Ils avaient été repérés, tout était fichu. C'était la seule phrase qu'Ezra arrivait à se répéter en boucle dans son esprit, alors qu'il faisait son sac sous les yeux en larmes de sa tante. Ne rien oublier - parce-qu'il s'agissait là d'un aller simple. Prendre les deux ou trois photos de famille existantes, bien les ranger dans la double-poche de sa combinaison pour ne pas qu'elles lui soient confisquées avant le départ. Le départ, le dernier à tout jamais. Thomas et lui avaient été découverts. Ou plutôt, il avait été découvert et son frère était un dommage collatéral - il ne savait plus trop dans quel sens remettre le problème, ni dans quel sens il devait être lu pour sonner un brin moins grave qu'il ne l'était. Si les règles étaient pourtant claires et strictes, leur famille avait joué avec le feu trop longtemps et avait fini par se bruler les ailes, Icare parfaitement personnifié. Ezra en était la preuve vivante. Vingt-deux ans qu'il foulait le sol de la navette, qu'il faisait tout pour que sa vie soit d'une normalité effarante, pour qu'il puisse rentrer dans les cases - car il était un hors la loi comme peu arrivaient à l'être de leurs jours.

Vingt-deux ans auparavant, au péril de sa vie, Sarah Beauregard avait donné naissance à un deuxième garçon alors que les règles de la navette étaient claires et n'autorisaient qu'un seul enfant par famille. Pour le bien de la communauté, pour la survie de la communauté. Mais lorsque les parents avaient vu cette paire d'yeux bleus comme ils imaginaient être les lagons, ils n'avaient su s'y résoudre. Et lorsque Sarah avait surtout rendu son dernier souffle après l'accouchement, David n'avait su se résoudre à dénoncer la dernière réussite de sa femme. Alors, Ezra était devenu le cousin. Celui qu'on regardait à peine dans les couloirs mais à qui on hochait la tête d'une façon différente lorsqu'on le croisait. Celui qui était un brin maladroit mais qui obéissait au doigt et à l'oeil à ce qu'on lui disait.

Aujourd'hui encore, il obéissait tel le petit soldat qu'il était en faisait sa valise - et cette dernière ne partirait même pas avec lui, elle partirait en lambeaux dans l'espace, oubliée à tout jamais, oublié à tout jamais. Soupirant une dernière fois, serrant sa tante dans ses bras, il fut surpris à la suite de voir son père se tenir sur le pas de la porte. Ce dernier ne faisait pas le fier, mais il était présent. Ce qui voulait dire que Thomas était déjà parti rejoindre le reste du groupe. Un accolade rapide et Ezra suivit les pas de son frère les larmes aux yeux. Lui qui n'avait jamais demandé tout ça, qui avait réussi  à garder la bouche cousue pendant vingt-deux ans se retrouvait à servir de cobaye pour une société en laquelle il voyait du bon, pourtant. C'était dans ces moments là qu'on voyait que les apparences étaient réellement bien trompeuses. Abandonnant sa valise à un agent de la sécurité - un ancien collègue à lui qui n'osa même pas le regarder dans les yeux, il fut escorté jusqu'à sa place dans la petite navette affrétée à cette mission. Il la connaissait par coeur, la navette, pour s'en être servi plus d'une fois lors qu'une vraie mission. Thomas était là, dans le siège à côté de lui, lorsqu'il vint s'asseoir. « Hey. »

Spoiler:

Comment est-ce possible ? Comment ont-ils put découvrir ce secret qui unie ma famille depuis plus de vingt deux ans ? Qu'avons nous fait pour que la vérité éclate au grand jour ? Qu'ais-je pu faire, moi, pour entraîner Ezra dans ma chute ? Voilà les questions que je me pose alors que je suis assis là, dans la cellule, me triturant nerveusement les doigts en attendant qu'on ne vienne me chercher pour m'escorter vers la capsule. Celle qui nous enverra, mon frère, moi et une vingtaine d'autre prisonniers vers une autre planète. Le gouvernement ici n'est pas idiot, loin de là. Si déjà ils ont des condamnés à mort, autant qu'ils nous utilisent pour tenter de trouver une planète habitable. Les ressources de la station spatiale de Brisbane commencent à s’appauvrir et nous faut agir. Mais jamais, Ô non jamais je n'aurais imaginé un seul instant que je ferais parti, moi, de ces gens qu'on enverrais loin d'ici pour un allez simple.

Je relève la tête en entendant le cliquetis de la porte de la cellule et, docilement, je me lève avant de me tourner pour que les soldats puissent me menotter. Sans ménagement, ils me poussent ensuite en dehors de la prison et c'est, tel le plus grand criminel de tous les temps, que je suis escorté à travers les dédales de couloirs pour rejoindre la capsule qui changera notre vie pour le pire. La seule fois où j'ose lever le regard lors de la ma marche vers une mort certaine, je croise le regard de mon père. L'espace d'un instant l'espoir d'un adieu en bonne et due forme renaît en moi, mais tout ce que je vois sur le visage de mon père c'est un regard emplie de dédain et de déception et il a tôt fait de se détourner pour repartir dans l'autre sens. Je m'immobilise un instant, regarde au dessus de mon épaule, le suis du regard et ouvre la bouche pour dire quelque chose l'un des policiers me donne un grand coup dans le dos et me somme de me remettre en route.

Une fois dans la capsule, on retire mes menotte puis on m'installe sur un siège avec un simple  « attache-toi» grogné sur un ton intransigeant. Je pousse un soupire et, sachant parfaitement que toute résistance est superflue, je fais comme on m'a demandé puis regarde autour de moi. Nous sommes 19 avec moi et je ne vois Ezra nulle part. Se pourrait-il que sa condamnation ait été rejeté ? Et qu'il puisse continuer de vivre ici, en tout sécurité ?

Mon espoir est, en encore une fois, mis à mal lorsque je vois sa silhouette apparaître dans l'embouchure de la navette et je l'observe s'installer à côté de moi, m'adressant un petit  « hey» sur un ton étranglé.  « l'espace d'un instant j'ai eu espoir que tu ne ferais pas parti du voyage» que je lui répond dans un souffle  « Je suis désolé que ce soit pas le cas» qu'est-ce que je donnerais pour que mon petit frère puisse rester au sein de la communauté ? Je dévie le regard et grimace  «J'ai vu papa » déglutis difficilement  «Il n'a rien dit et m'a seulement regardé avec toute la haine du monde, comme s'il savait quelque chose que je ne sais pas » je lance un coup d'oeil vers Ezra  « ça fait de moi le fautif de cette histoire » affirmais-je avant de me pincé l'arrête du nez dans un nouveau soupire  « désolé» m'excusais-je encore une fois, comme si ça pouvait changer quoique ce soit à toute cette situation.

@Ezra Beauregard

Il ne traitait même pas des pieds, Ezra, en entrant dans la capsule. Il peinait à retenir ses larmes cependant, et ce fut avec une voix étranglée qu’il vint se laisser choir dans le siège à côté de Thomas. On vint lui retirer ses menottes et lui ordonner de s’attacher - apparemment, il était le dernier passager à embarquer. « L'espace d'un instant j'ai eu espoir que tu ne ferais pas parti du voyage » Relevant un regard peiné vers son frère, il haussa quelque peu un sourcil. Il l’avait espéré, aussi, que ce soit pour lui ou pour son frère, mais il savait que les règles étaient intransigeantes et qu’une fois une infraction révélée, le temps était compté. « Je suis désolé que ce soit pas le cas » Il vint soupirer, une seconde trop longtemps surement. Mais les manières n’avaient plus à être tant que ça de mise étant donné que dans quelques heures ils seraient surement tous morts. « Je suis désolé aussi Thomas… » Les mots, les explications restaient bloqués dans sa gorge nouée.

« J'ai vu papa. Il n'a rien dit et m'a seulement regardé avec toute la haine du monde, comme s'il savait quelque chose que je ne sais pas » Fronçant les sourcils, Ezra eut mal au coeur à attendre les paroles de son frère. Rien n’était supposé se passer de la sorte, au contraire. S’ils s’étaient tous appliqués à garder ce secret aux yeux de tous, c’était pour que la famille puisse survivre avec un semblant de paix à l’âme d’avoir pu garder l’un des leur sous leur toit. « Ca fait de moi le fautif de cette histoire. Désolé » Secouant rapidement la tête, les larmes coulant désormais de façon libre sur ses joues, Ezra refusait d’entendre de telles paroles. « C’est pas ta faute, Tom. C’est la mienne depuis le début. » Et il le pensait fort, il le pensait depuis le début mais n’eut pas le temps d’ajouter la moindre parole que le décompte du décollage se fit entendre. Il vint s’accrocher au siège et fermer les yeux.

Ils avaient déjà parcouru un bon bout de chemin lorsque le jeune homme réussit enfin à rouvrir les yeux, les larmes toujours ancrées aux coins de ces derniers. Ils ne pouvaient même pas voir s’éloigner la navette qui les avait vu grandir étant donné que la capsule ne possédait pas une seule fenêtre. C’était donc un trajet dans l’ignorance totale, avec simplement une minuscule ampoule au plafond pour les éclairer. Soupirant, Ezra tourna son regard vers son frère, déglutissant avec difficulté. « Tout est de ma faute, Tom. T’as pas à t’en vouloir. » Les mots qu’il n’avait pu prononcer avant le départ. « Si j’étais pas né, la question ne se serait jamais posée. » Les pensées qu’il gardait au fond de son esprit depuis toutes ces années. Il était né et il avait mis en péril toute sa famille. Il était né et depuis tout était menacé, tout pouvait partir en vrille d’un moment ou un autre. Ce n’était, à ses yeux, pour lui, que le revers de la médaille.

Spoiler:

Même si le fait que nous sommes tous les deux désolés d'avoir entraîné l'autre dans cette situation ne change en rien ce que nous allons vivre, l'entendre par la bouche d'Ezra à quelque chose de particulièrement apaisant. Savoir aussi qu'il ne m'en veut pas et que, par conséquent, je ne suis pas le seul fautif dans l'histoire a quelque chose de sincèrement rassurant. Lorsque je tourne mon regard vers mon frère et que j’aperçois son visage noyé de larmes, ma première réaction aurait été de le prendre dans mes bras comme je l'ai souvent fait lorsqu'il doutait de lui et de sa légitimité d'être en vie, mais je ne parviens pas à esquisser le moindre geste Mon cœur, pourtant, se sert douloureusement lorsqu'il reprend la parole disant que le seul fautif ici c'est lui et ce depuis le début.  «Non, non. Tu ... »

Je ne peux en dire d'avantage qu'une grosse secousse n'ébranle la navette avant qu'un grincement métallique ne nous fasse comprendre que nous seront lâcher dans seulement quelques secondes. Je ferme les yeux, recule la tête contre le dossier et m'accroche au siège, alors que je nous sens partir en chute libre dans l'inconnue totale. Je ne sais pas combien de temps de tombons, sans doute quelques minutes déjà, lorsque j'entends à nouveau la voix d'Ezra retentir à mes côtés.  «Non » dis-je fermement  « Arrête de dire ça» soufflais-je  «C'est pas de ta ... » je soupire, puis appuie sur le bouton pour me détacher. Ainsi je ne suis plus entravé par les liens et je parviens enfin à passer un bras autour des épaules de mon frère  «Si on devait rejeter la faute sur quelqu'un ce serait papa et maman. Ils savaient très bien les risques qu'ils encouraient en ne faisant pas attention et en ne portant pas la protection adéquate » je pose mes mains sur le visage d'Ezra pour l'obliger à se tourner vers moi  « Quoiqu'il arrive, quoi qu'il se passe maintenant, on est là, ensemble. Peu importe la suite, ce sera toi et moi jusqu'au bout, ok ?» peut-être parviendra-t-on à survivre ? Peut-être accosterons nous sur une planète qui est loin d'être aussi hostile qu'on ne cesse de nous le répéter ?

 « Tu devrais rester attacher» me sort une voix masculine et nonchalante de mes pensées. Relâchant Ezra, je me tourne vers celui qui, au final, n'est pas si inconnu que ça car il s'agit d'un ancien élève à moi. Jack a tout juste 18 ans et c'est déjà un sale gosse qui est entrée en prison après avoir tabasser un inconnu car il avait prit la dernière pomme lors d'un déjeuné.  «on sait jamais ce qui... » il est coupé dans ses paroles par les lumières qui s'éteignent brusquement, plongeant la capsule dans le noir total avant que les lumières rouges de secours ne donnent une ambiance lugubre  «Enfin, tu fais ce que tu veux hein » qu'il reprend en haussant les épaules alors qu'une violente secousse ébranle la capsule qui, j'ai l'impression prend subitement de la vitesse. Je regarde autour de moi, sentant la frustration de ne pas savoir où nous allons grandir d'avantage encore en moi.

La descente avait été amorcée, et leur conversation avait été coupée pendant le début de celle ci. La pression exercée avait été trop importante et les secousses trop nombreuses pour pouvoir discuter réellement. Alors, Ezra n’avait pas perdu de temps lorsque ces dernières s’étaient faites plus douce et que leur chute avait pris une vitesse un brin davantage de croisière. « Non. » Le ton de Thomas était sans équivoque. « Arrête de dire ça. C’est pas de ta... » Il vit relever son regard vers son grand frère. Alors que tout autour de lui semblait tomber en ruines, il avait toujours été à ses côtés et le montrait de nouveau aujourd’hui. Pour le meilleur avant, pour le pire désormais. Finalement, sans hésiter une semonce de plus, Thomas vint se détacher pour pouvoir venir prendre Ezra dans ses bras. Ce contact était plus que bienvenu de la part du jeune homme qui resserrait toujours plus ses bras autour de son ainé. « Si on devait rejeter la faute sur quelqu'un ce serait papa et maman. Ils savaient très bien les risques qu'ils encouraient en ne faisant pas attention et en ne portant pas la protection adéquate. Quoiqu’il arrive, quoi qu'il se passe maintenant, on est là, ensemble. Peu importe la suite, ce sera toi et moi jusqu'au bout, ok ? » Ses mots étaient doux et mettaient du baume au coeur. Si bien qu’il finit par réussir à esquisser un sourire, vaguement, en venant hocher la tête pour approuver les paroles de son frère. C’était suffisant pour le moment.

Et de toutes façons, les secousses se faisaient ressentir de plus belles, et les lumières finirent par s’éteindre. Ezra déglutit difficilement, alors que Thomas prenait les conseils d’un jeune à ses côtés, rattachant son harnais. S’ils avaient une chance de survie, il ne fallait pas qu’ils la loupent. Deux, peut-être trois minutes s’écoulèrent avant qu’une chaleur particulièrement étouffante se fasse ressentir à bord de la capsule. Elles étaient faites pour résister aux dégradations et à la puissance de l’entrée en atmosphère - Ezra avait pu voir de loin de nombreuses fois des capsules de cette sorte produire un tel spectacle. C’était toujours plus impressionnant lorsque vous le viviez que lorsque vous le voyiez de loin.

Une dernière grande secousse se fit ressentir, ballottant les hôtes de la navette de fortune dans tous les sens - et là étaient bénis les harnais d’attache. Le jeune Beauregard comprit qu’un système de ralentissement avait pris le relais, leur permettant de terminer leur descente toute en douceur, ou tout du moins d’une façon qui s’y apparentait. « On devrait être plus tranquilles maintenant. » Ses larmes avaient séché et sa voix se faisait un brin plus assurée. Au fond, ce n’était que du paraitre, mais ça lui faisait du bien de pouvoir prétendre avoir davantage le contrôle sur ses ressentis. « Par contre on entame la partie la plus longue du voyage. » Car s’ils étaient tombés en chute libre jusque maintenant depuis la navette spatiale mère, désormais les amortisseurs à air ne leur permettaient plus de prendre de la vitesse mais venait, au contraire, leur en soustraire. C’était ce qui leur permettait d’arriver en un seul morceau, certes, mais ça leur ferait passer de nombreuses heures sans bouger et avec le peu de luminosité dont ils disposaient désormais.

Spoiler:

Je refuse que mon petit frère se croit coupable de toute cette situation. Il n’a rien demandé en venant au monde, ce n’est pas lui qui a voulut voir le jour il y a 22 ans, il n’a pas insister pour ce faire. Les seuls coupable, en vrai, ce sont papa et maman. Ils connaissaient les risques, ils savaient pertinemment qu’en acceptant la naissance d’Ezra ils mettraient leur vie et surtout la sienne en péril. Nous avons tenu malgré tout vingt deux ans à vivre en cachette, à se faire passer pour des cousins au près des autorités. Mais ceux-ci ont fini par se douter de quelque chose. Et ce n’est que pour ça, a cause d’une vigilance amoindrie par les années sans se faire repérer, que nous sommes enfermé à bord de cette capsule qui nous propulse vers une planète inconnue. Notre but ? Survivre et prouver à la station mère qu’il existe une planète habitable.

Mais pour l’instant je n’y pense pas. Pour l’instant, tout ce qui m’importe c’est de rassurer Ezra dont les larmes n’ont cessées de couler depuis que nous avons été lâchés en chute libre et ce n’est que dans mes bras qu’il parvient à se calmer. Silencieusement, il me remercie en me gratifiant d’un sourire auquel je répond sans un mot avant qu’une secousse n’ébranle la cabine. Rapidement je me réinstalle sur mon siège et me rattache alors que la température intérieure augmente drastiquement. L’air devient suffoquant et irrespirable. Et malheureusement Ezra a raison : nous commençons la phase la plus longue de notre descente. L’horreur.

***

J’ai perdu toute notion de temps. Je ne sais pas depuis combien de temps nous tombons, je ne sais plus quand nous arriverons ou combien de temps il nous reste. J’ai réussi à m’endormir quelques minutes. Ou seconde ? Ou heure ? Je n’en sais rien. Tout ce que je sais c’est qu’une nouvelle secousse m’a réveillée et que, brusquement, les températures sont redescendue  « On ne devrait pas tarder je pense» soufflais-je à l’attention de mon frère.

Et effectivement. Quelques minutes plus tard, une alarme retentit, la même qui se fait entendre à chaque amarrage d’un vaisseau quelconque sur notre station. Il se passe encore plus ou moins une minute avant que la capsule ne s’ébranle une dernière fois avec beaucoup plus de violence lorsqu’elle se pose au sol. Aucun de nous n’ose bouger pendant encore de longues minutes  «Bon allez j’y vais ! » c’est une voix masculine qui nous sort tous de nos pensée. Je relève mon regard au moment où celui qui doit avoir plus ou moins mon âge se détache pour se lever et se diriger vers le bouton rouge qui active l’ouverture des portes.  «Quoiqu’il advienne, tu reste près de moi, ok ? » soufflais-je à mon jeune frère alors que je me détache à mon tour pour me lever, me préparant à toute éventualité.

« On ne devrait pas tarder je pense » Ezra vint opiner légèrement du chef, alors qu’un soupire quelque peu de soulagement se frayait un chemin entre ses lèvres. Contrairement à Thomas qui avait réussi à dormir quelques heures, lui n’avait pas réussi à fermer les yeux de toute la descente. Parce-qu’il savait particulièrement ce qui les attendait par la suite et que, forcément, cela l’inquiétait. Faisant partie jusqu’à la veille au soir des forces spéciales d’intervention de la station, il avait eu, au fil des années, accès à certaines informations - de celles qu’on aimait savoir à l’avance mais surtout de celles qu’on aurait préféré ignorer toute une vie. C’était de ces dernières dont il se méfiait particulièrement, et du fait de savoir qu'une fois sur deux, les capsules n’arrivaient pas à atterrir correctement et qu’elles explosaient en une parfait nuage de fumée.

La secousse suivante le fit serrer d’autant plus les mâchoires. Il n’avait qu’une hâte, d’être fixé sur le sort qui leur était réservé. Désormais hors de contrôle de la station, ils étaient livrés à eux-mêmes. Une vingtaine de personne propulsés à des kilomètres et des kilomètres de leur chez-eux, sans aucune assistance au cas où cela tourne mal. Une inspiration plus tard, et un soupire de soulagement allant de paire, et Ezra se rendit compte que c’était le sol qu’ils venaient de toucher - et que la capsule était encore en un seul morceau. Le silence à l’intérieur de cette dernière était désormais oppressant. Les occupants se regardaient tous les uns, les autres, à savoir qui aurait le courage de faire le premier mouvement. Ezra se contenta de venir détacher son harnais de sécurité, de venir respirer un bon coup, de reprendre ses esprits. La fatigue se faisait bien plus présente que prévue, également.

« Bon allez j’y vais ! » Apparemment, parmi eux, l’un des individus n’était pas doté d’une patience à toute épreuve et ne savait rester un instant en place. Secouant la tête, Ezra vint se lever à son tour - mais Thomas fut plus rapide et vint l’intercepter, le stoppant dans sa course. « Quoiqu’il advienne, tu reste près de moi, ok ? » Il vint plonger son regard dans celui de son frère, attendri par le geste et la pensée. Un petit sourire en accord vint s’étirer rapidement sur ses lèvres. « J’ai connu pire, t’en fais pas pour moi. » Même si Thomas n’était pas forcément au courant de ce fameux pire, il ne mentait en rien à son frère en lui indiquant cette variable. Cependant, son attention n’était pas nécessaire ici mais bien ailleurs, là où l’impatient se ruait sur le bouton rouge. « Attends non, touche pas à ç… » Trop tard. L’autre jeune homme vint appuyer sur le bouton rouge et la porte de la capsule s’ouvrit avec fracas, projetant les personnes aux alentours contre les parois. Ezra entendit la détonation, et le bruit de sa boite crânienne contre le métal. Ensuite, trou noir.

Spoiler:

Combien de capsules ayant été lancées ont été perdues des radars de la station ? Combien de ces capsules ont déjà explosées en plein vol ? Combien de prisonniers ont, ainsi, perdu la vie dans des conditions des plus cruelles ? Je préfère éviter d’y penser alors qu’une énième secousse vient ébranler l’objet volant avant que celui-ci ne se pose avec vacarme sur le sol. Personne ne bouge, personne n’ose relever le regard, personne ne souhaite faire le premier pas. Ainsi, de longues minutes passent, jusqu’à ce qu’un homme décide enfin de faire ce que chacun redoute : ouvrir les portes de la capsule.

Échangeant un coup d’œil avec Ezra, je me détache, lui glisse encore à l’oreille que quoiqu’il advienne nous resterons ensemble tous les deux avant que nous ne nous approchions de l’inconnu qui a déjà posé sa main sur le bouton rouge. J’entends tout juste encore Ezra qui hurle de ne pas appuyer, que déjà la porte s’ouvre dans un vacarme assourdissant et avec une force inouïe qui propulse tout le monde contre la paroi métallique de l’embarcation. C’est, le souffle coupé par la force, que je retombe mollement mollement au sol et tente de m’orienter à nouveau en essayant de retrouver la fonctionnalité première de mes poumons.

Ce n’est qu’au bout de longues secondes de suffocation que je parviens enfin à prendre une profonde inspiration alors que mon ouïe et ma vue reviennent doucement à la normale. Doucement, je me redresse, me retrouve à genou sur le sol encore chaud de la capsule et plisse les yeux en essayant de comprendre ce qui vient de se passer. Lentement, mes iris s’habituent à la brusque luminosité et je fini enfin, après ce qui me semble être une éternité, par retrouver totalement mes esprits. Et la première chose à laquelle je pense c’est  «Ezra ? ». Je me redresse d’avantage, regarde autour de moi en ignorant mon mal de crâne, et sens mon coeur qui se rate un battement lorsque mon regard se pose sur le corps inerte de mon frère.

Ni une ni deux, je me lève et en deux enjambés je le rejoins, commençant à le secouer pour le faire réagir. Ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux à faire car d’après le sang qui coule de son front, j’ai pas besoin d’avoir fait des études de médecine pour comprendre que sa tête à prit un sacré coup. Et pourtant ça fonctionne ! C’est avec un soulagement sans nom que je le vois réagir et pose rapidement une main sur son épaule pour le maintenir au sol  «On a réussi » soufflais-je avec une certaine émotion  « On a atterrie sereinement et facilement. Le plus gros est derrière nous» non. Non je n’y crois pas moi-même mais je tente ainsi de me rassurer tout seul.  « ça va ? Tu arrives à te lever ?» demandais-je finalement en me redressant et en me reculant pour lui laisser assez de place.

@Ezra Beauregard

Le bruit qui s’installait bien trop confortablement dans ses oreilles devenait de plus en plus insupportable. Il avait beau tenter de s’en défaire, de lui dire de se tirer ailleurs, rien n’y faisait - et il lui semblait qu’il s’intensifiait avec le temps qui passait. Bordel, que s’était-il passé ? Il n’arrivait pas à ouvrir les yeux, à bouger le moindre membre, à revenir à la réalité. Et pourtant, il entendait la voix de Thomas qui l’appelait dans le fond, comme un murmure lointain. « Ezra ? » Je suis là, Thomas, regarde je suis là. Tu me vois pas ? qu’il avait envie de lui dire et de lui crier, qu’il avait envie de prononcer pour attirer l’attention de son frère vers lui. Mais il n’eut pas besoin de tout ça, Ezra, car l’autre Beauregard ne mit qu’un instant pour venir le rejoindre. « On a réussi » Sa main était sur son épaule, comme pour le maintenir au sol, là où Ezra commençait tout juste à récupérer assez de force pour manifester qu’il était toujours en vie. Suite à quoi, il ne savait pas ne savait plus, mais il était en vie. « On a atterrie sereinement et facilement. Le plus gros est derrière nous. Ca va ? Tu arrives à te lever ? » Fuck, la capsule. L’explosion. Fuck, fuck. Les rêves et les songes qui l’attendaient au bord de l’inconscience avaient un gout plus doux que la réalité que Thomas lui dépeignait. Enfin, il réussit à ouvrir les yeux, les iris brulant sous l’effet de la luminosité.

« La porte… » Le jeune homme avait à peine prononcé les premiers mots qu’il dut se pencher en avant et sur le côté en même temps pour venir libérer le contenu de son estomac - de la bile, principalement, ayant été trop nerveux ces dernières quarante-huit heures pour ingérer de la vraie nourriture. « Merde, désolé. » Le stress ou le choc provoqué par l’explosion de la porte, ils connaitraient la réponse à cette question bien plus tard lorsqu’ils auraient avancé dans cette jungle qui s’offrait sous leurs yeux. « Ca va ouais, mal au crâne surtout. » Il s’était assis, prenant appui sur l’épaule de son frère. D’autres personnes qui étaient à bord de la capsule avec eux se remettaient de leurs émotions - qu’elles furent dues au trajet ou au fracas de la porte. Cette dernière avait été remplacée par un trou béant dans la paroi de leur navette de fortune, la décompression du sas n’ayant pas été respectée dans les règles. Ezra soupira, par deux fois. « Heureusement que l’air de cette planète est compatible avec nos corps. »

Parce-qu’ils avaient été envoyés ici, mais les données scientifiques n’étaient pas des meilleures concernant la planète. Il le savait, Ezra, il les avait vu de ses propres yeux. Une chance sur deux que la capsule explose à son entrée dans l’atmosphère de Sarhill, et une autre chance sur deux que l’air sur place ne soit pas compatible avec la nouvelle biologie humaine. Les données ne pourraient être vérifiées qu’en allant sur place - et la suite de l’histoire, pour une fois et une dernière, Ezra avait eu la malchance de la vivre de près plutôt que de loin. « Ca va toi, pas assommé ? » Son regard, après s’être perdu à travers le trou béant de la capsule, vint se reposer sur son frère. Ce dernier était plus loin lors du choc mais avait du le sentir passer également. Ils avaient atterri presque en douceur mais le début de l’aventure semblait prendre un chemin tout autre désormais.

Spoiler:

Dix secondes. C’est le temps qui est passé entre le moment où j’ai appelé le mon frère et le moment où il s’est réveillé. Dix secondes de panique et de stresse intense suivi d’un soulagement sans nom lorsqu’il a donné signe de vie. Je soupire lourdement, explique rapidement et avec des mots simples ce qui s’est passé et surtout que nous sommes en vie, avant que mon petit frère ne déverse le contenu de son estomac sur le sol de la capsule. Ignorant les exclamations de dégoûts suivi d’insulte proférées envers Ezra, je m’avance vers lui et lui caresse doucement le dos en silence, juste pour lui faire comprendre que je suis encore là. Il s’excuse ensuite en se redressant et je secoue simplement la tête pour lui dire que ce n’est rien, avant qu’il n’avoue avoir juste mal au crâne  « ça se comprend» haussais-je les épaules en allant retirer quelques mèches de cheveux du front d’Ezra pour pouvoir apercevoir la blessure  «En tout cas ça ne semble être que superficiel » que je conclus en lui tapotant l’épaule avant de porter mon attention sur l’extérieur où les gens commencent déjà à affluer  « ça m’a tout l’air, oui» confirmais-je ses paroles avant de m’installer plus confortablement sur le sol.

 « ça va, ouais. Un peu mal à l’épaule à cause du choc, mais c’est rien» rassurais-je Ezra lorsqu’il me demande si je vais bien.  « On y va ?» avec un sourire, je désigne l’extérieur d’un coup de tête puis me redresse et aide mon frère a se mettre sur pieds. Restant près de lui au cas où son équilibre lui ferait peut-être défaut, je m’avance vers le trou béant et sort enfin à l’air libre.

Mes chaussures s’enfonce dans ce que j’imagine être de la terre que j’examine pendant quelques secondes avant de lever les yeux et regarder autour de moi.  «je ...ce ...c’est moi ou cette planète ressemble fortement à ce qu’on connaît de la terre ? » soufflais-je doucement. Ezra et moi sommes au moins la 10e génération de Beauregard a être nés dans l’espace. Ce que nous savons de la terre qui fut, jadis, la maison de nos ancêtres, nous l’avons apprit en cours et nous l’avons vu dans les archives de la bibliothèque.  «Les arbres, les feuilles, les plantes ... » je regarde autour de moi puis fronce les sourcils  «On nous a quand même pas envoyé sur la terre, non ? » ça ne serait pas à exclure, en vrai. Ou alors Sarhill est une jumelle de cette planète hostile qui a un jour abrité des humains de notre genre.

@Ezra Beauregard

« Ca se comprend. En tout cas ça ne semble être que superficiel » Thomas était venu vérifier la plaie qui avait élu domicile désormais sur le front de son jeune frère, et ces quelques mots vinrent rassurer ce dernier. Le choc avait été violent et avait laissé des traces plus ou moins visibles - Ezra savait qu’il n’était pas prêt de retoucher un bouton rouge de si tôt si vite -, mais au moins celle qu’il avait sur le front serait partie presque aussi vite qu’elle était arrivée. « Ca va, ouais. Un peu mal à l’épaule à cause du choc, mais c’est rien. » Il vint étirer un petit sourire rassuré. « Tant mieux. » Il en voulait pas que son frère se fasse des misères de n’importe quelles sortes. « On y va ? » Il vint hocher la tête, se rappela que ce n’était pas une bonne idée, eut un grognement avant d’attraper la main de son frère pour s’aider à se relever. Cette dernière lui fut bien utile car ses premiers pas ne furent en rien assurés et il lui fallut un instant et un autre pour se tenir bien droit et stable. « On y va. »

Alors, avec crainte certes mais avec certitude, ils sortirent de la capsule. Si la luminosité les avait aveuglé un brin à l’intérieur, ce n’était rien en sortant et en étant directement exposé à l’astre qui vint leur bruler les rétines. Les deux Beauregard n’avaient jamais, jamais, connu cette lumière directe. Ils étaient nés et avaient vécu toute leur existence jusque maintenant à bord du spatioport et ne connaissait rien d’autre que ce dernier en terme de conditions de vie quotidienne. « Je ...ce ...c’est moi ou cette planète ressemble fortement à ce qu’on connaît de la terre ? » Fronçant les sourcils, le regard d’Ezra alla de Thomas à la terre qu’ils foulaient tous les deux, au décor environnant. « Les arbres, les feuilles, les plantes… On nous a quand même pas envoyé sur la terre, non ? » Il n’avait pas tord, Thomas, vraiment. Tout ce qu’ils avaient à portée de regard désormais ressemblait fortement à ce qu’ils avaient pu lire dans les livres, voir en vidéo, entendre de leurs proches.

« Ce n’est… » Pourtant, il en avait entendu parler. Ou plutôt il avait réussi, ces derniers mois, à surprendre plusieurs conversations qui ne le concernaient en rien et pourtant maintenant tellement en tout. Ils en avaient parlé, d’y retourner. De retrouver la terre de leurs ancêtres et de s’y installer de nouveau. Mais le projet avait l’air fou et complètement hors de portée - pas avant au moins plusieurs dizaines d’années, si ce n’était plus. « Ils ont osé, Tom. » Il vint se rapprocher au maximum de son frère afin que lui et lui seul entende les prochains mots qu’il était sur le point de prononcer. « Sarhill n’est qu’une couverture et tu as raison: c’est la Terre, Tom. » Et ils étaient encore moins sur de pouvoir faire long feu avec ce nouvel élément à prendre en comptes. « Je pensais juste pas qu’ils oseraient envoyer des gens de si tôt. » Son regard se porta au delà de leurs épaules, en direction de la capsule. « Et notre seul abri sur est réduit en miettes à cause de l’autre abruti. » Parce-que la Terre avait repris ses droits depuis bien des siècles, ici. Rien n’était fait pour qu’ils puissent y survivre, si ce n’était la chance ou le hasard.

Spoiler:

La lumière est vive et c'est avec violence qu'elle attaque nos rétines alors qu'Ezra et moi descendons de la capsule. Nous n'avons jamais été mit face à cette lumière direct, la seule luminosité venant des néons qui se trouvaient partout sur le spatioport. Celui-ci était, certes, doté d'un système automatique nuit et jour et les néons étaient très puissant, mais pas au point de pouvoir nous préparer à ce qui nous attend ici. Chacun est aveuglé, beaucoup sont désorientés, mais mes yeux finissent par s'habituer de manière à ce que je puisse reconnaître ce qui nous entoure.

Et ça me fait froid dans le dos. Là haut, dans l'espace, à l'abris de tout cela, j'étais passionné par tout ce que je pouvais apprendre sur la Terre, la planète qui fut jadis le berceau de l'humanité. Mais toutes les encyclopédie, tous les articles et tous les journaux scientifiques que j'ai pu lire pendant la jeunesse et mon adolescence et même encore maintenant pendant mes études, tous affirmaient que la terre était toxique, inhabitable et hostile. Alors pourquoi nous avoir envoyé ici ? Ezra, d'ailleurs, dans un murmure, confirme mes craintes : Sarhill n'était qu'une ruse, une couverture.  « mais alors, ils...» C'est tout ce que je parviens à dire avant que la panique ne me prenne aux tripes.

J'entends les paroles de mon frère, mais je ne comprends plus leur sens. Ma vision se brouille, ma respiration s'accélère subitement. Je tente de lutter contre cette crise d'angoisse, mais rien n'y fait. Tout se bouscule dans ma tête, tout ce que je ressens depuis la naissance d'Ezra jusqu'à ce jour fatidique où ils nous ont découvert, toutes émotions que je cache et sont enfouies en moi depuis de nombreuse années, viennent se mêler à cet horrible sentiment de trahison. Et plus je tente de reprendre le contrôle sur ma respiration, plus j'ai l'impression de suffoquer et plus je suis persuadé que je vais mourir, que nous allons tous mourir. A moins que ce soit l'air qui, au final, est irrespirable ? Peut-être que les effets de la toxicité ne viennent que plus tard ? Penché en avant, espérant ainsi pouvoir respirer plus librement, mon regard se relève et se pose sur les autres qui, bizarrement, ne semble pas en souffrance, eux. Pourquoi ? Pourquoi ais-je la douloureuse impression que tout cela n'affecte que moi ? Que je suis le seul et unique à me sentir mal ? L'instant d'après, mes jambes se dérobent sous moi et je rattrape la chute comme je peux. Mes mains s'enfonçant dans la terre humide, je tente de focaliser mon esprit sur autre chose que le sentiment que nous n'allons pas nous en sortir.

Toutes les preuves étaient là, sous leur yeux, et ils ne pouvaient plus en douter un seul instant. Ils avaient bien été exilés sur Terre, cette même planète que l’espèce humaine avait du abandonner des siècles plus tôt pour échapper à son atmosphère devenue hostile à l’homme. Les autorisés avaient osé les envoyer là bas et se servir de leurs propres hommes comme cobaye. Il ne voulait pas le croire et pourtant, il n’avait désormais plus le choix. « Mais alors, ils… » Reportant son regard de la capsule à son frère, Ezra vint hocher légèrement la tête. Ses sourcils étaient froncés et ses méninges en action. Tout était différent, désormais, les données étaient changées. S’il avait su qu’ils se rendaient sur Terre, il aurait préparé le peu de bagages qu’il avait avec lui différemment. Déjà, premier élément important à savoir et dont il se rendait compte que maintenant, c’était que l’atmosphère était de nouveau respirable ici. Sinon, ils seraient tous morts asphyxiés instantanément et ça n’aurait pas été beau à avoir. Ca leur donnait quelques instants de répit pour se parer aux autres éléments moins amusants qui les attendaient dans les alentours et…

« Tom, ça va ? » Les yeux d’Ezra vinrent vriller sur son frère alors que se dernier se penchait en avant, utilisant ses genoux pour se tenir à peu près debout. La théorie qu’il venait d’élaborer dans sa tête était-elle fausse ? L’atmosphère terrestre n’était-elle pas aussi accueillante qu’elle le promettait au premier abord ? « Il t'arrive quoi, Thomas ? » Mais son frère n’eut le temps de prononcer le moindre mot qu’il vint chuter, se rattrapant du plat des mains sur le sol. « TOM ! » De suite, Ezra vint s’accroupir aux côtés de son frère, venant regarder son visage, inspecter sa tête. Peut-être avait-il pris un coup bien plus important qu’il ne le prétendait lors de l’explosion de la porte ? Tout ce qu’il arrivait à avoir comme information, c’était que l’air semblait lui manquer, il avait du mal à respirer. « Parle moi, dis moi quelque-chose, je peux faire quoi ? » Il s’inquiétait pour son frère mais sa voix restait calme et sereine. La panique n’était pas la bienvenue dans ce genre de situation.

« Qu’est-ce qu’il lui arrive ? » Une jeune femme, dont le visage semblait inconnu au Beauregard, vint les rejoindre et s’accroupit également auprès de Thomas. « Aucune idée, il allait bien et il a… perdu son souffle ? » Ezra vint hausser les épaules, reportant un regard inquiet sur son frère. Il ne comprenait pas réellement la situation et n’avait que peu - voire aucune - information à donner à la jeune femme. « Est-ce qu’il est l’asthmatique ? » « Pardon ? » « Est-ce qu’il fait de l’asthme ? Ca pourrait être une réaction de la sorte, ou peut-être même une crise d’angoisse… Il n’est pas le premier à se comporter comme ça depuis que nous avons atterri. Y’a seulement trente minutes. » Le ton employé par la demoiselle était à la fois serein et sidéré par la situation, apparemment. « pas d’asthme, non, je crois pas… » En réalité, il n’en savait rien. Ce n’était pas usuellement leur sujet de conversation principal, les problèmes de santé. Lorsqu’ils étaient ensemble, Thomas et lui, ils tentaient de se changer les idées et de parler de choses moins lourdes à porter. « Vous êtes médecin ? » Elle vint hocher la tête, alors qu’elle aidait Thomas à s’asseoir. « J’étais médecin, oui. »

Spoiler:

Là, au sol, mes mains et mes genoux reposant sur la terre humide, mes yeux sont fermés et ma bouche ouverte, haletant et essayant de retrouver le contrôle sur mes poumons. Au bout de quelques minutes, j'entends une voix féminine qui vient se mêler à celle de mon frère et je tente, du coup, de me concentrer sur ce qui se dit. Mais, de toute leur discussion, je ne comprend que les  mots « asthme » et « docteur », avant qu'on ne m'oblige à me redresser pour que je m’assois au sol. Et finalement, ainsi installé, je parviens enfin à respirer plus librement, ma cage thoracique n'étant plus comprimée.

Après quelques profondes inspiration, je sens comment la crise me quitte enfin et lentement mais sûrement ma respiration revient à la normale. Une minute passe en plus avant que ma vue redevienne claire et que je reprenne conscience de mon entourage  «pas asthmatique non » parvenais-je enfin à confirmer  « Juste un peu trop stressé de nature» et je laisse échapper un rire pour tenter de dédramatiser la situation tandis que je pose un regard reconnaissant à Ezra et que j'hoche la tête [color=darkblue] « ça va aller»[color] assurais-je après une dernière profonde inspiration  «Merci » je gratifie la médecin d'un sourire aimable  «Parfait alors » répond-t-elle en se redressant  « Moi c'est Mia, si jamais vous avez besoin de quoique ce soit n'hésitez pas» j'hoche doucement la tête et allait me présenter à mon tour mais la jeune femme s'est déjà levé pour aller faire le tour des autres passagers.

Déglutissant et me passant une main sur le visage, je reporte mon attention sur Ezra  « Je crois que tout ça c'était un peu trop pour moi, mais ça va mieux maintenant» et je dis ça autant pour le rassurer lui que moi-même. Inspirant ensuite à nouveau à plein poumon, je ramène mes jambes vers moi et prend appuie sur le sol pour me redresser et me relever. Je tangue un peu mais mes jambes me tiennent et c'est tout ce que je leur demande  «bon ... » je regarde autour de moi  « Et maintenant ?» demandais-je, sincèrement désireux de savoir si quelqu'un parmi nous a un plan.  « Je pense que la première chose à faire c'est de trouver de l'eau potable et de construire un abris et ...» je pince les lèvres en secouant doucement la tête  « ...Survivre quoi » concluais-je en haussant simplement les épaules.

@Ezra Beauregard

Heureusement qu’elle était arrivée à temps, et qu’elle avait en réserve les réflexes nécessaires car Ezra ne savait comment agir présentement. Il n’était pas médecin, et les seuls gestes de secours qu’il connaissait s’appliquaient en cas d’arrêt cardiaque - et là encore, régulièrement lors de leurs missions, il avait laissé des hommes de côté en prétextant ne pas pouvoir les sauver plutôt qu’ils ne deviennent un poids pour cette société déjà bien fragile.  « Parfait alors. Moi c'est Mia, si jamais vous avez besoin de quoique ce soit n'hésitez pas. » Il vint hocher la tête d’un air rassuré désormais. « Merci, Mia. » Et elle vint se dérober à leur champ de vision, allant prêter main forte à d’autres passagers.

« Je crois que tout ça c'était un peu trop pour moi, mais ça va mieux maintenant. » Il vint tirer une petite moue compatissante, Ezra. Il comprenait que ce genre de nouvelle qui vous tombe dessus ne soit pas des plus simples à assimiler. Au moins, il s’agissait juste d’une crise de panique et non d’un réel soucis d’atmosphère. « Bon... et maintenant ? » Il avait réussi à venir se relever, et reportait son attention tant sur son frère que sur les paysages alentours. « Je pense que la première chose à faire c'est de trouver de l'eau potable et de construire un abris et... Survivre quoi. » « Et trouver nos ennemis. »

Il parlait tout bas, Ezra, pour que personne d’autre ne puisse entendre ce qu’il disait - il ne faisait presque que ce depuis qu’ils avaient atterri -, mais il avait appris par la force des choses et de son métier qu’il fallait se méfier des apparences lorsque la survie était en jeu. « Restons sur nos gardes pour ce soir, en attendant de comprendre qui sont nos ennemis et qui ne le sont pas. Mais tu as raison, il nous faut surtout de l’eau potable. » Il vint hocher la tête, soupirant quelque peu. « Allons explorer les environs un peu, maintenant que tu sembles aller mieux. » Il connaissait trop peu malheureusement le système d’alternance entre le jour et la nuit, si bien qu’il ne savait pas à ce moment là que la nuit s’apprêtait à tomber et à les laisser dans la pénombre pendant plusieurs heures d’affilé. Sur le spatioport, les lumières étaient alimentées vingt quatre heures sur vingt quatre, la Lune n’existant pas pour leur donner au moins une faible lueur.

Citation :

win: ils arrivent à trouver de l’eau potable pas trop loin du point d’atterrissage de la capsule, et à rentrer auprès de cette dernière avant que la nuit soit installée.
so close: ils arrivent à trouver de l’eau potable mais ils ont du s’éloigner un peu plus de la capsule pour ça, et doivent rentrer dans la nuit noire jusqu’au point de ralliement.
fail: ils ne trouvent pas de point d’eau potable avant que la nuit tombe, et cette dernière est trop noire pour qu’ils puissent rentrer de suite au campement.

Spoiler: