Swann est à un bout de la ville, je suis à l'autre. J'ai pas tout à fait compris dans les détails et à l'entendre user de sa voix la plus calme j'ai de suite été bien plus alarmée des raisons qui l'amenaient à me demander de faire quelque chose plutôt que le quelque chose à faire en somme. Les rien de grave répétés à l'unisson ont fini par me calmer un temps, les promis je t'envoie une photo de mes points de suture une fois qu'ils sont faits pour que t'identifies à quelle constellation ils te font penser a suffi à totalement me rassurer. Il est aussi maladroit que moi, mon frère qui est arrivé bien trop tardivement dans ma vie pour ne pas que mon coeur se serre de le réaliser.

Me raccrochant à l'assurance qu'il va bien envers et contre tout, c'est maintenant investie de la mission la plus loufouque du jour que je parcours les différentes enseignes de commerces, essayant de trouver celle qu'il souhaite me voir rejoindre en éclaireur. Lucia qui bosse au DBD, Lucia qui est une bonne amie à lui, Lucia qu'il devait venir trouver aujourd'hui pour goûter des gâteaux de mariage (le RÊ-VE) et qu'il a malheureusement snobbée sans jamais vouloir la blesser. Lucia qui, selon les lignes descriptives que Swann m'a établies vite fait bien fait est la jolie gamine au sourire qui brille de mille feux postée bien droite devant la devanture la plus rose Barbie que j'ai vue de toute ma mince vie.

« Saluuuut je suis désolée, en fait il est désolé! » que je m'élance, et au pas de course et dans mes mots aussi. Consciente que je sors de nulle part, que je l'ai probablement faite sursauter et que rien ne fait de sens dans la scène, je me rattrape, une profonde inspiration plus tard. « C'est Swann qui m'envoie. Il s'est blessé mais rien de grave. Il viendra nous rejoindre dès qu'il peut. Ginny. » ma main se tend pour serrer la sienne, cérémoniale. Mon sourire lui, tente de toutes ses forces de la rassurer. Rien de grave, c'est promis.





@lucia whitemore

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Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

Je suis sur un petit nuage. Pour la première fois depuis longtemps - je prétendrais que cela fait des mois mais cela se compte plutôt en années - je me sens bien et j’ai l’impression que ma vie est enfin sur de bon rails. J’ai un petit ami, ma relation avec Hannah a pris un tournant pendant nos vacances en famille dont je rentre à peine : être coincée ensemble dans les Blue Mountains avec personne d’autre que nos parents nous a fait du bien, et je m’épanouis aux côté d’Evelyn, à tel point que j’ai l’impression d’avoir trouvé quelque chose qui me convienne réellement.

Quoi qu’il en soit Swann m’a manqué, et en rentrant hier de des cinq jours de vacances je n’ai pas eu le temps de passer avec lui. Comme les deux éternels adolescents que nous sommes nous n’avions pas envie de devoir attendre toute la journée pour nous retrouver, si bien que je lui ai proposé de passer un peu de temps avec moi sur ma journée de travail. Evelyn souhaite que nous étendions notre catalogue de partenaires traiteurs, si bien qu’il est prévu que nous en rencontrions toute la semaine. Évidemment, j’ai sauté sur l’occasion de me rendre utile tout en mangeant des sucreries. Et j’ai pris l’initiative d’inviter Swann puisque je sais que sa présence ne dérangera pas, il est plutôt discret, et parce qu’il m’aidera à me décider, ce qui est souvent un souci chez moi.

Sauf que ce n’est pas Swann que je vois se diriger vers moi alors que je patiente devant la devanture rose bonbon - à mon goût donc - du traiteur. A moins que Swann ait perdu pas mal de centimètre et teint et laissé pousser ses cheveux. Pourtant c’est en face de moi qu’elle s’arrête la brune, c’est à moi qu’elle tend la main, et à bien y réfléchir son visage m’est familier pour l’avoir aperçu à plusieurs reprises au DBD. « Saluuuut je suis désolée, en fait il est désolé! » Surprise j’attrape pourtant la main qu’elle me tend - pas question d’être impolie - et je la serre chaleureusement, les lèvres légèrement entrouvertes sous le coup de la surprise. « C'est Swann qui m'envoie. Il s'est blessé mais rien de grave. Il viendra nous rejoindre dès qu'il peut. Ginny. » « Ginny bien sûr, Swann m’a parlé de toi. » J’ai eu le droit à la liste étendue de la famille McGrath en rentrant du mariage, suite à l’attaque de deux de ses soeurs. Qu’a-t-il dit au sujet de celle là ? Qu’on s’entendrait bien non ? Je prie pour que ce soit bien elle, et non une énième furie prête à me sauter à la gorge : depuis que Swann et moi avons entériné le fait que nous ne sommes définitivement plus juste des amis, je vis dans la peur permanente qu’elle ou l’autre brune, Jill, ne pousse la porte du bar alors qu’il me tient la main timidement. Deux, c’est suffisant. « Je t’ai déjà vue non ? Tu es une de ses soeurs ? » Combien sont-ils seigneur ? Timidement je rabat une mèche de cheveux derrière mon oreille en souriant, avant de percuter et de ressentir une bouffée de panique. « T’as dit qu’il s’était blessé ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? » Du calme Lucia, elle a dit qu’il n’y avait rien de grave. Mais d’un autre côté je commence à connaître Swann et je suis sûre qu’il aurait dit ça dans tous les cas. « Il t’a dit ce qu’on venait faire ici ? » Autrement dit : j’espère que tu as faim et que tu aimes le sucre à outrance. Meilleur. Boulot. Du. Monde.

« Ginny bien sûr, Swann m’a parlé de toi. » mon visage s'illumine un peu plus, de voir que malgré mon arrivée en panique elle n'est pas le moindrement paniquée non plus. « Je t’ai déjà vue non ? Tu es une de ses soeurs ? »« Oui, une d'elles. Je suis tellement désolée j'ai l'impression qu'à chaque fois où on s'est croisées c'était toujours en coup de vent. » à travers les allers et les retours au DBD, à travers les dizaines de fois où je lui ai envoyé un sourire à l'autre bout du café sans prendre jamais le temps d'aller lui parler. C'est pas moi de m'imposer et même si les faits actuels tendent vers le contraire alors que je suis partout avec mes justifications et mes réponses, n'en reste que je suis vraiment contente, malgré les circonstances nullissimes, de passer du temps avec elle.

J'inspire, allégée, avant que son air solaire passe à un qui semble bien plus paniqué. « T’as dit qu’il s’était blessé ? Qu’est ce qu’il s’est passé ? » ma main se lève en signe de dénégation, juste tenter d'accompagner mes mots en trouvant ceux qui résumeront assez bien la situation sans ajouter un voile de stress de plus. « La malédiction McGrath t'inquiète pas. On est tous maladroits dans la famille, mais cette semaine c'est Swann qui a remporté la médaille. » la vérité étant que Matt et Jill sont absolument pas maladroits et que la malédiction McGrath, c'est Swann et moi qui la portons fièrement depuis des années.

Aujourd'hui n'est qu'un exemple de plus au compteur, et comme il m'a bien expliqué à quel point il viendrait nous rejoindre dès qu'il pouvait, c'est totalement en confiance que je m'assure que Lucia reste rassurée. « Il t’a dit ce qu’on venait faire ici ? » oh, mon, Dieu. Il ne mentait pas, il n'a pas parlé de gâteaux strictement pour que je m'élance ici comme si ma vie en dépendait. Il avait vraiment raison, et oui, il est parfait. « Affirmatif. Et il m'a aussi dit de pas m'empiffrer trop fort et de pas lui faire honte.   » mes fossettes creusent d'une malice enfantine mes joues, c'est l'une des premières fois où je pourrai manger un peu de sucre juste un peu depuis le début de la grossesse. Sage m'ayant dit que ça ne me ferait pas de mal pour redonner un second souffle à mon corps fatigué qui recommence à prendre ses marques depuis notre retour précipité du Mexique. « Je pense que les deux sont reliés. » j'éclate de rire, prête à la suivre envers et contre tout - surtout si y'a des vermicelles à la clé.

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Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

« Oui, une d'elles. Je suis tellement désolée j'ai l'impression qu'à chaque fois où on s'est croisées c'était toujours en coup de vent. » Maintenant qu’elle est située dans le schéma familial j’ai l’impression d’avoir remporté une petite victoire : c’est pas facile de comprendre leur arbre généalogique, encore moins quand on voit Swann interagir avec chacun d’entre eux de deviner qu’il ne les a rencontrés qu’à l’âge adulte. Il est si proche de chacun d’entre eux et ils forment un groupe si uni contre le reste du monde, vu de l’extérieur en tout cas, que c’est presque inquiétant de devoir les approcher. « T’en fais pas. Tu peux pas discuter avec tout le monde. » Et je suis si habituée à longer les murs que cela ne m’aurait pas choquée qu’elle ne me remette pas du tout, pas le moins du monde. En plus de ça, vu le traitement auquel j’ai eu le droit de la part d’Ariane et Jill, et j’appréhende chaque rencontre avec un nouveau McGrath. Ginny m’a tout l’air chaleureuse et aimable pour l’instant, mais je ne peux m’empêcher de me méfier. Swann ne m’aurait pas envoyé un représentant de la team anti Lucia, non ? Timide, je ne peux m’empêcher de jouer avec nerveusement avec mes doigts.

« La malédiction McGrath t'inquiète pas. On est tous maladroits dans la famille, mais cette semaine c'est Swann qui a remporté la médaille. » Je ne suis pas forcément rassurée, mais elle n’a pas l’air de s’inquiéter elle alors je prends sur moi pour lâcher prise. « J’espère qu’il s’est rien fait de trop handicapant pour le cabinet. » Je fais la grimace et déjà je l’imagine avec un corset, une minerve et trois plâtres. La nervosité me fait me faire des films, celle engendrée par l’idée qu’il lui soit arrivé quelque chose autant que celle engendrée par la rencontre avec sa soeur. Au mariage de Swann c’était différent. Nous étions réellement juste des amis. Aujourd’hui je ne pense pas qu’on puisse prétendre ça, et j’ignore ce qu’elle sait, j’ignore le topo qu’il lui a fait de notre relation, et je ne peux m’empêcher de me sentir réellement mal à l’aise. Je ne devrais pas m’inquiéter, il est rare que l’on me déteste, Ariane et Jill font figure d’OVNI dans mon historique de rencontre avec la famille, mais elles ont suffit à me déstabiliser. « C’est vraiment gentil en tout cas de ta part d’être venue. Il fallait pas vraiment, il aurait dû m’envoyer un message. » Je n’aurais pas boudé, au contraire, je me serais précipitée à l’hôpital eeeeet je réalise sur l’instant que c’est peut-être pour ça qu’il ne l’a pas fait. « Et il faut pas qu’il nous rejoigne si le médecin lui dit de se reposer. » Gênée, je ne tiens pas en place et j’entame un ballet de piétinements.

Je jette un coup d’oeil à la devanture, et je prie pour qu’elle ne fasse pas partie de ces filles qui font la guerre au sucre et aux calories. « Affirmatif. Et il m'a aussi dit de pas m'empiffrer trop fort et de pas lui faire honte. Je pense que les deux sont reliés. » J’esquisse un sourire sincère, avant de hocher la tête et de pousser la porte avant de la laisser passer devant. « T’en fais pas pour ça, c’est ça qui est bien quand on prospecte de nouveaux partenaires, on peut se permettre tous les caprices du monde. Alors si tu veux un supplément caramel, chocolat ou quoi que ce soit hésite pas, tu verras c’est marrant comme ils se mettent en quatre pour signer une nouvelle agence. » Je lui adresse un clin d’oeil avant me diriger vers le bureau d’accueil.

Je retrouve mon souffle, elle semble à deux doigts de perdre le sien. « T’en fais pas. Tu peux pas discuter avec tout le monde. » « Non mais je te jure que je n'attendais pas aujourd'hui pour te parler. Promis, promis. » même si ça avait été tout à l'honneur de qui que ce soit me connaissant de juger qu'une occasion de déguster pléthores de desserts suffisait à ce que je sois en tête de liste pour être accompagnatrice. « J’espère qu’il s’est rien fait de trop handicapant pour le cabinet. » je l'oubliais presque pendant une seconde que mon boulot du jour n'a lieu que parce qu'il était blessé, ce frère d'un autre monde qui désormais est tout le mien. « Au mieux, ça lui fera une histoire cool à raconter quand mon fils voudra lui aussi s'improviser jongleur professionnel de téléphone portable. » j'éclate de rire, tentant au mieux de mes capacités de la rassurer envers et contre tout. Ce n'est qu'un accident et ce n'est rien de grave. Rien qui laisse des marques comme celles que je ravalerai, toujours plus forte encore en me disant que tous les deux on a survécu à nos démons en temps et en heures. « Il a dix ans, Noah. Mais parfois je sais pas qui est le plus gamin entre lui, Swann ou moi. » la vérité, c'est qu'on s'équivaut tous et c'est aussi ce qui fait toute la magie.

« C’est vraiment gentil en tout cas de ta part d’être venue. Il fallait pas vraiment, il aurait dû m’envoyer un message. Et il faut pas qu’il nous rejoigne si le médecin lui dit de se reposer. » « D'après moi médecin ou pas on devrait le voir apparaître d'ici la fin de l'après-midi. Il tenait vraiment à être là, Lucia. » elle a besoin de l'entendre ça. Je sais qu'elle ne le dira pas, je sais encore plus que le moins de temps je passe à y ajouter un coup d'oeil rassurant le mieux. Mais elle sait aussi bien que moi que Swann n'aurait jamais failli à sa promesse. Surtout pas avec elle.

De la panique on passe au plan de la journée, plan qui fait autant briller mon regard que l'étendue de vermicelles arc-en-ciel que je vois au-delà des présentoirs. « T’en fais pas pour ça, c’est ça qui est bien quand on prospecte de nouveaux partenaires, on peut se permettre tous les caprices du monde. Alors si tu veux un supplément caramel, chocolat ou quoi que ce soit hésite pas, tu verras c’est marrant comme ils se mettent en quatre pour signer une nouvelle agence. » je. rêve. Je rêve et aussi j'entends au creux de mes pensées Auden qui rage, lui qui suit bien plus sérieusement que moi la charte des sucres et autres aliments proscrits. « Est-ce que de demander des versions adaptées pour les futures mamans fait partie d'un caprice qui est okay? » je chuchote à son oreille, presque déçue d'apporter une contrainte, quoi que ravie en voyant au menu accroché tout au-dessus des tables qu'en effet, y'a moyen de gérer avec des remplacements calculés. « J'ai pas mangé de dessert depuis un peu plus de trois mois, et mis à part la malédiction dont je t'ai déjà parlée on ne se nourrit que de sucre dans la famille, t'as sûrement remarqué à force. » mon diabète de grossesse se porte franchement bien mieux qu'il ne l'était, pourtant je fais quand même diamétralement attention. « Ohhh une crème pistaches! » on disait quoi, ne pas se goinfrer Ginny, c'est ça?

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Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

« Au mieux, ça lui fera une histoire cool à raconter quand mon fils voudra lui aussi s'improviser jongleur professionnel de téléphone portable. » Je suis incapable de cesser totalement de m’inquiéter pour Swann - je ne serais pas moi le cas contraire - mais la mention du petit gamin que j’ai déjà aperçu au DBD en journée me donne envie de sourire. Swann m’avait déjà parlé de son neveu avec les yeux qui brille et je l’ai envié, moi qui rêverait de voir l’une de mes soeurs devenir maman et qui compense en étouffant d’affection chaque personne de mon entourage qui donne naissance à un enfant, Charlie en a fait les frais récemment. « Noah c’est ça ? » Non je n’ai pas consigné le prénom de tous les McGrath dans l’un de mes innombrables carnet après la petite leçon donnée par Swann, mais j’ai fait de mon mieux pour m’en souvenir, comme de chaque information délivrée par le blond qui est récemment devenu mon petit ami. Le sait-elle sa soeur ? Mon instinct me souffle qu’elle réagirait mieux que les deux autres mais, craintive de nature, je préfère être prudente. « Il a dix ans, Noah. Mais parfois je sais pas qui est le plus gamin entre lui, Swann ou moi. » « Il est adorable en tout cas. Il pose toujours pleins de questions et me donne réellement l’impression que préparer un macchiato, c’est super cool et carrément fascinant. » Il m’ont toujours fait cette impression les gosses qui, curieux de natures, s'étonnent de tout et se fascinent pour un rien.

« D'après moi médecin ou pas on devrait le voir apparaître d'ici la fin de l'après-midi. Il tenait vraiment à être là, Lucia. » Gênée, j’esquisse un sourire en tentant de ne pas rougir. « C’est certainement plus pour les gâteaux que pour moi. T’aurais dû voir ses yeux briller quand je lui ai parlé de ce rendez vous. » Je lui adresse un clin d’oeil et tente maladroitement de noyer le poisson, assez gênée à l’idée de discuter de ma relation devant la brune. « Est-ce que de demander des versions adaptées pour les futures mamans fait partie d'un caprice qui est okay ? » J’écarquille les yeux et m’arrête de marcher pour l’observer. « T’es enceinte ? Félicitations, c’est génial ! » Swann ne m’a pas parlé d’un autre beau frère, mais puisqu’elle est déjà maman, c’est finalement logique qu’il y a ai un homme dans sa vie. « J’en savais rien. T’aurais pas dû faire tout ce trajet pour venir, j’espère que t’es pas trop fatiguée. T’es fatiguée ? » Déjà je l’assaille de question et je jalouse presque le blond de devenir tonton pour la seconde fois. « Y’a des choses que tu peux pas manger ? Je leur dirais de nous dire quels sont les gâteaux adaptés. » Après tout, cela doit faire partie des requêtes qu’ils ont l’habitude d’entendre. L’hôtesse d’accueil nous conduit dans la salle voisine, décorée avec goût où nous rencontrons le cuisinier, avec lequel j’échange quelques secondes avant de revenir vers Ginny, et de lui proposer de s’asseoir en prenant place à ses côté autour d’une petite table ronde recouverte d’une nappe vert d’eau. « J'ai pas mangé de dessert depuis un peu plus de trois mois, et mis à part la malédiction dont je t'ai déjà parlée on ne se nourrit que de sucre dans la famille, t'as sûrement remarqué à force. » « Trois mois ? A cause de la grossesse ? » Je me sens réellement coupable, d’un coup. « T’es certaine que tu peux manger ces gâteaux ? J’ai précisé au chef que tu étais enceinte. » Mais de mon côté je n’y connais rien. « Ohhh une crème pistaches ! » Elle a l’air d’aller en tout cas, et alors que ses yeux brillent déjà face aux spécialités déposées devant nous, je décide de ne plus m’inquiéter à son sujet. J’hésite un instant et, prenant mon courage à deux mains, je finis par lui poser la question qui me brûle les lèvres entre deux bouchées d’une spécialité française qui porte une étiquette indiquant Paris Brest. « Swann t’a parlé de moi ? »

« C’est certainement plus pour les gâteaux que pour moi. T’aurais dû voir ses yeux briller quand je lui ai parlé de ce rendez vous. » « Si tu le dis. » je ne crois absolument aucun mot ici, persuadée que Swann aurait pu se retrouver avec Lucia à jouer les icebergs en plein désert glacial qu'il aurait eu les yeux brillants juste d'être avec elle. Mais ce ne sont pas mes affaires et ce n'est pas mon histoire, ils sauront très bien tous les deux travailler leur confiance l'un en l'autre au fil des prochains moments qu'ils passeront ensemble. Ils commencent, ils débutent, ils sont beaux et ils s'aiment ; pourquoi est-ce que ça devrait être compliqué?

Là par contre, c'est moi qui complique tout. « T’es enceinte ? Félicitations, c’est génial ! » son sourire est solaire ; il m'en occasionne un aussi grand. Sourire que je n'aurais jamais cru pouvoir porter du temps où c'était Noah, que je portais. Pour ce qui est de la petite boule d'amour qui prend forme à l'intérieur désormais par contre, on dirait que la Terre entière a enfin décidé de me laisser apprécier ce qu'être heureuse voulait vraiment signifier. « J’en savais rien. T’aurais pas dû faire tout ce trajet pour venir, j’espère que t’es pas trop fatiguée. T’es fatiguée ? » elle déboule ses dizaines de miliers de questions et me fait penser à moi en situation de crise et d'angoisse, en situation de panique tout court. « Épuisée au point où il me faudra AU MINIMUM trois gâteaux différents pour aller mieux. » alors je réagis de la pire des façons, celle qui me ferait moi-même flipper si je me retrouvais à sa place. À mes mots s'ajoute d'abord l'air le plus grave et le plus faux que j'ai en banque, avant qu'un éclat de rire de plus perce le silence de la pâtisserie où on finit par entrer toutes les deux. Guidée par le menu et par les dizaines de parfums qui embaument l'air, je finis par laisser mes prunelles dériver sur le menu à la recherche des options qui me sont possibles. « Y’a des choses que tu peux pas manger ? Je leur dirais de nous dire quels sont les gâteaux adaptés. » « Merci. » que je finis par souffler, espérant qu'ainsi la pression sur les épaules de Lucia s'envole aussi rapidement que je la lui ai causée.

« Trois mois ? A cause de la grossesse ? » les informations remontent au compte-goutte et j'hoche de la tête de la positive. Au passage, on nous tend une carte que j'examine avec des yeux aussi scintillants que le sont les dizaines de vermicelles de toutes les couleurs que je vois sur le menu. « T’es certaine que tu peux manger ces gâteaux ? J’ai précisé au chef que tu étais enceinte. » « S'il sait alors tout devrait être parfait. » je réitère en d'autres termes, persuadée que le diabète de grossesse n'est pas la pire chose qu'il entendra entre ces mots et qu'ainsi il sera en mesure de faire quelque chose de bien avec ce qu'il servira.

C'est entre deux bouchées de sa part et quinze de la mienne que Lucia aborde fort probablement le sujet qu'elle a voulu amener depuis le temps début de l'atelier dégustation sans oser le faire une seule fois. « Swann t’a parlé de moi ? » je prends le temps de poliment avaler ma dernière bouchée encore plus savoureuse que la précédente avant de jouer de nouveau, une petite seconde de plus. « Swann qui? T'es qui, toi, d'abord? » ma voix d'ingénue bien trop heureuse d'avoir mangé du sucre que je peux manger reprend des consonances sérieuses l'instant d'après. « Oui, bien sûr. » une bouchée de plus, une gorgée de thé à la lavande avec. « Il a dit juste de belles choses à ton sujet. » c'est la vérité, pure et dure. Elle n'a pas à en douter. « Du coup si tu veux équilibrer et juste l'insulter, tu peux jamais je vais te juger. » j'éclate de rire, fière de ma stupidité de bac à sable, un regard rassurant au passage, me disant toujours qu'un peu d'humour ne peut jamais faire de tort.

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Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

« Épuisée au point où il me faudra AU MINIMUM trois gâteaux différents pour aller mieux. » Bon dans ce qui suis-je pour aller à l’encontre des désirs d’une femme enceinte après tout ? Ginny est enceinte. Jill vient d’avoir ses bébés. Il ne manquerait plus que Lily et Ariane tombe enceinte pour que je sois définitivement bien trop jalouse de Swann qui devient tonton de tous les côtés pendant que mes aînées à moi ne semblent pas vraiment décidée à s’y mettre de si tôt. J’ai mis tous mes espoirs sur Gabrielle, mais elle est en couple avec son petit ami depuis tant d’années que je commence à me demande si c’est vraiment un projet qu’ils ont tous les deux. « Mange en trois, cinq ou dix c’est comme tu veux, ça coutera pas plus cher ! » Puisqu’aujourd’hui la dégustation est gratuite et aux frais du traiteur. « Essaie juste d’en profiter pour me dire ce que tu penses de chaque gâteau, comme ça je fais mon boulot en même temps et ma boss sera contente. » Elle risque de se demander d’où je sors un appétit pareil, mais j’en fais mon affaire. « S'il sait alors tout devrait être parfait. » Je hoche la tête doucement. « Régale toi pour moi. Ma consigne du jour c’est d’explorer les options vegan, sans gluten, et réduites en sucre. » Parce que les mariés de nos jours sont de plus en plus compliqués… Et il en va sans dire que ma propre commande me désole, et que s’il n’avait tenu qu’à moi j’aurais choisi tous les gâteaux avec de la crème pâtissière présents à la carte.

Bien sûr que l’interroger sur Swann me brûle les lèvres. J’ai tenu plus de dix minutes et je suis immensément fière de moi, mais je ne tiens plus. Lui a-t-il dit que nous étions en couple ? Comment m’a-t-il présentée, comme une amie ? « Swann qui ? T'es qui, toi, d'abord ? » Mon coeur s’arrête une demie seconde avant que je ne comprenne qu’elle plaisante, et finalement je souris, soulagée, et je vais jusqu’à éclater de rire. « Oui, bien sûr. Il a dit juste de belles choses à ton sujet. » Sans savoir où me mettre, je me planque derrière une bouchée d’un Saint Honoré sans gluten étonnement bon, puis derrière ma tasse de thé. « Du coup si tu veux équilibrer et juste l'insulter, tu peux jamais je vais te juger. » Je secoue la tête, comme horrifiée à l’idée de dire la moindre chose négative à propos du garçon.« Swann est vraiment un garçon génial. » Je n’ai pas besoin de forcer là dessus. « Et il a de la chance de vous avoir tous. » Même Ariane et Jill, puisque même si elles ne font pas réellement partie de mon fan club, je sais qu’elles agissent ainsi par instinct de protection. « Et je dis pas uniquement ça parce que je suis ultra jalouse qu’il viennent de devenir tontons des jumeaux et qu’ils s'apprête à l’être encore une fois. » Je pose un regard bienveillant sur la jeune femme. « C’est un garçon ? Une fille ? Un secret ? Tu voudrais que ce soit quoi toi ? » Je suis timide, mais mise en confiance je peux vite devenir un vrai moulin à parole, et elle a ce dont Ginny, de mettre les gens en confiance.

Une fois la panique calmée, c'est tout bonnement que Lucia retrouve son regard pétillant et son sourire qui l'est tout autant. « Régale toi pour moi. Ma consigne du jour c’est d’explorer les options vegan, sans gluten, et réduites en sucre. » « Bienvenue dans mon combat. » entre ses murmures à elle et les miens, j'ajoute un immense sourire au pâtissier qui se retrouve avec des dizaines de contraintes et toutes autant de règles à suivre qui n'augurent rien de bien facile au menu. Pourtant il ne chôme pas, s'assurant de cocher chaque item de la liste avec autant de facilité et de passion que possible. Mes yeux eux, suivent chacun de ses gestes même les plus minimes, devant me faire violence pour ne pas saliver plus que de raison à chaque nouvelle part qu'il aligne dans des assiettes qui - par un miracle de la vie - nous sont toutes dédiées. Je suis affamée.

« Swann est vraiment un garçon génial. » elle statue l'évidence, avec la voix aussi douce que gênée. Elle l'aime bien et lui aussi. Ils sont adorables à voir et c'est tout ce qui comptent. « Et il a de la chance de vous avoir tous. » « On a de la chance de l'avoir nous aussi. J'essaie de le lui dire chaque jour mais parfois je manque d'idées pour faire des acrostiches avec son nom, si t'as des idées je suis preneuse. » mes mots déboulent et arrivent vite, au taquet. Même si mon ton s'amuse et que mon air reste aussi candide qu'hilare, c'est probablement toujours avec un énorme poids de culpabilité que je vais devoir lutter en tentant de toutes mes forces de faire le plus de place possible à Swann dans ma vie et dans la nôtre. Qu'il ne soit arrivé qu'il y a peu d'années me gruge, que je n'ai pas su qu'il existait avant qu'il soit tout mon monde aussi. Nos parents se sont vraiment surpassé pour nous casser tous et toutes, au final.

« Et je dis pas uniquement ça parce que je suis ultra jalouse qu’il viennent de devenir tontons des jumeaux et qu’ils s'apprête à l’être encore une fois. » j'éclate de rire, elle aussi, elle est loin et elle est mignonne, la potentielle jalousie. « T'as rencontré les jumeaux? Il te les a présentés? J'ai des photos attends. » jalousie que je chasse en dégainant mon portable pour lui présenter l'album au complet question qu'elle puisse au moins voir à quoi ressemble Bowie enfoui dans une infinité de couvertures, ou quelle grimace je dois faire pour que Tracy arrête de pleurer. « C’est un garçon ? Une fille ? Un secret ? Tu voudrais que ce soit quoi toi ? » « Un garçon. On l'a su hier. » à ses questions s'ajoute ma toute petite réponse ; et mon immense sourire empli de fierté avec.

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Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

« Bienvenue dans mon combat. » Mais quelle horreur. Ginny n’est pas encore au courant mais son frère et mon petit ami lui est largement au courant de ma passion pour tout ce qui est sucré, gras, bourré de gluten et surtout sucré - je sais que je l’ai déjà dis mais la double dose est importante. Je ne sais pas si on peut parler de passion qui nous a rassemblées - ce qui nous lie avant tout c’est notre douceur et notre candeur commune - mais une chose est sûre on ne se dispute jamais lorsqu’il est l’heure de choisir quoi manger, et même lorsqu’il est beaucoup trop tôt mais qu’on a faim tous les deux. Faire de la pâtisserie avec Swann est largement devenu mon activité favorite même si on se retrouve souvent avec plus d’ingrédient sur la figure que dans le saladier. « Il est nul ton combat tu peux même pas tricher ? Jamais ? » C’est ma part de candeur qui s’effare, celle qui ne réalise pas tous les sacrifices qu’un enfant demande au delà d’être super mignon quand il dort.

« On a de la chance de l'avoir nous aussi. J'essaie de le lui dire chaque jour mais parfois je manque d'idées pour faire des acrostiches avec son nom, si t'as des idées je suis preneuse. » Je me demande si elle est sérieuse ou pas, parce que des idées pour faire plaisir à Swann j’en ai des milliers mais je me tais au risque qu’elle me trouve beaucoup trop cheesy si j’osais les énumérer. « Oui, il m’a dit qu’il avait pas grandi avec vous. » Je m'étouffe de mousse au chocolat blanc pour masquer mon trouble. « Je suis contente qu’il vous ait trouvé. Il est fait pour faire partie d’une famille nombreuse, ça crève les yeux. » Et il est surtout fait pour être aimé. Moi, j’ai remarqué les cicatrices sur ses poignets depuis qu’il a retiré ses bracelets et si je n’ai rien osé dire, mon cerveau est entré en ébullition créant des théories qui me brisent plus le coeur les unes que les autre. « T'as rencontré les jumeaux? Il te les a présentés? J'ai des photos attends. » Je secoue la tête, un éclat triste au fond de l’oeil. « Pas encore. Jillian est pas vraiment ma plus grande fan et c’est pas la seule, alors je veux pas m’imposer. » Parce que je ne m’impose pas, jamais, parce que je suis le genre de personne qui reste discrètement dans le fond sans même que l’on ait à l’y reléguer, alors lorsque je me fait ouvertement agresser, c’est encore pire. Elle me montre les photos et chacune me tire un gémissement admiratif différent.  Je trouve Tracy trop mignonne dans à peu près n’importe quelle configuration et Bowie vraiment craquant sur tous les clichés qu’elle me montre, strictement tous. « C’est leur papa sur celle là ? » Swann m’a mentionné le mari de sa soeur une seule fois mais, du reste, je ne sais pas grand chose sur lui, pas plus que sur celui de Ginny que j’évite largement dès qu’il met un pied au DBD tellement je le trouve intimidant. « Un garçon. On l'a su hier. » « C’est ce que tu voulais ? » Un petit garçon de plus, ils sont bien parti pour former une fratrie unisexe façon Whitemore.

« Oui, il m’a dit qu’il avait pas grandi avec vous. » oh Lucia. Elle qui me donne l'impression de croire qu'elle a mis les pieds dans les plats, quand oui, le sujet de notre famille n'est pas le plus simple, néanmoins il reste tout de même le vecteur de ce qui nous rend tous et toutes aussi forts aujourd'hui. Si on a survécu à ça, on peut survivre à tout. « Je suis contente qu’il vous ait trouvé. Il est fait pour faire partie d’une famille nombreuse, ça crève les yeux. » « Tu sais quand il est arrivé dans ma vie c'est vraiment étrange, mais c'était comme s'il en avait toujours fait partie. » alors à ses mots s'ajoutent les miens, venant en douceur apposer un petit baume de plus à travers tout ce qu'elle pourrait craindre d'avoir dit de mal quand jamais ça ne sera le cas. « On parle pas trop de l'avant, ça a pas été simple ni pour lui ni pour nous. » simple étant petit, si petit comme qualificatif. Mais elle n'a pas besoin d'en connaître les causes maintenant qu'elle arrive là où les conséquences s'évaporent enfin. « Mais c'est cool qu'il te l'ait dit. Ça veut dire qu'il te fait confiance. » et si Swann a confiance en elle, alors moi aussi.

La petite créature qui prend place à l'intérieur suggère que le menu d'aujourd'hui sera complexe, mais c'est comme une championne que Lucia s'assure que tous les critères soient couverts. Auden serait si enragé, de voir à quel point on a tellement bien contourné les règles que j'en arrive à n'avoir que des gâteaux autorisés par le médecin sous les yeux. Mon cher et tendre (aheum) mari qui se nourrit presque exclusivement de ses périodes à râler crèverait de famine s'il était là. Pauvre chat. « Pas encore. Jillian est pas vraiment ma plus grande fan et c’est pas la seule, alors je veux pas m’imposer. » alors ma soeur a fait impression - jamais bonne, jamais mauvaise, juste une impression donc, celle qu'elle donne à qui que ce soit s'approche trop près de nous. Ils y sont tous passés, la logique était que Lucia fasse partie du processus elle aussi. « Je pense qu'elle n'est pas fan de beaucoup de monde, Jill. » alors je dédouane, je dédramatise. On a la famille précieuse, ici. Mes frères, ma soeur et moi, tout ça reste un noyau si solide que ce serait mentir de dire que les autres peuvent se faire une place facilement à graviter autour de nous. Mais si je peux l'aider à se gratter un nid, si Swann le veut, alors ce sera déjà ça de pris. « C’est leur papa sur celle là ? » entre les photos de Tracy et de Bowie, il y a le visage aussi heureux qu'épuisé de Bailey qui vient apparaître sur les clichés. « Oui, Bailey. Il est anglais, il leur apprend donc déjà l'importance des scones à la confiture et des Clash. » dans un autre monde et dans une autre vie, il était le père de Noah et c'était à lui qu'il partageait son amour pour l'heure du thé et pour le vieux rock anglais. Les choses changent et enfin, c'est pour le mieux.

Alors, ce sera un garçon. « C’est ce que tu voulais ? » « On voulait un enfant en santé, d'abord et avant tout. On est sur le bon chemin, là. » c'est tout ce qui compte. J'ai encore en tête l'épisode de Sebastian et ses dizaines de remontrances voulant presque me porter à poser un horrible geste tant j'aurais été terrifiée de mettre au monde un enfant à nouveau malade. Noah va bien et son petit frère aussi, désormais. C'est tout ce qui compte. « Et toi aussi est-ce que tu veux une fam- » la question remonte doucement, trop vite pour que je ne le réalise. D'office, mes mots s'arrêtent et mes yeux s'écarquillent. « - oh pardon, c'est pas ce que je voulais demander. » et la voilà, la Ginny typique, celle qui parle définitivement trop, celle qui s'effraie de tout comme de rien. « Ben t'as le droit, d'en vouloir une hen. » oh boy. « C'est juste que je ne veux pas que tu penses que Swann en veut une et qu'il m'a dit de tâter le terrain. » ohhhh boy.

J'inspire, j'hoche de la tête pour moi-même, considérant que prendre la plus grosse bouchée de shortcake à la fraise possible règlerait bien des problèmes en l'instant. « Mais je suis sûre qu'il ferait un bon père. » avec beaucoup de chantilly tient, la totale. « Juste, pas tout de suite. » et pourquoi est-ce que je suis pas déjà en train de mâcher, pourquoi est-ce que je n'ai toujours rien mangé? « Quoi que vous - qu'il a bien le droit quand il voudra et je, juste - » seigneur, Ginny.

Et ma fourchette attaque, entre un soupir et un autre. « Okay celui-là est délicieux. » voilà qui est mieux.

icing on top
Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

« Tu sais quand il est arrivé dans ma vie c'est vraiment étrange, mais c'était comme s'il en avait toujours fait partie. On parle pas trop de l'avant, ça a pas été simple ni pour lui ni pour nous. » Je réponds rien à ça parce que ce que j’ai envie de répondre est beaucoup trop cheesy pour être avoué à voix haute et surtout, que j’ai presque l’impression que ce serait insultant. Moi aussi j’ai un peu cette impression. Ca aurait ressemblé à ça sauf que je n’ai l’impression d’avoir le droit de comparer ma relation avec lui qui est toute jeune à leur histoire familiale. « Mais c'est cool qu'il te l'ait dit. Ça veut dire qu'il te fait confiance. » « C’est surtout cool que ça se soit bien fini comme histoire. Parce que ça s’est bien fini hein ? » Ils ont l’air de former une fratrie unie et heureuse. Moi, j’ai remarqué les traces sur les poignets de Swann mais je n’en ai pas parlé, pas même avec lui puisque cela me semble être un sujet si intime et personnel que le mot intime ne suffit même plus. Mais elles avaient l’air anciennes, alors j’ai supposé que c’était derrière lui. « Je sais pas si c’est qu’il me fait confiance, j’ai clairement un peu mis les deux pieds dans le plat ce jour là. » Comment souvent. J’espère que mon petit ami ne s’est pas senti obligé de se livrer à cause de ma maladresse. « Je pense qu'elle n'est pas fan de beaucoup de monde, Jill. » « J’ai cru comprendre. » Mais je rougis, parce que je ne suis pas du genre à parvenir sans mal à dire du mal de quelqu’un, en sa présence ou non. « Ariane aussi. Vous en avez encore beaucoup des comme celles là ? » J’esquisse un sourire amusé : on est au maximum de ce que je peux donner en terme de sarcasme et de remarque désobligeante. Surtout quand, deux secondes après, je m’attendris devant les photos de la progéniture de la brune et je m’intéresse.

Je m’intéresse surtout à la confession que me fait la plus jeune des soeurs de Swann (je crois, je ne maîtrise pas encore par coeur l’arbre généalogique). Pour moi, l’arrivée d’un enfant est le plus beau cadeau qu’un couple puisse recevoir et lorsqu’on me parle de bébé j’ai du mal à arriver à concevoir que, parfois, c’est plus compliqué. « On voulait un enfant en santé, d'abord et avant tout. On est sur le bon chemin, là. » Un sourire sincère étire mon visage. J’ai presque envie de voir une photo de l'échographie mais je me force à me taire parce que ce n’est pas le genre de chose que les gens normaux demandent au bout de quelques minutes de conversation. « Et toi aussi est-ce que tu veux une fam- » Elle s'interrompt et si, dans un premier temps je ne vois pas le mal et fronce les sourcils - ce n’est un secret pour personne que je veux une famille - le malaise s’installe doucement mais sûrement, très sûrement.

« - oh pardon, c'est pas ce que je voulais demander. »
« Non mais c’est pas grave, bien sur que je - »
« Ben t'as le droit, d'en vouloir une hen. C'est juste que je ne veux pas que tu penses que Swann en veut une et qu'il m'a dit de tâter le terrain. »

Il faut dire que je n’avais pas pensé à cette éventualité, mais alors pas du tout, mais que maintenant qu’elle l’évoque mon coeur se met à battre plus rapidement et le rouge me monte aux joues. Et si c’était ça ? Et si justement elle niait parce qu’elle réalise qu’elle a gaffé ? Swann aurait-il était capable de l’envoyer en émissaire ? « Mais je suis sûre qu'il ferait un bon père. Juste, pas tout de suite. » De rosée, je deviens pivoine puis cramoisie et je m'étouffe presque avec le milkshake que je suis en train de boire. (pour faire de la place dans mon estomac) « Quoi que vous - qu'il a bien le droit quand il voudra et je, juste - » Toute la situation devient bien trop génante et elle me perd complètement Ginny en même temps qu’elle se perd elle même. Pourtant, le sujet de la famille n’est pas un tabou comme il le serait chez beaucoup au début d’une relation : peut-être parce que je suis intimement persuadée qu’il est écrit sur mon front que j’en veux une grande et belle avec toutes les options : grande maison, grand jardin, trois chiens et les vacances en Nouvelle Zélande tous les étés. « Okay celui-là est délicieux. » Je toussote après avoir manqué d’avaler de travers la totalité de ma boisson - il faut dire que je l’ai utilisée pour cacher mon visage - et je finis par exploser de rire en secouant la tête. « T’en fais pas. » Je suis gênée, très gênée, mais je ne lui en tiens pas rigueur. « Je veux une famille, et je veux des enfants, j’en veux même pleins, quand le temps sera venu. » Je ne parle ni de Swann ni d’un compagnon que je ne nomme pas. Bien sûr, j’en suis déjà folle amoureuse de son frère, mais nous avons notre lot de soucis à régler je pense - mes bagages que je traîne avec moi dans notre relation - et il est trop tôt pour envisager quoi que ce soit (même si, au lycée, j’aurais déjà écrit mon prénom suivi de son nom de famille juste pour voir si ça rend bien). « On apprend encore à se connaître avec Swann, et je l’aime beaucoup. » Je l’aime beaucoup ce n’est pas je l’aime ou je suis amoureuse de lui mais, accompagné de mon sourire et de mes joues qui ne reprennent plus leur couleur naturelle, ça veut tout dire.

L'histoire des McGrath n'est en rien quelque chose qu'on étale, bien trop passés maîtres dans l'art de tout ravaler, d'enfiler le masque le plus droit, le plus souriant et le plus impassible qu'on se partage les uns les autres depuis gamins. « C’est surtout cool que ça se soit bien fini comme histoire. Parce que ça s’est bien fini hein ? » rien n'est terminé, rien ne sera jamais fini, et même lorsqu'on en est persuadés, il reste toujours pire qui se pointe le nez sans qu'on l'ait vu venir, mais en l'ayant éternellement prévu. « Tout va bien maintenant. » mais ça, ça reste la certitude. Pour l'instant au moins, on va bien ensuite. On se maintient tous et toutes - ensembles. « Je sais pas si c’est qu’il me fait confiance, j’ai clairement un peu mis les deux pieds dans le plat ce jour là. » et si on est un noyau, la voilà qui s'y est fait une place comme si à mes yeux elle avait toujours été là. Lucia doit lui faire du bien à Swann, j'en suis persuadée. Elle est calme, posée. Bien plus qu'on ne l'a jamais été nous tous. « C'est compliqué, toute cette histoire. Tu pouvais pas savoir. » compliqué, et douloureux et fatal, surtout. On aurait rien pu y changer - on a tous été forcés à devoir s'acclimater.

Le on donc, et les électrons libres qui en font partie. « J’ai cru comprendre. » mon rire est las, désolé, tant bien que mal je tente de la rassurer d'un coup d'oeil en sachant très bien par où elle passe pour avoir vu chaque personne hors du cercle vivre un calvaire dès l'instant où ils ont mis les pieds dans notre famille. Tenez-vous loin des McGrath, les bombes prêtes à toujours exploser un peu plus violemment que la fois précédente. « Ariane aussi. Vous en avez encore beaucoup des comme celles là ? » et il y a aussi Ariane, évidemment qu'il y a Ariane. J'ai jamais compris à quel point elle avait connecté avec Swann au-delà Levi, n'en reste qu'elle a pris ses aises dans notre famille sans que jamais personne ne s'ose à la tasser de là. « On a chacun notre façon de montrer qu'on est protecteurs, dans la famille. Certaines sont plus vocales que d'autres. » Jill et Ariane sont sadiques, Matt est sournois, je suis intransigeante. Si quelqu'un nous fait du mal, peu importe comment on en devient rancunier, personne ne pardonne. Mais certains - dans mon cas donc, certaine - font confiance bien plus vite et prônent la véritable première chance.

C'est bien ce que j'espère qu'elle prône elle aussi, quand apparemment le sucre sans sucre me fait m'emporter dans mes mots et dans mes intentions et dans mes explications beaucoup plus que jamais encore.

« T’en fais pas. »
« Je veux une famille, et je veux des enfants, j’en veux même pleins, quand le temps sera venu. »
« On apprend encore à se connaître avec Swann, et je l’aime beaucoup. »

Mes joues sont tartinées de gâteau, mes doigts cherchent tantôt une cuillère tantôt une fourchette. Mes intentions sont mélangées et mes paroles se font rares. Elle est presque aussi cramoisie que la glace à la rose qui sert de garniture aux cupcakes qu'ils viennent déposer sous notre nez une poignée de minutes qui passent aussi vite que lentement plus tard. « C'est tout ce qui compte. » qu'ils prennent leur temps, tout simplement. Trop souvent on se brusque et moi la première. Qu'ils s'accordent sur le même rythme est un véritable luxe auquel personne de notre famille n'a eu le droit sauf Swann, aujourd'hui, enfin. Jamais je ne voudrais brusquer sa bulle en l'état.

« Elles font ça parce qu'elles voient qu'il s'attache, tu sais. C'est bon signe. » elles aussi, à leur façon. Je n'ai jamais douté que les deux furies qui ont pris Lucia en grippe l'avaient fait strictement pour lui faire du mal. Leurs raisons vont bien plus loin que ça à mon sens. « Même si ça vient avec des grognements et des morsures. Leur tourne jamais le dos, d'ailleurs. » ou alors peut-être que je suis trop utopique - personne ne s'en étonne si j'avouais à demi-mot entre un rire et un autre que ce n'est pas la première fois. « Ça nous prendrait une poignée de main secrète pour quand t'auras besoin que je vienne à la rescousse pour temporiser. » et en attendant, y'a toujours les ressources des gamins de bac à sable qui peuvent servir.

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Lucia Whitemore & @Ginny McGrath-Williams

« Tout va bien maintenant. C'est compliqué, toute cette histoire. Tu pouvais pas savoir. » Je suis soulagée de l’apprendre, j’ai eu peur d’à nouveau mettre les deux pieds dans le plat en supposant que tout allait mieux maintenant et que cette période sombre était derrière Swann. Je me serais détestée de ne rien avoir vu, de ne pas avoir décelé chez Swann ce genre de souffrance puisque j’ai à coeur de me faire une petite place dans le sien, et qu’il comprenne qu’il peut me faire entièrement confiance. « Je suis soulagée, de savoir que tout va bien. » Le cas contraire, puis-je compte sur la brune pour m’envoyer toutes les alertes possibles, pour me faire du pied sous la table ?

« On a chacun notre façon de montrer qu'on est protecteurs, dans la famille. Certaines sont plus vocales que d'autres. » Je ne sais pas si on peut réellement dire qu’elles ont été vocales. Au mariage, les deux jeunes femmes ont plus été passives agressives que agressives agressives et j’ai encore peur des conséquences de leur trouvaille : elles m’ont pris mes antidépresseur, en ont-elles déjà parlé à Swann ? Si c’est le cas, me voit-il différemment ? Pourquoi ne pas m’en avoir parlé, par peur de me blesser ? « Je ferais jamais aucun mal à Swann. Je l’ai déjà dit à Ariane, et j’espère que toi tu me crois. » J’espère qu’elle saura voir ma sincérité. J’espère aussi au fond me trouver une alliée dans tout ça, une qui ne me donne pas l’impression de mettre les pieds dans une famille dans laquelle strictement personne d’autre que Swann ne veut me voir : je ne suis pas particulièrement douée pour m’imposer et je ne veux pas que cela nous abîme, le blond et moi. Je tiens trop à lui et je l’avoue avec des mots bien trop faibles pour exprimer ce que je ressens déjà : que j’en suis déjà raide dingue. « C'est tout ce qui compte. » Ça et la réciprocité, mais il est encore tôt pour attendre de grandes déclarations de la part de mon petit ami et surtout, il me prouve tous les jours qu’il tient à moi, en gestes et en regards tendres. « Elles font ça parce qu'elles voient qu'il s'attache, tu sais. C'est bon signe. » Je l’ai déjà dit : qu’il le fasse ou pas, je ne ferais jamais rien qui le blesserait. Je suis si droite et prévisible que j’en suis ennuyeuse et elles n’ont aucun souci à se faire concernant mes intentions ou ma loyauté. « C’est lui qui te l’a dit ? » Qu’il s’attache. Je rougis tant la fébrilité dans ma voix rend mes sentiments pour son frère évident. « Elles me donnent l’impression de m’imposer. Mais je sais qu’il en vaut la peine. » Je n’ai pas beaucoup de caractère, mais avec Swann je n’ai pas envie de faire l’erreur de m’effacer pour ce genre de bêtise. « Même si ça vient avec des grognements et des morsures. Leur tourne jamais le dos, d'ailleurs. » J’explose de rire entre deux bouchées de gâteau. J’approche du coma sucré, mais je n’ai jamais autant été dans mon environnement. « Ça nous prendrait une poignée de main secrète pour quand t'auras besoin que je vienne à la rescousse pour temporiser. » Touchée, je baisse les yeux et je rougis. « Merci. » Je n’attends pas d’elle qu’elle intercède en ma faveur, j’ai simplement besoin de me sentir un peu soutenue. « Bientôt y’aura une majorité de voix pour Lucia. J’y crois. » Cette poignée de main secrète j’y réfléchis déjà, elle ne sait pas dans quoi elle se lance en me proposant ça. « Allez dit moi tout. Comment les apprivoiser toutes les deux ? » Puisque je suis à peu près certaine qu’elles sont toutes les deux insensibles à la flatterie et aux petites attentions.

« Je ferais jamais aucun mal à Swann. Je l’ai déjà dit à Ariane, et j’espère que toi tu me crois. » « Je suis pas là pour juger quoi que ce soit. Mais j’ai confiance, oui. » probablement parce que je ne l’imagine pas faire de mal à une mouche, déjà. Lucia dégage une aura tellement douce et tellement calme que je n’arrive pas une seule seconde à la croire pouvoir blesser qui que ce soit. Elle parle avec tant de tranquillité dans la voix qu’elle me semble être impossible à froisser aussi. Si on m’a reproché pendant des années d’être trop fragile, n’en reste que je suis encore là aujourd’hui à tenir debout. Et si j’ai été capable, Lucia le sera elle aussi sans le moindre doute.

La débandade de la famille potentielle sans vraiment l’être est derrière nous, je jurerais qu’autant elle que moi avons lâché la plus longue et la plus soulagée des expirations avant de poursuivre la conversation. « C’est lui qui te l’a dit ? » qu’il s’attache. « Je ne parlerai pas sans la présence de mon avocat. » on ne parle pas textuellement, de ces choses-là. Probablement de peur que de le dire à voix haute casse tout, probablement aussi de s’attirer les foudres et autres malheurs d’enfin affirmer haut et fort qu’on est heureux ou qu’on s’en rapproche le moindrement. La vie nous a un peu trop abimés, finalement. « Elles me donnent l’impression de m’imposer. Mais je sais qu’il en vaut la peine. » Ariane et Jill sont protectrices, Matt l’est aussi, moi pareil. Tant que Lucia arrive à garder la tête hors de l’eau et à aimer Swann sans s’attarder aux traumatismes et aux peurs paniques de nous tous, elle devrait finir par arriver à le prouver à qui que ce soit, à tous les niveaux. « Même ses défauts sont adorables. Je te jure, c’est lassant à force qu’il soit aussi parfait. » en attendant, je ne peux pas la contredire même si je le voulais. Swann est un cas à part, unique en son genre au point où il me rend fière à tous les jours d’être sa sœur – sauf lorsqu’il gagne au bowling du jeudi, ou qu’il me pique la dernière bouchée de glace à la pistaches. Malfrat.

« Merci. » et là, juste là, je jurerais qu’elle a un peu plus de confiance dans sa voix, Lucia. « Bientôt y’aura une majorité de voix pour Lucia. J’y crois. » dans un soupir, je viens enfin à bout de mon assiette sans que personne ne s’en étonne. J’ai probablement sans aucune surprise du caramel sur les joues et jusque dans les cheveux, mais sinon, tout reste sous contrôle. « C’est pas une guerre. Swann est un adulte, il peut choisir sans l'aval du conseil au sommet. » il est comme moi de tout façon, comme toute la fratrie : dès qu’on lui demande quelque chose, dès qu’on le lui impose ou le lui force, il fera à l'inverse. Ariane et Jill le savent très bien et s’en balancent pour le moment – un jour, elles se lasseront et passeront au suivant. L’espoir fait vivre, apparemment. « Allez dit moi tout. Comment les apprivoiser toutes les deux ? » son innocence me touche, sa naïveté m’arrache un rire attendri. « Si je savais, promis je te le dirais. » j’ai simplement la chance d’avoir le don d’éviter Ariane dès qu’elle est dans les parages, et d’avoir appris à ravaler les coups de Jill après 30 ans à les subir. « Tout va bien aller. » mais ça par contre, j’en suis persuadée.