Quel bonheur, que celui d'être de retour chez soit auprès de ces chères colocataires qui me mènent la vie dure mais qui la rendent si merveilleuse en même temps. Après avoir passé une semaine de convalescence chez mon frère, j'ai décidé de repartir de mon plein grès pour retrouver le bonheur des fights avec Ariel, les ronronnements apaisant de Wesley et les cessions cuisine avec Robin. Bien sûr, le fait d'avoir passer une semaine chez Ian m'a fait le plus grand bien et si j'ai décidé de partir c'est simplement pour pas qu'il ne puisse porter un jugement quelconque sur mes choix.

Car j'ai décidé assez rapidement que je ne prendrais pas le traitement médicamenteux. Celui-ci me met bien trop mal. A chaque fois que j'avale un cachet je suis pris de violent vomissements et je manque encore plus d'énergie qu'avant. Alors même si Ivy, Ian ou  Loan insistent tous les jours pour que je prenne ces putains de médicaments, j'ai décidé d'écouter mon corps et lui donner ce qui est le mieux pour lui. A savoir : du naturel. Mais quoi comme naturel ? Qu'est-ce qui pourrait bien être végétal et pourtant efficace contre les douleur ? La réponse est arrivée assez rapidement lors d'une soirée avec Robin : le CBD. Qu'il soit sous forme de cannabis séché que l'on fume, sous forme d'huile, de tisane ou de gelulles, j'ai réussi à me procurer un peu de tout pour tester dans la plus grande des illégalités.

Et c'est là où je me trouve actuellement, allongé sur le transat sur notre terrasse, a testé le cannabis sous sa forme la plus connue: le joint. Vêtu de mon sweat shirt a l'effigie des sea shepherd, capuche relevée et cachant mes cheveux que je n'ai plus réussi à dompter depuis le début de la course à travers le pays, et d'un jeans, je profite sincèrement de la fraîcheur de cette fin d'après midi sous un ciel qui est de plus en plus menaçant. Prenant une longue taffe de ce cône du bonheur, je me met à espérer que le ciel craquera et que l'orage qui en découlera sera violent. Un petit sourire s'affiche sur mon visage alors que, du coin de l'oeil j’aperçois la silhouette de mon meilleur ami. Bizarrement, je ne me demande ni comment il est arrivé (sans doute est-ce Robin qui l'a laissé entrer ou alors Ariel n'avait pas fermé la porte correctement et il en profité pour se faufiler à l'intérieur) ni pourquoi il est ici (ne m'avait-il pas dit qu'il viendrait ce soir?)  «J't'ai déjà dit combien j'aime l'orage ? » dis-je sur un ton presque rêveur, alors que ma main se pose sur la tête sur chaton roux qui dort sur mon ventre  «L'énergie de la terre se renouvelle parfaitement à chaque éclaire et chaque coup de tonnerre résonne dans tes entrailles pour te redonner de la vitalité » mon sourire s'étire un peu plus et je tire à nouveau sur le joint avant d'expirer la fumé en l'air en me tournant vers mon meilleur ami  « ça va ?» lui demandais-je  « Comment t'es arrivé là ? C'est Scotty qui t'as téléporté ici ?» et je pouffe de rire à ma référence vaseuse de Star Trek.

Le retour à Brisbane après six semaines d’aventure coupé du monde fut bien plus mouvementé que ce que j’avais pu l’imaginer. Il avait fallu revenir à la maison, répondre au millier de questions de mon père, voir tous les amis qui en avait un millier d’autres et surtout, je voulais passer le plus de temps possible avec Clément. Heureusement, Yasmine m’a longuement rassuré sur la santé de mon paternel et ce dernier m’a gentiment poussé dans les bras de mon petit ami en affirmant qu’il m’attendrait à la maison. Tout allait bien, je rattrapais le temps perdu avec Clément en lui comptant mes aventures. Puis Ian a appelé, Martin, c’est retrouver à l’hôpital en détresse respiratoire et d’autres mots qui m’ont filé la peur de ma vie. Il n’a pas pris son traitement durant l’aventure et son corps a fini par lui faire savoir que c’était trop, qu’il avait besoin d’une pause. J’ai eu peur d’entendre les médecins parler de paralysie à nouveau, mais il faut croire que la chance était de son côté. Mais il doit faire attention et Martin déteste entendre ce genre de recommandation. Je l’ai laissé tranquille, sans trop insister, sans trop vouloir m’inquiéter. Non, je préférais soûler Clément et mon père avec ça, parce qu’eux ne me feraient pas la tête, parce que ça n’abîmerait pas mon amitié avec Martin, si j’allais m’inquiéter ailleurs.

Puis il ne sait pas donner des nouvelles Martin. Il répond rarement aux messages que je lui envoie et si je peux rester cool un jour ou deux, au bout d’un moment, j’ai quand même besoin d’aller vérifier qu’il va bien. C’est comme cela que je me gare devant la maison d’Ian où Martin a élu domicile depuis sa sortie de l’hôpital, sans réellement en avoir le choix. Le frère de mon meilleur ami m’accueille non pas avec un sourire, mais plutôt un air bien trop surpris. « Qu’est-ce que tu fais là, Loan ? » « Bah… Je viens voir Martin. » Il est con ou quoi ? « Il t'as pas prévenu ? Mais il est vraiment con en fait... » Il semblerait que ce soit en réalité l’autre frère qui soit con. Cet abruti ne m’a pas prévenu qu’il était retourné chez lui. « Je vais le tuer… » Je viens de me taper la route pour rien et bien entendu cela fait rire Ian. « Sois pas très violent avec lui. » Oh non, juste une petite claque derrière la tête.

Lorsque j’arrive, enfin, devant chez Martin, je soupire longuement. Faut pas que je m’énerve, il a juste oublié, c’est rien. C’est une des colocataires de Martin qui m’accueille, je ne me souviens plus de son prénom. Elle m’indique qu’il est sur la terrasse et je le trouve là, en train de se la couler douce. « Hey dumbass. » Je n’ai pas le temps d’en dire plus que voilà que le brun me parle d’énergie de la terre tout en portant une cigarette à ses lèvres. « TU FUMES ?! » Mais il comprends pas quoi dans le fait que sa santé n’est pas vraiment au top en ce moment ? Oh, ce n’est que la première surprise, quand je l’entends rire à sa propre blague, je comprends que ce n’est pas du tabac qu’il est en train de fumer. « Mais t’es stone bordel. » Je soupire longuement et viens lui enlever le joint d’entre les doigts. « Martin sérieux… »

Je suis bien là. Vraiment bien. A vrai dire, c'est la première fois depuis l'incident sur la falaise que je n'ai absolument aucune douleur. Et c'est aussi la première fois depuis mon hospitalisation que j'arrive à bouger correctement. J'ai plus de faiblesse musculaires, mes mouvements sont bien plus contrôlé et j'ai bien plus d'énergie. Aujourd'hui j'ai réussi facilement à rester debout aux fourneaux pour me faire à manger et je suis persuadé que je dormirais mieux aussi. Alors je fais taire ma conscience qui me dit que la fumée est mauvaise et que ce n'est pas en me déglinguant les poumons que ça ira mieux et décide de profiter, tout simplement, de ce merveilleux état second dans lequel je me trouve actuellement.

Soudainement, je remarque la présence de mon meilleur ami mais la seule chose qui me passe par l'esprit c'est l'orage qui est entrain de se former et combien l'énergie électrique et la puissance des tonnerre ont un effet positif sur la terre et sur nous-même. J'aurais pu m'arrêter là mais je fais ensuite une référence à Star trek -alors que je déteste ce film- et là, Loan comprend. Son esprit est assez vif pour savoir que finalement, ce que je tien en main n'est pas une cigarette normale et il a vite fait de me la prendre d'entre les doigts. Ces même doigts que j'observe encore quelques secondes de plus  « eeeeeh non» dis-je finalement en me tournant vers Loan  « c'pas cool mec» ma voix est calme et posée. Trop calme et trop posée, alors que je me redresse. Weasley se réveil, miaule de frustration puis saute à terre en lançant un regard courroucé à Loan alors que je m'assoie au bord du transat.  « Sérieusement Loan, redonne moi ça» dis-je, mon esprit semblant tout à coup être parfaitement clair à nouveau  «C'est la seule chose qui m'aide actuellement » et ça c'est la la vérité, la vraie.  «allez, redonne le moi  » et je me lève, tendant le bras pour attraper à nouveau la cigarette cylindrique.

Joint à la main, il semble planer à dix mille Martin. Je ne l’avais jamais vu dans cet état et bien entendu, c’est l’inquiétude qui prime à nouveau. Il n’a jamais fumé, toujours dit que c’était de la merde pour l’environnement, que ça ronge les poumons. Je connais assez Martin pour savoir qu’il ne fait pas cela juste dans la volonté de provoquer. Non… S’il s’en remet à l’usage de la marijuana, aussi médicinale soit-elle, c’est que quelque chose ne va pas. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de venir lui arracher la cigarette des mains, parce que j’ai peur pour lui. Il est tellement stone qu’il se marre d’abord de sa blague, pourrie, avant de réaliser que je lui ai piqué son petit jouet. Ses pupilles sont dilatées à l’extrême alors qu’il lève son regard vers moi. Il manque clairement de balance et de réflexe, pourtant, il est bien trop rapide pour me rejoindre. Je n’ai pas le temps d’écraser le joint et par le plus stupide des réflexes, je lève le bras pour qu’il ne puisse pas l’attraper. Autant dire que cela ne sert à rien puisque Martin fait bien une tête de plus que moi. Il m’avoue que c’est la seule chose qui l’aide en ce moment et c’est bien ce que je redoutais. Pas de médicament, mais de la drogue. Je ne sais plus ce qui semble être bon pour lui ou non. Ne voulant provoquer une dispute pour rien, je finis par lui rendre sa cigarette. « Tiens… »

Je soupire un peu et l’aide à s’asseoir à nouveau parce qu’il me fait un peu peur quand il flanche comme ça. « Assieds-toi avant de te casser un truc. » J’ébouriffe ses cheveux et finis par m’asseoir en tailleur sur le sol, juste en face de lui. Un instant, juste pour prendre le temps d’observer son profil et un sourire malgré tout. « Qu’est-ce qui se passe Martin ? » J’aimerais qu’il me parle. Juste une fois…

Je plane, totalement. De bonheur, de joie, d'amour et d'amitié. Mon corps est finalement totalement détendu, de même que mon esprit et j'apprécie sincèrement cet état second dans lequel je suis. Pour le moment je décide de nager dans ce bonheur environnant et incessant, ne voulant pas perdre de temps à me demander quand cet état second s'en ira et me laissera à nouveau enfermé dans ce corps que j'ai bien trop de mal à ré apprivoiser. Je veux profiter de ces quelques heures de répit pendant lesquelles je suis exempté de douleurs quelconques.

Alors lorsque Loan me prend le joint des mains, j'ai beau mettre quelques secondes avant de réagir mais je me rend rapidement compte que s'il ne me rend pas mon bien je ne pourrais pas finir de le fumer et les effets se dissiperont plus vite que ce je ne voudrais. Ainsi, me levant, chancelant, je m'approche de mon meilleur ami qui lève le bras pour le mettre hors de ma porter. En tant normal ça ne servirait à rien car il fait presque 10 centimètres de moins que moi, mais là je n'ai pas la coordination nécessaire pour  attraper le joint.

Et finalement, sans doute après m'être prit en pitié, Loan me guide pour me forcer à me réinstaller sur le transat avant de me redonner la cigarette.  «Merci » soufflais-je, soulagé avant de porter le joint à mes lèvres et tirer une taff. Mais, alors que j'expire la fumé en l'air, Loan reprend la parole et me demande ce qui se passe.

Je baisse le regard, déglutis puis me passe une main dans les cheveux et pince les lèvres  «J'ai décidé de ne plus prendre les médicaments » avouais-je finalement sans trop de difficulté  «T'imagine même pas dans quel mal ces médoc me mettent » je secoue la tête  «Ils ne servent strictement à rien. Les douleurs ne disparaissent pas et  à cela s'ajoutent les migraines incessantes et les horrible épisodes de vomissements. Dès que je prend un cachet c'est comme si mon corps se révoltait contre moi et je... » je prend une profonde inspiration, sentant ma voix qui commence à trembler

 «j'en pouvais plus. J'ai tout essayé et rien n'a fonctionné, jusqu'à ce que .. » mon regard se pose sur le joint que je tiens toujours en main  « ...ça. » je lève mon regard sur Loan  « Le CBD c'est vraiment la seule chose qui m'aide. Je ...elle me détend, mon corps et mon esprit, m'aide à me concentrer et surtout, surtout, elle retire toutes les douleurs de mon corps» j'hoche la tête  « Depuis que je fume ça, je n'ai plus du tout de problème au niveau de la marche, mes douleurs articulaires ont totalement disparue et c'est tout ce que je voulais» je soupire doucement et secoue la tête, tire une dernière fois sur la cigarette avant d'écraser la fin dans le cendrier.  « juste avoir un peu de répit même si ce n'est qu'une ou deux heures » je pince les lèvres  « J't'en supplie Loan, ne me retire pas ça ...» mon ton est suppliant alors que j'espère sincèrement que mon meilleur ami me comprendra.

Je voudrais continuer de lui dire à quel point c’est une mauvaise idée de devenir dépendant de cette drogue. Je voudrais lui faire la morale, parce que c’est ce que j’ai pour habitude de faire avec lui. Mais quand mon regard croise le sien, je comprends qu’il ne va vraiment pas bien et que peut-être que le joint que je tiens entre mes doigts, semble l’aider. Effet placebo ou réel soulagement ? Je n’en sais rien. Je voudrais y croire, mais le discours tenu par Ian me revient en tête. Martin doit prendre son traitement, c’est la seule chose qui pourra l’aider. Son frère est médecin pourquoi il irait lui mentir ? Pourtant, pur une fois, je prendre le temps d’interroger le principal concerné. Face à lui, je lui demande de me parler. On ne fait jamais dans les grands discours avec Martin, mais après un énième soupire voilà qu’il commence à vider son sac. Il me décrit les effets négatifs qu’on les médicaments sur son corps, mais probablement aussi sur son mental. Il ne supporte pas le traitement et j’essaye de faire taire cette petite voix en moi qui panique déjà. La suite de ses explications me laisse sans voix. Je ne sais pas si c’est la drogue ou la fatigue, mais Martin n’avait pas été aussi honnête avec moi depuis bien longtemps. Je lève les yeux au ciel pour tenter de ravaler les larmes qui menacent de couler. L’entendre être aussi mal me ravage de l’intérieur. On s’engueule souvent avec Martin, mais il est mon meilleur ami et je ne pourrais pas envisager ma vie sans lui.

Alors sans rien dire, je me lève pour venir m’asseoir à ses côtés et tel un enfant viens me blottir contre lui, passant mes bras autour de ses hanches. J’ai besoin de le sentir contre moi, aussi stone soit-il. « Je veux pas que tu sois mal. » que je murmure le visage à moitié enfoui dans son pull. Je prends une seconde encore, pour le sentir contre moi, avant de me relever pour croiser ton regard. « Si c’est le CBD qui fonctionne alors okay… » que je concède un petit sourire aux lèvres. « Mais tu continueras à écouter les médecins ? »

Ça fait longtemps que je n'ai plus été aussi sincère avec Loan. A vrai dire, je ne l'ai plus été depuis les premier symptômes en Avril dernier, ayant tout minimiser ma condition physique. Même lorsque j'étais à l'hôpital, paralysé, il n'y avait bien que Ian qui pouvait me faire dire la vraie vérité. Mais pourquoi ? Pourquoi cacher tout cela à Loan ? Le fait de le connaître depuis plus 25 ans ne le rend-t-il pas tout aussi légitime de le savoir ? Clairement, la réponse est toute trouvée. Alors, après un dernier soupire, je décide de parler à cœur ouvert et lui avoue tout.

C'est la première fois que je lui parle des douleurs constantes qui irradient mon corps et que je lui explique plus en détail les raisons pour lesquelles je ne souhaite pas prendre de médicaments. Avant j'avais toujours l'excuse du fait qu'ils ne soit synthétisé chimiquement et que je n'ai pas un régime naturel et bio pour gâcher le tout en avalant de la chimie. Et même si cet argument se tient, je parviens enfin à lui dire exactement le pourquoi du comment je ne peux pas prendre ce traitement et que la seule chose qui m'aide actuellement c'est l'illégalité.

Je vois bien que ma sincérité touche mon meilleur ami car celui-ci à tôt fait de se lever pour venir s'installer à côté de moi et me prendre dans ses bras. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres alors que je passe un bras autour de ses épaules et qu'il vienne se blottir contre moi, me disant qu'il ne souhaite pas que je sois mal. Déglutissant, j'hoche doucement le tête et resserre légèrement mon étreinte alors qu'il consent à ne pas me retirer le CBD qui me fait bien plus de bien que tout le reste. Fermant les yeux, je soupire doucement

 «Je continuerais de suivre les visites médicales, oui » assurais-je  « Je continuerais de rester vigilent aux moindres changement et je continuerais de suivre les recommandations médicales » je pince les lèvres  «Je ne veux pas que tu t'inquiète Loan, vraiment pas. Je ... » je prends une profonde inspiration  «ça va pas, je ne vais pas bien, mais je vais m'en sortir » je me tourne vers mon meilleur ami et l'enveloppe de mes deux bras  «Je m'en suis sorti une fois, autant réitéré la chose une deuxième fois » je me serre d'avantage contre moi, ma joue se posant contre sa tête et mes yeux  se fermant  « Mais j'ai besoin de toi» reprenais-je dans un souffle  « J'ai besoin que tu sois avec moi, même si je te dis de partir et de me laisser seul, j'ai besoin que tu reste auprès de moi » je pince les lèvres  « j'y arriverais pas tout seul» avouais-je finalement dans un murmure alors qu'autour de nous le premier coup de tonnerre se met à gronder.

Ce n’est pas simple d’entendre que son meilleur ami va véritablement, mal. Je savais que sa maladie ne lui laissait pas de répit. On a tous les deux de l’espoir durant sa participation à l’émission, mais par deux fois son corps lui a bien prouver qu’il était le maître et que c’est la maladie qui décidait de la prochaine action. Je ne pensais tout simplement pas que son moral en avait pris un coup à ce point-là. Je déteste le voir dans cet état et c’est bien pour cela que je pars me blottir tout contre lui tel un enfant. J’ai besoin d’un câlin, besoin de lui prouver que même si je m’étais un peu énerver, en rien je ne suis fâché contre lui. Je tente de comprendre même si les drogues ne me semblent pas être une solution durable. Si c’est ce qui fonctionne pour le moment alors ainsi soit-il.

Je me détends un peu lorsque je sens ses bras passer autour de mon corps. On ne c’était pas fait un câlin comme cela depuis bien trop longtemps tous les deux. À croire qu’il a fallu que l’on attende un événement négatif pour trouver un véritable terrain d’entente. À cette idée, je resserre encore plus mon emprise sur lui. Je veux pas le perdre. « Tu sais bien que je m’inquiète tout le temps. » Je ne le fais pas exprès, je suis souvent à imaginer le pire et surtout, je m’inquiète pour ceux que j’aime. L’entendre dire aussi clairement que ça ne va pas, me serre le cœur et ça demande m’étonne encore plus quand il n’a jamais été aussi franc. « Tu seras pas tout seul. » Je serais à ses côtés tout du long, qu’importe son humeur, qu’importe les insultes qu’il pourra bien me sortir. Je me redresse pour venir embrasser sa joue et croiser son regard. « Je serais là pour tout, okay ? Les mauvais jours, les rendez-vous chez le médecin, tout, tout. » C’est une promesse que je lui fais alors que je viens lever mon petit doigt sous son nez comme lorsque nous étions gamin. « Et tu me promets de toujours être honnête ? » Ne pas cacher la douleur derrière un sourire, c’est tout ce que je lui demande.

De tout ce que je redoute le plus, c'est surtout le fait de trop inquiéter mes proches. Et même si ce n'est pas évident, que l'inquiétude est belle et bien présente et qu'elle ne quittera sans doute jamais mon frère ni Loan, je peux au moins essayer de les rassurer le plus possible, non ? La grande question est surtout : comment ? Ce n'est sûrement pas en me droguant que l'inquiétude de Loan se transformera en soulagement, bien au contraire. Et pourtant, il comprend. Il comprend que c'est la seule chose qui me permet de tenir actuellement. D'autant plus que ce n'est pas comme si je prenais des drogues dures et extrêmement addictives. Le CBD est, certes, illégal, même médicalement en Australie, mais au moins ça m'aide bien plus que les médicaments proposés par le médecin.

Alors, afin de rassurer mon meilleur ami au maximum, je décide d'accepter son câlin et le prend dans mes bras, le serrant fermement contre moi et me surprend moi-même à être le plus sincère du monde. Aussi sincère que je n'ai jamais été mais qui pourtant nous fait le plus grand bien à lui comme à moi. Me rendre compte que je n'ai pas besoin de me cacher, que jouer un rôle n'est en rien nécessaire, fait tomber un lourd poids de mes épaules. Parlant à cœur ouvert à mon meilleur ami, je lui dis que je ne vais pas bien maintenant mais que je sais que ça ira à condition qu'il reste avec moi tout le temps.

Je ferme les yeux et, la gorgé nouée, je sens l'émotion qui me gagne lorsque, avec toute la sincérité du monde, Loan me promet qu'il sera là, tout le temps. Que ce soit lors des mauvais jours ou pour les rendez vous médicaux, il ne me quittera pas. En contre parti je me dois de lui promettre d'être toujours sincère dorénavant.  « Promis» assurais-je, alors que je le sers encore un peu plus contre moi. L'étouffant presque pendant quelques secondes, je fini par le relâcher et me recule en souriant, alors que le ciel s'ouvre subitement et que la pluie ne s'abatte sur nous. Dans un éclat de rire et quelques injures, nous nous levons et nous nous mettons rapidement à l'abri à l'intérieur dans le salon, où nous passerons le reste de la journée à refaire le monde et à parler de tout et de rien.