Vous aviez échangé vos coordonnées la dernière fois que vous vous êtes vus. Ça remonte à avril mais t’as toujours un peu lorgné sur son nom dans ta liste de messages. Tu lui en avais envoyé un pour qu’elle ait ton numéro après t’avoir donné le sien et bref. Adèle. T’as pas osé lui envoyé un message avant aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que tu sais pas quoi dire à une meuf qui a le cancer et qui va apparemment pas pouvoir en guérir. Tu voudrais de ses nouvelles mais tu veux pas embêter à un moment délicat. Tu ne sais pas grand chose de sa vie à part sa situation familiale. Tu sais pas où elle bosse. Si elle bosse. Tu sais pas où elle habite. Tu sais rien. Mais quand tu lui as envoyé un message pour lui dire que tu allais au cimetière en fin d’après midi, tu savais où la retrouver si elle venait. Un premier tour sur la tombe de ta mère. Puis ta femme. Tu restes un moment. T’as plein de choses à lui dire.

Quand tu vas sur la tombe des parents de Adèle, tu la vois de loin. Elle est venue. « Hey… » Tu te sens bien d’être ici. Comme si t’étais plus légitime à avoir une conversation moins gênante ici que n’importe où ailleurs. Comme si être en présence de tous ces morts, passait au dessus le fait qu’elle même a une date d’expiration qui s’approche hypothétiquement plus vite que toi. « Je devais voir un pote aujourd’hui il a annulé du coup je suis venu ici. » Et je t’ai envoyé un message. T’essaies de trouver la compagnie de qui sera disponible. T’aurais été dans un lieu public si elle n’était pas venu là. Mais pas besoin. Vous pouvez rester ici toute la nuit si elle veut. Elle a sûrement des choses à faire. Tu ne comptes pas sur une nuit blanche ici avec elle, mais une nuit blanche ici tout seul, ça se joue. « T’as déjà fait le tour des autres tombes ? » Parce que toi oui. Ça change les idées. Ça lui donne surtout une magnifique perche pour qu’elle n’ait pas à rester devant les pierres tombales de ses parents. Tu te souviens les difficultés qu’elle avait à ce sujet. Elle n’est obligé de rien. Elle est venue. Et ça c’est déjà bien. C’est déjà beaucoup.

@Adèle Shephard

« We'll sleep when we're dead »    jordan fisher & adèle shephard

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Elle n’était pas revenue ici depuis un moment Adèle, ce cimetière. C’est un havre de paix, et en même temps son angoisse première. Mais ne devrait-elle pas s’habituer à cet endroit ? Forcément oui, parce qu’un jour ou l’autre, ce sera aussi sa place, et probablement plus vite que prévu… Elle ignore de quoi est fait demain, encore moins si elle a réellement envie de savoir, mais elle a peur au fond d’elle, Adèle. Peur de rompre ses chaînes, peur de laisser ses deux frères entre-tuer, peur que son cousin ne puisse plus compter sur son loyer pour l’appart, ou encore de laisser ceux de la coloc. Elle ne veut pas y penser, elle se cache bien derrière ses propres idéaux, pensant qu’elle est trop jeune pour laisser sa place, comme si c’était une raison valable. Comme si là-haut on pourrait lui laisser un sursit juste parce qu’elle a envie de vivre, de ses battre, de ne jamais rendre les armes. Et elle ignore si ça suffira, parce qu’elle hésiter Adèle, quand elle parvient à passer ce grand portail, et que son regard se pose sur ses tombes. Certaines sont bien entretenues, tandis que d’autres laissés à l’abandon. Et dans le fond, elle ne supporte pas ça, tant elle voudrait y déposer une fleur sur chacune d’entre elles. Y voir le rayon de soleil qu’elle ramène, y voir cette lumière qui ne cesse de briller. Y voir ce sourire logé au bord de ses lippes, qu’on convoite parfois de loin. Adèle Shephard est la raison de vivre de cet endroit alors qu’elle n’a jamais été aussi proche de la mort qu’aujourd’hui, parfait contraste avec ce qu’elle ressent au plus profond d’elle-même. Un désespoir immense, une anxiété… Puis cette bouffée d’air quand elle s’approche de cette tombe, elle se stoppe, pour veiller sur le lieu, sentir son cœur battre si intensément, puis ce vide qui la submerge, et l’effraie. « Hey, je devais voir un pote aujourd’hui il a annulé du coup je suis venu ici. » Cette voix qui la surprend, débarquant par derrière, elle a les yeux humides mais parvient à les rendre aussi neutre que possible quand son visage angélique se tourne vers cette voix qu’elle reconnaîtrait entre mille. « Jordan, ça me fait plaisir de te revoir, et que tu m’es envoyé ce message ! » Et c’était sincère, elle ne serait pas là sinon. Sa voix est bien posée, calme, aucune note triste, mais plutôt bienveillante au possible face à l’homme. « T’as déjà fait le tour des autres tombes ? » Elle hausse les épaules, et répond négativement de la tête, « toi tu l’as déjà fait ? » Elle est curieuse de nature Adèle, voir les autres noms ça lui plairait sans aucun doute…

Merde. Elle a pas l’air d’aller. T’as cru que ce serait une bonne idée mais t’es plus trop sûr. Faudrait que tu lui changes les idées au lieu de la mettre dans un endroit où elle a sa famille décédé et peut être la place qu’elle aura quand ce sera son tour. Y’a des gens qui ont déjà des places réservés pour reposer en paix tous ensemble. « Jordan, ça me fait plaisir de te revoir, et que tu m’aies envoyé ce message ! » Bon, ça a l’air d’aller finalement. Ca rassure de l’entendre parler, c’est plus facile à déceler les émotions. Sauf si on est acteur pro et tu sais pas pourquoi, tu veux pas imaginer que ce soit le cas de Adèle. Elle a l’air si innocente et pure. « toi tu l’as déjà fait ? » Tu hoches la tête.

« Je passais beaucoup de temps ici quand j’étais plus jeune. » T’as eu le temps d’explorer. « Y’en a on m’a raconté leur histoire, d’autres je les ai inventé. » Tu commences à marcher pour entamer l’exploration. Tu sais pas trop si elle a envie d’entendre toutes tes histoires ou juste s’inventer les siennes alors pour l’instant tu restes silencieux. « Y’en a qui sont carrément à l’abandon et je crois le plus triste c’est quand tu vois qu’ils ont remplacé une tombe avec une autre… Les proches n’ont pas du payer ou quoi je sais pas… C’est un business comme un autre au fond hmm… » Mais toi tu veux pas que ça arrive pour ta femme et ta mère. T’as assez d’argent pour ne pas que ça arrive. Même pour ton propre enterrement t’as tout qui est déjà payé. Tous tes proches super proches ne roulent pas sur l’or et c’est cher des funérailles, une pierre tombale et tout ce qui va avec. Une place au cimetière. La vérité c’est que tu connais surtout les tombes qui sont autour de celles de ta mère. T’as tellement passé toute ton enfance à venir ici. Les voisines de celle de Rosa, tu les as aussi bien intégré, mais elles font pas autant parti de toi que les autres. Y’a beaucoup d’années de différences entre les deux. C’est logique.

« We'll sleep when we're dead »    jordan fisher & adèle shephard

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Adèle est un livre ouvert, c’est le genre de femme qui ne sait pas mentir, qui ne sait pas cacher cette vérité. Parfois pesante, blessante. Parfois qui lui fait mal, elle ne sait pas faire comme si de rien n’était, quand son monde s’effrite sous ses pieds, quand elle perd peu à peu. Elle n’a jamais su faire semblant, et quand elle se retrouve face à Jordan, c’est évident que tous ses doutes éclatent. Il emmène à lui tout seul, de la fraîcheur, de la gaieté dans ce monde effrayant. Il est une vraie pile électrique, qui ne sait pas tenir en place, un vrai moulin à parole comme elle, alors qu’il sait écouter. Il sait poser les bonnes questions, et lui redonner ce sourire. « Je passais beaucoup de temps ici quand j’étais plus jeune. Y’en a on m’a raconté leur histoire, d’autres je les ai inventé. » Il titille, pousse la gamine à en savoir davantage. Il la pousse elle-même dans ses rêveries, dans ses pensées, alors qu’elle a déjà une imagination débordante, et ça lui permet aussi d’oublier ses soucis, ses problèmes le temps de quelques minutes. « Comme ? Laquelle te vient en tête là ? » Son sourire apparaît alors qu’elle se penche sur le jeune homme comme si il venait de s’accaparer en si peu de temps de son besoin de savoir, espiègle et rêveuse, elle aimerait à de belles histoires, à du Roméo et Juliette, elle qui fonce bien trop dans les histoires qui se finissent toujours mal. Blessée, seule, elle finit toujours par rebondir malgré cette passion qui s’envole, aussitôt son regard se pose ailleurs. Dans d’autres contrées. « Y’en a qui sont carrément à l’abandon et je crois le plus triste c’est quand tu vois qu’ils ont remplacé une tombe avec une autre… Les proches n’ont pas du payer ou quoi je sais pas… C’est un business comme un autre au fond hmm… » Elle déglutit, elle peut pas s’empêcher de penser que ça pourrait lui arriver. « C’est affreux… » Le fric, ce monde la dégoûte, mais en même temps, elle ne perd jamais espoir que ça change, que ça évolue. Que ce monde devienne meilleur, plus beau. « Comme c’est affreux d’être abandonné après notre mort… » Sa voix est nostalgique, alors qu’elle se promène dans le cimetière, au côté du blond. Est-ce parce qu’elle est si proche qu’elle y pense ? Elle n’en sait rien mais Adèle aime être entourée, elle n’est pas solitaire, et même avec les étrangers, elle a besoin de parler, de connaître, d’échanger.

« Comme ? Laquelle te vient en tête là ? » Tu as piqué sa curiosité, tu l’avais vu dans ses yeux mais elle veut vraiment que tu lui racontes une de ces histoires alors elle te le dit avec tous les mots qu’il faut. Ce que tu apprécies beaucoup. Tu sais pas lire les pensées. T’es aussi pas trop doué pour deviner les intentions des autres déjà de base. Quand les choses sont claires, que la communication est là, c’est la perfection. Tu es toujours aussi heureux de voir qu’il y a des gens qui savent dire ce qu’ils ont en tête. Ca te redonne foi en l’humanité après des déceptions.  « Hmmmm… Voyons. » Parce que t’as pas envie de lui dire une histoire qui seraient trop proche de la sienne d’une façon ou d’une autre. Tu veux pas lui plomber le moral même si toutes se terminent de la même manière : la mort. Tu marches devant les tombes, lisant les noms car chacune te rapportent à des anecdotes véridiques ou non. La conversation suit son cours alors que tu continues de lire les noms des tombes au passage pour trouver une histoire à raconter.

« C’est affreux… » Voilà pourquoi tu veux trouver une histoire qui ne l’est pas trop. Ca te demande toute la réflexion du monde. « Comme c’est affreux d’être abandonné après notre mort… » Tu hoches la tête. Bien d’accord avec elle. Tu ne sais pas qui prendrait soin de ta propre tombe et celle de ta mère quand tu seras mort. T’as pas de descendance, pas encore. Sûrement jamais. T’es pas dupe non plus. T’es fucked up et tu arriveras certainement jamais à avoir une vie tranquille avec une personne qui te prendra pas pour un fou à chacune de tes phases de down. Tu tombes enfin sur une pierre tombale qui t’inspires une histoire que tu peux partager sans grande craintes. « George Howard Newman. Mort écrasé par une ambulance. » Tu te mordilles la lèvres en la regardant. C’est mal vu de rire de la mort mais t’y peux rien là c’est vraiment trop ironique comme situation. Il a vraiment pas eu de chance le gars. « Je sais je devrais pas rire mais c’est tellement ironique… Et celle là c’est véridique. Je l’invente pas je te jure. C’est tellement incroyable qu’on peut pas l’inventer. » Et ça prouve que vous pouvez tous mourir à absolument tous les instants. Maladie ou non. Avec des secours présent ou non. Tu ne le dis pas en ces mots là mais c’est exactement ce que tu veux dire. Pas besoin de les lui mettre trop en pleine tête, elle va comprendre, c’est sûr.

« We'll sleep when we're dead »    jordan fisher & adèle shephard

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Adèle est de nature joueuse, elle ne voit jamais le mal nulle part, elle a envie d’y croire, d’espérer du bon. Elle sourit, et elle semble heureuse en compagnie du jeune homme, il ne soupçonne pas qu’il attire ses pensées, qu’il la fait revivre à sa façon. Elle ne se lassera jamais de venir dans le cimetière si c’est pour le voir, l’entendre rire et chanter. Il a cette lumière dans les yeux, cette tristesse dans la voix, de la bonté dans ce regard et elle apprécie passer du temps avec lui, mais ça elle se cachera d’être aussi franche, c’est pas son genre à Adèle. Parce qu’elle le connaît pas beaucoup Jordan. « Hmmmm… Voyons. » Et ils marchent en direction de ses tombes, de ses noms qui s’alignent à n’en plus finir. C’est réellement triste, elle ne sait rien de leur passé. Il y a peut-être des meurtriers dans le lot, ceux qui ont fait du mal. Ceux qui sont passés par la case prison, qui n’ont pas su trouver la bonne personne pour les attirer dans le droit chemin. Il y a sûrement des enfants qui ont perdus leurs parents, des personnes qui se sont donnés la mort eux-mêmes parce qu’il n’y avait plus d’issue pour eux, que du noir et du brouillard. Se donner la mort, Adèle ne pourrait pas, elle ignore totalement ce qu’il se passe dans le cerveau de ses personnes, elle a pourtant essayé de comprendre, tenter de se mettre dans leur place mais c’est peine perdu, elle n’y parviendra jamais, elle le sait. Que peut-il se passer pour que l’ombre l’emporte sur la lumière ? Est-ce que la vie peut montrer plus de brouillard que de lumière ? Même avec sa maladie, elle ne voit pas… « Est-ce que tu crois qu’ils sont heureux tous ses noms maintenant ? » Elle parle de tous ceux qui les entourent. De ses noms qu’elle ne connaît pas, et qu’elle ne connaîtra jamais. De ses parents, mais aussi ceux de Jordan, de sa maman, puis de Rosa. Elle aimerait vivre éternellement Adèle. Elle aimerait être cette lumière pour l’éternité, mais à côté de ça, ils ne sont que des étoiles filantes, qui finissent par s’éteindre. Un jour… « George Howard Newman. Mort écrasé par une ambulance. » Qu’il ajoute en s’arrêtant devant un nom, machinalement, Adèle pose son regard sur lui, sur cet écrit, et fronce les sourcils. Elle sent que Jordan a envie de rire, et elle tourne la tête vers lui, aussitôt, « je sais je devrais pas rire mais c’est tellement ironique… Et celle là c’est véridique. Je l’invente pas je te jure. C’est tellement incroyable qu’on peut pas l’inventer. » Elle ne sait pas si elle peut réellement rire à son tour de cette situation mais c’est vrai que c’est assez triste, et surprenant, « ils ne sont pas censés aidés les ambulanciers ? » Elle aimerait en savoir plus, « tu sais si ils l’ont renversés en reculant ? » Naïve Adèle, qui voudrait un monde bien différent de ce qu’il est aujourd’hui.

« Est-ce que tu crois qu’ils sont heureux tous ses noms maintenant ? » Ah ça, c’est la question éternelle. Toi aussi tu voudrais savoir. Tu peux fait que des suppositions mais réellement, cette interrogation te hante depuis toujours. Est-ce que au moins y’a quelque chose après la mort ? Les quelques fois où t’as faillit mettre fin à tes jours c’est la seule information qui te manquait pour aller jusqu’au bout. Y’a toujours eu quelque chose pour t’empêcher d’en finir. Une personne. Un appel. Une chanson qui commence pile à ce moment là. Tout autant de signes qui font que tu es sûr que certaines personnes veillent sur toi même sans être présent physiquement. Mais tu n’auras jamais le fin mot de tout ça. C’est juste toi et ce que tu veux bien voir. Ce que tu veux faire comme connexions dans ta tête. Tout et n’importe quoi pour te faire tenir bon sur cette planète malgré tout. Tu ne sais pas quoi répondre à Adèle, tu hausses une épaule, l’air interrogateur aussi. T’as pas envie de lui dire oui pour lui faire plaisir. Tu sais pas et tu voudrais savoir aussi. Peut être que si vous arrivez à contacter les esprits vous pourriez avoir la réponse à cette question. Vous demanderiez à George comment ça s’est passé exactement son accident. « ils ne sont pas censés aidés les ambulanciers ? » Tu hoches la tête, bien d’accord avec elle.

« tu sais si ils l’ont renversés en reculant ? »
« J’ai pas les détails mais ça se peut que ce soit un truc du genre ouais. »

Et puis parfois, même si les secours sont là, il y a juste trop de dégâts pour garder la personne en vie. Vous continuez de marcher dans les allées, tu regardes les tombes mais t’as pas beaucoup d’autres histoires que tu peux partager. Surtout quand tu vois certaines tombes avec des plaques qui parlent de la personne et que le cancer est mentionné. Tu te souviens très bien que Adèle en est atteinte et tu ne comptes pas venir sur le sujet. La configuration de votre rencontre aujourd’hui est déjà assez morbide comme ça.
« T’es repassé par ici depuis l’autre fois ? » Depuis quand Jordan ? T’es vague. Vous vous êtes rencontré ici pour la première fois mais vous vous êtes revu entre temps. Tu te souviens encore très bien quelle chanson tu écoutais en repeat ce soir là devant la vue. Tu lui poses cette question toute simple pour voir si elle a fait des progrès ou pas. En vérité elle a nullement l’obligation de venir, mais ça avait l’air d’être quelque chose d’important pour elle. Elle avait l’air de s’en vouloir de ne pas réussir à venir voir la tombe de ses parents. « Je sais pas pourquoi je te demande ça. T’es pas obligé de répondre. Je voulais juste combler le silence. » T’es honnête, comme toujours. Tu es content de la voir mais tu sais pas encore ce qu’il vaut mieux dire ou non. Elle a l’air si fragile. Tu veux pas faire de faux pas. Elle a assez de merde comme ça dans sa vie. Ça te dérangerait pas toi de rester dans ce cimetière à parcourir les tombes à ses côtés sans dire un mot.

« We'll sleep when we're dead »    jordan fisher & adèle shephard

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Adèle la grande rêveuse, Adèle qui a besoin de savoir, toujours tout. D’avoir des réponses à des questions inconnues, de savoir ce qui se passe autour d’elle. Enfant curieuse, qui n’hésite pas à bousculer le monde autour d’elle pour franchir des limites, elle pose ses yeux autour d’elle, espérant y trouver des réponses qu’elle se pose depuis son adolescence. Depuis la mort des siens, mais rare sont ceux qui prennent leur temps pour chercher avec elle, pour tenter de l’apaiser. Des plaies encore ouvertes, qui ne se referment pas, même avec le temps. On dit que ça finit par se refermer un jour, mais pas pour les siens, ses parents. Pas pour cette mère qui a toujours été présente pour elle, pour la conseiller, et pour lui apporter tout l’amour d’une mère. Pas pour son père, dont elle a toujours été la petite gâtée, la préférée. Cette énergie est autre part désormais, le combat de sa vie : celui de son cancer. Et la vie reste un grand mystère pour elle, et visiblement pour Jordan aussi. Parce qu’il est distant, il ne répond rien. Juste il hoche la tête, en guise de réponse. Elle n’est pas sûre de vouloir obtenir des réponses, elle serait capable de plonger corps et âme et d’y croire. Même si c’est foncer droit dans un mur, même si c’est un pur mensonge. « J’ai pas les détails mais ça se peut que ce soit un truc du genre ouais. » Il hausse les épaules, ils n’ont que des hypothèses en guise de réponse, et ça lui convient pas mal à Adèle, elle n’a pas besoin de savoir la vie de ce George. Ni son passé. Mais l’idée d’interroger les morts même si ça ne traverse pas son esprit très terre à terre, pourrait l’emballer. Elle détourne les yeux vers les mêmes tombes que regarde Jordan, peut-être attend t’elle de sa part qu’il lui raconte une autre histoire. Mais elle aime la douceur des histoires, les histoires qui finissent bien, pas celles dans un cimetière. Elle heurte elle-même cette tombe où est inscrit ‘tu l’auras bien combattu mais ce foutu cancer a eu raison de toi’ et elle fronce les sourcils. Sa salive qu’elle ne parvient même pas à avaler et cette phrase qui se répète alors que Jordan coupe ce silence, pas forcément rassurant. « T’es repassé par ici depuis l’autre fois ? » Elle sort de ses pensées un instant, alors qu’il reprend, gêné, « je sais pas pourquoi je te demande ça. T’es pas obligé de répondre. Je voulais juste combler le silence. » Elle hausse les épaules, ça ne la dérange pas de parler. « T’en fais pas, » elle se veut rassurante même si sa voix trahit une pointe d’amertume, « non faut croire que tu choisies bien tes moments pour me retrouver ici… » Elle sourit que très légèrement en posant ses yeux sur son visage. « Tu crois qu’on en guéri ? » Cette question qui lui échappe, si soudain. Parle-t’elle de sa maladie ? De cette mort ? Elle ne sait pas elle-même, confuse, avant de tourner son visage autour d’elle, recherchant un réconfort absent.

Toujours tu as cette sensation que Adèle est quelqu’un de très fragile alors tu fais attention et là t’as un peu l’impression d’avoir été dans une direction qui ne sera pas très plaisante. Tu ne la connais toujours pas assez pour te permettre plus de choses que d’autres. Tu marches sur des oeufs. « T’en fais pas, » Hmmm. T’es pas tout à fait sûr de devoir la croire sur parole cette fois. Tu vas faire plus attention. « non faut croire que tu choisies bien tes moments pour me retrouver ici… » Et comme elle reste dans le coin à chaque fois, t’as envie de croire que c’est un bon signe ? Certains pourrait se dire tout l’inverse parce que squatter un cimetière n’est pas commun, mais vous, vous avez votre famille ici. Pour toi c’est un endroit qui t’apaise. Tous ces gens qui n’ont plus de soucis à se faire. Qui sont libérés. Ou pas. Ouais parce que tu sais toujours pas s’il y a réellement rien après la mort. Tu espères toujours que non. « Tu crois qu’on en guéri ? » T’es pris au dépourvu par sa question. T’es pas sûr de quoi elle parle exactement mais t’es convaincu qu’il y a plutôt mille questions en une.

« Ce à quoi on résiste persiste et ce qu’on accepte nous libère. » Une phrase si simple mais qui t’a énormément aidé. Tu es conscient que ça ne répond pas vraiment à sa question mais en partie, si. T’as l’impression de jouer le psy en différé. Tu ne fais que lui donner les outils, les mots, qui t’ont aidé toi. Vos situations ne sont pas les mêmes mais tout le monde peut trouver un chemin qui apaise avec cette citation. « Mon psy qui m’a dit ça un jour. » Tu l’as noté rapidement dans tes notes pour ne pas l’oublier. Ce choix de mot si bien trouvé. Vous vous êtes arrêté de marcher sans vous être concertés et toi autant qu’elle, tu regardes la foule de tombes qui vous entoure. Tu restes dans tes pensées à ton tour. Ne ressentant pas le besoin cette fois de combler le silence. T’es en train de questionner tout seul. Qu’est ce que tu gardes en toi ces derniers temps qui ne t’aide pas à avancer ? Qu’est ce que tu préfères garder dans le déni. Et y’a des trucs c’est vrai, tu penses en premier à un plat que tu as remis au congèle après l’avoir sorti sans le manger. Tu sais que dans tous les cas tu ne le mangeras pas parce que c’est pas bon re-congeler des trucs. Mais ça te fait chier de le jeter. T’as l’impression d’avoir gâcher autant de temps que d’argent que d’amour. Parce que Maria fait tout avec amour. Tous ces plats qu’elle te prépare toujours. Tu iras certainement faire un tour chez elle tout à l’heure. T’as besoin d’un hug et elle est tout en haut de la liste des personnes que tu as envie de prendre dans tes bras.

« We'll sleep when we're dead »    jordan fisher & adèle shephard

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Elle est perdue Adèle, elle ne sait plus vraiment quoi penser, ce qui est bon ou mauvais, ce qui l’attire ou la fait fuir. Il y a bien des personnes qui sont importantes à son existence, il a bien des personnes pour qui elle s’est battue jusque-là et dont elle se bat encore. Mais elle aimerait pourtant pouvoir affronter la vie sans aide de personne, sans aucune main tendue vers elle, mais elle n’y parvient pas. Elle s’enfonce dans le déni ne lui permettant pas de se soigner comme il le faudrait. Et ce n’est pas les remontrances de son cousin, de ses frères, de Nino le soir où il l’a vu saoule qui changeront quelque chose. Même si dans le fond, tout à changer. Parce qu’elle n’a plus recommencé, parce qu’elle a enfin prit tout ça au sérieux. Elle s’est réveillée, elle a pris la décision de se battre. Contre l’invisible, mais se battre quand même. Sans savoir si ce sera suffisant, mais se battre quand même. C’est ce qu’il y a de plus important. Ils marchent le long des tombes, dans cet immense cimetière à perte de vu. Toutes ses familles brisées, qui tentent sûrement en vain de se reconstruire. Un peu comme eux, sans doute. « Ce à quoi on résiste persiste et ce qu’on accepte nous libère. » Une jolie citation mais c’est pas évident pour elle, de la comprendre et surtout de faire en sorte de l’accepter. La hantise de disparaître, de ne plus pouvoir être auprès des siens ne la rassure pas, même si elle montre l’inverse, même si elle se veut forte, elle est tellement fragile finalement. Tellement frêle qu’on ne peut même pas savoir comment elle fait pour tenir. Tellement loin de ce qu’elle souhaite montrer au premier abord. La nana souriante, toujours partante pour rire, pour s’amuser. Pour remonter le moral de quiconque qui échange un bout de vie avec elle, auprès d’elle. « Mon psy qui m’a dit ça un jour. » Qu’il avoue, un instant elle perd son regard dans les siens, alors qu’ils s’arrêtent dans ce lieu si paisible. Elle-même n’est jamais allé leur parler, elle n’a jamais trouvé cette force et l’association Beauregard lui servait de tremplin pour les jours difficiles, elle s’était heurté souvent à leur posait des questions, sans aucune retenue. « C’est très jolie en tout cas… » Qu’elle avoue en souriant, « tu penses à quoi ? » Sa voix est douce, frêle avec naïveté. Elle finit par sourire légèrement.

Tu sais pas si elle va en faire quelque chose de cette phrase, mais elle a l’air de le prendre en compte. Elle laisse le silence vous enrober un moment. Peut être qu’elle y réfléchit, ou peut être qu’elle est totalement ailleurs comme toi qui pense à Maria et la soirée que tu vas passer chez elle. « C’est très jolie en tout cas… » Un léger sourire sur tes lèvres de l’entendre faire ce commentaire. Non seulement le sens de cette phrase est beau, mais oui, le choix des mots et les sonorités sont très appréciable à l’oreille. T’es un homme des mots depuis toujours. Des carnets, t’en as remplis par centaines depuis ton enfance. Tes cahiers de cours qui se sont petit à petit transformé en carnet avec un but bien plus profond que celui des leçons. Tu rajouterais même des cahiers sur tes listes de fournitures scolaires. Tu savais que c’est trop compliqué de négocier avec ton père pour qu’il t’achète des choses ‘pas nécessaire’. Il mettait toujours le compte de l’argent sur le tapis mais tu sais que trop bien que la vérité est toute autre. Il suffit de voir tout ce qu’il prenait pour tes frères et soeurs. Une blague. Mais t’as appris à vivre avec et ne rien attendre de lui, jamais. Tu pensais que ça t’empêcherait d’être déçu par lui, mais il y arrivait quand même toujours un peu plus. C’est triste. « tu penses à quoi ? » Tu sors de tes pensées et tu préfères repartir sur tes pensées initiales pour lui répondre honnêtement. Hors de question que tu perdes du temps pour parler de ton paternel. T’as déjà fait cette erreur par le passé, ça n’a servit à rien. « Je pense au hug que je vais faire à Maria ce soir. » T’as beau être fier de vivre seul, de savoir ce que c’est d’être seul, toute sa vie, quand on peut avoir quelqu’un qui est là pour nous réconforter même sans véritable raison, ça fait vraiment beaucoup de bien. Et là, c’est exactement ce dont t’as besoin. Elle sait pas encore que tu viens et t’espères qu’elle sera chez elle. Tu te sentirais bien con si ce n’était pas le cas. De toute façon, tu vas certainement passer la nuit chez elle si elle n’est pas là. Tu as une clé. Il y a toujours la chambre de Rosa avec son lit, cet endroit où tu as énormément de bons souvenirs. Cette maison entière est un havre de bonnes vibes. Tu vas profiter des gens que t'aimes tant qu’ils sont encore là. 

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