Le monde est devenu invivable. Elle aurait presque préféré mourir en même temps que tout le monde. Il n’y a que des survivants, et les Hommes sont devenus aussi dangereux que les zombies. Elle vit seule Jill, elle a perdu Bailey il y a un long moment déjà, et Pete pareil. C’est épuisant de vivre seule. Elle a du mal à tenir, elle essaie de ne pas se faire submerger par ses voix et sa maladie. Elle reste dans la ville, elle est armée et elle ne veut pas partir de chez elle. Elle tente de trouver un de ses proches qui aurait pu survivre. Elle a perdu toute sa famille, et c’est terrifiant. Elle se demande constamment ce qu’il se passe pour eux. Elle continue d’espérer qu’ils sont tous en vie. Elle ne tiendrait pas toute seule si elle n’espérait pas pouvoir les retrouver un jour.

Elle marche dans les rues, en faisant attention à absolument tout. Elle se méfie du moindre bruit, de tout ce qui l’entoure. Même certaines odeurs sont devenus reconnaissables. Il y a du bruit au loin, quelques ombres et elle se rapproche le plus lentement et le plus discrètement possible. La pluie commence à tomber, et elle est ravie Jill quand de l’eau commence à tomber du ciel. Elle profite de cette odeur de petrichor qui emplit ses narines et elle a l’impression de revenir une seconde à quand tout était normal et que les gens n’essayaient pas de la tuer ou de la manger. Mais elle n’oublie pas les ombres qui sont proche d’elle. Elle ne fait pas de bruit, se cache dès qu’elle le peut et regarde toujours derrière elle. Arme à la main elle arrive au bon endroit, et elle tente de reconnaitre quelques voix. Et elle la connait la brune. “Noa ?” Elle chuchote presque avant de légèrement laisser dépasser sa tête.

Ca fait des mois et des mois qu’on fait que des kilomètres avec Matt. On avait quitté Brisbane pour aller à Darwin, tout au nord. On était persuadé que la bas c’était la nouvelle vie, nouveau départ. Il avait entendu ces mecs dire qu’à Darwin c’était comme un îlot qui avait survécu à tout ça, que tout l’monde était préservé et que la vie continuait son cours. On avait pas cherché à savoir si c’était vrai ou pas, on avait pas chercher à savoir si c’était juste crédible, c’était ça ou rien. Et alors, on a choppé cette voiture et on a pas arrêté de rouler et rouler jusqu’à arriver. Jusqu’à déchanter totalement. Ca avait rien d’un îlot paradisiaque, la bas, tout était aussi pourri qu’ici à Brisbane. On s’était fait avoir, un traquenard où pendant plusieurs jours on avait été réduit à l’état d’esclave par ces gens qui faisait confiance en personne et pour pas crever, t’avais juste à pas riposter, faire ce qu’ils te disaient de faire, jusqu’à ce qu’il estime que t’étais enfin digne de faire parti des leurs, jusqu’au la prochaine vague de nouveaux qui se pointeraient là pour prendre ta place.
Puis y a que cet incendie, cette explosion même. On avait du fuir, loin, on a du faire marche arrière et finalement, on s’était dit que le seul endroit où on voulait vraiment être, c’était chez nous, à Brisbane. La ville qu’on avait quitté y a bien longtemps mais c’est là, qu’on trouvera la mort si on devait la trouver.
On était persuadé d’être seul au monde, Matt et Noa McJacobs contre tous et personne. Pour nous, y avait plus un seul humain à Brisbane, on y croisait plus que ces cadavres ambulant qu’on devait tuer d’un coup de couteau dans l’crâne sur notre passage. Ville morte, c’était flippant.
« 5 minutes, tu m’donnes 5 minutes et j’arrive. » on s’quitte jamais, mais là, il s’est encore pris une barre en fer dans la jambes, il a pas calculé la distance correctement et quand il a sauté, il s’est fait mal. Matt a mal, il se tord et je sais où aller trouver quelques chose pour le soigner. « Tu bouges pas. » bien sûre qu’il peut pas bouger… je l’embrasse et je le quitte, je fais vite, il a ma promesse.
J’me depêche, je cours en en faisant des sauts de biche, la légèreté permet de moins de faire remarquer, ca fait moins de bruit. La pluie qui commence à tomber, ça c’est pas bon parce que les pas dans les flaques d’eau, ca s’entend au loin. J’étais déjà assez loin de Matt, je trouvais pas cette foutu pharmacie devant laquelle on était déjà passé, devant laquelle on passait tous les jours. J’suis perdu, serieux ? « Noa ? » wow, je cri, surprise. « C’est pas possible. » j’crois rêver, je sens mon corps qui devient lâche et mes jambes qui tremblent à leurs tour. « Jill… » et trou noir, j’tombe, j’vois plus rien.

Elle est terrifiée, elle ne sait plus quoi faire ni comment. Cette apocalypse l’a obligé à revoir comment vivre. Tout est différent. Elle aurait dû être avec Bailey à ce moment là, ils auraient pu être marié, et même avoir des enfants. Mais rien de tout ça n’est arrivé. Elle commençait tout juste à être bien, à comprendre ce que c'était que d’entretenir une relation avec quelqu’un et s’autoriser à aimer qu’elle s’est retrouvée seule au beau milieu de la ville au moment où les gens devenaient des monstres sans vie. Comme dans les films. Elle a fait le tour de toutes les maisons des personnes qu’elle a aimé, de toute sa famille. Ils avaient tous disparu, sans exception. Son coeur se serre quand elle y pense, et elle le sait qu’elle n’est pas la seule à avoir vécu ça. Mais elle, elle survit. Elle est encore dans sa ville natale en bonne santé. En vie. Et elle n’est même plus sûre que ce soit ce qu’elle veut vraiment au fond.

Elle entend une voix qu’elle connait, et elle croise le regard d’une personne qu’elle aime beaucoup. Elle n’a pas eu l’occasion de voir Noa trop souvent, mais elle sait qu’elle compte pour Matt. Matt d’ailleurs ? Il est avec elle ? Jill perd son regard et cherche une deuxième ombre, elle a l’espoir que son frère soit toujours là et en bonne santé. “C’est bien toi ?” Elle la regarde, elle veut être sûre que la jeune femme ne soit pas armée, ou qu’elle ait été mordu ou griffé. Une rapide inspection et elle s’autorise à se rapprocher alors que la pluie continue de tomber. Noa s’écroule. Et merde. Jill se retrouve à genoux à côté d’elle, terrifiée. Pourquoi elle vient de s’écrouler ? Est ce qu’elle est blessée ? “Noa…” Elle tape légèrement son visage pour qu’elle ouvre de nouveau les yeux. “Allez réveille toi.” Elle n’a pas le choix. Elles ne pourront pas rester là éternellement.

C’est le trou noir, mais je retrouve mes esprits assez rapidement. Même si j’ai pas d’idée de combien de temps ça a pu durer en réalité, deux secondes, deux minutes ou deux heures. Je sens cette main qui tapote ma joue alors que ma vue retrouve petit à petit son utilité. Je souffle, j’ai l’impression de rêver, d’être morte peut être, est ce que j’étais déjà dans l’autre monde ? « Jill… » je la regarde comme si elle était un ange. « On est où ? » mes propos sont pas si déconnant, ca fait des mois qu’on tourne en rond avec Matt, main dans la main, qu’il y a plus que lui et moi, qu’on s’était fait à l’idée qu’on aurait plus personne avec nous. Il était celui qui me faisait la conversation chaque jour, il avait jamais un moment où il savait pas quoi dire. Il me faisait Monsieur Météo, Monsieur du 13h, la nana qui vend des produits en téléshopping, il faisait le médecin, le pharmacien, l’humoriste du coin, le garagiste, le cuisinier qui ouvre des boites de converse et présente ça sur une assiette pour rendre le truc moins dégueulasse. Il faisait tout, portait toutes les casquettes et me rendait cette vie un peu moins merdique.
Je me redresse, captant qu’on était à découvert, que ce foutu malaise nous avait mis en danger et que Jill devait pas rester ici avec moi. « Faut qu’on bouge… » j’me relève et oh, doucement, j’me retiens à elle, la tête qui tourne encore un peu. J’ai été trop vite, j’pense que j’manque clairement de force ces derniers temps et le choc de voir Jill – ma belle sœur ?  - devant moi, c’est la goutte d’eau. « On va aller retrouver Matt. » que je dis, espérant lui annoncer une bonne nouvelle. J’prends pas la peine de lui demander comment elle va, on va tous mal alors ça sert à rien de remuer l’couteau dans la plaie, au moins, maintenant, on sera ensemble. « T’es toute seule ? » ca, c’est quand même une question importante.

Alors qu’elle se sentait seule Jill, elle tombe finalement sur Noa au beau milieu de la rue. Belle vision. C’est quelque chose à laquelle elle ne s’attendait pas en se levant ce matin. Depuis que le virus fait rage, elle n’a réussi à retrouver personne la McGrath. Elle se rapproche de la brune qu’elle connait depuis quelque temps déjà, mais elle s’écroule. “Faut que tu te lève Noa” elle se prend de petites claques dans la figure et les secondes passent comme des heures. “Grand dieu tu me fais plus ça. Hey te rendors pas.” Il faut qu’elle reste calme. Jamais paniquer, ça ne ferait qu’aggraver les choses. Kenya, elle se concentre sur les mots présents sur une affiche et elle se rend compte qu’elles sont devant un cinéma. La jeune femme ouvre grand les yeux et recommence à parler. Mais elle a l’air dans les vappes et Jill s’inquiète. Ne pas stresser, il faut que Jill reste le plus calme possible pour qu’elles puissent s’en aller. On ne sait pas comment réagir sous la pression dans ces moments là, mais Jill n’a pas envie de laisser la brune toute seule dans cette ruelle. Plus le temps de discuter, Jill aide Noa à se lever pour s’éloigner le plus vite possible. “Qu’est ce qui t’arrive ? Reste avec moi cette fois.” Sans perdre une seconde elle pose son bras autour de la taille de son amie. “Tu vas avancer lentement, je veux pas qu’on se fasse trucider à peine retrouvé.” Un pas puis un autre et tout semble bien se passer. “Viens, j’entends un bruit. Wahou on a eu chaud.” Xylophone, un putain de xylophone contre un mur et elles ont failli rentrer dedans et rameuter tout le quartier. “Y’en a là-bas.” Zut, un groupe de 3 zombies s’avancent vers elle. Jill se pose contre un mur et essaie de ne pas respirer trop fort. Elle observe devant elle et se retrouve face à l’affiche du film twilight. Elle lève les yeux au ciel.” Tu sais, je déteste la vision des loups garous dans ce film, je la hais de tout mon être. Des adolescents musclés à bloc qui ne pensent qu’à tomber amoureux. Ils ne se rendent même pas compte de tout ce qu’ils pourraient faire de leur pouvoir, ils ne s’intéressent qu’à une brune qui n’a absolument rien pour elle. C’est un film pour enfant et c’est tout. Si les loups garous existaient, je suis certaine qu’ils détesteraient ce film eux aussi. J’aurais aimé que ce soit plus sombre, et qu’il y ait plus de détails sur leur histoire et ce qu’il se passe pour eux.” Il faut bien lui parler et l’occuper pour éviter qu’elle s’effondre de nouveau. “Matt ? Comment ça Matt ?” Il est en vie, et elle a envie de courir vers lui à la seconde où elle entend son prénom. “Tu me fais pas une blague hein ? C’est vrai ?” Elle se tourne vers la brune, plein d’espoirs dans le regard. “Depuis un moment déjà.” Et elle continue de chuchoter pour ne pas se faire repérer.

“Faut que tu te lève Noa” je hoche la tête, j’me lève doucement en prenant appuie sur elle sans capter vraiment où je suis, sans capter combien de temps il s’est passé depuis que j’l’ai recroisé ici. Pourquoi Jill était-elle devant moi alors qu’on était persuadé que tout l’monde était mort ici depuis longtemps, qu’il y avait plus que Matt et moi dans ce monde de taré ? On avait plus revue une seule personne qu’on connaissait depuis la dernière fois qu’on avait quitté Brisbane dans l’objectif de trouver un monde meilleur. Que dal. C’était du bullshit, jamais on trouvera un monde meilleur, alors quitte à être dans la merde, on s’était dit qu’il valait mieux être dans la merde chez nous. « J’me rendors pas. » que j’lui dis, tentant de la rassurée, voyant bien que ma petite perte de connaissance lui avait flanqué une peur bleue.
J’la suis, j’avance doucement parce que mon oreille interne semble avoir quelques soucis et mon équilibre reste précaire. Je reste avec elle, j’obéis à ce qui ressemble être un ordre, surtout parce qu’elle flippe que j’reste sur le carreau si on s’fait chopper. “Viens, j’entends un bruit. Wahou on a eu chaud.” J’me retourne, incompréhension sur mon visage, qu’est ce que ce putain de xylophone peut bien foutre ici au milieu de la ville ? C’est glauque, on dirait qu’un môme avait décidé de pas se séparer de son jouet sans capter que ce même jouet lui avait sans doute coûté la vie. Faire du bruit était la dernière chose à faire, si ces putains de zombi sont aveugles, ils ont l’ouïe bien développée et le moindre son peut les rameuter rapidement. Ce genre d’instrument devrait être interdit à la vente à tout jamais – si bien qu’ils seront à nouveau en vente un jour. “Y’en a là-bas.” Merde ! Je ferme ma bouche et me colle contre le mur à mon tour, à côté de Jill et voilà qu’elle me parle de Twilight. Est-ce que j’suis en plein rêve ? Alors qu’on va surement manquer d’se faire bouffer par ces merdes qui gesticulent à quelques mètres de nous, elle trouve rien d’autre à faire que de me parler de ce foutu film pour adolescent ? J’en ai franchement rien à foutre des Loups Garou, team Jacob ou team Edward… moi j’suis team rien du tout. J’suis team Matt tien, j’pense que ça la ramènera dans l’droit chemin de lui parler de son frère. “Matt ? Comment ça Matt ?” oui Matt, c’est c’que j’ai dis, mais j’comprends le choc… surement le même que j’venais d’avoir en la voyant et là il s’agit de son frère. “Tu me fais pas une blague hein ? C’est vrai ?” est ce que j’avais l’air de blaguer ? « Jill… » j’étais bien serieuse. « On va le retrouver ! » j’allais lui montrer le chemin qui nous mènerait à lui. “Depuis un moment déjà.” J’étais triste pour elle, j’ignorais comment elle faisait pour s’en sortir. « Tu restes avec nous maintenant. » pas moyens qu’on se sépare d’elle. « Matt et Moi on s’est marié. » que j’lui annonce, en dévoilant ma belle bague. « Enfin, non, on est fiancé, le mariage, c’est pour bientôt… » ca c’était peut être une blague, du moins, j’comprendrai qu’elle le prenne tel quel , mais on avait vraiment l’intention de faire ça !

Jill prend les choses en main. Elles doivent s’éloigner et trouver une endroit où elles pourront se reposer. Jill ne compte pas la laisser, elle a enfin retrouvé quelqu’un avec qui partager cette galère, alors elle ne compte pas abandonner. “T’as pas intérêt.” Elle ne doit pas refaire de malaise, elles n’ont pas le temps pour ça. Jill a besoin que Noa puisse être au maximum de sa forme pour qu’elles puissent finir cette journée en vie. Elle ne doit pas se rendormir, elle ne doit pas terrifier Jill encore plus. Elle parle de tout et n’importe quoi, elle veut que Noa reste éveillée et se concentre sur ses mots. Ca fonctionne puisqu’elle fronce les sourcils, elle a l’air de prendre Jill pour une folle. La brune s’en fiche, elle veut juste que Noa garde les yeux ouverts et ses sens en alerte. Elle ne peut pas être assez réactive pour deux la McGrath. Elle aussi est épuisée, elle aussi a l’impression de ne pas avoir mangé depuis des semaines.

Matt, elle parle de Matt et Jill oublie tout le reste pendant une seconde. Il est en vie, et il est avec Noa. Elle retient de nombreux cris de joie. Elle pince les lèvres et ne peut empêcher une larme de joie de rouler sur sa joue. Elle va retrouver son grand frère, elle y croit de tout son coeur. “Je pensais qu’il était mort.” Comme 90% de la planète. “Je vous quitte plus” Et elle trépigne d’impatience. Elle veut voir Matt, elle donnerait n’importe quoi pour voir que tout ça est réel et qu’elle n’est pas en train de rêver. “J’espère que sa demande était parfaite.” Sinon il sait qu’il se prendra une tape derrière le crâne à la seconde où elle l’aura retrouvé. Parce qu’elle va le retrouver. “Je suis témoin et demoiselle d’honneur d’office.” Elle hoche la tête sans retenir un rire. Ca fait du bien, pour une fois, d’avoir l’impression que les choses sont redevenues normales.

J’ai l’habitude de croiser des morts depuis tous ces mois, mais quand j’ai vu Jill j’ai eu l’impression de je sais pas… d’un vrai fantôme, pas un zombie. Un choc, j’en ai perdu la tête, tombée dans les vapes, maintenant que j’étais de retour à moi, j’assimilais tout. Jill était bel et bien devant mes yeux, bel et bien vivante et il fallait maintenant qu’on retrouve Matt pour qu’il puisse à son tour faire son petit numéro de Drama Queen. Je restais près d’elle, elle était bien plus vigilante que moi, je n’avais pas encore repris totalement mes esprits et surtout, je me sentais très faible. La fatigue accumulée ces derniers jours, plus cet ascenseur émotionnel, je pense, que ça m’avait achevé. Et d’avoir Jill avec moi, avec nous à présent, j’me dis égoïstement, que j’allais pouvoir un peu me reposer, mais Matt aussi. Qu’on allait plus être obligée d’être en veille, en garde, sans arrêt, que parfois on allait pouvoir faire une pause, parce qu’on sait qu’on sera plus jamais vraiment seul. Est-ce que je m’emballe ? Aucune idée, j’espère juste que Jill pourra rester avec nous et surtout, qu’elle le voudra.
“Je pensais qu’il était mort.” Mon cœur pleurait à l’idée même d’y penser. « NON. » ca venait du cœur, cri du désespoir, il était tout ce qu’il me restait et était devenu la personne la plus chère à mon monde, à ma vie. “Je vous quitte plus” amen et merci, c’est tout ce dont j’avais besoin d’entendre en réalité. “J’espère que sa demande était parfaite.” Un sourire s’esquisse sur mon visage, bien sûre que ça l’était. « La plus belle demande. » j’aurai pas voulu mieux, j’aurai même pas voulu d’un restaurant aux chandelles et qu’il mette le genoux à terre pour ça. “Je suis témoin et demoiselle d’honneur d’office.” Sa remarque laisse échapper un rire d’entre mes lèvres, ma main qui vient se plaquer aussitôt sur ma bouche, comme pour me faire taire. C’était pas le moment de se faire remarquer, puis, je réponds en chuchotant. « Y a plus qu’à trouver ta robe à toi aussi. » et bon, on avait qu’à entrer dans quelques maisons et se servir après tout.
Je m’arrête dans notre élan et retiens Jill en tirant doucement sur son poignet. « Matt risque de faire une crise cardiaque en te voyant. » fallait qu’elle y aille tranquille quoi. « Faut y aller doucement. Il parle pas souvent de vous… mais je sais que vous lui manquiez énormément. » je pince mes lèvres un court instant avant de prendre Jill dans mes bras et la serrer contre moi. Parce que quand même, ça fait du bien de sentir la chaleur humaine contre soi. « Bon, on est plus très loin. » je relance la marche. « T’étais où, tout ce temps ? » je m’attends au pire à vrai dire. J’ai peur de son récit, tout comme le nôtre ne ferait envier personne…

Comment c’est possible qu’elle soit là avec Noa ? Elle pensait qu’elle était morte, pire même, qu’elle était morte avec Matt et qu’elle ne les reverrait plus jamais. C’est un choc de découvrir tout ça, elle ne sait pas si elle est vraiment heureuse ou si elle pense juste qu’elle va se réveiller et que tout ça n’était qu’un rêve. C’est bien trop beau pour l’époque qu’ils sont tous en train de vivre. Ils n’ont pas le droit au bonheur depuis que l’apocalypse est là. Depuis que les personnes qu’elle aimait le plus au monde ont décidé de commencer à dévorer des cerveaux et infecter la moindre personne qui aurait le malheur d’avoir gardé un peu d’humanité. Ces derniers temps, elle se demande si elle ne devrait pas se laisser mourir. Elle ne sait pas pourquoi elle continue de se battre, ou elle ne savait pas jusque là. Maintenant qu’elle apprend qu’elle n’est plus seule, elle sent qu’elle respire mieux, qu’elle arrive à voir renaître un peu d’espoir. « NON. » Elle sourit, Matt est en vie. “J’espère que c’est pas un rêve.”

« La plus belle demande. » Jill pouffe de rire. “J’ai du mal à te croire.” Elle connaît son frère, elle sait que c’est un bourrin et qu’il n’est pas du genre romantique. Elle aurait adoré l’aider avec la demande. Dans une autre vie, elle aurait voulu être la témoin. Mais l’ancienne vie n’existe plus, alors elle se contente de rire, de faire comme si de rien n’était pendant un temps. « Y a plus qu’à trouver ta robe à toi aussi. » “Tu crois qu’ils ont pillé tous les magasins de robes de mariée aussi ?” Elle fronce le nez, elles ont l’air seules et plus ou moins en sécurité pour le moment, alors autant en profiter. « Matt risque de faire une crise cardiaque en te voyant. » “Tu vas devoir gérer 2 minis crises cardiaques.” Elle hausse les épaules et continue de surveiller autour d’elles. Elle ne compte pas laisser Matt seul plus longtemps. Elle profite de l’étreinte de Noa « Faut y aller doucement. Il parle pas souvent de vous… mais je sais que vous lui manquiez énormément. » “Tout le monde me manque.” Elle se retient de pleurer, elle n’est plus seule, et c’est tout ce qui compte. « Bon, on est plus très loin. » “Pourquoi il est pas avec toi ?” Elle a terriblement peur de la réponse.

« T’étais où, tout ce temps ? » Elle baisse la tête mais ne s’arrête pas de marcher. “Dans un cimetière de voiture, j’ai l’impression que c’est un endroit plutôt sécurisé.” Rien n’est sécurisé. “j’étais seule…” Et elle espère qu’elle comprendra qu’elle était au bout, à deux doigts de tout abandonner.

C’est pas un rêve, j’suis bien en face de Jill et c’est bien une des meilleures nouvelles de ces derniers moi. J’aurai quand même préféré pouvoir me reveiller en nage dans mon lit en me disant que tout ça n’avait jamais existé et réaliser que c’était un cauchemar aussi réel qu’absurde. Rien du tout, le cauchemar était bien là depuis des mois et des mois et j’ai pas l’impression de pouvoir en sortir un jour… si ce n’est quand une de ces merdes ambulante nous aura tous bouffé. J’ai de plus en plus de mal à croire à une vraie fin heureuse, on se fait plus aucune illusion, plus personne n’évoque un antidote. Le nouveau monde, c’est ça. Peut-être qu’on l’aura bien cherché…
“Tu crois qu’ils ont pillé tous les magasins de robes de mariée aussi ?” « j’ai encore pas croisé de nana en robe de mariée, alors je pense qu’on devrait s’en sortir. » et si la préoccupation première dans les mouvements de panique du début de cette crise avait été les robes de mariées, là, je crois que j’aurai perdu tout espoir pour de bon. “Tu vas devoir gérer 2 minis crises cardiaques.” J’étais déjà pressée de le retrouver pour voir sa tête. “Pourquoi il est pas avec toi ?” Sa question me percute, je m’arrête un instant. Tomber sur Jill, ce pseudo malaise vagal qui m’a fait perdre connaissance l’espace d’un instant, j’en ai presque oublié pourquoi j’étais là, toute seule. Quand elle me demande pourquoi je ne suis pas avec Matt, mon cœur s’arrête presque de battre. Mon dieu, Matt !! et ca fait pourtant des minutes qu’on parle de lui comme si de rien n’était, de sa demande en mariage, de notre pseudo vie de couple, comme si c’était normal dans ce monde-là. Il faut bien un peu de normalité pour ne pas perdre la tête et Matt me le rend bien. Je sais qu’il fait tous les efforts du monde pour que tout soit un peu moins difficile à vivre. Heureusement qu’il est là. Et là, il avait besoin de moi, de nous ! « Il s’est blessé ! » et il peut pas bouger, et j’espère qu’il ne lui est rien arrivé. « j’essayé de trouver quelques choses pour le soigner. » et c’était fait, dans mon sac à dos, j’avais tout et j’étais là à jacasser. Mais qu’elle idiote ! Comme s’il m’attendait à la maison en train de nous faire un bon petit plat… j’accélère le pas alors que Jill m’explique qu’elle était seule tout ce temps, dans une casse automobile. « On ira récupérer tes affaires, si tu veux. C’est fini la vie en fourrière… »