| The Judge [Ellie&Raphael] |
| | (#)Lun 3 Aoû 2020 - 19:11 | |
| L’ambiance durant le cours est plus morose que d’habitude. Le groupe d’élèves semble moins enthousiaste que d’habitude mais Raphael pense savoir ce qui les rend si lunatiques. Dehors, le soleil plonge encore Brisbane sous un voile jaune et les enfants ont été enfermés toute la journée assis derrière leur pupitre. Ils doivent avoir envie de sortir et de profiter du reste de la journée chaude plutôt que de sentir l’air climatisé de la salle leur dresser les poils des bras. « Restez attentifs, ça fait trois fois qu’on recommence le mouvement. » Lance le professeur en tentant d’attirer l’attention de ceux qui ont rivés leurs yeux vers la fenêtre qui leur offre une vue splendide sur la cour extérieure, aussi verte qu’elle peut l’être. Il fait claquer ses doigts pour sortir Julia de sa rêverie et elle pivote rapidement la tête vers lui, surprise. « Mais monsieur, il fait tellement beau dehors. » Elle trépigne sur un ton suppliant. La poitrine de Raphael se gonfle au maximum de sa capacité et il expire tout l’air par ses narines dans un soupir. « Il y en a d’autres qui en ont marre et qui veulent sortir ? » Quelques élèves, les moins passionnés, lèvent le doigt. La plupart d’entre eux sont ceux qui ont été inscrits de force par leurs parents qui voulaient les investir dans une activité parascolaire. « Bon. » Marmonne Raphael en jetant un coup d’œil à sa montre. Il ne reste que dix minutes au cours et il conçoit qu’il pourrait les laisser partir plus tôt aujourd’hui. Il faut dire que lui-même a envie de sentir le soleil sur son visage. Il se dirige alors vers sa radio pour l’éteindre. « C’est bon, ce sera tout pour aujourd’hui. On se revoit jeudi, n’oubliez pas de dîner ou de prendre une collation avant de venir. » Il n’a pas envie de s’occuper d’une autre chute de pression : il ne possède pas de diplôme en médecine, seulement la formation pour venir en aide à celui qui s’est déjà évanoui. Retrouvant son banc devant la classe, il se déchausse en gardant un œil attentif sur les élèves qui quittent la salle en troupeau et il remarque la présence d’une jeune fille qui n’a pas l’impression d’avoir déjà vue ici. Du moins, elle n’a jamais participé à l’un de ses cours. Pourtant, cette dernière, posée le dos contre une case, se permet de regarder de haut l’un de ses petits danseurs. Il remarque facilement, dans la gestuelle du jeune de douze ans, qu’il craint de trop approcher de cette fille à l’allure intimidante. Intimidante pour ses élèves, mais pas pour lui. « Hey ! » Il lance en se redressant pour venir à sa rencontre, la rattrapant juste avant qu’elle ne tourne les talons. Il tente de capter son regard et d’y encrer le sien. « Qu’est-ce que tu fais ici à cette heure ? » Son ton n’est pas encore autoritaire. Il préfère rester neutre avant de monter sur ses grands chevaux. Il ne sait pas ce que l’adolescente vient faire ici et il ne peut rien assumer. Seulement, il l’a vue dévisager le jeune garçon au comportement plutôt soumis et ce n’est pas le genre d’attitude qu’il souhaite encourager. Il a lui-même été victime de harcèlement et il peut reconnaître ceux qui le vivent à leur tour. « L’heure des cours est terminée et tu n’es pas inscrit au mien. » Elle n’a pas le droit de se trimbaler comme ça dans les corridors à cette heure. Ce n’est habituellement pas le rôle de Raphael de jouer à la police mais il n’a pas pu s’en empêcher après avoir capté son attitude du coin de l’œil. @Ellie Epstein Et voilà, hésite pas à me dire s'il y a quoi que ce soit ! |
| | | | (#)Jeu 6 Aoû 2020 - 23:37 | |
| La journée a été longue, très longue. Ça fait un an que son père et elle ont emménagé en Australie, et le peu qu’on puisse dire, c’est qu’Ellie ne parvient pas à s’y habituer. Parce qu’en plus d’un déménagement qu’elle n’a pas apprécié, il a aussi fallu qu’elle intègre un nouvel établissement scolaire… Un établissement scolaire qu’elle n’aime pas. Un collège avec des profs qu’elle n’aime pas, avec des cours qui ne la motivent pas… Un an plus tard, non, elle ne parvient pas à s’y faire. Bien sûr, elle s’est fait quelques amies, mais l’envie de rester chez elle demeure quelque chose de très important pour elle, même si elle se doute qu’avec son père, c’est peine perdue.
Faut qu’elle s’y fasse. L’Australie, c’est maintenant son nid douillet, celui qu’elle doit se forcer à accepter. La qualité de ses résultats scolaires est descendue en flèche lorsqu’Ellie apprit pour le cancer de Jude et n’est jamais remontée depuis. Ellie est capable de mieux. C’est ce que tous ses profs répètent, c’est ce qu’ils lui disent tous bien qu’elle ne veuille pas l’accepter… Les cours, ça la blase. Elle en a marre d’y passer ses journées. Et son seul souhait, c’est d’enfin quitter le collège pour passer aux années lycée et enfin faire ce qu’elle veut… bien qu’elle ait encore aucune idée de ce que c’est.
Il est tard. Pas si tard que ça, mais elle devrait déjà être chez elle. Les couloirs du collège sont déserts lorsqu’elle quitte la classe de sa professeure de science-physiques avec son sac sur l’épaule et un air dégoûté sur la figure. Elle serait rentrée une heure plus tôt si elle avait rendu ce foutu devoir de physique, celui qui était censé compter comme étant la dernière note mais surtout la plus importante de son semestre. Ses devoirs, elle les fait jamais… et quand elle prend le temps de les rendre, c’est parce qu’elle a trouvé un larbin pour le faire ou que l’une de ses amies lui a gentiment filé ses notes.
Elle déambule dans ces couloirs silencieux, s’approche finalement de son casier pour venir y déposer le livre qui lui a servi à faire ce fameux devoir qu’elle n’avait pas rendu et qu’elle a été obligée de faire durant la dernière heure. Ses professeurs ont beau en avoir marre de son comportement, ils semblent tous vouloir la pousser dans la bonne direction… mais ça, elle ne s’en rend pas compte. À ses yeux, ils veulent juste tous lui faire chier.
L’adolescente ouvre son casier, y jette son manuel avec colère avant de claquer la porte de son casier pour s’y adosser. Une fanfaronnade de collégiens sort de la salle de sport, l’une des seules salles de cours qu’elle fréquente réellement et qu’elle ne sèche d’ailleurs jamais. Elle les observe curieusement, les bras croisés, jusqu’à remarquer avec surprise un élève qu’elle connait très bien. Il est un peu la raison pour laquelle elle a rencontré ses amies actuelles. À la rentrée dernière, elle a vu un groupe de filles se moquer d’un petit blond en collants. Elle était seule, elle avait personne… elle a naturellement fait une blague à ce sujet et elle s’est faite remarquer… Le truc, c’est que ça a continué au point où, à chaque fois qu’elles le croisent, elle se moquent de lui. Sans raison, juste parce qu’elles veulent se marrer.
Elle le surveille d’un regard noir, Ellie, un sourire moqueur au bout des lèvres. Et bien qu’elle ne soit pas naturellement du genre à harceler des gamins, elle aime cet air apeuré qui se dessine sur son visage. La brune le regarde passer avant d’enfin se redresser, prête à quitter l’établissement quand un adulte vient à sa rencontre et l’interpelle.
L’adolescente se retourne, découvrant un professeur qu’elle n’a jamais vu auparavant. Un professeur plutôt jeune, remarque-t-elle. Bien plus jeune que la plupart des enseignants qu’elle a elle, en tout cas. Elle lève le regard vers lui, l’analyse. « Je sors de colle. C'est quoi le problème ? » lui répète-t-elle le plus naturellement possible, répondant à une question qu’elle trouve tout à fait injustifiée… qu’est-ce que ça peut bien lui faire, honnêtement ? Il est prof ou surveillant de couloirs ?
Pourtant, celui-ci semble (surprenamment) lui tenir tête. Il commence à faire sombre à l’extérieur, il est vrai qu’habituellement elle ne devrait pas être là… mais c’est pas sa faute. C’est comme ça. « Je sais bien, ouais… ‘faut aller dire ça à ma prof de science physique puisqu’elle a pensé que ce serait cool de me forcer à faire un devoir de merde en fin d’aprem. » Elle secoue la tête, Ellie. Elle roule même des yeux, sur le point de ricaner. « Et heureusement que je suis pas inscrite au vôtre… Les tutus, les petits collants roses et les pirouettes de petites fragiles, c’est pas mon délire. Je préférerais encore mourir cinq fois que de me balader en train de porter l’un de ces trucs. » La provoc', c'est son truc... et c'est sûrement ce qui lui vaut toutes ces convocations, ces avertissements dans son carnet. Cette simple rencontre lui permet d’affirmer une nouvelle fois que tous les professeurs qu’elle connait sont chiants à mourir. Les jeunes aussi, visiblement.
Sous les yeux du danseur, elle se tourne vers son casier pour vérifier qu’elle l’a bien fermé avant de tourner les talons et de s’en aller, sans dire un mot... Une heure de plus passée dans cet enfer, c'est amplement assez. |
| | | | (#)Ven 7 Aoû 2020 - 17:41 | |
| « Je sors de colle. C'est quoi le problème ? » Il n’y aurait aucun problème s’il ne l’avait pas aperçue du coin de l’œil alors qu’elle toisait l’un de ses élèves comme s’il n’était qu’une anomalie face à elle. Il connait un peu trop ce sentiment de ne pas se sentir à sa place, de subir toute la journée les moqueries des autres et de se sentir en sécurité seulement une fois que la cloche de l’école sonne en après-midi pour annoncer la fin de la journée. Il a passé trop de temps à pleurer sous ses draps pour ne pas réagir quand il est témoin de ce genre de comportement discriminatoire. Personne ne fait de mal à ses élèves. « Oh, il n’y a pas de problème. » Qu’il commence en croisant ses bras sur sa poitrine, un sourcil soulevé. « Tu peux te retrouver en colle autant que tu le veux mais est-ce vraiment nécessaire de regarder de haut les autres élèves ? » Il n’en a rien à faire de son succès scolaire, à vrai dire. Il n’est pas comme les professeurs qui souhaitent le succès de leurs élèves dans toutes les matières. Lui, il veut que les enfants soient épanouis, par le biais des résultats dans le bulletin ou par celui de la passion. Il est là pour offrir l’occasion à ces élèves de dépenser leur énergie avant de rentrer chez eux le soir. La jeune fille lui tient tête mais elle ne réussira jamais à déstabilisé celui qui connait toutes les techniques et toutes les magouilles qu’utilisent les adolescents rebelles pour arriver à leurs fins. Il a le double de son âge, probablement plus, et fait le double de sa taille. Il pourrait la faire disparaître en plaçant son index devant son visage. « Et heureusement que je suis pas inscrite au vôtre… Les tutus, les petits collants roses et les pirouettes de petites fragiles, c’est pas mon délire. Je préférerais encore mourir cinq fois que de me balader en train de porter l’un de ces trucs. » Esquissant un sourire, il la dévisage en abordant l’une de ces expressions qui signifie : vraiment ? Son commentaire le fait plutôt rire parce que les temps n’ont pas changé. Les danseurs sont encore perçus comme des fragiles aux tutus roses même vingt ans plus tard. Cela défait complètement la crédibilité de l’expression « c’était mieux avant » parce que, non, c’était identique. Seulement, aujourd’hui, les enfants ont les réseaux sociaux pour balancer des insultes sans avoir besoin de faire preuve de courage. Parce que c’est tellement plus facile d’insulter quelqu’un en portant un masque. « Tu sais, habituellement, les gens menacent ceux dont ils ont peur. C'est une sorte de moyen défense, on voit ça souvent chez les animaux. » qu’il lance alors que la jeune adolescente trace son chemin dans le couloir pour éviter de parler plus longtemps. Mais il continue, l’arrêtant dans sa lancée, parce qu’il a besoin de lui glisser une leçon entre les deux oreilles. « Tu n’aurais pas peur d’un petit garçon fragile en tutu rose, dis-moi ? » Il penche la tête sur le côté, les paupières plissées, arborant le faciès d’un inspecteur en plein interrogatoire. Il veut la faire réagir, attirer son attention, l’empêcher de s’en tirer sans représailles. Il n’est qu’un professeur d’activités parascolaires, après tout. Il ne veut pas faire de mal, il veut simplement changer les choses. |
| | | | (#)Sam 8 Aoû 2020 - 12:31 | |
| Le collège, cette arène de gladiateurs. On y trouve tous types de combattants. Ceux qui veulent donner une image équivalente à la perfection à tous leurs professeurs, ceux qui aiment s’asseoir au bout de la classe et ne pas se faire remarquer… puis il y a aussi l’équipe des harceleurs. Ceux qui aiment s’en prendre aux plus faibles, aux plus jeunes, à ceux qui n’ont pas la force de leur répondre comme il le faudrait. Ellie pense-t-elle appartenir à cette catégorie d’élèves ? Pas spécialement. Pourtant, elle est bien consciente de ce qu’ils font au petit danseur dont elles aiment se moquer à chaque fois qu’elles le croisent dans les couloirs… « J’ai regardé personne de haut, moi… ? J’vois même pas de quoi vous parlez. » Elle nie les faits. Est-ce vraiment la raison pour laquelle il est venu à sa rencontre ? Parce qu’il l’a vue en train de jeter un mauvais regard à l’un de ses élèves, et pas seulement parce qu’elle trainait dans les couloirs après ses heures de cours ?
Elle fronce les sourcils, Ellie. S’il y a bien quelque chose qui l’énerve, c’est qu’on se mêle de ses affaires. Encore plus lorsqu’il s’agit de professeurs qu’elle n’a même pas en cours. Qu’est-ce que ça peut lui faire qu’elle l’ait mal regardé ? Ça l’a tué ?
Il la regarde de cet air sérieux qui lui provoque un sourire narquois. Il est jeune, il a la même allure frêle que ce gamin dont elle aime se moquer… S’il essaie de lui mettre la pression ou même de se faire respecter, ça n’arrivera pas. La danse… sans rire ? S’il faisait de la boxe, peut-être que ça aurait pu attirer sa curiosité… mais de la danse classique, bordel de Dieu. Elle ose s’en moquer parce que c’est connu, ‘faut vraiment être un garçon sensible, un peu efféminé pour faire de la danse. Et rien que ces idées permettent à Ellie de relâcher le peu de pression qu’elle ressentait parce qu’au fond, elle sait qu’elle ne risque rien.
Elle commence à tourner les talons. Pas question qu’elle passe une minute de plus dans les parages. L’adolescente doit rentrer, retrouver la froideur, le silence pesant du domicile qu’elle partage avec son père. Mais ce à quoi elle ne s’attend pas, c’est qu’il se décide soudainement de la suivre tout en déblatérant des paroles qui se mettent à la faire rire… au même niveau qu’un « qui aime bien châtie bien ».
Sans même qu’elle comprenne comment, il passe près d’elle puis vient se poser en plein milieu du couloir, l’arrêtant dans sa lancée. L’adolescente le dévisage, lâche un bref soupir… C’est pas qu’elle aime pas discuter avec lui, mais cette petite discussion l’ennuie. « Comment vous voulez que j’aie peur de lui ? » Elle roule une nouvelle fois les yeux, secoue la tête. « Il… Il est petit, il est maigre et il baisse les yeux lorsqu’il nous voit. » Elle ne veut pas se moquer de lui, c’est juste vrai. « Il fait peur à personne, ce p’tit mongole. Il a une allure de coton-tige. » Puis s’il lui faisait peur, est-ce que ce serait pas plutôt elle qui baisserait les yeux lors de chacune de leurs rencontres ?
Les secondes passent. Elle sent son téléphone qui vibre dans la poche de sa veste… « C’est vraiment pas que vous m’ennuyez, mais j’ai pas que ça à faire. Si vous voulez me sanctionner parce que j’ai regardé Billy Elliot dans un couloir, j’m’appelle Ellie Epstein. » Elle balance ça sur un ton d’une normalité monstre. Comme si elle y était habituée, comme si elle n’avait pas conscience de l’importance de la situation et qu’elle s’en foutait totalement… ce qui est un peu le cas, au fond.
« Vous avez qu’à aller le dire à la CPE. Elle me convoquera dans son bureau, elle m’donnera une heure de colle avec une sanction de merde… puis elle appellera mon père, mais il répondra pas parce que j’lui ai donné un numéro bidon. » La routine, elle la connait par cœur, malheureusement. |
| | | | (#)Sam 8 Aoû 2020 - 22:55 | |
| Des enfants, il en rencontre tous les jours. Il voit des tempéraments de toutes les couleurs, des plus timides aux surexcités qu’il faudrait immobiliser avec un tracteur pour qu’ils arrêtent de courir dans tous les sens. Il a été témoin de premiers cœurs brisés, de premiers échecs scolaires mais il y a une chose à laquelle il n’avait jamais assisté depuis qu’il travaillait quatre soirs par semaine dans cette école : les intimidateurs. Ceux qu’ils connaissaient seulement quand il était leur victime. Ce genre d’agissement ne se fait pas devant les yeux des professeurs. Les gamins sont futés, en un sens. Ils savent que ce qui ne sera pas vu ne sera jamais puni. Mais cette adolescente a fait erreur en pensant que personne ne verrait ce regard sombre qu’elle a lancé au jeune garçon qui n’a fait que baisser la tête pour éviter de souffrir. Raphael n’a pas l’intention de la laisser filer entre ses doigts maintenant qu’il a mis la main sur elle – dans le sens figuratif, il n’a pas le droit de la toucher et il a toujours respecté les règlements, le jeune professeur. « J’ai regardé personne de haut, moi… ? J’vois même pas de quoi vous parlez. » Il ne la laisse pas s’enfoncer plus profondément dans son mensonge, il l’arrête tout de suite : « Tu mens très mal. Ton nez vient de s’allonger de plusieurs centimètres. » Et il pointe le centre de son visage pour lui faire remarquer – même si, bon, ils ne sont pas dans une conte pour enfants et la jeune n’est pas une marionnette en bois.
« Comment vous voulez que j’aie peur de lui ? » Il l’écoute d’une oreille, laissant ses jugements passer par-dessus sa tête sans s’y attarder trop longtemps. Les adolescents sont comme ça, malheureusement. Ils n’ont pas encore la maturité de comprendre que la différence ne fait pas d’un autre un ennemi. « Il fait peur à personne, ce p’tit mongole. Il a une allure de coton-tige. » Levant le doigt, sévère, il l’arrête immédiatement avant qu’elle ne se permette de sortir un autre terme de son dictionnaire de la vulgarité. « Les mongols sont les habitants de la Mongolie, tu serais peut-être au courant si tu gardais ta tête dans tes manuels de géographie plutôt que de la lever pour dévisager un garçon plus petit que toi. » Évidemment, il sait que c'est aussi une insulte. Mais il préfère jouer au con pour simplement la faire réagir. Il reprend pour lui faire comprendre le sens qu’il voulait donner à sa première hypothèse. « En effet, il n’a pas la carrure pour faire peur à une fille comme toi. Peut-être que tu crains quelque chose d’autre mais je ne suis pas ton psy alors je vais te laisser y réfléchir seule. Il finit par hausser les épaules. Au fond, il ne voulait que la déstabiliser un peu pour lui faire comprendre que ses actions ont des conséquences. « C’est vraiment pas que vous m’ennuyez, mais j’ai pas que ça à faire. Si vous voulez me sanctionner parce que j’ai regardé Billy Elliot dans un couloir, j’m’appelle Ellie Epstein. » À vrai dire, il est étonné de l’entendre référencer son film préféré. Il ne pensait pas que c’était le genre de cinéma que les jeunes écoutaient aujourd’hui. Mais ça ne le déstabilise pas pour autant. « Vous avez qu’à aller le dire à la CPE. Elle me convoquera dans son bureau, elle m’donnera une heure de colle avec une sanction de merde… puis elle appellera mon père, mais il répondra pas parce que j’lui ai donné un numéro bidon. » Il hausse un sourcil. Son père, hein ? Habituellement, les jeunes font référence à leur mère en premier : c’est un détail qu’il note dans le coin de sa cervelle. « Si tu as vu le film, tu dois bien savoir que Billy est celui qui réussit à la fin. Celui dont le père est enfin fier. Ce n’est pas vraiment une insulte, en fin de compte. Je comprendrais que tu sois jalouse d’un jeune garçon qui poursuit sa passion pendant que toi tu te prends les heures de colle. » Il redresse la tête, scrutant le corridor de plus en plus sombre. « Tu as l'air pressée. Ton père t’attend à la sortie ? Ça me ferait plaisir de t’accompagner jusqu’à lui pour voir à quel point il est fier de voir que sa fille passe plus de temps à l’école que les autres. » Il accompagne ses paroles d’un joli sourire sarcastique.
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| | | | (#)Mer 19 Aoû 2020 - 5:09 | |
| Comme beaucoup d’autres enfants, elle sait que ce qu’elle fait est mal. Elle a été éduquée, Ellie. Elle sait qu’il ne faut pas taper, pas jurer, ni manquer de respect aux adultes… mais c’est pas ça qui l’en empêche de le faire. Jeunesse fougueuse, jeunesse rebelle qui veut n’en faire qu’à sa tête. Les règles n’ont que très peu d’importance pour l’adolescente qui voit ses problèmes de famille, la récente perte de sa mère, les absences d’un père qui se comporte comme un inconnu. Bien se comporter, mal se comporter… elle voit pas la différence puisque dans tous les cas, elle n’a aucune conséquence à assumer. Au pire, elle a une heure de colle… mais son père n’interviendra jamais. Parce qu’il n’en a pas la légitimité, mais aussi parce qu’il a peu de chances d’en être mis au courant.
« Super drôle… parce qu’en plus d’être prof de danse, vous êtes aussi un clown. » Elle le fixe avec le plus de sérieux possible, le voit pointer son nez comme si elle n’était pas assez intelligente pour comprendre sa blague. Et là, elle ne peut pas s’empêcher de se mettre à ricaner. Pas parce qu’il la fait rire, non… c’est surtout la situation dans laquelle elle s’est mise qui la met dans cet état. Coincée dans les couloirs de son collège, en train de se faire embrouiller par un professeur qui prend tout ce qu’elle dit au premier degré… Elle ne le trouve même pas un minimum drôle, et pourtant, il a l’air d’essayer de l’être.
Un petit mongole, un coton-tige, un gamin hyper petit, hyper fin avec une grosse touffe sur la tête… C’est de cette façon qu’elle le voit. Et si vraiment elle veut lui faire comprendre qu’elle ne peut pas avoir peur d’un machin pareil, elle a juste à l’imaginer à nouveau dans une paire de collants pour se mettre à rire. Elle lui crache sur le dos comme elle aime le faire avec d’autres gamins qu’elle n’aime pas… professeur ou pas, elle n’a pas de raison à avoir un filtre. Pourtant, ses propos semblent le déranger… et il se permet de l’arrêter pour lui faire une leçon sur la Mongolie…
Elle glousse, Ellie ne peut s’empêcher de sourire face à un tel spectacle. Si elle a l’habitude de se faire reprendre par des professeurs, ils ne sont pas tous aussi drôles que lui. Elle le fixe silencieusement, secoue la tête avec un peu d’appréhension… Elle a juste envie de continuer de rire, mais elle se décide à le respecter un peu… il a l’air d’en avoir besoin. « Ouais, enfin… Si j’voulais recevoir des leçons de géo, j’irais pas voir le prof de danse du coin, hein… » Elle souffle. Parce qu’en plus d’aimer jouer au clown, au prof de géo… il aime aussi se prendre pour un psy. « J’ai pas de psy, j’ai pas de soucis particuliers… retourne apprendre à des mioches à faire des pirouettes, et me fais pas chier. » Le ton monte, le fait qu'il se mette à lui parler d'un "psy" la dérange... Tout son entourage voulait qu'elle aille en voir un peu après le décès de sa mère, elle a toujours refusé.
Elle commence à s’énerver, à sentir la tension s’élever. C’était drôle au début, elle s’amusait un minimum… mais elle commence à voir ses interventions comme de la pure provocation. Et honnêtement, elle est pas là pour ça. Elle veut juste se tirer, rentrer chez elle… et laisser le professeur de danse retourner ranger sa p’tite salle de sport toute naze.
Elle sent les secondes passer. Personne ne l’attend à l’extérieur. Elle va faire la route à pied, toute seule, comme elle le fait presque tous les soirs. Il n’y a plus de bus à cette heure-ci, l’adolescente est condamnée à seule, dans l’obscurité de la nuit qui commence à tomber. « Je suis jalouse de personne, moi… La danse, c’est pas mon truc. Vous m’faites de leçons de morale, tout ça pour faire la même chose que moi et vous amuser à m’juger sur de la merde alors que vous savez même pas qui j’suis. » Elle soupire un grand coup, observe l’heure sur son téléphone. Elle n’a pas de projets ce soir. Peut-être une soirée, peut-être une sortie nocturne avec des amis avant de rentrer à minuit passé. Son père lui aura sûrement laissé les restes de ce qu’il aura pris la peine de préparer pendant son absence… « Mon père ? » Elle sent qu’elle doit se retenir de rire, au risque de se péter le bide. « Avec mon père, c’est à peine si on s’dit bonjour le matin, alors espérer le voir venir me chercher… ‘faut être bien naïf. » Elle lui rend ce joli sourire sarcastique tout en se confessant sur sa vie familiale sans même en avoir conscience… Son père et elle, c’est loin d’être une histoire d’amour. C’est typiquement l’histoire de deux étrangers qui vivent sous le même toit… « Et il en est pas fier. Ça le fait même chier, j’crois… mais s’il était pas un père aussi pourri, peut-être que ce serait différent. » Ils n’en parlent jamais, mais elle se doute bien que d’avoir une fille qui passe son temps à sécher et à lui apporter des emmerdes, c’est pas vraiment ce dont il rêvait lorsqu’il a mis sa mère en cloque… « Mais à l’occasion, si vous voulez lui parler, j’pourrais le prévenir que le clown danseur de l’école veut causer avec lui, si vous voulez… ? » |
| | | | (#)Mer 26 Aoû 2020 - 20:29 | |
| « Super drôle… parce qu’en plus d’être prof de danse, vous êtes aussi un clown. » Le commentaire qu’elle passe le fait légèrement marrer car il n’est pas totalement faux : il lui arrive effectivement de se déguiser en clown pour des anniversaires d’enfants et c’est probablement l’un des exercices qui lui a donné le réflexe de parler aux adolescents en employant le ton qu’il adopte lorsqu’il s’adresse à un gamin de six ans. Cependant, il réalise rapidement que cette adolescente rebelle devant lui ne se laissera pas appâter par son ton trop enfantin : elle semble vouloir se prendre pour une adulte à qui on ne peut donner aucun ordre. Malheureusement pour lui, il n’a effectivement pas le droit de lui en donner, mais, ce n’est pas parce qu’elle est assez vieille pour prendre ses propres décisions. Il n’est pas un professeur au même titre que ceux qui enseignent à des classes pleines à longueur de journée. Il n’est que le petit prof de danse du soir qu’on ne voit jamais à d’autres moments de la journée. Ça ne l’empêche toutefois pas de vouloir lui apprendre une leçon. « Ouais, enfin… Si j’voulais recevoir des leçons de géo, j’irais pas voir le prof de danse du coin, hein… » C’est étrange comme les temps ont changé. Raphael aurait été le premier à baisser la tête s’il s’était trouvé en face de cette fille lorsqu’il avait son âge. Elle a le tempérament arrogant de tous ces gens qu’il vaut mieux éviter dans les corridors de l’école pour ne pas perdre son dessert. « J’ai pas de psy, j’ai pas de soucis particuliers… retourne apprendre à des mioches à faire des pirouettes, et me fais pas chier. » Haussement de sourcil. Elle est de plus en plus agressive, l’adolescente, mais il ne saurait dire si c’est parce qu’il touche à une corde sensible ou simplement parce qu’elle en a simplement marre de se faire donner la morale. Il décide donc de creuser un peu plus afin de décrocher quelques informations cruciales pour comprendre le portrait qui se trouve devant lui. Contrairement à elle, lui, il a tout son temps devant lui. Personne ne l’attend à la maison et il ne risque pas de louper son autobus car il est venu en vélo. « Tu n’as pas de soucis particuliers, hein ? » Il répète en penchant la tête sur le côté. « Pourtant, je ne me souviens pas la dernière fois que je suis tombée sur une gosse aussi vulgaire. Je pense que tu as dit plus de gros mots que moi dans les trois dernières années. Qui t’apprend à parler comme ça ? » Il veut récolter de l’information sur ses fréquentations, voire ses parents, si parents il y a.
« Je suis jalouse de personne, moi… La danse, c’est pas mon truc. Vous m’faites de leçons de morale, tout ça pour faire la même chose que moi et vous amuser à m’juger sur de la merde alors que vous savez même pas qui j’suis. » Il secoue la tête de droite à gauche, souhaitant l’arrêter dans cette lancée qui la mènera à rien du tout. « La danse n’est peut-être pas ton truc, je le conçois. C’est quoi ton truc, alors ? Tu as une autre passion que de faire des heures de colle ? » Il demande, le ton soudainement plus compréhensif, comme s’il désirait qu’elle lui réponde honnêtement. Parce que, sa passion de l’art, c’est ce qui lui a permis à se connaître davantage. « Mon père ? » Elle réussit à capter son intérêt en expliquant que son paternel n’est pas présent pour elle. Il n’est pas psychologue mais tous les films et les bouquins le racontent : un enfant a besoin de parents pour grandir normalement – ou, au moins, de modèles adultes. « Pourquoi il est pourri ? Tu sais, tu peux en parler à un responsable si ton père n’est pas là pour toi. » Il a compris que sa mère n’était pas dans le paysage, elle non plus. Il ne peut pas poser la question, ce serait trop indiscret. « Mais à l’occasion, si vous voulez lui parler, j’pourrais le prévenir que le clown danseur de l’école veut causer avec lui, si vous voulez… ? » Se retenant de sourire, il secoue la tête de droite à gauche. « Je ne pense pas que c’est avec moi qu’il a besoin de discuter. Je ne suis que le clown danseur de l’école. » Il marque une pause et croise ses bras sur sa poitrine. « Tu pourrais peut-être essayer de lui parler, toi ? Je pense que ça serait beaucoup plus productif. » Qu’il lance, notant la moindre de ses réactions, à la recherche d’indices.
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| | | | (#)Sam 19 Sep 2020 - 1:39 | |
| C’est dans ce genre de situations qu’elle aime se fourrer sans raison apparente, Ellie. Avec des inconnus, avec des professeurs, avec des personnes avec qui qu’elle n’aurait, en premier lieu, jamais interagi. Ça commence doucement, et ça monte crescendo parce qu’elle n’a pas sa langue dans sa poche, mais bel et bien surtout parce qu’elle aime mettre de l’huile sur le feu. L’adolescente aime provoquer, montrer qu’elle n’est pas facilement « cassable » contrairement à beaucoup de gamines de son âge qui ne feraient que baisser la tête, prendre sur elles avant de reprendre leur chemin.
Cette rencontre la met dans tous ses états, la fait passer du rire à l’embarras d’une facilité qu’elle trouve franchement déconcertante. Elle a d’abord été amusée de le voir essayer de la reprendre sur ses actions vis-à-vis du mioche qu’elle aime embêter avant d’en finir totalement saoulée par les faux airs autoritaires du grand danseur. « À part vous, là… personne, nan. » qu’elle lui répond d’un air dérangé, à la limite de rouler des yeux… Elle déteste les aprioris qu’on aime avoir à son sujet, ces analyses dans lesquelles ils sont beaucoup à se lancer dans l’espoir de la comprendre, de savoir pourquoi elle a un comportement aussi pourri… Des réponses, elle en a tellement qu’elle pourrait écrire une autobiographie, un bouquin sur ces trucs qui la rongent… mais elle ne se confiera jamais, du moins pas à un inconnu. « C’est mon père, ça. C’est même lui qui m’a appris à fumer et qui m’a fait boire ma première bière, même, si ça vous intéresse… » C’est dit d’un ton sarcastique, ironique… La simple idée d’imaginer Jack lui proposer de boire une bière la fait rire. « Nan, j’déconne, hein… Commencez pas à prévenir les services sociaux ou j’sais pas quoi… » Vaut mieux le prévenir que c’est une blague… on sait jamais, elle veut pas finir avec une assistante sociale à la maison, Ellie.
La conversation semble prendre une direction qu’elle n’a pas pensé à imaginer lorsque le professeur de danse est venu à sa rencontre pour lui faire la morale. L’inconnu a l’air de vouloir se la jouer psychologue, se mettant à parler comme cette conseillère d’orientation qui essaie de la remettre sur le droit chemin lorsqu’elle a le malheur de se retrouver dans son bureau. Ses passions, ses envies, ses rêves… Elle a déjà du mal à le savoir d’elle-même, alors si en plus on lui pose toutes ces questions à la fois… Elle hausse simplement les épaules, faisant le choix de ne pas s’occuper du pique qu’il lui envoie. « J’fais de la guitare à la maison, j’aime aussi regarder la télé et faire du skate. » Génération Netflix & Chill, elle aime pourtant passer du temps en plein air, Ellie… mais il est vrai qu’elle passe peut-être plus de temps sur le PC et derrière la télé qu’elle ne le devrait ; peut-être qu’elle aurait de vraies passions si on ne lui avait pas donné accès à internet aussi tôt dans sa vie.
Cette guitare avec laquelle elle aime jouer, c’est celle que son père lui a offert lors de l’un de ses anniversaires. Père pourri, mais père gâteux ; il essaie de se racheter tant bien que mal, son argent parait être le meilleur moyen pour ça, elle n’en est pas si sûre mais accepte ses cadeaux. Parce que le dernier iPhone et la dernière paire d’Air Pods lui donnent l’impression d’oublier ces maux qu’elle ne saura jamais guérir.
Son paternel n’est pas un sujet délicat, loin de là… mais elle est gênée de l’aborder avec des inconnus, surtout quand ceux-là espèrent la voir se confier sur leur relation bien malheureuse… Alors, elle sourit d’un air embarrassé, presque gêné. « Nan… j’ai pas besoin de parler, y a rien à dire, de toute façon. » Elle ment, des choses à dire, il y en a tellement… ses lèvres pourraient trembler à chaque fois qu’elle l’aborde tellement elle en a sur le cœur. « C’est pas pourri que j’aurais dû dire, mais… effacé, peut-être invisible. » C’est ce qu’il est, il l’a toujours été… il l’est moins maintenant, mais elle ne fait pas la différence.
Elle finit soudainement par interpréter leur discussion sous un autre angle. Sans les provocations et ce sarcasme dont elle est la reine, ça sonne différemment, ça semble plus sérieux… Et le professeur de danse a l’air bien moins chiant qu’au départ. Il parait être de ces professeurs qui veulent le bien de leurs élèves, et ça… elle apprécie. Avec ses bras croisés et son air sérieux, il parvient même à la faire à nouveau sourire… et sans même s’en rendre compte, il la pousse à s’ouvrir sur un sujet qui lui est délicat. « Si c’était si facile, on se ferait déjà pleins de câlins et on serait le meilleur duo père-fille au monde. » Elle soupire, ses mains posées sur ses hanches viennent trouver la chaleur des poches de son blouson… Parler, ils l’ont déjà fait, il leur arrive de s’y remettre mais ça ne les mène à rien. C’est comme s’ils parviennent plus facilement à communiquer lorsqu’ils sont silencieux et qu’ils n’osent pas s’adresser la parole.
L’envie de s’en griller une, la chaleur des couloirs du collège, l’envie de rentrer… faut qu’elle sorte. « Il a jamais vraiment été là, il préférait faire la star au lieu d’s’occuper de moi. Au final, il a fini par se pointer quand ma mère est tombée malade… et il est resté depuis. » Elle en dit certainement plus qu’elle ne le devrait, mais ‘faut admettre que ça lui procure un bien fou. La gamine hisse un paquet de clopes hors de l’une de ses poches, avant de tourner les talons et d’enfin pousser la porte de sortie de l’établissement scolaire et de retrouver cet air frais qu’elle affectionne tant.
Elle prend soin de fermer sa veste : parce que même si son père est naze, il est de bon conseil et ce fameux « ferme bien ta veste, j’veux pas que tu tombes malade » qu’il est le seul à toujours lui répéter, elle ne l’oublie jamais. « Ça fume un danseur, ou… ? » qu’elle lui demande en lui tendant son paquet de clopes après s’en être glissée une entre les lèvres. Ça l’arrangerait qu’il accepte, elle s’est aussi fait réquisitionner son briquet cet après-midi par l’un de ses profs, alors… ouais, ce serait cool. Sinon, faudrait qu’elle fouille le fond de son sac, et ce serait un calvaire vu le bordel que c’est là-dedans… « Au final, t’as l’air moins chiant que je le pensais… » Elle hoche doucement la tête, le regard levé vers celui qui fait deux têtes de plus qu'elle ; elle se surprend à découvrir chez lui plus que ce côté casse-couilles qu’elle suspectait… Il s’intéresse à elle, et il le fait bien. |
| | | | (#)Ven 25 Sep 2020 - 18:17 | |
| Il ne devrait probablement pas faire ça. Il n’est pas un professeur au même titre que tous ceux qui ont eu leur diplôme en enseignement et qui accompagnent les enfants tout au long de la journée, puis tout au long de l’année. Il n’a aucune formation en psychologie et il ne peut que se baser sur ses propres expériences pour savoir que cette jeune adolescente devant lui n’est pas en train de se diriger dans une voie favorable. Certes, lui-même n’est pas devenu un grand homme mais, au moins, il n’a aucun méfait sur la conscience. Il a toujours été le gentil garçon qui baisse les yeux plutôt que de confronter le monde. Il n’est pas le meilleur des exemples, mais, au moins, il n’a jamais senti le besoin de taper sur plus petit que lui pour avoir de la valeur.
Il ne pense pas une seconde que la rebelle devant lui a grandi dans un milieu semblable au sien. Raphael n’a reçu que de l’amour de ses pères et il n’a jamais manqué de rien. Ils étaient présents pour lui dans ses moments les plus forts, mais aussi lorsqu’il avait besoin de s’enfermer dans sa chambre pour pleurer toute sa rage. Il est impulsif, Raphael, et, s’il n’était pas né introverti, il aurait probablement été un de ces types qui vit d’adrénaline et de défis. Malheureusement pour lui, la chose la plus osée qu’il n’a jamais faite a été de voler trois ou quatre bonbons dans le bocal posé sur le bureau du directeur. « C’est mon père, ça. C’est même lui qui m’a appris à fumer et qui m’a fait boire ma première bière, même, si ça vous intéresse… » Sourcil levé, il pense avoir mis le doigt sur l’erreur dans l’équation. Il s’apprête déjà à élaborer toutes les théories qui expliqueraient pourquoi l’adolescente est aussi impolie mais elle l’arrête d’avance dans ses recherches en précisant qu’elle plaisantait. « C’est pas le genre de blague qui me fait rire. » Au contraire. Il ne pense pas qu’une fille de son âge devrait plaisanter au sujet de ces dépendances que constituent les clopes et l’alcool. Il est lui-même un fervent défenseur du maintien d’une bonne santé. Il est sportif : il a été élevé avec des brocolis dans le sang et quatre bouteilles d’eau dans le ventre. À son âge, il rêvait de sucreries, pas de tabac.
Il ne perd pas tout de suite espoir. Il veut la sonder un peu plus, savoir ce qui fait battre son cœur. Pour lui, c’était la danse qui l’aidait à se lever le matin. « J’fais de la guitare à la maison, j’aime aussi regarder la télé et faire du skate. » Surpris, il hoche la tête en arborant un air ravi. Certes, elle a mentionné la télévision – qui n’est pas tout à fait une activité enrichissante – mais la musique et le sport compteront plus à ses yeux. Dans le but de l’encourager dans ces deux passions, il commente : « J’aurais adoré pouvoir jouer de la guitare. Ou grimper sur un skate sans me casser la cheville. » Il sourit gentiment et ajoute, pour lui rappeler l’important : « Tu me montreras un jour, si tu veux. Je suis toujours là les mardis et les jeudis soir. Je préfère te voir jouer de la musique plutôt que de te surprendre en train de dévisager mes élèves. » Il termine sur un ton ironique qui se veut léger.
Il croit avoir trouvé une faille dans le comportement de la petite. Elle agit comme si elle était faite de pierre mais il semblerait que le sujet de son père arrive à la déstabiliser. Elle lui explique que ce dernier est absent et il est surpris d’avoir réussi à lui tirer cette information, elle qui jouait les costaudes. « Il n’est pas là pour toi, alors. Est-ce qu’il te préparera à dîner quand tu rentreras ce soir ? » Il demande, le regard curieux, craintif de recevoir une réponse négative. Jamais un parent ne devrait laisser son enfant se débrouiller tout seul, du moins, pas à cet âge. Ce n’est pas une gamine de douze ou treize ans qui peut comprendre ce qui est bon pour elle. « Si c’était si facile, on se ferait déjà pleins de câlins et on serait le meilleur duo père-fille au monde. » Elle baisse sa garde, enfonçant ses mains dans ses poches et déviant son regard vers le sol. Soudainement, elle ne possède plus le portrait qu’il s’était fait d’elle. Elle est vulnérable, comme tous les adolescents qui n’ont pas encore eu la chance de comprendre tout ce qui les entoure. « Il a jamais vraiment été là, il préférait faire la star au lieu d’s’occuper de moi. Au final, il a fini par se pointer quand ma mère est tombée malade… et il est resté depuis. » Voilà où se trouve sa mère dans toute cette histoire. Elle est malade. Lèvres pincées, il ose demander : « Et cette dernière n’est pas là pour toi, non plus ? » Il a décroisé ses bras de sa poitrine pour se montrer moins menaçant. Il n’est plus question de la blâmer pour son comportement mais de déchiffrer ce qu’il se passe dans son cerveau en plein développement. Toutefois, son regard change légèrement quand elle sort un paquet de clopes de ses poches. Il la suit jusqu’à l’extérieur pour recevoir quelques réponses à ses questions : « Je pensais que tu m’avais demandé de ne pas appeler les services sociaux. » Il désigne la cigarette qu’elle coince entre ses lèvres, le regard légèrement concerné. Elle lui avait bien dit que l’alcool et le tabac étaient des blagues et pourtant la voilà à lui proposer de l’accompagner dans ses conneries. « Ça fume un danseur, ou… ? » Secouant la tête en grimaçant, il détourne le regard pour éviter de sentir l’odeur de fumée une fois que la clope sera allumée. « Non. » Il répond simplement, se retenant de justesse de lui faire la morale et de lui présenter un schéma expliquant les dangers de la cigarette. Il a envie de lui dire qu’elle est en train de signer son arrêt de mort mais… peut-être exagère-t-il un peu. Il est comme ça : on lui a appris que la clope n’était qu’un bâtonnet de poison qui tue à petits feux. « Au final, t’as l’air moins chiant que je le pensais… » Il glousse, reposant ses yeux sur elle. « Parce que je ne t’ai pas envoyé en colle ? » Il ricane légèrement avant de soupirer : « Tu sauras que mes élèves m’adorent. Je ne leur donne pas de devoirs. » Il se vante faussement, sarcastique. « Tu sais, si t’as pas envie de retourner chez toi le soir, il y aurait d’autres moyens que de te retrouver en colle. Tu pourrais pratiquer la guitare dans ma salle de cours, je t’invite. » Il lance en haussant les épaules. « Les danseurs ont toujours besoin d’être accompagné par de la musique. »
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| | | | (#)Lun 5 Oct 2020 - 21:36 | |
| « Vous savez pas rire de toute façon, vous les profs. » S’il y a bien une partie de la population qui a un balai dans le cul et qui sait jamais rire de rien, c’est bien eux, ceux qui passent leur temps enfermés dans des salles de cours bondées d’animaux sauvages qui ne savent pas pour la plupart tenir en place. Des professeurs cools, du genre à savoir se marrer sans être lourds, elle en a déjà connu… mais ils ne sont pas assez pour faire l’unanimité. Ellie aime généraliser, mettre tout le monde dans le même sac sans faire de quelconque exception. C’était qu’une plaisanterie, une blague qui était censé le faire rire ou au moins lui inspirer un petit sourire… mais ça n’a pas été le cas, et au vu de ses réactions, elle a l’impression d’aggraver sa situation plus qu’autre chose, elle qui n’a toujours pas l’impression d’avoir fait du mal.
Ellie aime le sport. C’est son cours favori, celui qu’elle sèche vraisemblablement le moins. Mais elle n’a jamais réellement pratiqué en club ou en salles de sport, comme ils sont de nombreux jeunes à le faire. Son sport à elle consiste à parcourir ses coins préférés de Brisbane sur sa planche tout en prenant un peu de vitesse de temps en temps lorsque le vent n’est pas suffisant pour la pousser là où elle aime se diriger. Elle le fait non pas pour une raison de santé ; sinon elle ferait d’un autre sport. C’est surtout pour une raison de facilité, mais aussi parce qu’elle kiffe ça, le skate. Elle peut prendre sa planche partout, elle arrive rapidement en cours lorsqu’elle daigne y aller… puis c’est pas aussi chiant et triste que de prendre le bus.
La guitare est aussi l’une de ses passions, l’un des seuls points communs qu’elle partage d’ailleurs avec son père. Il lui a offert cette guitare dont elle ne s’est jamais vraiment arrêté de jouer, a été le premier à lui indiquer comment s’en servir avant qu’elle ne décide de se reposer sur les tutos Youtube. Au final, elle s’en sort plutôt bien, la petite. Elle sait jouer quelques notes, a appris à jouer sa chanson favorite sans faire trop d’erreurs. En faire son métier plus tard, c’est la seule chose qui l’intéresse actuellement… c’est l’une des raisons pour lesquelles elle ne comprend pas pourquoi on la force à aller en cours quotidiennement. « C’est pas bien dur, la guitare. » qu’elle lui dit sans réellement cacher toute cette fierté qui s’anime autour de sa passion… Si elle a su apprendre à en faire, elle sait que c’est à la portée de tout le monde. « Puis, vous savez danser… chacun son truc. Moi, c’est quelque chose que j’saurais jamais faire. » Elle hoche la tête, comme pour essayer de le rassurer, de lui faire comprendre que c’est pas de sa faute s’il est nul à la guitare.
Sa proposition lui fait tout de même plaisir, bien qu’elle ne parvienne pas à la comprendre non plus. Il est arrivé pour la gronder, maintenant il lui propose de passer le voir quelques fois par mois pour lui montrer ce dont elle est capable. Forcément, elle adore montrer ses compétences à la guitare. Mais une telle invitation pourrait être mal interprétée, et ça, ça la fait sourire… parce que ça lui donne l’opportunité de lui faire une autre vanne. « Ça peut être super mal interprété, votre invitation un soir après les cours… C’est pas le genre de blague qui me fait rire, ça. » Elle l'imite. Les bras croisés, elle le fixe d’un air sérieux le temps d’un instant avant de laisser tombe le masque et de se mettre à ricaner juste sous son nez… Et forcément, elle réagit en voyant que son air ne change pas. « Roooh, c’est bon. C’était une vanne, faut se décoincer un peu. »
Ça ne marche pas, ça ne fonctionne pas… alors, elle décide de se calmer, de retourner au sujet de base, c’est-à-dire sa famille. Il semble y porter un certain intérêt qui ne la dérange pas, bien qu’elle soit du genre à détester se confier, encore moins à un homme rencontré le jour-même. L’histoire de ses parents, c’est un peu comme une plaie qui s’est refermée mais qui continue de lui faire mal. « Je sais pas, ça dépend d’à quelle heure il rentre. Il joue souvent le soir. » Elle lui confie, passant une main dans ses cheveux pour retirer cette mèche qui vient l’empêcher de correctement le regarder. Son père est un artiste… Il l’a toujours été, et c’est en partie pour cette raison qu’ils s’entendent aussi mal, elle et lui. « Mais au pire, on commandera. J’aime pas quand il fait à bouffer… c’est vraiment pas son point fort. » Et ça, elle ne lui en veut pas. Sa mère était un as de la cuisine, son père l’est pas… Ellie l’est pas non plus, bien qu’il lui arrive de vouloir s’y mettre via des recettes trouvées sur internet, mais le résultat final ne ressemble que très rarement aux photos dont elle s’inspire… Uber Eats, c’est pas si mal que ça.
Elle est un peu mal à l’aise à l’idée de l’aborder, de lui laisser voir plus qu’elle ne le devrait en lui ouvrant les portes de leur maison à Bayside… Surtout en sachant qu’il pourrait contacter les services sociaux comme il le lui a déjà dit. « Mais… il s’occupe de moi, c’est juste qu’on s’entend pas. J’veux dire, il est là, il me donne des sous pour la cantine… il fait les lessives et il oublie jamais de payer les factures. » Sauf une fois, ils n’ont plus eu internet pendant trois jours et ça, elle en a profité pour bien se faire entendre. C’est pas le père parfait, Jack, mais il fait de son mieux pour assurer le rôle au minimum, même si elle a parfois du mal à s’en rendre compte.
Puis il y a la mère Epstein. « Elle est morte, donc… elle aurait dû mal. » Elle pousse la porte du lycée, découvrant enfin l’obscurité dans laquelle elle va devoir rentrer chez elle. Elle n’a pas son skate aujourd’hui, elle qui est venue en bus et qui ne s’attendait pas à se choper une heure de colle… mais elle rentrera sans problème. C’est pas la première fois, après tout. « Elle a eu un cancer. » qu’elle détaille presque ironiquement en sortant son paquet de clopes de l’une de ses poches, grinçant des dents en réalisant qu’elle va devoir fouiller son sac à la recherche d’un briquet… ce qu’elle fait le temps d’un instant jusqu’à mettre la main sur un vieux briquet, toujours fonctionnel… Elle allume la cigarette, vient la glisser entre ses lèvres…
Elle fume, inhale un peu de cette fumée que lui semble plutôt craindre… C’est drôle de fumer en parlant de sa mère décédée d’un cancer… mais elle ne fumait pas tant que ça, Ellie ne fait pas réellement le rapprochement entre les deux, bien que ça puisse porter à confusion. Elle profite tout de même de sa petite clope habituelle sous les yeux de l’enseignant loin d’être amusé par la scène. « Bah… en même temps, t’es prof de danse. Ils auraient dû mal à faire des devoirs, si ? J’veux dire… y a pas de devoirs en sport. » Elle s’amuse, recrachant une bouffée de fumée épaisse…
« Sérieux ? » Elle apprécie son invitation… bien qu’il semble s’être trompé sur le message qu’elle voulait faire passer. « Mais… ça m’dérange pas de rentrer chez moi. C’est pas comme si mon père me bat ou quoi qu’ce soit. Au contraire, il est plus invisible qu’autre chose. » qu’elle dit comme pour s’en vanter alors que c’est tout ce qu’elle déteste chez lui, cette incapacité à prendre son rôle au sérieux. « Mais… tu sais, j’suis pas si bonne que ça. J’sais jouer quelques trucs, j’apprends encore. J’suis loin d’être la prochaine rockstar de Brisbane. » Loin de là, mais elle y aspire… ce serait même un rêve.
Son doigt vient glisser le long de sa veste pour jouer avec la fermeture… Elle ferme son manteau au maximum, commençant à sentir les premiers souffles de la brise de début de soirée. Elle l’observe d’un air curieux, tirant une énième fois sur sa clope avant de la laisser s’écraser au sol et de venir la piétiner… « Si j’viens jouer la semaine prochaine, tu acceptes de me ramener chez moi ? » Il fait noir, il fait froid et il commence à se faire tard… Elle se dit qu'elle peut bien gratter un peu de son essence. Personne laisserait une jeune fille rentrer seule chez elle à une heure pareille... certainement pas un prof ? |
| | | | (#)Ven 16 Oct 2020 - 20:07 | |
| Rire, Raphael sait le faire. Seulement, il ne veut pas encourager la jeune fille dans cette lancée. S’il réagir positivement à ses commentaires concernant les services sociaux, la clope, ou même l’alcool – le simple fait de l’entendre évoquer ces sujets à cet âge le rend légèrement mal à l’aise. Il n’est pas un psychiatre et il ne peut pas comprendre ce qui se passe dans le cerveau de la jeune mais il peut être certain que ce ne sont pas des sujets auxquels elle devrait penser aussi facilement. Elle a probablement été mise en contact avec ces sortes de poison hâtivement et, évidemment, Raphael lie cette hypothèse à son père qu’elle dit absent pour elle. « Je te l’ai dit, je ne suis pas un vrai prof. » Il répond simplement pour se détacher de cette catégorie qu’elle lui a attribuée. Il n’a pas de réelle autorité sur elle ; il souhaite seulement lui faire comprendre qu’il n’acceptera jamais qu’elle se moque des enfants qui ne partagent pas les mêmes passions qu’elle.
Justement, il est surpris d’apprendre que, sa passion à elle, c’est la guitare. Il s’attendait à ce qu’elle plaisante encore en balançant les pires conneries mais elle se fait honnête avec lui et il accueille la situation à bras ouverts. Il adore la musique car elle l’accompagne tous les jours alors il lui fait comprendre qu’elle est talentueuse si elle sait faire danser ses doigts sur les cordes. « La danse et la guitare vont de paire. Si tu sais jouer les bonnes notes au bon moment, ça veut dire que tu as le rythme dans le sang. » Il hausse les épaules, n’impliquant rien de plus. Il ne veut pas lui imposer la passion de la danse, de toute façon : ça n’a jamais été son intention. Ce qu’il souhaite, au fond, c’est de lui faire réaliser que elle et ses élèves ont plus de points communs qu’elle ne le pense. L’instrument accompagnera toujours la danse : l’un dépend de l’autre. « Ça peut être super mal interprété, votre invitation un soir après les cours… C’est pas le genre de blague qui me fait rire, ça. » Il fronce les sourcils et la fixe un peu trop sérieusement pendant trop de secondes. Il ne souhaite pas commenter cette plaisanterie, encore une fois, pour ne pas l’encourager dans cette voie. Elle a compris ce qu’il voulait dire, de toute façon. Elle fait exprès de déformer ses mots. « Roooh, c’est bon. C’était une vanne, faut se décoincer un peu. » Enfin. Raphael ne souhaitait pas que la discussion se dirige vers ce genre de connerie. Il en a entendues, des histoires d’élèves manipulateurs qui pointent un doigt accusateur en direction de leur professeur innocent seulement pour lui faire la vie dure. Seulement, le monde ne prend jamais ces accusations à la légère et évidemment que le jeune homme perdrait son emploi si l’adolescente décidait d’inventer d’horribles mensonges contre lui. « C’est le genre de vanne qui pourrait me faire perdre mon job, ça. Et peut-être toutes les prochaines que je souhaiterais avoir. Il ne s’agit pas de me décoincer mais plutôt de réfléchir un peu plus avant de dire de telles choses. » Le ton de sa voix n’est pas austère. Il est plutôt posé, calme, parce qu’il souhaite doucement lui faire comprendre qu’il y a certaines phrases qui peuvent briser des vies. Même celle d’un garçon de vingt-trois ans.
« Je sais pas, ça dépend d’à quelle heure il rentre. Il joue souvent le soir. » La confession le prend aux tripes et il baisse le regard quelques secondes vers ses chaussures pour ne pas se laisser imaginer le pire. Peut-être qu’il joue au… football. Ou au tennis. Il ne s’agit peut-être pas des casinos et des machines à gages. « Mais au pire, on commandera. J’aime pas quand il fait à bouffer… c’est vraiment pas son point fort. » Elle ajoute, ensuite, qu’il n’est pas complètement absent pour elle, qu’il effectue les tâches d’adulte. Esquissant un sourire empathique, il se contente d’hocher doucement de la tête. Il ne peut pas poser plus de questions : il n’est pas là pour ça. Il espère seulement que quelqu’un sera là pour l’aider dans ses relations familiales. Sa mère, peut-être ? « Elle est morte, donc… elle aurait dû mal. » D’accord. C’était peut-être la question de trop. Il aurait dû s’en douter. Elle ne l’avait jamais mentionnée avant qu’il ne l’interroge. « Oh. Désolé. » Il conclue, enfonçant nerveusement ses mains dans ses poches avant de poser son dos sur la façade en brique de l’école. Il ne lance pas un seul commentaire quand la jeune fille allume sa clope pour en tirer une latte. Mais ce n’est pas l’envie qui manque de lui faire la morale et de devenir porte-parole pour ses poumons. Pour éviter de s’emboucaner, il détourne la tête à chaque fois que de la fumée grise s’échappe de ses lèvres. « Bah… en même temps, t’es prof de danse. Ils auraient dû mal à faire des devoirs, si ? J’veux dire… y a pas de devoirs en sport. » Elle marque un point, certes. Mais il pourrait demander aux élèves de pratiquer certaines routines de danse chez eux. Il ne le fait pas car il sait que ce n’est pas tout le monde qui peut avoir une installation assez vaste que sa classe. « Roh. Laisse-moi me vanter comme je peux. » Il plaisante, la regardant du coin de l’œil, évitant de justesse un autre nuage de fumée. Sans trop réfléchir, il l’invite à se joindre à sa prochaine classe afin qu’elle joue quelques notes de son instrument de musique fétiche. Devant sa surprise, il sourit doucement et hausse les épaules. « Mais… tu sais, j’suis pas si bonne que ça. J’sais jouer quelques trucs, j’apprends encore. J’suis loin d’être la prochaine rockstar de Brisbane. » Ce à quoi il répond aussitôt, pour la rassurer : « Et mes élèves sont loin d’être les prochains danseurs à Broadway. » Il précise immédiatement, pour être certaine qu’elle comprend : « C’est le groupe de théâtre la plus prestigieuse aux États-Unis. » Une troupe qu’il aurait aimé rejoindre s’il n’avait pas loupé toutes les auditions de danse qui ont eu lieu dans le passé. Sa blessure à sa cheville ne l’abandonnera jamais. « Si j’viens jouer la semaine prochaine, tu acceptes de me ramener chez moi ? » Il rit réellement, cette fois, ses yeux lumineux de malice. « Je ne veux pas te décevoir mais je suis venu à vélo. » Il pointe du menton le vélo dont il est question, cadenassé à un arbre à quelques mètres d’eux. « Je suis toutefois honoré de savoir que j’ai la gueule d’un type qui possède une bagnole. » Il ajoute, faussement moqueur, se décollant enfin du mur. « Je suis désolé. Je voudrais t’aider mais je ne peux pas. J’espère que ça ne t’empêchera pas de venir jouer la semaine prochaine. Je suis certaine que tu aimerais. Crois-moi. » Il termine en souriant doucement pour finalement se diriger vers son moyen de transport écologique.
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| | | | | | | | The Judge [Ellie&Raphael] |
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