Turn your speakers loud. Feel the energy like lightning coming through the clouds. And your heart just might just explode.. Come on scream it out. Let him hear you let him see you yeah you see them now. And it's pulsing through your bones. We'll be swimming in stars. We'll shoot for the moon, so what if we miss?. We'll light the dark, (Wayfarers, Swimming in the stars )
☆ Alex & Eve ☆
Depuis que l’on m’avait diagnostiqué. C’était-à-dire depuis mon retour de cette maudite aventure, je devais noter tout ce que je mangeais dans un carnet. J’avais pris soin de me confier à certaines personnes sur le trouble alimentaire dont je souffrais. Au départ, on avait juste pensée à une maladie de Crohn mais la chose n’était pas plausible. Il en revenait que j’étais atteinte d’un TCA. Suivie par le même psychiatre depuis la mort de Jacob, ce dernier m’avait plus ou moins expliqué que j’avais perdu l’appétit par le biais d’une culpabilisation quant à l’état de mon fils. Grand prématuré, maladie inconnue, je me rendais responsable pour ce qui lui arrivait de manière inconsciente. Raison pour laquelle je me perdais dans mes insomnies et mon manque de nourriture. Je pourrais mentir et noircir ce carnet mais cela relèverait à lui mentir à lui. Et je ne voulais pas avoir de secrets pour Ezechiel. Notre relation était naissante et je savais que les mensonges ou les non-dits pouvaient contribuer à l’empoisonner, à y mettre un terme. Et je tenais trop à lui pour le perdre. Non pire, je l’aimais.
Assise dans cette salle d’attente, syndrome de la jambe folle en action, je fixai le carnet dont les pages demeuraient presque vierges. Je ne cessai de le quitter du regard, inconsciente du monde qui m’entourait. J’avais cette faculté à me coller dans une petite bulle quand j’étais prise en étau par mon propre esprit. Je me voyais courir hors de ce cabinet, monter dans ma Coccinelle d’un autre temps, mettre le contact et rouler à l’extérieur de Brisbane avec les enfants pour ne plus jamais quitter la campagne. Ne plus revenir en ville. Ne plus respirer l’air toxique qui m’entourait, qui m’étouffait. Non, je devais m’en aller. Le projet que j’avais de restaurer une vieille ferme était bien. Il m’occuperait. Alors que le conservateur tentait de me convaincre de lever le pied, d’y aller doucement. Avec mon hypertension mais je n’en étais pas capable. Je ne pouvais pas. Alors, j’ai hoché la tête, le temps de finir la fresque et ensuite, j’aviserai. Zeke n’avait-il pas dit que nous devions vivre au jour le jour ? Ne pas se mettre dans des états pareils. Mais j’étais tout son contraire. J’imaginai cent mille choses avant qu’elle n’arrive, des scénarios tous aussi catastrophes que le précédent. Je relevai la tête pour chercher, pour réfléchir avant que mon crayon dessinât dans la marge du carnet une petite tortue. Ma petite tortue avait-il dit. Je me suis toujours vue comme un cochon d’inde. Mais il me voyait comme une petite tortue. Dans le fond, quelle comparaison était la meilleure ? Les deux étaient exactes car j’avais l’énergie d’un cochon d’inde mais à ses côtés, je me trainais comme une tortue. Je mordillai le crayon quand un gémissement me tira de ma rêverie.
Ce fut instantané. Mon aura regagna mon être alors que je tournai la tête vers les petits reniflements que je percevais. Pour la voir. La fille. Une autre fille. Je me pensais seule. Il faisait chaud. Très chaud. Et aux premiers coups d’œil, elle me semblait enceinte. Ou juste ronde. On ne sait jamais de nos jours. Je baissais les yeux pour ne pas la dévisager avant de venir fouiller dans mon sac, rangeant carnet et stylo par la même occasion avant d’en sortir un petit sachet de fruits secs. Je suis passée par là. Deux fois. Et à en juger par la proéminence de son état, elle devait être avancée de cinq ou six mois. Je me levai donc pour venir toussoter afin d’annoncer ma présence. « Excusez-moi, murmurai-je d’une voix douce avec un petit sourire, vous devriez… » Je lui tendis le sachet de bananes séchées avant de faire la navette entre les fruits et ses beaux yeux. Elle était vraiment très jolie mais très pâle. « Second trimestre, hein ? Celui où vos hormones… » J’imitai une explosion, me voulant drôle, essayant de la faire sourire. Je ne suis pas douée avec ça. Mais apparemment, les gens me voyaient comme un bébé rayon de soleil. Non, non, pas le bébé soleil dans les Télétubbies. On ne sait pas ce qu’ils lui font subir à ce pauvre enfant une fois l’émission éteinte. « Je m’appelle Eve. Mais tous mes amis m’appellent Evie. » Je lui tendis la main, me voulant rassurante. Après tout, j’ai moi aussi été dans cette situation où même la présence d’une mouche pouvait nous faire fondre en larmes pendant de longues heures. Et si je pouvais la réconforter quelques heures. Ça serait toujours ça de pris. Et cela m’éloignerait de mes troubles aussi.
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Il y en avait des séances plus compliquées que d'autres. Des jours meilleurs que d'autres aussi et celui là faisait clairement partie de la catégorie des jours à oublier. Et je n'avais qu'une envie, retrouver mon lit, les bras de Caleb et oublier cette journée qui me semblait interminable et qui avait réussi à me mettre les nerfs à vif. Faut dire que c'était pas forcément bien difficile, entre mon émotivité habituelle et les hormones ... Tout avait commencé par un réveil compliqué après une nuit agitée, une nuit qui m'avait remué avec un cauchemars suivis d’une longue période sans réussir à dormir et qui s'était répercutée sur le reste de ma journée avec comme point culminant cette thérapie. Ça faisait pourtant quelques mois maintenant que je fréquentais ce cabinet, ce psy, que je prenais à cœur ce travail que j'effectuais ici parce que j'en avais réellement besoin. Pour moi, pour Caleb, pour nos filles. C’était même devenu presque indispensable pour moi. Ça et les réunions des AA, c'était devenu le lieu ou je pouvais extérioriser mes émotions pour ne plus me laisser envahir. Ça fonctionnait, cet équilibre me convenait, j’allais mieux, et j’avais appris à accepter le fait qu’allait mieux ne voulait pas dire allait bien tout le temps. Personne ne peut aller bien tout le temps. Aujourd’hui, en était un peu la preuve et c'était en larmes que j'avais fini la séance. Ce n’était pas mes premières larmes et sans doute pas les dernières ici mais elles coulaient encore un peu quand j’avais quitté le bureau dans lequel je venais de déverser mes sentiments. Bouleversée par les émotions que j'avais ressenti en évoquant certains de mes doutes, de mes souvenirs. En évoquant aussi certaines de mes craintes pour les échéances à venir. La grossesse avançait bien. Et plus elle avançait et plus je perdais en autonomie. Pas que je sois totalement dépendante, heureusement que non, mais certaines choses du quotidien devenaient compliquées et je me sentais diminuée. Je n’aimais pas ça, pas du tout. Et avec ça, plus la grossesse avançait plus on se rapprochait du moment où j’allais pouvoir les rencontrer. Mes filles. Et même si j’étais impatiente, cette pensée me faisait passer par tout un tas de questionnements et de remise en question que je n’arrivais pas toujours à gérer. Pas aujourd’hui en tout cas. Pas après cette nuit. Et pourtant j’étais heureuse, je l’étais vraiment, la plupart du temps du moins, mais j’avais peur en pensant à ce qui m’attendais encore. Des peurs de future maman avait laissé sous-entendre le thérapeute, sans doute pour me rassurer et me faire me sentir normale. Des peurs pas inhabituelles, mais je me sentais de nouveau prise dans ce trop pleins de doutes et je n'aimais pas ça. J'avais peur à nouveau et je détestais ça. Peur de ne pas réussir avec elles. Peur de leur faire du mal. Peur de ne pas les aimer en les voyant. Peur de me détester aussi de les aimer parce que je n’avais pas réussi à aimer Nathan. Pas réussi à le regarder même. J’avais peur. Peur de tout et de rien. Peur de tout et de son contraire. Peur de les aimer. Peur de ne pas les aimer. Peur de les avoir contre moi. Peur de les perdre et qu’on me les enlève. Peur de m’attacher à elles. Peur de ne rien ressentir en les voyant. Peur qu’il leur arrive quelque chose. Peur de moi-même aussi. Et dans ce bureau, dès que je pensais à elles, dès que je parlais d'elles, dès que je les sentais bouger en moi, j’avais cette sensation d’essoufflement, l’impression de sentir ma poitrine se serrer et je sentais la vague d’inquiétude me submerger. Je paniquais tout simplement devant l’ampleur des questionnements et des peurs que j’avais en pensant à elles. Je détestais ça et je détestais cette séance qui m'avait poussé à me livrer sans retenue. Et dire que tout ça partait d'un cauchemars, d'un putain de cauchemars. Ce cauchemars que j’avais évoqué avec le psy. Ce n’était pas réel, ce n’était pas réel et j’avais beau me l’avoir répété encore et encore, je me revoyais allongée à l’hôpital, seule, complètement seule, suppliant pour qu'on me ramène mon bébé. Une vision qui faisait se mélanger les sentiments en moi. La culpabilité vis à vis de Nathan. La peur de perdre les filles. La crainte d'être de nouveau seule. Et tout ça me serrait le ventre. Et j’avais peur, j'étais terrifiée même parce que je ne voulais pas les perdre. Ça je le savais. Et ça me terrifiait tellement. La force de mes émotions me faisait paniquer aussi. Je ne voulais pas penser au pire, je ne voulais surtout pas penser à ça. Je ne voudrais même plus penser du tout, oublier toutes les craintes que ce cauchemars avait pu faire naître en moi. Oublier aussi cette journée parce qu’il n’y avait décidément rien à en tirer, rien à sauver. J'avais besoin de Caleb, de ses bras, de sa présence. Mais il n'était pas là et il ne pouvait pas être là tout le temps. J'étais seule et je devais apprendre à gérer tout ça, j'en étais capable désormais. Et il fallait que je le fasse. Apprendre à me calmer et à calmer mes émotions pour retrouver un semblant de calme.
Et les larmes continuent de couler même une fois sortie du bureau, les larmes qui glissent le long de mes joues alors que je ne sais même pas vraiment quand elles ont commencé à couler. Si c’est mes peurs, la thérapie, les hormones ou un mélange de tout ça qui a fait de moi encore une fontaine ambulante. Je ne sais même pas vraiment ce que j’attends quand je sors du bureau, je ne sais pas pourquoi je reste debout là à attendre. Mais les larmes continuent de couler et je n’essaye même pas de les retenir, je les laisse couler en espérant que les émotions négatives s’évacueront en même temps. Alors j’attends, debout que la tempête émotionnelle en moi se calme. Que ma vue ne soit plus brouillée par tout ce liquide qui s’écoulent de mes yeux. J’attends aussi que les tremblements de mon corps secoué de sanglots se calment. J’attends de retrouver un semblant de calme avant de me confronter au monde extérieur. J’attends debout contre le mur que mes forces reviennent et que je laisse l’émotion derrière moi. Dans ma bulle, seule je ne remarque pas les gens autour, jusqu’à ce qu’une femme m’interpelle. C’est elle qui me ramène sur terre. Et c’est en baissant les yeux vers cette fille qui est aussi petite que sa voix est douce, que je me suis rendue compte que je ne suis pas vraiment seule et que je viens de partager mes émotions avec une inconnue. Que je viens aussi sans doute de perturber cette femme par mes reniflements et mes pleurs interminables. Je la regarde gênée d’avoir montrer ma faiblesse et de lui avoir imposée ce moment malaisé pour tout le monde. Et alors que je m’attends à ce qu’elle me demande d’être plus silencieuse, je me retrouve avec un sachet de bananes séchées sous les yeux et une invitation à piocher dans ce même sachet. Je devrais oui sans doute, mais pourtant j’hésite quelques instants. Fixant cette inconnue, qui a pourtant quelque chose de familier. Je la regarde et je vois son petit sourire, elle me sourit ? Je finis par prendre un fruit sec sous le regard de la jeune femme. « Merci. » C'est plus un murmure gêné qu'une vraie parole mais je suis un peu surprise par la gentillesse de cette femme que je ne crois pas connaître. Un geste inattendu venant d'une inconnue et je ne suis pas habituée à cette douceur et cette gentillesse. « Second trimestre, hein ? Celui où vos hormones… » Elle aurait pu repartir vaquer à ses occupations après m'avoir fait taire mais non elle me parle, tente de me faire sourire en évoquant les hormones et l'effet de celle ci semblable à une explosion et c'est malheureusement le cas chez moi. « Mes hormones sont comme ça depuis le début pour mon plus grand malheur et celui de mon mec. » Et tout en essuyant mes yeux rougis par les larmes, je souris à cette femme. Tout en repensant à mes nombreuses crises de larmes depuis le début de ma grossesse, des crises qui ont parfois laissé Caleb sans voix tant elles venaient de nulle part et qu’il n’y avait rien à faire pour me calmer. Alors oui la comparaison avec une explosion me semble justifier. « Mais oui second trimestre, avec tout ce qui va bien, la joie des hormones, de la vessie prête à exploser toutes les dix minutes, des jambes lourdes et des nuits courtes. » J'en suis à 25 semaines très exactement, mais j'ai déjà l’impression d’être énorme, en même temps je le suis, merci les jumelles. Et tout ce que je décris est bien réel pour moi et peut-être encore accentué par la présence de deux bébés et du poids supplémentaire que j'ai à porter. Et alors que j'ironise sur les petites contrariétés de la grossesse, j'en oublie un peu mes vrais peurs, celles que je viens de déverser dans l'espace clôt du bureau du thérapeute. Elle me tends la main en se présentant, une main que je serre sans hésitation cette fois. « Enchantée, moi c’est Alex. » De nouveau j'essuie du revers de la main mes yeux et c'est à ce moment que je réalise que je dois avoir une tête à faire peur et j'espère sincèrement que mon maquillage n'a pas coulé partout sur mes joues. « Je suis désolée pour ce spectacle pathétique, je dois avoir une tête affreuse. » Que je lui dis en essayant de relativiser tout ça. Entre la fatigue et les larmes, je n'ose pas imaginer l'état de mes yeux, de mes cernes, mais elle doit connaître tout ça. Et, si je peux voir qu'elle n'est pas enceinte, vu son physique de petit moustique, elle semble familière avec l'effet des hormones et donc j'en déduis qu'elle est déjà passée par là elle aussi. « Cette grossesse va avoir raison de moi, et je ne suis même pas encore dans le troisième trimestre. » Je lâche un petit rire, évacuant un peu la pression des derniers moments. Je plaisante, mais au fond le troisième trimestre sera vite là et je sais que ça ne sera pas une partie de plaisir. Mais mieux vaut en rire non ? J'ai déjà assez pleuré en tout cas.
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☆ Alex & Eve ☆
Je me rappelle chacune de mes grossesses. Avec exactitude. Cette solitude ressentie lors de la première alors que Pierre tournait les talons, me demandant d’avorter. La joie, l’émotion ressentie quand j’ai vu le bébé. Quand j’ai entendu son cœur battre. Je n’étais qu’une gamine à l’époque. Dix-neuf ans. je n’étais qu’une enfant qui avait vécu sa vie recluse dans un orphelinat et qui était tombée amoureuse de son professeur d’université. Un peu cliché jusqu’à la grossesse. J’aurai pu le sommer de me verser une pension, faire un scandale. Après l’euphorie vient l’angoisse. Comment vais-je faire pour tout payer ? Pour payer les courses ? Les couches ? Les vêtements ? Les jouets ? La France regorgeait d’aide, elle nous permettait dans un premier temps de nous en sortir. Puis au final, j’ai décidé de prendre un emploi. Études, emploi, bébé. La seconde aurait pu être simplifié. Mais une fois encore, je me suis retrouvée sans rien. Mon mari étant parti en guerre, mon meilleur ami étant interné. Je ne comptais que sur moi. Il y avait Oak dans les parages qui venait de temps en temps. Et puis, ce froid laissé par la perte de l’être aimé. Les cauchemars, deux enfants en bas âge. Et cette crainte à nouveau d’être seule, de ne plus pouvoir payer. Mais j’avais une famille. Certes, elle était petite avec Ivana, avec Paul, avec Caleb, Oakley. Mais ils me permettaient de tenir. « Tenir ». Parce que je ne disais rien. que je mangeais peu. Que je ne dormais qu’en présence de Zeke et que mon esprit n’était pas tranquille. Les cauchemars, ma noirceur, ce monstre qui me dictait quoi faire. Et cette eau. Le thérapeute m’a dit de représenter mes angoisses et ne sachant pas nager, il fut normal que cela soit de l’eau. Cette eau qui m’englobait toute entière après chaque séance. Au début, je pleurais à chaudes larmes et maintenant, je ne ressentais plus rien. si ce n’était un vide abyssale. Contrairement à la jeune femme qui pleurait à côté de moi. Pleurer est un mot faible. Elle semblait en pleine crise d’angoisse. Et je l’ai vécu.
Son visage m’était familier. Je l’avais surement vu quelque part. Mais je ne me souvenais plus d’où. je n’avais pas la mémoire des visages. « Merci. » Je lui fais un bref signe de tête comme pour lui signifier qu’elle ne me devait rien. J’avais souvent envie de sucre ou je faisais de l’hypoglycémie. J’ai assez pleuré pendant mes deux grossesses. C’est la fiesta des hormones à chaque fois. et je n’ai aucune envie de revivre ça. car cela voudrait dire que mon mec se barrerait comme l’ont fait les deux autres. Et je tenais trop à Zeke pour le voir tourner les talons. Donc, j’étais bien avec mes deux enfants. « Mes hormones sont comme ça depuis le début pour mon plus grand malheur et celui de mon mec. » Je grimace. Oui, je comprenais tout à fait. Jacob était perdu aussi pendant les quatre mois qu’il avait partagé avec moi. J’hésite à poser ma main sur la sienne mais je ne fais rien. je me contente de m’asseoir à ses côtés. « C’est normal, répondis-je d’une voix douce, vous avez quelqu’un à l’intérieur de vous et donc, ce dernier il aménage un petit nid douillet en refaisant la déco intérieure. » j’ai un sourire doux. Je connaissais ça. La dernière a été éprouvante en plus de mon hyperactivité. Combien de fois Caleb ou Oak débarquaient en me disant de rester assise et d’attendre ? De prendre patience. « Mais oui second trimestre, avec tout ce qui va bien, la joie des hormones, de la vessie prête à exploser toutes les dix minutes, des jambes lourdes et des nuits courtes. » Je hochai la tête. Ouais. Que de souvenirs. « Alors pour les hormones et la vessie, je n’ai aucun remède. Mais pour le sommeil, je vous conseille le coussin de grossesse. Il m’a littéralement sauvé la vie pendant celles que j’ai traversé. C’est comme une sorte de gros traversin qui épouse parfaitement votre corps et vous apporte du réconfort. Et ça évitera à votre compagnon de vous entendre ruer comme un cheval toute la nuit. » Je n’avais pas eu cette chance. D’avoir la chaleur réconfortante de quelqu’un. « Quoique pendant le second trimestre, il y a aussi l’autre aspect… » Celui où la femme est en chaleur. Etant célibataire, je l’ai connu. Celui où même le clodo du coin semble désirable et nous apparait comme étant Brad Pitt. Ou Orlando Bloom dans mon cas. Ça cela fait partie du bon côté de la grossesse. Et la poitrine. Je me permets un rapide coup d’œil sur la sienne. Quoiqu’ils ont l’air douloureux. Je lui sers délicatement la main alors qu’elle vient se présenter. « Enchantée, moi c’est Alex. » Et là, cela fait tilt dans ma tête. Blonde, Alex, enceinte, émotive. J’écarquille les yeux avant de faire un bond pour me mettre debout. « T’es… ? Haaaan. » Mais qu’est-ce qu’elle est jolie. Il n’avait pas menti là-dessus. « T’es la copine de Caleb ? Je suis Eve. Enfin, je ne sais pas s’il t’a parlé de moi. J’étais amie avec… » Je mouline des mains pour lui parler de Victoria car aucune femme n’apprécie qu’on lui parle des ex de son mec. Même décédée. « Son amie maman un peu névrosée. » Quoique je doutais qu’il m’ait décrite ainsi puisqu’il était trop gentil pour ça. « Je suis contente de te rencontrer enfin. T’es trop jolie. Pardon, pardon, je suis hyperactive et un peu trop tactile. » Beaucoup trop tactile donc je viens me remettre à ses côtés avant de rougir comme un coquelicot en rentrant ma tête dans les épaules. « Je suis désolée pour ce spectacle pathétique, je dois avoir une tête affreuse. » Je me tourne vers elle en penchant la tête sur le côté avant un petit sourire. « T’inquiètes même avec les yeux tout rouges, t’es jolie. Et puis t’as l’aura de la future maman. C’est encore une belle connerie ça. T’as l’aura la future maman. J’ai pas bu depuis six mois, pas fumé, j’ai les seins qui vont exploser et si tu touches encore mon ventre, je t’explose. J’ai bien résumé l’état actuel hein ? » je plisse le regard avec un sourire en coin. Après tout, elle avait sans doute besoin d’un peu d’aide. Et puis, cela ne lui ferait pas de mal d’avoir une amie -oui, c’est la copine de Caleb et elle le rend heureux donc mon amie- féminine qui a déjà vécu ça. « Cette grossesse va avoir raison de moi, et je ne suis même pas encore dans le troisième trimestre. » Le troisième trimestre. Pour Jacob, je l’avais à peine vécu vu qu’il était prématuré. « Vu que tu attends des jumelles, oui, il me l’a dit, t’accoucheras avant. Après c’est vrai qu’à la fin ça fait long car tu ne peux rien faire. Ça a été un calvaire pour moi de rester coucher. Mais t’as une perle avec toi, il va t’aider. » Je m’autorisai à poser ma main sur la sienne. « Et je suis là. J’ai deux enfants. Donc je suis passée par là. Tu veux qu’on aille boire un jus de fruits ? Comme ça, si t’as des questions, je peux y répondre. Et si tu veux te confier sur tout ce que tu ressens, je ne te jugerai pas. C’est pas mon genre. » Je continue de lui faire un sourire brillant avant de me lever et de lui tendre la main. « Ah et une part de tarte aussi. Parce que la part de tarte ça arrange tout. » Il faudrait que j’arrête de citer Men In Black III un jour.
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« C’est normal, vous avez quelqu’un à l’intérieur de vous et donc, ce dernier il aménage un petit nid douillet en refaisant la déco intérieure. » Sa voix douce, son sourire et ses mots qui se veulent amusant, elle arrive à attirer mon attention et à me faire sourire malgré les dernières minutes compliquées. Ses mots me font sourire alors que je visualise un peu l'image qu'elle m'a mise en tête. Mais avec une petite nuance, puisque ce n’est pas un mais deux petits êtres qui s’entraident pour refaire les lieux à leurs goûts. Chacune leurs tours, ou les deux en même temps elles s’installent et me le font savoir. « Ah ba en ce moment c’est pas la deco intérieur qui est refaite, j’ai l’impression surtout que c’est des travaux de grandes envergures pour agrandir sauf que mes côtes semblent gêner l’expansion des lieux. » Elle me fait sourire avec ses comparaisons et je me prends au jeu, me détendant un peu, lui confirmant avec une pointe d'humour que je suis sujette à toutes les contrariétés d'une grossesse. Et après m'avoir tendu la main pour sortir de cette crise de larme dans laquelle j'étais, elle continue à me parler. Elle aurait pu repartir à sa place mais non. Je me laisse tomber sur une chaise et elle s'assoit à mes côtés, me donnant des conseils pour m'aider à supporter un peu mieux les inconvénients que je venais d'exprimer. Et je lui souris, entre deux reniflements, je lui souris. C’est qu’elle parle Eve et j’ai presque l’impression d’être à la place de Caleb pour une fois, face à un trop plein de paroles et d'énergie alors que quelques minutes auparavant j'étais en train de me perdre dans mes pensées, je me retrouve assaillie par l'énergie débordante de cette jeune femme. Et elle me fait sourire, son énergie est communicative, son enthousiasme aussi. « Merci pour le conseil, je regarderai ça mais je suis pas sûre que mon mec accepte que je le remplace par un oreiller géant. » C'est un peu faux, je suis sûr qu'il serait plus que ravi que je trouve une solution pour arrêter de bouger dans tout les sens la nuit, mais c'est moi qui n'ait pas très envie de le remplacer par un oreiller. Juste parce que j'aime m'endormir contre lui, le sentir contre moi et j'aime aussi qu'il soit aux petits soins avec moi. Mais le ventre devient de plus en plus contraignant tout de même et c'est sans parler des douleurs au dos et je me note quand même cette idée, juste au cas ou parce que j'ai encore trois mois à tenir, trois mois à gérer les nuits agitées et si ça peut aider alors je dois au moins réfléchir à l'idée. Et sans que j'en ai réellement demandé, cette fille me donne des conseils, des astuces de grossesses et je réalise à ce moment qu'une inconnue dans la salle d'attente de mes psy m'apporte ce que personne autour de moi n'ait en mesure de faire. L'expérience d'une femme enceinte. Je finis par me présenter à elle quand même et je la vois qui fait un bond devant moi. Les yeux grands ouverts je la regarde et l’espace d’un instant j’avoue que j’ai peur. « T’es… ? Haaaan. » Je la fixe surprise par sa réaction. C'est beaucoup d’énergie d’un coup émanant d’une si petite et si frêle femme. Et je comprends. Moi aussi j’ai dans le regard cette lueur qui indique que je viens de réaliser. Cette impression de familiarité en la voyant, je fais le lien et je souris en l'entendant prononcer le prénom de mon mec. Elle connaît Caleb et je me souviens maintenant de l’émission qu’il a vaguement regardé connaissant l’une des participantes. C’était elle Eve. Cette fille beaucoup trop énergique qui s’agite devant moi et me touche sans retenue. Son amie Eve, je tique un peu quand elle laisse en suspense sa phrase mais je ne réagis pas, j'en ai pas trop le temps et je ne suis pas vraiment sûre de ce qu'elle voulait sous-entendre, alors je la regarde la laissant exprimer sa surprise en réalisant qu'elle était en train de parler à la copine de Caleb, enfin de me parler quoi. « Je suis contente de te rencontrer enfin. T’es trop jolie. Pardon, pardon, je suis hyperactive et un peu trop tactile. » Est-ce que quelqu'un arrive à retenir un sourire devant cette fille ? Mais le grand mystère, c'est comment cette femme peut-elle avoir autant d'énergie à dépenser ? Hyperactive et un peu trop tactile, je ne vais pas la contredire. Je rougis un peu moi aussi, alors qu'elle me complimente. C'est assez inhabituelle d'entendre venant d'une presque inconnue des compliments, surtout que je ne suis pas forcément douée avec les compliments à faire aux autres. « Euh, merci, enfin je crois. » Je l'observe un peu, n'ayant clairement pas la même énergie qu'elle, mais je reprends après quelques secondes. Après avoir réalisé que cette fille semble me connaître un peu, du moins elle connaît Caleb et que je viens vraiment de pleurer devant une amie de Caleb. Un peu gênée et confuse, j'essaye de reprendre sans gâcher la joie qui émane d'elle. « Oui, oui c’est moi. La copine de Caleb. » J’ajoute la précision au cas où elle aurait oublié sa question après toute cette effusion de joie et d’enthousiasme. « Il m’a pas parlé de tes névroses mais tu sais il vit avec moi alors il est habitué aux névrosées. Mais oui il m’a parlé de toi. Il avait oublié de me dire à quel point tu es énergique et tactile ! Eve de l’émission c'est bien ça ? » Que j’ajoute comme pour m’assurer quand même d’avoir bien reliée les bons éléments entre eux. Et aussi parce que c’est un peu près tout ce que j’ai comme information sur elle. Que c’est une amie à Caleb, qu’elle a des enfants et qu’elle a participé à un jeu dont je n’ai absolument rien suivis. Elle m'a dit qu'elle était contente de me rencontrer enfin, et je dois avouer que j'aurais préféré d'autres circonstances qu'une crise de larme dans la salle d'attente de mon psy à montrer à quel point je peux être pathétique et faible parfois. « Je suis ravie de rencontrer une star de la télé. Même si franchement, cette rencontre ne me mets pas en valeurs, je suis un peu gênée. Désolée vraiment. J'espère que les circonstances de cette rencontre ne vont pas te faire peur. » Et je n'ose même pas savoir quel effet les larmes ont eu sur mon visage et sur mon maquillage et pourtant elle se montre gentille envers moi et elle me complimente encore, tout en ironisant sur la grossesse avec moi. Et ça aussi c'est une chose nouvelle pour moi. « T’inquiètes même avec les yeux tout rouges, t’es jolie. Et puis t’as l’aura de la future maman. C’est encore une belle connerie ça. T’as l’aura la future maman. J’ai pas bu depuis six mois, pas fumé, j’ai les seins qui vont exploser et si tu touches encore mon ventre, je t’explose. J’ai bien résumé l’état actuel hein ? » Et, c’est plutôt bien résumé même si dans mon cas, l’alcool ça faisait plutôt sept mois et la cigarette un peu moins puisque j’ai mis un peu de temps après l’annonce à arrêter complètement. Mais pour le reste c’est assez juste. Les seins douloureux et ultra sensibles, mon ventre qui est une attraction, les nuits gâchées par des envies de pipi, c’est un tableau assez juste qu’elle vient de dresser Eve. Et je ne peux m’empêcher de lui sourire, les seuls avec qui je peux parler de ma grossesse sont des hommes, alors aucun ne peut vraiment comprendre ce que je ressens, elle, elle comprends sans même que j'ai à m'en plaindre. Elle comprends et ça fait du bien. « C’est plutôt un bon résumé oui. Et j’avoue que même si j’ai arrêté la cigarette après une telle journée j’aurais bien envie d’une clope pour me détendre. » J'ai presque honte d'avouer ça, mais je lève les épaules et c'est juste une envie, une envie comme d'autres que je peux avoir et auxquelles je ne céderais pas. De toute façon je n'ai plus de cigarettes sur moi depuis que j'ai pris la décision de diminuer puis d'arrêter pour la santé des filles. Mais comme elle le dit à sa manière, la grossesse n'est pas une partie de plaisir et depuis que je suis enceinte j'ai du arrêter l'alcool, la cigarette, le sport à haute intensité, le tout en quelques semaines et j'ai parfois du mal à trouver comment évacuer mes émotions négatives.Et dire qu'il me reste encore trois mois. « Vu que tu attends des jumelles, oui, il me l’a dit, t’accoucheras avant. Après c’est vrai qu’à la fin ça fait long car tu ne peux rien faire. Ça a été un calvaire pour moi de rester coucher. Mais t’as une perle avec toi, il va t’aider. » Il lui a dit pour les jumelles et je me demande ce qu’il a pu lui dire d’autres. Je réalise à ce moment que je ne sais même pas s’il a reparlé de notre histoire avec d’autres. Si depuis un an, il a révélé le secret de notre histoire à d’autres personnes. Mais elle a pas l’air de me détester Eve, au contraire, donc je préfère me dire qu’elle ne sait rien. Juste que visiblement je porte les jumelles de Caleb et ça semble lui faire plaisir. Et tout en dévoilant le fait qu’elle sait pour les jumelles, elle lâche des éléments qui me font grimacer légèrement. Accoucher avant, oui mais non. Rester couchée, oui mais non. La seule chose avec laquelle je suis d’accord c’est que j’ai une perle à mes côtés et qu’il va m’aider. Enfin qu’il m’aide déjà. Je retiens de ses mots aussi le calvaire que ça a été pour elle, alors sa grossesse s’est mal passée ? « Est-ce que j'ai le droit d'espérer vivre un dernier trimestre idéal ? Genre pas de prématurité et pas d'obligation de repos forcé, c'est possible hein ? » Et je ne suis pas assez naïve pour ne pas savoir que le risque de l'un comme de l'autre est bien plus élevé dans une grossesse gémellaire que dans le cas d'une grossesse classique, mais j'ai envie de ne pas y penser. Comme je ne veux pas penser à l'accouchement. Pas aujourd'hui en tout cas, pas maintenant et je cherche à être rassurée aussi, peut-être que j'ai juste besoin de ça finalement. Pouvoir partager mes craintes pour cette fin de grossesse mais aussi mes craintes de future maman, avec quelqu'un qui puisse me comprendre sans me juger. Et c'est exactement ce qu'Eve me propose. Je prends volontiers la main qu'elle me tends pour me lever, je me sens si lourde à chaque fois que je me retrouve debout. Je regarde son sourire, je crois que j'ai rarement vu quelqu'un sourire autant. « Va pour un jus de fruits et une part de tarte, je t'invite pour te remercier de m'avoir sorti de ce moment compliqué, et puis tu pourras me raconter tes grossesses toi aussi, tu sembles avoir pas mal d'expérience, et ça fait plaisir de pouvoir discuter un peu avec quelqu'un qui comprends tout ça. Et puis peut-être que tu pourras m'aider à trouver un de ces fameux oreillers dont tu parlais. » Et même si maintenant que je sais qu'elle connaît Caleb, je sais que je vais devoir être prudente dans ce que je peux lui dire ou non sur mes craintes, elle m'a tendu la main, elle est venue vers moi alors que rien ne l'y obligeait. Elle m'a rassuré et tout ça sans savoir qui j'étais. Maintenant, elle et moi on a un point commun, enfin deux. Notre expérience de grossesse et Caleb. « Et puis tu pourras me dire comment tu connais Caleb aussi. » Et d'un coup, j'espère vraiment que ce n'est pas une de ses anciennes conquêtes devenues une de ses amies, je l'espère vraiment parce que ce serait gênant pour moi.
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☆ Alex & Eve ☆
Je n’aimais pas voir des femmes en proie à leurs angoisses. Cela me fendait toujours le cœur. Car j’ai été à sa place. Moi aussi je me suis retrouvée dans les salles d’attente des médecins à pleurer tout mon soul parce que j’étais angoissée, ou que j’étais seule. Personne ne m’a vraiment accompagnée pendant mes deux grossesses et j’ai dû apprendre à gérer les hormones toute seule. Donc, je pouvais clairement comprendre ce que ressentait cette jeune femme. Même si à mon sens, elle était beaucoup trop jolie pour laisser des pleurs gâcher son beau visage. Je lui tendis donc un mouchoir avant de prendre place près d’elle. essayant tant bien que mal de faire de l’humour. Sans aucun doute raté parce que je suis aussi douée pour faire des blagues que pour jongler avec les couteaux. « Ah ba en ce moment c’est pas la deco intérieur qui est refaite, j’ai l’impression surtout que c’est des travaux de grandes envergures pour agrandir sauf que mes côtes semblent gêner l’expansion des lieux. » Je lui souris. Effectivement, je me rappelai ça. « Je m’en rappelle, c’est pas agréable. J’avais l’impression que ma fille dansait la samba pendant que j’essayai de dormir. Mon fils était plus calme. Un peu comme moi. » Il est vrai que Lisa tenait essentiellement de son père pour le caractère alors que physiquement, c’était mon portrait craché. Je ne pus m’empêcher de rougir face à cette affirmation car j’étais bien jeune pour être mère de deux enfants. « Merci pour le conseil, je regarderai ça mais je suis pas sûre que mon mec accepte que je le remplace par un oreiller géant. » Effectivement, cela risquerait de poser problème. Je ne peux m’empêcher de sourire, voire même de rire face à son affirmation. Je n’ai pas eu cette chance pour ma part car Jacob est parti dès le début de ma grossesse. J’ai donc du vraiment apprendre à gérer les nuits agitées, seule avec un enfant en bas âge sur les bras. « C’est pas vraiment un coussin. En fait, il va épouser parfaitement ton ventre pour le caler et ainsi ça te paraitra moins pénible. Et crois-moi, durant le troisième trimestre, ça sera lui ton nouveau mec. » Je lui fis un sourire complaisant. Car je les ai maudits pendant le troisième trimestre. Je me retrouvais un peu dans les différents sketchs d’humoriste. Mais les hommes qui m’ont mise enceinte pour m’abandonner ou partir à la guerre -et se faire tuer- merci bien. Bande d’enfoirés. Cette pauvre demoiselle m’avait clairement l’air d’avoir besoin d’aide. Et j’accepterai de lui en donner. Après tout, il faut se soutenir entre femmes non ? Et quelle femme puisque je ne tarde pas à faire le lien entre Alex et mon meilleur ami. Ainsi, c’est elle la demoiselle qu’il voulait me présenter pour que je l’aide. Chose faite, monsieur. Et par le plus grand des hasards qui plus est puisque nous nous sommes retrouvées avec le même psy. Caleb m’avait parlé d’elle en bien et je comprenais qu’elle était vraiment jolie. Avec ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus qui semblaient me fixer en faisant le lien. Oui, oui, la casse-couille de service, c’est moi. « Oui, oui c’est moi. La copine de Caleb. » J’eus un petit rire avant de me laisser retomber sur la chaise comme un boulet de canon. « Il m’a pas parlé de tes névroses mais tu sais il vit avec moi alors il est habitué aux névrosées. Mais oui il m’a parlé de toi. Il avait oublié de me dire à quel point tu es énergique et tactile ! Eve de l’émission c'est bien ça ? » Je grimace avant de hocher la tête. « C’est moi. Et quelle horreur cette émission. Je me suis mangée une voiture juste après le départ. On ne peut pas faire plus idiote. Quant à mon énergie, j’en ai un peu trop. Tactile aussi mais c’est parce que j’ai jamais eu de contacts durant mon enfance donc maintenant, je fais des câlins à tout le monde. » Mon dieu, je devrais vraiment songer à me taire car je ne disais que des choses qui n’avaient ni queue ni tête. Comme souvent avec moi, à vrai dire. C’était déjà un miracle que Caleb parvienne à me suivre dans mes tergiversions donc je ne pouvais pas demander ça à sa jolie copine inconnue. « Je suis ravie de rencontrer une star de la télé. Même si franchement, cette rencontre ne me mets pas en valeurs, je suis un peu gênée. Désolée vraiment. J'espère que les circonstances de cette rencontre ne vont pas te faire peur. » Je hausse un sourcil. Pourquoi les gens sont-ils sans cesse en train de se dévaloriser ? « Je ne suis pas une star. J’ai été éliminé dès la première semaine. Et c’est tant mieux. Je ne suis pas faite pour l’aventure. La preuve, je vais voir mon copain chez lui et je tombe sur un serpent. » Je frissonne rien qu’à l’évocation de ma rencontre saugrenue avec le reptile. « Et sois pas gênée, j’ai été à ta place. Je sais ce que tu vis. » Pas exactement car ma grossesse n’était pas gémellaire. Elle était simple. Alors certes, j’ai énormément souffert à cause du fait de devoir rester inactive et coucher, loin de mes proches. Mais je n’avais pas deux fœtus dans mon ventre. « C’est plutôt un bon résumé oui. Et j’avoue que même si j’ai arrêté la cigarette après une telle journée j’aurais bien envie d’une clope pour me détendre. » Je passe doucement une main autour de son épaule pour la presser doucement. Et je lui souris. « Tu crois qu’ils en font encore en chocolat ? Comme ça t’as l’impression de fumer mais tu ne nuis pas à ta santé. Et le chocolat est très bon pour les nerfs. » A vrai dire, je ne savais pas trop comment je pourrais essayer de lui faire passer sa crise. Sans doute avec de la nourriture. Ça marchait sur moi. le seul moment où j’acceptais de manger sans contrainte. C’était durant mes deux grossesses. Sinon, mon poids pouvait l’attester, je ne pensais pas assez à me nourrir. Au risque de me faire souffler dans les bronches par Caleb, Zeke et tous mes amis. « Est-ce que j'ai le droit d'espérer vivre un dernier trimestre idéal ? Genre pas de prématurité et pas d'obligation de repos forcé, c'est possible hein ? » j’eus un haussement d’épaules. « On sait pas. chaque grossesse est différente. La première pour moi a été assez simple mais la seconde… C’est pas très joyeux d’en parler. » Avec la perte de mon mari, le fait que mon fils soit un grand prématuré et que maintenant il est malade. Oui, effectivement, je n’avais pas envie d’en parler à une future maman qui avait clairement besoin de mon aide. « Mais ça va bien se passer. Je suis là. J’abandonne pas les gens, c’est même plutôt l’inverse. Si t’as la moindre question ou le moindre doute tu pourras m’appeler. » Je lui fais un petit sourire avant de venir me lever pour repasser mon vieux sac rapiécé par-dessus la tête. Un jour, j’aurai la force de le jeter mais pour l’heure, je devais me concentrer sur la future maman. C’était un bon exercice pour mon TDA non soigné. De devoir me concentrer sur une unique chose et d’éviter de partir dans tous les sens. Je décide de lui tendre la main et je suis choquée de voir à quel point elle est douce. Alex me semble si fragile à l’instant précis. Je savais alors que je ne la laisserai pas seule. Hors de question. « Va pour un jus de fruits et une part de tarte, je t'invite pour te remercier de m'avoir sorti de ce moment compliqué, et puis tu pourras me raconter tes grossesses toi aussi, tu sembles avoir pas mal d'expérience, et ça fait plaisir de pouvoir discuter un peu avec quelqu'un qui comprends tout ça. Et puis peut-être que tu pourras m'aider à trouver un de ces fameux oreillers dont tu parlais. » Je me sens rougir un peu car je ne parlais pas de mes grossesses. De mes enfants, oui. Mais les grossesses, étant donnée mon historique compliqué… « D’accord. Pour l’oreiller on peut aller dans un magasin pour futures mamans. Enfin, c’est là que j’avais trouvé le mien y’a… ça fait déjà trois ans. ça passe vite. » Avec mon fils qui grandissait un peu plus chaque jour. Et qui me ressemblait en tout point au niveau du caractère. Aussi doudou que moi et aussi petit. Pas de doute, mes enfants ne seront pas des basketteurs professionnels. « Et puis tu pourras me dire comment tu connais Caleb aussi. » Je me tourne vers elle, en lui tenant la porte avant de cligner des yeux. Une, deux, trois fois. Encore un de mes tocs. « je pensais qu’il te l’avait dit. J’étais la meilleure amie de… » Je passe son silence en regardant mes pieds, la teinte carmin toujours présente sur mes joues. « J’étais enceinte de Lisa quand on s’est rencontrés à Paris. C’est trop un nounours, Cal. Je suis contente qu’il ait enfin trouvé le bonheur. Je te connais pas mais je peux dire que vous le méritez tous les deux. » Je lui offris mon plus beau sourire de circonstances avant de me diriger vers un salon de thé où nous pourrons être tranquilles. Une nouveauté pour moi qui n’ait jamais mis les pieds dans un tel endroit. Mais que ne ferions-nous pas pour l’amour d’une bonne part de tarte ?
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Elle me parle de sa grossesse, enfin des sensations pas vraiment agréables qu'elle a pu ressentir lorsque sa fille bougeait et je me dis que j'ai une conversation sur les inconvénients avec une inconnue. C'est un peu fou et si j'ai du monde autour de moi, j'ai personne avec qui parler de tout ça. Des sentiments que l'on peut ressentir lorsque l'on attends un enfant, des sensations que ça provoque de sentir un petit être bouger en soit. Je n'ai personne avec qui en parler, et je finis par en parler avec une inconnue. « C’est pas vraiment un coussin. En fait, il va épouser parfaitement ton ventre pour le caler et ainsi ça te paraitra moins pénible. Et crois-moi, durant le troisième trimestre, ça sera lui ton nouveau mec. » Je ris à sa remarque, et je m'imagine déjà rentrer avec un gros oreiller géant et envoyer Caleb dormir dans la chambre d'amis pour que je puisse m'installer dans notre lit à ma convenance n'ayant plus besoin de ses bras, remplacés par un vulgaire coussin, 'mon nouveau mec' selon les termes de cette petite blonde devant moi. La discussion semble facile avec elle, et elle le devient peut-être encore plus quand je découvre qui elle est. Enfin quand elle fait le lien entre Caleb et moi, et elle semble enjouée de découvrir qui je suis. Je la laisse exprimer sa surprise, elle est bien plus expressive que moi, enfin moi je suis expressive quand je pleure, pour le reste je sais me contenir. A part quand je suis énervée. Mais je lui souris, elle a réussi à me faire sourire à plusieurs reprises alors qu'il y a encore quelques minutes je pleurais sans discontinues. Et je l'écoute parler, vite et beaucoup, cette fille a une énergie débordante c'est assez fou et elle parle encore plus que moi, et ça aussi c'est assez fou. « C’est moi. Et quelle horreur cette émission. Je me suis mangée une voiture juste après le départ. On ne peut pas faire plus idiote. Quant à mon énergie, j’en ai un peu trop. Tactile aussi mais c’est parce que j’ai jamais eu de contacts durant mon enfance donc maintenant, je fais des câlins à tout le monde. » Quand elle me raconte son aventure, je me rends compte que j'ai vraiment rien suivis du tout, Caleb a sans doute regardé, il m'en a parlé d'Eve mais quand elle me parle de s'être mangée une voiture, je réalise que j'ai vraiment du m'endormir très vite devant la télé pour ne même pas me souvenir de ça. Je la regarde un peu quand même après tout, elle vient quand même de me dire qu'elle s'était prise une voiture. « Je suis désolée, j'ai visiblement rien suivis, j'ai du m'endormir devant, je savais pas pour la voiture, rien de grave au moins ? » Elle a l'air d'aller bien, enfin si j'en crois son énergie, parce que si je la regarde un peu elle semble si mince, encore plus à côté de moi. J'essaye de la suivre, j'essaye de comprendre ce qu'elle me dit, mais je me sens presque dépassée un peu par toute cette énergie qui émane d'elle, alors que moi je me sens un peu vide après cette séance avec mon psy et ses pleurs. Mais je la regarde, essayant de rester souriante alors qu'elle rayonne la blonde face à moi. « Je ne suis pas une star. J’ai été éliminé dès la première semaine. Et c’est tant mieux. Je ne suis pas faite pour l’aventure. La preuve, je vais voir mon copain chez lui et je tombe sur un serpent. Et sois pas gênée, j’ai été à ta place. Je sais ce que tu vis. » Je crains un peu l'image que je peux lui renvoyer, mais elle me rassure. « C'est pas tout les jours facile de gérer autant d'émotions, mais y'a des jours plus simples que d'autres, tu es tombé sur un mauvais mais j'en ai quelques bons quand même. » Elle sait ce que je vis et finalement j'arrête de me questionner sur mes larmes, sur mes émotions, sur tout ce à quoi je pensais encore il y a quelques minutes. Je me permets même d'avouer qu'à ce moment précis j'aurais bien envie d'une cigarette et pour une femme enceinte, c'est impossible, du moins je me l'interdis parce que c'est dangereux pour elles. « Tu crois qu’ils en font encore en chocolat ? Comme ça t’as l’impression de fumer mais tu ne nuis pas à ta santé. Et le chocolat est très bon pour les nerfs. » Encore une fois je souris à sa remarque, elle a pas tord sur une chose, le chocolat c'est bon pour les nerfs mais c'est pas avec la nourriture que je me détends moi, c'est avec le sport, la cigarette et l'alcool. Et j'ai tout arrêté, enfin pas le sport mais ce que j'ai encore le droit de faire, je n'appelle pas vraiment ça du sport. Mais sa présence et son soutien semblait déjà me détendre un peu. Et j'aimais qu'elle me parle encore et encore, ça m'évitait de me perdre dans mes pensées. Des pensées qui revenaient encore quand elle abordait ma grossesse gémellaire et tout de suite je pensais aux risques. Au troisième trimestre qui approchait, me rapprochant un peu plus de tout un tas de risques qui me faisait peur. Repos forcé, prématurité, accouchement, risques pour les filles. Autant de choses qui aujourd'hui semblaient être capable de me faire paniquer un peu, et je la questionnais. Je profitais de son expérience, de ses connaissances aussi pour tenter de me rassurer un peu. « On sait pas. chaque grossesse est différente. La première pour moi a été assez simple mais la seconde… C’est pas très joyeux d’en parler. Mais ça va bien se passer. Je suis là. J’abandonne pas les gens, c’est même plutôt l’inverse. Si t’as la moindre question ou le moindre doute tu pourras m’appeler. » Oh oui chaque grossesse est différente et je peux vraiment en témoigner, mais ça je ne peux pas lui dire. Ça m'obligerait à lui parler de ma première grossesse et il en est hors de question. Ce que je retiens c'est qu'elle a eu deux grossesses elle aussi et que visiblement l'une d'elle a laissé un souvenir compliqué. Et au fond de moi, j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé pour elle, mais je ne suis pas sûre que ce soit une très bonne idée alors que je suis déjà bien anxieuse vis à vis de tout ça. Je me contente de la regarder et de lui sourire, un sourire amical alors qu'elle vient de me donner l'autorisation de l'appeler au moindre doute. Si elle savait comment je suis, elle n'aurait sans doute pas dit ça, parce que les doutes c'est mon quotidien quand même mais je garde ses mots en tête. Eve c'est la seule maman avec qui je puisse parler et ça me rassure un peu de l'avoir rencontré. « Merci Eve, vraiment merci mais je vais essayer de ne pas trop t'accabler avec mes doutes surtout si tu as des souvenirs pas simples, je ne veux pas t'obliger à y repenser. » Je sais comme évoquer la naissance de Nathan est compliquée voir même impossible pour moi, alors je ne veux pas l'obliger à se replonger dans ses souvenirs si comme elle le dit ça ne fut pas joyeux. En revanche, j'accepte sa proposition, manger un truc et discuter avec quelqu'un qui peut comprendre la tempête émotionnelle qui se joue en moi, c'est pas de refus. Et puis c'est une amie de Caleb, c'est plus une inconnue même si je sais très peu de choses d'elle. L'occasion sans doute de changer ça autour d'une tarte et puis elle pourra me donner d'autres astuces pour supporter les derniers mois comme celle du coussin. Elle me propose d'aller dans un magasin pour ça et en réponse je lui souris comme pour lui montrer que l'idée d'aller faire les magasins avec elle semble être une bonne idée justement. Elle a déjà deux enfants, elle connaît ça, elle peut sans doute être de très bons conseils pour moi qui ne connaît rien de tout ça. Je la suis hors de ce cabinet, j'ai envie de sortir d'ici et elle m'aide à me lever, elle m'aide aussi à sortir me tenant la porte, et je me sens un peu empotée à ce moment, mais cette séance m'a quelque peu épuisée, et mon corps est aussi fatigué que moi finalement. En sortant d'ici je lui demande comment elle connaît Caleb, curieuse de connaître les liens qui les unis. « je pensais qu’il te l’avait dit. J’étais la meilleure amie de… » Un silence qu'elle s'impose, et je peux dire qu'au vue de son débit de parole, un silence comme celui là il est lourd de sens. Vraiment. Et finalement moi qui craignait que ce soit une de ses anciennes conquêtes, je crois que j'aurais pourtant presque préféré ce scénario. Une amie de Victoria donc. Parce que même si elle prononce pas son prénom, je sais bien de qui elle parle et ça Caleb ne me l'avait pas dit quand il m'a parlé d'Eve. Il ne m'a d'ailleurs pas dit grand chose sur Victoria, enfin c'est en grande partie ma faute parce que je ne suis pas des plus ouvertes quand on a eu à évoquer son ex fiancée décédée. Mais j'en viens à me demander s'il voit encore beaucoup d'amis de Victoria, s'il parle encore à sa belle-famille, enfin son ex-belle-famille. J'en viens aussi à me demander ce qu'Eve pense de tout ça, de Caleb et moi. De la place que j'occupe dans la vie de Caleb, l'ancienne place de son amie. Je ne dis rien, et moi aussi je regarde vers le bas, le sol, gênée de découvrir son lien avec Caleb finalement. « J’étais enceinte de Lisa quand on s’est rencontrés à Paris. C’est trop un nounours, Cal. Je suis contente qu’il ait enfin trouvé le bonheur. Je te connais pas mais je peux dire que vous le méritez tous les deux. » C'est elle qui reprends la parole finalement, quelques secondes après, et elle calme presque mes doutes sans même que je n'ai eu à lui en parler. Elle est heureuse pour Caleb, enfin Cal et je remarque que c'est la première fois que j'entends quelqu'un qui l'appelle comme ça. Détail inutile mais détail quand même. Et si je suis soulagée qu'elle se dise heureuse pour lui, et au passage qu'elle m'avoue qu'il a semble-t-il d'après elle trouvé le bonheur, je ne suis pas vraiment à l'aise avec l'idée qu'elle avance ensuite. Si Caleb mérite le bonheur, je ne suis pas sûre de le mériter, en tout cas une chose est sûre, je sais que Caleb ne lui a rien dit à propos de moi, enfin rien de notre passé, sinon elle n'aurait pas ce discours là, j'en suis persuadée. « Je suis désolée pour ton amie. » J'ose la regarder, et elle a toujours un sourire, alors je lui souris aussi, peut-être un peu forcé le sourire mais je ne dois pas me laisser déstabiliser par l'évocation de l'ex de Caleb. « Oui c'est un nounours Caleb, j'ai beaucoup de chance. » Je reprends ses mots et ça me fait un peu rire. Mon mec est un nounours, ça aussi c'est nouveau comme comparaison. Je sourire sincèrement en pensant à lui, à Caleb. Je souris, le regard un peu perdu dans le vide, alors que je pense à la chance que j'ai de l'avoir dans ma vie, mon pilier, mon mec, mon chéri, le père de mes enfants. « Il mérite d'être heureux, tu as raison. » Après tout ce qu'il a vécu, après tout ce que je lui ai fais vivre, après la perte de Victoria, Caleb mérite d'être heureux, plus que quiconque et sur ce point au moins, Eve et moi on semble d'accord. Et je finis par la suivre, respirant un peu l'air frais, jusqu'à un salon de thé à quelques mètres du cabinet. On entre et je ne me souviens pas avoir mis les pieds dans un salon de thé depuis que j'ai quitté Londres, et pour une Anglaise c'est un peu honteux quand même. Je m'installe dans l'un des fauteuil, un peu plus à l'aise, une main sur le ventre alors que les filles bougent légèrement. Je commence à me détendre un peu, à me sentir moins tourmentée par mes émotions et par cette séance de psy et alors que je fixe la carte des nombreux thés je finis par relever la tête vers Eve. « Est-ce que tu peux éviter de parler de tout ça à Caleb, enfin éviter de lui dire que j'ai un peu craqué aujourd'hui, je ne veux pas qu'il s'inquiète. » Il a tendance à s'inquiéter beaucoup trop pour moi, et je veux juste éviter d'avoir à lui expliquer les raisons de mon angoisse du jour, éviter aussi qu'il ne s'inquiète pour rien finalement parce que je vais bien. « Donc si j'ai bien suivis, il y a Lisa et ton fils il s'appelle comment ? Ils ont quels âges ? Tu sembles si jeunes pour avoir deux enfants. » Je questionne un peu Eve, pour penser à autre chose, pour ne pas penser à Victoria, pour ne pas penser à mes doutes, à la panique que j'ai ressenti durant ma séance de psy, à mes pleurs devant cette petite blonde. Pour apprendre à la connaître aussi, puisqu'elle m'a proposé son soutien, alors je veux juste en découvrir davantage sur la petite blonde qui a réussi à me faire sourire malgré l'état dans lequel j'étais.
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☆ Alex & Eve ☆
Le monde est décidément trop petit pour que je tombe sur la compagne de mon meilleur ami dans la salle d’attente de mon psy. Je ne l’avais pourtant jamais vu et je suivais ce thérapeute depuis presque trois ans. Il m’avait aidé à surmonter presque toutes mes phobies sauf bien entendu mon anorexie. Cette maladie se voulait vicieuse. Et avec mes récents soucis dû à Kieran, je me sentais plus perdue que jamais. Pas dans mes sentiments envers Zeke mais surtout je ne savais pas quoi faire. Parce que l’Australien avait une place chère dans mon cœur mais que je ne pourrais pas m’empêcher de nous faire souffrir dû à notre proximité. Alors j’ai tout simplement cessé de manger. Et une femme comme Alex qui venait de me rencontrer ne pouvait pas se douter que je continuais à maigrir plus les jours passaient. « Je suis désolée, j'ai visiblement rien suivis, j'ai du m'endormir devant, je savais pas pour la voiture, rien de grave au moins ? » A vrai dire, ce n’était pas plus mal qu’elle n’ait rien suivi. Je n’avais pas marqué les esprits puisque je n’étais restée qu’une semaine. Puis j’avais refusé de revenir la dernière semaine car je n’étais pas à l’aise avec les caméras. J’avais vu la première émission : mariés au premier regard et j’avais pensé que cela serait un truc du genre. « Oh non, j’ai la tête dure. Et si tu en viens à me fréquenter, tu verras que je passe ma vie à l’hosto. J’ai une carte de fidélité, dis-je en voulant détendre l’atmosphère. » Entre mes malaises au boulot, me manger des voitures, me brûler les doigts en faisant des gâteaux, me prendre des sacs de plâtre sur la tête. Elle était bien longue la liste de toutes ùes conneries. et à chaque fois, cela incombait à Caleb de venir me chercher car je ne voulais pas déranger mon nouveau petit-ami. Il allait me prendre pour une cinglée à force. Si ce n’était pas déjà le cas d’ailleurs. « C'est pas tout les jours facile de gérer autant d'émotions, mais y'a des jours plus simples que d'autres, tu es tombé sur un mauvais mais j'en ai quelques bons quand même. » Je m’autorise à lui sourire avant de venir masser son dos car je savais que ce geste pouvait être signe d’apaisement parfois. Encore une fois, je ne peux pas échapper à mon rôle de mère. « Tu sais, cela fait du bien de craquer. Et puis, je serai ton amie que tu sois dans un bon comme dans un mauvais jour. » je lui avais dit ceci d’une voix douce. Je voulais qu’elle s’enveloppe dedans comme un plaid et qu’elle oublie tous ses malheurs. J’avais envie qu’Alex se porte bien car les émotions négatives n’étaient pas bonnes pour le bébé. Je me transformais donc en moulin à paroles pour lui parler un peu de mes grossesses. J’avais adoré être enceinte même si je n’étais qu’une adolescente. Enfin une jeune adulte lorsque j’ai attendu Lisa. Mais je ne voulais pas non plus l’accabler de mes malheurs. Je n’avais aucune envie qu’elle s’en fasse pour moi. J’étais là pour l’aider et les paroles de Caleb firent sens puisqu’il m’avait demandé de prendre contact avec Alex pour lui parler bébé. « Merci Eve, vraiment merci mais je vais essayer de ne pas trop t'accabler avec mes doutes surtout si tu as des souvenirs pas simples, je ne veux pas t'obliger à y repenser. » Elle ne m’accablait pas. Alors je me contentai de hausser des épaules. « Oh tu sais, maintenant ce sont de bons souvenirs. Certes j’aurai aimé avoir mon… enfin le père de mes enfants à mes côtés mais ainsi va la vie. » J’étais maudite. Et toutes les personnes à qui je tenais en venaient à disparaitre. Comme Victoria, comme Jacob, comme la mère supérieure Je ne voulais pas que mes proches subissent la même épreuve. C’était pour cette raison que je préservais tout le monde. « Je suis désolée pour ton amie. » J’avais conscience que cela ne se faisait pas, de parler de l’ex de mon meilleur ami avec son actuel compagne. Alors je ne lui répondis qu’avec un sourire. parce que cela nous ferait du mal à toutes les deux. Aussi parce que ma souffrance n’appartenait qu’à moi. je pourrais construire des souvenirs beaucoup plus heureux avec elle. Je sentais déjà comme une sorte de lien entre Alex et moi. Sans doute lié à la grossesse. Puis à Caleb. « Oui c'est un nounours Caleb, j'ai beaucoup de chance. » Je la sentais sincère. « Nous avons toutes les deux de la chance. Moi aussi j’ai quelqu’un dans ma vie depuis peu et il est… différent. » Silencieux, un peu nigaud parfois parce qu’il n’avait pas une très belle estime de lui mais en somme, j’étais très attachée à Ezechiel. Love at the first side comme diraient les anglophones. « Il mérite d'être heureux, tu as raison. » Bien sûr que j’avais raison. Je l’avais vu au trente-sixième dessous comme lui d’ailleurs. Et je sentais qu’il touchait cette douce félicité du bout du doigt. Ils me donneraient presque envie de faire un troisième enfant. Mais pas tout de suite car ma relation avec Zeke était jeune. Bien que je demeurai certaine qu’il serait le père de mes futurs enfants. Voulant une fratrie trop nombreuse. « Est-ce que tu peux éviter de parler de tout ça à Caleb, enfin éviter de lui dire que j'ai un peu craqué aujourd'hui, je ne veux pas qu'il s'inquiète. » Je m’autorise à commander une tasse de thé avant de darder mon regard azuré sur sa silhouette. « Bien sûr. Solidarité féminine avant tout. » Je lui glissai un clin d’œil avant de regarder la carte des tartes. Elles semblaient toutes alléchantes mais je savais d’avance que j’opterai pour la moins calorique. Foutue maladie à la con. « Donc si j'ai bien suivis, il y a Lisa et ton fils il s'appelle comment ? Ils ont quels âges ? Tu sembles si jeune pour avoir deux enfants. » J’ouvre et je referme la bouche avant de me sentir rougir. « Lisa a sept ans. Caleb est son parrain et Jacob Junior a deux ans et demi. » Je sentais que c’était le moment de raconter mon histoire. « J’ai été abandonnée à la naissance. Élevée en orphelinat donc quand je suis tombée enceinte à dix-neuf ans et que mon mec m’a largué en me demandant d’avorter… Je n’ai pas pu. Elle faisait partie de moi. Je l’ai donc élevée seule, les quatre premières années. Puis je suis tombée amoureuse d’un Australien que j’ai épousé trop vite. Je suis rapidement tombée enceinte et j’ai… » Je sentis mes yeux s’embuer. « Il est mort quand j’étais à… à sept mois de grossesse. Accouchement prématuré. Il… enfin mon fils, il a un petit retard mais tu verras c’est un ange. Ma fille tient plus de son père que de moi. Donc oui, je suis jeune. » J’eus un petit éclat de rire. « Et tu sais quoi, je pense ne pas m’arrêter à deux enfants. Bon, je ne sais pas si mon compagnon, enfin si Zeke en voudra avec moi. Mais j’aimerai une famille nombreuse. » J’avais dit ceci d’une voix si douce et timide. Un peu la famille que je n’avais jamais eue.
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Elle est douce Eve et je ne sais pas si dans ma vie j'ai déjà rencontré quelqu'un d'aussi doux et avenant, et tactile qu'elle. Je ne sais pas si c'est parce que je suis la meuf de Caleb que j'ai le droit à un traitement si spécial, mais Eve m'a tendu la main avant même de savoir qui j'étais alors j'en déduis qu'elle doit juste être quelqu'un de bien, mais genre vraiment. Et j'en ai pas rencontré beaucoup dans ma vie non plus des gens foncièrement bons, faut dire que j'ai pas vraiment fait partie des gens qu'on avait envie d'aider. Elle me soutient, elle me rassure, elle me console et je ne suis pas habituée par tant de sympathie venant d'étrangers surtout. Mais si elle était une étrangère quelques minutes plus tôt, elle ne l'est plus réellement, elle est l'ami de Caleb et ça fait une grande différence. « Tu sais, cela fait du bien de craquer. Et puis, je serai ton amie que tu sois dans un bon comme dans un mauvais jour. » Et peut-être qu'elle deviendra la mienne aussi ? C'est ce qu'elle semble dire. Et je lui souris, touchée par ses mots et par la douceur avec laquelle elle me parle, par la douceur de ses gestes aussi. Elle est attentionnée, et elle réussit à me faire penser à autre chose, à calmer mes émotions et mes doutes. Par sa présence, elle m'apaise un peu et je la remercie. D'être là, de m'avoir regardé, de m'avoir parlé aussi, alors qu'elle aurait pu tracer son chemin et laisser la pauvre fille chialer dans son coin. C'est sans doute ce qu'aurait fait 90% des gens, c'est sans doute ce que j'aurais fais moi. « Oh tu sais, maintenant ce sont de bons souvenirs. Certes j’aurai aimé avoir mon… enfin le père de mes enfants à mes côtés mais ainsi va la vie. » Je l'écoute, je retiens qu'elle a été seule, mais je n'ose pas la questionner, par peur d'être indiscrète sans doute ou par peur de faire ressurgir des choses douloureuses. Je sais que le passé peut-être un sujet vraiment difficile, alors je la questionne plutôt sur son lien avec Caleb. Et finalement j'aurais peut-être du enfoncer le clou sur son passé avec le père de ses enfants, ça aurait peut-être été douloureux pour elle, mais là, elle évoque Victoria et c'est douloureux pour nous deux. Peut-être, enfin sans doute, plus pour elle que pour moi mais c'est un sujet avec lequel je suis loin d'être à l'aise. Heureusement, elle ne développe pas, du moins pas sur Victoria, et c'est de Caleb que nous parlons ensuite, de cet homme qui m'apporte tant au quotidien et qui me redonne le sourire. Même sans être là, je pense à lui, à la chance que j'ai de l'avoir à mes côtés et je souris. « Nous avons toutes les deux de la chance. Moi aussi j’ai quelqu’un dans ma vie depuis peu et il est… différent. » Je lui souris, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens heureuse pour elle, peut-être parce que de part ce qu'elle me renvoi, je me dis qu'elle mérite d'être heureuse. « J'espère qu'il te rendra aussi heureuse que Caleb le fait avec moi, même si je doute qu'il puisse être aussi parfait que Caleb. » Je lui souris, je veux qu'elle puisse voir que malgré mes larmes je suis heureuse. Parce que je le suis, même si aujourd'hui ça ne se voit pas au premier abord, parce que je viens de pleurer face à elle, mais je le suis grâce à Caleb et à tout ce qu'il fait pour moi et pour nous. Je suis d'ailleurs obligée de lui demander de ne rien dire à Caleb pour mes larmes, je lui demande de cacher un détail à son ami et c'est pas très correct mais elle accepte et je me sens de plus en plus à l'aise avec elle. Et une fois nos commandes passées, je finis par me ressaisir un peu, et je la questionne elle, sur ses enfants, sur sa vie en quelque sorte pour en savoir plus sur celle qui semble vouer à faire partie de ma vie de part son lien avec Caleb. « Lisa a sept ans. Caleb est son parrain et Jacob Junior a deux ans et demi. J’ai été abandonnée à la naissance. Élevée en orphelinat donc quand je suis tombée enceinte à dix-neuf ans et que mon mec m’a largué en me demandant d’avorter… Je n’ai pas pu. Elle faisait partie de moi. Je l’ai donc élevée seule, les quatre premières années. Puis je suis tombée amoureuse d’un Australien que j’ai épousé trop vite. Je suis rapidement tombée enceinte et j’ai… Il est mort quand j’étais à… à sept mois de grossesse. Accouchement prématuré. Il… enfin mon fils, il a un petit retard mais tu verras c’est un ange. Ma fille tient plus de son père que de moi. Donc oui, je suis jeune. » Mon regard fuit le sien alors qu’elle s’ouvre à moi. Ses premiers mots sont loin de me laisser indifférente. Abandonnée à la naissance. Et cette fois je suis persuadée que Caleb ne lui a jamais parlé de mon passé sinon Eve m’aurait sûrement détestée. A la minute ou elle aurait apprit la vérité sur Nathan, sur notre rupture il y a neuf ans, elle m'aurait haït j'en suis persuadée. Et comme si tout ceci n'était déjà pas assez culpabilisant pour moi, les choses ne s’arrangent pas quand j’apprends qu’elle est tombée enceinte à dix-neuf ans, visiblement une grossesse involontaire, mais qu’elle a assumé. ELLE. En deux phrases elle me met face à mes erreurs sans le savoir. Sans le vouloir, elle fait remonter en moi cette culpabilité qui n’est jamais vraiment loin. Et je me sens mal. Mal vis à vis de ce que j'ai fais, mais aussi mal pour elle, parce qu'elle me raconte son histoire, elle se livre à moi sur des choses fortes et moi, je ne pense qu'à ma culpabilité. Je ne pense qu'à ce qu'elle pourrait penser si elle venait à savoir la vérité, alors que je devrais penser à elle et me montrer présente parce que c'est son histoire dont on parle, pas de moi. Je relève les yeux vers elle, au moment ou elle a un petit éclat de rire. Je la regarde, et je me demande comment cette femme si mince, si fragile physiquement, peut avoir encaissée autant sans craquer. Sans s'effondrer. Et peut-être qu'elle l'a fait, j'en sais absolument rien, mais elle arrive à parler de tout ça avec dignité et rien que ça, c'est une preuve de force pour moi. « Je suis désolée, ça n'a pas du être simple pour toi. » C'est un euphémisme, pas simple. La vie semble ne lui avoir rien épargné, mais je n'ai pas trouvé mieux et je me sens conne. Je me demande si c'est la mort de son mari qui fait qu'elle semble apprécié autant Caleb, je me demande si cette épreuve qu'ils ont en commun les a rapproché et jusqu'à quel point. Je ne demanderai pas ça. J'ouvre la bouche et la referme à plusieurs reprises, je ne sais pas ce que je peux dire, je suis du genre pas douée alors à défaut de trouver les bons mots avec facilité, je réfléchis un peu, me contentant de presser ma main sur la sienne pour la soutenir. C'est peut-être la première fois que c'est moi qui suis tactile envers elle, alors qu'elle semble l'être particulièrement depuis qu'elle m'a retrouvé en pleurs dans cette salle d'attente. Je me permets ce geste, si simple mais amicale. « Tu as géré deux enfants toute seule ? Avec tout ce qui s'est passé ! » C'est à la fois une question, mais aussi un peu une constatation que je fais, et je ne cache pas l'admiration que j'ai à ce moment en faisant cette remarque. Elle évoque son désir d'agrandir sa famille avec son compagnon et je réfléchis à ses mots, sans penser à réfléchir aux miens. « Tu arrives à te projeter avec ton nouveau compagnon ? Malgré tout ce que tu as vécu ? Tu as réussi à oublier le père de ton fils ? » Je baisse les yeux et je me racle la gorge en réalisant ce que je viens de dire. C'est maladroit, c'est personnel, et ça ne se fait pas, j'en prends conscience au moment ou je prononce cette phrase. Quand je dis que je ne suis pas douée … « Ne réponds pas à ça, ça ne me regarde pas, désolée. » Ça ne me regarde pas, pas du tout et pourtant la réponse à cette question m'intéresse, parce qu'elle a perdu son mari, elle a perdu la personne avec qui elle avait projeté de faire sa vie, et forcément, tout ça, ça ne fait pas directement écho à ce que moi j'ai vécu, mais à ce que Caleb a vécu et puisque je n'ose pas lui poser ce genre de question directement, j'utilise Eve pour avoir mes réponses. C'est tellement pitoyable et je m'en rends compte. Il faut que je change de sujet, il faut que j'évite de faire en sorte de tout gâcher avec Eve. « Vous vous ressemblez vraiment avec Caleb. Tu sais que lui aussi voudrait une famille nombreuse, mais je lui ai bien fais comprendre que quatre enfants c'était hors de question, mais je crois qu'il en veut vraiment quatre, c'est fou non ? » Je lâche un petit rire, pour essayer de faire redescendre la pression, je joue avec ma part de tarte sans vraiment la manger, je me sens vraiment nulle et j'espère juste qu'elle ne me tiendra pas rigueur de ma maladresse.
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☆ Alex & Eve ☆
Je parle trop, je peux le voir à la tête de ma nouvelle amie. Je parle trop. C’est un défaut que j’ai ainsi que celui d’être tactile. Caleb m’en avait assez fait la remarque comme ça. Mais quand tu n’es pas habituée au contact, tu veux y palier. Je n’ai aucune famille directe, je n’ai aucun parent. Seulement mes enfants. Et je devais faire en sorte de vivre pour eux, de fonder ma petite famille toute seule. Certes, Caleb en faisait partie et donc Alex. Mais je ne sais pas si la jeune femme aura confiance en moi. ou si elle ne verra pas ma relation étrange avec Caleb d’’un mauvais œil. Sans doute avait-il dû me parler de leur histoire mais je suis tellement tête en l’air que j’ai occulté certains morceaux de ma tête. Surtout quand il s’agit de choses douloureuses. Quand les personnes de mon entourage souffrent, je me concentre sur la base du malheur et pas sur la personne qui en est la cause. Car à mon sens, je suis responsable de ce qui m’arrivait. De mon anorexie, de mes trop nombreuses phobies, de cette peur de l’inconnu. Je suis l’entière responsable. Et je ne voulais pas que mes proches vivent la même chose. Donc j’espérai ainsi amener un peu de baume au cœur. En lui donnant des fruits séchés ou en l’emmenant manger une part de tarte alors que je savais très que je ne toucherai pas à la mienne. « J'espère qu'il te rendra aussi heureuse que Caleb le fait avec moi, même si je doute qu'il puisse être aussi parfait que Caleb. » La douce voix de ma nouvelle amie m’arrache à mes pensées et je lui rends son sourire. de manière plus timide. « oh c’est récent mais j’espère. » Et la voilà qui me pose des questions sur mes enfants. Donc je décide d’en venir au fait et de lui exposer ma vie. Carrément, oui. De lui parler de mon enfance à l’orphelinat, de ma première grossesse, de l’abandon venant du père, de mon mariage, de mon accouchement. Je pouvais lire sur son visage que j’en avais trop dit. Alors, je baisse la tête pour venir poser mes mains à plat sur le dessus de la table. Comme un animal qui attendrait sa sentence. J’avais tellement l’habitude que plus rien ne me choquait. Que maintenant, j’étais habituée au jugement d’autrui. Ce n’était pas parce que je ne le faisais pas, que je ne jugeais personne que les autres devaient s’en abstenir. « Je suis désolée, ça n'a pas du être simple pour toi. » Mes yeux font la navette de droite à gauche alors que je haussai les épaules. Ainsi allait la vie. J’avais vécu ce que j’avais vécu pour une bonne raison. parce que je devais les vivre et je pense que je n’en avais pas fini avec les choses tristes. Je pense qu’il devait m’attendre au tournant ce satané drame et me faire un coucou en mode : miss me ? Je m’attendais souvent au pire et c’est pour cette raison que je ne parlais pas ou peu face à Alex. Je la sentais gênée ou admirative. Ou un mélange de deux. Depuis le temps que mon psy me disait de me socialiser et de rencontrer des gens. Bah voilà, je me retrouve dans une impasse face à une femme enceinte. « Tu as géré deux enfants toute seule ? Avec tout ce qui s'est passé ! » La voilà qui reprend la parole. Heureusement, je pousse un soupir comme si l’air s’était contenu dans mes poumons et avait refusé de sortir le temps qu’elle me parle. « Oh bah… c’est normal. Ce sont mes bébés… » je fouillai dans mon téléphone pour lui sortir la dernière photo en date de Lisa et de Jacob. Trempés pour changer. Mais qui souriaient tout heureux. « Et… et… enfin j’étais pas seule. » J’avais ma belle-famille, j’avais Caleb, Oakley, quelques amis qui ont réussi à me sortir du trou dans lequel je m’étais enfermée. « Tu arrives à te projeter avec ton nouveau compagnon ? Malgré tout ce que tu as vécu ? Tu as réussi à oublier le père de ton fils ? » Et la pierre tombe, tombe, tombe pour atterrir dans mon estomac. Je le sens, le tremblotement dans ma main alors que toute couleur quitte mon visage subitement. J’ouvre la bouche, je la referme. La portée de ses mots est puissante et je pense que la demoiselle ne doit pas s’en rendre compte alors que j’en vins à me figer sur ma chaise. « Ne réponds pas à ça, ça ne me regarde pas, désolée. » De nouveau, j’incline la tête alors que malgré moi, une grosse larme roule le long de mon nez. Je la sens cette nausée, cette envie de courir aux toilettes pour plonger les doigts dans le fond de ma gorge. « Je ne l’ai pas oublié, chuchotai-je, c’est différent. » Ma voix était brisée malgré moi. je ne le voulais pas. je ne devais pas gérer une crise devant elle. Je n’en avais pas le droit alors qu’elle avait besoin de moi. qu’elle avait besoin de mes lumières et de mon aide. « Je suis… » Les mots sortent malgré moi alors que mon esprit me hurle de me taire. « … malade. Je sou… sou… souffre d’a… d’a…. d’anorexie. » Et il était là le constat. Tout mon être le montrait. Caleb le savait. Tout le monde était au courant. alors pourquoi pas elle ? Mais parce qu’elle est enceinte. « je suis désolée, je suis égoïste. J’aurai pas dû te dire ça, rétorquai-je d’une voix semblable à un couinement de souris, c’est juste que… je l’ai pas oublié. Je l’oublierai jamais. J’aime Ezechiel, oui. Mais pas comme j’ai aimé Jacob, pas comme j’ai aimé Pierre. Mon amour pour lui est puissant, il est pur. Mais… » De nouveau, ma voix se brisa. Me rendant compte que je n’étais qu’une humaine face à une femme qui avait besoin de mon soutien et pas de ma noirceur. « Ils m’ont abandonné. Pierre en voulant que j’avorte et jacob en partant à la guerre. Il aurait pu rester. Mais il est parti. Il m’a laissé toute seule. avec les enfants… » Avec Caleb qui avait besoin de moi. « Je l’ai pas oublié Alex. Je m’en veux tellement que… » De nouveau, j’eus un reniflement. « que je m’interdis de manger parce que je veux m’effacer. J’ai été invisible toute ma vie et pour une fois, y’a cet homme merveilleux qui me voit et je sais que je ne suis pas digne de lui. je suis trop égoïste. Je pense qu’à moi. » Et je ne suis rien. je ne vaux pas grand-chose dans le fond. J’ai conscience d’avoir jetée un froid. D’avoir été trop loin. « Je suis désolée. C’est encore sensible. Je suis pas… c’est quoi le mot ? je devrais pas te parler de ça alors que t’attends tes bébés. C’est pas ça être une amie. » Etre une amie, c’est être là pour la personne et ne pas mettre ses soucis en avant. « Vous vous ressemblez vraiment avec Caleb. Tu sais que lui aussi voudrait une famille nombreuse, mais je lui ai bien fait comprendre que quatre enfants c'était hors de question, mais je crois qu'il en veut vraiment quatre, c'est fou non ? » Mon rire vient faire écho au sien alors que je prends la serviette pour essuyer mes larmes. Pathétique. Je suis pathétique. « J’ai adoré être enceinte. les deux fois. et mon copain est trop beau pour que je ne porte pas ses bébés. Il faut que le monde soit rempli de bebés dinosaures comme lui. Parce qu’il est immeeeeense et t’as vu ma taille. Il doit faire un mètre quatre-vingt-dix. Mais j’aime les enfants. Et d’avoir grandi toute seule, sans famille, je pense que me reproduire contribue à y palier. » J’ai de nouveau un petit rire avant de regarder le morceau de tarte qui trône en face de nous. « Est-ce que tu pourrais… ne pas parler à Cal’ de ça ? Vous allez avoir vos bébés et je veux pas… je veux pas qu’on s’inquiète pour moi. » J’en valais pas la peine de toute manière.
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« Oh bah… c’est normal. Ce sont mes bébés… » Pourquoi j'ai l'impression que cette remarque m'est destinée ? Alors que ce n'est pas possible, alors qu'elle parle d'elle, de son histoire. Pourquoi alors, j'ai l'impression que mon ventre se serre en entendant ces mots ? 'c'est normal, ce sont mes bébés.'. C'est normal pour elle peut-être, mais ce n'est pas normal pour tout le monde. Ça ne l'était pas pour moi du moins. Rien n'est normal avec moi et malgré tout ce qu'elle a vécu, elle s'est battue pour ses bébés, pas moi. Putain de passé et je me sens de plus en plus mal de me dire qu'elle me fait confiance, qu'elle me parle alors que finalement, elle ne sait rien de moi, du moins rien de ce qui pourrait la faire me haïr. Parce que c'est comme ça que je ressens les choses, je me haïs pour ce que j'ai fais, et tout le monde devrait le faire aussi. C'était du moins ainsi que je pensais les choses, jusqu'à ce que Caleb, le principal concerné, soit aussi le premier à ne pas me haïr. Mais elle, l'enfant abandonnée. La jeune maman isolée. Elle ne pourrait jamais comprendre mon choix. Jamais l'accepter et pourtant je commence à l'apprécier. Elle me montre une photo de ses enfants, et je les regarde. Je découvre Lisa et Jacob Junior donc. Je les regarde et je vois leurs sourires, elle a sept ans Lisa, c'est du moins ce que je crois avoir retenue des mots d'Eve. Sept ans, soit presque le même âge que Nathan, enfin deux ans de moins, et je ne sais même pas pourquoi je pense à ça. J'en sais absolument rien, peut-être que je réalise que j'aurais pu moi aussi avoir une photo de Nathan, tout sourire à lui montrer. Mais non, je n'ai rien de tout ça. Enfin pas encore. Je n'ai qu'une grossesse, des émotions et des souvenirs qui vont et viennent et cette rencontre qui semble loin d'avoir révélé toutes ses surprises. Je sens la tension du moment, je sens l'émotion qui se dégage d'elle et je ne gère pas, ou du moins pas vraiment. Je la sens émue, je le suis aussi et comme une conne je me laisse avoir par cette émotion. Comme une conne je pose la question à ne pas poser. Je dis ce qu'il ne fallait pas dire et je m'en rends compte toute seule, sauf que c'est trop tard. Trop tard pour faire marche arrière, pour lui demander d'oublier mes mots, de ne pas répondre. Trop tard parce que je vois sa main qui tremble, je la vois perdre de sa joie de vivre, de sa douceur au profil d'un tout autre sentiment que je n'arrive pas à saisir. J'ose la regarder et je vois l'ampleur que ma question a sur elle. Et je vois surtout cette larme qui coule sur sa joue. A cause de moi. Bravo Alex, la première personne qui veut t'aider, tu l'as fais pleurer. Je culpabilise encore. Je m'en veux encore. Et pourtant ce n'est pas ce qui compte le plus à ce moment. J'aimerais m'enfuir, me cacher, qu'elle oublie mes questionnements qui sont pourtant de vraies questions mais que je n'aurais pas du lui poser à elle. Je ne m'attends pas à ce qu'elle le fasse d'ailleurs. Me répondre. Je m'attends à ce qu'elle parte, qu'elle s'enfuit, qu'elle me dise que tout cela ne me regarde pas et que je devrais avoir honte de lui demander ça. Et j'ai honte en plus. Sauf qu'elle prends la parole. Elle me réponds et je ne sais pas pourquoi elle le fait, mais je l'écoute. « Je ne l’ai pas oublié, c’est différent. » Elle me réponds, et le pire c'est que je crois que je n'aime pas sa réponse. Du moins elle n'est pas celle que j'ai envie d'entendre à ce moment précis, pas celle que j'ai besoin d'entendre non plus. Je pense à moi, encore et toujours. Je ferme les yeux quelques secondes, j'inspire pour essayer de libérer cette boule que je ressens au fond de la gorge et dans le ventre, j'expire pour essayer de me libérer de mes émotions pour me concentrer sur la douleur d'Eve et je crois que j'y arrive parce que je crois que larme s'apprête à glisser le long de ma joue, émue par sa confidence, émue par son histoire, émue aussi parce qu'elle se livre à moi alors qu'elle n'en est pas obligée. Et si sa maladie ce n'est pas de ma faute, son état actuel il est entièrement du à ma question et je suis la fautive, je suis celle qui a fait perdre son sourire à l'une des personnes les plus souriantes qu'il m'ait été donnée de rencontrer. Bel exploit Alex ! « Je suis désolée Eve … Vraiment désolée … je ne voulais pas ... je ne savais pas, j'aurais pas du parler de ça. » Au delà de mon désolé dont elle doit n'avoir rien à faire, je balbutie, j'hésite à laisser les mots traverser la barrière de mes lèvres de peur d'envenimer encore la situation. Je suis tellement mal à l'aise. Mais je ne voulais pas la mettre dans cet état, je ne savais pas non plus pour toute sa vie, pour sa maladie, pour ce qu'elle ressentait encore en pensant à son ex mort. Quelle conne j'ai été encore. Quelle conne je suis ! « je suis désolée, je suis égoïste. J’aurai pas dû te dire ça » Elle égoïste ? Elle me semble être tout sauf égoïste. « c’est juste que… je l’ai pas oublié. Je l’oublierai jamais. J’aime Ezechiel, oui. Mais pas comme j’ai aimé Jacob, pas comme j’ai aimé Pierre. Mon amour pour lui est puissant, il est pur. Mais… Ils m’ont abandonné. Pierre en voulant que j’avorte et jacob en partant à la guerre. Il aurait pu rester. Mais il est parti. Il m’a laissé toute seule. avec les enfants… Je l’ai pas oublié Alex. Je m’en veux tellement que… que je m’interdis de manger parce que je veux m’effacer. J’ai été invisible toute ma vie et pour une fois, y’a cet homme merveilleux qui me voit et je sais que je ne suis pas digne de lui. je suis trop égoïste. Je pense qu’à moi. » J'entends ses mots, pas tous. J'entends les choses qui me touchent le plus, que ce soit positivement ou négativement. J'entends sa peine, sa tristesse, l'émotion dans sa voix. J'entends aussi qu'elle n'a pas oublié son ex et qu'elle ne l'oubliera jamais. J'entends aussi sa culpabilité même si je ne la comprends pas. Pourquoi se sent-elle coupable ? Pourquoi elle ne se sent pas digne d'être aimée alors qu'elle n'a rien fait pour ça, rien fait pour mériter d'être seule. Je ne comprends pas, je ne la comprends pas et je ne comprends pas non plus quand elle me dit qu'elle a aimé ces trois hommes. Je ne comprends pas, parce que je n'ai jamais pu aimer un autre que Caleb, jamais voulu essayer non plus. Je ne comprends pas, sûrement parce que je n'ai pas eu à faire le deuil, à enterrer l'homme de ma vie, à aller de l'avant ayant plutôt une fâcheuse tendance à rester bloquer dans le passé. Et alors que je voulais des réponses à cette question, la seule question à savoir si elle avait pu oublier son ex pour se projeter dans une vie avec un autre. Je me retrouve avec plus de questions que de réponses finalement. « Tu ne sembles pas égoïste Eve, et j'en connais un rayon sur l’égoïsme alors crois moi quand je te dis que tu es tout sauf égoïste. » Je ne sais pas comment réagir après une telle confession. Elle m'a raconté ses blessures, mais aussi ses craintes, elle m'a ouvert son cœur et je ne sais pas comment faire avec tout ça. Parce que je veux respecter son émotion, respecter sa parole et j'ai peur que mes mots ne sortent n'importe comment et viennent la blesser à nouveau. Je l'ai assez faite pleurer alors qu'elle demandait qu'à m'aider, et pourtant je ne peux définitivement pas rester silencieuse après tout ça. Le silence s'installe quelques secondes, juste le temps pour elle de souffler et pour moi le temps de regrouper les éléments. « Pourquoi tu t'en veux ? Je veux dire c'est pas ta faute, tu n'es pas responsable de tout ça, tu ne devrais pas t'empêcher de vivre et d'être heureuse. Au contraire, tu le mérites après tout ce que tu as vécu. Tu as le droit de vivre, tu devrais pas te punir comme ça.. » en te faisant du mal. Je la regarde, j'hésite quelques secondes à me lever et à la prendre dans mes bras pour la consoler, et c'est sans doute ce qu'elle aurait fait elle, si tactile, si gentille, si sensible aux autres. Mais moi je reste là, assisse face à elle, une main sur le ventre, alors que je me sens toujours aussi mal de l'avoir fait pleurer. « Je suis désolée. C’est encore sensible. Je suis pas… c’est quoi le mot ? je devrais pas te parler de ça alors que t’attends tes bébés. C’est pas ça être une amie. » Et pourtant si c'est ça être une amie non ? Elle m'a soutenu sans même me connaître. Elle m'a rassuré. Elle m'a apprécié sans rien savoir de moi, juste vis à vis de Caleb. Et désormais elle se livre à moi avec une honnêteté débordante. Elle me fait confiance, elle me partage ses douleurs, alors qu'au fond moi je n'ai pas été honnête avec elle. « Tu n'as pas à être désolée, c'est ma faute. » Je lève les épaules, tout est de ma faute. Tout ceci est le résultat de ma question, elle n'a fait qu'y répondre. J'ai amené le sujet, j'ai fais en sorte, malgré moi, qu'elle en vienne à parler de son-ses-exs et maintenant il y a comme un froid entre nous. Un froid que j'essaye tant bien que mal de ne pas laisser s'installer en évoquant ce désir de famille nombreuse qu'elle partage avec Caleb. Et je la vois sécher ses larmes, et rire aussi. «[b] J’ai adoré être enceinte. les deux fois. et mon copain est trop beau pour que je ne porte pas ses bébés. Il faut que le monde soit rempli de bebés dinosaures comme lui. Parce qu’il est immeeeeense et t’as vu ma taille. Il doit faire un mètre quatre-vingt-dix. Mais j’aime les enfants. Et d’avoir grandi toute seule, sans famille, je pense que me reproduire contribue à y palier. |/b]» Je souris, elle me fait sourire par sa façon de parler, par ce qui se dégage de ses mots à ce moment précis. La façon dont elle me parle de son copain, c'est doux, c'est poétique aussi même si je me demande comment on peut vraiment 'adoré être enceinte' mais c'est un sujet sur lequel je ne vais pas rebondir, pas aujourd'hui. Il y a déjà bien assez d'émotions dans l'air. « J'espère que ton géant pourra te donner ce que tu recherches. » Des enfants, une famille et l'amour qu'Eve mérite. « Est-ce que tu pourrais… ne pas parler à Cal’ de ça ? Vous allez avoir vos bébés et je veux pas… je veux pas qu’on s’inquiète pour moi. » Elle vient de me dire qu'elle faisait tout pour s'effacer, pour ne pas qu'on la voit et désormais, elle refuse qu'on s'inquiète pour elle. J'ai moi même formuler cette demande quelques minutes plus tôt, une demande qu'elle a accepté, alors je me vois mal lui refuser cette requête. Et puis, évoquer cette discussion avec Caleb, m'obligerait presque à lui dire que j'ai questionné Eve sur le sujet de son ex mort, juste pour savoir si elle l'avait oublié, parce qu’enfaîte je n'ose pas lui demander si lui il a oublié son ex morte aussi. Donc oui, c'est mieux que Cal' comme elle l'appelle ne soit pas au courant de la teneur de notre échange. Égoïste moi ? Non jamais. « Solidarité féminine avant tout. » Je reprends ses mots exacts, même si au fond, malgré mon égoïsme, je pense quand même à elle. « Je ne dirais rien à Caleb, mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas m'inquiéter pour toi. Et puis tu sais que si tu vas pas bien, il aimerait le savoir, il voudrait sans doute être là pour toi, parce que c'est de Caleb dont on parle là. » Et je sais pas expérience qu'il veut aider ses proches, qu'il veut être présent pour les gens auxquels il tient quand ils vont mal. Il m'a soutenu moi. « Ça fait longtemps que tu es anorexique ? » J'ose lui demander, sans une once de jugement dans la voix. Ça a au moins un intérêt d'avoir eu des problèmes dans sa vie, je peux comprendre avec tolérance les problèmes des autres, les comprendre sans les juger, parce que je sais comme ça peut être difficile à surmonter, comme la vie peut être compliquée et on cherche tous à s'en sortir finalement. Comme on peut.
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☆ Alex & Eve ☆
Parler de Jacob est toujours un sujet sensible. Car je me retrouvais projetée deux ans et demi en arrière. A cette date fatidique où l’on est venu m’annoncer qu’il était mort. Ils étaient bien habillés dans leur costume de circonstance. Et je ne saurai dire mais toute femme de militaire le sait. On le sait quand la personne proche partit à la guerre est décédée. Je ne me suis pas effondrée tout de suite. cela a pris un certain temps mais le choc engendré par la nouvelle avait déclenché le travai. Et alors que l’accouchement de Lisa s’était plutôt bien passé, celui de Jacob fut un véritable enfer. Je ne cessai de dire que c’était trop tôt et surtout que je n’ai pas pu me concentrer sur mon deuil. J’ai du être à fond sur mon enfant. la douleur était insupportable. Alors que Caleb était à mes côtés, alors qu’il se voulait rassurant. J’aurai pu perdre les deux. Le Jacob adulte et le Jacob nourrisson. Je m’en suis voulue pendant de longs mois. car la perte était si vive. Et surtout de savoir qu’il ne reposait pas ici. Que l’on enterrait un cercueil vide. Son corps ayant été éparpillé dans les airs. « Je suis désolée Eve … Vraiment désolée … je ne voulais pas ... je ne savais pas, j'aurais pas du parler de ça. » Je peux le sentir à son ton qu’elle l’est. Mais de toute manière si nous avions été amené à nous revoir la question aurait été posée. Donc autant crever l’abcès le plus rapidement possible. Je m’autorisai à déglutir, mon timbre de voix désormais cassée. « ça a été une période de ma vie difficile, Alex. Parce que j’avais mon fils qui était entre la vie et la mort vu qu’il est venu trop tôt et je venais de perdre son père. » J’essayai de dire ça comme un murmure, toujours cette propension à ne pas inquiéter mes proches. je me souvenais des longues journées où je restai devant la fenêtre, où je regardai le monde de l’extérieur. Où j’essayai de survivre. Oui, de survivre. Parce qu’il était question de ça. je devais sourire à mes enfants alors que mon cœur saignait, je devais sourire à mes amis alors que j’étais anéantie. Et Caleb m’a comprise. Car il était passé par là. Notre lien était particulier mais unique. Plus que de la simple amitié mais pas de l’amour comme je pouvais le ressentir envers Ezechiel ou qu’il l’éprouvait pour Alex. « Tu ne sembles pas égoïste Eve, et j'en connais un rayon sur l’égoïsme alors crois moi quand je te dis que tu es tout sauf égoïste. » Bien sûr que si, je le suis. Alex ne pouvait pas comprendre. Sans doute le faisait-elle car je ne connaissais rien de son passé. Je ne savais pas qui elle était dans le fond. Mais je sais que de tout ce qu’elle pourra me dire, rien ne me fera la juger. Nous avions chacune des parcours différents. Et c’était ce qui faisait que nous étions assises l’une en face de l’autre. Les larmes coulent malgré moi sans que je ne veuille les contrôler. J’essaie de ne pas me laisser aller à mes trop nombreuses crises d’angoisse. J’essaie de me tenir la tête hors de l’eau pour cette femme qui n’avait pas besoin de voir ça. surtout en première rencontre. Caleb comptait tellement pour moi que je voulais me faire apprécier par sa dulcinée, c’était une chose normale. « Pourquoi tu t'en veux ? Je veux dire c'est pas ta faute, tu n'es pas responsable de tout ça, tu ne devrais pas t'empêcher de vivre et d'être heureuse. Au contraire, tu le mérites après tout ce que tu as vécu. Tu as le droit de vivre, tu devrais pas te punir comme ça.. » J’inclinai la tête alors que mes jointures blanchirent tellement je serrai la table avec force. La boule dans ma gorge ne voulait pas s’en aller. « Parce que j’ai cru que j’étais maudite pendant des années. » Ma voix éraillée sortait malgré moi de ma gorge. « Il faut comprendre entre les abandons, les morts, la santé de mon fils ; je me suis crue maudite pendant des années. la mort de Jacob a été la goutte de trop. Je venais d’enterrer celle qui m’a servie de mère… » Et Victoria mais je tairai son nom par respect pour la jeune femme. « Et je me suis retrouvée devant ce cercueil vide car ils n’ont pas pu ramener son corps. Une partie de moi s’en ait voulu car si je l’avais retenu… J’ai… j’avais rencontré un autre garçon avant mon compagnon actuel. Et, je lui ai fait du mal sans faire exprès. Je supporte mal de faire du mal aux autres. C’est pour ça que j’aspire à devenir invisible. » Tout mon entourage était au courant de cette maladie. Car il s’agissait d’une maladie. Le syndrome de l’imposteur. Etre en vie alors que la personne reposait six pieds sous terre. Je me mets à jouer avec mes mains, présentant mes excuses à Alex. D’ailleurs est-ce un diminutif ? Il faudrait que je questionne Caleb un jour. « Tu n'as pas à être désolée, c'est ma faute. » Je me mets à osciller de droite à gauche sur ma chaise. Comme par signe de dénégation. « non, tu voulais savoir. Mais si ça casse une question cachée, dis-je en riant, sache qu’il t’aime sincèrement. Et surtout, te compare avec elle d’accord ? Chacun aime de manière différente. Cela ne veut pas dire qu’il t’aime moins ou plus fort, ça veut juste dire que c’est différent. Il est prêt à faire sa vie avec toi. Je pense que la preuve est visible. » Je montrai son ventre de mes mains, manquant de basculer en arrière. Me retenant de la prendre la main comme on pourrait le faire pour rassurer quelqu’un, je me saisis de ma tasse de café. « ça empoisonne l’esprit ce genre de questions, tu sais. Parce que y’a pas de bonnes réponses. Quand tu fais l’expérience du deuil qu’il soit amical, familial ou amoureux et crois-moi j’ai eu les trois, tu te reconstruits. Et il s’est reconstruit avec toi. » J’eus un petit sourire, essayant de mettre ma peine de côté. « D’ailleurs c’est la première chose qu’il m’a dit : punaise, Eve je suis heureux. Laisse pas des fantômes gâcher ce que vous avez. Dis-toi que c’est unique et au pire, si tu veux être un peu méchante dans ta tête, dis-toi que ce que tu as à l’heure actuelle, elle ne l’a pas eu. Je t’en voudrais pas t’inquiètes pas. » Je lui glissai un petit clin d’œil. « Et je m’excuse pour t’avoir dit ça. je cherchai juste à te rassurer mais je suis d’une nullité sans nom. » Si la nullité devait avoir un visage, il aurait le mien. A vrai dire, je me sentis devenir écarlate comme trop souvent. Baissant la tête, laissant mes cheveux caresser mon visage pour apaiser le feu qui en avait pris possession. J'espère que ton géant pourra te donner ce que tu recherches. » J’eus un petit rire avant d’avoir un sourire niais. « ça va. Du moins, ça va sur tous les aspects. J’ai juste un peu de pression parce que je suis sa première copine et comme t’as dû le remarquer, je suis nulle. Et aussi trop expressive, trop tactile blablabla, donc j’essaie de pas trop le coller car je veux pas… enfin j’ai peur de l’étouffer. » Oui sauf qu’entre étouffer et ne rien dire, il y a une frontière. Zeke n’était pas au courant du mal qui me rongeait. A vrai dire, peu de personnes le savaient. Il y avait Oakley bien sûr, Irina, Alex maintenant qui était dans la confidence. Mais je pouvais compter sur les doigts d’une main. « Je ne dirais rien à Caleb, mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas m'inquiéter pour toi. Et puis tu sais que si tu vas pas bien, il aimerait le savoir, il voudrait sans doute être là pour toi, parce que c'est de Caleb dont on parle là. » Comme pour rester occupée et car prendre un crayon serait malvenu, je lissais la serviette du bout de mes doigts. « Il le sait déjà. Il est venu me voir pour parler des bébés et me montrer leurs jolies petites têtes et je suis tombée par terre. D’ailleurs vous avez une jolie maison. Je suis en train d’en rafistoler une pour les enfants et moi et les chiens et les insectes de ma fille. » J’eus une moue dégoûtée par sa passion parce que ce n’était pas mon truc. Mais il s’agissait d’un truc qui la rapprochait de Zeke donc en somme, cela me convenait plutôt bien. « Ça fait longtemps que tu es anorexique ? » Je dodelinai de la tête, cherchant la bonne réponse. « Depuis le début de l’adolescence je pense. ça va mieux quand je suis amoureuse même si là bah c’est la culpabilité qui me fait ressentir ça. en fait je suis pas seulement anorexique, je suis hyperactive et donc j’oublie de dormir. Mais j’ai pas le temps de manger, je dois m’occuper de deux enfants en bas âge, de trois chiens, d’une ferme en rénovation, d’un copain perdu au fond de la campagne, de ma fresque car je restaure une fresque ancienne, donc des fois, il m’arrive de manger un bout de pain. » Certes, ce qui était peu. La tarte en face de moi avait l’air pourtant appétissante. « A force de ne pas manger, j’ai développé une agueusie. En gros j’ai plus de goût. Dommage car ça a l’air bon. » Je posai la tête sur la table, examinant la tarte sous tous les côtés. « je t’avais dit que j’étais l’amie cinglée de Caleb. Mais c’est ce qui fait mon charme. » Ou pas du tout. Mais alors pas du tout.
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« ça a été une période de ma vie difficile, Alex. Parce que j’avais mon fils qui était entre la vie et la mort vu qu’il est venu trop tôt et je venais de perdre son père. » Je baisse les yeux, émue par sa confidence et par la douleur qui se dégage de sa voix et de ses mots. Il y a même pas une heure, je ne la connaissais pas Eve. J'en avais vaguement entendu parler, je l'avais aperçu quelques minutes à la télé avant de m'endormir devant ce programme, mais je ne savais finalement rien d'elle et là elle me parlait de ce qui avait du être l'une des pires périodes de sa vie, ou du moins une des périodes difficile de sa vie comme elle me le confesse. Elle me parle de la mort de son ex, du père de son fils. Elle me parle aussi de son fils qui était entre la vie et la mort à ce même moment et je ne peux imaginer la douleur et la détresse dans laquelle elle a du être. Ma main caresse doucement mon ventre et je crois que l'entendre parler de son fils entre la vie et la mort après être né trop tôt, ça m'inquiète réellement et je me sens mal. Parce que c'est aussi l'une de mes craintes mais je ne dis rien, j'en ai déjà dis assez. Beaucoup trop même. J'ai déjà été bien trop intrusive, je l'ai déjà faite pleurer et je ne compte pas recommencer. Je ne veux pas qu'elle me haïsse la jeune femme, je ne veux pas qu'elle se souvienne de notre première rencontre ainsi. Mais les larmes coulent de ses yeux, et finalement ça restera comme un élément de notre rencontre. Mes larmes d'abord, puis les siennes, cette douleur que l'on explique chacune notre tour face à l'autre. Elle me partage des événements forts de sa vie, et elle me partage aussi son ressenti. Le fait qu'elle se sente égoïste, qu'elle s'en veuille, qu'elle semble s'empêcher de vivre et je suis obligée de la questionner. Tout ce qu'elle a eu à vivre, elle les a subi. Elle n'est pas responsable des malheurs qui lui sont arrivés et je ne comprends pas pourquoi elle ne se saborde autant, pourquoi elle semble se faire payer ce que la vie lui a fait vivre. « Parce que j’ai cru que j’étais maudite pendant des années.. Il faut comprendre entre les abandons, les morts, la santé de mon fils ; je me suis crue maudite pendant des années. la mort de Jacob a été la goutte de trop. Je venais d’enterrer celle qui m’a servie de mère... Et je me suis retrouvée devant ce cercueil vide car ils n’ont pas pu ramener son corps. Une partie de moi s’en ait voulu car si je l’avais retenu… J’ai… j’avais rencontré un autre garçon avant mon compagnon actuel. Et, je lui ai fait du mal sans faire exprès. Je supporte mal de faire du mal aux autres. C’est pour ça que j’aspire à devenir invisible. » Et avec ses explications je comprends un peu mieux, du moins j'essaye parce que je peux comprendre qu'elle se soit sentie maudite après tout ce qu'elle a eu à vivre. Je peux comprendre qu'elle puisse vouloir devenir invisible, peut-être qu'après tout, être invisible, c'est le meilleur moyen pour que la vie t'oublie un peu et te donne un peu de répit ? Je réfléchis à ses mots, à ses confidences et à ce qu'elle a du traverser pour être là devant moi. Et je dois dire que je suis assez admirative finalement de ce petit bout de femme. Je tente de lui faire un léger sourire, un sourire amical mais je ne sais même pas si c'est approprié, pas après tout ce qu'elle vient de dire non ? « Je crois que tu m'impressionnes un peu je dois dire, je ne pense pas que j'aurais réussi à surmonter toutes les épreuves que tu as du traverser. » Je me ronge les ongles, un peu gênée par l'émotion et par la confidence que je lui fais. Parce qu'elle a surmonté tout ça, parce qu'elle est là et qu'elle arrive à en parler et même si elle craque un peu, elle ne s'effondre pas et je ne sais pas d’où elle tient toute cette force. Pas de son corps en tout cas. « franchement n'essaye pas d'être invisible, vis ta vie et profite de chaque instant, tu as eu ton lot d’épreuves je crois.. » J'en sais rien finalement, mais je l'espère pour elle de tout cœur parce que la vie ne peut pas être aussi dure avec une personne aussi douce qu'Eve, c'est injuste et j'ai envie de croire, non j'ai besoin de croire que la vie peut être juste et que les gens bien méritent qu'on leur apporte un peu de bonheur et de joie. Et de répit aussi dans le cas d'Eve. Parce qu'elle est douce Eve, avenante, gentille, généreuse et elle s'inquiète des autres. C'est même elle qui s'excuse, alors que c'est moi qui ait merdé, c'est dire. C'est ma faute si elle a du me parlé de son ex décédé, ma faute, et la faute à mes questionnements tous plus cons les uns que les autres. Et j'ai l'impression d'être conne quand Eve soulève l'idée d'une question non dénouée d’intérêt personnel. Et c'est qu'elle a raison en plus, c’est ça le plus gênant finalement. Oui je voulais savoir si un jour il cesserait de l'aimer. Oui je voulais savoir si elle, elle avait encore des sentiments pour son ex décédé, pour comprendre si Caleb en avait encore pour son ex décédée. C'est con, oui je le sais et je m'en rends compte. Tout mes sentiments sont insensés et cons quant il est question de Victoria. Mais Eve m'a percé à jour et elle me prends de court. Je baisse les yeux, fixant mon ventre arrondi, je baisse les yeux pour cacher un peu la honte que je ressens ou peut-être pour me rassurer aussi. Elle a raison Eve, ce ventre est la preuve que ma relation avec Caleb est forte. Je ne dois pas me comparer à Victoria, je le sais mais c'est dur parce que sans sa mort, ce serait avec elle que Caleb serait en train de vivre sa vie. Avec elle qu'il serait heureux. Grâce à elle qu'il serait papa sans doute ? En tout cas pas grâce à moi parce que j'avais laissé passer ma chance. Et si mon bonheur ne tenait qu'à la mort d'une femme finalement ? Cette pensée me dérange, mais je ne dis rien, j'écoute Eve qui parle et qui semble tenter de me rassurer. Encore une fois. « D’ailleurs c’est la première chose qu’il m’a dit : punaise, Eve je suis heureux. Laisse pas des fantômes gâcher ce que vous avez. Dis-toi que c’est unique et au pire, si tu veux être un peu méchante dans ta tête, dis-toi que ce que tu as à l’heure actuelle, elle ne l’a pas eu. Je t’en voudrais pas t’inquiètes pas. Et je m’excuse pour t’avoir dit ça. je cherchai juste à te rassurer mais je suis d’une nullité sans nom. » Elle réussit à me faire sourire malgré tout quand elle me dit que Caleb lui a dit être heureux, grâce à moi. Je doute de moins en moins en ma capacité à le rendre heureux, même si ça reste quand même quelque part en moi, l'idée de le faire souffrir bien plus que je ne le rends heureux. Mais j'arrive quand même à le rendre heureux, sa mère me l'a dit. Eve me le dit. Et il me le dit aussi, alors je commence de plus en plus à y croire, et pourtant. « Je sais qu'il m'aime, je n'en doute pas tu sais, j'ai juste peur de ne jamais pouvoir être à la hauteur. » Des espoirs qu'il place en nous, de l'idée qu'il se fait d'une relation, à la hauteur de ce qu'il avait avec son ex aussi. Et même si comme Eve me le rappelle, j'ai avec Caleb, ce qu'elle n'a jamais pu avoir, ça reste pourtant pas suffisant pour complètement me rassurer. « Tu sais je ne suis pas vraiment quelqu'un de bien, je n'ai jamais vraiment réussi à prendre soin de lui. J'ai fais beaucoup d'erreurs, vraiment beaucoup. Et je ne pensais pas mériter d'avoir la chance d'être de nouveau heureuse. Et j'ai tout fait pour ne pas l'être, vraiment tout. Sauf qu'à force de vouloir me faire du mal, c'est à Caleb que j'ai fais le plus de mal. Je pouvais me détruire autant que je voulais mais mes choix avaient des répercussions sur lui. Je l'ai fais beaucoup souffrir, vraiment et même si je fais tout pour m'améliorer, je ne suis pas sûre d'être capable de lui apporter tout ce dont il a besoin et tout ce qu'il mérite parce que c'est quelqu'un de formidable Caleb.» Je ne sais même pas pourquoi je lui dis tout ça, pourquoi je lui parle de mes sentiments ainsi. Pourquoi je lui parle de mes erreurs, de la douleur que j'ai causé à Caleb depuis plusieurs années. Mais elle s'est tellement livrée à moi, avec émotion que je sens que je dois en faire de même. Et si elle, elle aspire à être invisible, moi j'ai cherché à foutre ma vie en l'air, finalement chacune gère à sa manière. Je ne cherche pas de réponse finalement, parce que je prends conscience que le seul qui peut m'apporter des réponses c'est Caleb et qu'il l'a déjà fait d'ailleurs. Plusieurs fois. La première fois ou l'on a parlé de Victoria. Et bien d'autres fois. Mais c'est aussi à moi et à moi seule de trouver comment ne pas me laisser embarquer par tout ces doutes. Ceux à et tant d'autres que j'ai encore. Vis à vis de moi, de mes capacités. Vis à vis de la grossesse, de la maternité. Vis à vis de ma capacité à rester sobre. J'ai des doutes sur tout, sauf une chose. Je ne doute pas de son amour pour moi. Je sais qu'il m'aime, je sais qu'il est heureux, et je le suis aussi, même si ça ne se voit pas forcément au premier abord aujourd'hui et c'est sur ça et uniquement ça que je dois me concentrer désormais. Lui, et cette grossesse. « Mais pour ce que ça vaux, je ne te trouve pas nulle Eve, tu essayais de m'aider et c'est moi qui t'ai questionné sur des sujets délicats, c'est moi qui suis nulle, tu as assez à gérer sans avoir à gérer mes craintes, mais malgré tout, je suis contente que tu m’aie tendu la main tout à l'heure. » Parce que j'apprends à la connaître comme ça. Ce n'est pas une discussion joyeuse sur tout les domaines, mais il y a des sourires et des rires derrière nos douleurs respectives. Et le sourire que je vois sur son visage quand elle me parle de son homme, ma rassure un peu, parce qu'elle semble avoir quelque chose à laquelle se raccrocher, une chose qui la fasse sourire, enfin une chose, un homme pour être exacte. « Bon désolée mais je vais pas pouvoir te contredire sur le trop tactile. » Je lui dis ces quelques mots avec un sourire aux lèvres, comme pour détendre un peu l’atmosphère, mais au fond tout ce que je lui souhaite c'est qu'elle puisse trouver son équilibre avec son géant. Qu'elle trouve quelqu'un qui puisse l'aimer telle qu'elle est avec ses qualités et ses défauts, et si moi j'ai trouvé la perle rare, je me dis que tout le monde devrait pouvoir avoir la chance de connaître ça. « Tu sais je suis pas trop douée pour les conseils de couple, je crois que Caleb est bien plus doué que moi pour ça, mais j'espère pour toi que ça fonctionnera vous deux. Et de ce que j'ai compris, vu ta taille et la façon dont tu le décris, je crois qu'il y a bien plus de risque que ce soit lui qui t'étouffe que l'inverse. » Encore une remarque légère, parce que ces dernières minutes ont été assez éprouvantes finalement, pour elle comme pour moi. Ce n'est pas une discussion facile que l'on vient d'avoir, mais elle est peut-être aussi en train de me permettre de connaître l'une des amis les plus importantes de Caleb alors elle est importante à mes yeux, la discussion et Eve. Je lui promets de ne rien dire à Caleb, comme elle l'a fait plus tôt pour moi et elle me parle de leur dernière rencontre. Des bébés, les miens, de notre maison et je lui souris avant de faire une grimace quand elle parle des insectes de sa fille. Mais ça fait du bien d'avoir un échange plus léger. Je mange un peu de ma tarte et c'est au même moment que je la questionne sur sa maladie. Après tout, elle m'en a parlé donc autant aller au bout du sujet, c'est la journée pour. « Depuis le début de l’adolescence je pense. ça va mieux quand je suis amoureuse même si là bah c’est la culpabilité qui me fait ressentir ça. en fait je suis pas seulement anorexique, je suis hyperactive et donc j’oublie de dormir. Mais j’ai pas le temps de manger, je dois m’occuper de deux enfants en bas âge, de trois chiens, d’une ferme en rénovation, d’un copain perdu au fond de la campagne, de ma fresque car je restaure une fresque ancienne, donc des fois, il m’arrive de manger un bout de pain. » Deux enfants, trois chiens, un homme, une ferme à rénover, une fresque à restaurer, rien que l'entendre parler de tout ce qu'elle fait, j'en suis fatiguée. Alors découvrir qu'elle ne mange pas, et qu'en plus elle ne dort pas, je me demande comment elle tient debout vraiment. Et même si je ne la connais pas, ou finalement que depuis quelques minutes, je m'inquiète très sincèrement pour elle. Son mode de vie est dangereux, il n’y a pas besoin d’être médecin pour s’en rendre compte et je me demande vraiment si elle ne va pas finir par s'écrouler sous le poids de tout ce qu'elle s'impose. « Tu te dis égoïste mais de ce que j'entends toute ta vie est tournée vers les autres. Tu prends bien plus soin des choses que de toi même, ce n'est pas sain pour toi tout ça. Je crois que tu as eu ton lot de malheur, tu as le droit de vivre mais pour ça faut que tu apprennes à prendre soin de toi. » Et moi qui donne des conseils à quelqu'un, des conseils sur comment prendre soin de soi, ça a un petit côté assez ironique finalement quand on me connaît, quand on sait ce que j'ai infligé à mon corps durant des années. Mais même si je ne l’a connais pas énormément, je découvre avant tout une femme qui est prête à aider les autres, qui est prête à tendre une main à la première inconnue malgré tout ce que la vie lui a fait vivre elle continue à s’intéresser aux autres. Sauf qu’elle s’oublie tellement dans tout ça et elle ne mérite pas ça. Parfois la vie peut être si injuste finalement. Heureusement malgré tout, la vie se rappelle à nous, et je sens mes filles qui s'agitent. « Elles bougent pas mal, tu veux les sentir ? » Et c'est assez rare, voir même très rare que je propose à quelqu'un de poser ses mains sur mon ventre, mais vu son côté tactile et la maman poule qui a aimé être enceinte, je me dis qu'elle devrait apprécier le geste. Du moins c'est dans ce but là que je lui propose. Après toutes les discussions que l'on a eu, pas joyeuses, un peu de douceur ça ne peut pas faire de mal. Même si pour le coup, moi ça me fait un peu mal quand elles tapent dans mes côtes. « Et faut croire que Caleb aime les filles un peu cinglée. Enfin je suis sans doute plus chiante que cinglée, mais je suis un peu folle aussi, donc ça va on devrait pouvoir s'entendre. » Du moins je l'espère vraiment, parce que cette fille ne me ressemble pas, enfin sur pleins de points on semble différente mais elle peut être une personne de soutien dans ma vie, une personne féminine vers qui je pourrais me tourner et puis je me suis toujours plutôt bien entendu avec les personnes douces finalement. Alors j'espère que je ne gâcherai pas tout avec elle, et aussi qu'elle n'apprendra pas la vérité sur mon histoire, que je n'ai pas choisi de lui révéler malgré nos confessions.
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☆ Alex & Eve ☆
Bien sûr que je connaissais l’histoire qui liait Alex à Caleb. J’avais suivi le roman-feuilleton avec attention mais qui étais-je pour poser un quelconque jugement sur ce qu’il vivait ? Oui, elle avait abandonné son enfant alors qu’elle était plus jeune mais j’aurai pu en faire tout autant. La chose ne reposait donc que dans une décision différente. Et elle avait l’air tellement épanouie à l’heure actuelle que je ne serai pas prompte à juger. Je la fixai donc avec un petit sourire, tout en mettant mon assiette en charpie. Quel dommage car cette tarte avait l’air vraiment bonne. Mais mes difficultés à me nourrir relevaient de nombreux soucis. D’abord, il y avait eu mes sentiments pour Kieran que j’avais mis du temps à clarifier. Et ensuite, ceux naissants pour Zeke. Ce même Zeke dont je m’étais approchée depuis que nous étions ensembles. Nous apprenions à nous connaître à notre rythme mais cela fonctionnait bien. Tous les deux patauds. Et bien sûr, il y avait ma culpabilité vis-à-vis de Jacob. Le fait que je me rendais au cimetière, certes moins souvent, pour lui parler. ce qui était ridicule car son corps ne reposait même pas dans cette tombe que nous avions érigé en sa mémoire. Je ne pouvais m’empêcher de le voir au travers du regard de mon fils. Alors que j’apercevais Pierre dans chacun des mouvements de Lisa. Hantée par les deux hommes de mon passé mais passé que j’apprenais à balayer doucement mais surement. Avec l’aide d’un bon psychologue et une bonne thérapie. Ainsi que de me faire entourer par des personnes saines. « Je crois que tu m'impressionnes un peu je dois dire, je ne pense pas que j'aurais réussi à surmonter toutes les épreuves que tu as du traverser. » Je me contentai de hausser les épaules. La vie m’avait ainsi faite. « J’ai tout traversé par amour. Mais il faudra que tu me voies avec ma fille pour comprendre. Nous avons une relation spéciale. » Et pour cause que nous avons été toutes les deux seules durant les premières années de sa vie. Je souris poliment à Alex qui se mit à se ronger les ongles. Elle ne devrait pas. Mais je la sentais nerveuse. J’aurai voulu poser une main réconfortante sur la sienne mais les Australiens, ils sont si peu tactiles. J’avais encore à l’esprit le refus de Kieran, concernant les étreintes. Je me contentai donc de lui faire un doux sourire. « franchement n'essaye pas d'être invisible, vis ta vie et profite de chaque instant, tu as eu ton lot d’épreuves je crois.. » Je mis à m’agiter sur mon siège. Comme à chaque fois que je montrai mon envie la plus profonde. Celle de me mettre dans un petit coin de la pièce et de paraître la plus invisible possible. En effet, comme une toute petite puce que l’on mettrait dans une boîte et que l’on poserait sur une étagère. Je ne cessai de me comparer à une souris en présence de Zeke, ce qui avait le don de l’agacer. Mais c’était ce qu’avait dit Pierre à mon sujet. « Mon premier… enfin le père de ma fille m’a comparée à une souris morte. » Je levai un peu les yeux alors que je tapotai nerveusement sur la table. S’il y avait eu une miche de pain ou une serviette, je pense que je l’aurai réduite en charpie. « Enfin une souris à l’agonie pendant nos… » Je montrai mes mains qui se joignaient pour lui faire comprendre. « Et depuis, je veux être invisible. » Bien sûr, Caleb connaissait l’histoire. Il était la seule personne à qui je confiais chaque pan de ma vie. A chaque fois que j’étais heureuse ou malheureuse, nous faisions la paire lui et moi. comme des jumeaux séparés à la naissance. D’un tempérament doux, chaleureux. . « Je sais qu'il m'aime, je n'en doute pas tu sais, j'ai juste peur de ne jamais pouvoir être à la hauteur. » Les femmes et leurs craintes. « J’ai les mêmes. Je suis la première copine de mon copain. Sa première intimité, t’imagine le stress. » J’eus un petit rire avant de me sentir rougir jusqu’aux oreilles. J’étais à l’aise avec Alex, ce qui était rare. « T’inquiètes, t’es à la hauteur. Et votre amour est si fort que j’en suis admirative. J’espère qu’avec Ezechiel on sera pareil. » Même si je n’étais pas sûre qu’il m’aime. Parce qu’il ne me l’avait pas dit et que j’étais de celle qui avait besoin de l’entendre. Cependant comme j’en avais fait mention à ma nouvelle amie, je ne voulais pas aller trop vite et le brusquer. « Tu sais je ne suis pas vraiment quelqu'un de bien, je n'ai jamais vraiment réussi à prendre soin de lui. J'ai fais beaucoup d'erreurs, vraiment beaucoup. Et je ne pensais pas mériter d'avoir la chance d'être de nouveau heureuse. Et j'ai tout fait pour ne pas l'être, vraiment tout. Sauf qu'à force de vouloir me faire du mal, c'est à Caleb que j'ai fais le plus de mal. Je pouvais me détruire autant que je voulais mais mes choix avaient des répercussions sur lui. Je l'ai fais beaucoup souffrir, vraiment et même si je fais tout pour m'améliorer, je ne suis pas sûre d'être capable de lui apporter tout ce dont il a besoin et tout ce qu'il mérite parce que c'est quelqu'un de formidable Caleb.» Je clignai un peu des paupières face à sa confession avant de lui faire un petit sourire. « Je sais, Alex. » Ainsi, je lui démontrai que j’étais au courant de leur passif et qu’il m’avait mis au courant au travers de coups de fils ou de soirées passées devant la télé que Caleb m’avait parlé d’eux. « Mais je continue de penser que le passé est le passé. Si vous avez cette chance maintenant, il faut la saisir et pas l’étouffer à cause d’erreurs que tu as pu commettre. Cesse de te flageller, Alex. On commet tous des erreurs, moi la première. » Je la sentais paniquée la jeune maman. Alors, je pris une profonde inspiration. Il fallait bien que j’y passe et seul Caleb était au courant puisqu’Irina avait quitté la ville pour ne plus revenir. « Avant Ezechiel, il y a eu quelqu’un. Je l’ai rencontré via internet et quand nous nous sommes vus en vrai, il a dit que je ressemblais à son ex. J’ai fui. Je l’ai abandonné et j’ai rencontré mon bûcheron. Seulement entretemps, l’autre homme est tombé amoureux de moi. » Je taisais volontiers le prénom. Après tout, on ne savait pas qui connaissait qui. « Le souci étant que je suis tombée sous son charme avant de le connaître et lui après. Je lui ai donc brisé le cœur. Je ne l’ai pas brisé, Alex. Je l’ai écrasé. Une fois saoule en lui reprochant de ne pas m’avoir couru après et une autre le jour de son anniversaire. Moi aussi, je fais du mal aux gens. Alors, oui, je m’en veux et c’est pour ça que je… je ne mange plus. mais je pense que je trouverai plus le bonheur auprès de mon petit-ami que cet homme qui m’a comparé à une autre femme d’emblée. Je vais passer pour une égoïste. Mais je veux être unique, tu comprends. » Et même si je ne connaissais pas l’ampleur des sentiments du grand Blythe, le fait que je sois sa première copine me donnait ce statut. Je souris donc à Alex alors qu’on continuait sur nos confidences. « Mais pour ce que ça vaux, je ne te trouve pas nulle Eve, tu essayais de m'aider et c'est moi qui t'ai questionné sur des sujets délicats, c'est moi qui suis nulle, tu as assez à gérer sans avoir à gérer mes craintes, mais malgré tout, je suis contente que tu m’aie tendu la main tout à l'heure. » Je balayai tout ça d’un revers de main avant d’avoir un petit rire. « Dans ce cas-là, nous sommes nulles toutes les deux. De toute façon, c’est nul une fille. Ça ne sait pas ce que ça veut et ça pleure pour un rien. » ma voix était douce pour apaiser la jeune maman. Elle qui semblait si rayonnante de part cette grossesse. Elle me donnerait presque envie d’y repasser mais ma relation avec Ezechiel était fraiche. Et si nous devions -un jour- avoir un enfant, je voulais que celui-ci soit désiré, d’où les implants. « Tu sais je suis pas trop douée pour les conseils de couple, je crois que Caleb est bien plus doué que moi pour ça, mais j'espère pour toi que ça fonctionnera vous deux. Et de ce que j'ai compris, vu ta taille et la façon dont tu le décris, je crois qu'il y a bien plus de risque que ce soit lui qui t'étouffe que l'inverse. » Je m’esclaffai sans retenue avant de passer une main dans mes cheveux. Elle me faisait rire ce qui était un bon point. « Ecoute, je pense savoir que t’es dans la période de ta grossesse où quand tu regardes Cal, tu as chaud. Je suis passée par là. eh bah je peux te dire que le mien, c’est une montagne de muscles. Genre, il est ébéniste donc tout n’est que muscle. » Je sortis la petite chaîne qui ornait mon cou pour lui montrer la petite figurine. « C’est lui qui l’a faite. Apparemment, c’est moi. Mais pfiou, j’avais jamais eu aussi chaud que ça en regardant un homme. Il est beau, il est sexy, il est gentil, tactile aussi. Alléluia. Mais bon, il parle pas. Genre, je sais pas ce qu’il ressent pour moi. Si il m’a dit que j’étais une… une… » Je rentrai la tête entre mes épaules, en rougissant. « Une merveille. » Ce qui était faux, 100% faux. Parce que je ne me considérai pas comme telle. Mais je m’en garderai bien de le dire à Alex ainsi qu’à Ezechiel car il risquait de s’énerver. Ou alors de me faire comprendre via son intensité que je l’étais belle et bien. « Tu te dis égoïste mais de ce que j'entends toute ta vie est tournée vers les autres. Tu prends bien plus soin des choses que de toi même, ce n'est pas sain pour toi tout ça. Je crois que tu as eu ton lot de malheur, tu as le droit de vivre mais pour ça faut que tu apprennes à prendre soin de toi. » Elle avait raison. Je me hochai la tête. Mais je ne savais pas comment faire. Je suis nulle dans ce domaine. « ça t’intéresserait une journée au spa avec moi ? Quand t’auras eu tes petites. Crois-moi, on aura bien besoin de détente l’une comme l’autre. Et si je dois prendre soin de moi, toi aussi. » Je ne me voyais pas trop y aller seule. Ma phobie des gens était encore trop grande. « Elles bougent pas mal, tu veux les sentir ? » Je levai la tête avant de rougir de nouveau en hochant la tête. Puis, je me levai pour aller me poser doucement près d’elle. Ma petite main se posa sur le ventre rebondi de la jeune femme et j’eus un petit rire en sentant les bébés remuer. « Tu me donnerais presque envie de m’y remettre. J’ai hâte de les rencontrer en tout cas. Je suppose que Caleb doit leur parler ? » Le connaissant, lui qui était complètement gaga en m’ayant montré des vidéos de l’échographie. Je regardai Alex avec un sourire. « ça te gêne pas ? Que je sois la marraine de l’une d’entre elles ? Promis, elle sera gâtée comme jamais. J’ai déjà commencé à fabriquer les cadeaux. » Car je n’achetais jamais rien. Il suffisait de voir mes vêtements. Ils sont dans un état lamentable. « Et faut croire que Caleb aime les filles un peu cinglée. Enfin je suis sans doute plus chiante que cinglée, mais je suis un peu folle aussi, donc ça va on devrait pouvoir s'entendre. » Je opinai. Elle avait raison. et elle était si douce. Dans le fond, je pense qu’Alex avait bien besoin d’une présence féminine alors je lui caressai distraitement le ventre avant d’ôter ma main. « Bien sûr. Tu vas avoir du mal à te débarrasser de moi. Une vraie plaie. La preuve avec Caleb, ça fait sept ans et il a pas réussi. » J’eus un petit rire. « ça va aller Alex. Je suis là maintenant. » Et j’allais prendre soin d’elle. Car elle en avait bien besoin.
Turn your speakers loud. Feel the energy like lightning coming through the clouds. And your heart just might just explode.. Come on scream it out. Let him hear you let him see you yeah you see them now. And it's pulsing through your bones. We'll be swimming in stars. We'll shoot for the moon, so what if we miss?. We'll light the dark, (Wayfarers, Swimming in the stars )
Elle n'a pas eu une vie facile Eve, et c'est peu dire. Beaucoup de deuil, de la solitude aussi, et des épreuves à surmonter dès son plus jeune âge et quand je lui dis qu'elle m'impressionne, je le pense sincèrement. Elle s'est construite seule, sans soutien et elle est devenue mère seule aussi, très jeune. Alors oui elle m'impressionne, parce qu'elle me semble capable de résister à tout et d'aller de l'avant, ce dont je doute chez moi parfois. Elle me parle de sa relation avec sa fille, et je souris légèrement. Je suis certaine qu'à défaut d'avoir eu une mère, elle fait une super maman Eve. Je ne saurais pas dire pourquoi mais cette fille dégage quelque chose de touchant, de sincère et de bienveillant. « Je serais ravie de la rencontrer un jour, elle a de la chance d'avoir une maman comme toi. » Et si je pouvais lui ressembler plus tard, avec mes filles je n'aurais sûrement pas de soucis à me faire, mais je ne suis pas comme Eve, je ne suis pas comme elle et je doute toujours de moi et de ma capacité à être une bonne mère. Elle n'a pas eu de modèle Eve, et elle s'en est sortie, c'est ce que je devrais retenir. Ma mère n'est pas un modèle, mais je peux m'en sortir, et puis j'aurais Caleb à mes côtés et lui je sais qu'il fera un super papa.
J'essaye d'être aussi gentille qu'Eve peut l'être avec moi, parce qu'elle mérite qu'on prenne soin d'elle un peu, elle mérite d'être heureuse et de ne pas se cacher, sauf qu'elle ne semble pas à l'aise devant mes quelques mots qui essayent de lui dire qu'elle a le droit de vivre, comme si c'était quelque chose qui la dérangeait. « Mon premier… enfin le père de ma fille m’a comparée à une souris morte. » Je la regarde essayant de ne pas montrer la surprise dans mon regard. A quel moment quelqu'un peut dire ça ? « Enfin une souris à l’agonie pendant nos… et depuis, je veux être invisible. » Même moi qui suis vraiment pas douée avec les relations sociales, j'ai conscience de la violence des mots et de la comparaison. Même moi, je sais que ce genre de mots peuvent être douloureux et marquer les gens durement. « Le père de ta fille est un con. Désolée de le dire comme ça, mais j'ai pas d'autres mots en tête là maintenant. » Indélicat, irrespectueux et sans doute comme je viens de lui dire, un sacré connard. Et je peux le juger, j'ai aussi pu être une sacrée connasse par le passé. Sauf que moi c'était la colère, la tristesse, la culpabilité, la solitude et l'alcool qui me faisait être ainsi. Et j'ai aussi pu blesser des gens, des gens proches comme Caleb, comme mon cousin, comme Tim. J'ai blessé beaucoup de monde et je doute toujours de moi, de ma capacité à être une bonne personne, à être à la hauteur de autres pour ne plus les décevoir comme j'ai pu le faire par le passé. Et j'en parle à Eve, je me dévoile face à elle, sans vraiment savoir pourquoi, peut-être parce qu'elle s'ouvre à moi, et que la confidence est simple avec elle. « J’ai les mêmes. Je suis la première copine de mon copain. Sa première intimité, t’imagine le stress. » Je souris avec elle en me rappelant les premiers moments d'intimité, et la pression qui vient avec. « Je trouve que c'est peut-être même moins stressant, il n'a pas d'éléments de comparaison, tu seras forcément douée à ses yeux. » Je dis tout ça sans sérieux, un sourire aux lèvres, cette légèreté est vraiment appréciable et j'en profite pour lui faire un sourire. Un sourire qui ne disparaît pas quand elle me fait remarquer que l'amour qu'il y a entre Caleb et moi est fort et qu'elle est admirative. Je souris largement en pensant à ce que j'ai avec Caleb, à cette chance que j'ai de partager ma vie avec un homme aussi parfait, avec celui qui fut mon premier et unique amour finalement. Je sais que j'ai de la chance, que c'est inespéré parce qu'il m'a pardonné, parce qu'il m'a accepté telle que je suis et qu'il a su faire de moi quelqu'un de bien, ou du moins de mieux. Mais pourtant malgré tout l'amour que j'ai pour lui, j'ai toujours peur de ne pas réussir à être à la hauteur, à ne pas le blesser à nouveau. Je n'ai jamais l'intention eu l’intention de lui faire du mal et pourtant je lui en ai fais énormément il y a neuf ans. Je lui en ai fais à nouveau il y a quelques mois. Alors je crois que mes inquiétudes à ce sujet son légitime, je ne suis pas sûre de pouvoir un jour être à la hauteur de ce qu'il mérite, parce qu'il mérite quelqu'un d'incroyable à ses côtés et je ne suis clairement pas incroyable. Et c'est encore avec finalement assez de facilité que je dis tout ça à Eve, sans me livrer totalement, je lui dévoile pourtant certaines choses de ma vie sans savoir qu'elle en sait déjà plus finalement. « Je sais, Alex. » Les sourcils froncés par la surprise. « Tu sais ? » Cette question était sortie presque instinctivement, peut-être un peu trop directe dans l'intention et dans l'intonation aussi. Incapable de retenir la surprise et le fait que j’étais bien prise de court devant cette remarque d’Eve. Devant cette phrase à la fois si anodine mais qui me perturbait énormément. A la fois parce que j’étais perturbée qu’elle en sache autant sur moi sans que je n’ai choisi de lui parler, et perturber de voir qu’elle ne semble pas me détester alors qu’elle dit savoir. Si ça se trouve elle sait pas tout. Oui ça doit être ça. Elle ne peut pas tout savoir et ne pas me haïr. Elle ne peut pas avoir de la compassion pour moi, pas après ce que j'ai fais à Caleb, à notre fils, à tout le monde. Elle devrait me détester, elle ne devrait pas m'apprécier, elle en a le droit en plus. Pour ça, pour le fait que je prenne la place de son amie, pour le fait que je fasse du mal à Caleb, elle devrait me haïr, elle la fille qui a manqué de parents dans son enfance, elle qui a eu la force et le courage d'élever sa fille seule alors qu'elle était encore plus jeune que moi. Elle ne doit pas savoir tout ça. « Caleb t'en a parlé alors ? Pourquoi tu ne me détestes pas ? » Ce n'était plus de l'hésitation dans ma voix, c'était presque un peu de méfiance finalement. Pas envers elle, mais envers moi, envers ce que je pouvais dire ou pas, envers ce qu'elle savait aussi. Visiblement elle en savait plus que je ne le pensais, mais je ne savais pas ce qu'elle savait, et il y avait une grande différence entre le fait qu'elle sache que j'ai laissé tombé Caleb il y a neuf ans, et le fait que je l'ai abandonné lui et que je l'ai privé de cet enfant. Alors, avant de me dévoiler un peu plus je voulais savoir l'étendue des choses qu'elle savait sur moi. « Mais je continue de penser que le passé est le passé. Si vous avez cette chance maintenant, il faut la saisir et pas l’étouffer à cause d’erreurs que tu as pu commettre. Cesse de te flageller, Alex. On commet tous des erreurs, moi la première. » Le passé est le passé, si seulement cette phrase que j'avais déjà entendu un certain nombre de fois pouvait s'avérer vraie. Si seulement le passé ne pouvait être que passé et ne pas revenir sans cesse me hanter, mais ce n'est pas vrai. Le passé c'est quelque chose en nous, quelque chose qui est là, qui reste et aujourd'hui, plus que d'autres jours, ce passé est présent. Parce qu'il est la source de mes angoisses, parce qu'il est aussi la source de la culpabilité et de la honte que je ressens devant Eve. J'aimerais me cacher, m'enfuir, ne pas avoir à soutenir son regard, qui ne montre pas de haine pourtant. C'est d'ailleurs ce que je fais, je baisse les yeux, incapable de la regarder plus longtemps. Parce que moi j'ai honte, et je n'étais surtout pas prête à me retrouver face à quelqu'un qui me connaissait telle que j'étais, du moins qui connaissait mes actions et mes choix les plus honteux. Plus de mensonges possibles, elle savait ce que je n'avais pas choisi de lui révéler et c'était très déstabilisant pour moi finalement. Tellement que je ne savais pas quoi dire, ou quoi faire devant elle.
Elle se livrait à moi, elle me parlait de ses erreurs à elle, comme si elle voulait me montrer qu'elle aussi pouvait faire du mal aux autres, c'est d'ailleurs les mots qu'elle emploie. Et même si j'ai du mal à la regarder, je peux l'écouter se confier à moi, alors que moi j'en suis incapable. Et je l'écoute, et même si elle dit avoir fait du mal à cet homme, de mon point de vue, il ne l'a pas forcément démérité. Qui compare sa nouvelle conquête à son ex ? J'espère que Caleb ne fait pas ça, je n'aurais aucune chance de rivaliser. Et si chez Eve la culpabilité semble l'empêcher de manger, chez moi, ça n'a pas toujours eu des effets positifs non plus. Alcool, drogue, sexe, sport à outrance, au moins sur ça on a un semblant de point commun, on gère mal les choses. « Moi aussi, je fais du mal aux gens. Alors, oui, je m’en veux et c’est pour ça que je… je ne mange plus. mais je pense que je trouverai plus le bonheur auprès de mon petit-ami que cet homme qui m’a comparé à une autre femme d’emblée. Je vais passer pour une égoïste. Mais je veux être unique, tu comprends. » Je relevais pourtant la tête à la fin de sa confidence, quand elle évoquait son envie d'être unique. Et bien sûr que je comprenais ça, c'était peut-être d'ailleurs parce que j'avais cette envie là aussi finalement que j'étais aussi mal quand on parlait de l'ex de Caleb. Parce que je savais qu'elle avait occupé une place dans la vie et dans le cœur de celui que j'aimais, ce qui ne ferait jamais de moi, la seule, l'unique. Alors oui je comprenais, mais pourtant je ne pouvais pas lui dire tout ça, j'en avais déjà dit bien assez sur mes sentiments vis à vis de Victoria. Sentiments tous plus cons les uns que les autres au passage, je le savais, j'en avais conscience mais parfois, les sentiments n'avaient rien de logique. « Je comprends Eve, je t'assure que je comprends et je crois que ça ne fait pas de nous des égoïstes, justes des femmes. C'est déjà assez dur de se sentir à la hauteur alors s'il y a le souvenir d'une autre, enfin je comprends. » Je ne sais pas si c'est elle que j'essaye de rassurer ou moi-même ? Au fond, j'en sais rien, je ne sais plus grand chose finalement. J'essaye de ne pas me montrer trop déstabilisée, j'essaye d'être à la hauteur de cette femme face à moi, qui me témoigne sa confiance en me parlant d'elle ainsi. Qui m'a offert son soutien, qui m'a aidé à me calmer, j'essaye d'être à la hauteur aussi parce que c'est une amie de Caleb et que je ne veux pas tout gâcher avec elle. Elle m'écoute, elle me parle, elle me rassure, et j'aimerais avoir sa force pour aborder les choses aussi sereinement. Elle se dit nulle, moi je ne la trouve pas nulle, loin de là. « Dans ce cas-là, nous sommes nulles toutes les deux. De toute façon, c’est nul une fille. Ça ne sait pas ce que ça veut et ça pleure pour un rien. » Ce n'est pas moi qui vais la contredire, je suis la preuve vivante qu'une fille c'est nulle, que ça ne sait pas ce que ça veut et que ça pleure pour un rien. Surtout en ce moment, entre mon caractère de base et les hormones, c'est parfois compliqué pour Caleb de tout gérer, de tout comprendre. Parfois pour moi même de me comprendre, mais ça, ce serait trop facile de le mettre sur le compte des hormones, alors que c'est juste une constante dans ma vie finalement. « Je vois pas de quoi tu parles, c'est parfait les filles. » Je lâche cette remarque en essuyant mes yeux et avec un petit air ironique, comme pour détendre un peu l’atmosphère. J'en ai clairement besoin là. Un peu de sourire, un peu de légèreté, ne pas avoir à puiser dans mes forces pour ne pas pleurer encore et encore. Alors j'essaye de garder ce ton, ce sourire quand on évoque son couple et son homme. « Ecoute, je pense savoir que t’es dans la période de ta grossesse où quand tu regardes Cal, tu as chaud. Je suis passée par là. eh bah je peux te dire que le mien, c’est une montagne de muscles. Genre, il est ébéniste donc tout n’est que muscle. C’est lui qui l’a faite. Apparemment, c’est moi. Mais pfiou, j’avais jamais eu aussi chaud que ça en regardant un homme. Il est beau, il est sexy, il est gentil, tactile aussi. Alléluia. Mais bon, il parle pas. Genre, je sais pas ce qu’il ressent pour moi. Si il m’a dit que j’étais une… une... Une merveille. » « Tu sais que tu es un chou quand tu parles de lui, mais genre vraiment, c'est vraiment mignon. Laisse le prendre soin de toi un peu que ses muscles servent à quelque chose. » Je lui souris sincèrement, un regard amusé de la voir s’épancher comme ça sur son mec. Et après les discussions que nous venons d'avoir c'est clairement appréciable de la voir être heureuse et amoureuse. « Mais de toi à moi j’ai toujours chaud quand je regarde Caleb, grossesse ou pas. » Peut être que c’est pas un truc que j’aurais du dire. Après tout ça ne regarde personne notre intimité non ? Mais c’est pourtant la vérité et je rigole en lâchant cette remarque et en repensant à ses mots et à ce qu’elle ressent en regardant son homme. « Mais c’est vrai qu’en ce moment c’est encore pire, je vais finir par l'épuiser. » Je suis beaucoup trop réceptive à ses gestes de tendresses mais je ne m’en plains pas et je pense que lui non plus. De nouveau un léger rire, comme pour évacuer la pression, comme pour vraiment souffler après cette journée un peu trop éprouvante émotionnellement. Cette fille est vraiment étonnante, cette rencontre est vraiment spéciale, mais je ne suis pas déçue de l'avoir rencontré ainsi, peut-être que dans d'autres circonstances on aurait pas parlé avec autant de sensibilité et de sincérité de notre vie. Je ne la connais que depuis peu finalement et pourtant j'en sais déjà beaucoup sur elle, et finalement c'est avec un sourire que je reçois sa proposition. « ça t’intéresserait une journée au spa avec moi ? Quand t’auras eu tes petites. Crois-moi, on aura bien besoin de détente l’une comme l’autre. Et si je dois prendre soin de moi, toi aussi. » Une journée au SPA avec une amie, j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas fais ça. En même temps des amies je n'en ai jamais vraiment eu beaucoup. Des connaissances ça oui, des personnes avec qui faire la fête, mais des amies, des femmes dont j'étais proche, il n'y en a pas eu beaucoup. Je regarde Eve, avant de hocher doucement la tête. « J'aimerais beaucoup même si je ne suis pas sûre de pouvoir les laisser avant leur quatre ans. » Elle fait des efforts pour se lier avec moi, et j'en fais aussi de mon côté en lui proposant de sentir mes filles bouger. Je laisse très peu de gens toucher mon ventre comme ça, mais pour Eve je fais une exception et je la vois se déplacer jusqu'à moi tout en douceur, et je souris quand j'entends son petit rire, posant à mon tour ma main de l'autre côté de mon ventre. « Oh si tu savais ! Caleb est tout le temps après mon ventre. Que ce soit pour leur parler ou juste les sentir. Il était tellement impatient de pouvoir les sentir, alors lui il est heureux qu'elles bougent beaucoup. Il est tellement chou et heureux quand il les sent bouger, je te jure, il est adorable et je vais pas me plaindre il est au petit soin avec moi. » Caleb a toujours voulu ça, des enfants et je sais que ce que l'on vit en ce moment le rends plus qu'heureux et je partage tout ça avec lui. C'est moi qui porte nos filles, mais c'est lui le pilier de notre future famille, lui qui fait que je peux vivre tout ça sans paniquer, sans me laisser submerger par mes émotions. « Il m'a dit qu'il avait une idée pour les marraines, et je suis contente de son choix. Et puis tu sais, elle n'aura pas besoin que tu la gâtes, il s'en charge déjà. » Si elle voyait la chambre des filles, pas encore terminée mais déjà pleines d'objets et de vêtements pour nos filles, elle saurait que ces deux petites ne manqueront de rien. Et surtout avec un père comme Caleb au petit soin pour elles. Sa main toujours sur mon ventre, je prends conscience de la façon avec laquelle nous nous sommes rencontré, la façon avec laquelle nous avons échangé sur nos vies, sur nos peurs, sur notre passé aussi, et je pense qu'on peut dire que la glace a été brisée assez rapidement et que je vais pouvoir dire à Caleb, que j'approuve totalement son choix de marraine, ce qui devrait lui faire plaisir, même si au fond, j'avais déjà approuvé son choix, lui ayant décidé pour les marraines, moi pour les parrains, un choix équitable finalement. « Merci Eve, merci de m'avoir fait confiance, de m'accepter et de ne pas me juger. Je suis heureuse d'avoir fait ta connaissance vraiment. » Sans vraiment réfléchir, sans vraiment le calculer et un peu à ma propre surprise, je lui souris et je prends sa main qui était sur ventre quelques secondes plus tôt et je la serre doucement. Un geste amical, un geste de remerciement aussi peut-être.
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@Eve Zimmer Je suis vraiment désolée pour la longueur, j'ai vraiment essayé de faire au plus court vraiment.