Andy et moi étions définitivement séparés. J’ai encore du mal à comprendre comment on en été arrivés là, comment cette relation avait pu être aussi intense et aussi forte en si peu de temps. Avec Andy c’était tout ou rien, c’était la haine d’abord, l’amour ensuite, tout trop fort. Je l’ai détesté pour mieux l’aimer et maintenant, je crois de nouveau le détester.  Surtout, je lui en veux, je lui en veux egoistement de ne pas être celle à qui il pourrait se confier, celle à qui il pourrait dire les souffrances qu’il endure pour se comporter ainsi. Il l’a dit à demi-mot, oui il a des problèmes et non, je ne suis pas la personne a qui il a envie d’en parler, non il n’en parlera sans doute jamais à personne. Le problème c’est que j’avais suffisamment donné pour avoir à subir encore trop longtemps. Deux personnalités incompatibles, deux âmes qui n’étaient pas sœurs et pourtant, j’aurai tout donné pour que ce soit le cas. Mais il n’était jamais trop tard pour s’en rendre compte et ouvrir les yeux. J’avais mal, il me manquait et me manquerait sans doute encore longtemps, mais c’était fini.
Les possibilités de sorties à Brisbane étaient suffisamment large pour ne pas être obligée d’aller au DBD. Aussi fort j’aimais Matt, autant je n’avais pas envie d’y trainer ces derniers temps. Les chances d’y croiser Andy étaient bien trop élevées et je n’en avais pas la force en ce moment. Alors si j’avais besoin de sortir, besoin de décompresser, je changeais carrément de quartier. A moi Logan City et Oates Park. Mes collègues m’avaient proposé de les accompagnés pour cette soirée, aller boire un verre et rentrer, c’était l’programme de la soirée. Et je m’ennuyais à mourir à cette table, je n’avais en réalité aucune envie d’être ici. Le verre de thé glacé placé devant moi en disait long sur ma motivation. « J’vais pas tarder à rentrer. » je leur précise. « Une dernière clope ? » je hoche la tête, prends mon paquet et mon briquet et me dirige vers la sortie en tendant une dernière clope à Melissa. « Hm, j’passe aux toilettes, j’arrive. » et j’avais pas envie d’attendre, j’allume ma cigarette à l’exterieur et j’en grillerai une seconde avec elle, si jamais elle arrivait trop tard.

(oates park) « Une dernière clope ? » Est la seule chose que j’entends alors que je m’approche du Canvas, premier bar choisi au hasard au dédale d’une rue puis d’une autre. Les jours s'enchaînent et se ressemblent sans que rien de particulier ne se passe dans mon existence alors j’éprouve le besoin de me trouver des occupations par moi même qui ne se résument pas à utiliser un crayon ou un pinceau. Jouer des nerfs d’inconnus dans des bars bondés, en voilà plutôt une bien meilleure idée. Depuis combien de temps est ce que je n’ai pas cogné sur la mâchoire mal rasée d’un inconnu, au juste ? Un simple coup, rien de plus, mon poing qui glisse à peine entre mandibule et maxillaire sans que cela ne fasse le moindre mal. Pas même de sang.

Une cigarette est tendue d’une petite brune à une autre et je l’attrape au vol par simple habitude d’emmerder un peu le monde. Je ne fais pas partie de leur scène, je ne devrais pas m’interposer au milieu et pourtant je ne trouve rien de plus amusant à faire pour le moment. Qui plus est, la seconde se résigne finalement à une autre activité et je me retrouve heureux propriétaire d’une cigarette dont je n’ai pas besoin. « Hm, j’passe aux toilettes, j’arrive. » Super, cool, on est heureux d’être contents. Les filles et leurs toilettes, vraiment, ce devrait être considéré comme une addiction. Pour le moment en tout cas je suis bien heureux qu’elle se soustraie de l’équation, sans doute pour mieux prendre sa place dès lors qu’elle fait un pas en arrière puis un autre. Après tout, j’ai déjà pris sa cigarette et il ne me reste plus qu’à parler à son amie pour que la boucle soit bouclée.

Sourire au coin des lèvres, je tends ma cigarette entre mes doigts pour qu’elle l’allume de son briquet. Le problème quand on ne fume plus depuis des années c’est qu’on ne se trimbale plus avec du feux dans la poche non plus. Mes yeux dérivent sur le paquet et je lève un sourcil réprobateur. “T’as pas retourné une cigarette.” J’observe et annonce, comme s’il s’agissait d’un secret enfin dévoilé. “Ca porte malheur de pas le faire.” Habitude d’ancien fumeur, on entend toutes les théories du monde à propos de ce qu’il faut faire et ne pas faire des paquets qu’on achète pour se tuer à petit feu tout en se sentant un peu mieux vivre l’espace d’un temps. “Ça serait vraiment dommage qu’il arrive malheur à un si joli visage.” Et c’est parti. D’un jeu je passe déjà à un autre, décidé à ne finalement cogner sur personne mais m’amuser bien tout autrement. Après tout, je ne mens pas quand je parle de son agréable faciès. Elle pue juste la clope.

Spoiler:

Melissa a raté l’coche, c’est ce mec qui choppe la clope qui lui était destinée qui s’autorise à en devenir le propriétaire. J’relève les yeux pour voir quel genre de personne est bien capable de faire ça et pour voir si ca mérite que j’lui passe une soufflante ou pas. Mais j’avoue que là, quand mes yeux croisent les siens, j’en perdrais presque mes moyens. Il a un truc dans son regard, on a l’impression qu’il lui suffit juste de poser ses yeux sur quelqu’un pour calmer les ardeurs. Meliassa s’éclipse et me voilà sur le parvis du bar avec lui. Clope au bec, il a l’air d’attendre quelques chose. Du feu ? J’allume mon briquet sous son nez, prenant soin de garder une distance de sécurité pour pas brûler ses beaux cils. “T’as pas retourné une cigarette.” De quoi il me parle ? “Ca porte malheur de pas le faire.” J’harque un sourcils, voit bien la direction dans laquelle il regardait et j’observe bêtement mon paquet de cloque, ressortant alors une cigarette pour la retourner dans le paquet. “Ça serait vraiment dommage qu’il arrive malheur à un si joli visage.” Ok, on y est, j’me redresse, j’arrête de faire la victime comme c’est le cas depuis le début de soirée. Ce mec a choppé la clope que j’avais décidé d’offrir à Melissa par générosité fleurissante, c’était pas juste pour fumer. « l’affaire est réglée ! » j’allume maintenant la cigarette qui pend à mes lèvres et range briquet et paquet dans une poche de mon jean où quelques débris de tabac sec doivent avoir trouvé une place bien douillette et chaude la dedans. « J’capte mieux, pourquoi il m’arrive pas que des bonnes choses ces derniers temps, j’ai pas l’habitude de faire ça. » note à moi-même : retourner des clopes dans tous les paquets que j’allais acheter à l’avenir. « Hm, y a un truc chez toi, qui m’fait penser à quelqu’un, mais j’saurai pas dire qui là… » comme un air de famille, ca m’semblait pourtant évident, mais ca m’viendrait plus tard, peut être. « T’es venu seul ? » que j’questionne ayant vu personne dans l’coin qui pourrait s’inquiéter de plus le voir.

Je l’observe avancer d’un pas de plus en ma direction, le sourire sur mes lèvres réduit à cause de la cigarette que je tiens en même temps. Elle s’applique alors que j’aurais pu décider de me reculer pour être certain qu’elle ne me brûle pas (puisque la liste des personnes voulant ma mort est, je le rappelle, plutôt conséquente). Ce n’est pourtant pas le cas et dès que la tige est allumée, je viens tirer dessus par automatisme bien plus que par besoin, retrouvant de vieilles habitudes d’une décennie plus tôt. J’aurais sûrement été déçue de moi même à y replonger si aisément sans même m’en vouloir mais pour le moment encore mon esprit est occupé ailleurs et mon sourire le confirme, trop grand et trop fier pour que je n’ai pas d’idée derrière la tête.

« L’affaire est réglée ! » La cigarette retournée et la sienne allumée, je laisse mes yeux vagabonder sur chacun de ses faits et gestes avec un sourire satisfait au bout des lèvres. « J’capte mieux, pourquoi il m’arrive pas que des bonnes choses ces derniers temps, j’ai pas l’habitude de faire ça. » Mes yeux remontent dans les siens alors que je prends garde à ne pas souffler la fumée directement au visage, grand gentleman dans l’âme. “Ouaip, maintenant il ne peut t’arriver que de bonnes choses.” Genre moi. Je suis là. C’est déjà la preuve que le plan est en train de fonctionner puisqu’elle ne pouvait pas mieux tomber, justement. Qui d’autre pour illuminer sa soirée bien mieux encore que son amie qui n’a rien d’extraordinaire ?

Mon charme d’Apollon ne court pas les rues et nul doute qu’elle ne peut pas me confondre avec Saül puisque, justement, il n’a rien d’un Apollon. « Hm, y a un truc chez toi, qui m’fait penser à quelqu’un, mais j’saurai pas dire qui là… T’es venu seul ? » Je tire une nouvelle fois sur la cigarette et décale un temps mon regard du sien, sans doute pour simplement mieux m’y replonger l’instant qui suit. “Oui mais je ne repartirai peut être pas tout seul, par contre.” Une proposition comme une autre, après tout, jetée à la volée comme si de rien n’était. Cela ne coûte rien, cela amène beaucoup d’espoir. Personnellement, repartir accompagné ne semble pas être un si lourd fardeau à porter et je pense m’en sentir capable, si vous voyez ce que je veux dire - et si elle, elle voit aussi. “Et je n’ai pas de frère jumeau, désolé de te l’apprendre.” Ou pas, parce qu’avoir de la concurrence est vraiment une chose dont je me passe avec grand plaisir. Il n’y a de la place que pour un seule Auden en ce monde. “Mais peut être que toi tu en as une, de jumelle ? Elle serait bien chanceuse.” Elle a dû me confondre avec un des hommes dans son calendrier des Dieux du Stade, je ne m’en fais pas pour ça.

Je me questionne s’il pense être une des bonnes choses qui peuvent me venir ? Comme un signe du destin ? J’ignore s’il se trouve sur mon chemin pour contrer tous les démons qui rodent vers moi en ce moment. Mon ex encore en tête, cette soirée qui n’en finis plus, peut être que le moment propice pour me divertir l’esprit se présente ici. « J’espère que les bonnes choses commencent ce soir. » je lui réponds en vitesse, qu’il comprenne que peut être, je suis sur les mêmes ondes que lui. Si non, que de regrets pour moi.
Je me questionne sur celui ou celle qui m’interroge sur une similitude physique. Je pense me tromper et n’être douée pour me souvenir.  J’interview encore, est-il venu ici seul ? Il semble bien que ce soit positif. Positif pour moi, je souris, contente de cette réponse. Cette soirée prend peut être un sens neuf.  S’il eu l’envie de terminer cette soirée en une présence féminine, je réponds oui. Il me diverti pour les heures en devenir. « Je suis seule, personne qui me ressemble. » sorry not sorry comme on dit. « C’est mieux comme ci… » sourire non dissimulé sur mes lèvres. « Je pense quitter le pub… je me dis… hm. Je veux rentrer… seulement, les bonnes choses, on ignore si elles se reproduisent souvent. J’peux dire bye bye et je te retrouve ? » que mes collègues ne s’inquiètent guerre de cette eclipse. « je fini cette clope. » je hoche le menton et le tien prête pour récupérer mes biens. « tu es peut être expert du coin ? pour nous rendre loin d’ici ? » je crois reprendre un verre ensuite pour me mettre en condition pour tenter de l’envouter. Je me décide enfin de mettre le mode séduction sur on, prête pour ne plus tenir mon ex en tête.

Le temps file et elle reste toujours belle, peu importe le nombre de nouvelles femmes que j’observe défiler derrière une chevelure brune qui lui est propre. « J’espère que les bonnes choses commencent ce soir. » Mon sourire est immense et séduit, heureux qu’on se retrouve si commodément sur une longueur d’onde identique. “Les bonnes choses ont débuté.” Un de mes pieds progresse vers elle, il est congru pour que je puisse dès lors tenter de deviner l’origine de l’effluve qu’elle porte. « Je suis seule, personne qui me ressemble. C’est mieux comme ci… » D’usuelle mon rire moqueur et victorieux peut rondement mettre un terme pour ce qui est de ce genre d’entrevue fort peu utile, or pour le moment je me sens d’humeur joyeuse. Ses yeux me divertissent et il en est de même pour tout le reste, tout débute seulement.

« Je pense quitter le pub… je me dis… hm. Je veux rentrer… seulement, les bonnes choses, on ignore si elles se reproduisent souvent. J’peux dire bye bye et je te retrouve ? » “Je reste ici.” Qu’elle dise bye bye si elle le veut, ce n’est nullement mon problème. « Je finis cette clope. Tu es peut être expert du coin ? Pour nous rendre loin d’ici ? » Elle pense sur le long terme ce qui ne me tient encore un peu plus le sourire sur mes lippes. Cette nuit promet bien des choses, je ne suis qu’encore un peu plus heureux d’être ici pour trouver une telle présence. Mon humble demeure se situe non loin d'ici, je questionne donc : “Tu brûles de désir pour les flots ?” Elle peut brûler de désir pour ce qu’elle veut et nulle réponse n’est nécessitée. Les réponses sont miennes, même dépourvues de tout son issue de l’inconnue. “On peut s’éclipser ?” Question rhétorique. Bien sûr qu’on le peut.

“Les bonnes choses ont débuté.” Je souris, peut être même avant que je ne prenne soin de retourner cette clope d’ailleurs, puisqu’il avait pris l’initiative de se servir de ma propre main alors qu’elle ne lui était pas destinée. Si en temps normal, j’aurai pu râler, cette fois, je n’en avais rien fait, comme si j’avais sentie qu’il n’étais pas là par hasard. J’avais passé ma soirée à être plutôt de mauvaise compagnie pour mes collègues et ils n’allaient sans doute pas comprendre pourquoi j’allais décidé à poursuivre cette soirée en une autre compagnie et que maintenant, je semblait porter un sourire que j’avais oublié jusqu’à présent. C’est-à-dire que je les avais vu toute la journée déjà et qu’en réalité, ca faisait trois fois que j’entendais Melissa parler son nouveau mec avec qui elle sortait depuis trois mois et pour qui, elle disait être presque amoureuse, qu’elle se voyait faire sa vie avec. Ça me faisait doucement sourire, puisque j’avais entendu un tout autre disque de la bouche de Loris deux jours avant… d’ailleurs, elle était revenu des toilettes et pour autant, elle n’avait pas pris la direction de la sortie pour me rejoindre. “Tu brûles de désir pour les flots ?” Pour les flots ? Il a un bateau ce bel inconnu ? Intriguant. “On peut s’éclipser ?” Je jetais un œil en sa direction de la table de mes collègues et avouait à Auden. « Avec plaisir… si tu veux tout savoir, tu me soulages d’un énorme poids. Entre Mélissa qui ne fait que parler de son Thomas, l’homme parfait en tout point… alors que Loris, le blond là, je l’ai surpris au téléphone entrain de raconter la belle nuit qu’il avait passé avec cette même Melissa. Je crois que je n’étais pas censée l’entendre, mais il a la fâcheuse manie de se tromper de porte quand il va aux toilettes, ou alors, il trouve que ça sent trop l’urine chez les hommes… j’en sais rien. Ceci dit, j’te présente Miss parfaite qui baise avec Mister Eau de parfum pour femme. » j’hausse les épaules, me demandant pourquoi ma langue se délie tant à ce moment-là, à croire que j’en avais assez d’autant d’hypocrisie. On en revient toujours au même fait : les histoires de cul.
« Je reviens ! » cette fois ci, clope terminée et écrasée, je rentrais à l’intérieur pour prévenir tout le monde que je m’en allais, ce fu assez rapide et me voilà de retour au bras de mon sauveur du soir. « Alors, c’est quoi ton idée ? »

L’entendre parler de son amie et de ses histoires d’un soir ou de plusieurs mois n’était pas dans mes plans et autant dire qu’entendre qui que ce soit parler d’amour me donne des hauts le coeur, aujourd’hui sûrement un peu plus qu’hier. Si je fais semblant de l’écouter et de m’y intéressant un tant soit peu c’est seulement parce que je ne souhaite pas la voir s’envoler de si tôt, mais si les circonstances avaient été différentes alors j’aurais sans aucun doute tracé ma route tout en lui stipulant à quel point tout ceci est d’un ennui mortel. Pourtant je sens qu’au fond, elle, elle n’a rien d’ennuyant et que la lumière au fond de ses yeux signifie bien qu’elle a de la suite dans les idées et toute une nuit à passer.

« Alors, c’est quoi ton idée ? » Mon sourire se fait plus grand encore, il se perd autour de la cigarette que je garde accrochée à mes lèvres comme une marque du passé. Elle l’a terminée bien plus vite que moi, là où je prends tout le temps du monde puisque justement on en a à revendre. “Tu sais, j’ai l’impression de t’avoir déjà vue.” Je ne lui dirai pas en quelle direction je commence déjà à marcher ni quand quel but puisque ce serait vraiment trop facile et ça gâcherait toute la surprise avec. J’ai parlé de flots, elle aura la surprise de la plage et des vagues tout comme de la lune qui s’y reflète parfaitement à cette heure du soir. Et allez pas croire que je suis romantique, ok, c’est juste parce que c’est sur le chemin jusqu’à chez moi. “Mais je dois me tromper, sinon je t’aurais déjà repéré bien avant.” Le champ lexical n’a rien de discret ni de fin, ni elle ni moi n’avons de temps à perdre ni d’apparences à garder intactes.

Je commence à marcher en direction de chez moi et de la plage avec tout en m’assurant qu’elle me suive. Je serais déçu qu’elle se dérobe maintenant alors qu’elle a l’air d’avoir un tel potentiel, d’être si différente et surtout, surtout, sans aucune prise de tête. “Tu t’enfuis souvent avec des gars au milieu de la soirée ? Ou c’est grâce à mon sourire, tout ça ?” Non, je ne lui parlerai pas de mon idée. Oui, j’ai clairement envie qu’elle gonfle un peu plus encore mon ego. Où est le mal ?

Je reviens vers lui, prête à m’accrocher à son bras mais je reste disciplinée et garde un minimum de distance. L’idée était de ne pas le faire fuir. Il me plaisait suffisamment pour ne pas avoir à gâcher la suite de cette soirée en me faisant passer pour une psychopathe. Et j’imagine que je lui plaisais suffisamment pour ne pas me griller et faire redescendre le charme de cette rencontre – qui clairement, n’avait aucun charme mais, les rencontre hors Tinder, c’était déjà mieux que rien.
“Tu sais, j’ai l’impression de t’avoir déjà vue.” C’est drôle qu’il me dise ça à son tour. C’est peut être qu’on s’était croisé, dans une autre vie. “Mais je dois me tromper, sinon je t’aurais déjà repéré bien avant.” Qu’il est charmeur et j’vais pas faire la difficile, je prends tout, absolument tout ! « Dans tes rêves les plus fous. » que je lance, comme si moi aussi, je l’avais retrouvé dans ce rêve. Amusée, je secouais la tête. « Nan, serieusement, je sais pas, après, si t’as l’habitude de trainer dans l’coin, c’est possible qu’on se soit croisé et d’où cette impression de déjà vu, autant pour toi, que pour moi. » ce serait en rien impossible. Le Canva était un lieu que je fréquentais souvent. « Mais ces derniers temps, j’passais plus de temps au DBD. » que je lance comme si c’était un incontournable et qu’il était impossible de ne pas connaitre ce bar emblématique de la ville – ou pas.
Je suis la marche, il me guide, j’connais la ville et si je sens qu’il commence à m’entrainer dans des coins obscure, je le capterai bien assez vite. J’ai juste l’impression que pour le moment, on va longer le fleuve et ca m’va comme ça. J’me demande ce qu’il va me faire voir, j’suis curieuse de savoir ce qu’il a derrière la tête et si je meurs d’envie de lui demander précisément, j’ai aussi une pars d’excitation à rester dans le flou. “Tu t’enfuis souvent avec des gars au milieu de la soirée ? Ou c’est grâce à mon sourire, tout ça ?”j’fais mine de réfléchir, je remonte à la dernière fois où ça m’est arrivé et je crois pas que ce soit si souvent. « Ca arrive, rarement en fait. J’avais besoin d’un échappatoire à cette soirée je pense… » non pas qu’il soit là comme un bouche trou, car si j’avais pas envie de le suivre, j’me serai juste eclipsée après cette clope. « Faut savoir vivre dangereusement parfois. » que je lance, consciente toute fois des risques que je pouvais prendre et à la fois, je sentais pas une once d’insécurité à ses côtés. « C'est une pratique courante, pour toi? Voler des clopes qui te sont pas destinées et kidnapper la pauvre victime? »

« Dans tes rêves les plus fous. » Puisque j’aurais pu lancer cette réplique à sa place, j’ai un sourire en coin follement amusé par la situation. C’est un peu comme être face à un miroir et autant dire que me trouver devant quelqu’un d’aussi beau et charmant que moi, c’est un véritable plaisir. Qui plus est elle a de la répartie et de la suite dans les idées, ce que je sais apprécier à sa juste valeur. “Sans aucun doute.”

Elle parle du Canvas et j’avoue ne plus écouter que d’une oreille distraite. Pourtant, chevalier galant dans l’âme, je prends tout de même le temps de lui répondre correctement. “Non pas tant que ça à vrai dire, j’ai dû te confondre avec une des égéries de parfum qu’on voit sur les spots publicitaires.” C’est un bon compliment ça, non ? Elles sont toutes très belles, donc c’est un compliment ? Elle n’a pas intérêt à prendre la mouche parce que je là je viens de donner tout mon potentiel de drague et la seule chose qui reste immuable n’est plus que mon sourire qu’on peut toujours deviner dans l’obscurité naissante de la nuit. « Mais ces derniers temps, j’passais plus de temps au DBD. » Cette fois ci pourtant, à entendre parler du Death Before Decaf, je m’étouffe avec la cigarette que je m’apprêtais à terminer. La fumée ressort de ma bouche par bouffées et je tente de garder fière allure - ce qui est désormais rendu assez difficile. “Pourquoi ? C’est un peu malfamé là bas, non ?” Non, en fait, c’est juste que le gérant est le plus sombre connard que la Terre n’ait jamais porté - juste après mon frère, par contre, qui reste encore et toujours indétrônable. Matthew fucking McGrath, voilà la raison pour laquelle je n’irai jamais au DBD.

La brune explique ne pas souvent s’enfuir de cette manière pourtant elle a l’air totalement apaisée et pas effrayée pour un sou de partir avec moi et ce même si elle ne m’a jamais rencontrée. Généralement, tout n’est pas aussi facile et j’en viens presque à me demander si elle n’est pas une sorte de Dame Blanche ou de fantôme qui veut me faire la peau, ce genre d’histoires qu’on raconte dans les camps de vacances. « C'est une pratique courante, pour toi? Voler des clopes qui te sont pas destinées et kidnapper la pauvre victime? » Entrevoyant la possibilité d’une avancée dans la discussion - ou, justement, mieux encore : l’absence totale de discussion - je m’arrête au bord du canal et relève mes yeux en sa direction. La jeune femme dont j’ignore encore totalement le nom est posté à quelques mètres devant moi, lesquels j’efface en quelques enjambées, toujours le sourire aux lèvres. La cigarette se retrouve écrasée sous le bout de ma chaussure sans que je ne lui porte pas la moindre attention, vieille relique du passé. “Pauvre victime, hm ?” Je reprends ses mots avec humour, son visage désormais près du mien. “A vrai dire je ne vole pas souvent des cigarettes mais plutôt … ça.” Ma tête en vient finalement à s’abaisser à sa hauteur et mes lèvres se posent sur les siennes, presque délicates, presque sincères.

Comparée à une égérie de parfum, j’espérais juste qu’il ne pense pas aux publicités Kenzo et à cette nana qui se trémoussait dans tous les sens et faisait des grimaces sans qu’on ne comprenne le sens de la publicité. Mais je me disais que peut être il pensait à Zendaya, bien que biens plus jeune que moi, mais la classe sur son cheval blanc, je ne sais pour quel parfum d’ailleurs. Je prends les compliments, une fois de plus, ca faisait du bien à l’égo et ces derniers temps, mon égo en avait grandement besoin. Je gardais toujours Andy dans un petit coin de ma tête et sa façon de m’aimer en me faisant comprendre que je ne lui étais pas suffisante, non merci. Là, même si cet inconnu n’était que de passage, j’ignorais tout de lui et ça me suffisait à penser qu’il n’avait d’yeux absolument que pour moi. Au moins ce soir. « Si t’as un smartphone, c’est le moment et l’endroit idéal pour tourner un spot et le proposer à une grande chaise de parfum. » avec le fleuve et Kangaroo point sur la rive en face, l’endroit était parfait. Je m’avance de quelques pas, prête à faire mon show pour qu’il n’ai que moi dans son champ de vision. Une publicité de parfum digne des plus grand, je devais me tenir fièrement et enclencher un peu plus le mode séduction. Dans mon élan, la conversation se poursuit, alors que je prends un peu d’avance, toujours dans le rôle de l’actrice. « J’crois pas que ce soit malfamé… » je relève pas plus que ça ? même si Matt aimerait pas savoir qu’on pense ça de son bar… mais là c’était pas mon soucis. Mes yeux sont rivés sur lui. Quelques pas de danse, avec grâce, je l’espère en tout cas et me voilà à nouveau juste devant lui. “Pauvre victime, hm ?” qu’il me lance alors qu’à son tour il me rejoint. Il me surplombe et en deviendrait presque impressionnant. “A vrai dire je ne vole pas souvent des cigarettes mais plutôt … ça.” et lorsqu’il dépose ses lèvres sur les miennes, tout se met en pause. C’est sans doute le clip vidéo improvisé qui lui a fait cet effet, rien d’autre.
Je me recule doucement, bien que l’envie d’y retourner était bien présente. « et t’es du genre récidivistes ? » parce qu’on dirait bien qu’il avait fait ce genre de braquage toute sa vie. « Y a un ptit gout d’clope quand même, ca gâche le plaisir. » j’hausse les épaules, fouillant dans mon sac à la recherche du paquet qui faisait du bruit quand je remuais le tout. « Tiens. » je lui lance un chewing gum à la chlorophylle, ca fera pas d’mal. Et ca m’fait rire juste d’avoir osé faire ça. « Pardon, c’est juste que faut savoir rendre les choses vraiment, vraiment très agréables. » parce que là, j’étais décidé à y retourner, j’lui laisse juste une seconde pour avaler la friandise et mes lèvres se posent à nouveau sur les siennes.

« Si t’as un smartphone, c’est le moment et l’endroit idéal pour tourner un spot et le proposer à une grande chaise de parfum. » Elle ne manque pas de confiance en elle et cela me fait rire bien plus qu’autre chose. Si j’avais eu mon appareil photo près de moi, nulle doute que j’aurais capturé l’instant et joué avec les lumières artificielles de la ville pour en ressortir des clichés inoubliables. Ses cheveux auraient été aussi brillants que le sont ses yeux, la lumière aurait joué avec les zones d’ombre créées sur son visage lorsqu’elle sourit. J’imagine déjà le cliché sans pourtant ne rien avoir pour l’immortaliser, n’en reste donc que de la frustration au coin de mon cerveau et de mon coeur avec. “Je pourrais vraiment le faire, tu sais. Le spot. Ou te prendre en photo.” Ici ou ailleurs, peu m’importe, mes idées s’adaptent à l’environnement dans lequel vous les posez. Après tout, on a un immense champs de possibilité, elle et moi.

Mes gestes se figent dans le temps alors qu’elle, justement, fait un pas en arrière en rembobine la scène. Nos lèvres ne forment plus qu’une seule et unique entité, mes yeux se relèvent donc dans les siens, de la même couleur chaleureuse. « Et t’es du genre récidivistes ? » Si son attitude semble différer de ses paroles, j’avoue pourtant me raccrocher à ce qui me semble le plus proche de ce que je désire. Ses mots ce seront, donc. Elle hausse les épaules, je souris davantage, les scènes se répètent tout en restant à jamais différentes les unes des autres. “Seul l’avenir nous le dira.” Le charmeur mystérieux, ça marche toujours. Absolument toujours, je vous le dis d’expérience. C’est bien mieux que de répondre par oui ou par non, d’ailleurs. Rester dans le flou artistique, cela me convient seulement au moment de la chasse mais au moins je sais en profiter. « Tiens. Pardon, c’est juste que faut savoir rendre les choses vraiment, vraiment très agréables. » J’attrape le chewing gum en rigolant, et je vous jure que j’avais de la répartie à ajouter à ça mais elle revient trop vite à l’attaque et moi je suis un peu trop con, un peu trop perdu dans une mer déchaînée aussi. Tout ce que j’aurais pu faire se serait résumé à plussoyer ses paroles, de toute façon : en effet, c’est vraiment très agréable. Ma main en vient en se poser sur sa hanche le plus naturellement du monde alors que finalement ce sont mes lèvres qui dévient près de son oreille. “Tu veux venir chez moi ?” Ok, ne nous mentons pas, la vraie question c’est : chez toi ou chez moi ? Et autant dire que je préfère au moins m’assurer le confort de mon propre appartement (c’est aussi bien plus pratique pour chasser les gens au petit matin). “Je suis content que t’aies fuit tes amis.”

Je crois que j’avais trop pris gout à jouer le model pour Andy. On avait fait un nombre incalculable de shoot ensemble et à chaque fois que j’retombais sur une photo, ca m’foutait l’cafard alors peut être que pour avoir un nouveau souvenir, fallait que j’tombe sous les yeux de quelqu’un d’autre, histoire de pas toujours assimilé les photos à Andy. “Je pourrais vraiment le faire, tu sais. Le spot. Ou te prendre en photo.” Il m’interroge, il m’intéresse. Est-ce qu’il était aussi photographe ? Peut-être qu’en fait, j’étais si photogénique que je les attirais tous avec leurs yeux d’artistes. J’en sais rien, ça m’fait juste rire d’imaginer ça, c’est mon égo qui est ravi pour le coup. « Où tu veux, quand tu veux. » Même si j’te connais pas, même si j’sais pas si demain on s’reverra. Pour l’instant, y a que ce soir qui compte en vrai mais si tu m’dis où, si tu m’dis quand, j’crois que ce serait juste avec plaisir.  « T'es photographe? T'as l'allule d'un artiste, tu m'as l'air un peu prétentieux comme mec... j'sais pas si ca m'plait ou pas. » j'me pince les lèvres mais en réalité, j'crois que ca m'plait bien, pour ce soir en tout cas.
Il est pas vexé que j’lui propose un chewing gum, ca s’annonce bien, j’crois que c’était un test aussi, pour calculer son niveau de susceptibilité, voir ce qu’il peut accepter et si y a pas moyen d’être franc avec quelqu’un, ça m’intéresse pas. Du coup, le voir rire à ma proposition et le voir mâcher la friandise sans broncher, ça m’plait bien. Des mecs qui viennent piquer dans mon paquet de clope comme lui, j’dis oui, j’en veux bien, pour une fois que c’est pas le gros lourdingue qui m’intéresse pas et qui se montre insistant. “Tu veux venir chez moi ?” et ca m’ferait presque frissonner comme proposition. J’m’y vois déjà, chez lui, sans avoir de temps à perdre. « j’espère que t’habite pas très loin… » parce que j’ai pas envie de traverser la ville, j’aurai pas cette patience-là. “Je suis content que t’aies fuit tes amis.” Aucun regret à mon niveau non plus, même si je me doute que j’aurai droit à l’inquisition demain dans mon bureau : c’était qui ce mec ?  j’me voyais déjà avec mon sourire triomphant. « On y va ? » j’ai la libido qui m’travaille bien, des envies que j’pourrais avoir envie d’assouvir maintenant, mais clairement, suffit d’une personne qui passe dans l’coin pour finir au commissariat et j’ai d’autres plans. J’connais ce chemin par cœur et on est pas très loin du DBD d’ailleurs, j’serai même prête à m’y arrêter pour aller squatter chez Matt qui, il me semble, est pas chez lui ce soir. Mais soit patiente Noa. Calme toi. En attendant, j’ai juste à m’arrêter tous les trois mètres pour aller rejoindre ses lèvres et faire en sorte que de son côté, la tension soit toujours au plus au point, qu’il ai pas envie d’changer d’avis.

« Où tu veux, quand tu veux. » Maintenant et ici. Ne pas perdre de temps à aller jusqu’à chez moi je souhaiterais. Pourtant, ici, interdit tout est. Ne pas rigoler la jolie brune je sais puisque, dans la nuit, de mille feux et autres nuances ses yeux alezan brillent. Sans doute bien trop envoûtées, désormais ne plus lâcher les siennes, mes pupilles n’osent. “Impatiente tu es.” Avec un simple sourire simple, d’elle je me moque. Sans discontinuer pourtant dans mon esprit pourtant ses mots résonnent. A intervalles réguliers, nos lèvres se retrouvent. Obéir je ne fais que. « T'es photographe? T'as l'allure d'un artiste, tu m'as l'air un peu prétentieux comme mec... j'sais pas si ca m'plait ou pas. » Ô que prétentieux je suis. Ô qu’artiste aussi bien sûr je suis. Du troisième oeil, pourvu serait-elle ? Par milliers les questions dans mon esprit fusent. Plus d’intérêt encore à son encontre naît.

“Photographe bien sûr que je suis.”
“Artiste aussi je suis.”
“Peintre.”
“Dessinateur.”
“Tatoueur.”
"Dieu vivant."

Infinie la liste est. Grâce je lui en fais. Quoi qu’il en soit, indéniables mes talents et ma renommée restent. A vrai dire … la prétention de même il en est. Après tout, aucune raison de me cacher je n’ai. Par tous les pores de ma peau mon talent se voit. « J’espère que t’habites pas très loin… » “A quelques rues à peine je réside. Pas de soucis tu ne dois te faire.” Pressée la jeune femme est. « On y va ? » “A t’attendre mon temps je passe !” Faussement outré et exaspéré, je rigole. Belle la nuit est. Encore plus la brune est. Plus qu’heureux ce soir je suis. Vers la plage, ensemble nos pas s’activent. “Ton nom je ne connais pas.” Intrigué je suis et je reste. Dans mon esprit les idées fusent, s’accumulent. Elizabeth ? Trop cliché pour elle ce serait. Eliza, mieux lui conviendrait. Un diminutif, porter je l’imagine. D’une attitude rebelle ses pupilles brillent. Méfier sûrement je me dois, imprévisible elle reste. L’attirance pour elle le dessus pourtant garde. “De toi parle moi. Quel travail tu fais ?” Tout d’une artiste semble avoir elle a. Sauf l’ambition. Dommage. Rêver de grandeurs sans aucun doute elle pourrait. A ses côtés, l’élever je pourrais. Je voudrais. Contre ses hanches mes mains se reposent alors que interminable semble être le chemin. Oublié le reste du monde en est. Désormais, plus qu’elle n’existe.

Pire qu’impatiente, je suis. Parce que dans ses bras, être je veux. Ce qu’il se passera ensuite, je l’ignore. Mais l’avant-gout offert, imprudente, me rendait. Photographe il était, artiste, aussi il était, Peintre également, dessinateur, tatoueur, Dieu vivant oui… Prétentieux, je disais ? Raison, il me semblait, j’avais. Mais, précisément à ce moment, rien ne me déplaisait tant. « Juste, donc, je visais… » la tête secouée, le chemin, je reprenais.
“A quelques rues à peine je réside. Pas de soucis tu ne dois te faire.” Si proche, nous étions. Plus rapidement, nous arriverons. Impatiente, toujours, je me montrai. “A t’attendre mon temps je passe !” Aussi préssé, était-il ? Ensemble avancer, il fallait. “Ton nom je ne connais pas.” Quelle importance, cela avait ? Pourquoi toujours des détails s’encombrer ? L’inconnu, excitant, être semblait… « Demain, si nécessaire, tu sauras… » après tout, pourquoi lui une telle indication lui confier ? Quel projet, pour demain, avait-il ? Quel projet pour la nuit, il me réservait ? Si c’est pour, d’un œil vif, s’en aller, le surprendre. “De toi parle moi. Quel travail tu fais ?” un tour sur moi-même pour danser. Un tour sur moi-même pour le regarder. « A la vie je veille, à la mort je surveille… » mes bras tomber je laisse. « Directrice d’un association. D’une main de fer, je dirige. » Ou pas. Nouvellement dans la place arrivée, mes fonctions tout juste dessinée. L’image que je renvoi, lui souhaitant donner.
Le quartier arrivant, par cœur, je connais. A deux pas, y travaille mon ami Matt. « Un verre, un détour, tu m’accorderai ? » un remontant avant de poursuivre nous pourrions prendre. « Un ami, avec plaisir, nous offrirait. » vers le bar, doucement je me dirigeai. « Le bar malfamé, que tu connais. » un air provocateur je lui lançais. « Mon meilleur ami, sa tournée paiera. » Même si Matt, en vacances s’en est allé.