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Message(#)Like me, like us EmptyJeu 6 Aoû 2020 - 22:42

La cafétéria est remplie, comme d’habitude. Raphael fait la queue avec les autres élèves en espérant qu’il reste des desserts une fois que ce sera son tour. Il est vendredi et c’est la journée de la semaine où il peut se permettre de manger quelque chose de trop sucré en fin de repas. « Désolé. » Il marmonne quand son coude frôle celui d’un autre garçon devant lui. Il garde ses deux yeux rivés vers son cabaret qui contient maintenant une assiette de pâtes, un jus de fruit et un petit bol de salade du jardin – dans laquelle les feuilles sont davantage brunes que vertes. Enfin arrivé à la caisse, il peut tendre la main vers l’un des muffins préemballés pour le poser à côté du reste de son festin d’écolier. Il paye avec un billet de dix et récupère son change qu’il glisse simplement dans sa poche en espérant de pas l’oublier avant de balancer ses fringues dans la lessive – après s’être fait réprimander cinquante fois d’oublier la monnaie, ça lui arrive encore une fois sur deux d’être trop lunatique. Une fois à la maison, il a les esprits toujours vidés.

Comme Ginny, en ce moment. Elle fixe le contenu de son assiette et relève quelques morceaux de viandes avec sa fourchette. Elle semble contrariée. L’adolescent hésite plusieurs secondes avant de se décider de venir à sa rencontre pour s’assurer qu’elle va bien. Lorsqu’elle lève les yeux, il s’assoit devant elle. « Hé, ça va ? Tu n’as pas pris de muffin, tu es malade ou quoi ? » Il demande en plantant tout de suite sa fourchette dans une penne trempée de sauce tomate, plein d’appétit. Ses deux yeux curieux observent les réactions de son amie mais elle ne réagit pas comme elle le fait habituellement. Il n’a pas l’impression qu’elle est victime d’une gastro.  


Dernière édition par Raphael Elly le Ven 7 Aoû 2020 - 14:02, édité 1 fois
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 13:12

Ils ont dit qu'elle n'a pas souffert, quand elle est partie. Ils ont dit que ça s'est fait en quelques minutes à peine, qu'à un moment elle dormait, qu'à l'autre, elle ne dormait plus. Toute la famille a été prise par choc, bien évidemment, quand grand-papa nous a téléphoné en fin de journée la veille, pour nous l'annoncer. Sa voix était froide, fermée, un peu comme elle l'est toujours mais pire encore. Maman s'est enfermée dans sa chambre toute la soirée sans que personne ne lui en veuille, pourtant c'est évident qu'on s'en est tous étonnés. Elle qui ne cache jamais ses émotions, elle qui laisse toujours tout teindre si facilement son visage et ses paroles, elle s'est murée dans le silence depuis. Le décès de sa mère ne faisait pas partie du plan initial, elle avait besoin de retrouver des forces pour l'accepter j'imagine.

Rien ne goûte quoi que ce soit, sur ma langue. Pas même le pudding au riz de sûreté caché au fond de mon casier pour des moments comme ceux-ci. Mon estomac est noué bien plus fort que lorsque j'ai une présentation orale à faire et que je suis la suivante à passer. Il est plus noué encore que lorsque tout le monde se tourne vers moi parce que j'ai encore échappé mon jus sur le sol de la cafétéria et qu'il a explosé à mes pieds. Il est plus noué encore que quand Raphael relève la tête pour croiser mon regard, Raphael qui d'ailleurs arrive à ma hauteur l'instant d'après.  

« Hé, ça va ? Tu n’as pas pris de muffin, tu es malade ou quoi ? »
« J'avais pas faim. » ma voix est enrouée de ne pas avoir dit le moindre mot depuis l'annonce du décès de ma grand-maman. Il est le premier à m'entendre statuer l'évidence, le trémolo au fond de la gorge.

Mes yeux sont sûrement rougis, bouffis. J'ai préféré venir à l'école pensant que cela me changerait les idées, alors que Jill vit le tout en cassant des tas de trucs à la maison et que Matt s'est porté volontaire pour tout faire avec grand-papa, pour lui retirer la responsabilité des épaules d'organiser la suite en s'y donnant volontairement corps et âme. « J'ai entendu dire qu'ils sont au chocolat et aux canneberges, tu vas les aimer sûrement. » que je finis par céder. J'ignore si j'ai envie de parler ou de rester muée dans mon silence, j'ignore ce que je ressens et ce que je ne ressens plus. J'ignore tout, j'essaie au moins.
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 13:22


« J'avais pas faim. » Quelque chose cloche. Ce ne sont pas dans les mots qu’elle choisit qu’il décèle un problème mais bien dans sa voix enrouée qui lui rappelle le son des radios qui grinchent parce qu’elles ne captent plus le réseau. Mais Raphael n’est pas bon pour s’inquiéter. Il ne sait pas quelle question poser, s’il doit en poser une, ou s’il doit simplement la laisser tranquille à sa table. Parce qu’elle s’est assise là toute seule, sans sa sœur, sans son frère, sans aucun ami pour lui tenir compagnie pendant l’heure du dîner. Mal à l’aise, Raphael déglutit et pose une penne sur sa langue avant de la mâcher doucement, l’oreille tendue, attendant qu’elle poursuive ses explications si elle le désire. Il espère simplement qu’elle a mal au ventre, ou qu’elle est dans sa semaine : il paraît que les règles troublent beaucoup les filles qui doivent les supporter pendant une semaine. « J'ai entendu dire qu'ils sont au chocolat et aux canneberges, tu vas les aimer sûrement. » Haussant les sourcils, il tend sa main vers le muffin pour le retourner afin de voir le contenu de son capuchon légèrement doré. Il peut effectivement voir quelques morceaux bourgognes entre des pépites de chocolat. « Parfait, alors, les meilleurs. » Il sourit en plantant sa fourchette dans sa salade à plusieurs reprises, tentant de ramasser le plus de feuilles possibles – et c’est difficile tellement ces dernières sont molles. Elle glisse le long des pics en métal et retombe dans le fond du bol encore plus écrasées qu’avant.

Il mange en observant les alentours, se demandant s’il devrait faire semblant d’avoir un devoir à faire. Mais il n’a pas apporté de manuels scolaires avec lui, il n’a que lui-même pour trouver un argument pour contrer le silence. « Eum… Tu sais pourquoi tu n’as pas faim ? » Mais qu’est-ce qu’il est nul, Raphael. Quand il n’a pas faim, c’est parce qu’il y a trop d’émotions qui occupent déjà la place dans son ventre. Il devrait réaliser que le visage de son amie est rougit mais il évite de trop la regarder pour ne pas s’immiscer dans sa bulle.  
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 13:40

Il essaie, du moins il tente. Ce n'est pas sa faute si je ne dis rien, ce n'est pas à cause de lui si je suis mal à l'aise et mal tout court aujourd'hui. Sa voix n'arrive pas à m'apaiser et le fait qu'il m'accorde le moindrement d'attention n'arrive en rien à me calmer. Pourtant j'échange quelques mots, je tente vraiment de toutes mes forces de ne pas le laisser là, pantois, à ne pas savoir quoi dire ou quoi faire.

« Eum… Tu sais pourquoi tu n’as pas faim ? » oui, bien sûr que je sais. Bien sûr que la boule qui brûle au creux de ma gorge et son homologue qui me tenaille le ventre ont une seule et unique raison en commun. Pourtant ce serait mentir de dire qu'en plus de tout le reste je serais capable de le lui dire, je serais capable de me l'entendre le raconter à voix haute. Plutôt, mon soupir repousse à une poignée de centimètres de moi les serviettes de papier qui trônent lâchement sans le moindre aliment à nettoyer sur la table où je suis installée seule. Je ne mange jamais à la cafétéria, je déteste l'endroit.

D'ailleurs. « Est-ce que tu as envie d'aller prendre l'air? » probablement pas. Probablement qu'il a des tas d'amis à aller rejoindre, Diana peut-être, sûrement. Il a un univers rien qu'à lui et même si il m'y a fait une place à travers il y a un moment déjà, jamais je ne serais stupide au point de croire que c'est toujours le cas. « T'es pas obligé, juste... cinq minutes? » tout sonne comme une supplication, comme une question, comme des excuses. Il n'aura pas besoin de parler et encore moins de me regarder, il pourra même marcher tout loin devant ou tout loin derrière, je ne lui en tiendrai jamais rigueur. J'ai juste besoin de respirer. J'ai juste besoin d'être seule, mais accompagnée.
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 13:51

« Est-ce que tu as envie d'aller prendre l'air? » Il arrête de mâcher sa bouchée, les yeux gros comme des ballons. Il observe son amie quelques secondes, tentant de discerner le moindre indice dans son regard rouge. Si elle lui propose de sortir dehors, c’est qu’il y a réellement quelque chose qui cloche. Ce n’est pas qu’une mauvaise note qu’elle a reçue ou un mal de ventre – parce que, si c’était le cas, elle rentrerait chez elle ou s’enfermerait aux toilettes plutôt que de rester immobile dans un environnement qui sent la nourriture à plein nez. Quand il a la nausée, c’est impossible pour lui de rester dans la cuisine où la nourriture se prépare. Sinon, c’est direction toilette en comptant cinq secondes. « T'es pas obligé, juste... cinq minutes? » Il serait le pire ami s’il refusait mais il ne peut s’empêcher de se dire qu’il ne peut pas laisser son cabaret plein de nourriture ici. Il se ferait ramasser et il perdrait son repas. Il réfléchit alors quelques secondes et finit par hocher la tête en se redressant, soulevant le cabaret avec lui. « Oui, d’accord, si tu veux ! » qu’il répond pour accompagner son mouvement. Ce n’est pas grave : il traînera sa nourriture avec lui jusqu’à l’extérieur. Il n’a qu’à prier pour qu’aucun surveillant ne lui rappelle que tout ce qui appartient à la cafétéria doit y rester.

Suivant le pas de Ginny, il reste silencieux jusqu’à ce que le chaud soleil leur caresse la peau. Il désigne un arbre avec son menton. « Il y a de l’ombre là-bas, on serait mieux. » Il propose, conscient que le soleil à cette heure peut taper fort. Il n’a pas mis de crème solaire et il est l’un des plus grands consommateurs de Brisbane. Blanc comme un drap, il ressemble plutôt à un anglais qui vit sous les nuages et la pluie.
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 14:12

Il hoche de la tête et il accepte, et c'est dans le plus salvateur des soupirs que je me relève de la table dans le but de sortir dehors le plus vite possible. Qu'il traîne son repas avec nous ne me dérange pas du tout, qu'il jette par-dessus son épaule des coups d'oeil pour s'assurer de ne pas être remarqué par le moindre surveillant ne me fait même pas rigoler. En temps normal, j'aurais caché mes éclats de rire derrière ma paume relevée. Aujourd'hui par contre, mon coeur est brisé.

« Il y a de l’ombre là-bas, on serait mieux. » va pour l'ombre alors, que je concède, hochant doucement de la tête de la positive avant de finir mon chemin de croix sous l'immense arbre bordant la pelouse de l'établissement scolaire. Mes chaussures partent à gauche quand je les retire distraitement, mes cheveux remontent en un chignon que j'attache sans vraiment y porter la moindre attention. L'air d'été australien me fait du bien, aux idées et à la tête, mes inspirations brûlent un peu moins au fur et à mesure qu'elles s'accumulent.

Une minute passe, des dizaines d'autres suivent, quand finalement je redresse la tête pour attraper ses prunelles au vol. « Est-ce que je peux te dessiner? » j'ai déjà le carnet à dessin sur les cuisses, déjà commencé à tracer des lignes éparses et informes sans points de repère, sans rien de concret autour. « T'as pas besoin de rien faire en particulier, même pas sourire. » je laisse glisser, jamais assez effrontée pour lui demander de sourire quand je doute de pouvoir en être moi-même capable pendant encore un long moment.

L'initiative me semble bonne pour me changer les idées, l'initiative a tout pour le gêner et pour l'entendre refuser dans la seconde. Alors j'improvise et j'espère, à demi-mots. « Je peux faire de toi n'importe quel personnage que t'as envie d'être. » qu'on le rende heureux lui, quand pour ma part les miettes de bonheur semblent bien loin aujourd'hui.
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 14:25

Sous cet arbre, il peut enfin poser son cabaret et déambuler avec un peu plus de grâce (essayez de maintenir un muffin aussi rond en équilibre sur une plaque droite). Il se met confortable en posant ses fesses sur une racine surélevée afin de ne pas tacher ses précieux shorts. Il garde ses deux yeux rivés vers Ginny mais elle ne lâche pas un seul mot tandis qu’il continue de déguster son repas qui ne goûte plus aussi bon qu’avant maintenant qu’il sait que son amie ne va pas bien. Il est une éponge, le jeune garçon. La moindre émotion que ressent quelqu’un qui lui est proche s’enracine dans son ventre et l’empêche de parler. Les minutes passent, quelques oiseaux volent au-dessus de leur tête et les nuages progressent lentement dans le ciel sans jamais s’obscurcir. « Est-ce que je peux te dessiner? » Surpris par la demande, il redresse immédiatement son dos comme s’il se devait d’être la meilleure référence. Les doigts de Ginny s’activent déjà sur le papier et il reste immobile comme si le moindre mouvement allait l’empêcher de réaliser une œuvre digne de ce nom. « T'as pas besoin de rien faire en particulier, même pas sourire. » C’est la précision qu’il lui faut pour qu’il décrispe son dos et qu’il détende ses bras. « D’accord. Vas-y si tu veux. Mais je veux voir à la fin. » Qu’il dit sur un ton certain avant de se remettre aux quelques miettes restantes dans son plat. « Je peux faire de toi n'importe quel personnage que t'as envie d'être. » Le personnage qu’il aurait envie d’être, c’est le garçon confiant et populaire, le plus fort de la classe, le plus beau, aussi, et celui que tous les professeurs adorent. Mais ce genre de requête ne se traduit pas facilement dans un dessin alors il opte pour les artifices que n’importe quel garçon normal aurait choisi : « Je veux être un dragon, alors. Avec des ailes. » Mais qu’est-ce qu’il s’en fiche de cette créature fantastique, en fait. Il veut seulement que Ginny s’amuse à lui faire des écailles parce que, au fond, ça peut être marrant. « Tu ne veux pas en parler, alors ? » Il demande en déballant son muffin.  
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 17:03

Le bruit du crayon sur mes feuilles a quelque chose de calmant, de relaxant. Il passe d'un bout à l'autre de mon cahier, il gribouille un arbre tiré de mon imagination puis un oiseau absolument inventé. Il n'agit pas comme une épée de Damocles pour Raphael par contre. Tant qu'il ne me donnera pas son ok, je ne tracerai aucun référent à son visage.

« D’accord. Vas-y si tu veux. Mais je veux voir à la fin. »
« C'est promis. »

Un soupir de soulagement vient franchir mes lèvres, là où serait né un sourire si j'en avais eu la force. C'est beaucoup me demander, petite boule de nerfs et de doute, de mal et de cassures, qui tente de se relever d'un nouveau drame qui l'a diamétralement secouée. « Je veux être un dragon, alors. Avec des ailes. » qu'il finit par ajouter, me coupant dans mes pensées nostalgiques des après-midis d'été à boire de la limonade à la lavande avec grand-maman. Elle faisait la meilleure limonade à la lavande de l'univers, d'ailleurs. « Et est-ce que tu veux cracher du feu ou être en train de voler au-dessus d'un immense château? » ma voix tremble et mes yeux le fuient, mes doigts eux s'attardent à dégainer les crayons de mon étuis au fur et à mesure que les couleurs s'alignent sur la feuille. « J'ai pas de vert forêt alors tes écailles seront rose, rouge, orange et jaune. »

Un trait de sa mâchoire, un autre de son profil. « Tu ne veux pas en parler, alors ? » j'en suis à tracer ses yeux entourés d'un masque d'écailles arc-en-ciel quand il pose la question que je déteste autant que j'en ai besoin. Il faut que j'en parle, même si je ne m'en sens pas encore la force de le faire. Il le faut, vraiment. « Je sais pas comment en parler. » ce que je sais par contre, c'est être honnête. L'inspiration qui suit rassemble toutes les forces qu'il me reste, même forces qui paradoxalement se retrouvent à colorer les yeux d'un Raph-dragon au passage. « C'est ma grand-maman. » c'était, Ginny. « Elle s'est pas réveillée, hier matin. » adolescente qui n'arrive pas à dire les vrais mots pourtant.
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 17:14


« C'est promis. » La promesse et scellée et Raphael décide de détourner les yeux pour la laisser se concentrer sur son dessin si c’est ce qui peut alléger son cœur. Il ne sait toujours pas la raison pour laquelle elle avait besoin de sortir un peu et il essaye de ne pas trop élaborer de théories dans sa tête par crainte de s’imaginer le pire. Comme il l’a pensé au début, elle est peut-être simplement dans sa semaine et elle est trop timide pour le lui dire – au fond, il n’est qu’un extraterrestre qui ne peut pas comprendre ce qui se passe dans sa tête. Ils ne possèdent pas les mêmes neurones ni les même hormones. « Et est-ce que tu veux cracher du feu ou être en train de voler au-dessus d'un immense château? » La question le fait hésiter et il finit par hausser les épaules : « Cracher du feu, c’est plus cool. » Puis un sourire amusé étire ses lèvres lorsqu’elle admet ne pas avoir de vert forêt. Il se souvient, c’est la couleur qu’il a fait semblant d’aimer quand il avait huit ans pour camoufler ses préférences pour les couleurs habituellement prônées par la gente féminine. « Tu sais très bien que je préfère ces couleurs, de toute façon. » Parce qu’il ne doute pas une seconde qu’elle a fini par réaliser que jamais il n’a porté de vert forêt alors qu’il prétendait être amoureux fou de cette couleur.

« Je sais pas comment en parler. » Alors ce doit être réellement sérieux. Ce n’est officiellement pas une histoire de maux de ventre. Raphael s’arme de son regard le plus compréhensif alors qu’elle réussit à tout avouer : « Elle s'est pas réveillée, hier matin. » Aussitôt, baisse la tête avant de décrocher quelques miettes du muffin pour s’occuper les mains. « Oh. » Il commence, comme d’habitude. Son onomatopée chérie, celle qui lui permet de marquer une pause le temps de réfléchir et qui lui permet de faire comprendre à son interlocuteur qu’il a entendu la phrase prononcée. « Tu étais proche d’elle ? »  
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 18:14

« Cracher du feu, c’est plus cool. » cracher du feu alors, ce sera. J'hoche de la tête, désormais investie de la mission de faire quelque chose de bien dans un monde qui semble s'être arrêté depuis l'appel reçu, la veille. Je sais très bien que rien ne réparera rien en ajoutant des flammes encore plus grosses au dessin, pourtant le simple fait de tracer le regard animé de Raphael sur mes feuilles suffit à me calmer, comme sa voix arrive à le faire aussi naturellement que possible, sans forcer.

Ses écailles seront couleur soleil, il cède sans chigner. « Tu sais très bien que je préfère ces couleurs, de toute façon. » « Ça restera notre secret. » secret dont j'ignore encore les bases, dont je ne connais pas toutes les variables. Il cache des tas de choses Raphael, il est souvent un mystère pour moi. Un mystère que je respecte beaucoup plus maintenant que les années se sont accumulées entre nos premiers contacts et aujourd'hui. Les questions sont toujours là mais elles sont moins intrusives, mes coups d'oeil aussi. Qu'il me dise ce qu'il veut me dire, quand il veut le faire. Je n'ai plus envie de le presser, je préfère et de loin adapter mon rythme au sien. Encore plus aujourd'hui, quand de toute façon, le dit rythme s'en est allé.

« Tu étais proche d’elle ? »  
« Oui. » ma gorge se noue, le bruit de sa mâchoire qui ralentit sa course à mâcher les aliments qu'il avait traînés avec nous dehors me jette la puce à l'oreille.

Lorsque je redresse la tête, je sens ses prunelles braquées sur moi. Les miennes étaient rivés sur le papier comme je le connais par coeur, son visage. « C'était la mère de ma mère. » il se fiche probablement de ce détail, lui qui ne se souvient jamais si j'ai un frère et une soeur, ou juste l'un ou l'autre. Il vit dans son monde Raphael et moi dans le mien, aujourd'hui n'est qu'une journée précieuse où il me laisse entrer dans sa bulle parce que la mienne ne me convient absolument plus. « Elle dessinait aussi. C'est elle qui m'a offert mes premiers pinceaux. » elle partageait cela avec moi et moi seule, les autres membres de ma famille ridiculisant ce qui à leurs yeux n'étaient qu'un hobby, ce qui aux miens était toute ma vie. « Ils ont dit qu'elle n'a pas souffert. » et c'est à ça que je me raccroche, c'est à ça que je me raccrocherai envers et contre tout, aussi longtemps que je le pourrai.
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Message(#)Like me, like us EmptyVen 7 Aoû 2020 - 18:26

« Ça restera notre secret. » Raphael lui offre un doux sourire. Il la remercie de cette façon. Il y a tant de choses que l’adolescent cache au fond de son cœur mais, malgré ce poids difficile à supporter devant les autres, il se sent de plus en plus à l’aise avec Ginny. Elle ne pose pas de questions. Elle ne fait qu’accepter sa façon de garder le silence quand il le faut et elle tourne la page quand elle doit être tournée. Elle a pris énormément de maturité depuis leur première rencontre, il serait presque jaloux. Mais ils ont deux ans de différences et il a lu dans un recueil scientifique que le cerveau des garçons prend plus de temps à se former – son ego l’a poussé à fermer le livre et à lever les yeux au ciel.

Si Ginny arrive à percevoir les moments où Raphael préfère le calme, lui il y arrive moins facilement. Ou, alors, il n’est pas encore assez doué pour contrôler sa curiosité. Alors il lui demande ce qui la met dans cet état et elle lui explique qu’elle vient de vivre le décès de sa grand-mère. Il n’a jamais perdu de membre de sa famille mais il peut comprendre le trou qui s’est formé dans son cœur. « C'était la mère de ma mère. » Il l’écoute attentivement en suçant le bout de son doigt sur lequel avait fondu une pépite de chocolat. « Elle dessinait aussi. C'est elle qui m'a offert mes premiers pinceaux. » L’héritage d’une passion, alors. Il connait ça. Il n’y a rien de plus beau. Une mère – ou une grand-mère – qui transmet son amour pour l’art avant de partir. Machinalement, il tend le cou vers le haut pour voir le dessin qu’elle est en train de faire. « Ils ont dit qu'elle n'a pas souffert. » Il hoche la tête, doucement avant de lui offrir un mince sourire qui se veut rassurant. « C’est comme ça que je voudrai partir. Elle a été chanceuse, ta grand-maman. » Il n'en dit pas plus parce qu'il ne veut pas prendre la chance de tout gâcher.   
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