« Okay, on récapitule. » elle pouffe de rire contre la nuque d'Ezra, quand la voix sérieuse de Ian emplit l'habitacle de la voiture. C'est qu'il se la pète l'ancien soldat, depuis que la fin du monde les a poussés à s'isoler tous les quatre dans le sous-sol des parents McGrath. Un mois à peine après leur mariage que les jeunes époux ont dû se planquer dans l'antre de ceux qui, dévorés pendant la première attaque de zombies, s'étaient opposés à leur union en clamant haut et fort qu'ils étaient en train de bousiller leur vie. Elle est drôle l'ironie.

« Jenna, tu t'occupes de faire le tour du parking avec l'auto. Tu ne t'arrêtes pas ; et si y'a quoi que ce soit, tu nous avertis et on dégage. » Jenna est installée au volant, elle a tourné la tête vers Ian le regard brillant, le sourire innocent hissé sur ses lèvres. Il n'a conscience de rien du tout, leur quatuor. Des années entières passées planqués à survivre sur les réserves de céréales et de conserves que la butler des McGrath avait accumulées en toute intelligence. Les mois et les années ont filé, ils n'ont été exposés à rien d'autre qu'aux reportages d'actualité qui ont bien vite fini par s'espacer jusqu'à disparaître, les équipes télé sur le terrain contaminées elles aussi.

« Gin, tu t'assures d'ouvrir les portes du supermarché, et tu vas en éclaireur. Pas. Un. Bruit. C'est toi qui va nous dire ce qu'il y a à l'intérieur mais tu fais pas de conneries, tu vas être seule les premières minutes. » à la mention de son nom, la brunette cesse sa mission concise d'embrasser chaque parcelle de peau du cou du Beauregard pour se redresser siège passager, pour rester le moindrement attentive. Elle hoche de la tête, sérieuse, jouant avec ses pinces de pickpocket de bac à sable pour se montrer fin prête à l'attaque.

« Ez, t'es avec moi. On entre par l'arrière, on prend tout ce qu'on peut, on fait pas la fine gueule. » nouveau rire de la part de la gamine qui une seconde tout au plus avant suppliait Ezra de prendre sa marque préférée de barres de chocolat, usant de toutes les moues piteuses qu'elle avait en banque pour le faire craquer, pour le faire céder. Ils sont cons tous, ils sont si naïfs, ils ont vécu dans leur prison dorée si longtemps qu'ils ne savent pas à quoi s'attendre, une fois qu'ils mettront le nez dehors. L'état du monde risque de les terroriser en un claquement de doigt.

« C'est qu'une histoire d'à peine quelques heures. » oh, s'il savait.

« Okay, on récapitule. » La voix de Ian vint sortir Ezra de sur son petit nuage, alors qu’il tentait de s’y échapper encore un instant de plus avec Ginny avant d’aller affronter le monde en dehors. Depuis des mois et des années, ils avaient vécu à l’abri du monde extérieur rien qu’à autre - et ça leur allait très bien. « Jenna, tu t'occupes de faire le tour du parking avec l'auto. Tu ne t'arrêtes pas ; et si y'a quoi que ce soit, tu nous avertis et on dégage. » Cependant, ils arrivaient sur la réserve de leurs réserves, et ils ne pouvaient pas continuer comme ça s’ils voulaient survivre encore plus longtemps. Le dehors était effrayant, le dehors était contaminé mais ils se retrouvaient au pied du mur. « Gin, tu t'assures d'ouvrir les portes du supermarché, et tu vas en éclaireur. Pas. Un. Bruit. C'est toi qui va nous dire ce qu'il y a à l'intérieur mais tu fais pas de conneries, tu vas être seule les premières minutes. » Et leur plan était prêt depuis des semaines, pourtant, mais Ian ne pouvait s’empêcher de venir en rajouter une ou deux couches pour être sur que tout se passerait bien. Mais quand il insistait sur la partie qui concernait Ginny, ça ne le dérangeait pas Ezra. Il était hors de question que quelque-chose tourne mal lorsque que ça la concernait elle, la gamine qui riait presque discrètement contre sa peau. « Ez, t'es avec moi. On entre par l'arrière, on prend tout ce qu'on peut, on fait pas la fine gueule. » « Promis je ferai attention s’il y a les chocolats dont tu me parles. » Les mots avaient été murmurés pour que seule Ginny puisse les entendre, mais apparement le calme environnant était trop important car son frère vint le toiser du regard dans le rétroviseur.

« C'est qu'une histoire d'à peine quelques heures. » Et après ils seraient de retour dans leur bunker et pourraient retourner à leur vie si innocente, si simple. Car ils avaient appris au début que des gens mourraient et que l’hécatombe se trouvait au delà de la porte de chez eux, que le monde qu’ils avaient tous connu était tombé dans l’oubli pour céder sa place à quelque-chose de bien plus terrifiant. Ils avaient simplement décidé d’ignorer cette nouvelle information et de profiter de leur lieu sur. « Et après on pourra regarder pour la millième fois les Goonies si on pédale assez au générateur d’électricité. » Parce-que la belle vie les avait accueillis dans le bunker, déjà équipé pour ce type d’apocalypse. Et il vint avoir un petit rire, Ezra, avant de déposer mille et un baiser sur le visage de Ginny, avant de réarranger une de ses mèches de cheveux et avant de sortir de la voiture. « Jette un oeil sur elle Jenna, sinon c’est toi qui servira de diner ! » Mains autour de la base de baseball, Ian et Ezra disparaissent du champ de vision des demoiselles pour atteindre l’entrée de derrière l’instant d’après. Le calme dominait les échos, leurs pas comme simples perturbateurs. « Tu penses qu’on pourrait trouver un gâteau pour l’anniversaire de Jenna ? » Les mots étaient destinés à Ian, dont le regard était un brin trop sérieux aux yeux d’Ezra. « C’est la semaine prochaine, si t’as oublié. » Le plus vieux des deux Beauregard vint soupirer. « J’ai pas oublié, juste j’aimerais bien être encore en vie quand ce sera son anniversaire donc parle moins fort. » Les yeux d’Ezra vinrent décrocher le ciel.

« Promis je ferai attention s’il y a les chocolats dont tu me parles. »
« Promis je partagerai - un peu - je crois - te fais pas d'idées j'en doute encore. »

Elle ne les voit pas, le plus volontairement du monde, les regards exaspérés que Ian renvoie à son frère dans le rétroviseur de la voiture aux vitres défoncées qu'ils ont trouvée au détour d'une ruelle. Les bancs puent la pluie, la clope et une odeur de fer bien trop similaire à du sang séché pour qu'ils aient pu le nier, peu importe à quel niveau d'insouciance se trouvent-ils actuellement. Un niveau où Ginny écoute le plan tant calculé et répété des dizaines de fois d'une oreille distraite, les siennes sur la fréquence d'un Ezra aux mains baladeuses qu'elle attrape, joueuse, au vol. « Et après on pourra regarder pour la millième fois les Goonies si on pédale assez au générateur d’électricité. » « C'est le tour de Ian ce soir, tu t'en sortiras pas comme ça, le cerveau de l'opération perd du muscles dans les mollets là. » Ian qui a passé des semaines à chercher sur des cartes le supermarché le plus proche d'eux tout en étant susceptible de ne pas avoir été trop vidé par une population paniquée. Il a bossé comme un héros l'aîné Beauregard, et ils lui en seront éternellement reconnaissants - quand ils auront une fois pour toutes eu la confirmation que ce ne sera pas eux deux qui devront s'occuper du générateur à défaut d'avoir les jambes courbaturés en permanence. Ils adoraient les vieux films de l'enfance des McGrath, au point où ils les connaissent par coeur. L'Apocalypse leur avait aussi permis d'apprécier les plus petits détails des Teenage Mutant Ninja Turtles.

« Jette un oeil sur elle Jenna, sinon c’est toi qui servira de diner ! » Ezra et Ian finissent par sortir de leur côté, Ginny du sien. Jenna reste en plein contrôle de la voiture, elle qui fera des tours dans un parking absolument vide d'apparence, le temps de s'assurer que tout ira bien. « Blablabla oublie pas mes chocolats! » la voix de la brunette porte, son sourire s'y entend aussi. La seconde d'après, les garçons tournent un coin, elle ne les voit plus sans s'en inquiéter le moindrement. « Tu penses qu'il va oublier mon gâteau? » ses pas s'égarent aux côtés de la bagnole en marche, elle avance au rythme du moteur de Jenna le temps de repérer la porte que Ian lui avait pointée sur sa carte peu de temps avant qu'ils ne quittent leur planque. « Je lui rappellerai t'en fais pas. Avec une claque derrière la tête. » l'une rigole, l'autre lui fait écho. Quand Ginny tapote le toit de tôle de la voiture, Jenna part de son côté, et elle du sien. « À tout de suite! »

Contre le bitume craquelé elle presse ses Converses, l'australienne. Pas particulièrement stressée, elle n'a absolument pas conscience du danger qui pourrait sortir de tous bords tant elle n'a aucun référent tangible de la situation. Elle ne voit rien, se contente de ne voir que la serrure maintenant. Alors qu'elle se penche devant l'immense porte à l'arrière du commerce, celle qui donne sur l'entrepôt où des victuailles risquent d'être encore empilées. La porte donc, celle faite de ferraille et qui n'a pas cédé malgré les divers coups reçus qu'elle remarque là où le métal est enfoncé.

Derrière elle, un bruit distinct la fait sursauter et d'un coup sec, elle jette un coup d'oeil par-dessus son épaule au cas où elle ait été repérée.


WIN : personne en vue pour le moment, tout va bien dans le meilleur des mondes
SO CLOSE : elle voit l'ombre d'une silhouette, pas sûre si c'est un zombie ou un(e) allié(e)
FAIL : elle n'a vu aucun zombie, mais les zombies l'ont vue elle

Leurs pas les menèrent jusque là première porte fermée du magasin, celle qui devait jadis servir pour l’entrée du personnel. Ian vint attraper la batte de baseball des mains de son frère afin de faire céder le cadenas qui, miraculeusement, se trouvait encore dessus. Le bruit de l’appareil cédant sous la force résonna dans le magasin. « C’est à partir de maintenant qu’il faut qu’on fasse plus attention, on aura plus d’endroits où partir en courant. » Il aurait bien levé une nouvelle fois les yeux au ciel, Ezra, mais le regard que son frère lui jeta cet instant là lui firent plutôt lever les mains en l’air, comme s’il devait prouver quelconque innocence.

L’air était plus humide à l’intérieur de la bâtisse. Les sources de lumière étaient rares et ils durent allumer leur lampe de poche à peine le premier pas ayant franchi le seuil de porte. Et si Ezra ne se souciait pas réellement de ce monde extérieur dont il avait tant entendu parler, le fait de se retrouver confronté à ce magasin vidé de toute âme lui donne froid dans le dos. S’il y avait bien un endroit avant où l’animation ne cessait jamais, où les cris des gamins se faisaient entendre du matin au soir et où les discussions se faisaient bon train, c’était bien les supermarchés. Quelques pas à l’intérieur, un coup d’œil déjà en arrière en direction de la porte. « T’es sur qu’on va trouver quelque chose ici ? » « J’ai jamais dit que j’étais sur. » Et pourtant, là résidait toute la base du plan de Ian.

Soupirant, Ezra vint sauter par dessus l’une des caisses de paiement du magasin afin de pouvoir avoir accès aux rayons et aux étalages. Une odeur nauséabonde se faisait de plus en plus sentir au fur et à mesure que ses pas le faisaient avancer dans la boutique mais il avait décidé de ne pas y prêter attention. A un moment, il vint trouver un Frisbee sur une étagère et d’un petit rire, il vint se tourner avec le jouet en mains en direction de son frère. « Tiens Ian, attrape ! »

Spoiler:

Pas le moindre zombie ne partage le parking avec elle et c'est bien ce qui la fait éclater de rire de suite, la gamine. Probablement que tous les quatre, ils se sont fait peur avec rien. Avec un peu de chance, tout se passera bien aujourd'hui, de la serrure de l'immense porte qui cède sous ses doigts agiles aux victuailles que les gars arriveront aisément à trouver et à dérober. La situation n'est pas aussi grave qu'elle en a l'air, et quand on est coupés de toute civilisation depuis aussi longtemps, c'est assuré qu'on croit que de telles réflexions n'ont pas une part de raisonnable. Elle ne les voit pas Ginny, les paires de yeux qui sont braquées sur elle derrière les cartons empilés et défaits, poisseux de l'entrepôt. Elle ne les voit pas mais eux l'ont vue - c'est à se demander ce qu'ils attendent pour réagir, pour se mettre en travers de son chemin.

Le chemin d'ailleurs, qu'elle égraine maintenant à travers les différentes sections du supermarché. Ce serait trop beau que les caméras fonctionnent encore, elle est donc obligée d'avancer à tâtons entre les allées le temps que mettront Ezra et Ian à arriver pour voir ce qui peut bien les attendre ici. L'endroit est sombre, éclairé seulement par la lumière du jour. Les vitres sont éclatées, les étalages renversés, il y a du sang séché sur le linoléum vernis qui semble avoir été léché et à ça, elle détourne le regard de suite.

Son expédition en éclaireur la guide maintenant vers les frigos. Ceux qui ne sont plus en marche depuis si longtemps qu'une odeur nauséabonde, la même que respireront les garçons qui viennent à l'instant d'entrer, lui arrache un haut le coeur. Au sol, de suite, ses prunelles se vissent sur l'inévitable : une silhouette recroquevillée, secouée de soubresauts inquiétants.

WIN : c'est un humain non contaminé, mais totalement effrayé
SO CLOSE : c'est un humain contaminé, qui n'est pas transformé encore
LOSE : BRRRRRRRRRAAIIIIIINNSSSSSSS

Le Frisbee était à peine lancé, à peine avait-il quitté les mains d’Ezra que Ian tendait déjà le cou, regardait dans sa direction et venait attraper le jouet fendant l’air. Il venait de réagir avec une aisance naturelle qui vint tirer une petite moue blasée. « Tu devais pas réussir à l’attraper normalement. » Et il serait venu en rire, Ezra, à outrance et aux éclats, lorsque le Frisbee serait venu heurter l’arrière du crâne de son frère. Ca aurait été vilain mais il s’en serait voulu bien plus tard que ça. Entre eux, les blagues et les moqueries avaient toujours été de mises et surtout privilégiées. Ezra ne comptait pas arrêter parce-que l’apocalypse avait décidé de prendre en mains leur destin.

« Concentre toi à trouver de quoi bouffer ce soir, Ez. » Les mots de Ian étaient presque doux alors que ses yeux venaient de tuer son frère deux fois de suite. Levant les siens au ciel, Ezra se remit en marche. Les rayons défilaient sous ses yeux et les éléments restant dans ces derniers n’étaient, en réalité, guère intéressants. Quelques éléments leur permettraient peut-être d’améliorer un peu leur quotidien - il avait repéré quelques livres restant et semblant intéressantes -, mais pas de signes de nourriture encore conservée à l’horizon. « Tu lui as promis quoi, à Gin ? » Il vint tourner son regard vers son frère. « Hm ? » « Dans la voiture, tu lui as promis quoi avant de venir ici ? » La curiosité de Ian n’était pas habituelle, pas comme ça, pas si sérieuse. Ezra était quelque peu perturbé, mais haussant les épaules, il vint lui répondre avec un petit sourire aux coins des lèvres. « De chercher son chocolat préféré. » C’était simple et enfantin, mais c’était à ça qu’ils avaient toujours carburé, Ginny et lui. A la simplicité, à la complicité. Son frère vint détourner le regard, haussant ses épaules à son tour. « Dis moi si tu trouves un gâteau pour Jenna. » Il changea de rayon avant que Ezra puisse lui adresser son sourire ou une moindre remarque - mais Ian venait de démontrer qu’il tenait réellement à la jeune femme.

Et alors qu’il allait suivre son frère, et alors qu’il allait continuer les recherches, un bruit vint se faire entendre dans le rayon situé de l’autre côté de l’allée. Fronçant les sourcils, Ezra fit un pas en arrière, plissant les yeux et tentant de comprendre ce qu’il voyait dans la semi-pénombre. « Y’a un truc là, Ian… » Et il mentirait s’il disait que son coeur ne s’était pas mis à battre un brin plus vite lorsqu’un reflet se fit voir dans cette direction.

Spoiler:

Ses yeux restent scotchés sur la première et seule silhouette autre que celles de Jenna, Ian et Ezra qu'elle a bien pu côtoyer depuis tout ce temps. L'impression est étrange, comme si elle le connaissait depuis toujours autant que depuis jamais, cet humain désarticulé aux vêtements tachés et déchirés. Elle a bien appris Ginny, quand à prime abord elle garde ses distances, attendant qu'il lui parle, ou du moins qu'il relève la tête vers elle.

Ce qu'il fait, quand elle se racle doucement la gorge pour signifier sa présence. Ses doigts se resserrent entre eux, elle n'a aucune arme si ce ne sont que ses baskets pour s'enfuir à la seconde où elle se sentira en danger. C'était ça le plan d'origine, que peu importe le risque elle puisse courir le plus loin possible à tout moment. Pourtant, lorsque le pauvre homme finit par redresser le menton et que ses prunelles à elle se braquent dans les siennes à lui, c'est son coeur qui se brise instantanément.  

Il n'a rien des monstres glauques que les films de zombies lui ont appris à faussement craindre, il n'a rien de grotesque non plus dans aucun de ses traits. Il est terrorisé, l'homme affalé au sol, son regard est brouillé de panique, il hyperventilerait presque tellement sa cage thoracique alterne les inspirations et les expirations avec panique. Elle en oublie toutes ses promesses en l'air et toutes les mises en garde stupides que Ian a bien pu lui faire jurer de tenir. Quand elle fait un pas, un seul, vers ce pauvre gars paumé et perdu qui ne lui semble absolument pas menaçant. Il est terrifié, il a sûrement vu l'horreur et il a sûrement vu la mort de si près qu'il a besoin de savoir qu'il s'est fait une alliée, envers et contre tout.

« Tout va bien aller, je te le promets. » qu'elle s'entend dire, la gamine dans un corps d'adulte, qui reste horrifiée par les traces de sang, de terre, et de dizaines de liquides non-identifiés sur les tissus du type blessé.


WIN : il lui répond que tout va bien, qu'il a juste besoin d'aide pour se relever
SO CLOSE : il lui répond qu'il a peur, la supplie se rapprocher
LOSE : il ne répond rien, s'élance sur elle plutôt : la transformation s'est fait vite oupsie

Il savait que c’était risque que de tenter de faire un pas en avant, et avant même qu’il ne puisse y penser, Ian vint poser une main ferme sur son épaule. « Tu bouges avant mon signal, je te laisse sur le carreau et je repars sans toi. » Et pour une fois, promis qu’il ne vint pas râler, le petit frère. Il ne vint même pas lever les yeux au ciel - non, il se contenta de hocher une ou deux fois la tête, approuvant les paroles de Ian. Ce dernier vint lever la lampe torche en direction du rayon plongé dans la pénombre, et le faisceau de lumière vint éclairer un serpent, probablement autant surpris que les deux Beauregard dans cette situation.

Un soupire de soulagement vint s’échapper de concert d’entre leurs lèvres. « Heureusement c’était pas une araignée, j’aurais moins fait le malin. » Heureusement que ce n’était pas un zombie, tout simplement aussi - ce dernier ne se serait pas posé deux fois là question quand à savoir s’il plongea sur l’un ou sur l’autre d’abord, pour dévorer son diner. « Viens, perdons pas de temps. » La main toujours sur l’épaule d’Ezra, il vint entrainer ce dernier afin qu’ils accélèrent un brin le pas.

Leur sac fut, l’instant d’après, encombré de quelques babioles supposées utiles dans un futur lointain - mais le confort que leur offrait ces objets ne pouvait être négligé. « Cette bobine nous permettra d’améliorer le générateur. » Un confort, une nécessité, étant donné qu’ils ne savaient pas encore combien de temps cette nouvelle ère allait durer. La concentration d’Ezra avait cependant diminué de plus de moitié désormais, alors que son regard parcourrait les rayons alentours. « Quoi ? » « Je pensais qu’on aurait rejoint Ginny depuis le temps… » Et en même temps, le magasin était grand, et elle étai rapide à la course la gamine. Ce fut en balayant les alentours du regard pour retrouver sa donzelle que le regard d’Ezra s’arrêta subitement. « Ian tiens, regarde. » Sa main vint plonger en avant vers une boite de gâteau, sans éclairer la zone avant, le sourire béat accroché aux lèvres. « Ezra ! »

Spoiler:

Les vêtements incarnadins du gars affalé au sol ont tout d'un mourgouillis informe, tachés de sang, de terre et de la vie qu'il a dû mener bien loin de tout endroit calme, bien loin du moindre thébaïde. Ils vivent tous les deux dans une période où l'Apocalypse aurait totalement dû effrayer la brunette qui évidemment hésite à avancer d'un pas de plus vers lui. Sa longanimité la fascine Ginny, quand elle l'observe de ses grands yeux inquiets, fatalement curieuse et éplapourdie de savoir s'il parlera, s'il annoncera ses couleurs. Elle n'a pas côtoyé personne sauf ceux avec qui elle se cache depuis des années, l'inconnu est donc la première touche d'humanité - croit-elle - qu'elle réussit à croiser.

Elle a tout de l'ingrate, l'australienne qui finit de le scruter quand, prise sur le fait, elle entend sa voix rauque à lui s'élever dans les frigos qui jadis devaient être glacés. Qui aujourd'hui puent presque autant que si une armée de croque-lardon s'étaient attaquée à la viande avariée qui traînent ça et là à leurs pieds. « Je suis okay, j'ai juste besoin d'aide pour me relever. » il est hésitant dans ses mots, cherche comment parler, mais arrive à articuler chaque lettre lentement, se veut totalement compréhensible. Elle est apparemment sa seule chance de reprendre contenance et de se mettre sur pied, il prend donc ce qui lui reste. « Bien sûr ; fais-moi confiance, on va te sortir d'ici en un morceau. »

Aussi calme et bonace que les flots de l'océan qui bordent la ville, elle s'avance Ginny, elle ose. Elle fait confiance en se jurant qu'il y a encore des gens sur cette Terre qui sont bons, qui ne sont pas infectés, qui valent la peine d'être sauvés. Elle y croit la brunette, jusqu'à la dernière seconde, quand il passe son bras autour de ses épaules et elle autour de ses hanches, quand d'une impulsion elle le ramène à la verticale. Il est fort et il est stoïque, il est lourd et elle l'imagine déjà s'en sortir sans le moindre traumatisme, totalement immarcescible. Elle rêve d'assister à sa sortie du supermarché, lui plein d'espoir et de rêve,  l'observer prendre un grande bouffée d'air en rêvassant de la vie qu'il pourra assouvir de nouveau, lui et ses aspirations à la postéromanie pour repeupler un monde de bonté, de candeur. Pourtant, c'est tout ce qui s'envole à peine la seconde d'après, dès lors que les yeux de celle qui jadis était peintre croisent ceux, d'abord rosés puis de plus en plus injectés de sang de l'homme qui se retient sur elle comme si sa vie en dépendait. C'est un peu le cas, en fait. « Jarnicoton! » qu'il scande, son accent marqué laissant deviner qu'il n'est pas d'ici, qu'il gruge ses dernières réserves d'humanité avant de se mettre à trembler, à cracher, à être secoué de soubresauts, à la prendre pour cible.

Il fixe sa nuque, il s'élance à réduire les quelques centimètres de distance qu'ils avaient encore entre eux, et elle, elle oublie toutes les remontrances de Ian en poussant le plus terrifiant et terrifié des hurlements dans son entreprise.


WIN : il ne l'a pas mordue MAIS le cri de Ginny a alerté une dizaines de zombies affamés
SO CLOSE : il l'a mordue à l'épaule mais elle ne réalise pas tout de suite si la morsure est allée plus loin que ses vêtements
LOSE : mordue à la nuque, elle pisse le sang, fun times ahead my friends