@Deborah Brody

Ce matin, Jax n’avait pas besoin d’aller sur le tournage de la série. Les cascades étaient prévues dans deux jours et cela tombait particulièrement bien. Alors qu’il venait à peine de se réveiller, il sentit une présence à ses côtés. Les yeux fermés, il sourit malgré tout. Il n’avait pas besoin de regarder pour savoir qui était à côté de lui et glissait à présent ses petites mains douces sur son corps avant de le couvrir de bisous. Jax l’attrapa alors avant de lui faire des chatouilles tandis que le petit Virgil ne cessait de rigoler en demandant à son père d’arrêter. Au bout de plusieurs secondes, Jax s’arrêta et le garçon vint alors faire un gros câlin à son paternel. Les réveils comme cela, Jax en était fou et c’était d’ailleurs pour cela qu’il refusait de passer la nuit avec une fille et ce depuis la naissance de l’enfant. Ce matin, les deux garçons avaient un peu de temps devant eux pour déjeuner tranquillement. Au menu, chocolat chaud, jus de fruits, tartines et salade de fruits. De quoi bien recharger les batteries avant une grosse journée. Après cela, ce fut le moment de la douche avant de sortir de la maison. Virgil devait passer la matinée chez sa grand-mère pendant que Jax honorait son rendez-vous chez le médecin. Rien de grave mais il s’était inscrit à une compétition de crossfit et il devait avoir un certificat médical pour la valider.

Direction le cabinet de son généraliste. Comme d’habitude, il y avait un monde fou dans le cabinet malgré les rendez-vous. Il ne regrettait pas d’avoir laissé Virgil chez sa mère. Il attrapa alors une revue avant de se plonger dedans. Il ne relevait la tête que pour saluer les nouvelles personnes entrant dans le cabinet. Il ne pensait alors pas tomber sur elle. Deborah. Cela faisait plus de trois ans qu’il ne l’avait pas vu et il avait espéré ne jamais la revoir. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de plonger son regard dans le sien. Mais lorsqu’il revint à la réalité, il baissa la tête et retourna dans la lecture de son magazine. Mais clairement, il avait du mal à se concentrer. Et il devrait partager la pièce au moins une bonne demi-heure.

@Jax Collins

Cela faisait maintenant deux jours qu’elle se traînait un petit mal de crâne sans grande conséquence sur son quotidien. Elle avait tenue à honorer ses sorties officielles avec Camil sans broncher, se contentant de ne pas boire trop d’alcool pour éviter d’envenimer les choses. Ça n’avait malheureusement pas suffit. Ce matin, elle s’était réveillée avec des courbatures à vouloir s’en arracher les muscles tant elles étaient douloureuses. Son mal de tête s’était transformé en une migraine carabinée qui lui faisait mal jusque dans les yeux. Pour sûr que si elle avait pris le temps de prendre sa température, elle se serait rendue compte qu’elle cumulait un peu de fièvre par la même occasion. Elle était trop faible pour s’attarder à cela. Elle avait pris une douche chaude et longue dans l’unique but de se réchauffer et de ne pas sentir le fennec pour sortir. Le petit-déjeuner, elle l’avait sauté, bien trop barbouillée pour s’y risquer, elle ne tenait pas à devoir s’arrêter en route si jamais il décidait de prendre le chemin inverse dans ses intestins. Finalement, toutes ses forces, elle les avait mises dans la concentration nécessaire à la conduite de son véhicule pour se rendre chez le médecin le plus proche. Il allait sans dire qu’elle n’avait pas de rendez-vous, ça semblait plutôt évident à son état qu’il s’agissait là d’une urgence qui ne méritait pas de se rendre à l’hôpital mais qui ne devait pas attendre pour être traitée non plus.

Quelle idée… elle se retrouvait au milieu d’un groupe de personnes qui attendait déjà… ça promettait d’être très long. D’autant plus dès l’instant où son palpitant loupait un battement douloureux non pas à cause de la maladie mais parce que son regard s’arrêtait immanquablement dans celui de Jax. Le croiser ici, le croiser tout court, elle ne s’y attendait pas et doutait farouchement d’être en état pour affronter un face-à-face aussi violent quand bien même le blond avait instinctivement baissé les yeux sur son magazine. Les minutes passaient, un puis deux patients s’étaient déjà levés pour entrer dans la salle de consultation, les chaises se libéraient mais elle ne prenait pas place pour autant. C’était étrange et, évidemment, elle n’était pas à l’aise dans cette situation. Le silence, pourtant normal dans une salle d’attente, lui paraissait affreusement lourd. Elle devrait pourtant s’asseoir, surtout depuis qu’une vague de chaleur due à la fièvre s’était emparée de son épiderme. Elle passait du froid au chaud en l’espace de quelques minutes et sa faiblesse ne l’aidait pas à se retenir de frémir et trembler parfois. C’était trop dur d’être là alors elle abandonnait sa place, signalant simplement à la secrétaire qu’elle avait besoin de prendre l’air et qu’il fallait venir la chercher quand ça serait son tour. De nouveau dans la rue, elle prenait une grande inspiration avant de s’asseoir – non sans difficulté – sur les marches du perron. Elle était plus à l’aise ici, au frais et loin de lui, se retenant avec force de ne pas pleurer. Le contexte médical, lui… elle avait mal et sa maladie n’était pas la seule raison.

@Deborah Brody

Reste concentré sur ton magazine, ne relève surtout pas la tête. Pourquoi ton cœur s'accélère autant ? Pourquoi tu sens son parfum alors qu'elle est à l'autre bout de la pièce ? Tu lui en veux, tu lui en veux tellement et pourtant, tu ne peux pas t'empêcher d'avoir tout tes sens en éveil, tu ne peux pas t'empêcher d'avoir envie de sourire, d'avoir envie de la regarder. Et en même temps, tu penses à Virgil, cet enfant que tu n'as failli ne jamais connaître, cet enfant qui a failli passer plusieurs années en orphelinat en se posant des centaines de questions sur ses parents biologiques.

Jax était tiraillé entre plusieurs sentiments mais la haine prenait le pas sur le reste. Il lui suffisait de se souvenir de ce qu'il avait ressenti lorsqu'il avait appris que Deborah avait accouché sous X et qu'elle voulait abandonné leur enfant pour sentir toute la rancoeur refaire surface. Il ne voulait pas faire un scandale ici même si en même temps, il avait envie de réponses mais il n'avait pas envie qu'elle sache qu'il avait eu la garde de l'enfant, qu'il était au courant de sa grossesse et surtout il ne voulait pas qu'elle revienne dans la vie de l'enfant. Il entendit quelqu'un proposer à la jeune femme de s'asseoir mais il s'en fichait pas mal. Lorsque le médecin revint et annonça son nom, il se leva, jetant un regard dans la salle d'attente. Déborah n'était plus là. Est ce qu'elle était déjà passée ? Est ce qu'elle était partie ? Il avait beau vouloir ne pas penser à elle, il ne pouvait s'en empêcher.

Son rendez vous dans le cabinet fut assez rapide. Quelques tests de résistance, quelques questions de routine et le certificat médical était signé. Alors qu'il serrait la main de son médecin et sortit, il aperçu une demoiselle assise sur les marches. Même de dos et même après les années, il était capable de la reconnaître. Il allait passer son chemin mais quelque chose l'interpella dans la posture de la jeune femme. Il avança avant de se retourner. « T'es sûr que ça va ? » Il aurait aimé pouvoir passer son chemin sans se retourner mais impossible. Son ton était malgré tout froid et sans aucune politesse. Il voulait juste soulager sa conscience.

@Jax Collins

Elle devait se calmer pour reprendre ses esprits et un peu de constance. Elle ne devait pas pleurer parce qu’elle n’aimerait pas qu’on lui pose des questions, peu importe de qui elles pourraient venir. Elle voulait juste qu’on lui dise ce qu’elle avait, avoir une ordonnance, passer à la pharmacie et se terrer chez elle pour les jours à venir dans l’espoir de faire croire à son cerveau que la maladie lui avait joué des tours et qu’elle ne l’avait pas croisé ici, en Australie. C’était pourtant logique qu’il soit là parce qu’elle savait que sa famille habitait ici mais psychologiquement, pour elle, c’était plus facile de se dire qu’il était resté en Irlande ou qu’il était parti ailleurs sans revenir dans le coin. Elle ne se faisait pas d’illusion pourtant. Elle l’avait bien vu dans cette salle d’attente, supposait sans mal que dans la multitude d’habitants, ils ne s’étaient pas croisés jusque-là mais que, pour aller voir le même médecin, ils ne devaient sûrement pas habités loin l’un de l’autre. Un haut de cœur subvenait alors. Pas de symptôme de sa maladie mais un haut de cœur de tristesse. Elle avait mal dans la poitrine, elle avait beaucoup de mal à ne pas craquer, sa faiblesse physique ne jouant absolument pas en sa faveur. Être dehors, en revanche, l’aidait beaucoup. La petite brise lui permettait de respirer lentement et de retrouver un tant soit peu une maîtrise d’elle-même en dépit des frissons fiévreux qui la traversaient à chaque souffle.

Elle ne savait plus très bien depuis combien de temps elle était là, assise sur les marches du perron, appuyée contre la rambarde de l’escalier. Les paupières fermées, elle était presque endormie – tant elle était épuisée – quand la voix de Jax lui parvenait aux oreilles, de façon lointaine, comme si elle sortait d’un rêve qui s’effaçait lentement au profit d’une réalité plus cruelle. « A ton avis, ça a l’air d’aller ? » Son ton était aussi froid que le sien, un automatisme de défense pour la femme caractérielle qu’elle a toujours été et que Jax avait connu mais elle regrettait immédiatement. Il n’y était pour rien dans tout ça. Quand bien même elle était persuadée qu’il n’était au courant de rien, il n’empêchait pas qu’elle était partie sans lui dire aurevoir et que rien que pour ça, il était en droit de lui en vouloir et de lui faire savoir. Un soupir glissait alors entre les lèvres de la brune. « Pardon, je voulais pas - » Pas quoi ? L’agresser verbalement ? Le confronter directement ? Elle en perdait les mots. « Tu peux t’en aller, ça va aller. » Non, ça n’allait pas aller. Parce qu’elle était malade, parce qu’elle l’avait vu, parce que trop de souvenirs heureux et douloureux étaient liés à lui, parce qu’elle se souvenait de tout quand elle ne voulait qu’oublier. Non, ça n’allait pas aller parce qu’en voulant le fuir de nouveau, elle s’était relevée trop vite et que son corps affamé et fatigué n’avait pas assez d’énergie pour suivre le mouvement. Trou noir complet. Elle venait de s’évanouir dans les escaliers, roulant sur les deux petites marches qui restaient et finissant sa chute à même la rue.

@Deborah Brody

« Toujours aussi agréable à ce que je vois » Sincèrement, qu'est ce qui avait pu lui plaire chez cette femme ? Peut-être son corps qui en faisait fantasmer plus d'un, peut-être son regard toujours aussi intense, peut-être aussi son caractère fort aussi bien dans la vie de tout les jours qu'au pieu. Merde, pourquoi il ne pouvait juste n'en avoir rien à foutre ? Pourquoi est ce qu'elle lui faisait toujours de l'effet même s'il la détestait au plus haut point et qu'il ne voulait en aucun cas qu'elle remette un pied dans sa vie et découvre l'existence de Virgil ? Même là, alors qu'elle le remballait, il ne parvenait pas à faire demi-tour. Même lorsqu'elle affirma que tout allait bien, il restait devant elle sans bouger. « Si tu le dis » Un silence gênant, encore un s'installa et il soupira. Ce fut elle qui se leva pour s'en aller, s'éloigner de lui mais avant qu'elle ne fasse un pas, elle s'écroula, s'évanouissant une seconde fois. C'était pas bon et il avait beau détester cette femme, il ne comptait pas la laisser là. Il s'approcha d'elle, la mettant en position latérale de sécurité. Il sortit ensuite son téléphone pour appeler une ambulance. Quelques secondes après, elle était prise en charge par les ambulanciers. C'était fini, elle était entre de bonnes mains, ils allaient s'occuper d'elle, la remettre en forme et elle pourrait rentrer chez elle. Elle n'était plus son problème. Il pourrait retrouver son fils et oublier qu'il l'avait vu. Si c'était aussi simple que cela.