| only fools fall (ella&grace) |
| | (#)Mer 5 Aoû 2020 - 17:23 | |
| L’ambiance est devenue lourde et pleine de non-dits. Les minutes sont interminables et ressemblent de plus en plus à ce qu’elle s’imagine être une rupture. Il y a dans l’air une tension insoutenable et les visages devenus graves, et Ella souhaite plus que tout au monde revenir quelques minutes en arrière et retrouver cette légèreté. Malgré son considérable aplomb, elle n’a pas osé ou réussi encore à formuler ce que Grace attend probablement d’elle. Elle se tait, et l’écoute s’expliquer, les yeux fixés sur l’extérieur. « Il y a personne d’autre… » Elle ne sait pas si Grace a entendu mais ça lui importe peu. Ce que ça veut vraiment dire c’est : je ne veux personne d’autre. Ella mesure pour la première fois combien Grace a dû mal endurer ses précédentes relations. Et elle la représente, avec d’autres. C’est peut-être à cause de leur conversation, mais elle s’imagine qu’elle n’aurait pas été dans cette situation si elle avait refusé de laisser entrer Grace, ou si elle était sortie quelques minutes avant. Et elle aime encore mieux avoir à affronter ses parents en chair et en os que de supporter ces scènes qui prennent vie dans sa tête, et qui lui donne une sensation étrangement désagréable et qui ressemble trop à de la jalousie. Elle se demande pourquoi ça lui fait mal, et à quel moment elle a arrêté d’être forte.
Ella réalise aussi, dans un recoin très éloigné de son esprit, qu’elles ont déferlé bien au-delà d'un flirt inoffensif et se sont aveuglément ruées sur un territoire dangereux et inexploré. Ella n’essaie pas de se persuader du contraire, car elle sait qu'elle l’effleurait à chaque fois que sa main pouvait entrer en contact avec elle, et elle a remarqué qu’elle devait y prendre goût car ces occasions se multipliaient. Ou peut-être que cette chose entre elles, n’a jamais été inoffensive. Pas depuis la première fois qu’elles se sont vues. Pas non plus au premier baiser, ni ceux qui devaient suivre. Peut-être que ça a toujours été cette chose un peu compliquée, et qu’Ella ne s’est pas rendue compte dans quoi elle se laissait embarquer. Elle ne se retourne que lorsqu’elle l’entend s’alarmer pour les pâtes, Ella n’est pas certaine qu’elle aurait fait attention à ce détail. Elle suit Grace du regard. Elle est toujours debout face à la fenêtre, la tête par-dessus son épaule, le visage bouleversé, campée sur ses deux jambes et les bras croisés, les yeux fixés sur la brune, analysant ses moindres gestes, chacune de ses micro-expressions, comme essayant de pénétrer au plus profond de son âme, et sans trop savoir pourquoi ni comment, ni à quel moment c’est arrivé, elle se remet à sourire. Elle se débat de manière si adorable avec leur repas qu’Ella est saisie par un désir soudain et foudroyant de l’embrasser.
Elle la rejoint en se rapprochant derrière elle, et elle ne sait pas qu’elle va la toucher avant même qu’elle ne le fasse : Ella pose une main sur sa hanche, pour la énième fois aujourd'hui, et lui embrasse l’épaule. Un baiser timide, accompagné d’un : « Pour ta gouverne, j’aime exclusivement les filles. J’aime aussi exclusivement ce qu’on est, et je pense exclusivement et constamment à toi... » Elle sait qu’il est temps pour elle de se reculer, lui laisser un peu d’espace, mais elle ne bouge pas. Elle voudrait juste rapprocher son visage du sien. Elle s’attend à une réaction, à une protestation face à ses nouvelles avances, alors elle recule jusqu’au frigidaire, contre lequel elle s'adosse. Elle prend une profonde inspiration et retrouve une expression plus douce. « C’est ce que tu veux ? Qu’on essaie ? » Puis, elle pince ses lèvres pour masquer sa propre incertitude et son anticipation face à la plaisanterie qu'elle énonce principalement pour détendre l'atmosphère : « Tu réalises que ça veut dire que je vais devoir poster une photo de nous sur Instagram. »
@Grace Coughlin |
| | | | (#)Mer 5 Aoû 2020 - 18:19 | |
| Elle a les lèvres encore brûlantes de ses déclarations trop longues, trop honnêtes, sûrement trop sincères et il est pour elle hors de question de jeter un oeil derrière elle pour jauger la réaction d’Ella – c’est beaucoup trop risqué et si elle peut se noyer dans son plat de mac n cheese en préparation plutôt que de se rendre compte de ce qui est en train de se dérouler, honnêtement, c’est pour le mieux. S'ouvrir à ce point et avec un tel sérieux lui a toujours été incroyablement difficile, se montrer vulnérable ainsi est encore plus délicat. Pourtant, elle ne sent pas la peur l'étreindre complètement, du moins pas encore ; l'appréhension mêlée à un soulagement confus dominent largement le panel, loin devant la peur-panique de l’engagement qu’elle s’attendait presque à ressentir. Peut-être est-ce parce que la longévité de leur amitié (ou quoi que ce soit qu’elles partagent, honnêtement, un label semble plus hypocrite qu’utile à ce stade) justifie d’une plus grande confiance, mais elle se sent moins mise à nue, moins facilement atteignable qu’elle ne l’aurait escompté. Elle se demande si c’est parce que c’est censé être naturel, si au fond, elle ne s’attendait pas bêtement à cette chute-là et qu’elles avaient méticuleusement fermé les yeux en attendant qu’elle vienne toute seule. Parce qu'elle était loin d'imaginer tout ça, à l'époque, quand elles ont conclu d'un commun accord que ce qui s'était passé entre elles relevait purement de la découverte et du sexe et qu'il n'en serait jamais autrement. Les fois qui ont suivi ne les ont pour autant pas détrompées, ni excédé leurs espoirs faibles par nature – Grace ignore quand exactement les choses ont changé, quand son coeur a commencé à devenir lourd à chaque refus pour s’alléger immédiatement à toute retrouvaille. Impossible de le retracer, de placer un point à un moment précis ; elle sait seulement qu’à un moment, leur proximité a cessé de suffir. Le silence que lui oppose Ella ne l’aide pas à remettre les choses en perspective, ceci étant, alors elle se replonge en silence dans son plat de mac n cheese, incapable d’en dire plus.
Elle entend à peine la silhouette se glisser en silence derrière elle et étreindre sa taille, pas plus qu’elle ne sait comment interpréter le baiser sur son épaule. Un instant, il lui semble extrêmement possible, voire même incontournable que ce soit la manière qu’Ella choisit de la rejeter tout en douceur, parce qu’elle en a trop dit, parce qu’elle s’est projetée dans quelque chose que la plus jeune n’imagine pas à ce stade de sa vie et après tout, quelle légitimité a-t-elle de débarquer dans son appart avec ses gros sabots, ses yeux injectés de sang et de lui dire, une demi-heure après avoir dévalisé son frigo, qu’elle a envie de tenter quelque chose de plus sérieux avec elle ? Aucune. C’est une vaste blague et Ella va lui rire au nez. « Pour ta gouverne, j’aime exclusivement les filles. J’aime aussi exclusivement ce qu’on est, et je pense exclusivement et constamment à toi... » Les mots sont durs à interpréter dans sa conscience floue mais ce qu’elle en ressort, c’est que ça ne ressemble pas à un désolée, mais c’est complètement imprudent, et je sais même pas à quoi tu pensais pour suggérer ça, et quoi que ça puisse signifier, ça lui va. Ce qui lui va moins, c’est l’éloignement que prend derechef la jeune femme, lui tirant presque un gémissement de déception. « C’est ce que tu veux ? Qu’on essaie ? » Elle n’a pas le temps de répondre qu’Ella enchaîne, et le sourire qu’elle détecte enfin sur ses traits quand elle fait volte-face est le seul élément qui contribue à la rassurer. “Si tôt ?” Elle fronce les sourcils. Entre son apparition dans une émission télé diffusée à la fin de l’année et cette nouvelle-là, elle n’a aucune envie de jouer les starlettes. L’estropiée qui mange des mygales dans le désert et qui côtoie Ella Matthews, c’est une étiquette lourde à assumer. “Je réalise surtout que ça veut dire qu’on va pouvoir se voir ailleurs que chez toi ou chez moi sans que tu risques une syncope.” Demi-sourire alors qu’elle retourne à son plat, trop concentrée sur la perspective de le rater. “Ca, c’est réservé à tes parents”, indique-t-elle, pince-sans-rire. La perspective que la nouvelle remonte rapidement ne lui est d’ailleurs pas étrangère. Elle glisse le plat dans le four, et les questions continuent de tourner sans qu’elle n’y trouve aucune réponse évidente. Quand la photographe fait enfin volte-face, c’est pour scruter le visage d’Ella, y lire son expression. Repenser à ses mots : je pense exclusivement et constamment à toi.
“Et oui, c'est ce que je veux.” Elle le dit avec plus d'assurance, maintenant. “Est-ce que...tu veux ça depuis longtemps ?” poursuit-elle pourtant, curieuse. Est-ce que c’était même conscient ou est-ce qu’elles avaient toutes les deux avancé à tâtons jusqu’à ce que ça leur tombe dessus ? “Et comment… Enfin, comment ça se passe ? Je veux dire, t’as des règles, des contrats…? On peut se voir qu’une fois par mois et uniquement à plus de deux mètres de distance ? T’as le droit d’en parler ? J’aurai un garde du corps ? J’ai le droit de mentionner ton nom à personne ?” Le sourire narquois qui a commencé à se former sur ses lèvres disparaît tout aussi rapidement que les questions s’achèvent et se voit remplacé par un air un peu plus penaud. Parce que si c’est le cas, c’est trop tard. Elle a déjà été mentionnée, même plus d’une fois.
@Ella Matthews |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 4:41 | |
| Ella rit clairement cette fois, jète un coup d’oeil à la porte, puis au canapé, retrace leur parcours, et reprend un peu son sérieux en regardant Grace dans les yeux. Elle espère qu'elle ne peut pas trop voir l'espoir briller en eux. Elle la regarde sans ciller. Le temps canalise son souffle en équilibre tandis qu’elle baisse un peu sa garde. « On va pouvoir aller ensemble en périphérie, tu dois être contente. » Elle pense à ses parents, et à la tâche immense qui lui semble être léguée. Qu’elle est déjà fatiguée, fatiguée de la mener à bien. Qu’elle n’est pas sûr de se montrer à la hauteur encore longtemps, et que si elle doit perdre tout ses proches, alors soit. Elle est rassurée lorsqu’elle voit Grace se retourner complètement vers elle, pose une question très légitime. Quand exactement est-ce que tout a changé ? Quand est-ce que le simple fait de l'effleurer s‘est chargé d’une dimension autre que la simple luxure. Elle posait des baisers un peu partout sur son visage et l’attirait à elle, et un jour elle a dû commencer à se demander ce qu’elle ressentait pour elle. Ses réactions, si intenses, au moindre désaccord, ou au moindre toucher sont la première chose à lui sembler étrange, et rétrospectivement, elle aurait pu rassembler le puzzle déjà à l’époque. « Je sais pas trop. Sans doute que même en te repoussant quand on s’est rencontrées j’en avais envie. Mais c’est facile de se persuader du contraire. » Elle s’arrête net et presse ses deux lèvres l’une contre l’autre comme pour s’empêcher d’en dire davantage. Non, elle n’est pas de certaine de quand ça s’est produit, ou quand ça a commencé. Tout ce qu’elle sait c’est que son irruption dans sa vie a chamboulé jusqu’à l’idée qu’elle se faisait d’elle même, qu’elle est en train de ressentir quelque chose de fort, et qu’elle espère que Grace le ressent aussi.
Elle se retient de sourire lorsque Grace retrouve son aplomb et entame sa logorrhée hors norme. Ella, elle, secoue le visage, amusée : « Pour l’instant je sais même pas si j’ai encore un travail. Mais j’imagine que sortir avec une photographe ça a ses avantages. D’ailleurs qu’on se le dise c’est pour ça que je te veux. Ça et ton irrésistible talent en cuisine. » Elle désigne calmement le four du menton. Grace n’est sans doute pas complètement sérieuse avec ses questions mais Ella lui énumère quand même ce qu’elle imaginera être un accord tacite entre elles : « On peut se voir tous les jours, de préférence à faible distance. » Et comme pour illustrer ses propos, elle se détache du frigidaire et se rapproche d'elle. Sans doute qu’à cet instant elle devrait arrêter de se rapprocher et se concentrer sur ce que Grace attend d’elle, pas sur sa main qui s’abaisse et qu’elle porte précautionneusement vers elle, croisant ses doigts avec l’ourlet de son pantalon, avec une brève friction de ses phalanges contre sa peau. Pourtant, elle continue son récit sans lui accorder le moindre regard. « Pas de garde du corps, sauf si tu décides de repartir sans me donner de nouvelles. » Elle se veut intimidante cette fois, mais manque vraisemblablement son coup alors qu’elle s’autorise à penser à autre chose, des choses qu’elle ferait sans doute mieux de chasser de son esprit, et qu’elle replace une mèche des cheveux de Grace derrière son oreille. Elle souffle, stupéfaite : « T’es tellement belle… » Elle se trouve ridicule, mais elle se souvient avoir pensé plusieurs fois que si Grace n’était pas à proprement parler parfaite, en certaines occasions elle devait être époustouflante. Son parfum parvient jusqu’à Ella, l’affaiblit quelques secondes avant de renforcer sa posture. Elle hausse machinalement les épaules et glisse sa main sur la joue de Grace, puis sur ses clavicules alors qu’elle continue de réciter ce qu’elles pourront et ne pourront pas faire. « Tu peux en parler, aussi. Mais pas d’affiliation avec les Trumps ou des marques douteuses, pas de photos compromettantes non plus... » Et c’est une sensation étrange, alors, Ella continue de descendre sa main et elle frissonne alors qu’elle rejoint l’autre jusqu’à son ventre. Elle approche son visage jusqu’à frôler du bout de son nez la mâchoire de Grace. Elle voudrait lui saisir la nuque désormais, pour un baiser passionné qui devrait la laisser hors de souffle. Puis elle s’arrête de marmonner un instant avant de se rétracter et se redresser complètement. « Ah et, Grace ? Pas de sex tape. » Ella plonge alors son regard dans les yeux de Grace et elle remarque que son expression a changé, alors elle se fige. « Quoi, qu’est-ce que t’as fait ? » Elle sent à l’odeur que le mac & cheese est prêt, alors elle interrompt tout. Il ne manquerait plus que le four prenne feu, après tant d’efforts pour mener ce plat à bien. Ella ne se détache pourtant pas de Grace, elle regarde simplement le four d’un air sévère. « Il vaudrait mieux qu’on vérifie que ça crame pas... »
@Grace Coughlin
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| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 8:55 | |
| Elles en sont là, bizarrement, à parler des règles plus ou moins explicites d'une relation qui semblait tout, sauf évidente il y a encore une heure et tout a l'air de s'emboîter parfaitement en étant paradoxalement entièrement sorti de l'ordre des choses. Grace se demande si elles sont en train de faire une énorme connerie, si d'ici une semaine, elles se rendront compte que ce qui les unit est purement sexuel, une alchimie physique mâtinée d'un besoin latent d'affection et d'attention qu'elles ont mépris pour quelque chose de plus profond et complexe. Cette simple idée, il y a encore deux mois, l'aurait faite fuir, après avoir sorti ses doutes à voix haute ou non. Aujourd'hui, elle accepte de ne pas avoir les réponses et que le temps se chargera de les lui fournir – se préserver n’a toujours été qu'une énorme perte de temps, et elle a suffisamment confiance en Ella pour croire qu'elles ne se déchireront pas à la moindre incartade ou incertitude. « Pour l’instant je sais même pas si j’ai encore un travail. Mais j’imagine que sortir avec une photographe ça a ses avantages. D’ailleurs qu’on se le dise c’est pour ça que je te veux. Ça et ton irrésistible talent en cuisine. » Pour l'instant, le sujet est assez léger pour que chacune y trouve son compte et Grace, elle, cache un sourire. Son fameux talent en cuisine, le seul, l'unique et, pour être honnête, une de ses seules qualités. “Je m'en doutais”, répond-elle sur le ton de la confidence, hochant la tête.
Ella poursuit, son regard s’est éclairé de cet éclat si particulier et si rare qu'elle aime tant lui voir et Grace sourit, légèrement, sans s'en rendre compte. Ses sourcils se haussent légèrement, comme à chaque fois qu'elle s'enthousiasme et sa voix a retrouvé de son animation, et Grace n'aime jamais autant la voir que quand elle est comme ça, quand elle retrouve ses airs de gamine malgré le fait qu'elle fasse une tête de plus qu'elle, quand elle baisse ses gardes et qu'elle s’autorise à montrer ce qu'elle ressent vraiment. C’est rare, pour une personne qui lui a toujours renvoyé cette impression d’hermétisme difficile à dépasser, et quand c’est Grace qui arrive à lui tirer un sourire timide, un rire franc ou un pétillement au coin de l'oeil, elle se sent la plus privilégiée possible. Ella se rapproche, glisse un doigt dans une bretelle de son pantalon et frôle sa peau dans un geste tout sauf accidentel. Tous les jours. Grace ignore si c’est possible ou même souhaitable, mais elle s'autorise à se sentir rassurée. Elle a envie de dire que ce serait extrêmement facile de simplement passer les trois premières semaines (au moins) de leur relation dans un lit, mais elle n’a pas envie qu'elles se cantonnent à ce qu'elles étaient déjà. “Tu as peur que je m'enfuie ?” rétorque la photographe à la question du garde du corps. Elle est à peine déçue de ne pas bénéficier d'une garde rapprochée, mais c'était peut-être un peu trop demandé.
« T’es tellement belle… »
C’est la prochaine phrase qui sort et c’est tout sauf une directive de relation mais Grace s'en contente, réprime un sourire trop timide pour quelqu'un qui est d'habitude si audacieuse. “Tu remarques seulement maintenant ?” qu’elle plaisante, mais elle est tout sauf assurée dans sa posture. Ses mains, auparavant posées derrière elle, sur le comptoir, se referment autour de la taille d’Ella. Elle n’a pas envie de l'embrasser tout de suite, préfère la faire languir un peu. Peu de chances que la jeune femme remarque, de toute façon, toute absorbée qu'elle est par sa litanie sur les fréquentations du président des États-Unis. Grace affiche une moue déçue, secoue un poing comme pour afficher davantage sa tristesse. « Ah et, Grace ? Pas de sex tape. » Sa première réaction est l'amusement qu’Ella ait directement pensé à ça, mais d'un autre côté, sa brève incursion d'il y a quelques mois dans la photographie érotique n'était pas anodine non plus. “Bon. Aucune liberté, finalement.” Elle bougonne et veut cacher son air amusé, mais ce qui la gêne le plus, c’est sa volubilité envers Jordan vis-à-vis de cette relation bordélique qu'elle avait déjà mentionnée il y a longtemps de ça. Un livre ouvert pour son ami le plus proche, elle ne pensait pas un jour se retrouver dans une position où ça aurait de l'importance. Son expression faciale la trahit avant que ses mots ne la devancent et elle lit une inquiétude diffuse dans les yeux de la jeune femme face à elle – ses mains relâchent spontanément sa taille, suivent le regard de la jeune femme puis elle s’en va d'un pas pressé vers le four. “Bien sûr que ça crame pas. Tu me prends pour qu–” Pour quelqu'un qui ne sait pas faire le plat le plus facile du monde, et elle n'aurait pas tort : le haut du plat est recouvert d'une fine couche brune et l'odeur commence déjà à prévenir que le plat est nécessairement raté. “Dis rien”, recommande-t-elle d'un ton ferme. Mieux vaut faire comme si de rien n'était. De toute façon, comptaient-elles vraiment manger à à peine 16h ? N'était-ce pas une distraction de plus pour ne pas se faire virer ?
“J’ai parlé de toi à quelqu'un”, mentionne-t-elle finalement, peu sûre de là où elle met les pieds. “Il est assez fan de toi, je crois. Mais c’est quelqu'un de bien.” Qu’elle connaît suffisamment pour avoir pleine confiance en lui, surtout. “C’est un ami proche”, qu'elle se sent obligée de préciser, parce qu'elle ne veut pas qu’Ella pense qu'elle a parlé à n'importe qui de leur coucherie. Jordan, en revanche, lui, ne loupe aucun détail.
@Ella Matthews |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 10:42 | |
| Elle hausse les épaules. Grace n’est décidément pas la seule à craindre de s’ouvrir à quelqu’un, et Ella ne peut s’empêcher de sourire bêtement et se mordre la lèvre pour estomper et masquer ses doutes. Elle prend une profonde inspiration avant de retourner son visage vers elle puis revêtir son masque impassible. Elle essaie de choisir ses mots méticuleusement, sauf il n’y a pas plusieurs façons de le lui en faire part. Si elle a peur qu'elle finisse par s'enfuir ? « Franchement ? Un peu. » Peut-être plus que ce qu’elle n’admettra jamais, mais pour l'heure, elle décide de lui donner tout ce qu'elle a. A chaque fois qu’elle se détache d’elle, Ella affiche ce sourire satisfait, et paisible, qui la fait se questionner sur sa véritable conception de leurs actions. Elle ne s’arrête jamais d’être fascinée par la capacité qu’a Grace de lui donner envie de la regarder avec intensité et convoitise et plusieurs autres choses à la fois. Sans la moindre hésitation de sa part, elle se penche pour l’embrasser, geste maladroit qu’elle termine sur la mâchoire de Grace lorsque celle-ci se précipite vers le four. Et elle ne dit rien. Elle pense mener la danse, Ella, mais à sa plus grande surprise c’est Grace qui a un contrôle total sur elle, et elle le lui pardonne difficilement. Elle passe alors une main dans ses cheveux et soupire, puis part retrouver sa bière abandonnée sur le bar.
D’accord. OK. Un fan. Un ami même. C’est pas la fin du monde. Si ? Elle hausse un sourcil. « Oh ? Et qu’est-ce que tu lui as dit ? » Pour elle, et depuis aujourd'hui, il ne sera bientôt plus question de continuer à jouer les amantes de placard de toute façon. Néanmoins, Ella est un peu contrariée par son amante, et elle le cache difficilement. Parce que malgré l’accord tacite entre elles pour ne montrer de signe affectueux devant qui que ce soit, pas même l’une avec l’autre, d’une manière qui lui est inconnue, Grace semble avoir décidé pour elles, et Ella se demande à quel moment elle est devenue quelqu’un dont Grace voulait parler. Mais surtout, elle se demande comment elle peut se permettre un tel luxe alors que son monde à elle est plongé dans un désordre sans précédent. Les baisers, les caresses, qui remettaient en question les principes auxquels elles s’étaient attachées, si Ella avait su, elle aussi aurait pu en parler, et peut-être à ce jour mieux accepter cette situation qui est la sienne.
Avec le temps et proportionnellement à son absence des réseaux sociaux, des medias, les choses finiront forcément par se calmer : les commentaires indiscrets, les messages directs et les lettres deviendront de plus en plus rares, les affrontements la concernant commenceront à disparaître, et Ella n’aura plus à passer des heures, souvent avant de se relever de son lit, à scruter le plafond, hallucinant face aux proportions qu'ont prises ces révélations. Ça ne semble jamais devenir plus facile à supporter, peu importe du nombre de fois qu’elle le souhaite. Alors tout ce qu’Ella peut faire est attendre, et attendre. Son enfance, par la même occasion, prend également un sens inédit, des questions qui restaient sans réponse se retrouvent translucides. Tout est clair : ses parents savaient que sa dure éducation allait lui servir pour dresser des murs autour de son coeur. Après une vie entière passée à exiger d’elle le meilleur, elle se demande si ses parents ne lui ont pas finalement offerts sa survie.
Un peu agacée par la sensation que Grace ne lui dit pas tout - qu’elle terre autre chose au plus profond d’elle - dont elle n’arrive pas à se débarrasser, elle fronce les sourcils, essayant simultanément de capter son regard de loin. Peut-être Grace réalise-t-elle qu’elle est plus à l’aise à jouer avec elle que de s’essayer à un semblant de relation romantique, alors la voilà qui se lance : « T’es sûre que ça va ? Il y a quelque chose d’autre dont tu voudrais qu’on parle ? » Les sourcils froncés d’Ella se sont soudain transformés, l’air tour à tour taquin, amusé et sérieux est devenu triste et c’est d’autant plus difficile de la regarder quand elle se tient immobile. Elle a l’impression que toute la lumière est d’un seul coup aspirée hors d’elle-même. Soucieuse de retrouver l'atmosphère de leurs débuts, elle poursuit, mais trouve son intonation plus amer que ce qu’elle veut laisser paraître : « Tu veux autre chose à boire ? »
@Grace Coughlin |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 12:37 | |
| L'atmosphère vire d'un coup à quelque chose d'un ton plus sombre et sérieux et Grace se demande à quel moment elle aurait dû se taire. Elle pince ses lèvres entre elles à la prochaine question d’Ella, percutant à son ton tendu, inquiet, clairement plus hostile que précédemment. “Je lui ai dit qu'on couchait ensemble”, répond-elle, et c’est vrai. Du moins presque : “Et que c'était parfois confus. En tout cas pour moi.” Elle avance prudemment, avec des mots qu'elle ignore un peu comment jauger. Qu'est-ce qui sera bien pris ? Elle repasse dans sa tête la situation. Elle n’a pas explicité ses doutes face à Jordan – il a décelé tout seul, comme un grand, son comportement changeant, son attache d'un coup plus grande à celle dont elle lui avait parlé comme un simple plan cul. “Pour ma défense, je pensais pas que ça évoluerait un jour.” C’est trop embarrassant d’admettre qu'il l'avait maintes fois taquinée, que ce soit sur un sourire pour un SMS, une annulation de plans pour voir Ella, ou n'importe quel autre détail qu'elle avait bêtement jugé infime, et qu'il avait connecté les éléments avant qu'elle-même ne le fasse. Ça en révélerait trop sur elle, sur ses doutes, sur un faible pour elle qui avait duré bien trop longtemps avant qu'elle n'ouvre les yeux. Elle est sincère, cependant, elle n'aurait jamais pensé que les choses changent à ce point entre elles et dévient d'un simple plan cul régulier : dès lors, en parler à Jordan n'était que d'une importance mineure et d'un risque moindre encore.
Elle sort le plat de macaroni du four, enroulant ses mains dans des torchons et elle contemple la couche de grillé avec le nez froncé. “Ça sera bon quand même, promis”, plaide-t-elle, et ça ne pourrait pas être pire comme plat pour ce qui ressemble à s'y méprendre à un premier rencard raté, mais elle espère encore pouvoir tout rattraper. « T’es sûre que ça va ? Il y a quelque chose d’autre dont tu voudrais qu’on parle ? » Le ton d’Ella, en revanche, est indubitablement moins enthousiaste, et un coup d'œil par dessus son épaule suffit à lui confirmer qu’elle se retranche dans ses habitudes de dureté préventive. Elle se referme face à elle, comme elle le faisait lorsqu'elle se montrait un peu trop sensible à ses mots, un peu trop affectueuse face à elle. Et comme toujours, Grace est incapable de redresser la barre. Les mots lui manquent, alors comme un rituel écrit, elle privilégie les actions ; se rapproche à nouveau d’Ella et passe ses bras autour de son cou, dépose délicatement ses lèvres sur les siennes. “Je me retiens de te sauter dessus à chaque fois que je te regarde, si c’est ça dont tu parles.” Elle n’a jamais eu à réfléchir outre mesure à son comportement face à Ella, s’est toujours détachée si elle devait la sentir blessée, même si c'était illégitime, s'éloignant pour éviter les confrontations. Aujourd'hui cela doit changer, et elle ignore par quel bout le prendre. “Sinon, non, il n'y a rien d'autre dont je voudrais qu'on parle.” Ses yeux sont toujours plongés dans les siens et elle réduit la distance pour poser son front sur le sien, se hissant sur la pointe des pieds, ce confort presque anodin lui manquant déjà. “Toi par contre…” renchérit-elle, et ses sourcils se haussent. Ça ne l’étonnerait même pas qu’Ella retourne sa peur sur elle pour ne pas avoir à la traiter seule. Et elle comprend : “De quoi tu t'inquiètes, Els ?” Elle se promet d'être patiente parce que Dieu sait que tout le monde a du l'être avec elle. Et aujourd'hui, d'elles deux, c'est elle qui est plus à l'aise avec elle-même, plus expérimentée. Et si ça ne veut concrètement rien dire dans sa situation de déçue des relations, elle prend quand même cette charge pour elle. “T’as du vin ? J’ai envie qu'on se fasse plaisir aujourd'hui.” Et qu'importe si son cerveau finit en guimauve après deux verres. Qu'importe tout le reste puisqu'elles sont ensemble et qu'elles ont promis d'essayer de le rester.
@Ella Matthews |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 14:28 | |
| Ella se demande si Grace comprend que même disproportionnées, ses craintes restent fondées. Que dans un monde où les informations sont divulguées sans retenue aucune, elles se devaient de prendre leurs précautions. Mais la situation étant ce qu’elle est, sa vie privée désormais sur le tapis, en vue de tous, au coeur de l’opinion publique, elle n’a plus de raison d’en vouloir à Grace. Alors tout à coup, Ella se sent ridicule. Elle se sent ridicule mais elle s’oublie vite. Elle oublie en cet instant le monde aux alentours, et la journée qui se terminerait presque - elle n'a aucune idée de l'heure qu'il est. Elle oublie sa course effrénée pour se préserver. Elle oublie qu’elle était prête à condamner Grace quelques secondes plus tôt, parce que Grace se rapproche d’elle et qu’elle est rassurée par ses paroles, même si elle aurait souhaité qu’elle n’ait pas à se justifier, de nouveau. Elle reste à l’observer et à l’écouter en silence, et elle sourit malgré elle, trop brièvement, avant de retrouver un expression neutre, bien qu’elle ne puisse traduire ses sentiments profonds sur ce qui se dessine sur son visage. « Grace… » C’est tout ce qu’elle parvient à dire, juste avant que celle-ci ne pivote vers elle et ne l’enveloppe de ses bras, la connaissant assez pour ne pas se replier face à son expression stoïque.
Ce n’est pas exactement ce qu’elle avait envisagé mais pour l’instant, elle la laisse agir comme elle le fait tout le temps, parce que ses lèvres sur les siennes lui conviennent. Cette fois elle ne la laisserait pas s'enfuir. Elle ne permettrait pas à cet air froid toujours peint sur son propre visage de prendre l'ascendant. Elle tairait également les questions qui la démangent le plus et qui concernent toutes Grace. Son visage retrouve un sourire en coin. Elle préfère nettement flirter, jouer, se prouver qu’elle peut la rendre folle de désir, et s’amuser de son insatisfaction, car quand Ella est dans un état similaire, Grace sait toujours comment s’y prendre pour l'entraîner dans un état proche de la supplication. « Personne t’en empêche… » Quant à ce qui l’inquiète, elle pourrait faire l’étalage de tous ses sentiments, tant pis si elle paraît ridicule, tant pis si c’est confus et maladroit, tant pis pour tout le reste, mais au dernier moment elle décide de renoncer à poursuivre cette discussion. Alors elle secoue le visage comme pour signifier : rien ou laisse tomber, puis rapproche Grace d’elle en l’attrapant par les côtes, bientôt rattrapée par des questions élémentaires : « Rouge ? Blanc ? Rosé ? Tu sais quoi ? Je vais ouvrir les trois. D’ailleurs je crois même que j’ai une bouteille de champagne quelque part. T’aimes le champagne ? Si non, il va falloir que tu t’y mettes si tu comptes m’accompagner aux soirées. » Elle s’écarte de Grace soudainement, et, le visage enchanté, elle se remet à vivre comme elle le faisait avant, avec plus de légèreté, sans réellement faire attention à la signification de ce qu'elle vient de dire, elle traverse la pièce, inspecte l’intérieur du frigidaire et débouche la bouteille de champagne à la hâte. Ce qui devait arriver arriva.
Ella soupire profondément en ressentant le froid de ses vêtements trempés, intensément. Il lui semble ressentir tout plus intensément, comme si le fait de se savoir plus proche de Grace l’avait engloutie et avait aussi intensifié ses sens. Elle reste quelques secondes immobile, dégoulinante de champagne, son attention portée sur la bouteille de laquelle les bulles continuent de s’échapper alors qu’elle est en train de retirer ses vêtements mouillés, laissant tomber sa veste et son haut en tas sur le sol de la cuisine. Puisqu’elles vont passer la soirée dans cet appartement, qu’elle est loin l’idée d’aller se perdre dans une manifestation qui est probablement déjà terminée, elle se dirige vers sa penderie au fond de la pièce pour y trouver quelque chose de plus confortable. Elle inspecte longuement ses options, inspire lentement, concentrée. Ella retire méticuleusement son pantalon qu’elle jette du pied. Son regard se perd et un moment de flottement survient où Ella oublie ce qu’elle était en train de faire. Son esprit commence à vagabonder d’un tee-shirt à l’autre, en quête d’une distraction, n’importe quoi pour éviter de se rendre compte qu’elle est en sous-vêtements.
@Grace Coughlin |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 15:45 | |
| « Personne t’en empêche… » Et elle a tort, Ella, Dieu qu'elle a tort, parce que toutes les fibres du corps de Grace lui crient de céder et elle s'en empêche, parce qu'elle s'est promise d'attendre au moins un peu, parce que leurs entrevues se déroulent toujours selon des scénarii similaires : l'une vient chez l'autre, elles se retrouvent dans un lit, parlent cinq minutes et se séparent sans plus tarder. Rares ont été les fois où leurs rencontres ont dépassé les quelques heures ; les nuits passées chez l’une ou l'autre étaient d’occurrence extrêmement faible bien qu'elles se soient intensifiées sur les derniers mois. Le changement de dynamique entre elles doit entraîner un changement d'habitudes, et Grace n’a pas envie que ce début de relation se solde sur une réplique exacte de la précédente, alors elle prendra sur elle. Qu'importe combien tout son être lui hurle de céder, et ce depuis leurs retrouvailles et le bas de son ventre qui brûle depuis trop longtemps, elle est déterminée, Grace. Il faut qu'elle arrive à imaginer Ella autrement que par le prisme de la relation sexuelle qu'elles ont eu pendant deux ans et ça passe aussi par les petits gestes comme un repas cramé et un verre d’alcool. “Parce que tu comptes m’amener à tes soirées ?” questionne-t-elle avec une pointe d’étonnement mélangée à une curiosité débordante. Elle n’a aucune idée de comment se comporter à ce type de soirées – elle y a d'habitude toujours siégé en tant que photographe, jamais comme invitée, encore moins comme +1. Peut-être qu'elle lui ferait honte, qu'il y a tout un lingo de gens célèbres et éduqués à connaître et elle est proprement incapable de s'y adapter. “Va pour le champagne, alors. Il va falloir que je commence à m'habituer”, sourit-elle quand même. Rien ne peut entraver sa détermination à ce que tout se passe bien ce soir.
Pour cette même raison, elle ne pose pas plus de questions quant à l'air interdit qu’affiche Ella, et se contente de remplir son silence avec ses singeries, sortant des coupes de champagne alors qu'elle vante les mérites de son mac n cheese de perdant. Elle entend à peine les noms d'oiseaux que profère Ella quand elle renverse une partie de la bouteille, ne remarque son absence que lorsqu'elle se retourne pour lui demander si elle veut manger tout de suite et découvre le tas de vêtements par terre devant elle. Elle appelle son prénom, plusieurs fois, la retrouve devant sa penderie, en sous-vêtements. “Tu me fais même pas profiter ?” C’est elle qui brise le silence en faisant remarquer sa présence, sourire mutin collé aux commissures, expression rapidement rattrapée par le désir. Elle ne lui laisse pas le temps de prendre un t-shirt, attrape sa main avant qu'elle ne la lève. “Laisse. Te rhabille pas”, murmure-t-elle près la peau de sa nuque alors qu'elle écarte les mèches de cheveux de son dos. Le contact de ses lèvres contre la peau de son dos est une nouvelle déflagration, qui entraîne le reste comme une suite d'événements inévitables : une main fébrile retire son soutien-gorge, ses dents mordent la peau de son épaule, et de fil en aiguille elles se retrouvent sur le lit après deux orgasmes, essoufflées, et Grace pose sa tête sur l'épaule de la plus jeune, dépose un baiser chaste à la naissance de sa mâchoire. Qu'importe combien de temps elles pourraient faire ça, Grace est presque sûre qu'elle ne se lasserait jamais de leurs ébats.
“Je pourrais me faire à ça, tu sais”, murmure-t-elle et elle hésite à dire qu'elle s'y est déjà faite depuis longtemps, mais retient sa langue.
Ça – le confort de son corps, l'odeur douce de sa peau, la fragrance de son après-shampooing, ses doigts qui courent innocemment sur sa taille après l'amour et la fatigue qui lui cerne toujours les yeux. Leur complicité et ce moment de calme qui les enserre toujours après l'orgasme, l'envie qui renaît presque aussi rapidement mais cette fois, lorsqu'elle caresse la cuisse de la jeune femme, elle ne se laisse pas aller – non. “Je te garderais bien ici quelques jours, mais…” Mais elles ont des choses à faire, des plats à finir de préparer, un champagne à boire, un embryon de relation à célébrer. Grace se relève résolument sur des jambes faibles et se dirige directement vers la penderie, tire les deux premiers t-shirts qu'elle y trouve puis en revêt un et lance le second à Ella. “Allez, debout. Il est encore tôt.” Et cette phrase semble bénigne mais elle ne l’a jamais prononcée avant. Elle y songe et les papillons renaissent dans son ventre. Cette nuit, elle dormirait près d'elle, rompant avec toute règle qu'elle s'était promise d'installer dans un passé lointain. Demain, elle se réveillerait avec un bras un peu possessif autour de sa taille, elle l’embrasserait pour lui dire bonjour et elle trouverait toute excuse possible pour traîner au lit. Ce n'est pas ce que font des personnes qui couchent simplement ensemble mais c'est ce qu'elles font, elles, et ça paraît si naturel que le reste ne ressemble qu'à une suite logique.
La cuisine est baignée d'une lumière plus douce, plus orangée, maintenant que le soleil est bas et Grace se frotte le fond comme pour se réveiller. Les verres qu'elle avait sortis sont toujours posés sur le comptoir, et elle y vide le reste de la bouteille. “Plus beaucoup de bulles, mais ça se boit quand même.” Elle tend son verre à Ella et l’attire à elle pour l’embrasser, cédant enfin à cette pulsion d’après-sexe qu'elle avait longtemps retenue. “Le mac n cheese par contre…” Elle désigne d'un air dépité le plat à la sale allure. Peut-être qu'en le réchauffant, ça ne sera plus aussi mauvais. Elle prend son verre et en prélève une gorgée, puis ajoute : “T’avais des plans pour ce soir ? T’allais sortir avant que j'arrive.”
@Ella Matthews |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 17:17 | |
| « Oh, je pensais que t’aurais voulu garder un oeil sur moi… Parce que c’est souvent long et chiant et t’imagines pas ce qu’il faut inventer pour se divertir. » Tout est provocation : son regard, son sourire, sa voix, la façon dont elle incline la tête lorsqu’elle essaie la séduire, et dont elle étire le cou lorsqu’elle y arrive et qu’elle est fière. « Tant pis, c’est pas grave, j’emmènerai quelqu’un d’autre… » Elle affiche une nouvelle moue boudeuse qu’elle feint cette fois, et qu’elle imagine à plaindre. Elle se retrouve ensuite un peu perdue au milieu de la cuisine, croit entendre vaguement Grace radoter et marmonner à quel point son plat est réussi, puis se retrouve devant sa garde-robe, percute sur son prénom dans la bouche de Grace. Elle n’avait pas anticipé la suite. Ou plutôt, elle l’avait fantasmé de toutes les manières possibles et imaginables, et ce depuis l'arrivée en trombe de la brune, mais elle n’a pas le temps de l’assimiler ni de se retourner que Grace est près d’elle et qu’elle lui attrape la main. Un frisson parcourt immédiatement le corps d’Ella, une sensation nouvelle et drastiquement différente de celle qu'elle venait de ressentir en s’aspergeant de champagne. Son sang bout dans ses veines, elle les sens vibrer en elle, son coeur qui pompe alors qu’elle se cambre instinctivement et referme la distance entre leurs corps au moment où elle sent les dents de Grace contre son épaule. Leurs orgasmes lui donne l’impression d’entrer en combustion : elle tremble beaucoup et essaie de respirer à un rythme régulier, mais Ella se donne entièrement car, même dans ce désordre confus, dans cette situation ambiguë - qui ne l’est plus tant que ça - et singulière, elle n'échangerai la sensation de sa bouche dans son cou et de ses mains sur elle pour rien au monde.
« Mmmh…» Acquiesce-t-elle, avec peine, sa respiration encore saccadée. Et pourtant, il lui semble que c’est l’inverse pour elle : Ella ne se fera jamais à cette sensation, parce qu’à chaque fois qu’elle la surprend, elle désire toujours Grace un peu plus. Elle soulève sa tête une fraction de seconde, le temps de déposer un baiser dans le cou de Grace. Elle sent ses membres s’alourdir alors qu’elle est à deux doigts de se livrer à une profonde somnolence mais le spectre de leurs baisers, si proche, si tendres et affectueux, la déstabilise. Elle la sent lui caresser la cuisse, lui parler, et elle semble bien trop éveillée pour quelqu’un qui n’aurait pas d'ores et déjà eu l’intention de se lever, alors Ella ne veut pas regarder. Elle essaie de la retenir et de la ramener vers elle mais elle est confrontée à un espace vide et à... un vêtement projeté sur elle ? « T’avais pas dit que t’étais pas venue pour tirer un coup ? » Grommelle-t-elle alors qu’elle grimace à la vue du tee-shirt de sport que Grace lui a lancé : things I’m good at: - being tall. Elle lève les yeux au ciel et réprime son impulsion bon public face à l’ami qui lui a offert cette chose.
Mais parce que rien n’est jamais simple dans la vie d’une Matthews, elle entend son téléphone sonner plusieurs fois au loin. Elle est ramenée à la réalité : à ses résolutions du matin concernant les réseaux sociaux, et elle pense aux stalkers, aux haters, aux shippers, tous les mots qui s’accordent avec sa génération, mais qui cette fois-ci ne la font pas appréhender l'avenir. « J’imagine déjà les noms qu’on nous donnera. Coutthews, Coughlews, Mattlin, Elce, Maughlin, Ellace… » Elle les récite d’un ton léthargique alors qu’elle s’habille. « Ellrace » dit-elle enfin, s’amusant de ses propres trouvailles, et surtout plus convaincue tandis qu’elle la rejoint dans la cuisine en croisant les bras autour de sa poitrine. « J’ai le droit de te donner des surnoms ? » Elle se demande si c’est parce que son désir a été assouvi ou si c’est parce qu’elle se sent apaisée qu’elle s'est lancée dans un monologue animé et enjoué. Elle accueille le verre de champagne en retrouvant les lèvres de Grace. « Je te jure que si j’entends encore une fois parler de ton mac & cheese je… » Elle s’arrête de plaisanter désormais. Parce qu’elle estime que la scène qui s’offre à elle mérite qu’on s’y attarde, sans distraction, parce qu’elle préfèrerait se décomposer plutôt que d’admettre que son coeur, ce foutu muscle qui pompe, elle le sent frapper toujours plus violemment à la perspective d’être - vraiment - avec Grace. Elle boit plusieurs gorgées d’affilée, ne réalisant que trop tard à quel point elle avait soif. « J’allais sortir en ville pour me changer les idées. Mais on m’a retenue ici si tu veux tout savoir. »
@Grace Coughlin |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 18:13 | |
| Elle est adorable endormie, à susurrer des mots qui n'ont presque plus de sens tant ils sont mâchés et à se tenir à sa main comme si elle refusait que Grace s'éloigne – elle se demande si elle le remarque. Elle se demande, surtout, comment elle-même n’a pas remarqué avant à quel point ça avait le don de gonfler son cœur dans sa poitrine alors que ces moments privilégiés, elle a eu la chance de les vivre plusieurs fois. Avait-elle déjà remarqué combien leur langage corporel parlait pour elles ? Si oui, comment a-t-elle fait pour y rester aveugle aussi longuement ? Parce que les baisers qu'elle dépose sur sa joue et dans son cou sont tout, sauf forcés, tout, sauf nouveaux, et que les caresses qu'elle multiplie sur son corps nu sont entièrement ritualisées. Combien de fois au juste ? Quelle est la fois où elle a décidé d'arrêter de prétendre que c'était parfaitement anodin ?
Grace rigole face au ton bougon et endormi, ajuste le t shirt qu'elle a revêtu et dégage ses cheveux du col de celui-ci. “T’es mignonne à encore y croire, quand je te dis ça.” Parce que jusqu'à preuve du contraire, rares étaient les fois où elles s'étaient rejointes pour ne pas finir dans le même lit – à moins que ce ne soit inexistantes ? “Après, si tu préfères les choses comme ça, je peux rentrer chez moi ce soir. Ou dormir sur le canapé, si ça te rassure...” Elle a un sourire idiot collé aux lèvres et pourtant elle s'en veut, parce qu'à quelques détails près, leur journée ensemble est semblable à toutes les autres. Les détails près en question, c'est que cette fois, ni l’une ni l'autre ne feint le désintérêt lorsque leurs lèvres se retrouvent. Grace ose même se blottir près d'elle pour sentir son odeur plus profondément, une fois dans la cuisine, et elle ne s’est jamais autorisée à faire ça avant. « J’imagine déjà les noms qu’on nous donnera. Coutthews, Coughlews, Mattlin, Elce, Maughlin, Ellace… » La perspective la fait marrer, parce qu'avant elle n’a jamais été sujette à l'idée que son couple soit connu et que quelqu'un d'autre que ses proches et sa famille en aient quelque chose à faire. “Tu penses aux noms de couple avant de penser aux lettres écrites au sang de règles que tu vas recevoir parce que tu vas pas te marier avec X ou Y fan ? J’admire ton optimisme.” Elle ignore d'ailleurs si ça existe vraiment, ce genre de choses. Jordan lui a rapporté qu'il recevait énormément de nudes pour chaque vidéo postée, et qu'une fois une fan l'avait stalké, mais elle est si déconnectée de cet univers qu'elle ignore parfaitement dans quoi elle met les pieds. “Ça dépend quels surnoms”, marmonne-t-elle, et son intérêt serait piqué s'il n'était pas resté sur un élément totalement sorti de contexte : “Hé, tu reçois beaucoup de nudes ?” Croire que sa curiosité a une quelconque borne est très mal la connaître.
Elle leur sert deux coupes de champagne et retrouve les lèvres d’Ella avec délectation, se satisfait de la simplicité-même de ce geste pourtant si bénin. « Je te jure que si j’entends encore une fois parler de ton mac & cheese je… » Grace fronce immédiatement les sourcils, prétend s’offusquer : “Tu quoi ?” Elle tire légèrement sur son col et ramène ses lèvres aux siennes : “T’as toujours la formule pour me faire taire, sinon.” Ses yeux disparaissent dans un sourire taquin avant qu’elle ne retourne à son plat, incorrigible, et ne pose la question qu’elle a retenu depuis son arrivée de peur qu’elle déclenche un départ. “Oh, on t’a retenue, hm ?” Nouveau haussement de sourcils alors que ses lèvres disparaissent dans son champagne : “Quelle impolitesse.” Elle ne prétend même pas être désolée, parce qu’elle ne l’est absolument pas, et pourtant : “Je peux me faire pardonner ?” Elle pose beaucoup trop cette question, aujourd’hui. “Je t’emprunte des fringues et on va où tu veux.” Rien ne lui plairait plus que de rester dans les bras d’Ella à ne rien faire de la soirée, mais ce n’est pas à elle d’en décider - elle s’est déjà suffisamment imposée. Mieux vaut le réaliser tard que jamais. Pourtant elle propose, par acquit de conscience : “Ou on reste ici, on vide tes bouteilles d’alcool et on goûte mon délicieux plat.” La perspective qu’Ella ait besoin de temps pour elle seule, ça, par contre, ça ne l’avait pas effleurée. Elle se sent presque penaude d’ajouter : “Ou je peux rentrer, si t’avais des choses à faire.”
@Ella Matthews |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 19:18 | |
| Hors de question. Pour l’un comme pour l’autre. Par degrés, et face au sourire-signature qu’elle lui administre les sentiments qu’Ella avait terré au plus profond d’elle se réveillent : elle s'était levée, ce jour même, ne songeant pas à Grace : une heure après avoir entendu quelque chose qui ressemblait beaucoup à ce qu’elle aurait pu dire avec son sourire goguenard et ses mimiques impossibles, ou vu son nom dans son répertoire téléphonique, son image errait devant ses yeux, et elle avait la fièvre de la crainte de ne plus la revoir. Parce que c’était vrai, Ella pensait à elle constamment, sans même le réaliser la plupart du temps. Elle pensait à elle le matin, en hésitant entre poursuivre son pitoyable fantasme nocturne transformé en rêve - ou l'inverse - et se lever. Elle pensait à elle en vérifiant son feed Instagram, en conduisant dans le froid, et faisait secrètement exprès de conduire lentement pour pouvoir penser à elle plus longtemps. Elle pensait à elle les soirs de fête, au milieu des couples et des coupes de cristal qui s'entrechoquaient toutes en même temps, où elle se saoulait pour penser à autre chose mais obtenait l'effet inverse, elle pensait à elle en tenant la main de Simon devant ses parents. Pour Ella ça n’avait signifié qu’une chose : il fallait absolument qu’elle l'oublie. Mais c’était revenu la hanter, pas plus loin que cet après-midi. Parce qu’avec elle, elle ne savait jamais où elle en était. Elle avait l’impression de réussir à la sortir de la tête et elle lui sortait toujours un truc qui la ramenait au point de départ. Aussitôt qu’elles se revoyaient et que Grace avait ses lèvres dans le cou d’Ella et qu’elle émettait un infime soupir. Et, franchement, c’était humiliant de voir à quel point un baiser pouvait réduire une femme adulte et responsable à… ça. Elle réalisait qu’elle avait peut-être besoin de tellement plus que se mouvoir quotidiennement dans ce train de vie. Peut-être qu’elle voulait un but, laisser une trace, avoir un plan. Peut-être qu’elle voulait oublier son nom, sa famille, sa réputation et ce qu'elle signifiait. Peut-être qu’elle voulait être - « Hé, tu reçois beaucoup de nudes ? » A elle. « Quoi ? » Elle est ramenée à la réalité, et même si elle a gardé cet air un peu innocent et ahuri, elle ne peut s’empêcher de rire. « Ça m’arrive mais en général le filtre d’Instagram est efficace. Pourquoi, t’as l’intention de m’en envoyer ? »
Le geste qui l’attire vers Grace la prend de court, comme toujours. Et son commentaire lui vole un gémissement contre ses lèvres alors qu’elle se laisse envahir par cette sensation qui lui saisit de nouveau le bas-ventre, et l’envie de lui arracher les vêtements et la prendre ici et maintenant la reprend. Cette fois elle se contient, et, si près d’elle qu’elle l’enivre encore : « T'as beaucoup de choses à te faire pardonner, je sais pas si t’auras assez de cette nuit. » A la regarder, elle se sent prise de désir, de l’envie de fondre sur elle à-même sol, ou n'importe où, vraiment. Elle se mord la lèvre avant de perdre tout contrôle d’elle-même. Elle réfléchit un moment à sa proposition avant de tiquer sur la suite. Rentrer ? Elle agrippe alors son visage de ses mains et l’attire contre elle pour lui faire comprendre une bonne fois pour toute en pressant davantage son corps contre le sien, et sa bouche est sienne, à ce moment précis, elle lui appartient, inconditionnellement, brièvement d’abord, puis elle ne réfléchit plus. Elle a souvent cette impression étrange d'agir comme une adolescente prépubère face à elle. Ella ferme les yeux pour maintenir son imagination hors de portée, puis elle parvient à se redresser davantage, le dos droit, elle inspire beaucoup, expire davantage, puis au moment où elle parvient à calmer sa respiration, elle relève son visage vers Grace : « Je sais pas si je suis encore prête à nous afficher si tôt. » Elle passe sa main dans les cheveux de la brune : « Mais il va falloir que je pense faire une espèce de déclaration publique un jour ou l’autre alors... » Alors quoi ? tu vas m'aider ? autant le faire ce soir ? « Je crois que je préfèrerai rester ici et réfléchir à toutes les façons dont tu pourrais te faire pardonner. »
@Grace Coughlin pardon je reposte, j'avais cassé les codes |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 20:27 | |
| La voilà, à surement vingt heures voire même bien plus tard, à déambuler dans l'appartement d’Ella dans un t-shirt trop grand pour elle après avoir fait l'amour et sans se dépêcher de repartir pour ne pas franchir une nouvelle barrière qu'elles s’étaient fixée. Elle a laissé ses vêtements et sous-vêtements en vrac dans la chambre d’Ella comme si leur place y revenait tout naturellement et elle a pris ses aises dans l'immense pièce comme s'il était on ne peut plus normal d'y ouvrir du champagne, de préparer un repas et de s'apprêter à passer la nuit ici. Tout est surréaliste et pour l'instant, peut-être à cause du nuage sur lequel elle est encore perchée ou du cannabis plus tôt ingéré, Grace s’y accommode avec une aisance remarquable. Et si elle s'était écoutée, elle n'aurait sûrement même pas décollé du lit, parce qu'il lui semble que ces presque sept semaines sans la voir et sans l’avoir en elle ont été bien trop longues, presque interminables et qu'il faudra bien quelques jours pour les rattraper. Elle ne sait comment la conversation dérive jusqu'aux fans d’Ella ; conversation coupée d'ailleurs par un portable qui n'arrête plus de s'agiter, et Grace finit par poser une question qui ne lui serait jamais venue dans un contexte différent. “Peut-être, va savoir. Vérifie ton filtre régulièrement, du coup.” Son ton est clairement plaisantin et Ella le détectera sans doute aucun. Oh, elle en enverra sûrement, mais pas sur Instagram.
« T'as beaucoup de choses à te faire pardonner, je sais pas si t’auras assez de cette nuit. »
Le rictus est amusé depuis derrière le comptoir, parce qu'elles ont pensé exactement la même chose. Insatiables, l’une comme l'autre – et cette fois Grace oublie enfin complètement ses macaroni mal foutues pour retourner près d’Ella, accepter enfin de céder à cette chaleur qui l'étreint près du cœur à chaque fois qu'elle se suspend comme ça à son cou sans aucune raison précise si ce n'est qu’elle en a envie et qu’elle en a le droit. Parce qu’Ella a autant envie qu'elle qu'elles passent la soirée ensemble et qu'elle lui confirme par ses gestes qu'elle n’a aucune envie de la voir partir, et ça aurait été compréhensible, parce que Grace est souvent trop expansive, trop envahissante, mais leurs lèvres se retrouvent et leurs langues se caressent et la Coughlin échappe un gémissement contre la bouche de la plus jeune – insatiable, toujours, et elle se demande comment Ella la comble systématiquement tout en la laissant irrévocablement sur sa faim. Nouveau gémissement, cette fois de déception, lorsqu’Ella la repousse légèrement, elle qui se voyait déjà repartir en direction de la chambre sans plus de cérémonie. « Je sais pas si je suis encore prête à nous afficher si tôt. » Les mots reviennent de loin et il lui faut un moment pour les interpréter : “Bien sûr. Y a tout le temps.” Et c’est aussi nébuleux que sincère et dans son état présent, elle dirait amen à tout. Plus tard, elle repensera à ces mots et se rendra compte que leurs réalités, diamétralement différentes, exigeront d'elle un temps d’adaptation, elle qui a l'habitude de tout faire sans demander ni rendre de comptes. Pour l'instant, c’est une réalité distante qu'elle regardera en face quand ses yeux ne seront pas aussi fiévreux de son désir. Les derniers mots d’Ella, par contre, résonnent plus facilement en elle, elles parlent à nouveau le même langage, et Grace sait exactement quoi faire et dire. Elle se hausse d'une main sur le comptoir et saisit un pan du t-shirt de la jeune femme, déjà froissé, mais plus sur elle pour très longtemps. “Viens là”, lui réclame-t-elle d'une voix rayée par le désir, et plus tard, le lendemain, il s’avérera qu’Ella avait raison : la nuit n’a pas suffi et elle doute que des mois de non-dits et d’évitement se rattrapent vraiment un jour.
@Ella Matthews |
| | | | | | | | only fools fall (ella&grace) |
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