| | | (#)Mer 29 Juil 2020 - 13:45 | |
| Je passais devant l’atelier où un groupe d’adolescent était réuni en rond, assis par terre, certain fermaient les yeux quand d’autres, se regardaient en silence et semblaient pointer du doigt leurs camarade. Je me demandais ce qu’il pouvait bien se passer la dedans et ma curiosité me fit entrer dans la salle. Je restais silencieuse, jetant un œil vers Hannah qui se trouvait là elle aussi et qui me jeta un regard complice. D’un coup, tout le monde ouvrit les yeux. « Paul est mort cette nuit. » pardon ? « Mais nooon ! J’étais la sorcière ! » sorcière ? Je m’approchai davantage du groupe. « Eh, y a la dirlo ! vous voulez jouer m’dame ? » Un air dubitatif s’installa sur mon visage. « Je ne connais pas ce jeu… » « Bah, attendez, on a bientôt fini et on vous explique. » hm, je regardais l’heure et puisque j’étais finalement bien dans mon timing, j’allais pas pouvoir les envoyer balader et ils semblaient si enthousiastes pour que je reste que je ne pouvais pas refuser. « J’vous laisse finir, j’reviens dans cinq minutes, attendez moi ! » parce que j’étais partie pour aller fumer une clope quand même et que celle-ci m’attendait sagement dans la poche de mon jean. Je culpabilisais toujours de fumer ici alors qu’il y avait milles affiches partout pour dire que fumer c’est mal, fumer peut provoquer le cancer. Et quand on bosse ici, ca la fou mal. Alors j’me cache toujours. J’suis sortie pour avoir ma petite dose de nicotine et revient rapidement. Hannah avait quitté la salle quand j’étais de retour. « C’est bon m’dame, on a fini ! » Alors je m’installe dans la ronde entre Sophia et Tony qui sont les premiers à s’être poussé pour me faire une place. « Alors, c’est le loup garou. On va tous avoir une carte, y a les Loups d’un côté et les villageois de l’autre. » bon, jusqu’à présent, ca devrait être bon. « euh, on est 8 donc faudrait 3 loups et les autres villageois ? » ils semblaient être tous d’accord sur ce point. « Donc, les loups doivent tuer les villageois mais on sait pas qui sont les loups. » ok, je soupçonnais alors que ceux qui avaient les yeux ouvert en visant Paul tout à l’heure étaient donc les fameux loups. « Jusqu’ici, tout va bien ! » je lance, prête à attendre les autres instruction. « Alors, y a plusieurs rôle. Le loup normal. » il me montre la carte en question. Qui dit loup normal dit nous anormal ? « Le loup blanc, lui, il doit finir tout seul, il peut tuer ses potes loups mais on sait pas qui est loup blanc. » « donc, deux loups normaux et un loup blanc ? » je dis pour montrer que j’ai bien suivi. « Yep m’dame ! Après, on a la voyante, elle a l’droit de lire une carte par tour pour savoir qui est qui, mais elle peut pas dire aux autres qu’elle est voyante. » hm… ca commence à se corser. « La sorcière, donne droit de vie ou de mort… » comment ? j’avais presque envie de laisser un tour se passer pour observer avant de me lancer. « On a aussi Cupidon, lui c’est nulle en fait, il nomme deux amoureux, si l’un meurt, l’autre meurt avec. Mais Cupidon, si non, il sert à rien. » et elle pouffe de rire Jane. « Vous avez oublié le chasseur ! » « ah ouais, le chasseur. Lui, si les loups ou le village le tue, il tue quelqu’un avec lui. » je hoche la tête, ca fait beaucoup d’information tout ça. « La petite fille ! Elle, elle peut ouvrir les yeux la nuit et observer les loups mais elle doit pas s’faire prendre. » ok, donc on a oublié de me parler de la nuit … j’comprends définitivement rien. « On peut ajouter le salvateur ? » demande Paul. « C’est quoi ? » « Hm, bah c’est celui qui peut immuniser quelqu’un à chaque tour contre les loup… » « ah ouais ! » Petite fille, chasseur, loup, loup blanc, sorcière… j’ai oublié quoi déjà ? « Y en a encore beaucoup ? » Paul toujours aussi enthousiaste : « y en a plein d’autre, y a le voleur, lui il peut voler le rôle de quelqu’un quand il veut, y a l’infecte père des loups qui peut transformer un villageois en loup mais bon, on est pas assez pour l’utiliser… et aussi on a les trois frères, mais c’est nul, je trouve… » okay, laissons les trois frères de côté alors. « Est-ce qu’on peut faire un premier tour de chauffe ? pour voir si j’ai bien tout compris ? » ca avait pas l’air de les déranger, le maitre du jeu distribuait les cartes et chacun les observait sans dire un mot. On pouvait clairement lire la deception sur le visage de Paul : serait-il cupidon ? « Eh, Ginny ! viens avec nous toi aussi ! » lança un des jeunes dans mon dos, je me retournais et constata que la brune avait aussi fait son apparition dans la salle. « On peut rajouter une carte, faut tout redistribuer juste ! » bon, j’espérais qu’elle connaisse les règles pour pas avoir besoin de tout réexpliquer, quoi que, ca me ferait pas de mal… |
| | | | (#)Sam 8 Aoû 2020 - 19:27 | |
| Ginny & Noa et oops, Ludmila Ludmila Rappaz, @Noa Jacobs & @Ginny McGrath-Williams La youtubeuse était à la bourre aujourd'hui. Etant une grande flemmarde, elle aimait rester chez elle au chaud. C'est pourquoi elle avait pris l'habitude de condenser en une journée toutes ses sorties. Quelques jours auparavant, elle avait passée l'après-midi dans ce bâtiment à jouer aux jeux vidéos. C'était une sorte de sortie publique pour les enfants organisée par Noa elle-même afin de leur changer les idées. Chose qui avait vraisemblablement fonctionné vue les retours qu'elle eut après cet événement. En tout cas ce qui était sûr, c'est que les deux femmes avaient bien rigolé. Mais Ludmila était une éternelle tête en l'air et elle oublia l'appareil photo qu'elle avait ce jour-là emmené. En passant à l'improviste à l'association, elle espérait ne pas commettre d'impair. Mais c'était un objet auquel elle tenait particulièrement. C'était l'une des rares choses qu'elle avait ramené de Suisse, sa terre natale, c'était un cadeau de ses frères accessoirement, ce qui rendait sa perte encore plus fatale. Heureusement, peu de temps après son départ de l'institut, elle reçu un message de la directrice qui lui informait de cet oubli. La joueuse pouvait donc faire disparaître de son visage cet air abattu et aller le récupérer quand elle en avait envie. Quand elle entra dans le batiment elle entendit des voix s'élevées au dans la pièce où était proposé des ateliers de création. C'était probablement un jeu animé par les enfants et Ludmila ne pu s’empêcher de pointer le bout de son nez en espérant ne pas les gêner dans leur moment de récréation. Elle salua rapidement les jeunes qui s'amusaient à ce qu'on aurait dit une partie de jeu de rôle et elle remarquait certain jeune qui semblait s'enflammer, tellement ils étaient dans le jeu. Quand elle vit Noa qui avait l'air perdu, elle ne pu s'abstenir de trouver ça drôle et cacha un petit sourire.« Je faisais juste passer, inutile de ma blâmer, je récupère mon appareil photo et je vous laisse à vos jeux» Dit-elle rapidement. Elle embrassa quelques enfants qui accouru vers elle et leur fit rapidement ses adieux. La joueuse ne voulait pas déranger plus longtemps et si elle ne voulait pas être en retard, il fallait qu'elle quitte les lieux rapidement. « On se revoit j'espère dans pas trop longtemps ! A bientôt ! » Dit-elle en fermant la porte derrière, espérant que son passage express n'est rendrait personne mécontent.
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| | | | (#)Lun 10 Aoû 2020 - 21:51 | |
| « Eh, Ginny ! viens avec nous toi aussi ! »
Mes pas ralentissent, eux qui ont marqué le plancher de l'association de toutes les teintes de bleu, de vert, de jaune et d'orangé qu'on a bien pu utiliser pendant l'atelier de la journée. Avec les enfants, on avait sorti peinture et chevalets dehors, le jardin était devenu pour la matinée en entier notre terrain de jeu, et accessoirement notre atelier. Ce n'est pas une nouveauté que je laisse ma trace sur le linoléum, encore moins maintenant que je chassais la culpabilité en m'assurant de toujours dénicher une serpillère dans les placards sur l'allée question de ramasser le moindrement mes dégâts. C'est d'ailleurs là où j'allais, promis juré, quand on m'interpelle et que d'office j'en oublie le reste, un immense sourire prenant place sur mes lèvres.
Les cartes sont éparpillées, le premier tour de loup garou est presque commencé. Ça discute de stratégie et ça pouffe, tout le monde s'amuse et tout le monde semble en pleine forme. Évidemment que mon coeur se réchauffe de les voir tous heureux, tous à leur place, tous posés et prêts à jouer. « Oui, bien sûr! Qui sont les loups? » je me moque, éclate de rire, faisant mention sans la moindre malice à la dernière partie qu'on a pu jouer et où j'avais posé la question à laquelle les loups avaient répondu d'emblée, bousillant leur secret sans y penser une petite seconde. Personne ne cafte cette fois, je feins quasiment une mine déçue, avant qu'on me donne mon rôle, que mes prunelles en prennent connaissance.
« Okay Noa, le premier tour en est un pour se pratiquer. Tu peux jouer avec Ginny, elle va te montrer. » Noa, donc, qui se joint à nous. Noa que je connais sans rien capter, Noa vers laquelle je relève la tête sans tout de suite le réaliser. La seconde d'après c'est l'eurêka le plus douloureux depuis longtemps, empli de malaise et de retenue. Si elle avait pu me tuer d'un coup d'oeil un seul, je pense qu'elle ne se serait pas gênée. |
| | | Isaac Jensenle coeur au bout des doigts ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0 TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnostic CODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS : RPs EN ATTENTE : RPs TERMINÉS :
(roa, juin 2020)
grisy (s1) lancement ∆ love #4 ∆ grace #1 ∆ grace, greg, sienna ∆ week-end #1 ∆ grace #2 ∆ grace #3
(s2) grace #4 ∆ grace #5 ∆ grace, elias, kieran ∆ elias ∆ ivy ∆ love #5 ∆ love #6
(s3) elias, kieran, grace, sienna, jack
(s4) épreuve semaine 4 ∆ grace #6 ∆ martin
(s5) épreuve 1 semaine 5 ∆ épreuve 2 semaine 5 ∆ épreuve 3 semaine 5 ∆ résultats
(finale) grace #7 ∆ rafting ∆ grace #8 ∆ grace #9 AVATAR : Will Higginson CRÉDITS : cheekyfire (ava), solosands (sign), loonywaltz (ub), la confiserie (illustration personnalisée), (gif may0osh (gif olivia), stairsjumper (starter pack) DC : / INSCRIT LE : 08/04/2018 | (#)Jeu 13 Aoû 2020 - 20:43 | |
| Noa était passée en coup de vent à mon domicile ce matin, juste avant de partir pour l'association Beauregard. Quelques révélations avaient fusé promptement, de quoi dérouter possiblement la jeune femme qui avait fini par oublier son téléphone portable sur la surface de mon îlot de cuisine et partir ainsi vers son travail sans un outil des plus indispensables. De plus, j'estimais toujours prudent et sécuritaire d'avoir un téléphone dans ses poches lorsqu'on vivait dans une grande ville : on ne savait jamais quand on pouvait avoir besoin de contacter urgemment une personne.
Alors, avant de partir pour mon propre service à l'hôpital St Vincent's, je réalisais un bref crochet à l'association. « Hey Miranda, Noa est là ? » Je questionnais l'agente à l'accueil des majestueux locaux. « Madame Jacobs est dans l'atelier. » Inutile de me livrer davantage d'informations, je connaissais l'endroit comme le fond de ma poche à force d'y avoir mis les pieds. J'avais même très sérieusement envisagé soumettre ma candidature à Noa pour réaliser quelques heures de bénévolat en tant qu'infirmier pour l'association. Je réduisais ainsi promptement la distance me séparant de ma meilleure amie pour lui remettre son smartphone. Dans l'embrasure de la porte de l'atelier se trouvait un adolescent qui s'apprêtait à éteindre la lumière alors que de nombreuse personnes formaient un cercle, assises au sol. Sceptique, je ne captais pas de suite qu'il s'agissait d'une partie du célèbre jeu du loup-garou de Thierceleux.
Je n'avais jamais été un adepte de ce divertissement. J'estimais, maussade, avoir passé beaucoup trop de temps à porter un masque et assurer à tous mes proches que j'allais bien quand je souffrais en vérité de dépression pour prendre plaisir à jouer la comédie, même dans un cadre certes plus léger et potentiellement distrayant. Je n'étais pas attiré par ce jeu, et les rares fois où j'avais consenti à y participer, surtout pour faire plaisir à ma nièce, j'avais connu plus grande satisfaction à endosser le rôle de villageois, chasseur ou Cupidon qu'un autre. Il s'agissait en effet des personnages que je jugeais les plus passifs : aucune action ou une au début et avant sa mort et le tour était joué. Cependant, il restait les journées suivant les nuits où un joueur était assassiné par le village et je connaissais la chanson des débats réguliers : les loups-garous restaient souvent silencieux ou tentaient d'influencer leurs adversaires. La sorcière, la petite fille et la voyante représentaient des éléments clefs à protéger ou à éradiquer selon son camp. J'avais jamais trop compris le rôle du maire ou du corbeau, ayant très peu vu apparaître ces derniers. Par ailleurs, j'avais eu vent du loup-blanc qui, si je comprenais bien, était un peu le cul entre deux chaises.
"Hey" je soufflais dans le dos de Noa que je reconnaissais. Je lui tendais son téléphone portable puis reconnaissais, bien malgré moi, mon ex Ginny installée à sa droite. "On peut commencer ?" demanda une adolescente qui trépignait d'impatience de découvrir son rôle. "Deux secondes, je disparais avant." Je tournais les talons et quittais l'atelier en refermant la porte derrière moi, le maître du jeu commençant son discours.
J'inspirais profondément en reprenant la direction de la borne d'accueil où se trouvait encore Miranda. "Ça y est, tu l'as trouvée ?" me questionna-t-elle avec un sourire amical. Je hochais la tête à l'affirmative, blanc comme un linge, les lèvres fermement pincées. Malgré moi, le fait de revoir Ginny en ce lieu, et de surcroît juste à côté de Noa, m'avait asséné un foudroyant coup et provoquait une cruelle déferlante d'émotions. Je savais que la jeune mère était une bénévole au sein de l'association, mais j'avais naïvement pas pensé la croiser ce jour. Les souvenirs de notre relation et de sa finalité me revenaient brutalement en tête, me propulsant atrocement au bord des larmes. "Ça va ?" Je déglutis difficilement, passant une main sur mes yeux. "Oui, ça va," mentais-je d'une voix tremblante, séchant mes larmes. Mon cœur battait la chamade et j'essayais laborieusement de garder contenance. "Tu veux que j'appelle Madame Jacobs ?" proposa la standardiste avec bienveillance, ne s'attendant indubitablement pas à ce que je lui réponde par un violent éclat de rire comme si elle venait de raconter la blague la plus désopilante de l'année 2020. C'était les nerfs, bien certainement, mais soudainement, je considérais la situation des plus hilarantes : je venais justement pour rendre son téléphone à Noa et voilà que Miranda me suggérait de prendre son attache en constatant que j'étais totalement décomposé à son comptoir. Désormais, elle pouvait aisément me qualifier de cinglé tellement je riais à gorge déployée. Je finissais par hocher la tête à la négative et saluer l'employée de la main en quittant l'association, mon rire tonitruant me suivant.
- Spoiler:
Je ne fais que passer
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| | | | (#)Mer 19 Aoû 2020 - 10:26 | |
| « Okay Noa, le premier tour en est un pour se pratiquer. Tu peux jouer avec Ginny, elle va te montrer. » Qui a dit que les adolescents étaient plein de ressources et qu’ils avaient toujours de bonnes idées ? Ils ont pas à savoir quels sentiments m’animent à la vue de Ginny, qu’à chaque fois, ca m’rend toujours un peu plus triste et toujours un peu plus en colère. Qu’en tant que directrice de l’association, c’était assez compliqué de gérer à la fois vie privée et vie professionnelle et qu’entre tous ces murs, j’étais obligée de faire abstraction de tout ça. « J’espère que Ginny connait bien les règles alors. » elle avait l’air d’être familiarisée avec le jeu en tout cas. Je me demande si son rôle préféré n’était pas celui de la sorcière – ok, seul rôle dont j’avais a peu prêt compris le sens, mais comparer Ginny à une sorcière m’amusait un peu, j’avoue. A se demander qui était adulte et qui était l’adolescent, dans cette pièce. Mon attention fu attiré par Ludmila qui s’introduit dans la pièce alors, se faisant toute petite, je lui adresse un sourire pour lui indiquer de faire comme elle pouvait, il n’y avait pas de mal. « Alors ! » ils semblaient s’impatienter tous ces jeunes. « Oui, ok, aller, on y va ! » l’un deux distribue les cartes et je vois donc qu’on a bien une carte pour deux avec Ginny. Je la prends, la retourne pour y découvrir le rôle, aucune idée de ce que ce dessin peut représenter. « Qu’est ce que c’est ? » que je lui demande en chuchotant, comme si c’était suffisamment discret pour ne pas se faire cramer. De nouveau, la porte de la salle s’ouvre et cette fois ci, mon cœur s’arrête presque quand je vois Isaac. Isaac ici, Ginny à côté de moi, quel malaise ! Quel gros malaise ! Il venait vers moi, me rendant mon téléphone qui, effectivement manquait à l’appel aujourd’hui, mais j’aurai pu m’en passer pour la journée. « Merci ! » que je lui glisse, reconnaissante d’avoir fait le détour jusqu’ici. Et j’essai de lire dans ses yeux s’il va bien, j’essai de voir s’il n’est pas chamboulé, mais il fait noir. La lumière éteinte, je dirai que ça a l’air d’aller… Par automatisme, lorsqu’il sort, mes yeux se posent sur Ginny, j’hésite entre tout lâcher, aller le voir pour m’assurer que ça aille. Mais j’suis au travail, même si j’ai l’air de m’amuser, j’ai promis à ces jeunes une partie… je l’appellerai plus tard. « C’est bon là ? » qu’il lance soulé d’être interrompu comme ça. « Aller, aller, c’est bon, on se concentre. » et je me tourne à nouveau vers Ginny. « explique moi. » ah cette phrase que j’avais tant voulu lui dire depuis sa rupture avec Isaac, qu’elle m’explique tout ce bordel… mais je ne m’étais jamais trop approchée d’elle, jamais trop frotté à ses épines. Là, c’était dans un tout autre contexte : explique moi la carte, explique moi notre rôle.
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| | | | (#)Dim 30 Aoû 2020 - 1:33 | |
| Si j'avais pu qualifier mon sourire d'une couleur une seule là de suite en l'instant, ç'aurait été jaune ocre bien mal à l'aise - oui, je sais que ce n'est pas une couleur et oui je sais aussi que c'est le comble pour une artiste, mais voilà où j'en suis maintenant. « J’espère que Ginny connait bien les règles alors. » Ginny les connaît les règles du jeu, pour y avoir jouer des dizaines de fois déjà avec les gamins. Mais les règles elles se sont envolées en un claquement de doigt de mon esprit quand les seuls éléments qui y restent sont les prunelles de Noa rivées sur moi. Je sais qu'elle doit me maudire de tous les sens possible et qu'elle doit m'accuser de tous les torts du monde et je les prends, tous, les uns après les autres, sans baisser la tête. C'est le moins que je puisse faire, d'assumer avoir merdé avec l'une des personnes qui semble le plus compter pour elle et qu'elle a à mes yeux su protéger bien mieux que moi pendant des années comme encore aujourd'hui très certainement. Jamais je ne serai ingrate au point de jouer les victimes, comme jamais je n'oserai lui demander de nouvelles d'Isaac alors que je ne suis pas en droit de savoir quoi que ce soit à son sujet. C'est bien mieux comme ça.
Un accord tacite semble être pris entre elle et moi dès lors qu'elle se rapproche, désigne du nez la carte qu'on partage pour la partie. Elle n'a visiblement pas quitté la table, dégoûtée que je sois des leurs moi aussi. Je ne lui en aurais de toute manière jamais tenu rigueur. « Qu’est ce que c’est ? » à son chuchotement, je me penche à son oreille, murmurant si bas que je doute qu'elle-même puisse entendre. « On est les plus cool, on est un loup et - » et et et et puis plus rien, plus aucun son, plus aucune image.
Il entre en trombe dans la salle, lui et son regard brillant, bienveillant, son sourire qui l'est tout autant. Il est là et il m'a l'air immense, probablement parce que je suis installée au sol et qu'il est encore bien debout, n'en reste que bizarrement il me semble beaucoup plus grand qu'avant. J'ai à peine une fraction de seconde le temps de relever les yeux vers Isaac que ses prunelles accrochent les miennes au vol, et là, juste là, tout part en éclats. Si l'air me manque le sien semble bloqué dans sa gorge, si mon coeur saute un battement le sien me donne presque l'impression d'être le seul son que j'entends résonner sur les murs trop blancs trop édulcorés trop aseptisés de la salle où on est tous posés. Le monde entier a complètement cessé d'exister, les minutes me semblent passer aussi vite que s'égrainer sur un compteur de torture. Il part, il est venu pour je ne sais même pas quoi, j'ai rien suivi du tout, rien vu, rien assimilé, rien capté d'autre que son changement drastique d'expression. Son visage tantôt solaire qui désormais n'est qu'un rictus de mâchoire contractée et de lèvres serrées. C'est son dos suivi d'une porte qui claque qui constituent la dernière chose à laquelle je me raccroche, la distance laissée entre nous qui fait autant de sens qu'elle m'est anxiogène.
« explique moi. » la voix de Noa me fait sursauter, j'échappe notre carte sur la table à la vue de tous dans la foulée. « Je... » je suis désolée serait ridiculement ingrat à dire. Je m'inquiète pour lui serait un affront autant à Isaac qu'à Noa, même si c'est exactement ainsi que je me sens. Je t'en prie, suis-le, assure-toi qu'il va bien n'est qu'une supplication de plus où elle pourrait me rire au visage en affirmant à quel point elle sait bien mieux que moi quoi faire pour qu'il aille bien, des tas de preuves à la clé. « J'ai oublié un truc je dois aller le chercher je reviens je pense je - » alors c'est un mélange de tout et de trop qui pousse ma silhouette à se redresser d'un bond, quittant la pièce suffocante bien plus par ma faute qu'à cause de quoi que ce soit d'autre la seconde d'après. |
| | | | (#)Mar 22 Sep 2020 - 22:35 | |
| Me montrer professionnelle et faire abstraction de tout sentiment envers Ginny était ce qu’il y avait de mieux à faire devant tous ces jeunes qui attendaient patiemment que le jeu commence. Une fois installés, une fois que j’étais prête à mettre en œuvre leurs explications que je n’avais pas trop bien saisi, Ginny se montrait coopérative pour me dire ce que voulait dire la carte qui nous donnait notre rôle. C’était bien le comble ça, qu’on fasse équipe, qu’on soit loup garou toutes les deux et que coute que coute, c’est ensemble qu’il faille finir cette partie – si j’avais bien compris – enfin, on avait de toutes façons une carte pour deux et j’allais devoir donc lui faire confiance et la suivre son avis, suivre son intuition, la suivre tout court. Alors que je n’avais aucune confiance en elle en réalité, si on pouvait parler de confiance. Le mot était peut être mal choisi, je devais sans doute dire que j’avais un gout très amer la concernant et qu’elle me renvoyait beaucoup sauf du bien. Mais rien n’était objectif dans ma réaction, rien ne l’était quand il s’agissait d’Isaac. Sans doute lui aurais-je dis de foncer si elle était avant tout mon amie, si elle s’était confiée sur des sentiments qu’elle éprouvait pour un autre que celui avec qui elle était, si tant bien était qu’Isaac n’était pas mon meilleur ami. Mais il l’était et elle n’était pas mon amie, les rôles étaient ceux-ci et je lui en voulais. Mais dans les murs de l’association Beauregard, j’étais la directrice et elle était bénévole et à aucun moment je ne pouvais tout mélanger. Isaac entrait dans la pièce et je remarquais aussitôt que le visage de la brune à mes côtés se décomposa, bien qu’on manquait de lumière, les traits se raidissaient et son ton était grave. Voulant reconcentrer son intention sur le jeu, alors qu’Isaac s’était volatilisé plus vite qu’il n’était venu, elle semblait ne pas réussir à faire abstraction de son interruption. « J'ai oublié un truc je dois aller le chercher je reviens je pense je - » et hop, Ginny avait disparu. « Mais on va pas pouvoir jouer tranquille ou quoi ? » j’avais presque envie de lui foutre une claque derrière la tête à Sophia. J’étais perdue et l’espace de quelques instants un peu trop fébrile à mon goût. J’avais, l’espace de quelques secondes hésité à me lever à mon tour et à la suivre. La suivre ou rejoindre Isaac, j’étais perdue entre gérer la réaction de mon ami ou se faire ressaisir une bénévole de l’association comme une autre, lui proposer d’aller prendre un verre et de se poser pour reprendre ses esprits. « Aller, c’est bon là, on continue ? » bien sûre que je ne pouvais pas leur en vouloir, que savaient-ils des histoires d’adultes ? Ne se moquaient-ils pas des romances, des tromperies, des trahisons quand eux même se battaient avec la vie ? Quels détails futiles pour eux des êtres qui se sont aimés et qui se déchirent à même intensité à présent ? « On y va… » je souffle, prête à affronter les villageois, la sorcière, la voyante et le chasseur alors que je m’apprêtais à suivre les consignes et jouer mon rôle de Loup du mieux possible. J’irai gérer Ginny et Isaac quand leurs tours seront venus…
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