On a un plan avec Jack. Tout est millimétré, j’ai tout prévu et il va tout suivre parce qu’il me l’a promis. Tout est simple en apparence. On s’est rapproché pendant l’aventure, et on se retrouve à être ensemble assez souvent sur Brisbane. Des endroits où je sais que je vais me faire prendre en photo, où on va me reconnaitre et on va commencer à le reconnaitre lui aussi. Je rentre dans le bar, sa main dans la mienne. Je souris un peu niaisement, j’ai toujours réussi à jouer différents rôles à la perfection. “Je crois que les gens commencent à te reconnaitre.” Un clin d’oeil alors que je me tourne vers lui pour glisser mes bras autour de son cou. “Tu crois qu’on nous a déjà pris en photo combien de fois ?” J’aime ce succès, j’aime retrouver cette sensation que des personnes me prennent en photo sans que je ne donne l’autorisation, juste pour prouver aux gens qu’ils ont vraiment vu Ivy Waterhouse. Et Jack Epstein, depuis quelques temps maintenant.

“Tu m’offres à boire.” C’est pas une question, c’est juste une information que je lui donne quand je nous rapproche du bar. On joue le jeu, puisque c’est ce que ça a toujours été non ? C’est pas le moment de se poser ce genre de questions. Je regarde autour de nous, et ils sont là les types que j’ai ramené. Des investisseurs. Parce que je lui ai dit que s’il m’aidait je l’aidais. Alors je commence, à peine revenue dans cette ville que je commence à apprécier. “On va là-haut.” Je pointe du doigt le coin VIP, isolé. “Des hommes riches, et puissants. Ils peuvent aider pour le label.” Je lui donne les quelques informations dont il a besoin et je capte son regard avant de lui donner un verre et de boire le mien presque cul sec. “T’es prêt ?” Je suis sûre que oui.

Il a les sens aux aguets. Ça vient avec, c'est le genre de sensation qui est toute en paradoxes, toute en nuances. Tout fait mal mais tout fait du bien. Tout va vite mais tout est lent, et lui, il s'éclate.

“Je crois que les gens commencent à te reconnaitre.” il n'a jamais eu la fibre égocentrique Jack, jamais il n'a voulu attirer l'attention sur lui. Encore moins depuis que le plan avec Ivy s'est mis en marche. Alors il a eu besoin d'un petit coup de main, d'un remontant. De l'alcool il est passé à la mari qu'il connaissait et reconnaissait de son innocente rechute à ROA. Puis, y'a eu la coke. Y'a eu ce rail, ce tout petit rail, vu dans les toilettes d'une des soirées où ils sont allés précédemment. Il avait rien touché à ce moment-là, sage petit gamin aux bonnes intentions et aux résolutions qui vont avec. Mais il a été une merde, après. Il pensait qu'à la poudre blanche. Il pensait qu'à la drogue et son lien de cause à effet, il pensait qu'à comment il se sentirait invincible, à comment il la rendrait indirectement fière de lui, s'il sniffait.

Elle passe ses bras autour de sa nuque, il égare ses mains chastement à sa taille. “Tu crois qu’on nous a déjà pris en photo combien de fois ?” de là, elle doit voir les restes de poudre qui trahissent la façon dont il a lancé la soirée dans le parking, à même la limousine et avec elle. Il lui cache rien tant elle est aussi affectée qu'il l'est. Ils ont merdé. « Pas autant qu'ils en prennent là, de suite. » il se moque Epstein, se moque des potins et se moque des ragôts et se moque de tout au final, sauf de ce qu'elle lui dit de faire. Pour ça, il est intransigeant, il a une confiance inébranlable en Ivy. Il sait plus trop d'où ça vient, mais ce soir encore, c'est l'évidence. “Tu m’offres à boire.” « Oui chef. » comme là, à nouveau, elle gère les cartes et elle gère les gestes, même les plus minimes.

Elle scrute la salle, il hèle un serveur derrière le bar pour leur prendre deux old fashioned, doubles. Parce que jamais Jack ne se fera à la tête qu'elle fait à la première gorgée quand il lui jure que ce sera un Manhattan, que l'alcool sera doux, mais qu'elle se retrouve avec une lampée d'abord bien amère. Elle a un palais à endurcir, la gamine. “On va là-haut. Des hommes riches, et puissants. Ils peuvent aider pour le label. T’es prêt ?” il revient à peine avec leurs verres que déjà elle est en phase d'attaque Ivy. Et elle est belle, quand elle domine à ce point, quand elle est dans son élément et que rien ne l'arrête. Il porte son verre à ses lèvres, se laisse patiemment profiter du froncement de sourcils caractéristique qu'elle risque de faire aller en l'imitant. « Tant que tu l'es, je le suis. » c'est qu'ils forment une équipe eux deux, finalement. Envers et contre tous.

Les photographes se sont attroupés au pied de l'escalier dès lors que leur duo aussi atypique que parfaitement fonctionnel s'y rend. « Je leur lâche quoi, comme spoiler? » qu'il chuchote à l'oreille de la blonde. Bon élève qui sait que la presse n'a besoin que de miettes à se mettre sous la dent pour aller un peu mieux et pour céder les grands titres. « Sois créative, j'ai envie de rire. » il pouffe de plus belle, une nouvelle salve de cocktail plus tard, et son bras s'ancrant autour des épaules de la Waterhouse comme s'il y avait toujours eu sa place.

Être ici, c'est vraiment la dernière chose dont tu as envie, mais il ne t'a pas vraiment laisser le choix, parce que passer chez toi était un détour si énorme - tellement pas. C'est que chaque minutes est compté avec ton cher papa. Tu dois presque préparer ton discours d'avance pour être certaine que ça ne prenne pas plus que cinq minutes. Il n'aime pas qu'on tourne autour du pot. Il aime quand c'est direct, quand on lui fait pas perdre son temps. Il est probablement pire d'années en années. Et non, tu veux pas le déranger, mais tu n'as surtout pas envie de t'étirer ici d'avantage. Il y a trop de monde. Tu n'es pas bien dans cet endroit qui pourtant abrite tout ce qui devrait être ta routine. Tu es surtout morte de honte à venir ici chercher un chèque. Qui d'autre pourrait payer ton avocat ? Encore chanceuse qu'il ait dit oui. Encore chanceuse que tu ne sois pas passer du côté honte de la famille pour entamer un divorce, pour briser les sacrements du mariage.

Tu as eu ce que tu voulais et tu repars aussi vite que tu es arrivé. Il y a une panoplie de photographes au bas des marches. Tous semblent s'arracher les clichés d'une personne, d'un couple. Franchement, ça t'intéresse pas. Tout ce qui t'importe, c'est que grâce à eux, tu passera inaperçu. Mais, comme une idiote, il a bien fallu que ton regard se porte sur eux. Bien sûr, qu'il a fallu que tu poses un regard par là. Tu figes, pendant une seule seconde, en plein milieu des marches. Elle est belle Ivy. Elle est tellement belle, alors que toi, tu as l'air en phase terminale. Pour une fois, c'est toi qui ne colle pas dans le décor et lui qui semble s'y fondre si facilement au bras d'une parfaite Ivy dans toute son élégance. Ce ne sont que des apparences. Tu le saurais si tu ne serais pas autant impliqué émotionnellement. Tu le saurais si ton cerveau ne serait pas autant en gibelotte pour avoir trop dormit sans pour autant surpasser cet épuisement. Mais tu vois rien. Tu vois ce qu'ils veulent montrer et tu gobes tout comme tout le monde.

Et à l'instant où ton regard trouve les leurs, tu redescends le reste des marches et t'engouffre dans la foule. C'est la gorge nouée, le coeur serré, que tu pars à la recherche d'une bouffée d'air frais.

muchas love   :

J’essuis la poudre qui traîne encore au coin de son nez. Il a fait quelques lignes, j’en ai fait aussi. C’est juste pour se donner de l’énergie. Il faut sortir presque tous les soirs ces derniers temps, et je dors peu, il me faut bien quelque chose pour me booster. Je ne connais pas vraiment le passif de Jack, et je ne pense pas que j’aurais essayé de le contenir même si j’avais su. Mais je reste concentrée, mes bras ont une position parfaite autour de son cou et mon sourire est le plus amoureux possible. Ils doivent y croire, ils doivent lancer des milliers de rumeurs et je me dois de rendre Jack et son label célèbre. On travaille en duo, et jamais je n’aurais pu penser qu’on puisse être une aussi bonne équipe. Les verres arrivent et je pose ma tête contre lui alors que le clic d’un nouvel appareil photo retentit dans mon dos. “Bien.” Je trouve que chef est le surnom qui me va le mieux. Il ne gèrerait plus rien du tout si je n’étais pas là.

L’alcool est dégueulasse et je grimace. Ce n’est pas doux du tout, et ce n’est pas le genre de cocktail que j’ai l’habitude de boire. Je fronce le nez et lui lance un regard noir qui va sûrement encore plus l’amuser. Il a gardé son âme d’enfant Jack. Et ça, même moi je suis incapable de lui enlever, et je n’en ai aucune envie. J’aime ce sourire enfantin qui naît au coin de ses lèvres alors qu’il est fier de sa blague, et fier de l’équipe qu’on est en train de former. “Je suis toujours prête pour ça.” Faire la fête et lui trouver de nouveaux clients, de nouveaux investisseurs. C’est difficile, mais j’essaie. Je prends un plaisir inconnu à gérer et remettre en ordre toutes ses affaires. Mais on doit faire de l’argent, c’est mon objectif premier. J’ai besoin de ça pour me sauver autant que j’en ai besoin pour le sauver lui.

Je m’amuse et souris quand les paparazzi nous suivent. Ils sont si prévisibles, et j’en ai terriblement besoin pour nous médiatiser et mettre le plan à exécution. Je réfléchis à ce qu’il pourrait balancer en public, ce qui le ferait autant rire que moi. Je glisse à mon tour à son oreille, et mes pupilles dilatées trahissent mon état. “Si tu passes ta main sur mon ventre dans moins de 5 minutes la moitié de Brisbane pense que je suis enceinte.” Ca me fait rire ce soir, ça me ferait moins rire demain matin. Mais ce n’est qu’un jeu, une histoire de scandale et de visibilité. “Je veux pas encore de photo où on s’embrasse il faut entretenir le mystère.” Et je sais qu’il va m’écouter. “Tu peux parler boulot et dire que tu m’as engagé.” C’est faux, il n’a pas eu besoin de m’engager pour que je commence à passer du temps au label. “Si tu continues à laisser des traces de poudre on va passer pour deux drogués.” Je fronce les sourcils en laissant glisser ma main sur son torse en gloussant comme une enfant. “Mais je suis sûre que tu peux être imaginatif, ça t’arrive d’avoir de bonnes idées quand t’es dans cet état.” Mon sourcil se hausse et j’éloigne un peu mon visage, attendant de savoir pour quelle option il va opter. Mon regard croise celui d’Elise. Elle est dans un état pitoyable, elle fait de la peine à voir et je me demande comment elle a bien pu oser sortie dans cet état. Mais mon sourire reste en place, je ne changerai rien à mon plan parce que madame Williams a décidé de débarquer dans ma boîte pendant mon spectacle. “Faut jouer le jeu Jack.” Je sais qu’il l’a vu. “Si tu t’éloignes ça peut avoir de grave conséquences, t’as un téléphone, si t’as besoin de nouvelles t’envoies un message. Mais oublies pas que je dois créer ton instagram.” Et ça aussi, je vais le gérer d’une main de maitre.

“Si tu passes ta main sur mon ventre dans moins de 5 minutes la moitié de Brisbane pense que je suis enceinte.” il pouffe contre sa tempe à elle, le gars, hochant de la tête dans l'élan. Elle est l'enfer Ivy, elle trouve toujours les pires idées, et c'est bien ce qui l'amuse là. C'est bien ce qui lui retire la pression néfaste des épaules aussi, l'énergie du désespoir de tenter de toutes ses forces de sortir son label et la merde, de la sortir elle également. Elle a autant à gagner que lui dans l'histoire, et tout autant à perdre. Quel gâchis s'il n'obéit pas, s'il ne suit pas sa part du marché quand elle, elle donne tout ce qu'elle a. “Je veux pas encore de photo où on s’embrasse il faut entretenir le mystère. Tu peux parler boulot et dire que tu m’as engagé.” il hoche de la tête, égare ses lèvres sur son verre à lui avant d'attraper le sien à elle de verre, et de le troquer pour un gobelet d'eau sur le plateau lambda d'un serveur qui passait par là. « Pour le bébé. » qu'il nargue d'un murmure, gobant son premier cocktail, l'autre qui finit dans sa paume prise. Celle libre quitte la nuque d'Ivy où il traçait des lignes imaginaires et s'égare une seconde une seule sur son ventre, suffisamment pour entendre les murmures guider leur sillage. La stupidité des médias à potins le fait éclater de rire ; demain l'image en couverture des magazines montrera son sourire radieux de potentiel futur père. Quel bordel.

Il sent les prunelles de Ivy s'égarer au-dessus de ses lèvres, son “Si tu continues à laisser des traces de poudre on va passer pour deux drogués.” auquel il répond de son nez qu'il noie dans les mèches de la blonde. Il secoue la tête de gauche à droite, a l'air de simplement l'embêter, lui qui efface les traces non sans les rendre cute à souhait. “Mais je suis sûre que tu peux être imaginatif, ça t’arrive d’avoir de bonnes idées quand t’es dans cet état.” ça irait bien avec l'air de musicien mystérieux qu'elle lui construit d'une main de maître, mais trop de gens savent à quel point il s'est fait du mal sur la coke auparavant. Autant reporter les preuves et les inquiétudes à plus tard.

Puis stop, arrêt sur image.  “Faut jouer le jeu Jack.”
Elise est là, à travers les journalistes et les photographes. “Si tu t’éloignes ça peut avoir de grave conséquences, t’as un téléphone, si t’as besoin de nouvelles t’envoies un message. Mais oublies pas que je dois créer ton instagram.”

Elle part et eux ils arrivent, et lui il la fixe, il voit qu'elle. Pourtant la seconde d'après elle est disparue et lui, il rage. Il rage et il bouille et il brûle et il en a marre, des flashs qui lui agressent les yeux et qui lui brûlent la rétine. Son Instagram duquel il en a rien à foutre, et son portable qu'il dégaine pour lui envoyer un message - et trois autres parce qu'il est un gros idiot incapable de se servir de la moindre technologie. Le silence sur son écran le presse, Ivy aussi, le pressera, s'il ne suit pas le reste du plan pour ce soir du moins. « Faut que je lui dise Ivy. » il faut, mais dans l'entente, cette ligne-là et toutes les autres sont décidées par la Waterhouse, et rien que par elle.

Ça vibre une, deux, trois, quatre fois. Okay, il est vraiment en train d'appeler ? Comme si vous allez arriver à vous entendre avec tout le brouhaha et la musique à l'intérieur. Tu l'ignore ton portable lorsque tu te fais un chemin à travers de la foule, lorsque tu réussi enfin à atteindre l'extérieur, lorsque la brise glaciale fait du bien. Tu l'ignores encore ce portable qui te démange, qui contient sûrement un message d'excuse jusqu'à ce que tu entres dans ce taxi. C'est bien le dernier de tes soucis si tu viens de piquer le taxi de quelqu'un d'autre. Au moins, tu réussis à souffler de nouveau.

Oh ce qu'il démange ce portable devenue soudainement silencieux. C'est là que tu te décides à le sortir, juste pour voir son nom s'afficher, juste pour voir l'appel manqué,. Juste ça. Tu ne vas pas répondre. Mais non, ce sont des messages qui se laissent voir sur ton écran. Des messages envoyés n'importe comment probablement par presse de les envoyer et par incompétence soyons honnête. Tu avais pas dit que tu répondrais pas ?

Tu devrais prendre des cours de sms tant qu'a passé du temps avec une gamine. J'ai rien compris.

Tu convaincs personne en essayant de te faire croire que ça te fait absolument rien qu'il s'affiche à son bras à elle, surtout pas le chauffeur de taxi qui te regarde grincer des dents d'un mauvais oeil. Vous n'avez jamais reparlé de l'altercation avec Ivy à Charleville. Vous auriez dû. Vous auriez vraiment dû mettre les choses au clair, parce qu'ils sont nombreux les scénarios qui te passe par la tête. Ils sont nombreux et blessant.

Profite de ta soirée. Je suis déjà partie

Et ce soir, c'est à Spring Hills que tu passera la nuit. Pas à Bayside. Parce que, surprise, Jack est pas chez lui et que la dernière chose dont tu as envie c'est de savoir qu'il ne rentre pas chez lui ce soir.

On joue, et j’adore ce jeu. Rien n’est vrai et pourtant j’ai presque l’impression de voir des larmes d’émotions au coin des yeux des photographes lorsque Jack échange mon verre d’alcool contre un verre d’autre chose qui semble bien moins amusant. Je serre les dents, en temps normal j’aurais voler son verre mais il a décidé de quelle serait la prochaine rumeur. Ivy Waterhouse et Jack Epstein créent une famille quelques semaines seulement après la fin de Race of Australia. Est ce que je suis tombée enceinte pendant l’aventure ? Ou est ce que le coup de foudre est tel qu’on a pas pu résister à l’envie de créer un petit être ? J’imagine déjà toutes les questions qu’on va vouloir nous poser, et celles qui resteront malheureusement pour eux sans réponse. Je me retiens de pouffer de rire, je suis très bonne actrice, je n’en ai jamais douté. Sa main glisse sur mon ventre et je viens poser la mienne par dessus. “T’as raison je dois faire attention.” Il a choisi, je le suis.

On aura le temps de trouver de nouvelles intrigues, de nouveaux jeux d’ici à la fin de la soirée. Pour le moment je pose, et mon regard croise celui d’Elise Wlliams. Juste une seconde. Et je me fiche de cette femme, elle peut bien faire la tournée des bars pour oublier son chagrin je serai bien la dernière personne à bouger un doigt pour l’aider. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa vie, mais je suis sûre que ce n’est rien de bon. Je me concentre sur Jack qui n’a pas le droit de partir, il faut qu’il reste là parce que le plan est bien plus important que sa sex friend ou son plan cul du moment. Il aura le droit d’aimer quelqu’un quand le label ira mieux et que mon compte en banque soit assez rempli. S’il me lâche maintenant, tout est terminé, et on ne peut pas se le permettre.

“On peut pas prendre ce risque.” Je gère absolument tout et Jack n’a rien à dire. J’attrape son téléphone sur lequel il pianote à de trop nombreuses reprises à mon goût pour le glisser dans mon sac. “Pas déjà.” Tout est encore en construction, trop fragile. Elise pourrait faire fuiter des informations seulement pour me nuire parce qu’elle n’a plus que ça à faire avec sa tournée des bars. “Concentre toi, tu réfléchiras à tout ça plus tard. Je veux pas lui faire confiance. Dans cette histoire on peut avoir confiance en personne sauf en nous deux.” Et j’espère que le message est passé quand je commence à monter les escaliers pour rejoindre le coin VIP.

Il faut qu'il le lui dise mais pourtant il n'est pas en train de le faire. Non pour le moment, il fixe son écran de portable comme l'idiot qu'il est en permanence lorsqu'il est question de prendre ses responsabilités et d'arrêter de jouer à l'électron libre d'adolescent irresponsable de plus de quarante ans. C'est dans un soupir qu'il voit Ivy lui prendre l'appareil des mains, elle qui le planque au fond de son sac à main orné de pierres précieuses sans sourciller une seule seconde.

“On peut pas prendre ce risque.” alors Elise est un risque. Alors Jack en est un aussi. Il réfléchit vite le musicien, peut-être un peu trop. “Pas déjà.” y'a une durée au compteur et mine de rien, ça le rassure lui qui ne savait même pas qu'il était du genre à se stresser d'un si ou d'un cela. C'est une inspiration qu'il prend, réalisant où ils sont de nouveau. Il l'avait perdue, la notion du temps. “Concentre toi, tu réfléchiras à tout ça plus tard. Je veux pas lui faire confiance. Dans cette histoire on peut avoir confiance en personne sauf en nous deux.”

Et le cliquetis des caméras braquées sur eux n'arrête pas. Même quand il n'en a rien à foutre des lentilles et des photographes, même quand il la regarde elle, même quand il se perd dans sa tête et que la double dose de scotch n'est pas nécessairement son meilleur allié. Faut qu'il fasse le gars mystérieux pour les uns, faut qu'il soit le type accessible pour les autres. L'impression d'être un pantin le fait chier, d'un coup d'un seul. Elle vient avec un goût désagréable sur sa langue qui ne part pas et il fait chaud ici, d'un coup d'un seul. Quand Ivy revient à sa hauteur et qu'elle a fini de faire les yeux doux aux journalistes, quand elle semble avoir l'air bien heureuse des entrevues qu'elle a données en leur nom à eux sans qu'on ne le questionne lui et sans qu'on lui accorde la moindre importance dès lors qu'il est en solo - et ça ne le dérange pas le moins du monde, soyons-en assurés - le voilà qui souffle un peu mieux.

« Si on fait ça, j'ai besoin de quelque chose de plus fort. » si ce soir encore, il oublie. Il oublie beaucoup, ces jours-ci. Il a besoin de quelque chose de plus fort souvent aussi, ces jours-ci. Et quand il l'entraîne vers la terrasse, qu'il pique une bouteille de champagne au bar et qu'il rêve déjà d'une nouvelle ligne, c'est un « Pas ici, t'es enceinte. » qu'il murmure à son oreille. Demain, les paparazzis leur inventeront tous les scénarios et tous les secrets possibles justifiant qu'ils sont partis. Il a juste besoin d'oublier d'ici là.