Une invitation à venir patiner est tout ce que Charlie ne pouvait pas venir refuser. Elle a bien trop besoin de se changer les esprits pour refuser une quelconque sortie, à vrai dire, mais si cela peut être fait en compagnie de Kayleigh alors elle ne pense pas un seul instant à lui apporter une réponse négative. La jeune femme est toujours une présence réconfortante dans sa vie et rares sont les personnes qu’elle peut se vanter de connaître depuis autant d’années, il ne lui vient donc pas à l’esprit de refuser de passer quelques précieuses heures en sa compagnie. D’autant qu’elle sait à quel point son amie aime le patin, ce serait un véritable sacrilège de lui refuser une opportunité de s’amuser alors qu’elle a sûrement tout préparé en amont - et par “tout”, Charlie entend surtout qu’elle a dû trouver quelqu’un pour s’occuper de son enfant.

Une fois le message reçu, elle n’a pas mis bien longtemps avant de se préparer en hâte pour partir en direction de la patinoire improvisée en pleine ville. Elle trouve toujours cela amusant de fêter Noël alors qu’ils passent leurs journées à se baigner sous trente degrés à l’ombre et que la crème solaire est de mise. Après tout, elle n’a jamais connu de Noël sous la neige puisque les voyages n’ont pas forgé sa jeunesse, c’est au moins une chose qui ne peut donc pas lui manquer. Chausser ses patins loués chaque année pour l’occasion, par contre, est un indémodable. « Salut. » La chevelure blonde et la voix douce de son amie la surprennent mais elle ne tarde pas avant de reprendre ses esprits et venir la serrer à son tour dans ses bras, rapidement, sans trop se laisser aller à ses émotions. Après tout, ce n’est pas comme si elles s’étaient perdues de vue durant des années. “Hey.” Qu’elle s’empresse de répondre à son tour, son visage encore proche de la chevelure de son amie, laquelle reste éternellement semblable à la sienne. « Nous sommes arrivées en même temps. C’est dingue. » En effet, Charlie n’est pas à la patinoire depuis bien longtemps et elle ne peut donc pas venir réfuter la théorie de son amie, quand bien même elle a une certaine passion pour ce genre de choses. “Les grands esprits se rencontrent.” Sa phrase est ponctuée d’un clin d'œil innocent. Ce sont des mots qui ne mèneront nulle part mais après tout, les small talk sont la base de bien des discussions et relations. « Alors, comment ça va? Est-ce que tu es prête à t’amuser? » Elle est toujours prête à s’amuser, à tel point que cela pourrait devenir sa devise. Si elle n’avait pas déjà des dizaines de devises, toutes aussi stupides les unes que les autres, alors en effet celle-ci pourrait en être une de plus. “Si par “s’amuser” tu entends “risquer de me casser un os à chaque fois que je fais un pas en avant”, alors la réponse est oui.” Il est bien vrai que malgré les années de pratique, les talents de Charlie dans le domaine du patin artistique n’ont pas trouvé le temps de s’améliorer. Oups, mince. Heureusement qu’il y a toujours les habits de ses amis auxquels elle peut continuer de se raccrocher, n’est-ce pas ?

“Ils devraient faire des aides pour les adultes aussi, c’est moi qui te le dis.” Qu’elle grogne faussement en laissant le bleu de ses yeux suivre un enfant appuyé sur le genre de fauteuil face à lui. Ce sont les personnes âgées qui les utilisent pour se déplacer, aussi, mais personne ne s’est jamais dit que ceux avec deux mains gauches en auraient aussi franchement besoin, quand bien même ils n’ont plus huit ans et pas quatre-vingt huit non plus. “Elliot n’est pas avec toi ? On aurait pu faire un concours de la meilleure chute.” Toute occasion est bonne à prendre pour parler de ce petit garçon qu’elle aime tant.

Kayleigh aimait patiner depuis l’enfance. Même si elle n’était pas née au Canada ou dans un autre pays où les hivers étaient une occasion parfaite de patiner à l’extérieur, elle aimait également les patinoires intérieures. Il y en avait quelques-unes en Australie. La jeune femme ne gardait que des beaux souvenirs de ses débuts sur des patins à glace. Elle tombait souvent et voulait abandonnée à de nombreuses reprises, mais elle recommençait toujours et ne regrettait pas d’avoir continué. La jeune femme avait donc décidé d’inviter une bonne amie à la patinoire éphémère de Brisbane. Heureusement, son amie accepta. Kayleigh connaissait Charlie depuis plus de dix ans. C’était extraordinaire qu’elles soient encore des amies, malgré tout ce qu’il s’était passé. La jeune femme aimait remonter le moral de son amie en la faisant rire et sourire. De plus, Elliot aimait beaucoup Charlie. Elliot aimait la plupart des gens, donc ce n’était pas difficile pour lui de montrer son amour. Les enfants étaient comme ça. Kayleigh aimait cela chez eux. Ils étaient remplis d’amour et ne jugeait personne. La belle blonde n’avait pas emmené son fils, puisqu’il allait à l’école. Il lui restait quelques jours avant les vacances du temps des fêtes. Kay se rendit alors à la patinoire, constatant que son amie était arrivée en même temps. Ce fut tout un hasard. La jeune femme rit aux paroles de Charlie. « Il faut croire que oui. » Kayleigh rit à nouveau aux autres paroles de son amie. Charlie a toujours été très drôle. « J’espère que tu ne te casseras pas un os. Je ne voudrais pas t’emmener à l’hôpital. Tu sais qu’Elliot serait inquiet. » Kayleigh n’avait pas beaucoup de patience, quand il s’agissait d’attendre aux urgences d’un hôpital. En réalité, la plupart des gens n’avaient aucune patience pour ce genre de truc. Elles étaient maintenant sur la patinoire. « Je suis d’accord. Mais tu peux quand même en prendre un pour enfant. Je ne crois pas que ça les dérangera. » Tant pis si ça dérangeait quelques personnes. Kayleigh savait parfaitement que le ridicule ne tuait pas. Elle en était souvent la preuve, quand elle faisait des gaffes. « Non. Il est à l’école. Il lui reste encore quelques jours et il avait envie de voir ses amis avant les vacances. » Même s’il allait les revoir durant le temps des fêtes. Son garçon adorait aller à l’école. Kay ne savait pas pourquoi, puisqu’elle n’aimait pas du tout cela. Elle se demandait donc souvent d’où cet amour pour l’école venait. « Et toi, comment ça va? » Kayleigh avait conscience que c’était un sujet sensible, mais elle prenait régulièrement des nouvelles, étant comme ça depuis pratiquement toujours.

Elles n’ont pas besoin de rien forcer pour parler de la pluie et du beau temps à peine entre elles de nouveau. C’est comme si elles s’étaient quittées la veille et qu’elles pouvaient continuer leurs discussions là où elles les avaient arrêtées, comme si de rien n’était. Il n’y a rien de plus simple ou de plus naturel que ce qu’elles sont en train de faire en ce moment même, Charlie gagnant quelques secondes avant de monter sur la glace et lutter pour garder son équilibre intact. « J’espère que tu ne te casseras pas un os. Je ne voudrais pas t’emmener à l’hôpital. Tu sais qu’Elliot serait inquiet. » Amusée de la voir prendre au sérieux des paroles qui n’avaient justement rien de sérieuses, Charlie ne cache pas ce sentiment passage qui se traduit par un rire simple mais doux. “Je l’ai pas noté dans mes plans de la journée non plus alors on va essayer d’éviter.” Elle reprend à son tour, agrémentant ses paroles d’un clin d'œil tout aussi amusé. Non, en effet, aller à l’hôpital est très loin de faire partie de ses plans de la journée et elle fera tout pour que cela n’arrive pas - c’est-à-dire qu’elle se comportera normalement sans jouer à la casse-cou, rien de bien sorcier.

« Je suis d’accord. Mais tu peux quand même en prendre un pour enfant. Je ne crois pas que ça les dérangera. » - “Je pense qu’ils en ont plus besoin que moi, quand même.”

Promis, elle ne leur volera pas une de leurs aides. La taille n’est de toute façon pas adaptée à une adulte et elle risquerait de tomber au moment de se pencher en avant. Fichu pour fichu, autant laisser aux plus jeunes l’occasion de ne pas se ridiculiser comme elle. Quitte à ce qu’elle tombe, autant que cela avec grâce (non) et de toute sa hauteur, cela leur laissera de belles anecdotes à raconter à leurs enfants respectifs. Charlie ne tarde d’ailleurs pas avant de questionner son amie sur son fils. « Non. Il est à l’école. Il lui reste encore quelques jours et il avait envie de voir ses amis avant les vacances. » Et l’instant qui suit elle s’en veut d’avoir oublié qu’ils sont encore en période de cours et que les vacances n’arrivent que dans quelques jours pour les écoliers australiens. Bien sûr qu’Elliot n’est pas avec elle, alors. Elle l’aurait su si ses jumeaux avaient été assez grands pour être en âge d’aller à l’école, eux aussi - tout du moins c’est ce qu’elle aime à se laisser croire, le contraire laissant penser qu’elle est véritablement une mère pitoyable. « Et toi, comment ça va? » La fameuse question qui fait toujours autant de bien que de mal à entendre et plus encore à répondre. Non, rectification : elle fait toujours plus de mal à répondre. “Ça va bien. Je vais passer les fêtes avec mon meilleur ami, alors je suis contente.” D’un sujet elle passe à un autre, utilisant Léo comme un parfait prétexte pour ne pas que son amie la questionne un peu plus à propos de son état actuel. La vérité, c’est qu’elle prévoit des vacances avec Léo parce que son ex-petit-ami ne lui a pas accordé d’avoir ses enfants pour Noël. Elle va tout sauf bien, mais l’important c’est de le laisser croire et d’avoir le plus beau sourire de façade qui soit alors qu’elle lui fait signe de la tête de s’avancer vers le guichet de la patinoire. “Depuis qu’il est marié on se voyait moins.” Kayleigh n’a pas demandé de plus amples informations et quand bien même, la jeune femme s’étend sur le sujet d’elle-même, sans avoir besoin qu’on s’intéresse réellement à ce qu’elle dise. Elle pourrait parler de son meilleur ami pendant des heures, Kayleigh n’aura fort heureusement le droit qu’à un résumé concis (ou presque). “Il a participé à cette émission en début d’année, tu sais, Mariés au Premier Regard.” Il y a participé parce qu’elle l’a inscrite, en réalité. Oups. Mauvaise idée de Charlie n°117, parce que ça a réellement conduit à se sélection et ensuite à son mariage. Quelle idée, aussi, de se marier devant des caméras. Quelle idée de se marier tout court, merde. “Tu as quelque chose de prévu, toi ? Même si j’imagine que s’occuper d’un enfant surexcité c’est déjà un très bon début.” Ce ne sont pas des reproches ou des paroles prononcées simplement pour faire plaisir. Elle pense déjà chacun de ses mots et l’admire déjà bien assez de pouvoir gérer toute sa vie avec brio.

Certaines amitiés ne duraient pas longtemps. D’autres duraient le temps d’un été ou d’une année scolaire. Toutefois, entre Charlie et Kayleigh, c’était différent. Elles se connaissaient depuis une décennie. Autant dire qu’il s’agissait d’une amitié solide qui n’allait jamais disparaître. Du moins, c’était ce qu’espérait Kay. Il se pourrait, qu’un jour, elles s’éloignent et ne se parle plus, mais Kayleigh savait aussi que c’était impossible entre les deux. Elles s’aimaient trop pour abandonner une amitié aussi précieuse. D’ailleurs, Kay ne l’avait pas encore dit à son amie, mais elle lui avait acheté un cadeau pour Noël. « Je crois que c’est une très bonne idée. » La jeune femme rit, heureuse de retrouver son amie et de pouvoir passer du temps en sa compagnie.

Elles avaient sans doute plein de trucs à se dire, mais, pour le moment, elles enfilaient leurs patins à glace, afin de pouvoir aller sur la patinoire. Elles allèrent ensuite sur la patinoire. « Oui, sans doute. » C’était merveilleux de voir des enfants patiner pour la première fois. Il y en avait certains qui étaient nerveux et d’autres qui étaient heureux, comme s’ils étaient nés pour faire du patinage. Charlie lui avait demandé pourquoi Elliot n’était pas venu avec elle. La jeune femme lui expliqua alors qu’il était encore à l’école pour quelques jours. La jeune femme aurait emmené son fils, si l’école avait été fermée. Charlie adorait Elliot. « C’est super alors. » La jeune femme se doutait que quelque chose n’allait pas bien dans la vie de son amie, mais Kayleigh ne voulait pas lui tirer les vers du nez. Si elle désirait en parler, elle le fera, mais sans l’intervention de Kay. Forcer les gens à parler n’était pas son truc. « Ah c’est vrai… Il est marié. » Charlie lui en avait parlé, mais ça faisait un moment. « Oui, je sais. » Kayleigh l’avait regardée et se demandait pourquoi une émission comme celle-ci existait. Kay ne serait pas capable de marier un étranger. Ce n’était clairement pas fait pour elle. « Je vais passer Noël avec Elliot et mon cousin, Knox. S’il le veut, bien évidemment. » Elle ne lui avait même pas encore demandé. Il faudrait qu’elle le fasse rapidement. « Sinon, tu pourrais passer à la maison le 23 ou même le 24. Je ne sais pas quand tu vois ton meilleur ami. » Elle pourra alors lui donner son cadeau et Elliot pourra la voir. « Alors, montre-moi ton talent. Est-ce que tu sais faire des figures? Quoi que on ne veut pas se rendre à l’hôpital, alors ce n’est pas la meilleure idée de faire des figures de patinage artistique. »

« Ah c’est vrai… Il est marié. » C’est loin d’être un détail que Charlie peut oublier ou même faire semblant de, mais la jeune femme n’a aucun mal à comprendre que tout le pays ne soit pas au courant. Après tout, ils s’est peut être marié devant les caméras il est vrai, mais en réalité beaucoup ont déjà dû oublier ce à quoi ressemblent les traits de son visage. Tant mieux, cela lui laisse assez de place pour elle.

Elle préfère rapidement se concentrer à nouveau sur les paroles de son amie, la lame de son patin fendant petit à petit la glace alors qu’elle tâtonne dessus. Elle avance doucement dans le seul et unique but de ne rien brusquer et de ne pas tomber. « Je vais passer Noël avec Elliot et mon cousin, Knox. S’il le veut, bien évidemment. » Ravie qu’elle ait prévu de belles choses pour passer les fêtes de fin d’année, son amie sourit largement tout en hochant la tête, ses yeux pourtant concentrés sur le sol - comme si cela allait lui éviter de tomber. « Sinon, tu pourrais passer à la maison le 23 ou même le 24. Je ne sais pas quand tu vois ton meilleur ami. » “Ca serait avec plaisir, on verra les détails ensemble.” Puisqu’elle et Léo n’ont pas encore prévu les détails de leur escapade, elle ne peut encore pas promettre de passer un jour ou l’autre. Quoi qu’il en soit, elle sera toujours heureuse de passer chez eux pour leur dire bonjour, surtout alors qu’Elliot n’est pas là aujourd’hui. Elle a vu le garçon grandir depuis le premier jour ou presque, c’est comme s’il était finalement lui aussi de sa famille et elle ne peut pas résister à la moindre occasion de passer quelques précieuses heures en sa compagnie.

Les détails seront discutés et précisés plus tard, Charlie étant une éternelle partisane du motto “chaque chose en son temps”. Pour le moment, elles peuvent encore profiter de la patinoire éphémère et de ses visiteurs, sentir l’air frais se faufiler entre leur nuque et leur chevelure blonde qui virevolte à peine. « Alors, montre-moi ton talent. Est-ce que tu sais faire des figures? Quoi que on ne veut pas se rendre à l’hôpital, alors ce n’est pas la meilleure idée de faire des figures de patinage artistique. » Le rire de Charlie est immédiat et franc. Son amie se fait toujours de belles idées à son propos, mais elles sont trop belles. Trop éloignées de la vérité, aussi, sûrement. Utopiques, elles sont. “En effet, non, restons au plat initial. Montre moi tes talents, toi, plutôt.” Si Charlie est quelqu’un de fière, elle sait pourtant où sont ses limites, surtout en matière de patinage artistique et c’est là la raison pour laquelle elle laisse la lumière se braquer sur Kayleigh plutôt qu’elle-même. Ses bras s’ouvrent pour lui montrer qu’elle est prête à l’observer faire ce dont elle est capable.

Kayleigh connaissait bien Léo, mais sans plus. Il s’agissait du meilleur ami de Charlie. Ils s’étaient déjà vus à quelques reprises, mais Kay ne le considérait pas comme un ami, puisqu’elle ne le connaissait pas aussi bien que Charlie le connaissait. La jeune femme savait aussi que le mariage de Léo était un sujet délicat pour son amie. Elle décida donc de ne pas en rajouter, se disant que son amie ne voudrait pas en discuter. Après tout, elles étaient venues ici pour s’amuser et se changer les idées. La belle blonde aimait cette idée. Ça allait lui faire le plus grand bien. Charlie lui demanda alors ce qu’elle allait faire à Noël. Comme à chaque année, depuis qu’elle était maman, Kay allait être avec Elliot et Knox, s’il acceptait. Sinon, la jeune femme allait s’organiser une autre journée avec lui. « Super alors. Je vais trouver le temps pour t’acheter un cadeau. » La jeune femme a toujours aimé faire plaisir aux gens qu’elle aimait. C’était dans sa nature depuis presque toujours. Du moins, depuis une grande partie de sa vie. Offrir était mieux que de recevoir.

Elles étaient sur la patinoire depuis quelques minutes. Elles s’amusaient comme des petites folles et autant dire que rire autant faisait le plus grand bien à Kayleigh. Charlie avait un bon sens de l’humour. De plus, Kay riait facilement aux blagues de tout le monde, surtout si elles étaient drôles ou quand elle était épuisée. Bref, elle était un bon public pour tous les gens qui aimaient raconter des plaisanteries. Pendant qu’elles étaient en train de patiner, Kay demanda à Charlie qu’elle lui montre ses talents en patinage artistique. « Ça se peut aussi que je me retrouve les fesses sur la glace et que tous les gens autour de nous se moquent de moi, mais on sait tous que le ridicul ne tue pas. » Elle haussa les épaules et se mit alors à rire. Elle commença à patiner et fit une petite figure en tournant sur elle. La jeune femme n’était pas douée, mais, pour le moment, elle n’était pas tombée. Elle continua alors de patiner, mais finit par tomber, ce qui n’était pas une surprise. Heureusement, elle n’était pas blessée. « Il fallait bien que je tombe au moins une fois. » Elle rit et se releva, faisant face à son amie. « Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas patiné. Merci d’avoir accepté de venir avec moi. Tu m’avais manqué. » Il s’agissait de son petit moment de nostalgie et d’affection. « Alors, qu’est-ce qu’il se passe de bon dans ta vie, depuis que nous nous sommes vus la dernière fois? »

« Super alors. Je vais trouver le temps pour t’acheter un cadeau. » Charlie aimerait bien lui dire qu’elle n’est pas obligée de faire ça et qu’elle viendra lui rendre visite, peu importe de savoir si elle a ou non un cadeau à la clé. Elle connaît cependant bien trop son amie pour savoir que ses paroles n’auront aucun effet sur elle et que de ce fait, il vaut mieux les économiser et se contenter de lui répondre muettement d’un simple sourire. Après tout, elle sera de toute façon très heureuse de découvrir ce qu’elle a bien pu lui dénicher et en retour, Charlie trouvera quelque chose à offrir à Kayleigh et son fils sans trop de mal - si ce n’est dire aucun. Toutes deux aiment bien trop offrir des cadeaux, en réalité.

Une fois sur la glace, la blonde n’attend pas longtemps avant d’inciter son amie à montrer au reste du monde ses talent artistiques, ce dont Kayleigh semble elle-même douter. « Ça se peut aussi que je me retrouve les fesses sur la glace et que tous les gens autour de nous se moquent de moi, mais on sait tous que le ridicule ne tue pas. » Leurs deux rires montent un temps ensemble avant qu’elle ne s’élance doucement sur la piste avant de prendre peu à peu de la vitesse en même temps que du courage. Charlie, elle, reste encore largement en retrait et se contente d’être sa première fan lorsqu’elle réalise une petite figure et que son amie l’applaudit aussitôt telle une star de cinéma. Il lui en faut peu pour la rendre heureuse, c’est bien vrai, et elle n’aura qu’à dire qu’elle s’entraîne à applaudir pour le jour où Victor l’emmènera avec elle au Festival de Cannes - jour qui n’arrivera donc jamais, mais laissez la rêver. Et le temps que son esprit divague au sujet d’un futur impossible, Kayleigh s’emmêle les pinceaux et tombe maladroitement sur le sol. Personne ne réagit réellement tellement les chutes sont fréquentes pour tous les autraliens bien trop peu habitués à évoluer sur de la glace, surtout pas au milieu de l’été. « Il fallait bien que je tombe au moins une fois. » - “Tu l’as fait presque avec grâce, si ça peut te rassurer.” Cela n’a absolument rien de rassurant mais soit, c’est sûrement déjà ça de plus.

Charlie lui offre une main tendue pour l’aider à se relever, priant par la même occasion pour qu’elle ne perde pas son équilibre et tombe à son tour. Ce serait cocasse qu’elles se retrouvent toutes deux les fesses sur la glace froide. « Ça fait tellement longtemps que je n’ai pas patiné. Merci d’avoir accepté de venir avec moi. Tu m’avais manqué. » Elle est à ça de la prendre dans ses bras comme si elles ne s’étaient pas vues depuis des années et qu’elle venait de rentrer du front - oui, rien que ça. “Merci à toi.” Et ça, comme tout le reste, elle le pense réellement. Les mots viennent du plus profond de son petit cœur d’artichaut.

Rapidement pourtant, la voilà déjà repartie à poser des questions dignes de celles d’une grand mère que l’on ne voit que deux fois dans l’année. « Alors, qu’est-ce qu’il se passe de bon dans ta vie, depuis que nous nous sommes vus la dernière fois? » Avant de répondre à la question, la main de la jeune mère vient chercher celle de son amie pour qu’elles avancent ensemble sur la glace - et puissent tomber ensemble aussi, sinon ce ne serait pas drôle. “J’ai presque terminé mon année à l’académie de police, je vais pouvoir aller sur le terrain dès janvier.” Même si “sur le terrain” signifie “faire les corvées dont personne ne veut”, cela n’empêche pas Charlie d’être euphorique à l’idée d’enfin pouvoir débuter le métier de ses rêves après s’être tant perdue dans ses études et ses envies. “Je vais pouvoir dégainer mon badge et dire “police je vous arrête” à peu près toutes les cinq minutes.” Elle dira aux hommes qu’elle a des menottes et que s’ils tentent de la mettre en colère (ce qui arrive très rapidement), alors elle les utilisera contre eux sans que cela n’ait rien d’un jeu. En réalité, elle sera la plus insupportable bleue qui soit. Au moins, pourtant, elle sera plus heureuse que jamais et elle en a bien besoin. Sa main s’élève pour que Kayleigh puisse passer dessous et qu’elle tourne doucement ; Charlie laisse éclater un simple rire éphémère. “Et toi ? Est ce que je vais encore devoir me pincer quand je vais me rendre compte que Elliot aura trop grandi ?” Les enfants grandissent toujours trop vite, c’est une règle universelle.

Ça faisait le plus grand bien à Kayleigh d’être en présence de son amie, Charlie. Les deux jeunes femmes ne s’étaient pas vues depuis un long moment, donc elles allaient en profiter pleinement. Elles auraient pu se rendre dans un café, faire les boutiques, manger au restaurant ou aller dans un club, mais Kay avait décidé de la rejoindre à la patinoire. Il s’agissait d’une activité qui était plus originale que les autres qu’elle aurait pu proposer. Bref, la belle blonde s’amusait comme une enfant. Il lui arrivait de retrouver son cœur d’enfant, comme certaines personnes. Ça se produisait souvent durant le temps des fêtes, mais aussi durant l’été. Kayleigh aimait voir les enfants rire, sourire et s’amuser. C’était tellement plus facile qu’être un adulte. Durant l’enfance, il n’y a pas beaucoup de responsabilité. Les enfants n’ont pas besoin de s’inquiéter pour grand-chose, sauf pour choisir un jeu, la couleur pour un dessin ou autre chose simple. En grandissant, ça devenait de plus en plus compliqué. Il fallait donc profiter de chaque instant, puisque ça passait trop vite.

Kay commença alors à montrer ses talents de patinage. Elle n’était clairement pas douée dans ce sport. En réalité, la jeune femme n’était douée dans aucun sport. Elle n’avait jamais eu de l’intérêt pour un sport. Que ce soit le football, la natation ou même la course à pieds. La jeune femme était comme ça. Toutefois, elle aimait bouger, étant toujours en action. Kay aimait danser, mais uniquement pour le plaisir. C’était le cas pour le patinage. La jeune femme essaya de ne pas se planter, mais fini par tomber sur les fesses vers la fin de sa petite représentation. Kay trouvait cela drôle, donc elle se mit à rire. Évidemment, elle s’était légèrement blessée, mais elle s’en fichait. Pour le moment, elle ne ressentait rien. « Merci d’essayer de me remonter le moral. » Elle rit et se releva, heureuse d’être encore en un seul morceau. « Tu n’as pas besoin de me remercier, mais ça me fait plaisir. »

Il était temps de prendre des nouvelles de Charlie, de savoir comment elle allait et ce qu’elle faisait de bon, dans sa vie. « C’est une excellente nouvelle. Je suis heureuse pour toi. » Kayleigh n’avait pas eu la chance de continuer ses études, après le lycée. Elle était enceinte et avait décidé de ne pas aller à l’université et n’avait pas pu réaliser son rêve de devenir actrice. « J’espère que tu n’auras pas à m’arrêter. Je ferai très attention. » La jeune femme rit et passa une main dans ses cheveux. Kay ne voulait que le bonheur pour son amie, ainsi que du succès pour elle. Charlie le méritait plus que tout au monde. « Je me pince constamment. Il grandit tellement vite, je n’en reviens pas. » Les enfants avaient ce don de grandir rapidement, sans que les autres s’en rendent compte. Kay n’avait plus de bébé. Il était un grand garçon de dix ans. « Sinon, je travaille toujours à tous les jours de la semaine et je vois seulement mon fils le matin et le soir. J’aimerais avoir plus de temps pour lui, mais je dois travailler. » Ce n’était pas facile, mais ça en valait la peine.

« C’est une excellente nouvelle. Je suis heureuse pour toi. » En sachant très bien à quel point le sujet de la scolarité en générale peut être difficile à aborder pour son amie, Charlie ne s’étale pas davantage et se contente d’un simple sourire sincère. En effet, c’est une excellente nouvelle et ça, personne ne pourrait le nier. Elle est fière de ce qu’elle a accompli et surtout soulagée d’avoir su trouver sa voie dans ce monde, surtout au profit d’un tel métier qu’elle juge utile à tous. « J’espère que tu n’auras pas à m’arrêter. Je ferai très attention. » Un clin d'œil plus tard tendu à son amie, elle mine de réfléchir longuement et de peser des “pour” et des “contre” pourtant totalement inexistants. “Je l’espère pour toi.” Moralisatrice de pacotille, elle utilise son index pour appuyer son argument. Kayleigh est bien placée pour la trouver totalement inadéquate dans ce rôle, et elle aurait tout à fait raison. D’autant qu’elle sait que son amie ne risque pas de s’écarter du droit chemin et elles deux de ne jamais se rencontrer entre les murs du commissariat de la ville.

Une fois toutes deux accordées sur le fait que les enfants grandissent bien trop vite - sujet sur lequel elles n’ont pas eu grand mal à tomber d’accord, avouons le -, Kayleigh enchaîne ensuite sur un rapide résumé de ce à quoi ressemble sa vie ces derniers temps. « Sinon, je travaille toujours à tous les jours de la semaine et je vois seulement mon fils le matin et le soir. J’aimerais avoir plus de temps pour lui, mais je dois travailler. » Elle esquisse un sourire doux et compréhensif. Elle a déjà accompli beaucoup de choses dans la vie et son fils est un grand garçon alors qu’elle reste encore une jeune femme. Elle est une femme forte qui ira loin, Charlie n’en doute pas un seul instant, il faut simplement que la blonde croit à son tour en ses propres capacités et tout ne saurait qu’aller mieux pour elle ensuite. Le reste du monde croit déjà en elle sans qu’elle ne le sache. “Il sait que tu l’aimes, tu sais. C’est le plus important.” Quand bien même elle ne le voit pas aussi souvent qu’elle le voudrait, beaucoup de parents doivent en passer par là. Charlie elle même sait désormais quelle est la vie loin de ses jumeaux, lesquels elle ne peut voir qu’une fois par semaine et toujours sous la supervision d’Enoch. “Tu fais au mieux pour lui.” Cette fois-ci, Villanelle plonge le bleu de ses yeux dans les siens pour appuyer davantage ses propos et la rassurer quant à leur fondement. Ce ne sont pas des paroles en l’air prononcées simplement parce qu’elle est son amie et qu’elle veut la rassurer : elle le pense vraiment. “On fait tous au mieux pour nos enfants.” Son sourire se teinte d’un voile plus sombre alors qu’elle s’inclut désormais elle aussi dans ces paroles bien moins réjouissantes. Elle n’a pas d’autre choix que de faire avec, pourtant. “Si jamais nos emplois du temps concordent, tu sais que je peux toujours te le garder ou le déposer à l’école. Ou aller l’y chercher.”

Comment ne pas apprécier Charlie? Kayleigh la trouvait adorable, depuis la première fois qu’elle l’a croisé. Charlie était rapidement devenu son amie et, au fil du temps, elles se sont rapprochées, si bien que Kay la considérait comme une très bonne amie. Elles se voyaient régulièrement, mais, depuis quelques jours, elles ne s’étaient pas vues. Kay était occupée avec son boulot, ainsi que son fils. Charlie était occupée avec ses études et ses autres problèmes. La jeune femme ne savait pas si c’était une bonne idée qu’elle demande comment ses enfants allaient. Ça devait être un sujet difficile pour son amie. « Il ne faudrait pas que je devienne un mauvais exemple pour Elliot. » La jeune femme faisait toujours de son mieux, afin que son fils soit fier d’avoir une maman comme elle. Kay ne voulait pas décevoir son enfant, puisqu’elle était son modèle, celle sur qui il devait prendre exemple. Ce n’était donc pas le temps de commencer à faire des bêtises et à se retrouver en prison.

La jeune femme commença alors à lui donner des nouvelles. Honnêtement, il ne se passait pas grand-chose dans sa vie. Elle travaillait, s’occupait de son fils, même si elle le voyait uniquement le matin, le soir et les week-end. Kay aimerait avoir plus de temps pour son enfant, mais ne pouvait pas se permettre ce luxe. Du moins, pas encore. Kayleigh n’avait pas encore trouvé un boulot qui lui permettait d’avoir un horaire allégé. Son patron était compréhensif, mais jusqu’à une certaine limite. La belle blonde ne pouvait donc qu’espérer, qu’un jour, elle allait pouvoir trouver le métier idéal pour avoir des meilleurs horaires. Les paroles de Charlie la réconfortèrent. « J’espère qu’il le sait. Je fais de mon mieux. » La jeune femme aimait son fils plus que tout au monde. Elle avait sacrifié beaucoup de trucs pour lui. En fin de compte, elle ne le regrettait pas du tout. « Merci de me remonter le moral comme ça. Ça fait du bien d’entendre cela. » Cela voulait dire qu’elle n’était pas une mauvaise mère, ce qui la rendait heureuse. Kay ne voulait qu’être une bonne mère pour son enfant. Tous les parents devraient se sentir comme ça. Tout faire pour leurs enfants et être à la hauteur. « En effet. Nos efforts finissent toujours par être récompensés. » Kayleigh espérait que Charlie allait comprendre ce qu’elle venait de dire. Un jour, tout allait bien aller, même si, pour le moment, ce n’était pas facile. « Tu es sérieuse? Merci beaucoup, Charlie. Je t’en serais extrêmement reconnaissante. » Comment ne pas être touchée par les paroles de sa bonne amie? Elle avait toujours besoin d’aide quand il s’agissait d’aller chercher son fils à l’école. Elle ne pouvait pas toujours demander à son patron de terminer plus tôt. Les demoiselles continuèrent alors à patiner. « On peut faire un dernier tour de patinoire et ensuite boire un bon chocolat chaud. Qu’est-ce que tu en penses? »