| back to the roots (siloë) |
| | (#)Dim 2 Aoû 2020 - 23:48 | |
| Fût un temps, c’était notre cachette à Siloë et moi. Quand on était gamines, on venait à Kangaroo point pour fuir des tas de trucs, pour s'inventer un monde et un autre, un mieux que celui qui ne nous convenait pas en l'instant. Pour venir ici toutes les raisons étaient bonnes – ou moins bonnes, selon les gens à qui on cachait notre disparition momentanée.
Parfois, on ne disait aucun mot ni l’une ni l’autre. On ne parlait pas, on était juste là, ensemble.
Elle dans sa tête, moi dans la mienne. Mon carnet jamais bien loin que je gribouillais de mes couleurs préférées, de celles qu'elle aimait elle aussi. C’est ici que je lui ai montré pour la première fois mes croquis, c’est ici où je lui ai dit que j’étais terrifiée à l’idée d’appliquer pour entrer à l’Académie, même Académie où j’étais également terrorisée d’être refusée une semaine après avoir enfin envoyé mon formulaire d'inscription. C’est ici où je lui ai dit que j’étais tombée amoureuse pour vrai de vrai, où elle s’était doucement moquée, ma timidité légendaire ayant suggéré que je serais restée dans mes rêves et dans mes idéaux bien plus longtemps que cela. C’est ici où je lui ait dit qu’Ezra et moi on s’était dit qu’on s’aimait pour la première fois – c’est ici aussi où je lui ai fait mes adieux, Brisbane devenant Londres quelques jours après.
Et pourtant, malgré le bagage chargé en souvenirs de l’endroit, j’ai le cœur léger lorsque j’arrive, lorsque je laisse mon vélo à l’espace prévu à cet effet, lorsque mes pas me guident le plus naturellement du monde vers la silhouette de Siloë que je repère déjà un peu plus loin. Dans la main gauche, j’ai un sac de carton comportant tous nos essentiels préférés à boire et à manger, et de la main droite, je me reprends à de nombreuses reprises pour ne pas me retrouver tête la première en bas de la montagne. Notre petit espace sous les arbres est libre, la ville est illuminée tout devant à l'horizon. Le bruit des voitures qu'on entend vivre et sillonner les rues tout en bas a toujours eu ce côté rassurant pour moi.
« C'est une honte mais je dois me rendre à l'évidence que c'est de moins en moins facile de monter en courant jusqu'ici. » et j’éclate de rire quand elle me voit enfin arriver, la vieillerie que je personnifie à bout de souffle d'être arrivée tout en haut à la course sans abandonner, gamine de toujours.
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| | | | (#)Mar 4 Aoû 2020 - 4:54 | |
| Il y avait de ces endroits qu’on adorait, ces endroits qui ont une certaine particularité pour nous. Il y a de ces endroits qui nous font du bien, le genre un peu secret et privilégié. C’est un peu son lieu secret avec Ginny ici. Celui où elles sont venues de nombreuses fois et où elles ont partagé des tas de choses. Elle apprécie ce calme et surtout de pouvoir en profiter sans qu’on ne vienne les déranger. Ici, elles peuvent se parler de tout et de rien, de leurs tracas de la vie. Parfois elles ne parlent pas forcément, pas besoin. Elles se contentent de profiter de la vue et Siloë l’admire en train de dessiner. Elle sait qu’elle n’a pas son talent de son côté. Elle ne sait même si elle a un talent elle, hormis la pâtisserie. Ceci dit, elle ne se dit pas que c’est un talent puisque c’est devenu son métier. Elle n’égalera jamais certains chefs et peut être même qu’elle n’aura jamais sa pâtisserie. Elle voudrait pourtant et elle tente de mettre un peu d’argent de côté mais, à moins de gagner au loto ou autre, elle ne voit pas trop comment faire. Son frère a davantage besoin d’argent qu’elle.
Elle a rendez-vous aujourd’hui avec son amie comme d’habitude. Elle emporte son sac avec quelques affaires dont elle pourrait avoir besoin et puis elle se rends sur les lieux. Elle emporte son vélo qu’elle dépose près d’un arbre. Elle pose ses affaires et attends son amie qu’elle finit par voir arriver. Elle se met à rire à ses mots, même si elle comprend ce qu’elle veut dire. « Ne m’en parle pas, je n’ai pas hâte d’arriver à cet âge. » Elle sait pourtant qu’elle ne peut pas contrôler les mois ni les années. « Mais je ne changerai cet endroit pour rien au monde. » Elle lui lance avec un sourire. Probablement un peu trop attachée à certaines choses Siloë. « Comment tu vas sinon ? » Elle finit par lui demander même si cela ne fait pas si longtemps qu’elles se sont parlées et même vues.
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| | | | (#)Lun 10 Aoû 2020 - 16:40 | |
| Siloë est déjà là, bien que je n'en aurais jamais douté. C'était une habitude comme une valeur sûre, c'était rhétorique comme une évidence que de venir ici restait dans les petits caractères, compris de tous. Le point de vue sur la ville est magnifique, la lumière l'est toute autant, j'ai mon appareil photo argentique au cou et le visage aussi heureux qu'il me semble poisseux à cause de l'ascenscion.
« Ne m’en parle pas, je n’ai pas hâte d’arriver à cet âge. » « Ça peut aider de se dire qu'on a jamais vraiment vieilli mentalement. » j'éclate de rire, la saluant d'une révérence bien trop sérieuse pour l'être véritablement. Même si les années passent et même si la vie nous réserve encore des tas de surprises, bonnes ou mauvaises, à mettre en travers de notre chemin, reste que les moments comme aujourd'hui ont tout pour me rappeler d'où je viens. Et je suis fière, qu'elle vienne de là elle aussi. « Mais je ne changerai cet endroit pour rien au monde. » « Pareil. » un sourire de plus, un soupir de soulagement avec. C'est drôle qu'ici, tout en haut du monde, on se sente à la maison.
« Comment tu vas sinon ? » elle a un sac dont le contenu m'intrigue, je lui fais confiance pour m'en dévoiler plus à ce sujet-là au fil de l'après-midi. « Bien, mieux. » elle sait bien sûr que les semaines ont été un peu plus ardues, depuis le retour du Mexique. Que je recommence tranquillement à vivre, à sortir, à ne plus avoir peur pour le bébé maintenant que les tests ont été formels et qu'il est bel et bien en santé. « Toi? » la question remonte vers elle le plus naturellement du monde, évidemment. « Tu vas assez bien pour jouer les modèles? J'ai une nouvelle lentille et il faut absolument que je la teste, oui pardon, je suis nerd tu m'aimes comme ça avoue. » mes sourcils dansent et mon sourire n'en finit plus de grandir. Elle m'avait franchement manquée. |
| | | | (#)Mer 19 Aoû 2020 - 6:11 | |
| Siloë appréciait venir dans cet endroit et profiter avec Ginny ici. C’était leur endroit à toutes les deux et la jeune femme n’y venait avec personne d’autre. Elle appréciait beaucoup le paysage et puis c’était ici qu’elle pouvait parler librement, sans qu’il y ait d’oreilles pour écouter ce qu’elles disaient. Cependant, la jeune femme commençait à avoir du mal à monter la colline en vélo. Elle rigolait bien entendu avec Ginny. Cependant, il était vrai que la jeune femme avait peur d’arriver à l’âge de trente ans. Elle avait peur de vieillir la jeune femme. Elle avait surtout l’impression de ne pas avoir fait grand-chose dans sa vie ces quelques années. Elle soupirait, ne voulant plus y penser. « Hum.. je prends je n’ai pas vieilli dans ma tête, j’ai toujours gardé mon âme d’enfant. » Elle lui disait en rigolant. Elle essayait en tout cas car Siloë ne se prenait jamais la tête en général. Elle essayait, elle trouvait que cela ne servait à rien. Elle voulait profiter de la vie car on en avait qu’une et elle le savait très bien. Elle n’avait plus ses parents et son frère était malade. La vie ne tenait qu’à un fil.
La jeune femme s’était installée alors qu’elle demandait à son amie comment elle se portait. Elle ne l’avait pas vu depuis quelques temps même si elles échangeaient parfois mais elles n’osaient peut être pas dire certaines choses par message. Ce n’était pas pareil en tout cas. « Je suis contente pour toi. Mini toi se porte bien aussi ? » Elle ne peut pas avoir d’enfants Siloë et elle ne sait même pas si elle le souhaiterait. Elle les apprécie ces petits bouts sinon elle ne ferait pas de babysitting. Ce n’était pas parce qu’elle ne pouvait pas en avoir qu’elle ne pouvait pas être heureuse pour les autres, au contraire. « Je vais bien. » Elle lui disait avec un sourire. Elle ne se plaignait jamais, elle n’aimait pas cela et elle savait qu’il y avait pire que sa situation dans la vie. Elle était en vie, elle avait ses colocataires, son frère et ses amis. Tout ne pouvait qu’aller bien. « Moi ? Tu voulais casser ta lentille déjà ? » Elle la taquine et elle sait que Ginny apprécie la prendre en photo. Du côté de Siloë en revanche, elle n’était pas des plus à l’aise même si elle pouvait faire un effort. « Je ne pense pas être le meilleur modèle mais.. je suppose que je ne peux rien te refuser ? » Elle lui dit en rigolant et en se levant de là où elle s’était installée. « Madame a-t-elle des exigences ? » Elle lui demande alors.
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| | | | (#)Dim 23 Aoû 2020 - 12:01 | |
| « Hum.. je prends je n’ai pas vieilli dans ma tête, j’ai toujours gardé mon âme d’enfant. » et c'est ça l'important. Elles ont vu la vie défiler à une vitesse folle toutes les deux, quand réaliser d'approcher les trente ans aujourd'hui leur semble encore fort probablement comme une piqûre de rappel, comme une claque du revers. Pourtant, s'il y a bien quelque chose qui ne change pas entre elles, c'est cette attitude bon enfant qu'elles ont gardée peu importe les décennies passées.
« Je suis contente pour toi. Mini toi se porte bien aussi ? » « Il est toujours une terreur vingt-quatre heures par jour, sept jour sur sept. Ça doit être bon signe. » « Je vais bien. » « Aller bien te va parfaitement au teint. »
La conversation flotte, s'accompagne de coups d'oeil complices et de sourires espiègles. Noah n'a pas toujours été la boule d'énergie que Siloë connaît aujourd'hui. Lorsqu'il était malade et alité, c'était bel et bien un gamin amorphe avec une force de caractère incroyable mais un corps qui ne suivait pas ses envies qu'elle a bien pu voir. Trop de fois pour que Ginny ne l'assume vraiment. Pourtant depuis deux ans maintenant et des poussières qu'il est en rémission ; et tout porte à croire qu'il va bien, lui aussi. Tout va bien, finalement.
La lumière est belle, la ville à leurs pieds l'est aussi, son amie l'est encore plus « Moi ? Tu voulais casser ta lentille déjà ? » elle éclate de rire Ginny, attrapant son argentique pour le préparer, les réglages comme les bobines de films qu'elle s'assure de mettre en place en n'écoutant que d'une oreille distraite les commentaires de son amie. Elle est authentique, elle est vraie, elle est bien plus jolie que des dizaines de mannequins sans même faire le moindre effort. « Je ne pense pas être le meilleur modèle mais.. je suppose que je ne peux rien te refuser ? » « Bonne attitude. » qu'elle scande, le visage illuminé à la seconde où Siloë lui fait l'honneur d'accepter. « Madame a-t-elle des exigences ? »
Elle lui pointe un endroit, se décale là où le soleil est le plus flatteur. Elle calcule et elle est perfectionniste Ginny, on s'en étonnerait rien qu'à voir à quel point ses vêtements sont toujours tachés de peinture et ses cheveux sont toujours emmêlés. À quel point elle prend ce genre de choses au sérieux surprends en tout temps. Ce n'est que lorsqu'elle redresse la tête vers son amie qu'elle lui donne sa seule et unique exigence, de la voix la plus douce qu'elle a en banque. « Sourire. Fais juste sourire, le reste viendra tout seul. » l'instant d'après, le premier clic se fait déjà entendre. |
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