Zach pénètre dans la salle-de-bains, alors que sa fiancée finit de se maquiller. Elle est belle, dans sa petite robe bleue. Le jeune homme s’adosse au chambranle de la porte, l’observant avec admiration. Angie applique une dernière touche de mascara, et aperçoit le beau brun dans le miroir. Elle se retourne en souriant.
« Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? »
Un sourire coquin se dessine sur le visage de Zach.
« Tu es magnifique. »
Le jeune homme embrasse tendrement Angie.
« Je t’aime. »
Angie lui sourit, charmée.
« Moi aussi je t’aime. Je file, je vais être en retard. On se voit demain ? »
La jeune femme enfile ses chaussures, sa veste, prend son sac à mains et part pour le cinéma et sa soirée entre copines. Zach, quant à lui, cherche encore un instant son téléphone, puis saute dans sa voiture : direction Brisbane. Après environ une heure de route, le jeune homme rejoint l’adresse qu’un ami lui a communiqué. Une fête selecte se déroule dans le centre-ville, avec des musiciens, des directeurs de studios et de producteurs de musique. Aucune chance d’y entrer, en principe. Mais le duo de choc que forme Tom et Zach est bien rôdé. Juste avant l’entrée, ils croisent deux jeunes femmes, la vingtaine, prête à faire la fête, et mettent en œuvre leur plan.
« - Tu as pu écouter la démo que je t’ai envoyé hier ? - Elle déchire, je prédis le tube de l’été ! Tu crois que Justin Trust acceptera de la chanter ? - Bien sûr ! Je vais justement lui faire écouter ce soir. »
Leur plan se déroule comme sur des roulettes. Les jeunes filles s’adressent à eux, la conversation s’engage et se poursuit jusque devant les videurs, qui laissent passer tout ce petite monde, grâce aux invitations détenues par les midinettes. Charmeur, Zach continue son manège encore un temps, amenant l’une des jeunes femmes au bar. Là, il continue à prétendre être un producteur de musique, parlant de quelque chose qu’il ne connaît pas, sans doute un peu trop fort. Mais son sourire ravageur et sa belle gueule finissent de parfaire le mensonge, auquel la jeune femme ne voit que du feu.
Mars 2018 T’avais pas envie de venir. Tu voulais une soirée tranquille chez toi à déprimer tranquille en écoutant du Lil Peep et en piochant une Victoria Bitter ou une Coopers de ton frigo mais Lola en a décidé autrement. Vous avez repris contact il n’y a pas si longtemps et sa présence bien qu’un peu trop imposante, te fait du bien. Comme si c’était elle qui gérait ton deuil pour toi. Tu sais. Tu sais très bien que tu vas pas bien. Ta femme vient de mourir. Ta toute jeune femme. Votre mariage vous a séparé trop rapidement. Au détour d’une conversation, d’un email, d’une invitation, Lola a appris pour cette soirée et elle t’a sorti toutes les raisons pour lesquelles il fallait que tu viennes ce soir, avec elle. Tu t’es dit qu’elle avait raison. Tu t’es aussi dit que si elle était là, tout se passerait bien. La vérité c’est surtout que tant que tu gardes un niveau d’alcool dans ton sang assez élevé, tout se passera bien. C’est pour ça que tu n’as pas perdu de temps pour t’enchainer quelques verres, avec des shots. Ta tolérance est forte. L’alcool est en abondance ce soir. Y’a une tournée de shots de Tequila. Des Jagger Bombs. Tu essaies de garder un rythme de croisière sur tes verres et prend le plus de temps possible pour boire ta bière. Tu sais que dès que tu auras un verre vide, quelqu’un va venir te le remplir. Mais là c’est bon, t’as une Carlton Draught avec toi. Tu vas refuser toutes les Piña Colada, Cosmo et autres Vodka Red Bull que tes potes commandent. Ca c’est des trucs traitres. Tu aimes tellement quand c’est sucré. Si tu pouvais rajouter de la grenadine dans tout ce que tu bois, tu en serais le plus heureux. Tu lorgnes sur une tequila sunrise tu la laisses filer mais quand une Margarita est juste en face de toi… tu vas la goûter, juste pour voir. Mais c’est pas aussi bon que celles que t’as goûté au Mexique. Alors pas de regrets. T’avais vu sur la carte qu’ils ont aussi de l’Horchata mais vu la description de la composition, y’avait que le Rhum de correct. Ils ont rajouté de Gin. N’importe quoi. Ça n’a aucun sens. Y’a même une bouteille de Bailey’s qui fait son entré sur votre table et ça te ramène à des souvenirs avec un gars que tu fréquentais plus ou moins quand t’étais jeune.
Tu te retrouves avec bien trop de verres devant toi et tu décides dans un moment de lucidité d’aller donner un de tes verres au premier venu. Sauf que ça tombe sur personne vraiment. C’est toi qui tombe. T’as pas vu la marche et ton verre se renverse par terre aux pieds d’un gars qui venait apparemment tout juste de parler musique. « Merde… » Parce qu’il en a beaucoup sur son pantalon le gars. Plus tu remontes tes yeux vers son visage, plus tu te rends compte que c’est pas que le pantalon. Il a eu le droit à la totale. « Oh merde… » Ca te fait rire en même temps. T’as bien bu et il vient de rajouter le capital humour dont tu avais besoin pour pas que cette soirée tourne en bad trip. « J’ai encore un autre verre que je peux te filer si tu veux pour… Pas pour te le renverser aussi dessus hein. » Juste pour t’excuser en fait. Mais t’as un peu ruiner ses fringues pour ce soir. Le mal est fait.
Soirée mecs ! Du moins, soirée sans sa chérie. Ce n’était pas très fréquent, mais de temps en temps, le couple Angie et Zach s’octroyaient des moments à eux. Ils avaient des amis en commun, mais chacun avait également son cercle de connaissances avec qui il appréciait passer du temps. Ce soir, pendant qu’Angie était allée au cinéma avec des copines, Zach avait rejoint Tom, un pote à lui, sur Brisbane. Tom avait entendu parler d’une soirée branchée dans le centre-ville, un truc réservé aux gens du show business, ceux qui bossaient dans la musique. Zach n’y connaissait rien à l’industrie du disque, mais il adorait la fête et la musique. Alors, quand son pote lui avait proposé une soirée chicos, à laquelle ils allaient devoir tenter de s’incruster, il avait relevé le défi avec joie. A l’entrée, deux filles munies d’invitations étaient tombées dans le panneau des deux copains, qui se faisaient passer pour des producteurs de musique. Alors qu’elles avaient montré leur invitation aux vigiles, Zach et Tom s’étaient contentés de sourire en leur tenant le bras. Une fois à l’intérieur, les filles s’étaient cependant révélées un peu trop collantes, fières d’avoir harponné des gens du milieu. Le beau brun s’était un instant prêté au jeu, voulant tester ses connaissances dans le domaine de la musique. Mais il avait beau raconter n’importe quoi, la jeune femme semblait totalement sous son charme. Ecoutait-elle même les choses qu’il lui racontait, ou réfléchissait-elle à comment lui présenter une démo qui devait être dans son sac à mains, une chanson qu’elle avait dû enregistrer dans sa petite piaule d’étudiante ? Zach prétexta aller remplir leurs verres au bar pour s’éloigner. Mais à peine se retourna-t-il qu’une avalanche d’alcool se déversa sur lui. Il en avait partout, sur son jean, sur sa chemise, partout ! Putain ! Ses fringues étaient fichues, et il empestait l’alcool, comme s’il avait bu autant qu’un soulard. Il leva les yeux au ciel, puis posa un regard noir sur le responsable.
« Merde … Oh merde … »
Zach hésitait encore, la mâchoire serrée. Allait-il lui casser la figure ? S’il faisait un esclandre, on allait le jeter dehors … Le jeune homme enchaîna.
« J’ai encore un autre verre que je peux te filer si tu veux pour … pas pour te le renverser aussi dessus hein. »
Et il rit. Zach se détendit. C’est qu’il avait de l’humour, le petit, et il semblait bien cuit. Du coin de l’œil, il vit la jeune fille s’en aller, consternée. Il rit à son tour.
« Tu as du cran, j’adore ! Paie moi trois verres, dis-moi ce que tu fais ici, et ptet que j’te volerai pas tes fringues avant de partir ! »
Zach observa de haut en bas son interlocuteur.
« Ok, je reformule, tu peux garder tes fringues ! Hum … et ptet que tu ne monteras pas dans les étages avec moi pour me trouver une tenue correcte ! Et ptet que j’te pèterai pas la gueule, mais ça j’ai pas encore décidé. Deal ? »
Le jeune homme tendit la main au blondinet, un sourire espiègle fixé sur son visage.
Tu vois dans ses yeux qu’il va t’en coller une et le pire c’est que tu le prendrais pas mal. Tu lui sors ton offre au cas où ça aiderait à faire passer ça crème. T’y crois pas trop. Tu attends peut être le coup avec envie. Ça fait longtemps que tu t’es pas pris une raclé et t’en aurais bien besoin là pour te remettre les idées en place. Pour que tu oublies. Pour que tu penses à autre chose.
Mais le gars se met à rire. Oh okay. T’es presque déçu mais pas vraiment au fond. T’as pas envie de finir avec le goût du sang dans la bouche aujourd’hui. Ce sera pour un autre soir. « Tu as du cran, j’adore ! Paie moi trois verres, dis-moi ce que tu fais ici, et ptet que j’te volerai pas tes fringues avant de partir ! » Ah ? Quoi ? Le gars il veut faire du business avec toi au passage ? T’as pas vraiment la tête à réfléchir boulot. « Ok, je reformule, tu peux garder tes fringues ! Hum … et ptet que tu ne monteras pas dans les étages avec moi pour me trouver une tenue correcte ! Et ptet que j’te pèterai pas la gueule, mais ça j’ai pas encore décidé. Deal ? » Wow. Il parle trop. T’as pas compris la moitié, t’as déjà oublié le début. Y’a un deal à faire.
« Attend attend, parle moins vite. Je signe rien si je suis pas sobre. » T’éclates de rire parce que être sobre ces derniers temps, c’est chose très rare. T’as mis tes projets, ton boulot entre parenthèse. Tu écris par contre. De ton côté. Tu fais que des trucs pour toi, pas pour les autres. Ce qui sort de toi est trop perso pour le filer à un collaboration. A un pote. Ou encore pire, à un total inconnu. « J’ai compris je vais te filer mes autres verres, ils attendent par là bas. » Tu montres vaguement l’endroit où ta table est situé. La table qui est réellement blindé de boisson. « Viens t’installer avec nous tu vas avoir du choix et personne va rien voir pour tes fringues, ils sont tous aussi mort que moi. » Ca te fait rire, t’es trop con quand t’es bourré Jordan. Mieux que je sois comme ça que je parte en larmes. La soirée n’est pas fini.
La soirée s’annonçait bien : un plan foireux entre potes, un mensonge bidon pour entrer dans une fête trop classe pour lui, et Zach était heureux. Il emballe une nana, elle semble dingue de lui, ou plutôt de ce qu’il prétend être. Puis un jeune homme le heurte de plein fouet, renversant tout son verre sur ses fringues. Et là, Zach est en colère. Il peste intérieurement, parce que ses fringues sont foutues et qu’il empeste l’alcool. Il a l’air d’un alcoolo qu’il n’est pas, du moins pas vraiment. Comment continuer à jouer son rôle de producteur de musique s’il ressemble à un plouc ?! Et puis, finalement, du coin de l’œil, il voit la nana qui le collait s’en aller. Ok, bon point pour les fringues tâchées. Et puis le gars qui l’a aspergé s’excuse maladroitement et éclate de rire. Pendant encore un bref instant, Zach se demande s’il va le frapper, et lui exploser la mâchoire. Mais il se ferait sortir fissa d’ici. Et puis, finalement, il a l’air plutôt sympathique, ce jeune homme. Zachary l’observe attentivement : il est jeune, bien plus jeune que lui. Et il est bourré, beaucoup plus bourré que lui, trop bourré sans doute. Il semble être parfaitement à sa place dans cette soirée. Et c’est étrange, mais c’est à cause de son style décalé que Zach se fait cette réflexion : il a l’air tellement à part qu’il doit appartenir à ce milieu. Comme si tous les artistes étaient uniques.
Zach parle à son interlocuteur, qui semble se concentrer pour tenter de le comprendre, et continue à rire, beaucoup trop.
« Attend attend, parle moins vite. Je signe rien si je suis pas sobre. »
Zach esquisse un sourire. Donc il avait raison, il fait partie du monde de la musique et signe des contrats. Mais il est présentement raide mort.
« J’ai compris, je vais te filer mes autres verres, ils attendent par là-bas. Viens t’installer avec nous tu vas avoir du choix et personne va rien voir pour tes fringues, ils sont tous aussi mort que moi. »
Zach hausse un sourcil en souriant, observant une table sur laquelle sont accoudées plein de personnes de tout âge. Le brun hausse les épaules.
« Allez, je te suis ! Fais moi voir ce que t’as dans le ventre. »
Zach suit son interlocuteur jusqu’à la table blindée. Il sort son sourire enjôleur, celui qu’il sert quand il veut plaire à tous.
« Bonsoir tout le monde ! Moi c’est Zach, et je suis venu piquer votre alcool ! Pour ma décharge, c’est votre ami qui m’a invité ! »
Tu captes que tu touches son intérêt quand tu proposes ta table avec tes potes et surtout, tous les verres d’alcool à disposition. C’est un peu la caverne d’Ali Baba quand on y pense. Ou le pied d’un sapin de Noël d’une famille qui a plein de sous. Si l’inverse avait été vraie, si t’avais été à la place de Zach, t’aurais des petits coeurs dans les yeux de rejoindre une table pareille. C’est déjà arrivé. Ouais c’est vrai. « Allez, je te suis ! Fais moi voir ce que t’as dans le ventre. » Hein ? Ce que t’as dans le ventre ? Il veut te faire vomir ? Vaut mieux pas pour lui que tu lui montres ce que t’as dans le ventre.
Vous vous retrouvez bien vite à ta table. Limite t’es pas sûr que ce soit la bonne au début parce que l’alcool coule tellement à flot ce soir. Mais si, c’est bien là, tu le vois un peu plus, le petit récipient qui contient la cocaïne qui tourne depuis quelques heures de votre côté. Oui vous avez un petit plus non négligeable à côté de ce que tu as promis à ce type trempé de la tête aux pieds à cause de toi. Pas trop la tête. « Bonsoir tout le monde ! Moi c’est Zach, et je suis venu piquer votre alcool ! Pour ma décharge, c’est votre ami qui m’a invité ! » La façon dont il parle il a l’air de sortir tout droit une pub ou bien c’est toi qui imagine des trucs vu que t’es complètement déchiré.
« Vas-y sert toi, personne sait plus qui a quoi. » Y’a un truc bleu avec un joli parasol en déco, tu le lui mets devant le nez. « Tiens ça personne a l’air de le vouloir par exemple. » Ah parce qu’en fait tu refourgues les cocktails que personne voulait. Ah ok Jordan. Quoi. Nan nan. C’est logique pour toi, autant qu’au passage vous fassiez pas de gaspillage. Ce serait dommage de jeter des verres plein. Surtout qu’ils sont énorme ces verres. « Sinon y’a lui, c’est quoi le nom de ce cocktail déjà ? Genre le Volcanologue ? Ouais il me semble c’est ça. Y’a du tabasco dedans fais gaffe. » T’aurais pas du lui dire, ça aurait été plus drôle comme ça.
Zach s’installe à la table des gens bourrés, avec son nouveau pote … enfin, celui qui a foutu en l’air ses vêtements, et peut-être même sa soirée. Se retrouver à la table des personnes déchirées n’est sans doute pas l’idée du siècle pour se faire des contacts dans le show business, mais foutu foutu … au moins, ici, l’alcool coule à flot. Le blondinet essaie de lui refiler un cocktail que personne n’a encore touché. Zachary hausse un sourcil, et repousse le verre.
« Et puis quoi encore ? T’as pas un scotch ou whisky ? Un truc classe quoi, et bon ! »
L’homme lève les yeux au ciel alors que son interlocuteur lui propose un autre verre.
« Pas de cocktail ! Un truc simple, et bon. Tu peux faire ça ? »
Zach tourne le dos au blondinet et se mêle à différentes conversations. Ici, il lui semble que ça parle de Twilight, évoquant Jacob. Le brun est un beau-parleur, il s’adapte à toutes les situations. Alors il repense à ces heures passées à visionner les DVD avec sa fiancée, et se lance dans un monologue.
« Les loups-garous sont tellement rabaissés dans les films, comme dans les livres d’ailleurs ! Et pourtant, si on y regarde de plus près, et qu’on ne s’arrête pas sur la version de Bella, ce sont eux les plus balèzes. Ils sont beaux ! Ultra musclés ! Ultra forts ! Et n’ont presque aucun inconvénient lié à leur état de loups. Réfléchissez ! Ils continuent à grandir et à vieillir. Ils peuvent vivre leur vie, avec leurs proches, continuer à vivre auprès d’eux, fonder une famille … Ils peuvent évidemment sortir par tous les temps (sauf qu’ils risquent de sentir le chien mouillé). Ils sont chauds. A part si on les voit se transformer, on ne pourra jamais deviner qu’ils sont surnaturels. Et ils sont fondamentalement gentils, puisqu’ils peuvent s’imprégner d’un être humain et répandre ainsi leur amour. Bref, en choisissant un être froid, Bella a mal choisi, c’est évident ! »
Zach croise le regard de son interlocuteur, dont il ignore toujours le nom, et se glisse dans une autre conversation, à l’autre bout de la table.
« Mouais, ce resto est pas mal, mais est-ce que vous avez déjà testé le Melting potes, le resto à tapas ? Le concept est ultra original. Vous pouvez choisir de goûter à plein de spécialités culinaires de différents pays, qui sont donc servies en petites portions. On a de la paëlla, de la ratatouille, des spaghettis bolo, du tzatziki, des pierogis, du fish and chips … La dernière fois, j’ai goûté du balcalhau à Bras, une spécialité portugaise à base de morue, c’était divin ! Ils ont également des moules-frites et de l’irish stew. Et, c’est un peu bourratif, mais je vous conseille fortement de garder une place pour la fondue suisse. Le Melting potes, vous devriez vraiment essayer ! »
Un peu plus loin, on parlait d’études divinatoires, de tarot et de voyante. Zach hésite un instant, lève les yeux au ciel en soupirant, et se lance.
« Je connais un très bon numérologue, je peux te filer ses coordonnées si tu veux ! »
Il papillonne, de conversation en conversation, pour tenter de s’intégrer. Il sait parler de tout, sans même trop s’y connaître. Et sa belle gueule fait le reste du boulot.
« Et puis quoi encore ? T’as pas un scotch ou whisky ? Un truc classe quoi, et bon ! » Le gars il veut choisir ce qu’il boit ? Il a pas compris ce que tu lui as dit avant de venir squatter ? Vous aviez déjà l’alcool sur la table et il aura qu’à piocher dedans. Il va rien prendre on dirait. « Pas de cocktail ! Un truc simple, et bon. Tu peux faire ça ? » « Bah nan. »
Il est méga relou le gars nan ? Oui. Il a l’air en fait super high parce que sa tirade sur Twilight sorti de nul part tu comprends pas. T’as pas entendu les conversations autour contrairement à lui. « Les loups-garous sont tellement rabaissés dans les films, comme dans les livres d’ailleurs ! … » Et t’as déjà décroché de toute sa tirade. Tu as une aversion pour les loups garous de cette saga, t’es pas venu ici pour souffrir. Ton nez dans ton téléphone ou dans ton verre. Tu vas finir par t’endormir si tu continues de boire comme ça Jor. « Mouais, ce resto est pas mal, mais est-ce que vous avez déjà testé le Melting potes, le resto à tapas ? » Le gars parle à tout le monde sauf à toi et t’as presque envie de t’éclipser pour ne pas avoir à faire à ce gars là encore. Toute façon t’as l’air tranquille, il ne t’accorde aucun intérêt. « Je connais un très bon numérologue, je peux te filer ses coordonnées si tu veux ! » T’es halluciné en vrai, le gars s’arrête pas.
« Ils ont une chaise libre à leur table, va voir ils ont peut être un bon whisky pour toi. » Parce que toi, tu vas pas mettre du fric pour lui alors que y’a plein de truc sur la table. Va falloir que t’ailles pisser dans pas longtemps en ce qui te concerne mais t’as grave la flemme de te lever. C’est beaucoup d’effort pour ton corps bien imbibé d’alcool. Tu fais rien pour t’arrêter en plus. T’as juste besoin de faire n’importe quoi ce soir sans réfléchir. Sauf qu’il faut pisser quand même au bout d’un moment. Sauf si t’as envie de faire une jolie tache sur ton jeans. Nan. Mais tu n’y vas pas tout de suite malgré tout. La flemme est si grande.
Arrivé à la table du gars qui a ruiné ses vêtements, Zach se voit « offrir » plusieurs cocktails. En réalité, tout ce que son « hôte » lui propose, c’est de vider les verres dont personne ne veut. Et vu la drogue qui tourne à cette table, il est même possible que quelque chose ait été rajouté au cocktail pour un mélange encore plus explosif. Evidemment, Zach refuse. Et puis, il n’est pas très mélange, il préfère des alcools purs, un truc de mec. Mais le jeune homme face à lui ne semble pas vouloir boire de l’alcool pour le déguster, simplement pour se bourrer la gueule. Il faut dire que son objectif a l’air d’avoir été atteint il y a plusieurs heures. Sentant qu’il n’y a pas moyen, avec le petit blondinet, de se faire des contacts dans le domaine de la musique, Zach tente avec d’autres personnes installées à la même table. A trois reprises, il se glisse dans des conversations, étalant sa culture comme on étalerait de la confiture. Il n’est pas calé sur tout, loin de là, mais il a une plutôt bonne mémoire, et sait broder. Et quand il doute, il sort son sourire charmeur, sorte d’arme de séduction massive. Mais ça ne prend pas, le charme n’opère pas. Ces jeunes n’ont qu’une seule envie, se bourrer la gueule. Pas de notion de contrat, maison de disque, ou même de musique. Juste une bande de potes buvant quelques verres ensemble. Zach soupire alors que son hôte s’adresse à nouveau à lui.
« Ils ont une chaise libre à leur table, va voir ils ont peut-être un bon whisky pour toi. »
L’homme lève les yeux au ciel. Quelle soirée pourrie ! Il se lève en assénant une tape dans le dos bien bourrue au jeune homme.
« Toi, t’as de la chance. J’aurais vraiment dû te casser la gueule quand j’en avais l’occasion, la soirée aurait été plus fun ! »
Zach rejoint son ami Tom avec qui il y était venu, toujours en pleine conversation avec une des nanas qui les a fait entrer.
« Je m’arrache. Cette soirée craint. On s’appelle demain ? »
Sans attendre la réponse, le beau brun quitte la fête et reprend le volant jusqu’à chez lui. Il n’a pas bu, après tout, ou à peine un verre. Sur la route, il rêve de son lit et de la chaleur des bras de sa femme, qu’il va retrouver dans quelques minutes.
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