C'était risqué, vraiment trop risqué. Et pourtant jamais je ne pourrais retirer mon sourire, immense, de sur mes lèvres. La salle de classe était pleine, tous les postes étaient pris. Ne reste que celui libre aux côtés d'une brunette rayonnante qui semble tellement être dans son élément que je ne peux pas être plus ravie que je le suis d'être jumelée avec elle.

Mon sourire est solaire, mes yeux pétillent. Les comptoirs sont remplis d'ingrédients de toutes les couleurs et de tous les parfums, on nous laisse le temps de les regarder et de les compiler, de se familiariser. Si les dernières semaines ont été complexes à devoir vivre au creux de mon lit en attendant que Sage et Heïana me confirment toutes les deux plusieurs fois que je pouvais reprendre le cours normal de ma vie et que la grossesse allait bien, n'en restait que c'était une véritable bouffée d'air frais d'être ici aujourd'hui.

Auden ignore que je me suis inscrite à un cours de cuisine ; et non, j'ai pas caché le plan pour lui faire la surprise d'un repas entier cuisiné par mes soins au retour d'une longue journée de classe. Mais bien parce que je sais qu'à la seconde où il l'aurait appris il aurait été pris de la toux de rire la plus blessante et la plus piquante du monde entier, toux qui l'aurait fort probablement étouffé dans son souffle. J'ai pas envie qu'il meurt et j'ai encore moins envie qu'il se moque, le goujat. Quand il sait aussi bien que moi que c'est ma faute à moi et moi seule si la majorité des casseroles sont hors d'atteinte par mes mains dans notre cuisine - j'en ai tellement cramée que je n'ai plus de doigts pour les compter.

Le professeur nous rappelle à l'ordre, nous annonce que le cours de cuisine commence dans cinq petites minutes. Juste assez de temps pour tourner la tête vers celle qui s'avère être ma partenaire de classe aujourd'hui. Un sourire de plus, et c'est parti.

« J'ai tellement hâte que ça commence! Penses-tu qu'il va nous montrer comment s'assurer de ne pas bousiller du riz? » oh Ginny. Si seulement j'avais lu les petits caractères sous le titre de l'annonce présentant le cours dans un journal lambda. Où on mentionnait clairement que la classe débutants était à onze heures. Pas une heure avant, pas maintenant en somme. Bienvenue chez les experts, coco.



 
@livia visconti

La cuisine était sans conteste l’une des rares activités qui avait toujours rythmé la vie de l’italienne, aussi loin qu’elle puisse s’en souvenir. Avant même qu’elle-même n’ait pu réaliser qu’elle ne constituait pas vraiment une priorité suffisante aux yeux de ses parents pour qu’ils daignent lui consacrer leur temps libre et le perdent en sa compagnie, elle avait déjà pris l’habitude d’observer ce qui se tramait dans la cuisine lorsque leur employée de maison préparait des risotto qui dispersaient leurs odeurs jusque dans les chambres. Gamine émerveillée, elle avait passé des heures le menton posé sur le rebord du comptoir, à observer cet art de la cuisine avant même qu’elle ne commence à le pratiquer elle-même. L’ouverture de son épicerie avait marqué un tournant, et celle qui se mouvait au quotidien au milieu des produits alimentaires ne s’était jamais départie de son attrait pour la cuisine qu’elle considérait comme une passion en perpétuel renouvellement. Sans se considérer comme une cuisinière émérite car le style de la maison n’était pas à la fierté mal placée mais plutôt à la peur constante de n’avoir pas fait assez bien, Livia savait pourtant qu’elle ne s’en tirait pas si mal lorsqu’il s’agissait de fourneaux - et c’était pour cette raison qu’elle s’était laissée aller à s’inscrire à un cours de cuisine de niveau avancé, en espérait réussir à suivre.

Le stress coulait dans ses veines malgré son sourire grandissant qui annonçait son enthousiasme quant au cours qui allait débuter d’une minute à l’autre et pour lequel elle se retrouvait en binôme avec une brune au même sourire solaire qui ne pouvait lui inspirer que de la sympathie. Livia était là pour apprendre - et pour réussir ses créations, tout de même - mais l’idée de partager cet instant en compagnie d’une autre femme tout aussi avide d’apprendre qu’elle suffisait à lui confirmer qu’elle se trouvait au bon endroit - en compagnie de personnes qui partageaient sa passion, et il n’y avait rien de plus agréable. « J'ai tellement hâte que ça commence ! Penses-tu qu'il va nous montrer comment s'assurer de ne pas bousiller du riz ? » Hein ? Livia afficha un sourire figé une fraction de seconde avant de rire doucement - elle lui inspirait des ondes positives, la brune, et il fallait dire qu’elle ne manquait pas d’humour. « Si seulement c'était si facile ! » qu’elle lâcha d’un air sourire amusé avant d’écarter les mèches brunes qui lui barraient le visage. L’idée que la question ait pu être sérieuse était encore bien loin d’elle, peu encline à imaginer le pire. « Je ne sais pas du tout ce qu’il a prévu comme recette, j’ai hâte de voir ça mais j'ai un peu peur ! » L’italienne enfila son tablier qu’elle prit soin de bien nouer fermement autour de sa nuque, avant de se retourner vers la brune avec un air inquisiteur qui transpirait la curiosité. « C’est la première fois que tu testes ce cours ? »

« Si seulement c'était si facile ! » et c'est un long soupir si rassuré qui coule le long de mes lèvres de la voir abonder dans mon sens. Bien sûr que je sais à quel point je pars de loin en cuisine. Pourtant, de trouver quelqu'un qui comprend parfaitement à quel point la motivation ne vaut pas le talent c'est on ne peut plus rassurée que j'enfile l'un des tabliers à disposition pour m'assurer d'être prête à lancer les fourneaux dès que la classe débutera. « Je ne sais pas du tout ce qu’il a prévu comme recette, j’ai hâte de voir ça mais j'ai un peu peur ! » « Tout devrait bien aller, habituellement ils se fient vraiment au niveau des gens. » mes doigts distraits s'amusent avec les spatules et autres louches à proximité. À mes yeux, jamais on nous fera cuisiner des trucs hyper complexes comme des fondants ou pire des pâtes fraîches à la première classe. Tout devrait bien aller, donc.

Les autres participants dégainent cahiers de notes et stylos. Pour ma part, je suis médusée par le panier d'ingrédients variés et tous plus inconnus les uns que les autres que je vois le professeur déposer la seconde d'après sur son comptoir de travail. « C’est la première fois que tu testes ce cours ? » « C'est quoi ça? » que je demande, hilare, voyant l'enseignant dégainer une courge à la couleur comme à la forme étranges que je n'ai encore jamais vues de ma vie.  « Oui, la première fois. » restant tout de même fascinée sur l'aliment. J'en profite pour en scruter tous les angles, bien plus intriguée qu'apeurée maintenant. « J'avais envie de sortir vite et bien de ma zone de confort. » mes prunelles rieuses finissent par quitter la courge inconnue pour revenir se plonger dans celles de la brunette à mes côtés. Elle n'a pas besoin de savoir qu'il s'agit de la première activité que je fais depuis que Sage m'a donné l'autorisation de sortir et de recommencer à vivre un peu. « Et toi? Tu es prête à relever le défi? » j'éclate de rire, alors que le professeur à l'avant semble vouloir attirer notre attention. La classe commence.

« Tout devrait bien aller, habituellement ils se fient vraiment au niveau des gens. » Et c’est justement toute la crainte de Livia, de ne pas être au niveau des autres élèves pour qui la notion de cours ‘avancé’ n’a pas même pas la même signification que pour elle. Cependant, loin d’elle l’idée de cacher sa crainte, d’autant plus devant la brune qui affiche un sourire sincère qui suffit à faire croire à l’italienne qu’elle ne serait pas du genre à se moquer. « C’est ça qui me fait peur, je ne connais pas vraiment le niveau attendu pour ce cours. » A cet instant-là, le professeur prend place à l’avant de la salle et leur fait signe que le cours est sur le point de débuter, tandis qu’il se saisit de divers ingrédients - sans doute ceux de la première recette - qu’il dispose devant lui. « C'est quoi ça ? » Pour la seconde fois, Livia hausse un sourcil étonné, mais n’a pas l’esprit suffisamment mal tourné pour faire quoi que ce soit de cette surprise et des questions quelques peu particulières de la brune. Sans doute se demande-t-elle ce que compte faire le professeur de cette courge butternut qu’il fait rouler entre ses mains - après tout, ce n’est pas vraiment le légume le plus commun. L’italienne sourit discrètement à la vue des divers ustensiles qu’il entreprend ensuite de poser côte à côte devant lui, aux yeux de tous les participants. « J’adore la butternut. J’en fais des veloutés mais ça m’étonnerait qu’il nous apprenne à faire une soupe... » Trop facile. Elle émet un léger rire à l’idée, même si la soupe l’arrangerait bien - ça au moins, elle sait à l’avance qu’elle maîtrise.

« Oui, la première fois. J'avais envie de sortir vite et bien de ma zone de confort. » Livia plisse les paupières tout en lui rendant son sourire éclatant. « Tout pareil. » Cela fait des années qu’elle se perfectionne seule, se lance des défis de temps à autre, mais elle doit bien avouer que lorsqu’elle invite, elle se tourne quasiment toujours vers les mêmes recettes qu’elle maîtrise le mieux. Sauf que si elle espère vendre un jour ses propres plats à l’épicerie, il est temps de se renouveler et de sortir de sa zone de confort qu’elle ne connaît que trop bien. « Et toi ? Tu es prête à relever le défi ? » Prête ? Oui. Sereine ? Pas vraiment. A défaut, elle hoche la tête en offrant une moue qui laisse transparaître son stress, avant de reporter son attention vers le professeur qui leur présente les divers produits dispersés devant lui. Elle lance un regard en coin à la brunette qui l’accompagne et chuchote. « Au fait, moi c’est Livia. » Le professeur élève enfin la voix - en guise de démarrage du cours, ce seront donc des accras de butternut. L’italienne laisse échapper un léger soupir de soulagement, alors qu’elle s’imaginait déjà bien pire, ce qui risque néanmoins d’arriver ensuite. « Je m’attendais à un truc infaisable » lâche-t-elle avec un sourire amusé. Puis elle avise d’un oeil tous les ustensiles qui s’offrent au duo, bien plus que ce dont elles ont réellement besoin pour cette recette. « Tu préfères t’occuper de la garniture ou de la panure ? »

« J’adore la butternut. J’en fais des veloutés mais ça m’étonnerait qu’il nous apprenne à faire une soupe... » trop difficile. Juste peler la courge et la couper me semble être déjà un travail de moine tellement sa forme est particulière. Oh, et y'a des graines à l'intérieur sûrement non? Comment on est censé préparer une courge déjà? Comment est-ce que Auden fait? Oh, qu'il se moquerait s'il était là. Oh que je bénie le jour où j'ai arrêté de le croire quand il disait avoir appris à lire dans les pensées en vendant son âme au diable.  

Elle est là pour sortir de sa zone de confort elle aussi et ça a le don de me rassurer directement. C'est toujours un peu stressant d'être du côté de l'étudiant et non de l'enseignant. Si j'arrive à apprendre au moins un truc aujourd'hui, ce sera beaucoup plus simple et beaucoup plus facile pour moi de reprendre confiance dans une cuisine et d'espérer y laisser dans mon sillage autre chose qu'un parfum d'aliments éternellement brûlés et des dizaines d'infinités de miettes d'ingrédients non-identifiés. « Au fait, moi c’est Livia. » « Ginny. » à son sourire s'ajoute le mien, et à notre attention totalement rivée s'ajoutent les indications du professeur.

Puis, le monde s'écroule.

« Je m’attendais à un truc infaisable » mais c'est infaisable ; et puis c'est quoi des accras? Et puis, pourquoi il parle de couper et de mélanger et de frire et de garnir et on fait quoi et dans quel ordre déjà?
« Tu préfères t’occuper de la garniture ou de la panure ? » de rien, je préfère m'occuper de strictement rien et simplement reprendre ma place de goûteuse, place testée et approuvée. Je préfère ce rôle-là envers et contre tout. « Y'a une garniture ET une panure? » tout, doux doux Ginny.

J'inspire, reprends contenance, ravale ma salive et hoche de la tête avec toute la détermination que j'ai mise pour affronter les dizaines de milliers d'épreuves qui ont ponctué ma vie depuis des années. J'ai survécu à un gamin malade désormais en rémission, à un déménagement de force à Londres, à une dépression étalée sur plusieurs années et à marier un gars qui est blacklisté de la grande majorité des restaurants de la ville parce que lui il est un vrai chef pour vrai avec des opinions aussi tranchantes que ses couteaux pas juste un cuistot de bas étage comme moi.

Si j'ai survécu à tout ça, je survivrai à aujourd'hui aussi. « Je vais chercher ce qui nous manque dans le garde-manger. » que j'annonce donc, en totale confiance, attrapant la liste des suggestions et autres ajouts que le professeur vient déposer sur notre plan de travail comme sur celui des autres équipes d'étudiants. Tout ira bien.

les dés te manquaient avoue:

“Ginny.” Les deux sourires se croisent et se répondent, tandis que Livia détourne son attention sur le professeur et la première recette du jour. Des accras classiques, ça n’aurait pas été sa recette favorite, mais des accras de butternut, ça ne peut pas mieux tomber - autant dire que si elle s’en sort bien, la recette sera ajoutée à ses dîners hebdomadaires, voir même à la future liste des plats vendus à l’épicerie. Le cours commence plutôt bien, et l’italienne a bon espoir d’être tombée sur la partenaire idéale, bien loin du tyran qui ne la laisserait pas en placer une et qu’elle a un instant imaginé en franchissant la porte de la salle. “Y'a une garniture ET une panure?” Comme des accras, oui. C’est évident, non? Elle est vraiment marrante, cette Ginny, mais un peu étrange tout de même. Livia penche sur la tête sur le côté, plus vraiment certaine s’il s’agit désormais d’une plaisanterie ou d’un étonnement non feint. A choisir, elle préfère encore s’en amuser. “C’est ça qui les rend trop bons.” Puis elle lève les mains d’un air faussement désemparé avant de laisser échapper un léger rire à travers ses lèvres. “Et trop caloriques, mais on va pas penser à ça.” Heureusement, les quantités qu’elles doivent préparer semblent suffisantes pour deux personnes, à en juger par la liste des ingrédients que dépose enfin le professeur sur leur table. “Je vais chercher ce qui nous manque dans le garde-manger.” “Ça marche.” L’italienne s’incline devant la détermination de la brune qu’elle laisser filer vers la réserve, préférant s’affairer à vérifier tous les éléments à leur disposition pour préparer cette recette et celles qui suivront - quand bien même elle pourrait réaliser celle-là chez elle. Un mixeur, une râpe et une casserole, c’est tout ce qu’il leur faut, alors que Livia a imaginé mille et milles fois encore tous les instruments inconnus qu’elle aurait sûrement à magner.

Comme promis, elle s’attelle à sortir le mixeur puis la poêle en attendant que Ginny revienne avec les ingrédients nécessaires, c’est-à-dire pas grand chose puisque la butternut se tient déjà sur le plan de travail. En même pas deux minutes, Livia relève les yeux de la table pour regarder les diverses personnes ressortir de la réserve avec leurs ingrédients en main, alors que Ginny se fait attendre. La patience est une vertu que Livia aime à pratiquer, mais au bout d’un temps qui commence à lui paraître trop long pour être normal, elle finit par se détourner de sa table pour se diriger vers la réserve à son tour. Peut-être qu’il n’y a pas assez de quantités pour tout le monde ? Ou que quelqu’un demande conseil à Ginny ? Sait-on jamais elle puisse aider, l’italienne tourne à l’angle de la réserve pour se retrouver face à la brune… le nez dans un pot de caramel salé. Les sourcils se haussent seuls tandis que Livia lève des bras désemparés, ne voyant même pas le reste des ingrédients dans les bras de Ginny. “J’y crois pas... j'espère pour toi qu’on aura pas de recette au caramel après, parce que sinon une équipe va se retrouver sans son pot.” Devant le ridicule de la situation et la pointe de caramel qui trône à la commissure des lèvres de Ginny, Livia ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Sa voix ne se teinte même pas d’énervement, mais plutôt de surprise. “Je comprends la tentation et je suis sûre qu'il est super bon, hein, mais… t’as mis où le reste ?” La farine, la levure, l’huile, le lait, tous les trucs un peu plus essentiels que le caramel salé à la préparation d’accras salés ?

“J’y crois pas... j'espère pour toi qu’on aura pas de recette au caramel après, parce que sinon une équipe va se retrouver sans son pot.” c'est dans un sursaut et un grand que je me détourne pour finir par accrocher mes prunelles honteuses à celles de Livia. Elle éclate de rire, directement, son hilarité dessinant d'adorables fossettes au creux de ses joues. Les miennes sont tartinées de caramel et autant que sont collants mes doigts, autant mon sourire redouble en grandeur quand je réalise qu'elle n'est pas là pour me presser ni même pour me retirer le pot des mains. La classe continue derrière elle, et le garde-manger me semble être le meilleur refuge pour éviter de me brûler avec la majorité des électroménagers de cuisine qui traînent ça et là dans la pièce.

Livia reprend son sérieux, et moi, je pique une dernière bouchée, me jurant qu'elle sera la dernière - jusqu'à la prochaine. “Je comprends la tentation et je suis sûre qu'il est super bon, hein, mais… t’as mis où le reste ?” « Juste ici. » que je finis par répondre, les lèvres gommées de sucre grillé, essuyant le tout du mieux que je peux du revers de la paume avant de lui pointer d'un index confiant les rations d'ingrédients que j'ai dénichés au mieux de mes connaissances. Elles sont absentes, par contre, mes fameuses connaissances, et c'est là où je doute de moi autant que possible, encore et toujours.

« J'ai fait erreur? » parce qu'entre les pots et les indications, qu'entre la liste que j'ai à peine mémorisée et qui maintenant se tient sous une bouteille d'huile à moitié vidée déversée sur les quantités, ça serait possible. Des prunelles, je tente au mieux, faisant l'inventaire en essayant de me rappeler quels sont les ingrédients que j'ai déjà vu Auden utiliser, ceux qui sont soit ses préférés soit ceux qu'il déteste pire que tout. « Ça se pourrait. » encore heureux, elle est aussi inscrite à cours pour débutant ; elle jugera pas ma sélection peu importe celle qui se trouve sous son nez.



WIN : elle a bel et bien pris la totalité de ce qu'il fallait, touuuuuut va bien
SO CLOSE : il manque la moitié des ingrédients ET cette fameuse moitié est composée d'ingrédients dont elle n'a jamais entendu parler, la recherche risque d'être fun fun fun
FAIL : elle n'a rien de rien maaaaaaaaais elle a du caramel

La vision de Ginny la tête dans le pot de caramel est suffisamment amusante pour que Livia oublie un instant ce qu’elle est venue chercher, mais pas assez pour que le sérieux qu’elle met dans la cuisine disparaisse totalement. Alors elle cherche du regard les ingrédients, ceux que Ginny étaient venus chercher en premier lieu et qui ne ressemblent vraiment, mais vraiment pas à du caramel. “Juste ici.” Les yeux de l’italienne se posent sur la farine, l’huile, le beurre… le beurre? Si Livia est certaine d’une chose, c’est qu’il n’y a pas de beurre dans la recette, mais que la noix de muscade et tous les ingrédients plus spécifiques manquent à l’appel. “J'ai fait erreur?” Oui, et pas qu’un peu, mais la brune est trop surprise et amusée pour que ce genre de remarque file entre ses lèvres. “Ça se pourrait.” Un petit rire et un hochement de tête plus tard, Livia est bien obligée de lui confirmer qu’elle s’est trompée sur à peu près la moitié des ingrédients, à croire qu’elle a perdu la liste désormais introuvable. Mais qui a vraiment besoin d’une liste pour une recette aussi simple? “T’as jamais fait d’accras?” Elle en rit presque, l’italienne, tant elle s’attend à ce que Ginny confirme le contraire et avoue un instant de faiblesse face au caramel - il paraît que ça arrive à tous, même aux meilleurs, et ce n’est pas Livia qui viendrait juger ça. Elle l'intrigue, la brune, mais l'italienne n'oublie pas l'objectif du jour et se détourne vite de ce contre-temps comme si de rien n'était. “Laisse je m’en occupe.” Après tout, ce n’est pas comme si ça la gênait vraiment alors qu’elle n’a rien de mieux à faire et a surtout hâte de se lancer dans la recette. De quelques gestes rapides, elle finit d’attraper le reste puis en met la moitié dans les bras de Ginny avant de revenir vers la table qui les attend, fin prête pour accueillir les préparations. “Ça va, on a pas de retard, c’est rapide ça.” Livia a toujours été une bonne élève, alors hors de question pour elle de se faire remarquer de la mauvaise manière, pas même si l’image de Ginny la fait encore sourire. “J’ai vraiment peur pour le plat d’après par contre, on m’a dit que le timing du cours avancé était dur à suivre. Ça me parait trop simple là.” Elle attend confirmation en levant le nez vers la brune, parce que c’est vraiment trop simple, n’est-ce pas?