « Je suis vraiment désolée. » avait-elle-même eu le culot de minauder après avoir raccroché, sans aucun effort pour tenter de faire croire à la moindre trace de sincérité et en ajoutant avec une fausse innocence crasse « J’ai cru bien faire en prévenant mon meilleur ami que sa charmante copine et son charmant frère avaient l’air de s’entendre à merveille. Il aurait eu le cœur brisé de savoir que ça ne se passait pas bien entre vous, j’en suis persuadée. Mais finalement, tout est bien qui finit bien, n’est-ce pas ? » Cela avait l’air d’être un jeu pour elle, un jeu mesquin où celui qu’elle présentait comme son « meilleur ami » n’était qu’un pion dont elle se délectait des éventuelles embuches. « Avec une amie comme toi pas besoin d’ennemis. » Mais au fond on avait souvent les amis que l’on méritait, et Marius méritait peut-être de ne pas savoir s’entourer d’autres choses que de vautours dans le même genre que lui. « Je devrais me méfier davantage de ce que mes yeux voient. Pourtant, spécialiste des télé-réalités, je sais qu’un bon cadrage et un bon timing peuvent biaiser la réalité. J’aurai du m’en douter. » Continuant sa comédie, elle déclamait en en faisant des tonnes et ne creusait qu’un peu plus le mépris de Tommy à son égard, qui au bout du compte n’y voyait que le témoignage non-assumé d’une jalousie mal placée. « Bien sûr que non, aucune jalousie à venir et sache bien que depuis le temps que ton frère est célibataire, enfin, était, j’avais toutes mes chances depuis longtemps. » Sa défense n’arrachant finalement à Tommy qu’un rire mauvais, il avait secoué la tête et répondu d’un ton moqueur « Si c’est ce que tu as envie de te dire pour te rassurer. » car au fond peu lui importait. « Seulement la prochaine fois que tu ressens le besoin de créer du drame là où il y n’y en a pas pour ton petit plaisir, rappelle-toi qu’entre Marius et moi y’a une gamine qu’on essaye tant bien que mal de préserver. Et si tu t’imagines une seule seconde que mon frère hésitera à te foutre sur la touche si tes magouilles menacent à nouveau sa relation avec sa nièce, c’est que tu surestimes un peu trop l’intérêt qu’il te porte. » Ou qu’elle sous-estimait, à l’inverse, beaucoup trop l’intérêt que Marius portait à Moïra – et celui-là même sans totalement l’accepter Tommy lui-même ne pouvait pas le nier. « Mais tu es sa « meilleure amie » après tout – mimant des guillemets, il vit insisté sur ces derniers mots d’un ton volontairement moqueur – alors je suis sûr que tu le savais déjà, uh ? » Ou avait-elle aussi eu « une course à faire » durant les deux années où la fillette avait vécu chez son oncle ?

Tommy était à présent le seul candidat que la blonde devait prendre sous son bras pour rejoindre le campement, puisque d’après les informations qu’elle venait d’avoir au téléphone, les trois autres étaient déjà rassemblés, prêt à partir. Ce pauvre Tommy – ou cette pauvre May, selon le point de vue – allait devoir se coltiner seul la présentatrice, et on pouvait sans grand mal, deviner que ça ne l’enchanterait pas. « Avec une amie comme toi pas besoin d’ennemis. » May ne prendrait pas sa remarque en mal, elle se savait être franche et si la franchise était à ses yeux un vilain défaut, pour elle, c’était chose indispensable à une relation. Et elle se rassurait comme elle pouvait en se disant que c’était sa vision de l’amitié ou de la famille, puisqu’elle n’épargnait personne avec sa franchise. Et en parlant de franchise, bien sûre qu’elle n’éprouvait aucun sentiment amoureux vis à vie de son meilleur ami, bien sûre qu’elle ne souhaitait pas prendre la place de Colleen. Du moins, elle ne l’avait jamais envisagé ainsi ou alors, pas depuis très longtemps où il se pourrait bien que l’idée lui soit venue en tête. Un court instant, très court. Mais si la Glitters avait bien des défaut, la jalousie n’en faisaient pas parti. L’ambition oui, la jalousie, non. Marius n’était pas dans ses ambitions.
« Seulement la prochaine fois que tu ressens le besoin de créer du drame là où il y n’y en a pas pour ton petit plaisir, rappelle-toi qu’entre Marius et moi y’a une gamine qu’on essaye tant bien que mal de préserver. Et si tu t’imagines une seule seconde que mon frère hésitera à te foutre sur la touche si tes magouilles menacent à nouveau sa relation avec sa nièce, c’est que tu surestimes un peu trop l’intérêt qu’il te porte. » il y a des mots qui résonnent dans la tête de May et qui la fond doucement sourire. Effectivement, Marius avait toujours tenté de préserver Moïra, mais sans doute Tommy avait omis de se retirer de l’équation, son passé ne lui venait en aucune aide pour faire croire à May qu’il essaie de préserver sa fille. Tant bien que mal, peut être était-ce pour lui l’occasion de dire que Marius sauvait les meubles et que lui peinait à garder la tête hors de l’eau. Mais était-ce le moment pour rappeler à ce cher Warren que s’il n’avait pas jugé bon de faire un tour en prison, la situation serait sans doute bien moins compliquée ? Aller Glitters, prend sur toi, tu peux le faire. « Mais tu es sa « meilleure amie » après tout alors je suis sûr que tu le savais déjà, uh ? » « Je n’ai aucune mauvaise intention, de mon côté. » contrairement à Tommy, c’est ça May ? « Je sais aussi que les enfants ne restent pas enfants éternellement et que tôt ou tard, ils choisissent leur camp. » et que tôt ou tard, Moïra aura aussi la possibilité de faire le choix de retourner auprès de Marius ou d’être enfin capable de dire à son père quel genre de tocard il peut être. May en avait fait les frais avec sa propre fille d’ailleurs. « Nous sommes en retard, et je suis sincèrement désolée de devoir te dire que nous sommes attendus et que nous devons rejoindre le groupe. Les autres sont déjà partis, et nous devons prendre un taxi qui n’attend plus que nous, devant l’hotel. » elle lui fit signe de bien vouloir la suivre.