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 all frozen and stuck in a dream | willer #16

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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyMar 4 Aoû 2020 - 22:06

all frozen and stuck in a dream@Ariane Parker
« Si tu mets de la sauce sur le canapé, je te pose dehors et tu y passeras la nuit. » Pas qu'il fasse froid, de toute façon, à Grenade. C'est l'été, celui qui brûle et fait taire la ville jusqu'au soir. La maison est toute retirée du monde, petit havre de paix. Elle n'est pas immense, mais c'est un petit bijoux bâti tout autour d'une cour intérieure typique, dallée de carrelage coloré et décoré d'une fontaine. Toute sur un étage, pratique, Saül n'a pas menti. Ici, tout se tait, sauf le téléphone de l'italien qui, parfois, lui rappelle que le monde existe de l'autre côté de l'océan. A cette heure-ci, pourtant, la tranquillité règne.

La maison est agréable, fraîche, malgré la chaleur environnante. Saül s'est occupé du repas du soir, nonobstant les plaintes, les cris et les morsures d'Ariane. Tout ce qu'elle a à faire, c'est ne pas respirer trop fort et ne pas se lever sans l'aide de l'italien, qui la préfère loin de tous les ennuis possibles. La moindre marche, le moindre dénivelé devient l'équivalent d'une montagne à gravir. Saül s'installe à côté de la française, sur le canapé impeccable. Dehors, les derniers rayons du soleil s'évanouissent lentement. Le ciel, paresseux, a retrouvé une couleur rose pâle. Ici, la vie est tranquille, si l'on omet les disputes qui ont pour sujet "Saül II c'est bien comme prénom".

Il y a malgré tout quelques marques du passé, dans les murs. Il y a longtemps que les dernières photos de famille ont été enlevées et que rien de visible ne subsiste ici. Pour autant, Saül entend encore, au détour du couloir, les encouragements qu'Elise prononçait pour les premiers pas de Cosimo. Ses yeux s'attachent encore à la terrasse, aux détails de certaines pièces, jusqu'au bruit même que fait la maison endormie. Tout est souvenir et c'est compliqué, parfois, d'oublier que petit Cosimo ne va pas sortir d'un endroit où d'un autre.

C'est doucement que son cou se tend vers l'écran encore ouvert de l'ordinateur d'Ariane. « Tu fais une liste des insultes que tu vas me lancer la prochaine fois que je te t'empêche de marcher toute seule ? » Elle peut lever la main pour le gifler, maintenant.


Dernière édition par Saül Williams le Sam 8 Aoû 2020 - 16:16, édité 1 fois
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyMar 4 Aoû 2020 - 22:34

« Si tu mets de la sauce sur le canapé, je te pose dehors et tu y passeras la nuit. »
« Si tu ne rectifies pas l'assaisonnement je hurle au meurtre prémédité par empoisonnement. »

C'est facile de lui hurler dessus sans lever le petit doigt dans une maison où tout se passe sur un seul et unique étage. C'est simple et y'a presque pas d'intermédiaire, quand ici ils ont bien compris ce que mur-pas-porteur voulait dire. Qu'ils ont tout fait tomber bien avant d'acheter. Les pièces sont immenses et les fenêtres le sont toutes autant, on voit la vallée par-delà les baies vitrées. C'est pas dit que je ne continuerai pas à rager sur le fait de ne pas pouvoir aller marcher convenablement dans les rues avoisinantes, râler presqu'autant que je le fais sur son incapacité à me laisser faire quoi que ce soit toute seule sauf p't'être respirer. Parfois, même respirer devient un challenge quand il essaie de voir si mon souffle est encore saccadé ou s'il redevient régulier.

Un calvaire - encore pire quand il vient s'affaler sans grâce aucune à mes côtés, et qu'il est encore plus beau que la minute d'avant.
Un calvaire, donc.

« Tu fais une liste des insultes que tu vas me lancer la prochaine fois que je te t'empêche de marcher toute seule ? » ses yeux dérivent sur mon écran illuminé, le chapitre sur lequel j'ai pas vraiment le choix de bosser à défaut de pouvoir faire quoi que ce soit d'autre. Sophie m'a dit de profiter de ma convalescence pour avancer la rédaction de mes nouvelles, elle jubile presque que j'arrête de tout remettre à demain et que j'ai une vraie de vrai raison de m'écraser dans un canapé pour rédiger comme jamais. Elle ignore tout d'ailleurs, pour le bébé. Tout le monde ignore tout jusqu'à preuve du contraire. « Ils jouent au poker. » j'annonce. Les secrets, les non-dits et l'entre-deux lignes qui viennent avec quand la seconde d'après ma main referme le portable d'un geste sec, définitif. Je sais même pas s'il a pu lire la moindre phrase, ne le lui demande pas. C'est à lui de corroborer, c'est à lui de me croire ou non.

Ma silhouette me fait encore mal quand elle se détourne vers lui, quand mes yeux passent d'un point lambda de merde à son visage que je scrute. La cicatrice à son arcade est depuis longtemps dissipée. « Pourquoi tu fais tout ça? » la question est légitime, même si on ne parle pas de ça. On en a pas eu envie, pas depuis très, très longtemps. Probablement qu'on en aurait jamais même eu besoin si je ne l'avais pas demandée d'emblée. Il aurait pu laisser mes frères s'occuper de moi. Il aurait pu m'acheter un fauteuil roulant de riches incrusté d'or et de pierres précieuses qu'il aurait sûrement gardé pour lui ensuite, en faire son trône officiel. Il aurait pu s'en laver les mains à la seconde où il a su pour le ah, ça, il aurait pu disparaître comme ils le font tous quand ça devient difficile, complexe et compliqué. Je ne lui en aurais probablement même pas tenu rigueur, lui qui a tout chamboulé dans sa vie quand la mienne ne fonctionne pas si elle n'est pas cassée pour être reconstruite plus forte ensuite. J'ai l'habitude de tout brûler pour recommencer, lui il s'accroche pourtant quand égoïstement il aurait très bien pu lâcher prise à tout moment.

Je veux pas de déclaration et je ne demande pas de discours larmoyants. La seule chose que je veux savoir, c'est pourquoi. Pourquoi on est ici, et pourquoi on en est là.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyMer 5 Aoû 2020 - 0:09

« Ils jouent au poker. »
« Tu vas les rendre accro. » Et ça serait redondant, de les rendre accro. « Quand est-ce qu'ils sautent en parachute ? » Quand est-ce qu'ils échangent des colliers de perles et des montres ? Ils sont en retard sur le planning, s'ils n'ont pas déjà sauté le pas des premiers bouquets de fleurs oubliés dans des parcs et sur les banquettes arrière des voitures du ciné drive. Ils sont encore plus en retard s'ils ne connaissent pas déjà par cœur tous les mouvements de l'autre, ne prédisent pas les piques à envoyer pour s'arracher des sourires et des plaintes. S'ils n'ont pas vécu de dispute(s), ils sont en retard aussi. Où est son alliance, à lui, le type du livre ?

Celle de Saül a déserté depuis longtemps. Ariane se tourne et l'italien serre les dents en l'imaginant faire de même. Elle est un peu longue la convalescence, pourtant Saül ne faillit pas à sa mission. Ses yeux se lèvent au ciel pareil, ses mots sont durs pareil, ses soupirs sont excédés pareil. Il n'y a que ses gestes pour marquer la différence, le changement. Il travail autant, parfois pendu au téléphone en même temps qu'il lit par dessus l'épaule d'Ariane, mélangeant les mots du moment à sa conversation téléphonique. Ses collaborateurs doivent le détester, en ce moment même, lui le grand patron, lui le louvetier qui garde habituellement sa meute, prête à fondre sur la proie. Saül est ailleurs depuis un moment déjà. Ses soit disant voyages d'affaires n'ont jamais duré aussi longtemps. Il remplit toujours correctement sa case de l'homme d'affaires pressé, parvient néanmoins à poser son téléphone pour tourner toute son attention sur la française à la moindre plainte plus prononcée et moins sarcastique que les autres.

« Pourquoi tu fais tout ça? »
« Pourquoi? Pour qui. »

Sa fourchette s'est plantée dans l'assiette d'Ariane et il a l'air concentré, Saül, sur la menace qu'elle a proféré il y a quelques minutes. « L’assaisonnement est parfait. Ça détraque le goût, la grossesse? » Le voilà, le lourdaud qui souligne maladroitement combien ce sujet est important, pour lui. Il ne fuira pas, l'italien grincheux. Ses lèvres ses sont posées contre la joue d'Ariane. « Ce n'est pas de la grande cuisine. » Il ne fuira pas sauf ces sujets de conversation là, qu'il évite en jouant la carte de la mauvaise compréhension, quand il sait tout à fait que l'heure est à la discussion sérieuse. « Pourquoi tu demandes? Tu doutes de mes intentions? Je ne suis pas là pour ton argent. » Le voilà le sourire, le vrai, quand la fourchette se perd à nouveau dans l'assiette de l'auteure. Lui a arrêté de douter. Les souvenirs et le reste peuvent cohabiter dans sa tête - pour le moment.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyMer 5 Aoû 2020 - 16:02

« Tu vas les rendre accro. » « Ils le sont déjà. » « Quand est-ce qu'ils sautent en parachute ? » « Ça casse tout si c'est prévu à l'avance. » c'était ce qui rendait tout ça mieux, à mes yeux. Qu'on ait jamais été assez cons pour se douter de ce dans quoi on se mettait les pieds dès le début. Lui, il peut très bien regretter. Lui, il aurait tous les droits de se dire qu'il s'attendait pas à ça, qu'il en veut pas finalement, de ça. Personne serait surpris. C'est plutôt de mon côté du spectre qu'on s'étonnera. Depuis quand elle veut un gamin, elle? Depuis quand elle pense pouvoir réussir ça, elle? « Pourquoi? Pour qui. » réponds, tu fous quoi là? « L’assaisonnement est parfait. Ça détraque le goût, la grossesse? »

Sa fourchette s'égare dans mon plat qui est le sien par alliance.
Il est affamé, j'ai pas faim du tout.
La faute à l'assaisonnement dirons-nous.

« Ce n'est pas de la grande cuisine. » et elle sera diamétralement gâchée quand y'aura ses dents de mélangées aux pâtes s'il diverge et qu'il diffuse encore longtemps.  « Pourquoi tu demandes? Tu doutes de mes intentions? Je ne suis pas là pour ton argent. » il nargue Saül, il dédramatise, me fait autant rire que rager. Il est aussi doué à me faire rager qu'à me faire l'aimer, ça en devient lourd à force. « Pourquoi tu réponds pas, tu doutes des miennes? » sur le même ton que lui je relance, posant le plat trop assaisonné ohlala c'est vraiment l'horreur depuis que tu portes mon suppôt de Satan tes papilles sont déréglées sur la table basse du salon, forçant son bras autour de mes épaules autant que son attention autour de mes paroles. « Je suis là que pour ton argent tu sais bien. » que c'est pas le cas, du tout. Auden peut bien le penser et Ana pareil, la Terre entière peut se dire que je suis la pire des golddiggers que j'en ai rien à foutre. Ils peuvent pas comprendre ce que nous-même on comprend pas encore tout à fait, de toute façon.

« J'aime la vue. » mes doigts pincent les siens, et pour une fois que c'est pas pour le déconcentrer pendant un des ses meetings ennuyeux. Pour une fois que c'est strictement pour attirer son regard par l'immense baie vitrée qui donne sur la vallée. On avait besoin d'air ; on est servis, ici. « Ça va être le bordel quand on va rentrer. Encore. » ma voix murmure, souffle, rigole aussi. À force, on a l'habitude du carnage. C'est pas ce qui rend les choses meilleures? C'est pas ça, qui finalement, rend accro? « On est pas obligés. » de rentrer. De vivre ça. D'aimer ça, d'une façon bien malsaine aussi. Ou toutes ces réponses.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyVen 7 Aoû 2020 - 1:17

« Ça casse tout si c'est prévu à l'avance. »
« Et tu n'as jamais eu peur que de ne rien prévoir, ça finisse par tout briser de la même manière ? »

Lui aurait probablement soutenu que oui, il y a quelques temps de ça. Maintenant, les choses sont un peu différentes, quand rien n'est jamais - et n'a jamais été - prévu entre eux. L'italien rêverait de perdre ses doigts partout sur la peau du ventre d'Ariane pour en éprouver les rondeurs dues à la vie qui, un jour, prendra son premier souffle dans le monde. En attendant, rien n'est visible. Tout n'est que projections et rêves éthérés. Cette phase là, Saül l'a traversée de trop nombreuses fois pour s'y accrocher véritablement. Les promesses de vie n'ont, depuis déjà plus de deux décennies, plus beaucoup de valeur à ses yeux. Sa vision des choses est poussiéreuse, rouillée par les avis négatifs et les regards froids des médecins. Une barre de plus sur un morceau de plastique ça peut se tromper, une prise de sang n'est pas la garantie de la pérennité de la vie, n'est-ce pas ?

Saül se prend à rêver que non, que la chose est trop belle et que les aléas de la vie ont assez frappé comme cela. L'égoïste ne pense pas une seule seconde aux souffrances d'Elise, à ce qu'elle pourrait penser de tout ça lorsqu'elle saura. Parce qu'elle saura, un jour, inévitablement. Pour l'heure, les bordures de ce qui compte s'arrêtent aux murs de la maison andalouse. « Pourquoi tu réponds pas, tu doutes des miennes? » « Toujours. Depuis que tu me mets en retard à mes réunions, je doute de la nature de tes intentions. » Son sourire d'idiot dégouline de sarcasme, lui qui n'a pas douté dix secondes de ce qu'il ressentait pour la jeune femme juste quand ces sentiments ont, justement, commencé à se manifester. Le retard date de Paris et de peut-être avant encore, mais Saül est resté particulièrement marqué par cette journée dans leur petite chambre sur laquelle soufflait un vent de liberté. Le temps ne devrait qu'accentuer cette sensation de chaînes brisées. « Je suis là que pour ton argent tu sais bien. » « Et moi juste parce que tu es plus jeune qu'Elise. » C'est évident - et le baiser qui suit aussi.

Le bras de Saül s'est resserré autour des épaules d'Ariane. Leurs yeux cherchent le même endroit, juste après les derniers rayons qui tombent sur le paysage. « J'aime la vue. » Ce n'est pas la vue qui arrêtera l'italien dans son repas, en tout cas. « Ça va être le bordel quand on va rentrer. Encore. » « Pourquoi t'y penses? » C'est une solution plus qu'une question, dans le ton comme dans l'attitude faussement détachée de Saül. Oui, leur retour sera peut-être pire que leur départ. « On est pas obligés. » De rentrer ? De rester ? De faire des plans sur la comète ? « Trop tard. J'ai des idées pour sa chambre. Tu vas détester. » Saül a choisi son camp pour le sujet de discussion du soir. « Il faut qu'on te trouve un spécialiste, pour la grossesse. On ne prend pas de risque. » Le revoilà, le pragmatique, celui qui délaisse la vue pour les yeux d'Ariane, celui dont le ton sérieux traduit les insomnies déjà pires qu'avant. « Quand tu seras remise complètement, on cherchera avec attention. Mange, en attendant. » Elle n'a pas faim, il a remarqué. Ce détail là l'inquiète déjà, parmi la centaine d'autres facteurs qui fourmillent - et fourmilleront - partout, tout le temps. « Je veux que tu me dises quand ça ne va pas, aussi. Je ne veux pas, j'exige, en fait. Et ne dis pas "ne me dis pas quoi faire". Je prends un passe-droit. » Comme d'habitude.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptySam 8 Aoû 2020 - 2:23

« Et tu n'as jamais eu peur que de ne rien prévoir, ça finisse par tout briser de la même manière ? »
« Je te savais pas si trouillard. Décevant. »

Sa façon de faire est aux antipodes de la mienne. Autant chiant puisse-t-il être à tout vouloir contrôler n'en reste que jamais il ne cédera de terrain là-dessus même si je me gave moi-même à tenter de lui montrer l'envers de la médaille. Il serait pas là, s'il avait tout prévu, il aurait jamais affronté tout ça et surtout pas la suite si on lui avait demandé de planifier en amont. J'en suis encore persuadée. Mais ça il ne le voit pas. Ça il ne le sait probablement même pas non plus. Passons. « Toujours. Depuis que tu me mets en retard à mes réunions, je doute de la nature de tes intentions. » « C'est pas du retard si tu y vas juste pas. » plus pure des rhétoriques que j'accompagne d'un immense sourire de merdeuse. Le même sourire qu'il doit détester voir sur mes lèvres parce que ça lui rappelle toutes les fois où son index haussé pendant un appel pour me dire de me taire résultait 100% du temps en mon index à moi, qui appuyait sur le bouton pour raccrocher sa ligne en arquant la nuque innocemment.

Je suis (pas) là pour son fric, il le sait aussi bien que moi. « Et moi juste parce que tu es plus jeune qu'Elise. » « Fais gaffe avec cet argument-là c'est vers ton frère que je vais dériver un jour. » jamais de la vie. Auden est devenu depuis la seconde où je rôde autour de Saül le genre de petit frère collant que j'ai jamais eu et tant mieux, vraiment. J'aurais pas pu supporter de passer mon vie en prison pour meurtre amplement prémédité. En plus, l'orange me va ironiquement très mal au teint. Quel gâchis.

La vue, les pâtes, le retour ; trouvez l'intrus. « Pourquoi t'y penses? » mes doigts eux, trouvent les siens, s'y ancrant sans lui laisser la moindre ouverture pour que ce soit de ce bras-là dont il se serve à manger. C'est moi la blessée, c'est moi qui fait ma loi, il l'a compris entre un râle et une plainte, entre un ordre et une morsure précédemment annoncée. « La dernière fois c'était toi. Je suis créative. » j'y penserais pas, j'y penserais jamais, si c'était que de moi. Pourtant, on est rendus deux dans cette galère - trois. Et lui, il dérive encore, il fait du segway. Et il est beau le connard quand il sourit comme ça, au point où j'en oublie les bribes d'ailleurs parce que l'ailleurs importe plus finalement.

« Trop tard. J'ai des idées pour sa chambre. Tu vas détester. » je déteste déjà.
« Il faut qu'on te trouve un spécialiste, pour la grossesse. On ne prend pas de risque. » et pour lui "risque" c'est autant me casser une ongle que de boire cul sec trois bouteilles de tequila.
« Quand tu seras remise complètement, on cherchera avec attention. Mange, en attendant. » il a vu que j'avais pas faim, il a vu et il voit tout, et depuis quand je le laisse me lire aussi facilement que ça?
« Je veux que tu me dises quand ça ne va pas, aussi. Je ne veux pas, j'exige, en fait. Et ne dis pas "ne me dis pas quoi faire". Je prends un passe-droit. » et j'ai plus envie là de lui dire ça, le "ne me dit pas quoi gnagnagnblablabla" auquel je pense même pas.

« Tu veux vraiment le faire, alors. » parce que j'en ai douté, bien sûr que j'en ai douté. C'est pas pour rien que je suis partie du fait que cet enfant-là, je l'élèverais toute seule sans qu'il ne veuille même s'en approcher à dix mètres. Il a(vait) sa vie et sa famille, il a(vait) pas besoin que je lui en foute une nouvelle entre les pattes non plus. « Tu vas être l'enfer. Tu l'es déjà. » ça compte pour autant de je t'aime que de si tu continues à me dire à quelle heure je dois aller me coucher et quel fromage je peux manger je vais te tuer. On a toujours été doués pour bosser dans les extrêmes, dirons-nous. « Je parie que c'est une fille. Tu paries quoi, toi? » après les pensées d'assassinat, on passe aux paris qui guideront les choix de prénoms. Oh, le bordel.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyDim 9 Aoû 2020 - 3:25

« C'est pas du retard si tu y vas juste pas. »
« Oui là c'est pire, c'est une absence. Je te laisserai répondre aux mails de mes associés, tu verras qu'ils ne rigolent pas, ces gens là. » Non, surtout, ne pas lui laisser le soin de répondre à ses mails. Probablement qu'elle s'enverrait en photo en train de leur faire, à tous, un doigt d'honneur. Saül en rêve déjà secrètement, bien que l'image bafoue environ dix de ses règles personnelles de bienséance.

C'est évident qu'ils sont complémentaires, tellement que leurs blagues lourdes n'ont plus besoin d'être accompagnées de sourire pour être désamorcées. « Fais gaffe avec cet argument-là c'est vers ton frère que je vais dériver un jour. » « Tu es horrible. Je ne voulais pas avoir ce genre d'images en tête. » La grimace qui crispe le visage de Saül traduit assez bien l'impression que lui fait l'idée. Elle est terrible, assurément. « Il est marié, mon frère. Ils ne t'intéressent pas, les hommes mariés, hm ? » La réplique est lancée avec le sourire, accompagnée de son baiser de circonstance. L'hôtel avec la vue sur l'immeuble d'en face semble bien loin, soudain, quand l'en face d'ici ne fait rien d'autre que leur rappeler qu'ils sont éloignés de tout - et surtout de l'enfer Australien. Surtout, ne pas penser au retour : le sujet est plus effrayant encore que le débat sur les couleurs de la chambre du bébé à naître.

Pourtant elle y pense, Ariane. Pour une fois, Saül n'est pas pionnier en la matière. L'angoisse viendra peut-être plus tard. « La dernière fois c'était toi. Je suis créative. » « Tu manques encore d'originalité, fais attention je vais finir par penser que tu as fini d'être le cerveau créatif de ce couple. » Et cette fois, c'est vrai. Et cette fois, c'est tangible. Le couple n'est plus une illusion, pas plus qu'il n'est une menace ou une plaisanterie, un rêve réservé à leurs ailleurs en dehors du monde. Ailleurs, ce n'est plus un endroit. Ailleurs, c'est aux yeux de Saül tout ce qu'il peut passer comme temps à ses côtés à elle - même si elle râle, menace de mordre et de se lever sans demander d'aide.

« Tu veux vraiment le faire, alors. » « Je veux vraiment le faire, alors. » Il semblerait que oui, malgré les questionnements. Le plus terrifiant, c'est qu'il n'aura pas fallu beaucoup d'abnégation pour parvenir à cette conclusion là. Le plus terrifiant, c'est que renoncer à cette vie à laquelle Saül semblait tenir depuis des décennies n'aura pas été si compliqué. Le retour de bâton fera certainement très mal, mais l'italien ne l'imagine pas encore tout à fait. « Mais je reste uniquement parce que je veux m'assurer que tu ne donneras pas n'importe quel prénom à cet enfant. » Bien sûr. Sa main a depuis un moment lâché l'affaire, avec la nourriture. Quand l'un de ses bras s'est ancré autour des épaules d'Ariane, l'autre cherche, du bout des doigts, la peau du ventre de la jeune femme. « Tu vas être l'enfer. Tu l'es déjà. » « Tu m'adores. », qu'il assure, le menton redressé et le regard ancré dans celui de l'auteure.

« Je parie que c'est une fille. Tu paries quoi, toi? »
« Attends, je réfléchis. »

Sa tête glisse, en même temps que son bras quitte les épaules d'Ariane. Elle glisse pour rejoindre l'autre main, en même temps que ses jambes s'allongent sur le canapé. Sa nuque repose sur la jambe d'Ariane, celle qui n'est pas blessée. Du bout des doigts, Saül dessine des arabesques contre la peau de la française. « Mes parents ont d'abord eu des garçons, avant de n'avoir que des filles. Un garçon d'abord, dans ce cas. » Qu'importe, de toute façon ? Sa tête ne bouge que pour faciliter l'échange de regard avec Ariane. Elle a, de sa hauteur, tout le loisir de mettre à exécution toutes les menaces qu'elle a proféré depuis qu'ils sont arrivés. « Tu sais que je vais devoir te céder toutes les fraises. C'est une terrible nouvelle. » Pour une fois, la meilleure qui soit. Elle les aura toutes et plus encore. « Voudras-tu savoir le sexe du bébé, quand on pourra ? » Lui n'est pas certain. Lui se projette déjà dans cette chambre qu'il veut peindre et arranger, bien que le ventre d'Ariane ne se soit pas encore marqué de tout ce qui pourrait révéler la grossesse. « Je l'ai dit à Auden. Il ne faut pas, si ? Avant les trois mois. » Les maudits, les dangereux, ceux sur lesquels Saül a déjà fondé tous ses espoirs malgré son goût pour l'auto-remontrance : ne pas se projeter, ne rien prendre pour acquis, ne rien attendre.

« On pourrait rester ici, pour ta grossesse. C'est paisible. » C'est paisible oui, mais pour combien de temps ? « Je pourrai faire les allers-retours en avion les premiers temps. Ensuite, je déplacerai mon bureau ici, tu ne seras pas toute seule. Je suis à la tête de ce merdier, j'en fais ce que je veux. » Ou presque.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyVen 14 Aoû 2020 - 0:36

« Il est marié, mon frère. Ils ne t'intéressent pas, les hommes mariés, hm ? »
« Ils sont désespérants. »

Ils le sont encore plus quand ils ne sont pas lui, mais son égo est déjà assez gros comme ça je me ferai pas harakiri en le pointant la voix qui chante et l'oeil qui brille. « Tu manques encore d'originalité, fais attention je vais finir par penser que tu as fini d'être le cerveau créatif de ce couple. » c'est qu'il s'investit dans la mission de me faire chier aujourd'hui, lui et son immense sourire de merdeux que j'embrasse une fois, puis une infinité d'autres. « Si je quitte ce rôle-là c'est juste pour être le cerveau machiavélique t'auras rien gagné au change mon gars. » ma paume tapote avec condescendance son torse, mes dents rattrapent ses lèvres au passage. De nous deux, j'ignore qui est l'aspirant vilain. J'en suis venue à un point où je préfère me dire qu'on la portera à deux, la couronne des antagonistes.

« Je veux vraiment le faire, alors. » qu'il le redise un fois de plus, et quinze suivantes après. Qu'il le répète à assez de reprises pour que je le déteste de le faire, pour que je me déteste encore plus d'en avoir si égoïstement besoin. « Mais je reste uniquement parce que je veux m'assurer que tu ne donneras pas n'importe quel prénom à cet enfant. » « Et je reste uniquement pour qu'on puisse coller ses traumatismes de jeunesse sur ta faute et pas la mienne. » je reste parce que c'est lui et parce que c'est tout. Voilà qui me semble aussi évident que le fait que notre enfant (seigneur, on va être parents) aurait des séquelles béton en grandissant. Pas facile d'être le gamin de Bonnie and Clyde sur l'acide - la cocaïne, plutôt. Elle ferait du bien d'ailleurs, la ligne de l'assurance et de la confiance en mes moyens en l'instant. Mais si j'ai pas le droit de boire du café ou de respirer, j'imagine qu'il me laissera encore moins le droit à un rail bien enneigé.  

« Tu m'adores. »
« Je t'aime, mais crève s'te-plaît. »

Son torse qu'il bombe de fierté décuplée et il redresse le menton, même menton sur lequel j'égare une morsure qui laissera presque pas de marques. J'ai dit je t'aime ça compte pour panser les attaques. Non?

Saül survit, assez pour caler sa tête contre mes cuisses en me laissant amplement de marge de manoeuvre pour défaire des cheveux d'un sens rien que pour mieux les emmêler de l'autre. « Attends, je réfléchis. » oh boy, ça va être long. « Mes parents ont d'abord eu des garçons, avant de n'avoir que des filles. Un garçon d'abord, dans ce cas. » j'avais juste demandé ce qu'il voulait, pas un historique sur sa famille - quoi que mis à part Auden et sa soeur qui cause des accidents de voiture, c'est limite la première information qu'il me donne sur eux. Évidemment que je note, avide. « Tu sais que je vais devoir te céder toutes les fraises. C'est une terrible nouvelle. » ce qui est encore plus terrible c'est qu'avec les mois j'ai fini par aimer les fraises, quelle connerie. « Voudras-tu savoir le sexe du bébé, quand on pourra ? » avant même que je réponde, le voilà qui se tourne et qui se replace, qui s'allonge et renchérit. « Je l'ai dit à Auden. Il ne faut pas, si ? Avant les trois mois. » « Tu parles tellement on dirait que c'est toi la femme enceinte finalement. » ma paume vient se lover sur ses lèvres, presse juste assez pour être agressante sans être suffocante. C'est un art, croyez-moi. « Je veux pas savoir, pas avant. Mais si toi tu veux tu peux, sauf que promis je t'arrache la langue si tu me le dis. » de ses lèvres mes doigts se dégagent rien que pour pincer la peau de son cou, pincer tout ce que je peux pour l'embrasser un peu mieux tout de suite après. Mon sourire d'ingénue prête à le trucider fait mouche au fil des baisers.

« On pourrait rester ici, pour ta grossesse. C'est paisible. »  on pourrait, je voudrais.
« Je pourrai faire les allers-retours en avion les premiers temps. Ensuite, je déplacerai mon bureau ici, tu ne seras pas toute seule. Je suis à la tête de ce merdier, j'en fais ce que je veux. » apparemment après le lui avoir scandé pendant des millénaires ou presque il commence enfin à faire ce qu'il veut. Il était temps.
« Tes pions vont enfin pouvoir souffler. » en attendant, c'est moi qui souffle, dégageant sa silhouette de mes cuisses rien que pour m'allonger au creux du canapé, face à lui. Les rictus de douleur servent absolument à rien mais sont encore bien là, les bâtards. Je hais ma convalescence, mais je la détesterai bien moins ici. Il le savait déjà le con, je le déteste presqu'autant que je l'aime d'en être venu avant moi à cette conclusion.

« On reste. »

***

Il vient à peine de rentrer de j'sais plus trop quelle destination, de j'sais plus trop quelle escale et de j'sais encore moins si un jour j'en aurai quelque chose à faire. Il est rentré et pour l'heure, c'est pas mal la seule priorité actée. « Y'a la voisine qui est passée. J'pense qu'elle y a presque cru à mon sourire pas enragé. » que je scande, lunettes de soleil calée sur le nez, à l'instant où j'entends ses pas apparaître sur le patio. Les chaises longues éparpillées autour de sa piscine de riche sous ses arbres fruitiers de riches donnant vue sur la terrasse de riche éclairée par un soleil immense sont devenues mes nouvelles BFFs. J'y passe le plus clair de mon temps entre une sieste et un livre lu, un autre presque écrit.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyLun 17 Aoû 2020 - 2:32

« Et je reste uniquement pour qu'on puisse coller ses traumatismes de jeunesse sur ta faute et pas la mienne. »
« Oh, d'accord, tu es effectivement le cerveau machiavélique de ce couple. »

C'est encore étrange, sur la langue de Saül. Pas interdit, en revanche. Ça ne l'est plus depuis un petit moment déjà. Ici comme ailleurs, ils ont le droit d'être bien ce qu'ils veulent désormais. Si leur séjour peut se prolonger, c'est autant mieux. S'il peut s'éterniser, c'est autant parfait, paradisiaque. Les baisers s'égarent, se perdent mais retrouvent toujours le chemin des lèvres qui les voient naître. Cet enfant sera choyé, même s'il n'y a encore aucune marque de sa présence. Elle y passera du temps, la main de Saül sur la peau d'Ariane. Elle y passera tant de temps que l'auteure risque d'en avoir assez. Lui, en tout cas, ne se lassera jamais de la faire râler, ne se lassera jamais non plus de lui tirer les plus dramatiques des roulements d'yeux. « Je t'aime, mais crève s'te-plaît. » « Il y a de l'attente pour la liste des gens qui veulent ma mort, tu prends la fin de la file. » La toute première place c'est elle qui la prendrait aussi en vérité; la seule qui soit en mesure d'inquiéter l'italien.

A la morsure, Saül réplique par la plus dramatique des chutes - délicate, pour ne pas blesser Ariane - sur ses genoux. La vue est chouette, de là où il est. La sieste sera excellente aussi, si Ariane arrête de bouger, de le mordre et de le tirer de la torpeur dans laquelle il tombe petit à petit. Elle n'a toujours pas touché à son plat et cela, Saül le note consciencieusement dans un coin de sa tête. L'italien ne sait plus se taire, avide de toutes les questions de la planète. Comment ne les a-t-elle pas déjà posées ? Comment n'est-elle pas morte de peur, elle aussi ? C'est lui, qui s'est déjà occupé d'un nouveau né - de trois même, si on compte ses petites sœurs dans le lot - lui qui donc, devrait avoir l'expérience pour abaisser son niveau d'angoisse, le passer de "mon dieu nous allons avoir un enfant" à "mon dieu nous allons avoir un enfant mais on gère". Ariane le tait, Saül voudrait lui mordre la pulpe des doigts. « Tu parles tellement on dirait que c'est toi la femme enceinte finalement. » Saül écoute sans protester, joint sa main à celle d'Ariane sans pour autant la retirer de sa place. « Je veux pas savoir, pas avant. Mais si toi tu veux tu peux, sauf que promis je t'arrache la langue si tu me le dis. » Les baisers sont doux, après les pinçures et les menaces de mort. Saül a tendu la main pour jouer avec les mèches de cheveux enflammées de la française. « Alors je ne veux pas non plus. Je pense que je ne pourrais pas garder le secret si je le savais avant toi. » Ou peut-être que c'est juste une excuse de plus pour faire comme elle. Après tout, c'est elle le cerveau créatif du duo.

Ils devraient rester. C'est mieux ici pour elle, c'est mieux ici pour eux. Plus tranquille, sans angoisse. Saül n'aura qu'à se débrouiller pour déplacer ses affaires de l'Australie à ici, cela ne devrait pas être trop compliqué à réaliser. « Tes pions vont enfin pouvoir souffler. » L'homme d'affaires ricane tandis qu'elle s'installe. Il en tomberait presque, du canapé, pour être certain qu'elle a assez de place pour s'allonger sans que ses côtes ne l'élancent de trop. Ses doigts à lui n'ont pas fini de s'amuser de ses cheveux à elle.

« On reste. »
« On reste. »

Les lèvres de Saül se fendent d'un sourire, juste avant de venir se poser contre celles d'Ariane. Tout semble plus simple, soudain. Saül sait déjà quel avion il prendra le surlendemain. « Ton assiette doit être froide, désormais. Bravo. »

*

« Y'a la voisine qui est passée. J'pense qu'elle y a presque cru à mon sourire pas enragé. » « La voisine. »

Les clefs de la maison sont jetées de côté, reléguées au second plan autant que la petite valise qu'il a transportée avec lui pour les jours derniers. Quatre jours seulement sur le sol Australien, l'ailleurs a manqué à Saül. La Némésis allongée dehors lui a manqué. En quelques enjambées, l'italien file rejoindre la française. « Elle t'a dit quelque chose, la voisine ? » C'est la gardienne des lieux, celle qui s'assure que tout soit toujours en ordre quand Saül vient passer quelques jours à Grenade. Elle s'occupe de tout, aussi bien de recruter le personnel qui s'occupe du patio que celui qui s'occupe de la piscine. Des décennies qu'elle côtoie les propriétaires de ce petit coin de paradis. Deux décennies qu'elle est les yeux et les oreilles d'une Elise à l'autre bout du monde.

Dans un soupir, Saül s'assied au bord du siège d'Ariane. « Comment ont été tes quatre jours ? Je ne t'ai pas trop manqué ? » Le voilà qui s'étend vers elle, les deux poings campés de part et d'autre des hanches d'Ariane, sur la chaise longue. « On fait bien de rester ici. Brisbane est un vrai champ de mines. » Ces derniers jours ont été tout, sauf reposants et Saül n'a rien à mettre sur le dos du décalage horaire.

« J'ai vu ma filleule. Et ma petite sœur a encore manqué d'avoir un accident de voiture. » Elle doit être maudite. Ou peut-être était-ce parce qu'elle était dans la voiture de Saül. Il y là un dénominateur commun qui ennuie l'italien, celui qui sous-entend que toutes ses voitures vont finir par être à la casse si Anastasia s'en approche encore. « T'as qu'à me dire combien ta famille à toi est mieux que la mienne. On ne prendra les parrains et les marraines que de ton côté. » Un rire de plus et Saül se lève, pour tirer à son tour un transat histoire de s'installer à côté d'Ariane. Pour le parrain, Saül a déjà une idée. Elle le détestera d'y avoir pensé. Et puis, c'est peut-être un peu tôt. Le dangereux cap des trois mois n'est pas encore passé, faut-il le rappeler ?
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptySam 29 Aoû 2020 - 23:01

« On reste. »
« Tu veux toujours avoir le dernier mot c'est lassant. »

Y'a rien de lassant là-dedans. Quand bien même je lui pince le nez et les lèvres, quand bien même je mords sa mâchoire et qu'il renchérit en grognant un peu plus fort, il m'en faudrait bien plus pour être lassée de lui. Il faudra qu'il me tue une fois et deux autres ensuite pour que je le lui avoue de vive voix, mais y'aurait pas eu personne d'autre à qui j'aurais cédé le dernier mot aussi facilement. J'aurais, au conditionnel évidemment, parce qu'il m'en faut encore pas mal pour le lui céder.

« Ton assiette doit être froide, désormais. Bravo. »
« Il reste des fraises au frigo? »

Exhibit B, ici aussi. Qu'il mange, qu'il se goinfre dans notre plat en commun. J'irai vider ses réserves de fraises qui sont désormais autant les siennes que les miennes dès qu'il aura le dos tourné ou justement, à l'instant où ses prunelles seront braquées sur ma silhouette désarticulée. Pour l'heure par contre, son canapé trois fois trop grand donc de taille normale me convient. Il me convient. Aussi niaise et amoureuse puis-je l'être. Quelle connerie, d'avoir envie de faire ma vie avec lui.

*

La terrasse est devenue mon domaine. Je sais exactement à quel moment le soleil tape où. Je sais exactement combien de pas se trouvent entre ma chaise longue préférée et le mini-frigo qu'il a renfloué de bières sans alcool en rageant qu'elles goûtaient la merde de pauvre mais qui me sauvent dès lors que j'ai envie de me donner l'impression que je suis pas en cure de désintox scrutée derrière les miroirs de la villa par tous les scientifiques de l'histoire de l'humanité. « La voisine. » « La voisine ouais, blablabla elle m'a pas apporté de tarte je suis déçue. » la villa donc, aussi drôle ce mot est encore à mes oreilles. J'ai l'air d'une véritable golddigger à me traîner à travers l'endroit aux planchers de marbre et aux baies vitrées plus grandes que les pièces elles-mêmes. « Elle t'a dit quelque chose, la voisine ? » il a l'air particulièrement stressé, pauvre gars, mais au moins c'est pas parce que je me suis approchée trop d'un objet coupant ou que je l'ai menacé de me lever debout ouais, ouais, sur mes pieds. Un truc va mal, je sais pas quoi, je fulmine intérieurement mais jamais je le forcerai à me dire s'il veut pas expier. « Pas que j'ai écouté. » elle a juste parlé de banalités et pris des nouvelles de lui. Rien que j'ai pas pu détourner avec le plus faux de mes sourires qui l'a rassuré elle, qui aurait pu terroriser une planète en entier.

Il se rapproche et là au moins, y'a du bon à la situation.

« Comment ont été tes quatre jours ? Je ne t'ai pas trop manqué ? »
« T'es qui, déjà? »
« On fait bien de rester ici. Brisbane est un vrai champ de mines. »
« Tu me caches le soleil là. »

Du bon pour lequel je pouffe, poussant sa tête de ma paume d'un côté rien que pour ancrer mes doigts à sa nuque la seconde d'après et ramener son visage vers mes lèvres inquisitrices. « J'ai vu ma filleule. Et ma petite sœur a encore manqué d'avoir un accident de voiture. » lèvres inquisitrices qui investissent les siennes, sa mâchoire, sa nuque, font instinctivement le trajet inverse. « T'as qu'à me dire combien ta famille à toi est mieux que la mienne. On ne prendra les parrains et les marraines que de ton côté. » jusqu'à finir à la hauteur de son oreille, relatant un secret qui n'en est pas un, ni pour lui, ni pour moi, ni pour personne nous connaissant au final. « Ma famille est meilleure. Mais la vraie question c'est de savoir si on veut élever un serial killer 100% français ou 100% italien. »

*

Qu'il parte pour revenir ça va.
Qu'il parte pour revenir juste avant qu'on doive partir pour de bon ensuite, ça par contre, je cautionne pas. Surtout pas quand il tire cet air défait-là.

« On a combien de temps? »

Il est pire, à chaque fois qu'il revient de Brisbane. Plus fatigué, plus prompt, plus brusque, plus dissipé. Il est pire et aujourd'hui, au moins je sais pourquoi. Elle veut pas céder Grenade, elle sait pour Grenade aussi, accessoirement. Il a amené la massue donc, comme prévu?
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyJeu 3 Sep 2020 - 23:14

« La voisine ouais, blablabla elle m'a pas apporté de tarte je suis déçue. »
« Elle aurait peut-être tenté de t'empoisonner. Ne mange jamais rien de ce qu'elle te donne. »

C'est une vieille femme faussement sympathique, la reine des chuchotis et des "je vais appeler votre femme monsieur Williams, pour l'informer que vous êtes arrivé avec une étrangère dans vos bagages". Elle se jettera comme la peste sur le Bas-Clergé sur toutes les spéculations qu'ils peuvent générer à deux. Elle n'a rien demandé, la voisine ? Elle n'a rien essayé de trouver ? Elle n'a pas investigué ? « Pas que j'ai écouté. » Voilà que Saül s'assied, enfin rapproché d'une Ariane laissée un temps à l'autre bout du monde. « Tu ne sers vraiment à rien. » Il ne posera pas de questions sur sa hanche tant il sait qu'elle s'est probablement baladée dans la maison. Pourquoi teinter les retrouvailles de son ton piquant, celui qui reproche qu'elle n'écoute pas le quart de ses recommandations, dictées index en l'air avec tout le sérieux du monde ?

« T'es qui, déjà? »
« Ton époux. » C'est frissonnant, de le dire tout haut.
« Tu me caches le soleil là. »
« C'est moi, ton soleil. » Facile, celle-là.

Le contact pique puis le contact rassure. Le contact brûle, Saül se laisse aller à un sourire qu'elle peut sans doute assez voir pour s'en moquer, lui le niais à qui elle a manqué. « Ma famille est meilleure. Mais la vraie question c'est de savoir si on veut élever un serial killer 100% français ou 100% italien. » Un rire cette fois-ci, avant que Saül ne vienne de nouveau piquer les lèvres de la trentenaire d'un autre baiser. « Je déteste les français. » A son tour de glisser un secret à l'oreille d'Ariane. « Et surtout les françaises. »

*

Elise a pris Grenade. Rien n'est acté, le divorce n'est même pas encore signé, mais elle a pris Grenade. C'est sur le papier parmi les choses qu'elle récupère. Elle revendra la maison, la bradera à des étrangers ou s'assurera d'y mettre un prix élevé. Elle saignera assez Saül, jamais il ne récupérera les murs. Ce sont les derniers jours ici, avant qu'il n'ait légalement plus le droit d'y mettre les pieds, procès oblige. Parce qu'elle ira jusque là, Elise, pour lui tirer assez d'argent pour qu'il soit dans la panade. Le retour est amer. Poser sa valise dans le salon n'a plus le même goût, maintenant qu'il sait que lorsqu'il rentrera à Brisbane, ça sera avec Ariane et pas sans elle comme il en avait jusque là l'habitude.

C'est la fin des petites habitudes qu'ils avaient ici, des soirées à ne rien faire sur le canapé, du travail à l'autre bout du monde, embêtés par personne sinon eux-mêmes. « On a combien de temps? » « Deux jours. » Et une seule nuit. Le départ se fera dans la nuit du surlendemain. Dans "deux jours" il y a aussi la journée d'aujourd'hui, déjà dépensée. Saül n'a pas dormi depuis qu'il est sorti de la tour de verre, laissant derrière lui Elise et les avocats.

Toute son attention est maintenant pour Ariane, qu'il étreint sans force. Le poids du monde lui écrase le dos. Quand il cesse de lui laisser des baisers dans le cou, Saül se détourne pour retirer cette veste qui l'étouffe. Il ne quitte la pièce que pour revenir, le pas rageur, avec la massue qu'elle a demandé, trouvée dans le garage. « On commence par le salon. Laisse tous les cadres sur lesquels on voit Cosimo. » Les cadres avec Cosimo, il n'y en a pas beaucoup. Les cadres d'elle et lui non plus, cela dit. Ne subsiste peut-être que ceux qui les montrent dans leurs très jeunes années, les premiers temps de leur rencontre. Ceux là doivent être réduits en poussière de verre. « Fais toi mal et je te jure que tu regretteras que je sois rentré. » La menace est dite avec le premier pâle sourire de la journée.

Saül a récupéré un grand couteau dans la cuisine. Le premier coup est pour lui, éventre le canapé d'un grand coup enragé. Tous les coussins y passent, ruinés. La table en verre est dans son viseur, aussi, pour plus tard. Toute l'amertume accumulée y passe. Cette maison était un tas de cendres et de reliques, avant qu'il ne vienne tenter de l'habiter de nouveau de ses souvenirs à lui. Elise volera ça aussi. Saül ne lui laissera pas le plaisir d'être la dernière à tout saboter.
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Message(#)all frozen and stuck in a dream | willer #16 EmptyVen 4 Sep 2020 - 15:23

« Deux jours. »
« Connerie. »

Ouais bravo Ariane, t'as parfaitement trouvé quel understatement allait le faire pour la situation de merde dans laquelle on a foncé tête première. Il pue le vol international quand je mords sans conviction la peau de sa mâchoire, que ses bras se resserrent sans vigueur aucune autour de mes hanches. Connerie, ouais. Qu'on se soit imaginé que ça serait chill pour un moment alors que ni lui ni moi on est à l'aise avec le simple. On a juste toujours tout fait trop fort et trop mal, trop vite et trop intensément pour qu'une accalmie même la plus minuscule d'entre elles soit de longue durée. Y'a pas de surprise ici, c'était prévisible qu'elle veuille lui dérober la plus grosse part de la couverture. Mais c'est pas pour ça que j'enrage moins, certainement parce que je me suis laissée prendre au piège d'y croire comme une idiote pendant quelques temps, j'avoue. Connerie, ouais.

« On commence par le salon. Laisse tous les cadres sur lesquels on voit Cosimo. » le précieux, l'héritier, une preuve piquante de plus que peu importe à quel point il me fait chier à surveiller tout ce que je peux bien faire il sera un bon père pour sa meute - il fait ce qu'il peut, là. « Je prends la cuisine, qu'on soit efficaces. » un calcul et un murmure. Y'a personne qui nous écoute et c'est tant mieux, parce que si la voisine revenait elle aurait certainement pas le traitement qu'on réserve à tous les cadres sur lesquels on voit Cosimo. D'ailleurs dans mes fantasmes elle verrait déjà plus rien, ses yeux crevés en moins.

Il part de son côté, et moi du mien. La seule chose qui me fait dire dans quelle pièce il peut être et le seul élément qui lui vole l'info à savoir où je me trouve, c'est l'écho des meubles rayés, du verre cassé et des coups de massue donnés. Je la vois pas mais je l'entends, j'entends juste ça, et quand bien même j'ai absolument besoin d'aucune raison pour m'éclater à éclater justement la moindre parcelle de mobilier sur mon passage, n'en reste que de le savoir être aussi enragé que ça suffit à justifier quelques coups entre tous les autres.

« Hey. » je lui attrape le bras avec vigueur à la seconde où on se croise d'un sens et de l'autre dans un couloir où son sillage est autant en lambeaux que le mien. Mes doigts se font griffes dès qu'ils se referment contre son poignet, l'attirent vers moi maintenant que je ravale sans un rictus un seul un autre élancement de merde à l'orée de ma hanche. « C'est juste une maison, c'est juste un garage, c'est juste des motos. » c'est pas juste ça mais il est à bout de souffle, il voit rouge, il est rouge aussi, accessoirement. On en avait rien à battre de Grenade avant l'hôtel et l'immeuble d'en face, on l'avait enterrée quand à Paris tout avait pointé sur le fait qu'on allait pas venir ici ni à ce moment-là ni jamais. C'est pas juste, mais pour les besoins de la cause, ça le sera. À son prochain soupir furieux se plaquent mes lèvres qui suffoquent les siennes, à son prochain grognement de colère ma paume lâche son avant-bras pour se presser contre sa nuque. « T'as oublié des fenêtres. » que je perds contre sa langue, que je glisse dans un sourire de merdeuse qui pointe du menton les dites fenêtres, la massue qui lui revient entre deux nouvelles salves de baisers.

La maison de Grenade n'en a maintenant que le nom. Elle est une pile de morceaux disparates d'un puzzle que quiconque serait incapable de reconstituer. De la poussière, des éclats et des souvenirs auxquels les nôtres ont supplantés ceux d'avant. Les meubles sont renversés, toute la vaisselle est éclatée, les quelques globes encore allumés pétillent de vitre brisée. Il est allongé parmi les débris et les draps déchirés, j'ai piqué sa chemise imbibée de sueur et d'acharnement à un moment je sais même pas lequel, quand je finis par revenir avec la seule tasse presque intacte. Y'a qu'une part de céramique chipée qui manque. C'est qu'on a presque un bon karma.

Qu'il boive un thé à la camomille, Saül. Ça me fait rire parce que ça le calmera certainement pas, parce qu'il sera sûrement prêt pour un autre round de carnage à la seconde où je dégagerai d'entre ses cuisses d'où je me réinstalle jambes en tailleur la seconde d'après. Mes mains libres de tasse dégainent maintenant autre chose sous ses yeux. « On peut avoir quoi comme alliances si on vend ça au marché noir? » un long, un scintillant, un dispendieux collier de perles, oh l'ironie, qui lui appartient clairement à elle danse désormais sous les prunelles d'iceberg de mon époux, mon soleil disait-il.
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