Une éternité. Je n’avais pas revu Auden depuis trois mois. C’est bien ce que je m’étais dit lorsqu’il m’avait appris qu’il allait déménager. Le fait que nous soyons plus voisins nous avait éloignés l’un de l’autre. Tristesse. Et puis le Williams n’était pas du genre à m’appeler tous les quatre matins non plus pour me demander de mes nouvelles. Quant à moi, j’avouais qu’avec tout ce qui se passait actuellement, dans ma vie professionnelle avec la sortie de mon roman, je n’avais pas pris le temps non plus. Il me manquait le temps où il venait en bas de chez moi et où il pouvait me dire « Je traîne en bas de chez toi je fais baisser le prix de l’immobilier ». C’est clair, c’était tellement une plaie surtout en arrivant parfois attifer n’importe comment qu’il en faisait fuir plus d’un. Lorsqu’il sonnait à ma porte, parce que parfois celle-ci était fermée et qu’il ne pouvait donc pas entrer comme un voleur, j’avais envie de lui dire « Oh Djadja, y’a pas moyen Djadja . Mais bon je finissais toujours par ouvrir. Et je le supportais, bien malgré moi. Il m’en faisait des vertes et des pas mûres, comme la fois où il avait fini par me piquer mon assiette de lasagnes et qu’il me l’avait faite tomber en courant partout dans l’appartement. Je lui avais dit que j’allais le plomber mais il m’avait répondu « Y’a que mon dentiste qui peut me plomber ». Il était juste insupportable. Et pourtant, je tenais à lui, c’était un je t’aime moi non plus incessant entre lui et moi.
Bref, je prenais ma voiture et décidais qu’il était temps qu’on se voit. Direction donc Bayside où il habitait désormais. Pff c’était tellement plus facile quand il habitait à quelques pas. Maintenant, je devais me taper des bouchons monstres avant de pouvoir arriver chez lui. Il avait intérêt à être chez lui ! Que je ne fasse pas tout ce chemin pour rien. S’il le faut je l’attendrais jusqu’au bout de la nuit ! Il est dix sept heures trente quand j’arrive enfin devant chez lui. C’est la première fois que je vois sa maison. Je pensais que j’allais tomber sur un taudis mais finalement, c’était pas si mal que ça. Je montais les marches du perron. Puis je m’arrêtais net. Il habitait avec Ginny, avec qui il s’était marié. Est-ce que je prenais la peine de rentrer comme ça, comme avant, sans crier gare ? Ou je sonnais ? Après tout, Ginny me connaissait, elle m’avait déjà vu à l’œuvre alors bon « Aie, merde ». J’y avais été un peu fort, me prenant le genou dans la porte, pensant vraiment que cette dernière était ouverte. Non à la place elle m’avait envoyé le message« Je voudrais bien, mais j’peux point ». Bah oui, ce plouc d’Auden n’était pas chez lui visiblement. Je tambourinais à la porte. Personne. Deux, quatre, six minutes plus tard, j’abandonnais. Mais pour autant, je ne partirais pas et resterais là, assisse sur les marches de son perron à attendre.
Oui, je sais, à force ça en devient presque de l'abus. À force, c'est presque comme si c'était forcé tant je finis toujours bredouille à devoir gratter à la porte pour qu'Auden me laisse entrer. Je pense qu'elles sont tombées de ma poche quand j'étais à courir sur les traces de Pizzasagne, le pauvre chien qui lui-même sprinte vers le jardin sans que j'arrive à le rattraper dans cette dimension ni dans les autres. Il est affamé et c'est l'heure de ses croquettes préférées, croquettes que je ne pourrai absolument pas lui donner à remarquer l'absence de la voiture d'Auden dans l'allée. J'ai donc ultimement la réponse à ma question à savoir "Comment va-t-il se moquer aujourd'hui une fois qu'il saura que je me suis encore embarrée hors de chez moi?".
Il y a une silhouette, posée sur le perron. Depuis l'arrivée en fanfares d'Ana dans nos vies - ou du moins son retour, pour certains - c'est devenu plus que typique que je m'attende à la voir tourner un trottoir, apparaître dans un angle ou un autre. La jeune femme installée devant la maison est bel et bien blonde elle aussi, mais quand elle redresse son visage vers moi, c'est soulagée que je réalise qu'il s'agit là de Mia et non de la cadette Williams et de sa désormais traditionnelle batte de baseball.
« Aude t'a jetée dehors toi aussi? » que je pouffe, hilare dans ma malchance, feignant une situation qui n'en est pas une quand je finis par me poser à ses côté sur les escaliers de l'entrée. Le chiot de presque un an maintenant revenant à ma hauteur rien que pour poser sa tête à la fois sur mon genou gauche, mais également sur le genou droit de Mia. « J'ai perdu mes clés. » ma voix chuchote, un véritable secret à l'intention de la blondinette, alors que mes doigts s'affairent à gratter entre les deux oreilles d'un Pizza heureux comme mille d'avoir autant d'attention en si peu de temps. « Toi c'est quoi ton excuse? » un sourire de plus, pour la forme.
Alors que j’attendais depuis une dizaine de minutes sur le perron, un chien débarqua comme une flèche à travers le jardin. Celui-ci fit des allers retours, comme s’il courrait après quelque chose avant de se diriger vers moi. Je tendais alors ma main pour le caresser alors qu’une silhouette se dessinait au loin. Celle-ci était fine et petite, ça ne pouvait pas être le temps attendu Auden. Je reconnus alors Ginny qui s’approchait à son tour de moi « Aude t’a jetée dehors toi aussi ». Je riais avec elle avant de lui répondre « Il n’a jamais réussi jusqu’à présent. Mais non, il semble absent ce naze ». Je grimaçais et regardait Ginny s’installait à mes côtés. Ce qui m’étonnait. Je comptais lui demander si elle n’était pas censée vivre ici mais finalement elle me donna tout de suite la raison pour laquelle elle n’avait pas ouvert cette foutue porte « J’ai perdu mes clés » me chuchote-t-elle comme honteuse. Je me souvenais des nombreuses anecdotes qu’Auden m’avait raconté de Ginny qui était étourdie « Vous devriez vous trouver une planque ultra secrète… Ce n’est pas la première fois que ça t’arrive avoue ? » je lui tirais la langue, la taquinant un peu à ce sujet. Le chien qui avait posé sa tête sur nos deux genoux m’invitait à nouveau à lui donner des petites caresses sur le haut de sa tête « Et pourquoi ne pas les accrocher sur le collier du chien ? Ça pourrait être une bonne alternative ? » fis-je en haussant les épaules. D’ailleurs, je n’avais jamais rencontré l’animal d’où la question qui suivait « Il est très sociable. L’opposé de son maitre. Enfin, je ne sais pas s’il vous appartient à tous les deux. Comment il s’appelle ? ». Je parle comme toujours, je pose des questions, toujours trop like always. « C’est quoi ton excuse à toi ». « Mauvais timing ? » fis-je en l’interrogeant à son tour. « Je voulais débarquer à l’improviste, comme toujours tu me connais, mais il a dû me voir arriver de loin, a pris ses jambes à son cou et s’est barré par une fenêtre ». Il en serait tellement capable.
C'est toujours beaucoup trop simple, avec Mia. Autant lui parler que de piquer Auden en duo, on arrive à chaque fois à avoir la conversation qui flotte sans même forcer. Ç'aurait pu être difficile, vu les rapports qu'elle entretient avec ma soeur et les années difficiles qu'on a pu traverser Jill et moi, mais jamais je n'ai senti la moindre intention négative de Mia face à moi - et c'est une véritable bouffée d'air frais de la trouver sur mon palier, même si elle est prête à se moquer d'emblée.
« Vous devriez vous trouver une planque ultra secrète… Ce n’est pas la première fois que ça t’arrive avoue ? » « Te moque pas, mais c'est le cas, on en a une. J'ai juste oublié où elle est elle aussi. » elle pouffe et moi aussi, avec autant de naïveté que si j'avais été une gamine d'à peine 5 ans prise sur le fait. Auden ragerait de savoir que non seulement j'ai oublié mes clés et qu'en plus que j'ai oublié la cachette qu'il a mis mille ans et des poussières à tenter de me faire mémoriser - mais voilà quoi, autant mettre Mia dans la confession. « Et pourquoi ne pas les accrocher sur le collier du chien ? Ça pourrait être une bonne alternative ? » la tête du chiot trouve refuge sur les cuisses de la blondinette, il lui dédie les plus grands yeux brillants qu'il a en banque pour la charmer direct. « T'es un génie. » mes doigts eux, glissent contre le collier du cabot. Me disant que lui au moins serait un allié dans ma perte quotidienne du seul moyen d'entrer chez moi autre qu'en défonçant une fenêtre.
Parlant du chien. « Il est très sociable. L’opposé de son maitre. Enfin, je ne sais pas s’il vous appartient à tous les deux. Comment il s’appelle ? » j'éclate de rire une seconde, avant de reprendre un air grave la suivante. « Te moque pas, à nouveau. » l'inspiration est aussi fausse que dramatique, la confidence est faite avec un aussi immense qu'honteusement fier sourire niché sur mes lèvres. « Jack Van Pizzasagne, premier du nom. » pour Jack son pire ennemi, pour Van Gogh notre inspiration du moment. Pour la Pizza, repas de rois, et pour la Lasagne qui vient tout juste après ou avant, chaque jour on change son positionnement sur le podium. « Quand je dis son nom il est qu'à moi. Mais quand il est adorable comme ça il est qu'à lui. » mes épaules se haussent, je rigole de plus belle.
C'est un « Mauvais timing ? » qui justifie sa présence sur le pas de la porte, alors. « Je voulais débarquer à l’improviste, comme toujours tu me connais, mais il a dû me voir arriver de loin, a pris ses jambes à son cou et s’est barré par une fenêtre » à sa moquerie s'ajoute la mienne. Finalement je redresse la main en l'air, comme s'il s'agissait de la promesse la plus officielle que je pouvais lui faire en l'instant. « Promis dès qu'il arrive on te planque et je lui tends le pire des pièges pour pas qu'il s'échappe encore. »
Je pensais que l’arrivée de Ginny allait m’éviter d’attendre comme une sans domicile fixe sur le porche de Williams, me permettant de ne pas avoir droit aux moqueries de ce dernier lorsqu’il finirait, peut-être, par arriver. En effet, la belle poupée qu’était Ginny était une éternelle tête en l’air qui avait paumé ses clés. Nous voilà avancer. Je me moquais légèrement d’elle cependant , lui soumettant l’idée d’une cachette secrète « Te moque pas, mais c’est le cas, on en a une. J’ai juste oublié où elle est elle aussi ». Je pouffais alors de rire, c’était quand même incroyable d’oubliant les choses à ce point « Non mais je vais t’acheter un petit bloc-notes ou des post-it pour t’aider à te souvenir de tout… Quoi que si tu les perds eux aussi ». Je riais encore, j’avais toujours adoré ce côté un peu crédule chez elle. L’unique solution restait cependant d’utiliser le chien « T’es un génie ». Ah j’étais fière de moi, l’idée semblait lui plaire « Bon maintenant, n’oublie pas le chien » fis-je en lui lançant un clin d’œil. Justement, ce dernier me faisait des yeux doux, il était adorable, je lui faisait alors des caresses sur la tête tout en demandant à Ginny le nom de celui-ci « Te moque pas à nouveau… » Il fallait s’attendre à tout avec les deux réunis. Je m’attendais au pire « Jack Van Pizzasagne, premier du nom ». Là encore, je ne pus retenir un rire. Je ne pouvais m’attendre à un simple nom c’était sûr à 99,9% « Ok, va vraiment falloir que vous m’expliquez Auden et toi d’où vient votre imagination débordante. Parce que là, plus original… Tu meurs ! D’ailleurs, vous devriez vous lancer dans l’écriture tous les deux, vous feriez un succès fou ! ». Je n’étais pas sûre cependant que le chien appartient au deux, ce à quoi Ginny me répondit « Quand je dis son nom il est qu’à moi. Mais quand il est adorable comme ça il est qu’à lui ». Je roulais des yeux, c’était typique d’Auden « Mouais, fin il y a une preuve inéluctable dans le nom de votre chien qui prouve qu’Auden y a son empreinte. Lasagne ? D’ailleurs, je garde un souvenir amer avec lui à propos des lasagnes ». Oui cette fois où il avait débarqué chez moi à l’improviste, pour m’annoncer et son déménagement et son mariage secret, et qu’il m’avait subtilisé mon plat de lasagne que je m’étais faite livrée, car il refusait de partager l’omelette qu’il avait confectionné avec mes œufs. Il était parti en courant avec l’assiette… et avait tout renversé par terre. Ne m’aidant même pas à ramasser. Je l’avais toujours en travers celle-là, il risquait d’en entendre à nouveau parler.
En attendant, le jeune homme n’était pas chez lui et ça aussi j’avais du mal à l’avaler. J’avais fait tout le trajet pour finalement trouver une maison vide, avec une porte qui avait fait de la résistance et m’avait sûrement laissé un beau bleu sur le genou « Promis dès qu’il arrive on te planque et je lui tends le pire des pièges pour pas qu’il s’échappe encore ». Ginny était aussi convaincu et surtout savait Auden capable d’avoir fuit en voyant ma voiture me garer dans son allée. Ce n’était pas comme avant où je pouvais arriver à l’improviste sans qu’il le voit, je m’y rendais à pied et puis c’était un appartement. Maintenant, c’était grillé à deux milles ! « Oh oui, j’ai ma revanche à prendre en plus ! Je vais commander un Uber eat avec des lasagnes. Le faire saliver et lui renverser sur la tête. Doublement piégé par ma présence et des lasagnes fichues. Et je nous prends une portion pour nous deux mais qu’on mangera avant qu’il arrive, pour être sûre ». Oui qu’il ne recommence par comme la dernière fois. Finalement, mon imagination pouvait être aussi très débordante. Sûrement les ondes Williams y jouaient beaucoup.
Les clés sont perdues, et selon les manigances de Mia ce sera le collier du chien qui deviendra ma nouvelle stratégie pour y loger un double et m'assurer de ne plus passer des heures à attendre hors de la maison. Le pire, c'est certainement qu'Auden se doute fort probablement que je suis prise dehors à cause de mon étourderie pour la cent cinquante millième fois cette semaine. Limite, plus il sait sans que je ne dise le moindre mot plus il s'assurera que j'attende longtemps et qu'ainsi le message passe. Que je retienne la cachette pour la prochaine fois. Mon mari, ce gamin.
« Oh oui, j’ai ma revanche à prendre en plus ! Je vais commander un Uber eat avec des lasagnes. Le faire saliver et lui renverser sur la tête. Doublement piégé par ma présence et des lasagnes fichues. Et je nous prends une portion pour nous deux mais qu’on mangera avant qu’il arrive, pour être sûre » il y a bien longtemps que j'ai arrêté de me demander le pourquoi du comment lorsque les potes d'Auden me mentionnaient avoir une revanche à prendre contre lui. Au fil du temps, j'ai simplement compris que c'était monnaie courante entre eux tous de se faire des coups plus ou moins graves. Le reste du temps, je me contente d'observer les résultats parfois amusée, parfois hilare, parfois effrayée. Souvent un mélange des trois.
D'un rire à un autre, on passe maintenant aux confidences. « Tu crois qu'il fait quoi, là, toi? » que je chuchote, presque plus heureuse de faire comme si je lui transmettais un horrible secret. Quand au final il ne s'agit que d'une question légitime à laquelle la réponse qui me fera le plus rire gagnera la première manche. « Il est trop tôt dans la semaine pour qu'il soit en train de sacrifier une chèvre, j'pense. » quoi qu'il serait bien à même de nous surprendre toutes les deux.
« Tu crois qu’il fait quoi, là, toi ? » Tout est possible avec Auden, pleins d’idées me viennent en tête, tout autant saugrenues les unes que les autres « Je le vois bien être en train de faire chier quelqu’un dans un parc, se moquant royalement de ses peintures ou dessins ». Oui, c’était complètement son genre, c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés lui et moi. Je dessinais tranquillement sur le banc d’un parc de la ville et il m’avait abordé en me faisant une remarque désobligeante sur ma production. Alors, certes, ce n’était pas un chef d’œuvre, je pouvais l’admettre et le reconnaitre sans souci. Mais quand même, je n’ai pas le niveau d’un enfant non plus. Je regarde alors le chien courir un peu partout sur le terrain et propose une autre idée « Ou si on continue dans l’idée qu’il s’est barré en me voyant débarquer ici, il est peut être caché dans un buisson, les fesses à l’air en train de nous observer ». Je vois Pizzasagne sentir un buisson au loin, je lui fait alors un signe en sa direction « Regarde, c’est pas totalement impossible ». Je souriais, voyant alors l’animal entrait dans le buisson. Il en sortit une fraction de secondes plus tard avec un bout de … pizza « En train de bouffer de la pizza ». Je ris doucement, me demandant comment un bout de pizza pouvait se trouver là. Je crie alors en direction du buisson, mettant mes deux mains devant ma bouche pour faire porter un peu plus ma voix « Hey Williams, si t’es dans le buisson s’il te plait, épargne moi l’horrible spectacle et n’en sors que quand ta femme et moi aurons décidé de partir. Mais tu peux attendre longtemps ». Je lève les yeux au ciel, exaspérée par moi-même « Et toi qui le connait depuis si longtemps tu dois avoir ta petite idée ? ». Je la regarde, sourire aux lèvres, amusée de notre petit complot secret « Il est trop tôt dans la semaine pour qu’il soit en train de sacrifier une chèvre, j’pense ». J’explose de rire alors « Non aujourd’hui ce doit être le jour où il sacrifie quelqu’un… Je ne devrais peut-être pas m’attarder, si jamais il décide de s’attaquer à moi en rentrant ». Je regarde alors Ginny, je ne sais pas pourquoi, ce genre de choses ne m’étonnerait pas tant que ça venant de lui.
« Tu crois qu’il fait quoi, là, toi ? » Tout est possible avec Auden, pleins d’idées me viennent en tête, tout autant saugrenues les unes que les autres « Je le vois bien être en train de faire chier quelqu’un dans un parc, se moquant royalement de ses peintures ou dessins ». Oui, c’était complètement son genre, c’est ainsi que nous nous sommes rencontrés lui et moi. Je dessinais tranquillement sur le banc d’un parc de la ville et il m’avait abordé en me faisant une remarque désobligeante sur ma production. Alors, certes, ce n’était pas un chef d’œuvre, je pouvais l’admettre et le reconnaitre sans souci. Mais quand même, je n’ai pas le niveau d’un enfant non plus. Je regarde alors le chien courir un peu partout sur le terrain et propose une autre idée « Ou si on continue dans l’idée qu’il s’est barré en me voyant débarquer ici, il est peut être caché dans un buisson, les fesses à l’air en train de nous observer ». Je vois Pizzasagne sentir un buisson au loin, je lui fait alors un signe en sa direction « Regarde, c’est pas totalement impossible ». Je souriais, voyant alors l’animal entrait dans le buisson. Il en sortit une fraction de secondes plus tard avec un bout de … pizza « En train de bouffer de la pizza ». Je ris doucement, me demandant comment un bout de pizza pouvait se trouver là. Je crie alors en direction du buisson, mettant mes deux mains devant ma bouche pour faire porter un peu plus ma voix « Hey Williams, si t’es dans le buisson s’il te plait, épargne moi l’horrible spectacle et n’en sors que quand ta femme et moi aurons décidé de partir. Mais tu peux attendre longtemps ». Je lève les yeux au ciel, exaspérée par moi-même « Et toi qui le connait depuis si longtemps tu dois avoir ta petite idée ? ». Je la regarde, sourire aux lèvres, amusée de notre petit complot secret « Il est trop tôt dans la semaine pour qu’il soit en train de sacrifier une chèvre, j’pense ». J’explose de rire alors « Non aujourd’hui ce doit être le jour où il sacrifie quelqu’un… Je ne devrais peut-être pas m’attarder, si jamais il décide de s’attaquer à moi en rentrant ». Je regarde alors Ginny, je ne sais pas pourquoi, ce genre de choses ne m’étonnerait pas tant que ça venant de lui.
Mia a toujours été incroyablement douée pour me faire rire. Je me souviens des dizaines de fois où elle passait à la maison, filant presque toujours au trot vers Jill non sans embêter Matt, ni sans avoir des tas d'histoires rocambolesques à me raconter. Elle fait partie des gens qui ont toujours été dans ma vie sans que rien ne soit forcé, et aujourd'hui encore c'est avec un naturel désarmant qu'on enfile les bêtises les unes après les autres en éclatant de rire à la clé.
« Regarde, c’est pas totalement impossible » elle est aussi bien placée que moi pour l'extrapoler en plus, c'est bien ça le pire. « En train de bouffer de la pizza » et Pizza l'ironie sous forme de chien, qui s'en donne à coeur joie à tester la théorie. J'en ai les larmes aux yeux tellement je pouffe de rire, et elle en rajoute la blonde. « Hey Williams, si t’es dans le buisson s’il te plait, épargne moi l’horrible spectacle et n’en sors que quand ta femme et moi aurons décidé de partir. Mais tu peux attendre longtemps » sa nuque s'allonge et sa voix porte, c'est un spectacle d'une grande classe. Si nos voisins sont dans les parages promis la prochaine fois, l'un ou l'une d'entre eux va venir prendre le thé dans la salle d'attente improvisée sur le pavé avec nous deux. « Et toi qui le connait depuis si longtemps tu dois avoir ta petite idée ? » oula. Je le connais depuis une éternité oui, mais s'il y a bien quelque chose que j'ai appris d'Auden, c'était qu'il n'allait jamais être prévisible. Chaque plan qu'il peut faire change quinze fois et quinze autres, s'il se donne l'impression de stagner il enclenchera la dixième vitesse vers un autre angle sans que jamais rien ni personne ne l'en empêche. Du coup oui, j'ai une liste d'endroits potentiels où il pourrait être. Mais faudrait les visiter tous les uns après les autres pour arriver à le croiser - si vraiment c'est là où il avait envie d'aller. Il est toute une créature de complexité mon mari - mais je ne l'aimerais pas autant si ce n'était pas le cas. « Non aujourd’hui ce doit être le jour où il sacrifie quelqu’un… Je ne devrais peut-être pas m’attarder, si jamais il décide de s’attaquer à moi en rentrant » le sacrifice est écarté - ou presque.
Mia semble être sur le départ ou du moins, sa patience envers l'italien a de nouveau franchi de jolies limites. « Attends, attends, tu peux pas partir sans laisser ta trace. » alors viens l'idée du siècle à mes yeux, celle qui laissera littéralement une marque et qui rendra le jeu entre eux deux encore plus fun jusqu'à la prochaine fois. « Ça part avec la pluie, c'est ça la beauté d'être mère. » mes mains ont farfouillé une bonne minute dans le bordel sans nom que contient mon sac, avant de lui dégainer des crayons que Noah adore utiliser au parc ou n'importe où vraiment, dès qu'il a des murs sur lesquels dessiner comme un grand peintre de renommée mondiale. « Son atelier est juste là, et la vue donne vers... » d'un geste, je fais signe à la blonde de me suivre, l'amenant à contourner la maison pour arriver pile devant la baie vitrée qui longe l'atelier d'Auden. Du bout du doigt, je lui pointe maintenant l'immense arbre, mais surtout la jolie clôture de bois blanc vernis sur laquelle elle pourra s'amuser à écrire des tas d'obscénités sans que je ne m'y oppose. Noah passe la semaine chez Ezra de toute façon, ma qualité de mère est sauve. « Si je ferme les yeux ça fait pas de moi une complice, hen? » un rire et un autre, puis mes paupières sont closes.
Des spéculations. Voilà ce que nous étions entrain de faire avec Ginny. Je suis venue rendre visite à son tendre mari, Auden, qui, une fois n’est pas coutume, est aux abonnés absents. Pourtant, je ne me dégonfle pas et décide de l’attendre de pied ferme sur son perron. Ginny a oublié les clés de sa propre maison alors, comment dire, nous n’en avons pas vraiment le choix. Elle est toujours égale à elle-même elle aussi, toujours aussi tête en l’air ce qui me fait toujours autant sourire. Nous entrons donc dans un délire, imaginant ce que ce cher Williams peut bien être entrain de faire. Le mien part loin, disant qu’il est très certainement caché dans le buisson qui nous fait face, entièrement nu à déguster une pizza. Sauf que le chien va checker lui-même et visiblement, il n’y a personne. Mais l’imaginer planqué, à attendre impatiemment qu’on bouge avec Ginny me fait rire et ne m’étonnerait pas venant de sa part. Je m’effraie même à me dire qu’il peut-être dans un délire psychotique d’assassinat d’êtres humains. Ce qui me donne envie de prendre mes jambes à mon cou. Toujours dans ce délire, cependant, cela fait suffisamment longtemps que j’attends et je songe tout de même à rentrer chez moi.
« Attends, attends, tu peux pas partir sans laisser ta trace ». Pas faux. Je me demande quelle idée la belle Ginny peut avoir. Elle me tend alors des crayons « Ca part avec la pluie, c’est ça la beauté d’être mère ». Un air amusé s’affiche sur mon visage. Je sens que son idée va me plaire « Son atelier est juste là, et la vue donne vers… » Je la suis alors comme elle me le demande. Nous arrivons devant une grande baie vitrée, donnant sur l’atelier d’Auden. Mais surtout, elle me montre du doigt la grande clôture de bois blanc. Et là, je comprends parfaitement où elle veut en venir. Mes lèvres s’étirent doucement et des idées fusent par millier « Si je ferme les yeux ça fait pas de moi une complice, hen ? » « Il te faudra te débarrasser des preuves après ça », fais-je en brandissant les crayons. Je m’approche alors de la clôture et réfléchit. Je ne peux pas écrire tout ce que je souhaiterai, ça ne tiendra pas. « Trouvé ! » Je me baisse alors et commence à écrire en gros « YOU OWE ME ONE », faisant référence à sa dernière venue chez moi où il avait gâché mes lasagnes. Je signais alors d’un Catwoman, faisant référence là aussi au fait qu’il voulait que j’adopte un chat « J’ai le feu vert pour dessiner ça » je lui montre alors un doigt d’honneur qui ne lui ai bien évidemment pas adressé « C’est pas pour toi ma belle bien sûr » je lui souris et ayant son approbation, je dessine un beau fuc*. « Voilà, je pense qu’il devrait comprendre ». Je lui rends alors les crayons « Je suis contente de t’avoir vu Ginny en tout cas. Ca me manque de plus venir emmerder autant ton mari mais s’il te plait ne lui dit pas. Il va avoir la tête de la taille d’une pastèque ». Je m’approche alors pour l’éteindre et dépose un bisou sur sa joue « Et si tu as besoin de te prendre l’air parce que le Williams te tape sur le système, tu as mon numéro ma chérie ». Je lui fais alors un signe de la main et m’éloigne pour rejoindre ma voiture. Je recule et klaxonne pour dire un dernier au revoir à Ginny.
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