| | | (#)Sam 1 Aoû 2020 - 15:33 | |
| Leur relation avait beau être chaotique ces derniers temps, entre révélations insoupçonnées et crises de jalousie introspectives, Scar n'avait même pas réfléchi quand elle avait reçu un message de la part de Bailey et Jill lui annonçant la naissance des jumeaux. Elle avait d'abord paniqué en lisant le nom de Bailey sur l'écran de son portable, et avait mis quelques secondes avant de comprendre à quel moment elle avait bien pu l'ajouter à ses contacts. Il avait été cordial, et bien vite Scarlett avait compris qu'elle n'était finalement qu'une destinataire de plus parmi la liste tout à fait formelle des personnes à qui la nouvelle devait parvenir. Ce manque de personnalisation lui avait arraché un pincement au cœur, et elle avait fatalement réalisé comme sa prophétie s'était accomplie, et qu'elle n'était plus qu'un vague souvenir dans la liste des priorités de son amie. Ce n'était pas sa faute, elle était sans doute exténuée et totalement droguée à son insu, avait-elle prétexté pour se motiver à déguerpir en coup de vent. Elle ferait peut-être l'impasse sur son service au DBD aujourd'hui. Matt ne lui en voudrait pas, et il avait de toute façon certainement laissé les rênes à Deklan quand il avait appris la nouvelle. Au fond, Scar se sentait regonflée à bloc. Elle en avait voulu à Jill d'avoir tiré un trait sur sa vie d'avant, mais sa rancœur s'était aussitôt envolée à l'annonce de cet accouchement. Comme si tout était devenu réel, et qu'elle avait fini par prendre conscience à quel point elle était attachée à tenir un rôle dans le développement de ces enfants. Moïra grandissait à vue d’œil, et elle s'était sentie de nouveau euphorique à l'idée d'être un peu gâteuse. Jill comptait trop à ses yeux pour qu'elle lui fasse payer toute sa vie d'avoir décidé de mûrir. Ni une ni deux elle arriva à l'hôpital. L'immeuble la toisait de toute son envergure, et elle se surprit à le trouver avenant, malgré ses couleurs mornes et les tristes souvenirs qu'elle lui associait. Elle avait sans doute de la chance, car personne d'autre n'était au chevet de Jill pour le moment. La jeune maman avait dû s'assoupir, son bébé niché dans son berceau, apaisé par les ronflements de sa respiration. L'autre était probablement avec son père à explorer les couloirs immaculés du service. Instinctivement Jill ouvrit les yeux, comme si elle avait senti un danger s'approcher de son enfant. Scar la gratifia aussitôt d'un sourire rassuré, avant de s'approcher prudemment. « Heey ! » avait-elle murmuré tout en instillant toute la joie que lui procurait cette vision inespérée. Être témoin de ce moment lui avait réchauffé le cœur, et elle en avait déjà oublié ses récents déboires. « Tu me présentes ? » demanda-t-elle une fois parvenue assez proche du berceau pour pouvoir se pencher par-dessus. @Jill McGrath-Fitzgerald |
| | | | (#)Sam 8 Aoû 2020 - 22:07 | |
| Jill s’est endormie à côté des jumeaux. Elle ne sait pas où est Bailey. Il est sûrement sorti pour prendre l’air ou pour s’acheter à manger. Il a besoin de repos lui aussi, il doit en faire 10 fois plus que Jill depuis que les bébés sont là. Les médecins et Bailey sont là pour eux, Jill ne reste que l’ombre d’elle même. Elle sourit quand il le faut, hoche la tête à la positive quand on lui pose une question et prend les bébés dans ses bras seulement quand c’est nécessaire. La comédie a l’air de fonctionner, personne n’a l’air de douter des intentions de Jill ou de tout ce qu’elle peut bien ressentir. Sa tête tourne, et elle a arrêté son traitement. Alors elle dort, elle reste dans son lit et elle observe de temps en temps les jumeaux quand ils sont calmes.
Elle était en train de somnoler quand elle entend quelqu’un entrer. Elle ouvre les yeux et tente de voir qui c’est. Elle voit Scarlett et elle fronce les sourcils avant de sourire. Elle est contente de la voir même si tout n’est pas au beau fixe entre les deux depuis quelque temps. Salut.” Elle souffle, à bout de force. Elle doit encore avoir l’air endormi et elle se rassoit en voyant la brune se rapprocher d’elle. Elle fronce les sourcils, elle ne veut pas les confondre. C’est toujours plus compliqué de les reconnaitre quand ils sont habillés. “Tracy et Bowie.” Ils sont tous les deux à ses côtés, mais Bowie était encore en couveuse il y a quelques heures. Elle ne sait pas comment elle va s’en sortir avec eux deux toute seule. Elle essaie de ne jamais se retrouver seule avec les deux bébés, ou seulement quand ils dorment et restent calme. “T’as de la chance elle pleure pas. C’est rare.” Et ça l’énerve Jill de voir que Tracy ne fait que pleurer, sans aucune raison valable. |
| | | | (#)Sam 5 Sep 2020 - 17:17 | |
| Elle avait failli les perdre. En un fragment de seconde, en une crise existentielle, les McGrath auraient pu disparaître de sa vie. Alors quand elle aperçut le sourire soulagé qui avait illuminé le visage de son amie, ce fut comme si un fardeau était tombé de ses épaules. Jill avait l'air exténué, mais c'était une fatigue saine qui lui cernait les yeux. Pas ce genre de léthargie auxquelles elle étaient habituées après avoir découché deux nuits de suite. Elle entreprit aussitôt de se redresser, et Scar se ravisa bien vite de l'en dissuader. Pendant des mois elle avait dénigré cette image de maternité, comme si c'était une lubie de Jill dont elle ne mesurait pas l'étendue. En vérité elle n'avait pas plus douté de ses capacité à élever des enfants que des siennes à trouver une place dans ce nouvel équilibre. Malgré l'atmosphère anxiogène, il régnait dans cette pièce beaucoup de tendresse. Scarlett aurait pu jurer avoir déjà imaginé ces présentations sans qu'elles ne soient jamais à la hauteur de la réalité. Elle se surprenait à être plus prévenante que dans ses souvenirs factices. Et bien plus émue. Pour tout dire, elle ne donnait pas cher de son mascara, appliqué à la va-vite pour se vanter d'avoir pu un jour être plus apprêtée que Jillian McGrath – elle refusait encore de l'appeler Fitzgerald. Bien-sûr qu'elle allait pleurer. Elle sentait déjà sa gorge se nouer, éplorée par tous les chagrins que son indifférence de ces derniers temps avait bien pu lui infliger. Est-ce que Jill en avait même eu quelque chose à faire ? Au final ce n'était pas important, car à cet instant elle avait l'impression que plus rien ne comptait. Qu'elles étaient que toutes les deux contre l'adversité, comme à la grande époque de leur amitié. Jill entama les présentations avec une voix un peu lasse. Elle avait dû répéter ces prénoms des centaines de fois en l'espace de quelques heures. Scarlett ne lui en tenait pas rigueur, et s'approchait simplement pour se pencher au-dessus d'eux. « Tu sais que je dirais pas ça si je le pensais pas, mais ils sont trop choux. » admit-elle, pourtant consciente que les nuits écourtées de Jill avait dû obscurcir son jugement. « Toi par contre tu as une mine affreuse. » renchérit-elle pour la taquiner et se détacher des banalités qu'elle avait sans doute entendu toute la journée. Les infirmières avaient certainement dû la complimenter sur son teint éblouissant et sublimé par l'accouchement. Jill était désormais assez réveillée pour réaliser à quel point ce genre de louanges étaient hypocrites. « Comment tu te sens ? Est-ce que c'est si horrible qu'on le dit pas ? » demanda-t-elle en tirant une chaise près du lit. Personne ne parlait jamais des atrocités de l'accouchement, certainement pour ne pas traumatiser les futures mères et précipiter le déclin de l'humanité. |
| | | | (#)Mar 29 Sep 2020 - 15:26 | |
| Jill reçoit encore de la visite. Elle sourit, un sourire de façade qui suffit à la plupart des gens. Elle dormait avant de voir un visage familier, Scarlett. Elle sourit, elle avait besoin de la voir, de savoir qu’elle ne l’a pas perdu après toutes ces engueulades qu’elles ont pu avoir ces derniers mois. Elle a besoin de sa vieilles amies et des vieux souvenirs qui l’accompagent. Elle voudrait discuter d’autre chose que des enfants et de la grossesse, elle en a marre d’être enfermée dans ce cercle. Elle voudrait partir, s’enfuir loin et oublier tout ça. « Tu sais que je dirais pas ça si je le pensais pas, mais ils sont trop choux. » le visage de la McGrath se tourne vers les jumeaux qui dorment, collés l’un à l’autre comme depuis que Tracy a pu retrouver son frère. “Ils sont chou quand ils sont pas en train de hurler.” Et ils se remettront à pleurer certainement avant qu’elle ne reparte. Elle va comprendre ce qu’est l’horreur d’avoir mis au monde des jumeaux.
« Toi par contre tu as une mine affreuse. » “Jamais pire que toi !” Et un sourire sincère prend forme au coin des lèvres de Jill quand elle échange un regard complice avec la jeune femme. Jill sait qu’elle est affreuse. Elle n’est pas maquillée ni coiffée, et elle doit avoir des cernes gigantesques à force de rester éveillée toutes les nuits. « Comment tu te sens ? Est-ce que c'est si horrible qu'on le dit pas ? » La questions à cent balles. Elle ne veut pas parler de ce qu’elle ressent vraiment, même elle elle ne le comprend pas vraiment. Elle ne veut pas se rendre à l’évidence, elle n’a pas voulu le faire pendant sa grossesse déjà. “C’est encore pire.” Elle se souviendra de ce moment comme un des pire de sa vie.
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| | | | (#)Dim 1 Nov 2020 - 19:12 | |
| Au-delà de sa fatigue évidente, Jill avait l'air abattu. Ses réactions semblaient mécaniques, et Scar avait rapidement mis sa torpeur sur les compte des médicaments. Ou alors était-ce la soudaine réalité qui avait fini par la rattraper ? Par l'assommer à coups de cris et de pleurs incessants, qui s'étaient révélés à elle comme la nouvelle normalité de son quotidien ? Quoiqu'il en soit Scarlett n'avait pas envie de la questionner sur des choix qu'elle n'était plus en mesure de faire. Les bébés étaient nés, et elle n'était pas encore assez cynique pour ignorer que ce n'était pas un cadeau qu'on pouvait refiler sur internet. La seule chose qu'elle voulait communiquer à son amie était son soutien. Sa présence, aussi indispensable que surprenante, était une promesse. Une promesse tacite que, quoiqu'il arrive, elle était toujours là. Dans les meilleurs comme dans les pires moments de sa vie. Car c'était sa conception à elle de l'amitié. Jill ne tarda pas à lui donner raison, quand elle opposa leur mignonnerie apparente à l'intensité de leurs hurlements. C'était sans doute un avertissement qu'on trouvait dans tous les manuels des nouveaux parents, ou même dans les discours dissuasifs qu'ils déblatéraient à qui voulait bien venir rompre les rituels fastidieux des premiers mois. En tout cas, Scarlett y était sensible, tout comme elle était sensible à leurs valises sous les yeux, ou aux tribulations mammaires des femmes qui avaient bravement décidé d'allaiter et d'en faire le récit. « Tu finiras par t'y faire. J'espère que tu seras pas de ces mères qui accourent au moindre petit pleurnichement. Il faut les laisser pleurer. Enfin à partir d'un certain âge, quand les bébés pleurent c'est souvent pour une bonne raison. » Autrement dit lorsqu'ils avaient faim ou qu'ils se sentaient un peu trop incommodés par le poids de leur couche. Depuis quand était-elle devenue une experte ? Elle se félicita cependant d'avoir pu arracher un sourire sincère à son amie. Elle aurait pu jurer que cet effort lui avait coûté, mais qu'il avait été libérateur. Du moins juste avant qu'elle ne reprenne cette mine accablée, comme si tout ce qui se rapportait à ce moment était devenu un sujet à ne surtout pas aborder. Même en omettant leur présence dans une chambre d'hôpital, ou que les petits individus que son amie avait expulsés la veille dormaient sous leur nez, Scar était quand même trop attendrie pour parler de leurs prochaines beuveries. D'ailleurs, cette histoire lui semblait déjà scellée depuis leur drame passé au Electric Playground. La réponse de Jill était catégorique. Toute la douleur avait transpercé dans sa voix. Et si Scarlett s'était voulue taquine, elle n'était pas totalement insensible à sa détresse. « Bon dis-moi de quoi tu as envie. J'imagine que Bailey t'a déjà apporté un truc bien gras à bouffer, mais est-ce qu'il a pensé à mettre de la kétamine dans ta perf ? » plaisanta-t-elle en baissant d'un ton. De toute évidence ce dont Jill avait besoin, c'était de la normalité. L'ancienne normalité, pas celle qu'on lui balançait à la figure maintenant qu'elle était mère. « Je suis peut-être un peu perchée de la veille, donc entre nous on est totalement à égalité. » |
| | | | (#)Lun 2 Nov 2020 - 17:33 | |
| « Tu finiras par t'y faire. J'espère que tu seras pas de ces mères qui accourent au moindre petit pleurnichement. Il faut les laisser pleurer. Enfin à partir d'un certain âge, quand les bébés pleurent c'est souvent pour une bonne raison. » Elle a envie de la croire, vraiment. Elle a aussi envie de croire que ce n’est que l’histoire de quelques jours, le temps de s’habituer à sa nouvelle vie et à ces deux petits êtres qui viennent de sortir de son ventre. Mais elle en doute Jill, et elle sait au fond d’elle qu’elle a raison, que ce n’est pas qu’une passe et qu’elle va avoir du mal à garder sa vie et sa famille à flôt alors qu’elle s’écroule petit à petit. “Je m’occupe de les laisser pleurer, Bailey les approche à peine ils font un bruit.” Elle aussi elle devrait sûrement être comme ça, mais elle, elle les regarde de loin, comme s’ils étaient les enfants de deux inconnus et pas les siens. Scarlett a le droit à un sourire, un vrai, qui finit par de nouveau se noyer dans la tristesse et le vide que Jill peut ressentir depuis des jours déjà.
« Bon dis-moi de quoi tu as envie. J'imagine que Bailey t'a déjà apporté un truc bien gras à bouffer, mais est-ce qu'il a pensé à mettre de la kétamine dans ta perf ? » Bailey n’a pensé à rien du tout, il n’a d’yeux que pour ses enfants et Jill a décidé de très peu discuter avec les personnes qui la connaissent un peu trop, ceux qui verraient que rien ne va pour elle dans cette nouvelle vie. “Je tuerai pour de l’alcool.” Elle avait tenu le coup pendant des mois, et voilà que les vieux démons refont déjà surface, surtout en présence de son amie de toujours. “T’as déjà de la kétamine ?” Jill ne regarde plus les bébés, elle n’a d’yeux que pour Scarlett qui lui rappelle la vie qu’elle a terriblement envie de retrouver. « Je suis peut-être un peu perchée de la veille, donc entre nous on est totalement à égalité. » “Je suis jalouse. Mais j'ai quand même eu le droit à la morphine.” Elle est là la vraie Jill, celle qu’elle avait tenté d’oublier et de mettre au placard. Celle qui a envie de ressortir, mais elle ne l’avouera pas à voix haute, elle n’en a pas besoin. Pas avec Scarlett.
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| | | | (#)Dim 15 Nov 2020 - 16:48 | |
| On n'en parlait pas assez, mais il y avait rarement de demi-mesure dans les ambiances d'hôpitaux. Les rares touches de fantaisie se limitaient à une bande de couleur sur les murs, généralement démodée d'ailleurs, et de très mauvais goût. Du jaune pisse au bleu pastille d'urinoir, sans nuance ni transition. Les murs de la chambre de Jill étaient d'un blanc classique, et heureusement qu'on lui avait offert quelques bouquets ou ballons pour égayer un peu des journées qui étaient lassantes par définition. Scar l'avait remarqué, car elle avait eu le temps de faire le tour du propriétaire entre deux instants de léthargie de son amie. Sa visite était peut-être foncièrement égoïste aussi. Une manière pour elle de s'imposer dans les moments importants de sa vie et de se rassurer d'y être toujours la bienvenue. Son sourire était tout aussi révélateur de son état physique et mental que de celui de leur amitié, et chaque fois qu'elle le voyait poindre à la commissure de ses lèvres son cœur était un peu plus léger. Jill répondait à chaque question sur la maternité avec un pragmatisme rébarbatif. Le traumatisme de l'accouchement était peut-être encore trop frais pour être tourné à la dérision, et Scar avait fini par comprendre où fixer les limites de son humour. « Faut toujours un bon et un mauvais flic dans le couple. » déclara-t-elle sans s'épancher. Elle imaginait déjà les heures de psychanalyse et les ressentiments accumulés d'une éducation à deux vitesses, et n'avait pas trop envie de faire constater à son amie qu'elle avait choisi le mauvais rôle dans l'histoire. Du moins le plus difficile à assumer. Le sujet fut donc rapidement expédié. Scarlett ne se sentait de toute façon pas inspirée pour jouer la simple d'esprit pendant 15 minutes alors que les bébés n'en avaient rien à faire. A cette âge, les souvenirs appartenaient encore aux parents, et pour être honnête le bien-être de Jill lui importait davantage à cet instant que de savoir à quand remontait leur dernier caca. « On va tellement fêter ça, tu peux compter sur moi. » promit-elle en se rapprochant un peu plus du bord de la chaise. On pourrait les accuser d'addiction, mais au moins l'évocation de toutes ces substances dont elle avait dû se priver pendant des mois avait permis de désengourdir ses sens. « J'ai pas de kétamine non, mais j'en ai vu traîner dans une chambre. Avec une ordonnance s'il-te-plaît. Genre tu peux te faire déposer ta livraison de kéta sur le comptoir comme ça. Avec un peu de déontologie j'aurais clairement pu être infirmière. » avait-elle déblatéré en s'agitant dans tous les sens, elle aussi revigorée par la frivolité de leurs conversations d'autrefois. « Je peux demander si t'as le droit à une petite bière si tu veux. J'ai vu qu'ils en vendaient dans les distributeurs. D'ailleurs tu trouves pas ça bizarre toi ? Je suis sûre que c'est pour calmer les pères pendant que les femmes font tout le boulot, comme d'hab. » proposa-t-elle, les mains plaquées sous ses cuisses, prête à bondir dans le couloir en quête d'approbation. |
| | | | (#)Jeu 14 Jan 2021 - 18:22 | |
| « Faut toujours un bon et un mauvais flic dans le couple. » Elle retient une envie de vomir, est ce que sa vie c’est ça désormais ? Le bon et le mauvais flic d’un couple qui s’engueule dans la cuisine pour une température de biberon ou une heure de coucher ? Ca ne peut pas être ça, c’est impossible. Jill n’est pas faite pour ça, et elle a envie de s’échapper loin, très loin de cet endroit. Elle ne répond pas, elle regarde dans le vide, en espérant que Scarlett pourra lui changer les idées. C’est la seule qui peut la comprendre, elle le sait.
« On va tellement fêter ça, tu peux compter sur moi. » Ca ça lui parle, là elle a l’impression de vibrer à cette idée. Elle veut sortir, elle veut boire, elle veut oublier cette mauvaise idée qu’elle a eu de garder les jumeaux et de s’engager dans une telle vie et de tels projets. “J’espère bien.” Elle sait qu’elle peut compter sur son amie de toujours pour l’aider à oublier sans être jugée. « J'ai pas de kétamine non, mais j'en ai vu traîner dans une chambre. Avec une ordonnance s'il-te-plaît. Genre tu peux te faire déposer ta livraison de kéta sur le comptoir comme ça. Avec un peu de déontologie j'aurais clairement pu être infirmière. » “Tu crois que y’a moyen qui pauvre femme qui vient d’accoucher chope une ordonnance ?” Heureusement que Bailey n’est pas dans la chambre et qu’il ne l’entend pas. Elle sait que ça ne lui plairait pas, il n’a pas envie de revivre le passé contrairement à Jill. « Je peux demander si t'as le droit à une petite bière si tu veux. J'ai vu qu'ils en vendaient dans les distributeurs. D'ailleurs tu trouves pas ça bizarre toi ? Je suis sûre que c'est pour calmer les pères pendant que les femmes font tout le boulot, comme d'hab. » “Depuis quand on demande l’autorisation ?” Elle hausse un sourcil, elle a envie de s’amuser mais elle ne sait pas quand le père de ses enfants va se décider à revenir dans sa chambre. “On sort dès que je sors de cet hôpital hein ?” Elle a besoin d’être rassurée, et il n’y que Scarlett qui est capable de faire ça.
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| | | | (#)Ven 5 Fév 2021 - 12:02 | |
| A chaque parole Scarlett hésitait entre accabler son amie avec les banalités de son présent et la projeter, à grand renfort de promesses, dans un avenir qui s'apparentait davantage au passé qu'à la vie raisonnable à laquelle la vouait la maternité. Elle était au moins rassurée de constater que Jill demeurait attachée à ces souvenirs, vestiges les plus évidents de leur complicité, bien plus qu'elle semblait épanouie dans cette tâche nouvelle qui lui incombait. Il était peut-être trop tôt pour lui assener qu'elle l'avait prévenue, mais Scar n'en pensait pas moins. L'alcool et la fête n'avaient rien été de plus que des catalyseurs, pourtant à ce stade ils étaient aussi le seul lien qui semblait encore les unir. Une relique immodérée et immuable, qui ne cesserait jamais de rappeler à Jill qu'elle n'était pas qu'une mère, et qu'elle ne devait pas perdre de vue la femme débridée qu'elle avait été, et que ses proches détestaient adorer. L'éclat dans ses yeux, celui qui avait disparu quand elle avait dû parler des bébés, était sans équivoque : Jill n'avait pas changé, et ses nouvelles obligations ne nuiraient pas plus à leur relation que ses humeurs volatiles. Le sourire de Scar s'étirait un peu plus à mesure qu'elle retrouvait son amie, cette femme inconsidéré avec laquelle elle ne regrettait jamais d'être une version un peu plus sauvage d'elle-même. « Qui ne tente rien n'a rien. » dit-elle, voix du diable qui lui susurrait à l'oreille, hochant les épaules avec une insouciante légèreté. « T'as qu'à dire que ça te fait encore mal, ils te fileront peut-être des trucs. » L'équilibre était restauré, tandis que Scarlett réalisait que passer des mots à l'acte serait un peu prématuré. Jill avait toujours été la plus irrationnelle des deux, et elle honorait son rôle pour le plus grand plaisir de son amie, tourmentée depuis des mois par l'incertitude de la retrouver un jour aussi impulsive. Scar se serait exécutée sans état d'âme si une silhouette n'était pas apparue dans l'encadrement de la porte. Elle se leva aussitôt, se retenant d'étreindre son amie par respect pour une intimité qu'elle devinait précaire depuis plusieurs heures et se dirigea vers la sortie, non sans oublier de lui promettre de rester à jamais la personnification de son ancienne vie. Elle jeta un regard cordial à Bailey, sans lui adresser plus qu'un rictus à peine formé, avant de s'élancer dans le couloir, et de repartir comme elle était venue : anonyme. |
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