Cela faisait quelques jours que j'étais de retour à Brisbane après m'être absenté de la ville australienne durant six semaines afin de participer à l'émission Race of Australia. La reprise de mon quotidien s'était voulue haute-en-couleur : j'avais passé ma première soirée avec Noa, sur qui j'étais tombé en rentrant chez moi car elle avait tenu à s'assurer que ma propriété demeurait en ordre suite à mon départ. Puis, j'avais été rendre visite à Love le lendemain, notre échange ayant été des plus bouleversants et houleux. Aujourd'hui, j'avais décidé de faire un crochet chez Phoebe de sorte à saluer mes proches mais aussi m'assurer que tout allait aussi bien que possible chez elle. J'avais conscience que son déménagement ne faisait pas l'unanimité au sein de son foyer et si j'étais personnellement très heureux que ma sœur, mon beau-frère et ma nièce vivent à proximité, je restais inquiet vis-à-vis de son couple et du bien-être du trio. De plus, Oakley m'avait indiqué que notre sœur songeait au divorce, ce qui n'avait assurément pas la faculté de me réconforter.

Je toquais à la porte de la demeure localisée sur Agnes Street et bien vite, ma nièce vient m'ouvrir avec un large sourire. "Salut toi ! Comme tu vas ? Quand est-ce que tu viens chez moi, dit donc ? Ça fait une éternité que j't'ai pas vue alors que t'as jamais habité si proche !" Je lui adressais avec entrain et affection avant de la prendre dans mes bras et embrasser sa joue. J'avais toujours été très proche de la fillette et lorsqu'elle vivait à Laidley, je demandais souvent à Phoebe si sa fille pouvait passer quelques jours chez moi lors des vacances scolaires ou des week-ends. Nous avions développé une grande complicité et j'étais prêt à tout pour elle. D'ailleurs, j'avais également fait mon éducation en termes de contes grâce au goût pour la lecture de l'écolière. Je pouvais raconter la désastreuse histoire d'Ansel et Gretel, les péripéties du Petit Chaperon Rouge, l'épopée de Barbe-Bleue, les déboires de Pinnochio, le chemin rocambolesque du Petit Poucet sans besoin de quelconque support. De plus, j'étais devenu un expert pour reconnaître les différentes héroïnes telles que Blanche-Neige, Cendrillon, Aurore, Raiponce et Alice. "Ta maman ou ton papa est là ?" je questionnais, jetant un coup d’œil au séjour derrière la silhouette de ma nièce.

@Phoebe Jensen

Le changement d'univers que j'avais tant convoité et surtout imaginé bien plus positif, s'avéré en réalité une véritable catastrophe. J'avais imaginé que en déménageant, on aurait pu enfin se retrouver tout les trois. Vivre à nouveau dans la joie, l'amour, comme une famille dans les films. La réalité s'avéré bien plus amer et désastreuse. Mon mari passait son temps à regarder par la fenêtre du salon et ne m'adressait plus la parole. Il ne voulait plus dormir dans le lit conjugal, on ne parle même pas de notre vie intime...J'avais donc trouvé refuge dans la couture et dans ma boutique de robe de mariées. Je passais une grande partie de mon temps au sous-sol de la maison où j'avais installé mon atelier. Et quand je ne faisais pas de couture, je m'arrangeais pour passer du temps avec ma fille. C'était mon rayon de soleil et s'était pour elle que je restais en compagnie de mon époux. Je m'étais promis de faire en sorte d'arranger les choses entre nous pour qu'elle n'est pas à connaître la séparation de ses parents. Je faisais aussi l'effort parce que j'avais toujours vu mes parents ensemble et que pour moi, quitter mon mari serait le pire des échec.

La sonnette de la porte d'entrée me fit sortir de mes pensées et je me levais. Avant que je puisse remonter du sous-sol j'entendais la voix de mon frère. "Salut toi ! Comme tu vas ? Quand est-ce que tu viens chez moi, dit donc ? Ça fait une éternité que j't'ai pas vue alors que t'as jamais habité si proche !" Le rire de ma fille se fit alors entendre tandis qu'elle ajoutait "C'est vrai ! Je suis impardonnable ! Promis je viendrais passer l'après-midi avec toi demain...Enfin si tu travail pas ?! Par contre, je veux qu'on fasse des cookies !" Elle riait une nouvelle fois et un sourire se dessina sur mes lèvres. J'étais heureuse que ma fille puisse compter sur son oncle et partager des moments avec lui. Maintenant que nous étions proche et qu'elle était plus grande, je pourrais aisément la laisser filer chez Isy toute seule. "Ta maman ou ton papa est là ?"

Je sortais de l'ombre avant de sourire "Hey ! Comment vas-tu ?!" Je venais déposer un baiser sur sa joue. "Quand es-tu revenu ?" Je savais que Isy avait participé à Race of Australia et j'étais fière qu'il puisse avoir le courage de partir dans ce genre d'aventure. Je l'invitais à me suivre dans la cuisine et alors qu'on passait par le salon je m'arrêtais pour voir mon mari. "Isy est venu nous rendre visite..." Comme j'aurais pu m'en douter, aucune réaction et il garda les yeux rivés sur le jardin. Je regardais mon frère avant de haussais les épaules. C'était triste, mais j'avais l'impression d'avoir un nouveau meuble. Je fouillais dans les placards afin de nous faire un café, "Alors ?! Quoi de nouveau ? Ton aventure était bien ?" Je questionnais tout en glissant le filtre dans la cafetière. Essayant quelque part de cacher ma tristesse face à la situation, à ma situation.

Peu de temps après avoir sonné à la porte du logement au sein duquel ma sœur avait emménagé avec sa petite famille quelques mois plus tôt, ma nièce vint m'ouvrir. Je lui adressais un sourire affectueux avant de l'enlacer, lui demandant comment elle se portait et aussi quand comptait-elle venir passer davantage de temps avec son oncle. J'appréciais énormément faire des activités avec la fillette ; dès sa naissance j'avais endossé mon rôle d'oncle très au sérieux si bien que j'avais développé une proximité et complicité avec l'écolière. Je l'avais par ailleurs toujours surnommé "Joy", car petite - et encore aujourd'hui -, elle représentait à mes yeux un réel rayon de soleil et de bonheur. "C'est vrai ! Je suis impardonnable ! Promis je viendrais passer l'après-midi avec toi demain... Enfin si tu travailles pas ?! Par contre, je veux qu'on fasse des cookies !" Je ris doucement, commentant avec douceur : ""Impardonnable", carrément ? Tu n'as pas peur des mots !" Je la taquinais, avant de reprendre : "Tu peux venir demain, miss impardonnable. Mais il faut que tu me dises quelle sorte de cookies tu veux cuisiner de sorte à ce que je sois sûr d'avoir tous les ingrédients !" J'adressais un clin d’œil à la petite avant de lui demander si elle était seule à la maison.

"Hey ! Comment vas-tu ?!" me salua quelques secondes plus tard Phoebe que j'apercevais à quelques mètres. "Salut, ça va super et toi ?" je lui annonçais alors qu'elle embrassait ma joue et que je l'étreignais. C'était plutôt rare que je déclare être autant en forme, étant d'ordinaire beaucoup plus réservé ou soucieux. Race of Australia avait eu un impact bénéfique sur ma personne, l'aventure m'avait permis de relativiser et me distancer de certains poids qui m'accablaient préalablement. "Quand es-tu revenu ?" "Il y a trois jours," je lui répondais en la suivant jusqu'à la cuisine. Lors de notre passage dans le salon, je tapotais amicalement l'épaule de mon beau-frère qui paraissait plongé dans ses pensées. J'avais connaissance des difficultés que rencontrait ma sœur dans sa vie de couple et j'espérais sincèrement que la situation s'améliore rapidement. "Alors ?! Quoi de nouveau ? Ton aventure était bien ?" Je hochais la tête à l'affirmative, un sourire radieux apparaissant sur mon portrait. "Oui, elle était vraiment géniale. Je ne regrette pas du tout d'y avoir été. Je crois que c'est l'une des aventures de ma vie. Je suis vraiment très fier d'avoir osé me lancer dans ce projet et de ce que je suis parvenu à accomplir là-bas." Les termes étaient peut-être forts en sémantique mais je le pensais actuellement sincèrement. Cependant, il fallait aussi que je tienne ma langue : une clause de confidentialité m'interdisait de révéler des éléments de la compétition avant sa diffusion sur les ondes de la télévision australienne. "Tu regarderas l'émission ?" Je questionnais, curieux et malicieux, avant de m'intéresser avec sérieux au sujet qui m'inquiétait davantage : comment se portait Phoebe au cœur de cette atmosphère plutôt lourde qui régnait dans son foyer. "Et toi, comment tu vas ? Comment se sont déroulées ces dernières semaines ?"

J'étais resté quelques instant en retrait pour laisser Isy et ma fille discuter tranquillement. Il avait maintenant un petit moment qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de passer du temps ensemble et je me doutais que ça devait leur manquer. Pourtant, je n'avais jamais interdit à la jeune fille de filer chez son oncle, maintenant que nous étions dans la même ville. ""Impardonnable", carrément ? Tu n'as pas peur des mots ! Tu peux venir demain, miss impardonnable. Mais il faut que tu me dises quelle sorte de cookies tu veux cuisiner de sorte à ce que je sois sûr d'avoir tous les ingrédients !" Je regardais ma fille hochait la tête rapidement avant de faire mine de réfléchir. J'étais persuadé que Isy connaissait déjà la réponse car, Keïla faisait toujours les même cookies. "Chocolat noir avec des pépites de chocolat blanc ?!" Elle était heureuse et enthousiaste à l'idée de pouvoir passer une après-midi avec son oncle. J'étais contente de la voir sourire et surtout de la voir sortir de cette maison. On ne pouvait pas dire que l'ambiance était idéal pour une jeune pré-adolescente.

Je sortais finalement de ma cachette pour venir saluer mon aîné tout en lui demandant comment il allait. "Salut, ça va super et toi ?" Je souriais légèrement tandis que je sentais ses bras s'enrouler autour de mon corps, "On pourrait faire mieux ! Mais ça va." L'ambiance entre moi et mon mari était horrible, nous n'avions jamais été dans ce genre de situation et je commençais à croire que le divorce serait la meilleure des solutions. Je me dirigeais vers la cuisine pour servir un café à mon frère et je remarquais son geste sur l'épaule de mon mari. J'espérais n'importe quel miracle pour qu'il sort enfin de sa torpeur et retrouve un peu de joie de vivre. Je demandais à Isaac quand était il revenu tout en préparant le café. "Il y a trois jours," Je me doutais qu'il n'avait pas le droit de m'en dire d'avantage, mais je voulais tout de même savoir si son aventure était bien et si ça avait changé sa vie. "Oui, elle était vraiment géniale. Je ne regrette pas du tout d'y avoir été. Je crois que c'est l'une des aventures de ma vie. Je suis vraiment très fier d'avoir osé me lancer dans ce projet et de ce que je suis parvenu à accomplir là-bas." Je souriais doucement tout en sortant les tasses du placard, "Est-ce qu'on doit s'attendre à voir un nouveau Isy en ville ?" Lançais-je tout en riant légèrement bien que j'espérais sincèrement que se serait le cas.

"Tu regarderas l'émission ?" Je hochais la tête tout en posant les tasses sur la table. "Bien sur ! Je ne vais pas manquer l'aventure de mon frère ! Et puis...J'ai envie de faire ma curieuse et de voir ton binôme...Elle était jolie au moins ?!" Je riais une nouvelle fois avant d'ouvrir un placard pour sortir des petits gâteaux. "Et toi, comment tu vas ? Comment se sont déroulées ces dernières semaines ?" Je haussais les épaules avant de regarder dans le vide, "C'est difficile...Il a voulu mettre fin à ses jours...Il avait envoyé un sms à Keïla pour lui dire adieu...La situation m'échappe et je ne sais plus trop quoi faire pour lui venir en aide. Je sais que la perte de sa maman est difficile, mais on est là et j'ai l'impression qu'il a oublié...Je me suis demandé si on devrait pas faire une thérapie sauf que, j'ai pris contact avec une professionnelle et elle m'a indiqué que si on voulait que ça fonctionne on doit être tout les deux motivés...Il refuse de me parler...." Je soupirais légèrement, "On dirait que c'est de ma faute si il est triste...Il parle à sa fille, mais il est hors de question que je l'utilise pour faire passer mes messages." Je relevais la tête avant de sourire un peu, "Rien de formidable chez moi...Tu as surement plus de chose à me raconter et surtout du positif !" J'attrapais la cafetière avant de servir le café. "J'ai appris que Love vivait chez toi...Maman m'a aussi dit que ses parents ont dû la faire hospitaliser en urgence...Est-ce qu'elle va mieux ?" Je ne la portais pas dans mon coeur, mais pas au point de lui vouloir du mal. "D'ailleurs...Il se passe quelque chose entre vous ?" J'avais toujours vu Love très attirée par Isy et je me doutais que ça n'avait surement pas changé avec le temps. Sinon pourquoi elle vivrait chez lui ?

A mon arrivée chez ma sœur, j'étais rapidement accueillie par sa fille. Bien vite, je rappelais à la demoiselle qu'elle pouvait passer me rendre visite quand cela lui plaisait et un programme culinaire se dressait devant nous. Au menu : des cookies au chocolat noir avec des pépites de chocolat blanc, les favoris de Keïla qui maîtrisait désormais cette recette à n'en point douter. "Ca marche ma belle. Je t'attends demain avec tout ce qu'il nous faudra," je promettais avec un clin d'œil complice avant de remarquer la silhouette de Phoebe à quelques mètres.

Je saluais la brune qui m'indiquait bien se porter, même si cela pouvait aller mieux. J'avais conscience qu'elle traversait une période très difficile avec son époux endeuillé qui était également un de mes chers et plus anciens amis. Je compatissais avec la jeune maman, ne souhaitant que le bonheur de ma cadette comme de la famille qu'elle avait bâti. Je tapotais amicalement l'épaule d'Oscar en passant devant lui mais n'insistais pas en le constatant plongé dans ses pensées. Plutôt, je rejoignais pour l'instant Phoebe à la cuisine, me promettant néanmoins d'accorder davantage de temps à mon ami dans un futur proche.

Ma sœur me questionnait sur mon arrivée à Brisbane et l'aventure que je venais de terminer. Je lui racontais que je valorisais cette expérience et regrettais nullement ce défi qui m'avait été conséquent. "Est-ce qu'on doit s'attendre à voir un nouveau Isy en ville ?" Un sourire était présent sur mes lèvres. Phoebe me connaissait bien assez pour lire entre les lignes de ce que je lui divulguais. Je n'avais jamais été un homme loquace, mais notre proximité faisait en sorte que la Jensen devinait promptement mes orientations. "Hé bien, j'espère... J'aimerais bien," je lui avouais avec honnêteté. Si je n'avais jamais parlé de mes problèmes de santé mentale avec ma sœur, il n'en demeurait qu'elle n'était pas ignorante des problématiques que j'affrontais dans mon quotidien, que ce soit avec ma routine surchargée ou mes déceptions amoureuses. Elle me connaissait aussi depuis assez longtemps pour être consciente que j'avais un tempérament anxieux et ne regorgeais pas de confiance en moi, des éléments souvent moteurs de mon désarroi.

Curieux et inavouablement fier, je demandais à Phoebe si elle comptait regarder l'émission et suivre ma performance sur l'écran de son téléviseur. "Bien sûr ! Je ne vais pas manquer l'aventure de mon frère ! Et puis... J'ai envie de faire ma curieuse et de voir ton binôme... Elle était jolie au moins ?!" Un rire fila entre mes lèvres, dont l'écho reposa sur un sourire en coin. "Qu'est-ce qui te fait penser que c'était une fille ?" Je m'amusais à semer le doute, taquin.

Je m'intéressais ensuite plus sérieusement à la situation de mon interlocutrice. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'inquiéter pour ma fratrie et j'avais régulièrement songé à ma sœur en espérant que ce qu'elle traversait n'était pas trop ardu, bien que je la savais coriace. Les aveux de la jeune maman me laissèrent bouche bée, dévoilant des précédents graves. Mon beau-frère avait attenté à ses jours et refusait pour le moment une thérapie de couple. Une rupture totale de communication s'était même installée chez les deux époux. "Peut-être qu'il pourrait consulter individuellement en premier lieu ?" Je soumettais. De toute évidence, mon ami avait besoin d'aide et peut-être devait-il apprendre à se sentir bien dans sa peau avant de pouvoir se réinvestir dans son couple.

Phoebe me servait un café et je la remerciais d'un mouvement de tête. Elle me questionna par la suite sur Love et soudainement, il m'apparut manquer de whiskey dans ma boisson compte tenu de tous les sujets délicats que nous abordions. "Oui, elle reste chez moi. Et elle a l'air d'aller mieux..." Je me passais pour le moment des détails et n'osais présager davantage sur l'état de la fleuriste. De plus, je me sentais responsable d'une partie de son malheur. "D'ailleurs... Il se passe quelque chose entre vous ?" J'émis un rire nerveux, commentant, impressionné par la franchise de ma cadette : "Tu m'en poses, des questions, toi. T'as entendu jaser sur notre duo ?" Je prenais une gorgée de mon café, risquant un coup d'œil à la brune qui de toute évidence, attendait une réponse à une question qui n'était pourtant pas si simple à mon sens. "T'en fais pas, je te préviendrai quand il y aura un changement officiel de mon statut." Je promettais avec un clin d'oeil complice.

Il était évident que l'aventure que Isy avait vécu, l'avait transformé. Il semblait plus détendu et loin d'un bon nombre de soucis. Et cela me faisais vraiment beaucoup de bien de le voir ainsi ! J'avais trop souvent pensé que mon ainé faisait en sorte de cacher son véritable état pour nous préservé, mais je n'étais pas suffisamment dupe pour passer à côté de son mal être et de sa tristesse. "Hé bien, j'espère... J'aimerais bien," Je souriais tout en continuant à faire mon café, "Tout ça ne tiens qu'à toi Isy...Tu dois enfin t'autoriser à être heureux !" Je savais qu'il avait encore eu des déboires amoureux et que ça l'avait miné au plus haut point, mais j'étais persuadé qu'un jour il pourrait être heureux. Il fallait juste qu'il pense à lui en premier lieu avant de s'autoriser à penser aux autres. Il me demandait alors soudainement si, j'allais suivre son aventure et il était évident que je n'allais pas louper ça. J'en profitais pour le taquiner un peu sur son binôme dont j'ignorais tout. "Qu'est-ce qui te fait penser que c'était une fille ?" Je gardais mon sourire avant de poser mon index sur le bout de son nez "Oh voyons Isy ! Tu ne me la fera pas à moi !" Je riais avant de prendre place à la table pour déguster le café que je venais de finir de préparer.

Les discussions sérieuse commençait à arriver et bien entendu ma situation de couple et mon époux totalement absent. Je ne savais plus quoi faire avec cette situation, mais j'étais persuadé qu'Oscar serait à l'origine d'un changement. De toute façon, je ne pouvais plus rien faire pour lui venir en aide. J'avais usé mes dernières cartes en lui proposant une thérapie. "Peut-être qu'il pourrait consulter individuellement en premier lieu ?" Je haussais les épaules, "Retrouvé un semblant d'autonomie serait surement l'idéal pour lui venir en aide...J'ai tout fait...A présent il doit travailler sur lui-même tout seul." Je plongeais mes lèvres dans ma tasse avant d'aborder le sujet, Love. C'était surement le sujet qui me posait le plus de question. "Oui, elle reste chez moi. Et elle a l'air d'aller mieux..." Je trouvais tout de même étonnant qu'ils puissent vivre sous le même toit juste en tant qu'amis et je commençais sérieusement à me demander si, ils ne partageaient pas plus. Je savais que Love avait de fort sentiment pour mon frère lorsque nous étions enfant. J'avais du mal à croire qu'ils aient pu s'envoler maintenant que nous étions adulte.

"Tu m'en poses, des questions, toi. T'as entendu jaser sur notre duo ?" Je secouais la tête négativement, "J'ai pas besoin d'entendre jaser ! Je me souviens de certaine choses quand nous étions gosse...Tu vas pas me dire que tu n'as jamais remarqué qu'elle te bouffait du regard ?! Et je suis sur que ça n'a pas changé ! En plus maman trouve ça étrange bien qu'elle apprécie Love..." Je souriais avec un air taquin bien qu'il avait une part de vérité dans tout ça. Je n'avais pas vu la jeune femme encore, mais je pourrais en mettre main à couper qu'elle était amoureuse de lui. "T'en fais pas, je te préviendrai quand il y aura un changement officiel de mon statut." Je haussais un sourcil, "Est-ce que je dois comprendre que ça risque de se faire dans peu de temps ? Mais si c'est le cas, je me demande bien qui pourrait être l'heureuse élue...." Je faisais mine de réfléchir avant de sourire une nouvelle fois. "En tout cas, j'espère que se sera dans l'année...J'aimerais bien un mariage se serait l'occasion de rassembler la famille et de bien manger..." Je riais avant de reprendre une gorgée de café. "Je plaisante ! Prend le temps de trouver la perle...Il est temps que tu sois heureux !" Et qu'on arrête de le ramasser à la petite cuillère.

Mes mains couvant la tasse de café chaud que venait de me servir ma sœur, je risquais de croiser son regard lorsqu'elle m'indiquait que pour qu'une nouvelle version améliorée de moi-même voie le jour, il me fallait m'autoriser à être heureux. Je taisais tout commentaire sur les propos de Phoebe, partageant certes ses paroles mais n'étant pas si certain qu'elle pour les articuler et encore moins les appliquer à mon existence. J'avais énormément de questions sans réponse et de problème sans solution qui décèleraient mon ascension vers un quelconque épanouissement. Quand être heureux coulait de source pour certains, à mon niveau, cela impliquait un exercice de style que j'ignorais même se situer dans mes cordes. Cependant, je n'étais pas prêt à en divulguer autant et dans tous les cas, j'avais conscience que je devais opérer un travail sur moi-même car je composais la pièce majeure de mes ennuis tout comme constituais mon pire ennemi.

Je questionnais ma sœur sur ses projets de regarder ou non la compétition télévisée à laquelle j'avais participée. Cela m'épatait toujours que je m'étais rendu aussi loin dans l'aventure et quand bien même je n'avais pas remporté le grand titre, j'étais très fier de mon parcours. De plus, Race of Australia m'avait énormément apporté et je me sentais équipé pour appréhender l'avenir avec davantage d'enthousiasme et de félicité qu'à l'accoutumée. Je ris doucement devant l'assurance de Phoebe sur le fait que j'ai été en duo avec une fille. "Oh voyons Isy ! Tu ne me la feras pas à moi !" Apparemment, la Jensen lisait en moi très facilement. Peu étonnant lorsqu'on sait que nous avions qu'onze mois de différence et passé le plus clair de notre vie à proximité l'un de l'autre.

Je m'enquérais du couple que Phoebe formait avec Oscar et des problématiques qu'ils rencontraient malheureusement. Leur quotidien s'avérait tristement houleux et de nombreux obstacles se dressaient entre eux, rendant ardu la reprise de leur affection et complicité d'antan. Je suggérais que mon beau-frère consulte un professionnel seul dans un premier temps, afin de résoudre les éventuelles difficultés qu'il rencontrait, avant de pouvoir se réinvestir sainement dans son couple avec ma cadette. "Retrouver un semblant d'autonomie serait surement l'idéal pour lui venir en aide... J'ai tout fait... A présent il doit travailler sur lui-même tout seul." "On ne peut pas imposer son aide. Ca doit venir de lui-même." Une des leçons difficiles que j'avais apprises dans le cadre de ma profession était bien que l'aide s'offre et ne s'impose pas. On a beau être armé de la plus féroce volonté qui soit, si l'individu que nous souhaitons venir en aide refuse d'y mettre du sien, la démarche sera inévitablement vaine. Je savais que Phoebe était dotée d'un grand coeur et était prête à tout pour arranger la situation. Cependant, cela dépendait aussi d'Oscar, elle ne pouvait mener ce combat seule.

Je sentais la jeune maman creuser sur ma relation avec Love et secret, je préférais cuisiner ma frangine plutôt que de répondre clairement à ses questions. "J'ai pas besoin d'entendre jaser ! Je me souviens de certaines choses quand nous étions gosses... Tu vas pas me dire que tu n'as jamais remarqué qu'elle te bouffait du regard ?! Et je suis sûr que ça n'a pas changé ! En plus maman trouve ça étrange bien qu'elle apprécie Love..." Je haussais les sourcils, intrigué. "Elle trouve quoi étrange ? Que Love reste chez moi ?" Pour ce qui était du fait que la Bryce me bouffait du regard, je préférais m'abstenir sur cette notion. Jamais je ne remarquais ce genre de chose car pour moi il était inconcevable que qui que ce soit m'ait ainsi dans le viseur. "Elle est quand même sortie avec notre frère," je rappelais à Phoebe, bien que mon argument tenait peu la route et ne m'avais pas empêché d'avoir une relation sexuelle avec la concernée. Je concluais en promettant une information quand mon statut évoluerait. "Est-ce que je dois comprendre que ça risque de se faire dans peu de temps ? Mais si c'est le cas, je me demande bien qui pourrait être l'heureuse élue...." Je faisais les gros yeux à mon incorrigible interlocutrice, en toute complicité bien que sentant bien sa provocation. Je ne mordrais pas à cet hameçon. "En tout cas, j'espère que ce sera dans l'année... J'aimerais bien un mariage ce serait l'occasion de rassembler la famille et de bien manger..." "Non mais t'es pas bien !" je commentais en riant avec elle. "Je plaisante ! Prend le temps de trouver la perle... Il est temps que tu sois heureux !" Je souris doucement avant de prendre une nouvelle gorgée de mon café.

Je laissais quelques minutes filer avant de déclarer : "P't-être que je veux finalement plus trouver la perle." Vu le mal que mes relations créaient, je commençais sérieusement à me demander s'il n'était pas plus judicieux que je conserve mon titre de célibataire. Au moins, de la sorte, personne ne souffrait ni n'était déçu. Entre les fausses couches, les mensonges, les trahisons et les tromperies, il me paraissait en avoir eu sérieusement ma dose et j'avais perdu foi en tout couple. Même Phoebe qui se trouvait avec son amour du lycée voyait son duo battre de l'aile. Oakley pour sa part s'était retrouvée entre les griffes d'un monstre violents. Quant à Zeppelin, il me semblait qu'il se cherchait encore après multiples relations courtes et pas sans impact non plus. Etions vraiment nous faits pour vivre à deux ? N'y avait-il pas des personnes pour qui il était plus sécuritaire de rester seul parce qu'ils étaient maudits ou quelque chose du style ? Personnellement, j'avais réellement le sentiment qu'un mauvais sort m'ait été jeté...

Il n'y avait pas besoin de nous connaître pour comprendre qu'Isy et moi avions relation fusionnelle. Nous avons grandit ensemble et nous avions appris la vie aussi. Elle était loin d'être rose et je savais que mon frère souffrait surement plus que moi. Il avait une sorte de doute persistant mêlé à un manque de confiance en soi. Pourquoi ? Je n'en avais aucune réelle idée, nos parcours de vie avaient fini par être différent et il avait eu des expériences bien plus douloureuse, que ma petite vie rangée. Cependant, j'étais persuadé qu'il pouvait être heureux, si il prenait enfin le temps de l'autoriser dans son univers. Race of Australia avait surement eu pour effet de lui faire prendre conscience et j'étais heureuse de le voir ainsi. Il semblait pleins de projets et j'avais hâte de le continuer sur cette voie, en espérant que rien ne pourra venir briser tout ça...

On abordait rapidement mon couple et mon époux qui ne semblait plus vouloir faire aucun effort, même pas saluer son ami d'enfance. Il était resté dans son mutisme habituel, ne faisant guère attention au monde qui l'entouré. J'avais hâte que tout ça se termine, mais il n'était plus de mon ressort de le faire changer. Il devait sortir de lui-même de cette spirale sombre et Isy confirmé qu'il ne pourrait pas le faire sans prendre la décision par lui-même. Je soupirais doucement avant de plonger mes lèvres dans ma tasse de café. Je tentais de ne pas montrer la souffrance que je pouvais éprouver face à tout ça. Je tenais le coup pour notre fille, bien qu'une petite voix me faisait dire qu'un divorce serait surement la solution.

Préférant oublier cette hypothèse, j'interrogeais mon ainé sur sa relation avec Love. J'avais l'impression que quelque chose était entrain de se tramer sans savoir quoi exactement. "Elle trouve quoi étrange ? Que Love reste chez moi ?" Je hochais la tête, "Tu sais bien comment elle est..." Notre mère voyait d'un drôle d'oeil cette relation et ne comprenait pas trop bien pourquoi la jeune Bryce restait chez Isy. "Elle est quand même sortie avec notre frère," Je souriais légèrement, "Est-ce que tu lui cherche une excuse ?! Rappelle moi combien de temps ça a duré...Quelques semaines, j'appelle pas ça une preuve évidente." Je ne comprenais pas très bien pourquoi Isaac semblait fermer les yeux face aux preuves évidente que Love pouvait avoir des sentiments pour lui. Est-ce qu'ils avaient conclus quelque chose ensemble ? Et cette dernière phrase me laissait perplexe. Avait-il des vues sur quelqu'un ? Je le taquinais légèrement espérant un mariage dans l'année pour pouvoir faire la fête. "Non mais t'es pas bien !" Je riais face à sa réponse avant de lui indiquer de prendre son temps et de trouver la perle ! "P't-être que je veux finalement plus trouver la perle."

Je levais un sourcil perplexe par cette remarque, "Je n'y crois pas !" Je savais que mon frère rêvé d'un jour être père et je ne pouvais pas croire qu'il était satisfait dans son statut de célibataire. "Je suis sur que ça finira par venir...Peut-être même qu'elle est déjà sous tes yeux ! Je compte pas dans l'équation, je te vois venir avec ta réplique !" Je riais une nouvelle fois. "Tu sais quoi ?! On sent fou après tout, du moment que tu es heureux comme ça ! C'est le principal à mes yeux." Je souriais consciente que le bonheur de mon frère était bien plus important qu'un statut en couple. Il avait vécu suffisamment de drame et il avait bien le droit de respirer un peu. "En plus ça permet d'avoir des plans cul...." Je marquais une pause avant de rire de plus belle.

Je percevais la douleur que Phoebe ressentait vis-à-vis de la situation maritale qu'elle vivait avec mon ami d'enfance. Tout comme elle, j'aurais aimé avoir la capacité d'offrir davantage pour qu'Oscar reprenne enfin du poil de la bête et retrouve son comportement d'origine. Toutefois, le jeune papa demeurait paralysé dans sa torpeur sans paraître détenir quelconque volonté de s'en extirper. J'imaginais à quel point cela pouvait briser le cœur de ma cadette et tandis qu'elle voilait sa peine en buvant une gorgée de son café, je me rapprochais d'elle pour déposer une main affectueuse et réconfortante sur son épaule. Quand bien même les épreuves à surmonter pouvaient être redoutables, ma sœur pourrait toujours compter sur moi.

Je reprenais ma tasse alors que Phoebe engageait le sujet de Love. Je hochais les épaules, désinvolte, en apprenant que notre mère trouvait cela étrange que je partageais mon toit avec la Bryce. Notre mère se faisait très promptement des films et parfois, ça m'agaçait un peu qu'elle discute de mon cas surtout qu'elle disposait de cette manière de présenter les choses comme elle le pensait, sans s'assurer que son optique soit véridique. Puis, son enseignement faisait en sorte qu'elle était souvent trop traditionnelle à mes yeux, même si jamais je n'oserai la confronter à ce sujet. J'avais conscience que la Jensen était telle qu'elle était et qu'il fallait l'accepter comme tel et non s'opposer à sa nature ou ses convictions.

Je rappelais à mon interlocutrice que la fleuriste avait eu une relation avec notre cadet, bien que Phoebe ne se privait pas de me signifier que cette amourette avait été de courte durée. Je ris devant l'argument de la brune, ne pouvant qu'approuver en effet que ce point ne tenait pas réellement la route. Si Zeppelin s'entichait d'une de mes exs, je le prendrais assurément mal parce que j'avais un lourd passé avec chacune d'entre elles et ne souhaitais pas nécessairement les revoir. Toutefois, mon frère et Love avaient une histoire totalement différente et étaient même restés amis. Je m'exclamais lorsque la trentenaire discutait mariage, ce qui la fit rire, puis lui avouais que peut-être avais-je cessé ma quête de dénicher l'élue, vu mes échecs cuisants en la matière.

"Je n'y crois pas !" Je ne pus m'empêcher un rire, qualifiant avec complicité : "Non mais t'es culottée quand même !" Je savais que Phoebe me connaissait beaucoup trop bien et souvent, elle voyait même plus clair que moi sur ma propre conduite. "Je suis sûr que ça finira par venir... Peut-être même qu'elle est déjà sous tes yeux ! Je compte pas dans l'équation, je te vois venir avec ta réplique !" Je hochais la tête en signe de dénégation, amusé par ce toupet. La Jensen était incorrigeible. "Non mais tu penses à Love," je soupçonnais.  "En plus ça permet d'avoir des plans cul...." Je laissais échapper un autre rire. "C'est vrai que y'a plein de canons à draguer ici..." J'entrais dans son jeu avec provocation. Je n'avais jamais été un coureur de jupons, bien que durant mes sombres périodes, j'avais eu tendance à rechercher de l'affection dans les bras de n'importe qui enclin à m'en prodiguer. "Et si on sortait, un soir ? Pour te dégourdir un peu et te changer les idées ?" Vu le climat à son domicile, je pensais que cela pouvait être bénéfique pour Phoebe de s'éloigner un peu d'Oscar, même histoire de quelques heures, pour recharger ses batteries comme remonter son moral en changeant d'air. Un restaurant puis un passage au bar me semblait un bon plan.

Isy avait toujours composé mon univers et je savais que je pouvais tout dire. Je pouvais toujours m'exprimer librement avec lui, c'était agréable et ça changer totalement de nos parents. Ils voyaient toujours d'un mauvais oeil quand j'osais parler de mon couple et des difficultés que j'entretenais. J'avais fini par noyer le poisson et ne plus rien leur dire, préférant justifier le comportement de mon époux, par le fait qu'il avait perdu sa mère et qu'il était en plein deuil. On était bien loin du deuil bien entendu et j'avais l'impression de créer du dégoût chez mon mari.

Ne voulant pas accabler Isy avec tout ça, je préférais orienter la conversation sur autre chose. Il n'était pas venu ici pour m'entendre pleurer sur mon couple qui n'allait pas, surtout qu'il avait aussi une peine de coeur à combler. Je préférais plaisanter et le taquiner sur divers sujet et beaucoup sur Love qui partager une partie de la maison avec lui. Je m'étais toujours si, mon frère et elle avait déjà vécu bien plus qu'une simple relation d'amitié. Est-ce qu'ils avaient déjà couchés ensemble ? Est-ce que c'était la raison qui poussait Love à rester ?

Isaac avait beau chercher des contres arguments, je ne pouvais pas les valider et je remettais toujours en ordre la vérité. Comme le fait qu'elle soit sortie avec notre frère. Je ne pouvais pas dire qu'ils avaient un jour formé un couple au vu de la durée. Je regardais Isy rire à mes remarques avant de m'avouer ne plus vouloir croire en l'amour. Une douce utopie dans laquelle il avait décidé de se bercer. Je ne pouvais croire ce qu'il était entrain de me dire. Je connaissais suffisamment mon frère pour savoir que l'amour était le propre de ce qui l'animait. "Non mais t'es culottée quand même !" Je riais à cette nouvelle remarque avant d'appuyer sur le fait que l'amour était déjà surement devant ses yeux, sans bien entendu me compter dans l'équation.

"Non mais tu penses à Love," Je souriais un peu plus, "Bien sur que je pense à Love ! On ne pense pas à Isy sans penser à sa colocataire...Si toutefois elle en est une..." Je levais un sourcil suspicieuse avant d'ajouter que le plan cul s'était surement pas mal. "C'est vrai que y'a plein de canons à draguer ici..." Je posais ma tasse de café, "Il est certains que tu en as un sous ton toit...ça permet de pas chercher trop loin..." Je riais une nouvelle fois, même-ci j'avais du mal à comprendre la jeune femme, je ne pouvais pas lui retirer sa beauté.

"Et si on sortait, un soir ? Pour te dégourdir un peu et te changer les idées ?" Je tapais doucement sur son épaule "Me dégourdir ?! Tu as l'impression de sortir mamie de l'EPHAD ?!" Je riais une nouvelle fois avant d'ajouter, "Bien sur ! Je ne pourrais pas te refuser un resto et un tour au bar...Peut-être même en club !" Je jetais un rapide coup d'oeil à mon époux avant de me pencher vers Isaac. "Se sera l'occasion de te trouver des plans culs !" Je lui lançais un clin d'oeil avant de rapidement m'écarter en riant. Il était évident qu'à présent, je n'allais plus le lâcher sur ce sujet. "Je suis sur que tu connais des supers endroits pour s'amuser...Depuis le temps que tu es en ville ! Quand est-ce que tu veux qu'on se fasse ça ?" J'interrogeais excité à présent par la proposition de mon ainé et ayant hâte de pouvoir profiter un instant avec lui.

Je qualifiais le lien qui m'unissait à Phoebe d'inébranlable. Ma petite sœur faisait indéniablement partie de mon monde, elle y représentait un élément indéniable. A Laidley, elle était ma meilleure amie. Depuis sa naissance, elle était ma confidente, ma camarade de bêtises, ma complice de tous les jours, un soutien irrévocable. Notre parole était toujours libre entre nous et nous étions fidèles l'un à l'autre. En aucun cas ne bronchais-je lorsqu'il était question de protéger Phoebe et je gardais continuellement un œil protecteur sur ma cadette, désireux de la préserver des maux desquels je pouvais l'épargner.

Je désirais ardemment que sa situation personnelle avec mon beau-frère s'assainisse et proposais tout mon soutien à la Jensen. Nous discutions du cas d'Oscar le temps que mon interlocutrice le souhaitait et je me permettais d'indiquer que le jeune père devait sans doute accepter l'aide qu'on lui tendait pour que celle-ci soit fructueuse. A mes yeux, mon ami avait certes besoin d'assistance, avant qu'Autrui ne puisse lui venir en aide pour qu'il reprenne du poil de la bête, il lui fallait aussi mener un travail sur sa personne. J'espérais que le temps suffise à remettre le mari sur de bonnes rails, qu'il puisse peut-être même réaliser de lui-même à quel point la vie le choyait et qu'il lui était favorable qu'il se concentre sur le positif afin d'éviter de s'engouffrer davantage dans l'obscurité. Néanmoins, j'assimilais également ses états d'âme et ne pouvais que souhaiter que le fameux temps susceptible de panser les blessures agisse rapidement sur Oscar, pour le bien de ce dernier comme de celui de son épouse et de sa fille.

Inévitablement, Phoebe entama le sujet de ma colocataire, amie d'enfance et autres titres plus secrets, de Love. Je signifiais à la brune que je ne souhaitais pas m'engager, que l'amour n'était possiblement pas fait pour moi et contre-argumentais sur cette évidence qui paraissait l'animer sans vergogne. Phoebe pointait ma personne et celle de la Bryce en temps que couple. Je levais les yeux au Ciel lorsque la trentenaire annonçait de nouveau de manière détournée qu'elle estimait Love juste pour moi. "Bien sûr que je pense à Love ! On ne pense pas à Isy sans penser à sa colocataire... Si toutefois elle en est une..." La jeune femme leva un sourcil, suspicieuse. "Non mais t'es incorrigible," je grondais gentiment avant de peindre la possibilité d'autres femmes séduisantes dans notre entourage. "Il est certain que tu en as un sous ton toit... Ca permet de pas chercher trop loin..." Je fixais longuement ma sœur avant de rétorquer : "Bon, t'arrêtes." En retour, la Jensen rit. Je me mordais la langue en vue de ne pas provoquer une joute d'arrogances entre nous deux.

J'étais enclin à extirper momentanément ma sœur de ce contexte assez décourageant pour lui faire prendre un bon bol d'air frais dans les rues fantasques et animées de Brisbane. "Me dégourdir ?! Tu as l'impression de sortir mamie de l'EPHAD ?!" "J'voulais pas te dire mais ouais... En plus, tu fais négligée," je narguais, sourire malicieux en coin. "Bien sûr ! Je ne pourrais pas te refuser un resto et un tour au bar... Peut-être même en club !" "Ha bon, voilà ! Je reconnais ma frangine !" Je taquinais, avant que Phoebe ne me glisse à l'oreille : "Ce sera l'occasion de te trouver des plans culs !" "Non mais tu es insupportable," je riais. "Tu connais même pas mon type pour les plans cul," j'enchérissais, défiant. "Je suis sûr que tu connais des supers endroits pour s'amuser... Depuis le temps que tu es en ville ! Quand est-ce que tu veux qu'on se fasse ça ?" "Il faut que je regarde mon planning... Je te dis quand je suis dispo pour qu'on voit quand on peut s'organiser ça !" J'actais, enthousiaste. "Il faut que je file, madame l'entremetteuse. Prends bien soin de toi et de ma nièce," je priais avant de déposer un baiser affectueux sur la joue de ma sœur. "Tu m'appelles si tu as besoin," je répétais sérieusement, comme à l'accoutumée. C'était plus fort que moi, l'attitude du grand frère protecteur n'était pas qu'un rôle chez moi : il figurait ancré dans ma nature.

Revoir Isy me faisait un bien fou, je réalisais alors combien les semaines avaient été longue depuis son départ pour l'aventure ROA. Cependant, il semblait en forme et heureux et c'était le principal. Je savais combien cet état pouvait être fragile chez mon frère et combien c'était éphémère tel un papillon. Bien que je savais aussi qu'il était surement l'un des premiers coupable à faire fuir ce bonheur en lui, a croire qu'il culpabilisait pour ne pas s'offrir plus souvent ce genre de sentiment. Dans tout les cas, je profitais de ce retour si joyeux et je ne l'embêté pas trop longtemps avec mes ennuis. De toute façon, c'était à mes yeux peine perdu à présent et ce n'était plus de notre ressort pour faire remonter la pente à Oscar. Peut-être que c'était mal de ma part de penser ainsi ? Peut-être qu'au contraire je devais encore le hisser ? Sauf que, j'étais fatigué de le faire et pour mon propre intérêt j'avais préféré m'effacer délicatement mais surement de sa vision.

Parler de tout ceci n'allait pas m'aider à me réjouir pour Isaac alors je concluais rapidement et je lançais une nouvelle discussion. Un sujet qui me passionnait bien plus que mon couple; la vie amoureuse de mon frère. Il avait tout un tas de questions que je me posais et bien entendu, je n'étais pas la seule. Notre mère avait envie d'en savoir plus, bien qu'en aucun cas je jouais les espionnes pour elle. Il s'agissait juste de satisfaire ma propre curiosité face à tout ça. Love était une amie d'enfance, bien que je n'avais jamais vraiment pris le temps de la connaître, elle était bien plus d'avantage collé à mon aîné et à son frère. Ou alors, elle passait son temps dans le jardin. Mais j'avais déjà eu l'occasion de voir son regard pour Isaac et tout ceci me posait bien des questions, d'autant plus maintenant qu'elle vivait sous le même toit que mon frère. "Non mais t'es incorrigible," Je souriais continuant de taquiner Isy, essayant de lui tirer les vers du nez.

Seulement, mon ainé était doué et il savait parfaitement que tout ceci n'était en rien innocent. "Bon, t'arrêtes." Je riais une nouvelle fois, "Tu as cas me donner des infos croustillantes !" Je croisais les bras sur ma poitrine tandis que j'entendais Isy changer doucement de sujet. Il voulait me sortir de la maison, il avait comprit combien le climat était devenu difficile à supporter. Je plaisantais dans une nouvelle réplique, que je me doutais il pourrait aisément saisir. "J'voulais pas te dire mais ouais... En plus, tu fais négligée," Je faisais mine d'être outré par cette déclaration et je venais lui mettre un léger coup sur l'épaule. J'avouais cependant que je ne pourrais aisément pas lui refuser une sortie. Comme à la bonne époque. "Ha bon, voilà ! Je reconnais ma frangine !" Je profitais qu'il baisse la garde pour remettre une petite couche sur son fameux plan cul. "Non mais tu es insupportable, Tu connais même pas mon type pour les plans cul,"

Je faisais mine de réfléchir "Grande, de long cheveux brun, des yeux d'un bleu si intense qu'on pourrait se noyer dedans...Bien foutu faut le reconnaître..." Je riais avant de m'éloigner un peu de lui pour ne pas recevoir une tape sur l'épaule à mon tour. Je changeais également rapidement de conversation pour revenir à notre sortie, persuadé qu'il devait connaître pas mal d'endroit. "Il faut que je regarde mon planning... Je te dis quand je suis dispo pour qu'on voit quand on peut s'organiser ça ! Il faut que je file, madame l'entremetteuse. Prends bien soin de toi et de ma nièce," Je souriais une nouvelle fois, "C'est ça, fuis ! Un jour j'y arriverais !" Je riais avant de le laisser partir "Tu m'appelles si tu as besoin," Je secouais la main "Jamais ! Tu sais que je me débrouille seule !" Je n'avais jamais vraiment aimé déranger Isy surtout avec son travail prenant. Je savais combien il avait besoin de se reposer dans les moments de calme.