Boy don't call me angel
@Raelyn Blackwell & Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

« Gin attends ! »
« Ginny... »
« GIN C’EST UN PIEGE ! »
« Ginny on se barre ! »
« Elle est perdue Gin, on se barre. »

Les supplications de Rae n'en finissent plus alors que je suis bien plus idiote encore que je ne l'ai été depuis longtemps en mission. Agenouillée à la hauteur de Cam, c'est un océan d'incompréhension qui se lit dans mon regard. Chacun de ses gestes que je tente d'analyser, chacune de ses (absences de) réactions qui me semblent sortir de nulle part tant les pièces ne font aucun sens entre elles. Elle n'est plus la même et je me demande même si elle l'a été depuis un long moment. Comme si le départ d'Ava l'avait cassée au point où les morceaux éclatés étaient irrattrapables, impossibles à recoller.

J'entends les coups de feu, je sens la pression des doigts de Rae sur mon bras. Tout est en sourdine et je me déteste, je me hais à un niveau de prendre tout le temps du monde pour peser la suite. On ne laisse jamais un ange derrière, c'est la règle non-écrite qui n'a pas besoin de l'être tant elle est ancrée dans notre modus operandi. Pourtant, d'entendre Rae m'avertir à ce point ne vient pas de nulle part, et bien sûr que je la vois, la chaîne. Bien sur que je sais ce que ça veut dire et qu'au final, je m'en doutais déjà, que quelque chose clochait dans le comportement de Cameron. Depuis trop longtemps.

Rae m'a couvert comme elle seule sait le faire lorsque je finis quand même par me relever, encore secouée des révélations qui sont toujours tellement embrouillées que je peine à savoir sur quoi me baser.  Mes pas sont lents, si lourds. Finalement, on peut se sortir de là en fuyant vers une ruelle et une autre. Ce ne sont que quelques mots que je laisserai dans mon sillage, mes prunelles n'ayant jamais quitté celles de Cam. « C'était pas la faute de Bosley, et c'était pas celle de Charlie non plus. »

***

C'était pas la faute de Bosley, et c'était pas celle de Charlie non plus. Si Ava est partie. Cam l'a toujours eue de travers, a toujours pensé que c'était de la faute des deux têtes pensantes de l'organisation qu'on avait perdue notre troisième mousquetaire. Au final, ce n'était la faute de personne sauf peut-être du destin qui s'était chargé de balayer une seule et unique, celle que jamais je n'aurai la force ni l'ingratitude d'oublier.

Le canapé du QG est glacé, mes mains le sont toutes autant. Recroquevillée, dans l'attente des nouvelles directives, j'ai passé des heures entières à jouer et rejouer les bandes magnétiques sans jamais arriver à mettre le doigt sur le moment, sur le détail où tout a basculé. Où Cam est tombée de leur côté à eux. Où on l'a perdue - où je l'ai perdue.

C'est une vague de culpabilité que je tente de chasser quand l'immense porte de la pièce où on a reçu nos ordres encore et toujours depuis des années laisse entrevoir Rae, elle aussi convoquée pour connaître la suite des choses. Du café est prêt et ma tasse remplie plusieurs fois durant la longue nuit d'insomnie et d'analyse que je me suis octroyée lui en dira long sur mon état. Un sourire triste se glisse sur mes lèvres, bien plus déçue et inquiète que quoi que ce soit d'autre du fait qu'on se retrouve à deux et non à trois pour connaître l'ampleur des événements.

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Bien sûr qu’elle était perdue Cameron. Elle disparaît puis on l’entend de nouveau au moment où on s’apprêtait à partir, évidemment que c’était un piège, et sans l’urgence, sans notre attachement envers la blonde, on se serait jamais tombées dedans. J’ai senti que quelque chose clochait à l’instant où mon regard s’est posée sur la silhouette de la blonde, prostrée au fond de l’allée. Je l’ai senti mais j’ai suivi Ginny, parce qu’il était hors de question de la laisser s’aventurer là bas toute seule. Je l’ai vu au dernier moment le tireur et je m’en veux, comme je m’en veux de ne pas avoir insisté pour qu’on soit prudente, comme je m’en veux de ne pas avoir formalisé mes craintes qu’on soit en train de tomber dans un piège avant d’être mise face au fait accompli. Je m’en veux aussi de traîner Ginny par le bras, de la relever alors qu’elle s’effondre, de la force à avancer alors que ça la torture de laisser Cam derrière nous, je m’en veux aussi de trembler malgré mon self control légendaire, et je m’en veux de me fustiger pour autant de choses qui échappent à mon contrôle.

Elle réagit enfin la brune, pile au moment où mes forces m’abandonnaient et où j’allais me laisser tomber à terre. Elle réagit, elle avance sans aide, et on s’éloigne enfin de ce désastre tandis que Gin tente de me convaincre, ou de se convaincre, je ne sais pas. « C'était pas la faute de Bosley, et c'était pas celle de Charlie non plus. »

❈❈❈❈

Je ne sais pas de qui c’était la faute mais de retour à notre QG provisoire, celui qu’on s’installe systématiquement lorsqu’on part en mission à l’étranger pour garder le contact avec l’agence, je ne peux m’empêcher d’y penser et de me refaire le fil de la soirée. J’ai choisi la plus grande chambre en arrivant, la mission était censée durer quelques jours seulement mais on dirait que j’ai eu le nez creu, et que je vais en profiter plus longtemps que ça.

Cameron qui a joué les fortes tête et qui est partie seule.

Cameron qui a désobéi à un ordre de mission direct : ne pas approcher la cible.

La communication coupée, alors que nos implants sont assez discrets pour ne pas être repérés à moins de savoir où les chercher.

La chaîne, Cameron qui se débat même pas, la communication qui se rétablit, le piège.

Il y a quelque chose qui ne colle pas, quelque chose qui me déplait profondément dans toute cette histoire et je doute pouvoir en parler avec Ginny. Parce que c’est Cameron et qu’elle a déjà perdu Ava. Parce qu’on ne touche pas à Cameron. Fatiguée de ressasser les événement mais sans pour autant réussir à trouver le sommeil - j’entends Ginny repasser les bandes vidéo au salon et ça me rends nerveuse - je me relève de mon lit pour apparaître dans l’embrasure de la porte du salon, pour l’observer dans tout son désespoir. Le café est prêt, on est levées, mais je doute qu’elle ait dormi plus d’une heure ou deux elle aussi. J’entre doucement dans la pièce glacée, et je me laisse tomber sur un fauteuil libre. « On va vraiment pas parler de tous ces trucs qui collent pas qui se sont passés ?  » Non on va pas le faire, parce que Ginny est pas prête. Alors je désigne le haut parleur du bout du menton. « T’as eu un message dans la nuit, un autre que pour nous convoquer au brief ? Quelque chose qui expliquerait pourquoi ce putain de van était pas là et pourquoi on a dû se démerder pour rentrer au QG par nos propres moyens ? » Je suis pas supposée être aussi méfiante. Il s’agit de Bos et de Charlie, mais après l’épisode de la veille, je ne sais plus en qui faire confiance.

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Elle sait très facilement que je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit rien qu'à voir les tasses de café éparpillées ça et là sur la table basse du salon en commun que j'ai envahi durant de longues heures. La vérité étant que caféine ou pas, il était absolument improbable que je ferme l'oeil. Quelque chose de ne fait pas de sens et quelque chose est louche, tout est louche au final dans cette histoire. Autant Rae que moi nous en sommes pleinement conscientes.

Les bandes vidéos ont joué en continu jusqu'au lever du soleil qu'on arrive à peine à discerner à travers les rideaux toujours tirés. On nous donnera nos ordres éventuellement, on nous expliquera ce que je me déteste de ne pas avoir encore compris. On élucidera une bonne fois pour toute le mystère qui plane et on s'assurera que plus jamais ça ne se reproduise. Ce maudit brouillard qui est ironiquement à base de captures d'images si claires quand je me colle à nouveau le nez à l'écran en espérant les voir mieux que tout le reste.

« On va vraiment pas parler de tous ces trucs qui collent pas qui se sont passés ?  » sa voix ne me fait pas sursauter parce que je l'ai entendue entrer, l'ai vue du coup de l'oeil se mouver dans la pièce comme si elle était la sienne. Elle fait toujours ça Rae, peu importe son niveau d'énergie, si elle est furieuse ou si elle est calme. On la remarque et on ne peut pas nier sa présence et la confiance qui vient avec. À son charisme par contre, se mure mon silence, mes prunelles qui brûlent d'avoir fixé durant une nuit entière des pixels ne me donnant pas la réponse que je voulais. « T’as eu un message dans la nuit, un autre que pour nous convoquer au brief ? Quelque chose qui expliquerait pourquoi ce putain de van était pas là et pourquoi on a dû se démerder pour rentrer au QG par nos propres moyens ? » mais elle réitère et c'est tout à son honneur. Autant peut-elle savoir que ma loyauté est indiscutable et que je m'accroche à l'espoir même minime que Cam nous explique le tout le plus rapidement possible, autant elle me fait du bien Rae, de passer directement aux faits.

À ma tête qui se secoue de la négative viennent s'ajouter mes mots, aussi calmes que posés. J'ai pas le droit d'être inquiète et encore moins de le montrer. « Rien du tout. Mais ça devrait pas tarder. »

Et comme de fait, comme une vraie de vrai bénédiction, le téléphone branché à la ligne directe de Charlie et Bosley à l'agence perce le silence d'une sonnerie stridente.

WIN : c'est Bosley qui s'assure qu'elles vont bien et qui leur donne la mission du jour ; s'infiltrer sur un yatch privé où l'un des meilleurs amis de la Cible organise une fête et où la cible doit être présente
SO CLOSE : c'est Cam qui leur téléphone de l'agence (apparemment), elle est rentrée en catastrophe et semble vouloir leur faire part (apparemment) de ses trouvailles sur la cible #louche
FAIL : c'est la Cible lui-même qui leur téléphone, leur donnant un lieu de rendez-vous pour discuter du pourquoi elles le traquent

EDIT : OMGOKGOMGMOGOMGMOGMOGOMGOMGMOGMG F*CK YES

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Bon vraisemblablement on va pas parler de l’éléphant au milieu de la pièce. On va pas échanger au sujet de Cameron, de son attitude plus qu’étrange, des coïncidences qui sont trop bizarres pour n’être que ça, du van d’extraction qui n’arrive jamais et du piège dans lequel on tombe trop facilement. On va pas faire ça parce que Ginny a mal, pas uniquement parce qu’elle est crevée. Si ce n’était que ça je l’aurais secouée de toutes mes forces, mais là, j’ai beau être agacée, je n’ai pas le coeur à enfoncer le clou. J’ai tendu une perche, elle ne l’a pas saisie, on en parlera plus tard. Alors je tente d’amener un autre sujet sur le tapis, je tente d’aborder la conversation autrement mais elle semble pas moins fermée comme une huître. « Rien du tout. Mais ça devrait pas tarder. » Si ça va pas tarder alors…

J’ignore si elle m’en veut de quelques chose ou si elle s’en veut à elle. J’exclus la possibilité qu’elle en veuille à Cam puisque je ne pense pas que ce soit possible. Elle l’aime comme sa soeur, elle l’aime comme la plus proche de ses amies et même si elle n’était coupable que d’avoir été imprudente - ce que je remets en cause - elle n’arriverait pas à le lui reprocher. Je me laisse tomber sur l’un des fauteuil comme une princesse épuisée, lasse de ne pas trouver le sommeil pour un problème sur lequel j’ai l’air d’être la seule à me pencher.

La télévision s’allume presque à l’instant où mes fesses touchent le revêtement du canapé et Bosley apparaît. Je suis contente, je suis soulagée, et en même temps je suis furieuse de le voir là, tranquillement assis dans son fauteuil de cuir quand Cameron est dehors on ne sait où et que nous on est épuisées d’avoir dû fuir sans son secours. J’écoute le plan. J’écoute cette histoire de fête sur un yacht à laquelle on s’est retrouvée miraculeusement invitées grâce aux contact de Charlie. La cible sera présente et, cette fois ci, pas question de se tenir éloignée, on doit le suivre et la mission est simple : lui subtiliser son téléphone assez longtemps pour installer un logiciel espion mis au point par des chercheurs du M.I.T. et impossible à détecter.

Je suis une bonne élève, sauf que quand j’ai quelque chose à dire, je brûle et je me consume si je me tais, alors dès qu’il a finis, je ne peux m’empêcher de poser une question. « Pourquoi vous étiez pas à l’extraction Bos ? » De l’autre côté du haut parleur ça jure, et ça me rassure, parce qu’il a l’air de l’avoir aussi mauvaise que moi, Bosley. « Vos émetteurs ont été compromis, c’est pas à moi que vous parliez les anges. » Il explique, il explique que le temps que l’agence rétablisse la communication il était trop tard et que nous étions déjà en route pour le QG. Il explique et pour la première fois depuis le début de ce merdier, je suis satisfaite. Lorsque la télévision s’éteint, le silence revient et je ne le brise qu’au terme de quelques secondes. « T’en penses quoi ? » D'hier, du yatch, de la mission dans sa globalité, de tout ce dont elle voudra bien me parler à moi, même si je suis ni Cameron ni Ava.

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Et on va devoir dégainer nos plus grands sourires, nos plus belles robes. Elles ont d'ailleurs été livrées, apparemment déjà soigneusement rangées dans les placards de nos chambres respectives sans que jamais ni Rae ni moi ne le réalise entre temps. Est-ce que celle de Cameron a été elle aussi livrée, est-ce qu'elle est là à l'attendre sagement et fraîchement repassée? Où l'ont-ils exclue de la mission comme elle l'a été hier également?

« Pourquoi vous étiez pas à l’extraction Bos ? »
« Vos émetteurs ont été compromis, c’est pas à moi que vous parliez les anges. »

Rae me donne des frissons, à la seconde où elle pose la question que je n'aurais jamais oser affirmer si tôt à voix haute, mais que je pense toute autant. J'ai des doutes, j'en ai depuis qu'Ava est partie et si je les garde pour moi c'est simplement parce que je déteste mettre qui que ce soit face à l'état des choses qui ne sont pas encore assez basées sur des preuves pour que j'en fasse des faits. Je préfère et de loin confronter qui que ce soit à ce qui à mes yeux est la vérité. En temps et lieux, donc.

Bos raccroche et avec la tonalité coupée vient un silence de glace dans la pièce. J'ai oublié mon café. « T’en penses quoi ? » « Je pense qu'il n'a pas menti. » cette fois-là que j'ai envie de dire mais que je retiens en pinçant mes lèvres à la seconde où elles ont laissé passer une gorgée de caféine autant frigorifiée que méritée. « Je pense aussi qu'on en saura plus sur ce qui est arrivée avec Cam cet après-midi. » sur le yacht, avec la cible, avec ses investisseurs, durant cette fête qui semble trop élaborée et trop populeuse pour qu'elle ne soit pas un immense piège à rats, la plus évidente des distractions.

Ce qui est arrivé avec Cam, et non pas ce qu'elle a bien pu décider de faire. Nuance.

***

On a troqué les coupes de champagne de la veille pour des cocktails de toutes les couleurs, aux brochettes de fruits immenses et aux parasols de papier au parfum estival. Postées sur l'immense bateau à même lequel une bonne centaine de convives se sont entassés s'éparpillent des DJs à tous les étages, autant sur le pont qu'à l'intérieur de la coque. Ils sont tous vêtus pour aller à la plage, les magnats du crime qui sillonnent chaque pallier le sourire aux lèvres, les bijoux en or étincelant presque autant que leurs sourires de magouilleurs.

Rae et moi avons trouvé le gros poisson idéal. Celui qui nous exhibera à ses bras elle à droite et moi à gauche, celui qui nous présentera à tous, à qui que ce soit puisse être important à rencontrer. Rae est actrice en devenir et je suis mannequin en Asie à la recherche de contrats en Italie, c'est le parfait scénario pour pouvoir rire stupidement aux blagues du sugar daddy du moment, lui offrir nos plus beaux regards d'ingénues le temps qu'il croire tirer les ficelles. Alors qu'une de nous deux a volé sa carte magnétique pour avoir accès à la cabine où la cible et ses alliés semblent se retirer à toutes les heures. L'autre s'est chargée de récupérer un échantillon d'ADN du bout d'une mèche enroulée autour d'un doigt langoureux - et arrachée aussi vite - qui nous permettra de créer son profil physiologique au cas où on ait besoin de ses empreintes ou de sa rétine pour de futurs accès.

Il n'a suffit que d'un regard partagé avec Rae pour que nous perdions la cible des yeux. Il n'est plus là, il est de nouveau parti, il nous fuie, ou alors, nous a-t-il repérées?

WIN > leur sugar daddy les présente à une nouvelle personne : la cible elle-même, postée devant elles
SO CLOSE > leur sugar daddy les présente à une nouvelle personne : le meilleur ami de la cible, un homme méfiant qui semble ne pas croire à leurs couvertures
FAIL > leur sugar daddy les présente à une nouvelle personne : Cameron contre toutes attentes parfaitement fondue dans le paysage

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Si on avait été toutes les trois, la préparation aurait été différente et inutile de dire qu’on aurait été excitée différemment à l’idée de passer l’après midi sur un yatch pour un cocktail. On aurait certainement passé vingt minutes à déterminer laquelle des robes fourniers par l’agence était la plus sexy - ça aurait été la mienne, forcément - on se serait disputée pour la couleur et la coupe de nos perruques et on aurait revu le plan d’action autour du repas en ne se privant pas de s’envoyer des boutades à la gueule sur les quelques accrocs des missions précédente.

Sauf qu’hier, ça n’a pas été qu’un accro. On a perdu l’une des nôtres et si Ginny et moi nourrissons des convictions bien différentes quant à ce qu’il s’est passé, on a toutes les deux le coeur en berne et aucune envie de faire toutes ces choses là. Je ne me suis d’ailleurs même pas jetée sur ma robe tout de suite. J’ai décidé qu’il fallait que j’arrive à dormir un peu et, après deux heures à me tourner et à me retourner dans mon lit sans réussir à faire autre chose que somnoler je me suis dirigée vers l’immense dressing pour attraper la robe portant mon nom. Elle est faite sur mesure pour mettre en valeur mes courbes et ses proportions sont si parfaites que je ronronnerais de plaisir en temps normal, mais là je l’enfile rapidement, la magnifique robe argentée. Elle est fendue, décolleté, faite pour attirer le regard et je me demande si c’est vraiment la bonne stratégie étant donné que la cible doit savoir à quoi nous ressemblons. J’attrape la perruque rousse que m’a laissée Ginny sans me demander si la couleur ira à mon teint, je l’enfile et me maquille avant de rejoindre la brune en bas de l’immeuble pour monter dans la voiture qui nous emmènera au bateau.

Une fois dessus, les automatismes prennent le dessus. On accroche de grands sourires enjôleurs sur nos lèvres, on badine avec chaque type qui a l’air important, on s’entiche d’un sugar daddy qui nous a été présenté par Bos comme ayant des contacts étroits avec la cible et, cette dernière, engoncée dans son costume hors de prix, on ne la quitte pas des yeux. On le perd pourtant, je peste intérieurement mais je reste concentrée sur la carte d’accès qui glisse de la poche du bedonnant homme d’affaire pour aller dans ma main, puis de ma main à celle de Ginny dans le dos de l’homme. Ce n’est que lorsqu’il nous qui qu’il doit nous présenter quelqu’un que je me dit qu’il va y avoir un peu d’action. Sauf que ce quelqu’un, mon sang se glace lorsque je l’aperçois. Elle est là, ses jambes fuselées mise en valeur dans une robe fuseau, un grand sourire sur les lèvres et elle ne donne pas du tout l’impression d’être là sous la contrainte. « Gin... » Je la pointe du menton, en tentant de faire attention à ne pas me décomposer. Le sugar daddy introduit l’ange, mais j’écoute à peine, pas assez pour retenir ce qu’elle fait soit disant là. Je ne m'anime que pour adresser un sourire poli aux deux jeunes femmes. « Mesdames, je vais me rafraîchir, vous venez avec moi ? »

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« Gin... » stop, arrêt sur image. Mes yeux rieurs occupés à s'accrocher à ceux qui s'égarent et s'éparpillent autour de nous reviennent immanquablement trouver ceux de Rae quand sa voix prend une note un peu plus grave - une seconde, à peine. Elle ne dévoile pas notre couverture et continue d'être particulièrement incognito, pourtant il n'y a absolument aucune chance que je ne remarque pas le tremolo dans ses mots. « Mesdames, je vais me rafraîchir, vous venez avec moi ? » Cam. Cam est là, Cam se tient devant nous, éblouissante dans sa robe fourreau jaune soleil. Elle brille et elle rayonne, elle qui garde en place son immense sourire malgré le voile qui passe furtivement à travers ses prunelles couleur de miel.

Je laisse Rae mener le chemin, hochant doucement de la positive sans jamais dévoiler le moindre trouble. Aucune d'entre nous laisse voir quoi que ce soit de toute façon, bien trop éduquées à ravaler la moindre émotion contradictoire aux missions sur lesquelles on nous poste depuis des années. Ce n'est que lorsque notre trio qui d'habitude serait arrivé ici ensemble - et aurait quitté la zone d'extraction hier dans le même état - ne rejoint l'une des cabines intérieures que je souffle. La cabine que l'on choisit comprend une salle de bain d'or et de marbre bien plus luxueuse que celle que compte mon petit loft à New York habité entre les missions. Ma silhouette se détourne vers la troisième ange, celle que j'ai cru pendant presque 24h complètement disparue. « Oh, cette météo. » ça, c'est le code pour "Que s'est-il passé?". D'ordinaire, je l'aurais prise dans mes bras bien avant de la bombarder d'une question, une seule, chuchotée à son oreille et sans équivoque. Pourtant je reste immobile quand Cameron se penche vers la glace, là où elle retravaille son rouge comme si de rien n'était. « Hm? » un coup d'oeil de biais partagé avec Rae plus tard, et mes sourcils se froncent sans que jamais ma voix ne nous vende. Pas de noms, pas de pistes, j'en déduis qu'elle doit craindre qu'on ait pu être suivies ou qu'elle porte un dispositif pour la surveiller.

« Hier le soleil ne brillait pas aussi fort. » que je complète, situant le "hier" de l'histoire, espérant qu'elle nous en dise plus, n'importe quoi, quoi que ce soit. « Chuuuut. Plus tard. » Cam se détourne, Cam pose un index sur mes lèvres, Cam y retourne aussi, sans la moindre indication supplémentaires qu'un plus tard qui m'arrache le plus long et le plus exaspéré des soupirs que j'ai en banque. « Non. Maintenant. » ma voix annonce, intransigeante. Ma main elle, ouvre le robinet à plein régime d'un flot servant à couvrir les confessions qui pourraient suivre.


WIN > Cam est interrompue par le téléphone de Rae qui sonne pile au moment où elle ouvre la bouche pour leur "expliquer" : qui est à l'appareil?
SO CLOSE > Cam est interrompue pile au moment où elle ouvre la bouche pour leur "expliquer" par des coups répétitifs - et à la limite du furieux - sur la porte de leur cabine
FAIL > Cam refuse de dire quoi que ce soit, finissant par tenter de se sauver à travers les cabines du yacht

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Je la détaille avec méfiance Cam : j’ai envie de la sauver, je suis prête à donner ma vie pour chaque ange, c’est la règle, mais contrairement à Ginny je n’ai pas la certitude qu’elle ait tant envie d’être sauvée que ça la blonde. Je n’arrive pas à mettre de mot dessus, je me demande s’il s’agit de manipulation et je n’ose pas encore envisager de trahison. Simplement, il y a quelque chose qui ne colle pas dans son sourire, dans le fait qu’elle n’ait pas l’air d’être surveillée, qu’elle soit radieuse dans sa robe hors de prix et qu’elle semble comme un poisson dans l’eau.


Elle me suit et elle a intérêt à le faire de toute façon. A peine entrée dans la salle de bain, si Ginny fait semblant de rien moi je relève déjà ma robe pour attraper le détecteur d’appareils électroniques attaché à l’intérieur de ma cuisse. Je l’allume pendant que Ginny pose ses questions mine de rien. « Oh, cette météo. » Le code il est clair, pourtant Cameron ne répond pas et je fronce les sourcils. « Hier le soleil ne brillait pas aussi fort. » Là c’est encore plus clair mais Cameron semble plus intéressée par son brushing qui tombe un peu sur les épaules et je croise le regard de Ginny, perplexe. J’allume le détecteur et commence à le passer le long du dos de la blonde, de ses cuisses à la recherche d’un micro ou d’autre chose. « Chuuuut. Plus tard. » Moi, je suppose qu’elle parle à Ginny et je ne l’écoute pas, je remonte dans sa nuque et je m’approche de son oreille. « Non. Maintenant. » Elle insiste Ginny et je suis surprise qu’elle ose tenir tête à son amie de toujours quand d’habitude elle n’est que douceur envers elle. Je n’ai pas le temps d’être surprise bien longtemps. Mon appareil sonne quand j’approche l’oreille de la demoiselle, et je comprends qu’elle est équipée d’un système d’écoute, peut-être même qu’ils peuvent lui parler. Je fais un signe du menton à Ginny pour qu’elle comprenne mais, au moment où je réfléchis comment parler de retirer le dispositif sans me dévoiler, on cogne à la porte, on crie, on nous demande de sortir d’une voix masculine plutôt menaçante. « Putain Cam mais dans quoi tu t’es fourrée ? » Je me fous de faire semblant à présent, si la cavalerie est arrivée aussi vite c’est qu’on a été repérées. « Par où on s’échappe du bateau ? » Une fête sur un Yatch, très bonne idée Bos, pas du tout coupe gorge comme endroit. Cameron répond pas, elle reste droite, comme si elle entendait pas la voix et le coups sur la porte. Moi je l’attrape par les épaules et je la secoue, parce que je n’en peux plus de faire semblant. « PAR OU ON SORT PUTAIN CAM ? »

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@Raelyn Blackwell & Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

Rae se charge de chercher (et trouver) les moindres éléments électroniques pouvant nous surveiller, éléments qui d'ailleurs semblent éparpillés sur la silhouette de Cam au passage. Ses yeux trouvent les miens, une seconde une seule tout juste avant que l'ange perdu et rescapé ne snobbe chacune de mes questions, me pressant à changer de sujet et ainsi, à lui laisser du leste. Pourtant ce n'est pas ainsi que ça se passe ni pour moi, ni pour elle. Cam plus qui quiconque devrait savoir que depuis Ava, les traumatismes sont si forts qu'ils m'empêchent de dormir la nuit ; je doute à chaque jour que ce soit notre dernier, je m'inquiète à chaque écart qu'il nous mène à notre perte, chacune d'entre nous.

Elle est louche, tout est louche. La scène l'est encore plus quand elle ne dit rien, absolument pas un mot. Ce sont des coups à la porte de la cabine qui comblent le silence lourd de sens qu'elle impose. On frappe et on multiplie les attaques, on nous presse de sortir et ici, c'est Rae qui presse la blonde à se secouer. Mes pieds à moi sont scotchés au sol.

« Putain Cam mais dans quoi tu t’es fourrée ? »
« Par où on s’échappe du bateau ? »
« PAR OU ON SORT PUTAIN CAM ? »

C'est sur le pilote automatique que je finis par faire signe à Rae de se décaler, jetant mon dévolu sur le porte-clé niché dans le minuscule sac à main allant avec ma robe. C'est lui qui agira à titre de micro-bombe, logée sous la poignée de porte, éclatant quinze secondes très exactement une fois collé sous la penture. Le choc secoue les gars de l'autre côté de la cabine suffisamment pour que la sursaut et la fumée nous donnent le temps de presser le pas hors du bateau, de retour sur le pont extérieur. La foule sert à quelque chose, mes pas se faufilant entre les corps de parts et d'autres, gardant toujours un contact visuel avec Rae - et Cam, évidemment qu'elle aussi je la vois, déformation professionnelle oblige.

Ce ne sont que quelques minutes pourtant qu'on a pu s'acheter, dès lors que je vois trois hommes de main remonter sur nos pas en vitesse, allonger la nuque en tentant de nous retrouver toutes les trois. Cam s'est depuis envolée, Rae semble avoir repéré des ceintures de sécurité, des canaux pneumatiques aussi, lui assurant une fuite du yacht toute en douceur. La mienne de fuite par contre, elle se solde en un plongeon calculé, quand mes pieds donnent l'élan et que je file tête première dans un filet sans la moindre éclaboussure à même l'eau. Les flots cachent ma sortie, même du pont ils n'arriveront pas à voir vers où je suis partie.

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Raelyn Blackwell & @Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

J’aurais aimé pouvoir être autre chose qu’une putain de paranoïaque qui se méfie de tout, mais c’est ainsi que je suis faite et cette fois ci, personne ne m’enlèvera de la tête que j’ai raison de m’accrocher : il y a quelque chose de louche derrière tout ça. Cameron n’a pas l’air d’être là contre son gré : au contraire, elle était resplendissante de vie et d’énergie sur le pont. Elle est bonne actrice, je veux bien le croire, mais pas à ce point là et je me demande ce que ça cache.

Déjà, ça cache un micro, juste derrière son oreille. Mon appareil bipe mais il semble que nous ayons été repérées avant ça puisqu’on tambourine contre la porte au même instant. Je comprends sans mal que nous sommes compromises, contrairement à Ginny qui semble se figer et être incapable de bouger, hagarde, et cela m’inquiète puisque c’est loin d’être dans ses habitudes. S’il ne s’agissait pas de Cameron, elle aurait déjà réagi et serait en train de secouer la blonde de la même façon que moi. La blonde qui ne dit rien, qui ne donne pas la moindre information mais qui ne fond pas en larme non plus, qui n’a pas l’air désespérée ou inquiète mais juste froide, glaciale même.

Ginny réagit et je me dis qu’il était temps. Elle envoie un explosif vers la porte et je suis la première à m'engouffrer : sûrement perd-t-elle encore son temps à essayer d’entraîner Cam avec nous alors qu’il est clair qu’elle n’a pas l’intention de nous suivre, pas plus que de nous aider et ce constat me glace le sang. Je joue des coudes, je maudis ma robe longue fendue et je longe les rambardes à la recherche des canots pneumatiques. Je les localise et, si je perds Ginny de vue, je me dis que je la retrouverai à la mer. Je priorise. J’attrape le flingue accroché à ma cuisse et je tire sur les sangles qui retiennent le premier canot, sans le trouer (du moins je l’espère). J’enjambe la rambarde du yacht, je prends une inspiration et, priant pour atterrir au bon endroit - l’eau a l’air gelée - je saute. J'atterris dans le canot et, si ma cheville me lance, j’en fais fi pour allumer le moteur et faire le tour du bateau de luxe en tentant de repérer Ginny. Je fonce dans sa direction dès que c’est chose faite pour lui éviter l’hypothermie, et arrivée à son niveau je tire sur son bras pour la hisser à l’intérieur du canot de sauvetage. « Faut toujours que tu tu fasses remarquer hein ? » Elle grelotte, elle est gelée. « On est à deux heures des côtes, tu vas tenir le coup ? » Mon oreillette a disparu, certainement tombée à l’eau. « Ton oreillette fonctionne ou elle a pris l’eau ? »

Boy don't call me angel
@Raelyn Blackwell & Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

Les flots sont glacés, qui ça étonne. Certainement pas moi, alors que je ne suis toujours pas au bout de mes surprises. Alors Cam nous cache quelque chose et Cam en sait plus, trop. Tout le monde manipule les informations comme si elles ne devaient être su de personne et encore moins de Rae, de moi, de nous deux. Quel bordel.

Je remonte à la surface à quelques mètres du yacht, suffisamment pour que personne n'associe ma fuite à celle de Rae que j'entends approcher. Le moteur ne vrombit pas assez fort pour qui que ce soit d'autre que nous ne l'entende, habituées à rester éternellement alertes à ce genre d'échos de sauvetage. La dernière fois, c'était elle qui avait écopé des vagues - la galanterie du jour me revient d'avoir pris le plongeon à sa place. « Faut toujours que tu tu fasses remarquer hein ? » « Que veux-tu, déformation professionnelle. » que j'ironise alors que notre boulot nous enseigne toujours de faire l'inverse. Ma main attrape la sienne pour m'aider à grimper sur le pneumatique sans la faire chavirer à ma suite. « On est à deux heures des côtes, tu vas tenir le coup ? » ma paume file de la sienne à une couverture que je repère dans l'angle, la passant par-dessus mes fringues la seconde d'après. « Oui, sans soucis. » mes vêtements que je retire sous les tissus secs, la robe est collante et désagréable au possible et elle trône désormais au fond du bateau à la rescousse. Ma silhouette dénudée mais bientôt réchauffée se replace sous la couverture.

« Ton oreillette fonctionne ou elle a pris l’eau ? » elle doit fonctionner encore, fort probablement. Bos m'avait parlé d'une activation à mettre en place tellement je l'oubliais toujours dès l'instant où je passais sous la douche. Oreillette que je retire pourtant de sa place, jouant avec elle entre mes doigts frigorifiés pour seule réponse.

Parlant de réponse. « Qu'est-ce qui se passe avec Cam? » rien n'est sûr, à son propos. Rien n'est su, non plus. « Dis-moi la vérité, dis-moi ce que tu penses vraiment. » j'ignore pourquoi je ressens le besoin de le préciser, alors que Rae est sans le moindre doute la seule qui a toujours été honnête avec moi, avec nous toutes. Ça en devient une nécessité de me l'entendre articuler sûrement. « Personne ne me dit rien à moi. » parce que je suis fragile depuis le départ d'Ava. C'est un sujet tabou mais c'est un sujet qui fâche, surtout. « Fais pas comme les autres. » ni maintenant, ni jamais. Je veux l'entendre, et je lui fais assez confiance pour savoir qu'elle fera en sorte de le dire.

Boy don't call me angel
Raelyn Blackwell & @Ginny McGrath-Williams - Univers alternatif

« Que veux-tu, déformation professionnelle. » Je ne peux même pas m’empêcher de lui jeter un coup d’oeil amusé à Ginny, quand elle parle d’une déformation qui va certainement à l’encontre de tous les principes de notre branche professionnelle. Je secoue la tête, je lève les yeux au ciel, mais je souris et je peux même pas le cacher.


Mon oreillette marche peut-être, là où elle est, sur son pont du yacht ou au fond de l’océan mais quoi qu’il en soit étant donné que je réalise en portant une main derrière le lobe de mon oreille qu’elle n’y est plus, à moi elle ne me sert plus à grand chose. Alors on pourra pas appeler la cavalerie et de toute façon il mettre plus de temps à arriver qu’on ne mettra de temps à rejoindre la côte en hors bord, deux heures à peu près si mes estimations sont correctes. « Oui, sans soucis. » Elle se lève, elle se fout quasiment à poil sans la moindre pudeur et elle s’enroule dans une couverture de survie quand je reste dans ma robe certes sèche mais pas réellement adaptée au climat. Les joies d’être une femme.

Je lui demande si son transpondeur marche et, lorsqu’elle l’ôte de son oreille et qu’elle le pose entre nous, je reste interdite. « Qu'est-ce qui se passe avec Cam ? » Je fronce les sourcils. « Comment ça qu’est ce qu’il se passe avec Cam ? T’as vu la même chose que moi non ? » Cam qui nous suit pas. Cam qui répond pas à nos questions. Cam qui a jamais eu autant l’air de vivre sa meilleure vie. Cam qu’on considérait toutes les deux comme une soeur la semaine dernière encore, surtout elle. « Dis-moi la vérité, dis-moi ce que tu penses vraiment.  » Je vais finir par choper des rides avant l’âge à force de plisser mes yeux mais je comprends enfin pourquoi elle a enlevé son oreillette. Il y a des choses que je ne peux pas dire. Mais sa phrase suivante me brise le coeur et je comprends que je ne peux rien faire d’autre que de répondre : je n’ai plus le moindre choix. « Personne ne me dit rien à moi. » Comment arrive-t-elle, d’un regard brun suppliant, à faire baisser mes barrières ? J’ai promis à Bos. J’ai promis à Charlie. J’ai juré à qui on m’a demandé de juré. Mais mon serment originel me revient. On ne ment pas à un autre ange. On ne fait pas de mal à un autre ange. « Fais pas comme les autres. » Je pousse un soupire et, par inadvertance, je fais glisser le mouchard qu’elle a déposé entre nous deux à la flotte du revers de ma main. « Merde. » Oui, merde. « On m’a demandé de surveiller étroitement quelqu’un pendant cette mission, dès le premier soir. » Je retourne la phrase dans ma tête un millier de fois mais elle a toujours l’air aussi dramatique. Tant pis. « Mais c’était pas Cam. » C’était toi. « Me demande pas pourquoi, j’en sais rien. » Si je le sais, mais ça c’est pour elle que je ne le dis pas. « Quand à Cam… Je sais pas quoi te dire. T’as l’impression qu’elle avait l’air prisonnière ? » Moi pas, mais là je ne me fie qu’à mon instinct.