La nuit tombe paisiblement sur la ville et les quelques nuages se sont écartés pour orner le rouge puissant du soleil couchant. Elle croise sur les quais des visages familiers, mais ils ne lui sont familiers qu’à une distance superficielle. Elle a en elle une hâte intense d’en terminer avant même d’avoir commencé la soirée, qui augmente au fur et à mesure qu’elle s’approche du yacht. Par chance, l’étage intérieur est quasiment vide, et c’est sans doute l’heure tardive qui a poussé les invités vers le pont extérieur. Elle aurait dû être accompagnée. Mais elle apprécie la solitude autant que le sentiment d’exubérance lorsqu’elle est entourée. Elle espère secrètement qu’à force de récupérer un peu de leur affection, elle finira par ressentir un sentiment de plénitude où elle se trouverait complète, et découvrirait enfin le sens de cette charade. L’admiration de certains et l’antipathie des autres la brûlent et prennent parfois des proportions invraisemblables. On l’accueille sur le bateau avec un naturel et une sorte d’hystérie habituelle et cette fois ce sentiment est le bienvenue. Ella est dotée d'une joie étonnante à l'idée de passer le début de soirée avec des gens qui l’apprécient et leur présence est rassurante, tout comme le sont les verres disposés sur le bar. Ses pensées ne se détachent cependant pas de la raison évidente à sa présence, et de son éventuelle déception si elle venait à se rendre compte qu’elle ne ferait que sombrer davantage sa côte de popularité.

Alors que la soirée bat son plein, Ella se retrouve postée depuis un bon quart d’heure devant le bar à débattre sur ses préférences en matière de vin quand elle entend quelqu’un s’approcher d’elle. Sans même daigner relever le visage, elle ne trouve qu’à dire : « J’hésite entre rouge et blanc. » Elle se tourne alors vers la présence à ses côtés et c’est un peu un choc. Elle s’était sans doute attendue à un producteur louche, un serveur anxieux, une aristocrate d’un certain âge, mais pas à ça, pas à un tel visage, et elle déglutit un peu, parce qu’elle est un peu subjuguée et qu’elle ne doit surtout pas le montrer. Pas en public. Pas alors que son audience est en pleine polémique sur un sujet qui ne concerne pourtant qu’elle : son orientation. Elle retourne son attention vers les verres avant de l’observer de nouveau, en biais, furtivement, et très certainement pas aussi discrètement qu’elle ne l’aurait souhaité. Elle remet une mèche de ses cheveux derrière son oreille, gênée, et balaye furtivement les alentours du regard, ressentant au poids de ses paupières les effets du champagne. Elle ne sait pas exactement pourquoi, mais elle sait qu’elle doit continuer à lui parler, et cela lui administre une certaine fascination dont Ella - elle en est persuadée - n’est pas la seule victime. Soudain, elle se sent un peu ridicule, en trop, trop grande, trop habillée, dans sa longue robe noire, trop hasardeuse dans ses paroles. Ella se tient de manière inhabituelle, joue avec le pied de son verre. Elle s'était vêtue élégamment, sans doute trop galamment, même pour une personne de son influence. A cette distance, et malgré l’obscurité, elle pense discerner des traits qu’elle reconnaît sur la jeune femme. Sans doute qu’elle aussi a son influence sur ce monde. A ce moment précis, elle ne peut définir la cause de son entrain soudain, mais le simple fait de se sentir si affectée par sa présence réconforte son humeur de plusieurs manières et elle prend la décision de se tourner complètement vers elle. Il émane d'elle une aura impénétrable et inaccessible, ce qui la rend d'autant plus irrésistible. Sans la moindre hésitation, elle s’autorise à se rapprocher légèrement d’elle, l’observant cette fois délicatement. Elle lui tend un petit four : « Je crois que c’est le dernier. » Elle ressent comme la nécessité de lui donner son nom tant elle l’annonce rarement. « J’ai l’impression de t’avoir déjà vue quelque part. » poursuit-elle en plissant les paupières, comme s’il lui permettait de mieux restituer son visage. Elle déploie immédiatement un sourire rieur pour éviter les malentendus gênants. « Pardon, je suis Ella. »

@Jessian Reed

Le yacht est là, imposant, bien garé dans le port de Brisbane. Un vigile contrôle les personnes qui ont accès au ponton et tu prends quelques instants pour profiter de la vue, au milieu des touristes et habitants qui regardent la scène curieusement ou sans lui prêter grande attention. Cela fait un moment que tu n’as pas mis les pieds sur un yacht pour une soirée. En même temps, cela fait longtemps que tu évites toutes les soirées non caritatives. Pas parce que tu les trouves peu intéressantes mais parce que tu n’as pas le temps. Avec Morgane dans ta vie, elle devait passer en premier et tu étais bien assez absente le soir avec les soirées caritatives. Mais comme te l’avait souligné ton agent, tu avais besoin de renouer avec ces soirées du gratin de Brisbane. Ces soirées vaniteuses, sans autre but que de se montrer. Tu savais déjà les visages que tu allais croiser, tu savais déjà comment la soirée allait se dérouler et tu aurais préféré être avec ta fille mais ta carrière ne pouvait pas se permettre de louper ce rendez-vous. Tu avais refusé de t’alarmer dans un premier temps mais tu voyais l’inquiétude se peindre petit à petit dans le regard de ton agent et tu n’étais pas prête à être mise de côté, pas tant que tu n’auras pas tout tenté pour rester dans la danse. Et si cela veut dire assister à une de ces soirées, il y avait pire comme punition. Finalement, tu sortis l’invitation de ta petite sacoche pour la tendre au vigile qui te laisse passer. Perchée sur tes talons, c’est étrange de marcher sur ce ponton qui bouge légèrement au rythme des vaguelettes qui rentrent dans le port. Tu ne tardes pas à arriver près du yacht et on t’aider à monter sur l’édifice. Prenant une grande inspiration, tu fais un pas en avant. C’est parti pour ce soir il semble bien.

Cela fait plusieurs heures que le yacht a quitté le port pour vous amener vers le large. Pas trop non plus mais juste assez pour que vous ayez une vue magnifique de Brisbane éclairé. Tu aimerais profiter de la vue mais ce n’est pas pour cela que tu es là. Tu sautes de conversation en conversation, mêlant nouvelles rencontres et retrouvailles avec de vieilles connaissances. Tu offres des danses à des hommes qui te demandent de les accompagner et tu sens des regards te suivre tout au long de la soirée. Tu n’y prêtes plus vraiment attention. Tu es habituée à ce que ton corps provoque de l’intérêt, du désir mais aussi de la jalousie. Ce soir, tu as enfilé une robe rouge qui épouse parfaitement tes formes. Certains diront qu’elle ne cache pas grand chose mais tu n’as rien à cacher, pas quand toutes les personnes sur ce yacht t’ont déjà vu poser en maillot de bain ou en sous-vêtements. Tu connais les règles du jeu par coeur et tu joues ta partition à la perfection. Ce n’est pas que désagréable, tu prends du plaisir à faire de nouvelles connaissance, à laisser ta carte entre des mains que tu espères prolifiques. Au milieu d’une conversation, tu remarques que ton verre est vide et tu t’excuses pour te diriger vers le bar, bien décidée à faire une petite pause, prendre un moment pour souffler. Alors que tu regardes les différentes options qui s’offrent à toi, une voix résonna à tes côtés : « J’hésite entre rouge et blanc. » Tu sursautes légèrement et te tournes vers ton interlocutrice. Tu ne l’as jamais rencontrée auparavant, ça tu en es persuadée. Du moins, pas en chair et en os. Comme la plupart des gens de cette ville, tu devais la suivre sur Instagram mais c’était la première fois que vos chemins se croisaient. Tu lui souris légèrement avant de te tourner de nouveau vers les boissons que se trouvait devant toi. « Ce sera du blanc pour moi. Je te sers ? » Lui demandas-tu en attrapant la bouteille qui était en libre service. Tu préférais cela plutôt que des gens qui vous servaient toute la soirée. Cela évitait de se faire juger sur sa consommation d’alcool. Une fois servie, tu reposais la bouteille et tournais un regard amusé vers la femme à tes côtés. Elle t’avait observée du coin de l’oeil pendant que tu te servais, c’était donc seulement partie remise que de l’observer à ton tour. Le premier constant que tu fis était qu’elle était grande. Bien plus grande que toi. Le deuxième, fut qu’elle était très belle. Cela faisait quelques mois à peine que tu t’autorisais de nouveau à regarder des femmes avec ce regard là, à les désirer avec une puissance oubliée. Détournant ton regard, tu observais de nouveau Brisbane qui se tenait devant vous quand la voix de la jeune femme retentit de nouveau : « Je crois que c’est le dernier. » Tu regardais le petit four qu’elle te tendit et tu l’attrapais amusée. Tu n’avais pas très faim mais il fallait tout de même te remplir un peu l’estomac. Et votre hôte avait bon goût, les petits fours étaient délicieux. « J’ai l’impression de t’avoir déjà vue quelque part. Pardon, je suis Ella. » C’était quelque chose que tu entendais souvent, tout le monde avait l’impression de t’avoir vu quelque part. Il t’arrivait souvent de faire croire aux gens qu’ils rêvaient mais si tu étais sur ce yacht c’était qu’il y avait une raison. Tu léchais légèrement le bout de tes doigts, presque mensuellement avant de lui répondre : « Merci d’avoir sacrifié ce petit fou, il était délicieux. » Tu pris une petite gorgée de ton verre de vin blanc par la suite avant de dire : « Enchantée Ella, moi c’est Jessian mais tout le monde m’appelle Jess. » Les gens finissaient d’ailleurs par oublier que ce n’était pas ton vrai prénom et c’était bien mieux ainsi. « Je suis mannequin, je fais des pubs pour de la lingerie et des maillots de bain, c’est sans doute la raison pour laquelle mon visage t’est familier. » Enfin, familier était un mot un peu fort peut-être. « J’ai déjà vu certaines de tes vidéos, très bon travail. » Rien ne servait de faire genre que tu ne la connaissais pas, c’était ridicule. « Tu passes une bonne soirée ? » Lui demandas-tu ensuite.


@Ella Matthews

Ne découvrant en elle aucune de ces estampilles qu'elle juge surfaite, aucun de ces raffinements exagérés et d’arrogance grâce auxquels les classes privilégiées se reconnaissent entre elles, Ella lui tend son verre en répondant à son visage amusé avec un sourire sincère, sans la quitter des yeux. Une soirée particulière s’annonce pour tout le monde : on a réussi à arracher à Ella un sourire qui ne relève pas de la gêne ou du flirt. Ses yeux sombres se fixent sur elle avec une insistance bouleversante et c’est sans doute toute ce qu’elle mérite le plus. En temps normal, et devant n’importe qui d’autre, elle aurait sans doute lancé une vague plaisanterie du même ton que : t’aimes ce que tu vois ?. Mais ce soir elle se couvrirait presque entièrement le visage si toutefois elle le pouvait. De nouveau Ella se met à jouer avec le pied de son verre, et ne s’autorise à relever les yeux que lorsque son interlocutrice admire la vue. Un commentaire est-il approprié à ce stade de leur rencontre ? Sans doute que non, alors elle s’abstient.  Qu’elle est belle, dans cette robe rouge, à tout maîtriser, à ravir les yeux des autres qui l’observent aussi sans doute ostensiblement. Accompagnée de la musique d’ambiance, elle se détache de tous les autres invités par sa simple présence, et sous les yeux ébahis d’Ella, elle se met à lécher ses doigts, un par un. Et Ella manque d’avaler de travers alors elle toussotte. Subtil. Elle se cacherait presque derrière son verre. Campée sur ses talons, trop vibrante d’intérêt pour que le relâchement vienne, et l’alcool qui monte, Ella regarde la bouteille de vin volée quelques minutes plus tôt de son socle et qui sue à grosse gouttes parce que l’air et chaud, même si c’est vraisemblablement l’impression qu’elle s’en fait. « Je t’en prie. » s’entend-t-elle murmurer.

Jess, alors. De la lingerie. Des maillots de bain. Bien sûr. C’est là qu’elle réalise qu’elle avait arrêté de respirer correctement. « Ah, oui, c’est là que je… que je t’ai vue ! Enchantée aussi. » Elle la connait ? C’est ridicule comme cette simple idée suffit à la faire retrouver un visage enfantin, jovial et cuisant d’optimisme. « Merci. Honnêtement, je pensais qu’à rentrer chez moi. En plus je connais pas grand monde ici. Je viens de Sydney… à la base. » Trop de détails, étalés trop rapidement et elle n’est pas très fière, trop au fait de l’absurdité de sa présence sur ce yacht et du ton sophistiqué qu’elle s’efforce d’employer pour l’impressionner : « Et toi ? Je veux dire, tu passes une bonne soirée ? » Jess. Ce n’est pas tant qu’Ella choisit de baisser sa garde, c’est que le vin a raison d’elle. « Tu veux qu’on aille s’asseoir ? On peut prendre la bouteille, personne ne va remarquer. » Elle observe tour à tour son visage et le bar, fait abstraction de ses jambes qui se mettent alors à vibrer avec insistance en s'attardant sur la beauté de Jess. Ella désigne une table à l’écart avec ses banquettes, et travaille sur sa voix pour la rendre la moins évidente possible, et pour ne pas paraître présomptueuse elle continue de sourire. 

Lorsqu’elle est, enfin, capable de se tenir droite, elle se dirige, et ce sans même prendre le temps d'attendre sa réponse, vers la banquette la plus proche afin d'y étirer ses jambes. Elle retirerait bien ses talons mais elle est déjà au coeur d'assez de scandales, ce n'est pas nécessaire d'en rajouter une couche avec une offense vestimentaire qui n'en est même pas une.

@Jessian Reed  

C’est agréable de faire une pause, de respirer un peu. Tu es habituée à ces soirées où le réseau est tout ce qui compte, où aucune autre expression ne doit se dessiner sur ton visage qu’un beau sourire. Ce verre, tu en as besoin pour te jeter de nouveau dans la gueule du loup. Mais à tes côtés se dessine une silhouette dont le visage t’ait familier. Habituée à fréquenter des célébrités, tu n’étais plus surprise de tomber sur des personnes que tu avais vues sur Instagram ou sur Tik Tok. La jeune femme à tes côtés qui te dévorait du regard, tu l’avais vue dans une vidéo que t’avait montrée une collègue à l’agence. Apparemment, c’était une influenceuse à la mode. Tu ne te souvenais pas du sujet de la vidéo, tu te souvenais toutefois d’avoir remarqué la beauté de la demoiselle. Et maintenant que tu l’avais à tes côtés, tu pouvais affirmer que tu ne t’étais pas trompée. Elle était encore plus belle à tes yeux maintenant que tu l’avais en face de toi. Depuis que tu t’étais brouillée avec tes parents au sujet de ta bisexualité, tu n’hésitais plus à faire savoir à une jeune femme qu’elle t’intéressait. Et vu commet la belle brune te regardait, tu ne pouvais pas te tromper. Remplissant ton verre de vin, tu lui servis également le vin blanc dont tu avais ouvert la bouteille. La soirée était magnifique sur ce yatch, quelque chose de rare vu que Brisbane traversait ses mois hivernaux. Enfin, l’hiver n’avait plus vraiment de sens désormais avec le réchauffement climatique. Et ce yatch était chauffé de toute manière par des chauffages extérieurs qui vous permettaient de pouvoir profiter de l’extérieur dans vos petites tenues. Tu n’hésitais pas à déguster le petit-four que te tendit ta nouvelle connaissance et tu ne manquais pas son regard brûlant quand tu te léchais les doigts. « Je t’en prie. » Tu sentis un petit sourire amusé se dessiner sur ton visage mais tu le cachais derrière ton verre de vin alors que tu en pris une gorgée. Parce que ton interlocutrice a l’impression de t’avoir vue quelque part, tu lui fais remarquer que c’est certainement dans une publicité et cela semble lui faire remonter quelques souvenirs. « Ah, oui, c’est là que je… que je t’ai vue ! Enchantée aussi. Merci. Honnêtement, je pensais qu’à rentrer chez moi. En plus je connais pas grand monde ici. Je viens de Sydney… à la base. » Tu lui souris en guise de réponse et lui dit de suite que toi aussi tu la connaissais. Enfin, connaître était un bien grand mot. Disons plutôt que tu avais vu une de ses vidéos. Mais ce soir, tu allais peut-être avoir la chance de connaître la femme qui se cachait derrière la caméra ? Seul l’avenir te le dira. En tout cas, tu étais bien placée pour savoir que ce qui se cachait derrière la caméra n’avait souvent pas grand-chose à voir avec l’image projetée. Ella était donc une nouvelle habitante de Brisbane … Tu espérais qu’elle allait s’y plaire. « Heureusement que je t’ai croisée avant que tu ne te décides à rentrer, cela aurait été du gâchis. » Te surpris-tu à dire avec un regard légèrement aguicheur. « Dans tous les cas, bienvenue à Brisbane ! Cela fait longtemps que tu es là ? » C’était peut-être pour cela que tu ne l’avais jamais croisée avant, parce qu’elle venait de débarquer en ville. « Et toi ? Je veux dire, tu passes une bonne soirée ? » Tu hoches la tête parce que tu avais anticipé une soirée peu agréable mais c’était tout le contraire qui était en train de se produire. « Elle est plutôt bonne je dirais, je m’attendais à bien pire. Et elle est en train de s’améliorer considérablement. » Le sous-entendu n’était pas du tout subtil mais tu ne cherchais pas à l’être de toute manière. Tu ne savais pas si Ella était habituée à ce genre de remarques ou à ce que des femmes soient aussi directes mais tu n’avais jamais été la meilleure en subtilité de toute manière. « Tu veux qu’on aille s’asseoir ? On peut prendre la bouteille, personne ne va remarquer. » Tu le sais, tu ne devrais pas hésiter. Tu devrais dire non et retourner valser au milieu de ces personnes qui un jour pourraient t’aider dans ta carrière. Mais ça, tu l’avais déjà assez fait pour ce soir alors tu avais bien le droit de faire une pause non ? Attrapant la bouteille de vin, tu dis à Ella : « Après toi. » Cette dernière s’était déjà mise en route et en quelques minutes, vous arriviez sur une banquette à l’écart de la foule, loin des regards trop curieux avec une vue magnifique sur l’étendue d’eau devant vous. T’installant aux côtés de la jeune femme, tu pris une gorgée de ton vin avant de poser le verre et la bouteille sur une table devant vous avant d’enlever tes chaussures. « C’est magnifique … » Dis-tu en regardant le large avant de ramener ton regard sur Ella pour la laisser douter en cherchant à savoir si tu parlais de l’eau qui vous entourait ou d’elle-même. « Qu’est-ce qui t’amène à Brisbane ? » Lui demandas-tu pour lancer la conversation. Ton but ce soir était d’en savoir plus sur Ella avant tout autre chose.


@Ella Matthews

Le visage de Jess, l'intégralité de son corps dans cette robe, interrompent régulièrement Ella dans sa mission pour maintenir une conversation respectable. En quelques brefs regards sur les environs - le plus loin possible de ce corps, donc - elle se demande ce que doit être la vie de Jess, si elle se sent seule, comme elle, ou si la richesse, le prestige, la notoriété la comblent suffisamment. Elle la retrouve du regard, incapable de s’en détacher réellement, l’admire plutôt et contre toute attente, Jess semble réceptive, ou du moins consciente que ses yeux s’attardent constamment sur elle et Ella s’en veut d’être aussi évidente et vulnérable. Du gâchis ? Elle écarquille largement les yeux, se fige un instant, se demande pourquoi elle a si chaud tout à coup et pourquoi son coeur lui donne l’impression d’avoir couru pas un mais deux marathons. Elle parvient à esquiver : « Ça fait deux ans. Et toi tu... Tu es née ici ? » Son bafouillage l'arrache à ses rêveries, et ce qui avait ressemblé à une phrase potentiellement innocente dans la bouche de Jess ne la lâche toujours pas et ressemble de plus en plus à du rentre-dedans évocateur à la suivante. Et Ella n’en revient pas : elle est non seulement réceptive mais sensible à sa présence et elle ne manque pas de lui le faire savoir. Contrainte de se mordre la lèvre pour révoquer un sourire un peu trop flatté et réceptive à son tour. Elle n’écoute déjà plus la suite, n’a plus envie de s’affranchir de mondanités alors qu’elle s’approche de la banquette et que la bouteille glisse dans ses mains tellement elles sont moites, parce que Jess lui adresse un regard qu’elle a cru voir plusieurs fois en l’espace de quelques secondes et elle le reconnaît immédiatement : elle joue. Et tout à coup Ella se sent accablée, parce qu’elle aussi a très envie de jouer, de mettre sa répartie en faveur du flirt, mais elle n’est pas certaine de savoir comment s’y prendre avec les inconnues et que ça n’arrive pas qu’elle se retrouve intimidée de la sorte.

Elle peut admirer la longue ligne de la mannequin, elle est extrêmement gracieuse, semble se déplacer en économisant ses mouvements et en toute confiance et c’est fascinant pour Ella. Si elle ne s’attendait pas à ce qu’elle prenne place en face d’elle, elle n’en demeure pas moins perturbée de la sentir si proche à ses côtés. Ella parvient à diviser son attention presque également avant que Jess ne reprenne. « C’est magnifique … » Oh. Tu es magnifique. Une étrange expression apparaît sur son visage. Il se décompose même franchement lorsqu’elle réalise qu’elle a failli le dire à voix haute. Elle se contente alors d’acquiescer et de boire une autre gorgée de vin face aux yeux de celle qui se présente de plus en plus comme un crush d’adolescente. Et oui, c’est sans doute magnifique, et non, Ella n’a pas daigné décrocher un regard au large de la baie de Brisbane parce qu’il est suspendu aux lèvres de Jess. Elle se redresse soudainement lorsqu’elle réalise ce qu’elle est en train de faire et se penche pour prétendre masser son mollet endolori par ses talons avant de se rappeler les mondanités, et poursuivre la conversation de manière faussement innocente, en trouvant inutile de s'étendre sur son coming-out forcé, ou sur l'intolérance de ses parents : « J’avais surtout besoin de quitter Sydney. Je ne sais pas encore si je vais rester à Brisbane, mais pour l’instant ça s’annonce plutôt bien. » Elle esquive alors un sourire entendu, rejette catégoriquement l’idée que ses joues et cou soient en feu, et tend son verre vers Jess pour lui offrir de trinquer avec elle. Dans son élan, seul le bruit des vagues se fait entendre, elle a complètement fait abstraction des autres invités, et son corps se détend plus facilement, puis dans un souffle cursif, parce qu’à cette distance un murmure suffit : « Et même très bien… » Elle déglutit lorsque l’intensité magnétique se fait intolérable et immuable où la seule solution est de céder à son attraction : « Pardon mais… je te trouve tellement belle. D’ailleurs je m’en remets pas. Tu fais souvent des soirées sur des yachts ? »

@Jessian Reed  

S’il y avait bien une chose que tu n’avais pas imaginé pour cette soirée, c’était de faire une rencontre intéressante. De rencontrer une personne qui attirerait ton attention et qui te ferait remettre à plus tard la mission de réseautage que tu avais entamé ce soir. Tu te rassurais en te disant que tu avais fait le principal, que tu aurais bien le temps de leur donner de nouveau ton attention mais ce n’était que pour te rassurer. Car sous les regards curieux et brûlants à la fois d’Ella, tu n’avais pas du tout envie de bouger. Du moins, pas de cette place que tu avais prise par hasard aux côtés de la jeune femme. Tu étais habituée à ce que ton corps soit observé, à ce qu’il attire le regard mais celui d’Ella était différent. Elle ne voyait pas ton corps comme cette chose qui allait vendre un produit, il y avait une chaleur dans son regard qui réchauffait ton cœur et te donnait envie de briser les règles. Tu connaissais déjà la plupart des gens sur ce yacht, apprendre à connaître Ella te semblait bien plus intéressant. Parce que tu n’avais jamais eu froid aux yeux et que tu préférais savoir de suite si tu avais réellement tes chances, tu flirtais de manière éhontée avec la jeune femme. Voir le rouge lui monter aux joues, la voir réaliser qu’elle te plaisait et que tu ne plaisantais pas était très valorisant. Tu n’avais jamais caché ton intérêt pour les personnes qui attiraient ton regard et tu n’allais pas commencer maintenant. Tu avais assez confiance en toi pour cela. Et passer à coté d’une femme aussi magnifique qu’Ella serait une bêtise assurée. Elle était grande quand tu étais petite, timide quand tu étais assurée. Les doigts qui tenaient ton verre de vin te démangeaient déjà de poser le bout de tes doigts sur sa peau colorée, juste pour voir comment elle réagirait. « Ça fait deux ans. Et toi tu... Tu es née ici ? » Le trouble d’Ella est perceptible et tu ne peux t’empêcher de te demander s’il est bien réel. Elle n’a pas l’air de jouer un jeu mais elle doit être habituée à recevoir ce genre d’attention non ? Dans votre métier et dans ces soirées, c’était la norme. Plongeant ton regard dans le sien, tu ne pus y lire que de la curiosité et une pointe d’embarras qui te ravit plus qu’autre chose. « Je suis née à Brisbane en effet mais je n’y ai pas toujours vécu. J’ai fait le tour du monde pendant deux ans et j’ai habité à Londres pendant trois ans avant de revenir en ville. » Tu ne précisais pas que la raison de ton retour était une petite fille âgée aujourd’hui de cinq ans. Tu ne savais pas si cela ferait fuir Ella mais tu étais à peu près certaine que le regard qu’elle posait sur toi actuellement, ce regard admiratif où une pointe de désir se dessinait par moment, disparaîtrait aussi vite qu’il était apparu.

Prenant la bouteille de vin, tu retrouvais Ella sur la banquette où elle étirait ses longues jambes. Ta taille ne t’avait jamais dérangée mais à cet instant, tu te sentais vraiment petite. Tu pris place à côté de la jeune femme, profitant d’être légèrement à l’écart de la foule, de ne plus avoir à jouer un quelconque rôle. Tu laisses ton regard te perdre sur le large parce que cela te laisse le temps de reprendre tes esprits. Mais quand ton regard se repose sur la déesse brune qui te fait face, son regard est captivé par tes lèvres et tu te retiens de sourire, la laissant te dévorer du regard sans aucune gêne. Au contraire, tu sens ton cœur s’accélérer. Ce n’est pas souvent que tu as droit à une telle attention de la part de quelqu’un d’autre que ta fille. Aussi soudainement qu’elle s’approchait, Ella s’éloigna, comme électrifiée et tu te retins de pousser un soupir de dépit. Tu ne retins plus ton sourire en coin cependant et elle répondit à ta question pour se changer les idées : « J’avais surtout besoin de quitter Sydney. Je ne sais pas encore si je vais rester à Brisbane, mais pour l’instant ça s’annonce plutôt bien. » Même si tu ignores si tu reverras Ella après cette soirée, tu es heureuse d’entendre qu’elle semble bien se sentir à Brisbane. « Et même très bien… » Tu ne manques pas l’implication de ces paroles et cela te fit sourire. Tu bois une gorgée de vin alors qu’Ella s’excuse, inutilement : « Pardon mais… je te trouve tellement belle. D’ailleurs je m’en remets pas. Tu fais souvent des soirées sur des yachts ? » Alors il n’y a pas que toi qui peux être directe ? Tu lèves un sourcil légèrement étonnée. Peut-être qu’Ella n’est pas si timide que cela finalement. Un sourire amusé se dessine sur ton visage et tu poses le verre que tu tiens à la main près de la bouteille. « Non, je n’ai pas pour habitude de souvent montrer mon minois à ce genre de soirée. » Les tiennes étaient plutôt dans ton canapé avec un film Disney ou derrière ton piano à chanter à tue-tête avec ta fille. « Mais je devrais peut-être le faire plus souvent si c’est pour y faire d’aussi belles rencontres. » Tu étais tout à fait sincère. Ella était un inattendu très appréciable dans cette soirée sans grand intérêt jusqu’ici. T’approchant de la belle brune, tu passais une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant d’approcher ta bouche de cette dernière et de murmurer : « Toi aussi tu es très belle, particulièrement quand le rouge te monte ainsi aux joues. » Tu t’éloignais un petit peu d’Ella, la laissant respirer un petit sourire taquin sur les lèvres. Tu étais belle, tu le savais mais Ella n’avait rien à t’envier à ce niveau-là, loin de là ...

@Ella Matthews

Ella n’a jamais été du genre à laisser n’importe qui la détailler de la sorte, voir à travers elle, se confectionnant plutôt une coquille ou une armure, parce qu’elle procède de manière à se protéger, et sacrifie par conséquent entièrement la partie la plus chaleureuse et intéressante d’elle-même. Alors elle est perturbée par l'approbation tacite que lui offre la mannequin, et son regard appuyé la laisse s’imaginer que, peut-être, cette fracture dans la carapace est la bienvenue. L’assurance de Jess, ce qui l’aurait très certainement fait fuir chez des hommes ou chez n’importe quelle inconnue, la fait fléchir davantage, comme si ses membres n’étaient pas déjà tous foudroyés par cette charge magnétique. Et elle se complait dans ce débordement électrique qui la saisit jusqu’à la moelle. Elle ne peut pas, cependant, se permettre d’abandonner ses quelques précautions. Alors elle avance à taton, en conservant un fil de conversation banal et flegmatique, et ce même si Jess n’est pas plus loquace qu’elle, alors que ses yeux la déshabillent presque du regard. « Je confirme, tu devrais te montrer plus souvent. » Pas si flegmatique que ça.

Elle les ferme machinalement, ses yeux, quand son visage s’approche du sien. Et Ella sent son souffle dans son oreille et tout ce qu’elle parvient à faire c’est déglutir bruyamment. Elle ne se souvient pas du moment précis où c’est arrivé mais sa main se retrouve sur sa cuisse. Elle sait qu’elle devrait sans doute la retirer maintenant qu’elle a rouvert les yeux et qu’elle peut voir dans le coin de son oeil les silhouettes au loin des autres invités qui lui rappellent qu’elles ne sont pas tout à fait seule. Mais Jess, elle est consciente de l’effet qu’elle lui fait, et elle doit le lui faire savoir pour une raison bien précise. C’est tout ce qui lui faut, pour faire davantage pression sur sa cuisse du bout de ses doigts et se mordre la lèvre inférieure. Même si elle affiche une moue de dépit quand elle sent son visage se dégager légèrement, elle continue de l’observer, avec des yeux brillants et on ne peut plus lascifs, et le sourire de Jess, Ella est tentée de l’effacer sans réserve, parce qu’elle a terriblement envie de l’embrasser et sans doute Jess s’attend-t-elle à ce qu’Ella se lance, mais ce n’est plus qu'une question de trac. C’est trop tôt : elle n’est pas certaine de pouvoir supporter le poids des regards, des messes basses autour d’elles et des gros titres, surtout après ceux qu'elle vient de subir. Peut-être qu’elle pourrait lui proposer d’aller se terrer dans une cabine... Ou bien elle pourrait pivoter son visage et se pencher, juste légèrement, prétexter avoir une poussière dans l’oeil si on leur demande, ça devrait marcher à coup sûr. Elle y croit. Assez pour le faire. Mais lorsque ses lèvres s’approchent, et même si son coeur tambourine sous cette robe, elle dévie au dernier moment et vient lui murmurer à son tour dans l’oreille « C’est parce que j’ai soudainement très, très, chaud. » A ce moment précis, Ella se sentirait prête à lui offrir tout ce qu’elle souhaite.

@Jessian Reed

T’accepter et accepter tes désirs n’avait pas toujours été une évidence pour toi. Ayant grandi dans une famille conservatrice où il ne faut pas trop montrer ce que l’on ressent, en particulier en public et où il faut absolument cacher ou renier ses désirs, tu avais eu du mal à accepter qu’extérioriser ces derniers pouvait être une bonne chose. C’était une des leçons les plus importantes que t’avait transmis Grace et depuis, tu n’avais jamais regretté de laisser parler ton corps et tes yeux. Tu n’avais pas besoin de te voir dans un miroir pour savoir que dans tes iris s’écrivait le désir qu’Ella avait fait naître en toi et qu’elle entretenait avec ses regards curieux et remplis d’étoiles. Ella devait lire en toi comme dans un livre ouvert mais tu n’en avais que faire. Si ton regard la dérangeait, si ce qu’elle y lisait lui déplaisait, elle pouvait se lever et te laisser en plan. Tu comprendrais et toi aussi tu repartirais te mêler à la foule, comme si de rien n’était. Mais ce n’était pas ce que faisait Ella. Non, au contraire, elle te rendait chaque regard insistant et suivait le moindre de tes gestes comme s’ils étaient la réponse à une question qu’elle se posait depuis des années. C’est cela qui te donnait le courage de pousser toujours un peu plus loin ce jeu de séduction que vous aviez lancé dans réellement vous en rendre compte. Cela faisait bien longtemps que tu n’avais pas été aussi directe avec une femme, en particulier dans ces soirées où les rumeurs commençaient avec le moindre petit geste, le moindre petit regard. « Je confirme, tu devrais te montrer plus souvent. » C’était ce que tu allais faire mais pas parce qu’Ella te l’avait suggéré. Plutôt parce que tu avais bien compris que ton manager tenait à ce que tu ne sois pas totalement oubliée dans ce monde où tu avais du mal à conserver ta place. Mais tu chassais cette pensée désagréable de ton esprit et la main qu’Ella vint poser sur ta cuisse te suffit à oublier tout le reste. Ce contact, même atténué par le tissu de ta robe, était une preuve de plus que tes avances, peu subtiles, n’étaient pas vaines et pourraient peut-être mener à quelque chose. Si tu t’écoutais, tu aurais déjà déposé tes lèvres sur celles d’Ella et peut-être aurais-tu laissé tes mains se balader mais alors que ton regard scrutait le sien, tu le vis se perdre quelques secondes sur la foule pas si éloignée de vous et tu compris qu’Ella, bien que répondant à toutes tes attentions, n’était sans doute pas à l’aise dans ce lieu où vous n’étiez pas vraiment cachées des regards curieux. Pourtant, sa main sur ta cuisse ne bougea pas et tu retins ton souffle quand sa bouche s’approcha de la tienne, laissant échapper un petit grognement déçu quand elle dévia au dernier moment pour te dire : « C’est parce que j’ai soudainement très, très, chaud. » Comment pouvait-elle te dire une chose pareille et espérer que tu te tiennes tranquille par la suite ? C’était quasiment impossible … Ta respiration s’accéléra légèrement et tes yeux se perdirent dans les iris d’Ella. Tu n’avais pas bougé d’un pouce, réfléchissant à ce que tu allais faire ensuite. Ella semblait s’offrir à toi mais en même temps, tu savais que ce n’était pas une bonne idée, ni pour elle, ni pour toi de trop en fait dans un lieu aussi ouvert. N’importe quel invité pouvait décider de venir s’asseoir sur une banquette près de la vôtre après tout … Tu te redresses soudainement, un sourire sur le visage avant de dire à Ella : « Je reviens. » Tu ne t’éloignes que de quelques mètres, pour aller chercher un petit bac à glaçons dans lequel plonger votre bouteille de vin blanc. Tu plonges un glaçon dans ton verre de vin avant d’en boire une gorgée puis tu poses la bouteille et le bac près d’Ella. Tu prends place à côté d’elle, tournant le dos au groupe de personnes le plus proche de manière à ce que s’ils regardent dans votre direction, ils ne voient que deux jeunes femmes en train de profiter de la vue et de discuter. Et parce qu’il n’y a rien de mieux que la vérité pour créer l’illusion, tu demandes à Ella : « Tu nous prépares quoi pour ta prochaine vidéo ? » Tu ne sais même pas de quoi parlait l’ancienne mais tu veux la distraire quelques secondes, assez longtemps pour que tes doigts qui trempent dans les glaçons se rafraîchissent. Alors qu’elle est en train de te parler de son projet de vidéo, tu profites que son regard se détourne de toi quelques secondes pour déposer le bout de tes doigts glacés dans son cou. Surprise, tu la sens se figer sous tes doigts et tu finis par lui dire : « Crois-moi, c’est un moyen très efficace de faire redescendre la chaleur. » Ce n’était qu’un pur mensonge, car tes doigts descendirent le long de son cou et firent de petits dessins sur son décolleté avant que ton autre main légèrement rafraîchie ne se pose sur sa hanche. « Ça va mieux ? » Lui demandas-tu innocemment. Et le plus excitant dans cette histoire était le fait que personne dans cette soirée ne pouvait se douter de ce qui se jouait à quelques mètres de leurs conversations sans intérêt.


@Ella Matthews

Le grognement plaintif de Jess la fait sourire. Elle ne cherche pas à simuler sa moue boudeuse lorsque Jess se relève, ni à mettre l’accent sur ce que ça implique, parce qu’elle est certaine que son corps tout entier manifeste déjà son désir pour elle. Elle la laisse s’échapper avec un soupir, et aussi ridicule que soit l’idée, elle demeure certaine qu’elle pourrait mourir sur place si elle ne revenait pas. Ella a besoin d’une seconde pour se faire à l’idée que Jess est de nouveau assise à côté d’elle. Elle fait à peine attention au bac qu’elle transporte avec elle. Leur petit jeu attise le désir qu’elle semble ressentir déjà naturellement pour elle.

Elle se demande par quel miracle Jess a-t-elle pu voir en elle de la sorte sans qu’elle n’ait eu à sortir la moindre phrase qui aurait insinué qu’elle est intéressée. Elle se dit enfin, qu’elle préfère mille fois la façon de faire de Jess à ses bafouillages et fausse conversation de tout à l’heure. Elles se toisent un moment, et l'expression sur les visages, c'est la personnification même du désir : les paupières lourdes, les pupilles dilatées, les joues rosies, la respiration de Jess qui s’accélère, celle d’Ella est déjà haletante, alors qu’elle se demande laquelle des deux se penchera la première. La mannequin n’est pas très subtile. Ella pourrait le lui faire savoir, plutôt que de se mordre la lèvre instinctivement alors que ses yeux se déplacent sur son corps. Jess est en train de la rendre dingue, avec ses yeux sombres qui la déshabillent presque centimètre par centimètre. Alors oui, elle pourrait lui dire qu’elle n’est pas très subtile, mais elle connaît déjà la réponse : elle n’essaie pas de l’être. Et cette idée seule suffit à lui faire perdre la tête. Alors Ella lui retourne son regard avec urgence.

Elle est toutefois rapidement obligée de se redresser sur la banquette pour se redonner une quelconque stabilité, puis fronce les sourcils : la vidéo ? quelle vi… ? de quoi ça va parler déjà ? « Je… Ça devrait être une vidéo en partenariat avec le Brisbane Times, et… » Un frisson la saisit intégralement, de la base de son crâne jusqu’à ses orteils et elle met du temps à réaliser que ce sont les doigts de Jess dans son cou qui lui laissent échapper un souffle, de surprise d’abord, puis vite rattrapé par l’exaltation, et elle se félicite de ne pas céder au besoin de gémir sous ce toucher. La réaction ne se fait pas attendre. Elle prend le temps de savourer ce moment quelques instants avant de reprendre d’une voix rauque : « C’est efficace… » lui assure-t-elle. Pour la chaleur cela dit, elle n’en est pas certaine. Ses doigts qui parcourent sa peau, elle a envie de se cambrer sous eux. A quel moment serait-il admissible de lui dire qu’elle a envie de l’embrasser ? De la tenir par la taille pour l’allonger sur cette banquette, sentir son corps brûlant sous ses mains, ou de la plaquer contre un mur, le plus tôt possible. Elle ne se demande plus ce qu’elle est en train de faire quand sa main retrouve sa place sur sa jambe et qu'elle joue distraitement avec le tissu, puis le bout de ses doigts qui cherchent à remonter sa robe en appliquant une certaine pression vers le haut de sa cuisse. Ella se penche de nouveau vers Jess, écarte une mèche de ses cheveux en s’attardant dans son cou. Puis, elle lui murmure : « Pas vraiment. C’est difficile de penser à autre chose que tes mains sur moi. Tu as sûrement une solution pour ça aussi... » Et parce que ça vient affoler son coeur contre sa poitrine, elle espère que Jess ne le ressent pas trop.

@Jessian Reed  

Cette soirée prenait une tournure plus qu’inattendue maintenant que tu étais installée sur cette banquette avec Ella. Il y avait quelque chose de pleinement satisfaisant à sentir le corps de la jeune femme contre le tien et de la voir se perdre dans le plaisir que tu pouvais lui faire ressentir. Tu n’avais jamais été attirée plus que cela par les jeux de dominance et de submission qui pouvaient exister dans les relations entre deux personnes mais il y avait quelque chose d’excitant à savoir que l’on tient entre ses mains le désir d’une autre personne et que vos moindres faits et gestes peuvent tout faire basculer. C’était une découverte pour toi qui ne cachais pas l’intérêt que tu portais à la jeune femme à tes côtés. Quelle était la probabilité que dans cette soirée sur un yacht où tu n’étais là que pour du réseautage, tu trouves une femme magnifique qui te désirait autant que tu la désirais ? La probabilité était faire, bien trop faible. Vous jouiez toutes les deux à un jeu dangereux cependant car tu ne savais pas ce que venait faire Ella dans cette soirée mais elle devait bien avoir un objectif elle aussi. Un objectif qui pouvait être réduit à néant si vous étiez découverte dans une situation compromettante. D’où la nécessité de tourner le dos à la foule, de vous isoler légèrement, assez pour lui faire perdre pied un peu plus en tout cas. « Je… Ça devrait être une vidéo en partenariat avec le Brisbane Times, et… » Tu n’es pas surprise qu’Ella s’arrête de parler alors que tes doigts glacés entrent en contact avec sa peau. Tu les laisses parcourir le cou de la jeune femme, sentant sa respiration s’accélérer. Un sourire se dessine sur tes lèvres alors que tes doigts tracent des motifs invisibles sur son décolleté. Quand tu as terminé, seules des petites gouttes d’eau restent comme trace de ce passage, des gouttelettes qui ne tardent pas à l’évaporer avec la chaleur. « C’est efficace… » Un sourire en coin se dessine sur ton visage. Efficace pour quoi ? Faire monter d’un cran la tension ou la rafraichir ? Tu avais l’impression de déjà connaître la réponse à cette question. Tu frissonnais quand la main d’Ella vint se poser sur ta cuisse, celle à l’abri des regards. Ses doigts qui cherchent à faire remonter ta robe sont suffisants pour te faire comprendre qu’elle aimerait plus, si tu étais prête à lui donner plus. Et puis sa main vient se poser sur ton visage, dégage une mèche qui t’est tombée sur les yeux et elle te murmure : « Pas vraiment. C’est difficile de penser à autre chose que tes mains sur moi. Tu as sûrement une solution pour ça aussi... » S’il y avait une possibilité de sortir de ce yacht, vous seriez déjà dans ta voiture, en chemin pour ta maison où tu vénèrerais le corps d’Ella comme il se doit. Mais le yacht ne devait pas retourner vers le port avant quelques heures encore alors ce n’était pas une option. La lumière sur cette partie du yacht est tamisée et un regard vers le regroupement autour de la piste de danse improvisée te confirme que personne ne vous porte vraiment attention. Avec tes doigts, tu fais tomber la brettelle de la robe d’Ella avant de déposer un baiser sur son épaule dénudée et de lui dire : « Si tu aimes jouer avec le feu, mes mains sont toutes à toi, là, maintenant. » Ta main droite effleure sa poitrine et vient dessiner de petits cercles sur son ventre plat. C’est une risque que vous prenez, tu ne peux pas garantir que personne ne vienne vous interrompre. Personne n’est venu le faire jusqu’ici alors tu vois mal pourquoi ils le feraient maintenant. Mais c’est le choix d’Ella et tu lui dis : « Je ne suis pas descendue dans le yacht mais nous pouvons aller le visiter si tu préfères. » Tu n’avais aucune envie de découvrir l’intérieur de ce bateau mais trouver un recoin, une pièce, n’importe quoi où ravir Ella sonnait comme une chasse au trésor soudainement …


@Ella Matthews

Un coup d’oeil vers Jess suffit à lui assurer qu’elle sait exactement ce qu’elle est en train de faire et quelque chose dans son sourire indique à Ella qu’elle ne serait pas contre l’idée d’escalader les choses, en cet instant précis, et Ella ne sait plus très bien comment mais elle est amenée à reposer son visage contre celui qui vient déposer un baiser sur son épaule dénudée. Elle soupire d’aise, voudrait rapprocher son visage davantage et sentir ses lèvres sur les siennes. Elle se concentre sur la main contre son ventre, sur la sensation dans le bas de ventre, et entre ses jambes. Elle ferme les yeux, elle hésite encore un instant. A la sentir si proche, elle se sent prise d’un désir incontrôlable, de l’envie de fondre sur elle contre cette banquette. Ella a très envie de jouer avec le feu, elle a aussi très envie inconsciemment de s’y brûler, de lui dire prends-moi, là, maintenant. Elle parvient à se ressaisir temporairement, à envisager de lui avouer qu’elle n’a jamais fait ça. Et il y a beaucoup de choses inédites pour elles et qui se révèlent dans cette rencontre : j’ai jamais été autant et si rapidement attirée par une inconnue, j’ai jamais été sur le point de me compromettre intégralement juste pour l’embrasser, ou pire, en public. La vulnérabilité dans laquelle elle se retrouve aussi est sans précédent, et elle décide que ça lui importe que Jess sache qu’elle en a autant envie qu’elle, peut-être même plus. Alors elle colle sa main contre la sienne et fait pression contre son ventre. « J'ai envie de toi... ». Peu importe où. Peu importe quand. Peu importe comment. Elle soupire d’anticipation, peine toujours à reprendre un souffle constant. Enfin, elle tourne son visage vers le sien et lui chuchote : « Viens. »

Elle se relève avec peine, la guide par la main vers les niveaux inférieurs du bateau sans même un regard vers le reste des invités. Elle imagine que sa main est chaude et humide dans celle de Jess. Dans les escaliers qui mènent aux cabines, Ella s’arrête soudainement avant de se retourner vers elle. Elle s’adosse contre le mur en la scrutant un instant, captant son regard, guettant ses réactions, puis, elle glisse sa main jusqu'à sa taille avant de saisir sa nuque avec son autre main pour la ramener vers elle. Suspendue à ses lèvres, Ella parvient à soupirer de soulagement et si proche d’elle, elle n’a plus envie de jouer, elle voudrait la supplier de l’embrasser. Tant pis pour ses principes. Elle sent ses membres s’alourdir alors qu’elle s'adosse contre le mur, entraînant Jess avec elle, et referme fermement la distance entre leurs hanches. Elle rapproche encore son visage, le souffle d’Ella est saccadé, c'est ridicule et Jess doit le ressentir. Tremblante presque de tout son être, Ella s'empare enfin de ses lèvres, parce que c’est ce dont elle a le plus envie. Mais bientôt, ce n’est plus assez. Elle ne peut retenir un gémissement - comme pour l'autoriser à aller plus loin. Puis, avec un sourire satisfait, elle se détache d’elle.

Elle se remet en route, les jambes un peu flageolantes, dépasse quelques cabines, plus loin dans le couloir, elle jète un coup d’oeil derrière elle pour s’assurer que Jess la suit toujours, et de nouveau elle est consternée par sa beauté. Elle va essayer de s’acheminer vers elle, mais elle ne peut pas la quitter des yeux. Elle s’en voit même contrainte de s'arrêter et d’attendre que Jess arrive à sa hauteur, un demi sourire sur les lèvres à l’idée de l’embrasser encore.

@Jessian Reed  

Jouer la tentatrice est terriblement amusant et te plait beaucoup. Le corps d’Ella contre le tient réagit à chaque caresse que tu déposes sur son corps et tu n’as pas assez bu pour être ivre mais c’est pourtant tout comme. Chaque soupir d’Ella te fait le même effet qu’un shot de vodka et tu te délectes de cette sensation que tu ne ressens pas si souvent que ça. Oh il y a dans ton entourage des femmes magnifiques, des femmes qui t’attirent mais tu ne les désires pas toutes comme tu désires Ella à cet instant précis. Quand tu es prête à mettre votre réputation en jeu pour ce désir, c’est que tu ne réfléchis plus complètement clairement. Le soupir qui répond à ton baiser sur son épaule est comme une douce mélodie à tes oreilles. Ta main est là, sur son ventre à attendre qu’Ella forme les mots qui viendront sceller votre sort. A-t-elle besoin que tu lui dises que tu avais envie d’elle ? Tu n’en savais rien mais quand sa main vint se poser contre la tienne, tu enlaçais tes doigts dans les siens et tu ne t’étais jamais sentie aussi victorieuse que quand elle prononça ces mots : « J'ai envie de toi... » Si elle en avait envie, loin de toi l’idée de l’en priver … Mais ce ne sera pas sur cette banquette, ce qui est sans doute une meilleure idée. « Viens. » Vos doigts sont toujours entremêlés et vos pas sont peu assurés. Vous manquez de tomber quelques fois sur vos jambes flageolantes. Vous descendez quelques marches et Ella s’arrête brusquement. Le brouhaha des discussions des invités se fait lointain et ta respiration s’accélère alors que le corps d’Ella se colle contre le tient et que son visage n’est plus qu’à quelques centimètres du tient. Son corps tremble tout entier et avant que ses lèvres se posent sur les tiennes, tu y vois comme une hésitation. Tu n’as pas le temps d’y réfléchir car tu es toute entière happée par ce baiser et cette proximité. Laisser Ella prendre le contrôle ne te dérange pas le moins du monde et tu te délectes du gémissement qui s’échappe de ses lèvres quand ta langue rencontre la sienne. Mais soudain, Ella s’éloigne et tes yeux s’écarquillent. Pourquoi … ? Tu n’auras certainement jamais la réponse. Ella ne marche pas droit, elle aussi complètement ivre du désir qui l’habite. Et alors qu’elle se retourne pour te regarder, tu retrouves cette légère hésitation, ce doute dans ses yeux. Une pensée saugrenue te traverse l’esprit. Ce désir viscéral mêlé d’hésitation, tu sais où tu l’as déjà vu. Et tu l’as revu dernièrement sur les photos que Grace avait sorti de son armoire et qui t’avait ramenée plus de dix ans en arrière. C’était ton regard la première fois que tu avais succombé. Tu fais un pas, puis un autre, finissant de descendre les marches. Si tu as vu juste, il n’est pas étonnant que le moindre de tes touchers fasse frémir la belle brune. Ella t’attend, attend que tu fasses un nouveau pas vers elle. Désormais dans un couloir, il n’y a plus que les bases de la musique au-dessus de vous et le rythme de vos rythmes cardiaques qui s’emballaient pour vous tenir compagnie. Arrivée à la hauteur d’Ella, tu glisses ta main dans la sienne, entremêle vos doigts et tu ouvres la première porte qui se trouve devant vous. A l’intérieur se trouve une sorte de suite. Tu fermes la porte derrière vous et tu appuies Ella contre cette dernière avant de t’emparer de nouveau de ses lèvres. Tes mains se promènent légèrement, venant effleurer cette poitrine qui ne demande qu’à être explorée … Détachant tes lèvres des siennes, son corps est tremblant contre le tient : « Ella … Est-ce que je suis la première femme à te toucher comme ça ? » Tu étais bien placée pour savoir à quel point cela pouvait être intense comme première expérience alors tu préférais savoir. Loin de toi l’idée de la rejeter pour cela mais tu devais savoir. Pour ne pas qu’elle doute, tu reposais tes lèvres sur son épaule en remontant doucement tes baises jusqu’au creux de son cou. Oh non, tu serais même ravie de lui faire découvrir ces plaisirs purement féminins …


@Ella Matthews

Elle est comblée par la réciprocité de ce qu'elle lui offre, et le souffle court, Ella se retrouve bientôt plaquée contre la porte d’une cabine, sans avoir eu le temps d'enregistrer convenablement dans son esprit leur récent baiser. Une de ses mains s’agrippent instinctivement à la hanche de Jess et l’autre est dans sa nuque pour y faire pression et intensifier le baiser qu’elle reçoit. La respiration de Jess contre sa peau lorsqu’elle passe dans son cou la fait frissonner. Ella se sent accablée par le désir quand elle referme la distance entre elles en l'attirant contre son corps, son souffle chaud contre son oreille, et elle se sent ridicule de la vouloir au point d’avoir intégralement bouleversé le cours de leur soirée à toutes les deux, d’en oublier même jusqu’à sa présence sur ce yacht.

Face à la question de Jess, lorsque leurs regards se rencontrent de nouveaux et que sa bouche frôle la sienne, elle n’a pas envie de lui répondre, elle a envie de le lui montrer, de lui faire sentir que c’est loin d’être la première fois pour elle, mais qu’elle pourrait, si elle se laissait l’avouer, avoir l’impression d’être en terrain inconnu. Elle secoue cependant la tête, essoufflée sans raison particulière, le coeur qui tambourine. Elle va desserrer l’emprise de ses mains sur les hanches de Jess pour reprendre un peu ses esprits mais au dernier moment se ravise : « Non, mais tu le fais si bien. » Elle s’apprêtait à la laisser prendre le contrôle mais il lui semble désormais qu’elle a quelque chose à lui prouver, alors elle glisse ses mains jusqu’à ses omoplates, et en la rapprochant davantage d’elle, descend la fermeture de sa robe avec une lenteur bien délibérée, puis lui embrasse l’épaule, le cou, et elle se détache de la porte et en entraînant Jess avec elle. Elle ne parvient pas à réfréner le soupir d’anticipation en la voyant comme ça devant elle. Un bref mouvement de nouveau, une hésitation, un soupir, puis, d’un seul coup, elle se jette contre elle pour l’embrasser, comme si sa vie en dépendait. Elle la pousse jusqu’à ce que ses jambes percutent le rebord du lit avant et avant qu’elle ne comprenne ce qui se passe, Ella la hisse sur le matelas, par dessus les couvertures pour s’allonger sur elle. Sa main glisse sur ses épaules, contre son cou, puis descend sur son soutien-gorge alors qu’elle embrasse les points les plus sensibles autour de ses clavicules. Elle soupire son prénom parce qu’elle a perdu le contrôle de tout et que c’est tout ce qu’elle peut faire. Elle se redresse temporairement pour se défaire de sa propre robe, elle halète encore quand elle revient s'abandonner en sous-vêtements sur Jess, ne la quittant toujours pas des yeux.

Ses mains sont chaudes et humides quand elle saisit les poignets de Jess pour les plaquer au dessus de sa tête. Un frisson parcourt le corps d’Ella, elle prend le temps de le savourer, avant d'aller placer sa jambe entre celles de Jess et l’entraîner dans un long baiser enfiévré, mordillant et suçant ses lèvres, son cou et son épaule par alternance. Ella prend à peine conscience de son corps qui essaie de se greffer davantage contre elle, et elle descend une de ses mains vers ses hanches, l’encourageant à se cambrer contre elle, ralentissant le mouvement de ses lèvres qui descendent jusqu’à ses clavicules. Soudain, elle se redresse légèrement, reste un moment à la regarder, dégage de nouveau une mèche de ses cheveux, puis murmure, à bout de souffle : « T'es tellement belle. Ça va ? Arrête-moi si je vais trop vite. »  

@Jessian Reed