Les voilà dans le bus de tournée, c’est une petite tournée mais tout de même, ils en ont un. Il est probablement loin d’être aussi luxueux que le bus de Bring Me The Horizon mais c’est leur premier vrai bus à eux. Jusqu’à présent, c’était de la démerde, mais ils étaient rentrés dans une autre ligue maintenant. Le premier concert en première partie du groupe qu’Ana adule ne s’est pas si mal passé quand l’on sait ce qu’il s’est passé avant. Ils ont assurés le show et Ana n’a pas vomi sur Derek, elle a tenu son rôle. Ça aurait pu être mieux bien sûr mais heureusement, il lui restait deux dates pour se rattraper et prouver à Jordan qu’il avait bien fait de leur faire confiance… De lui faire confiance à elle.
Elle est dans le fond du bus avec Derek, Jodie et Bryan, le dernier membre du groupe : le guitariste. Jordan est assis seul à l’avant, c’est sûr qu’il aurait préféré faire le trajet avec son pote Oliver Sykes mais il est là, peut-être pour la surveiller. Ana n’arrive toujours pas à croire que leur producteur est pote avec les membres de Bring Me The Horizon. Et elle essaye d’oublier qu’elle a vomi ses tripes devant le chanteur du groupe. Elle se lève en adressant des « fuck » amicaux à ses compagnons de voyage et se dirige vers l’avant du bus. Elle se laisse tomber sur le siège à côté de Jordan et replie ses jambes maigrelettes contre elle, pieds sur le fauteuil : « Thanks for baby-sitting me yesterday. And sorry, that won’t happen again. ». Ça, rien n’est moins sûr mais elle le pense vraiment quand elle le dit en tous cas. Des remerciements et des excuses d’affilée de la part d’Ana c’est comme une éclipse solaire totale, c’est sacrément rare. Ça prouve une chose, elle sait qu’elle a merdé, elle veut améliorer les choses et surtout, elle respecte Jordan. Elle l’admire même, il a une belle carrière musicale et, au risque de le répéter, il est ami avec Oliver Sykes et le reste du groupe.
Jordan ne la considère probablement pas comme une pote mais Ana l’aime bien et pas seulement parce qu’il a géré ses crises d’angoisse la veille. Il a la classe tout simplement. Elle a envie de lui parler comme à un pote et elle décide donc de balancer des ragots : « You wanna hear some dirt ? » Elle n’attend même pas qu’il réponde : « I’ll tell you anyway ! Yesterday, after the show, you know Derek went supposedly fuck some red-head groupie ? He wasn’t shutting up about it all along the freaking Bring Me The Horizon concert ? And guess what. After we left, I went back for my jacket and I found Derek on top of freaking Bryan in the dressing room. Banging their brains out ! Derek was pretty mad, he doesn’t trust me to shut my mouth and I don’t blame him… But shit, who would’ve known ? He talks so much of his supposedly female conquests. Long story short, he made me promise not to tell anyone (you don’t count, you’re part of the gang, right?). That was a really naked and weird conversation… ». Elle se marre et elle se retourne momentanément vers les trois qui sont au fond du bus et crie à l’attention de Derek : « How was it, yesterday ? With the notorious read-head ? Will we meet her soon ? » Il lui répond d’un majeur brandi et d’un simple : « Go fuck yourself ! » « I will » lui promet-elle en réponse.
Puis, elle reporte son attention sur Jordan. Tout ce blabla c’était une excuse pour engager la conversation. En vrai, elle veut parler d’autre chose qui la taraude bien plus que la sexualité de Derek et Bryan. Elle se racle la gorge comme pour se donner du courage et finit par demander : « Did Oliver tell you something after the show ? About us... »About me, I mean ! Did he say something about me !!?.
« Thanks for baby-sitting me yesterday. And sorry, that won’t happen again. ». Tu t’attendais pas à ce qu’elle te dise ça en ouverture de conversation. T’es agréablement surpris et même pas dérangé qu’elle s’installe à côté de toi alors que t’aimes avoir ton espace. T’as faillit aller dans le van du groupe de Alex mais t’as pas non plus envie qu’il se fasse trop de films. Alors t’es ici avec Ana, Derek etc… T’avais peut être bien envie de garder un oeil sur elle. Pour voir comment elle est aujourd’hui. Visiblement elle va mieux. Ca veut dire que le prochain show sera encore meilleur nan ? Yeah. T’as espoir. C’est beau.
« You wanna hear some dirt ? » Some tea? Tu verrouilles même ton téléphone pour l’écouter. Tu sais pas ce qu’elle va sortir, mais t’imagines bien une connerie. Un truc sur toi par exemple. Juste pour te faire marcher. « I’ll tell you anyway ! Yesterday, after the show…». Et elle te balance que Derek et Bryan are banging. Un large sourire se forme tu tes lèvres. « Everybody’s already banging everybody and it is just the second day of the tour. » C’est hilarant. For real. Que ça continue comme ça. Au moins tout le monde s’amuse sur tous les fronts.
« How was it, yesterday ? With the notorious read-head ? Will we meet her soon ? » « Shut up. »
Tu pousses doucement Ana sur le bras pour qu’elle le laisse tranquille mais ça t’amuses beaucoup aussi. Tu jettes un coup d’oeil à Derek. « Go fuck yourself ! » « I will » Tu pouffes en l’entendant. Parce que t’as bien l’impression qu’il n’y a personne dans son camp. Mais t’es peut être juste totalement ignorant. Is she fucking anyone too?
« Did Oliver tell you something after the show ? About us... » « What ? You’re fucking with Oli ? »
Et puis tu comprends qu’elle parle du moment vomito. « Oh no no no no. Ok. Damn. Don’t do this again. He’s married, let’s not spread any rumors. He’s happy, he deserves happy. » Il a été en enfer plusieurs fois et sa vie est au top du top maintenant. Vous vous comprenez bien vous deux, c’est pas pour rien. « He didn’t say anything about you. » Triste vérité mais vérité quand même. Tu marques une pause. « So…? Who are you fucking with?? » T’es tellement une gossip girl Jordan. It’s a distraction. Y’a encore beaucoup de kilomètres à parcourir jusqu’à la prochaine ville. Autant avoir des conversations qui sont divertissantes.
Il est tout ouïe Jordan quand Ana lui parle de ragots. Il a même rangé son téléphone, lui qui est toujours accroché à ce truc, c’est un exploit. Elle lui raconte toute la scène d’hier et ça le fait sourire. « Everybody’s already banging everybody and it is just the second day of the tour. » « Yeah, you with your… Alex, is it ? Still planning the proposal ? ». Il lui a balancé hier qu’il allait le demander en mariage sur scène. Bien sûr que c’est une connerie mais blaguer sur tout ça, ça rappelle à Ana qu’elle est en tournée, qu’elle a une carrière musicale qui se construit, qu’elle est en train de réussir quelque chose dans sa vie. Ce genre d’histoires de coucherie et d’humour de tournée, Jordan devait y être habitué mais pour Ana c’est nouveau, c’est excitant, c’est stimulant.
D’ailleurs, elle s’empresse de charrier Derek en lui demandant comment va sa rousse. « Shut up » Jordan fait mine de la réprimander mais il est clair que la situation l’amuse beaucoup. Comme quoi, on ne se lasse pas de cette ambiance de tournée. Derek l’envoie chier et elle lui répond avec son ironie habituelle. Puis, elle passe à autre chose, à ce qui la tracasse toujours depuis hier. Est-ce que Oliver Sykes a dit quelque chose à son sujet ? Mais Jordan comprend mal sa question. « What ? You’re fucking with Oli ? » Elle ne peut retenir un gémissement : « I wish ! ». Elle a beaucoup de fantasmes, Ana, et celui que Jordan pouvait se permettre d’appeler Oli en faisait partie. « Oh no no no no. Ok. Damn. Don’t do this again. He’s married, let’s not spread any rumors. He’s happy, he deserves happy. » « Yeah, yeah we all deserve fucking happy. » Même Ana qui semble fuir le bonheur avec application y a droit, elle le touche d’ailleurs du doigt ce bonheur avec la réalisation de son rêve de faire carrière dans la musique. « He didn’t say anything about you. » « Well, I guess it could have been worst… He could have insisted that you fire my ass... ». Il peut la virer ? Ana n’a pas bien cherché à comprendre les termes de leurs contrats, y avait beaucoup trop de lignes à lire, elle n’a pas réussi à se concentrer assez longtemps pour comprendre quoique ce soit. Alors, elle a juste fait semblant de lire et a attendu que les autres membres du groupe aient signé pour faire de même. S’ils avaient signé un contrat à chier, au moins ils étaient tous solidairement dans la merde.
« So…? Who are you fucking with?? » « Oh fuck, are you addicted to gossip ? I didn’t know, I shouldn’t have exposed you to that... » Esquive. Non, elle ne se tape personne pour le moment dans cette tournée. Derek et Bryan sont clairement bien occupés. Ana ne se sait pas si Jodie serait potentiellement intéressée mais Ana est strictement hétéro, c’est pas faute d’avoir essayé pour emmerder ses parents pourtant. Il reste qui dans ce bus ? Le chauffeur de 45 balais, non merci. Mais il y a Jordan aussi, à savoir s’il peut potentiellement être intéressé. « You’re only into guys ? » La question est abrupte et vu la conversation qu’ils sont en train d’avoir, l’objectif de cette demande est clairement transparent. « And you and your future fiancé, you’re exclusive ? ». Elle se marre et lui fait un clin d’œil plein de sous-entendus. Ça a le mérite d’être encore plus clair.
« Yeah, you with your… Alex, is it ? Still planning the proposal ? » Elle a pas oublié ça. Ca te fait grave marrer. Tu n’élabores pas non plus là dessus. T’as pas envie qu’elle s’amuse à répandre cette rumeur. Tu crois que Alex a une meuf à Sunshine Coast. T’es pas sûr et c’est pas ton problème. Il prend ses responsabilités comme un grand.
« Yeah, yeah we all deserve fucking happy. » Ah ça… Mais vous êtes tous misérable au fond avec vos chansons tristes. Vous faites de votre mieux. Toi t’as plus souvent un sourire qu’elle en tout cas. En plus avec toutes les insultes qu’elle débite à la seconde, ça la rend moche de rabaisser les gens à ce point là tout le temps. Wanna slap her so hard. Quand c’est trop gratuit, ça t’insupporte. Elle ne l’a pas encore fait aujourd’hui. T’as limite envie de lancer un chrono pour voir jusqu’à quand elle va tenir. « Well, I guess it could have been worst… He could have insisted that you fire my ass... ». Oh gurl. Elle a aucune idée du nombre de conneries bien pire que ça que Oli a déjà fait dans sa carrière. Il sait. Il sait aussi qu’ils ont un gros potentiel et c’est pour ça que ça a été si facile de les ajouter au line up.
Mais revenons aux choses importantes. « Oh fuck, are you addicted to gossip ? I didn’t know, I shouldn’t have exposed you to that... » Tu hausses une épaule un peu en mode don’t see what you mean. Mais oui c’est tout à fait ton truc les gossip. Tu retiens bien qu’elle ne répond pas à ta question. « You’re only into guys ? » Et qu’elle retourne la conversation sur toi.
« And you and your future fiancé, you’re exclusive ? ». « I’m not gonna fuck you Ana. »
C’est la seule réponse qu’elle aura parce que tout le reste ne la regarde aucunement. Elle plaisante, mais tu penses qu’elle aurait pas dit non à ce que tu répondes véritablement à ses questions. Elle n’en aura rien. « I’m gonna assume you’re only fucking yourself. » Drop the mic. Parce que c’est pas tout à fait faux vu comme la journée d’hier avant le show s’est déroulé. Du sabotage tout beau comme on les aime. Tu reprends ton téléphone pour remettre ton nez dedans puisque visiblement elle n’a plus envie de partager les infos.
Il laisse beaucoup de silence entre les déblatérations d’Ana, Jordan. Est-ce que c’est parce qu’il essaye d’apprécier les quelques secondes de silence entre chacune de ses interventions ? Ou est-ce que c’est parce qu’il n’a rien à répondre ? Ana esquive sa question sur ses éventuels ébats dans cette tournée et répond par une autre question sur les tendances commères de Jordan. Il fait comme s’il ne voyait pas ce qu’elle veut dire mais ils ont un regard entendu. Ana aime bien lui parler à Jordan, même si c’est elle qui parle surtout. Et effectivement, elle n’a personne à se mettre sous la dent dans ce bus et elle commence à envisager le blond. C’est pas forcément son style de base, mais faut avouer que son aura rockstar tatouée le rend sexy as fuck. Elle tâte le terrain, sans aucune subtilité. Autant dire qu’elle fracasse le terrain au marteau-piqueur.
« I’m not gonna fuck you Ana. » Ca paraît clair pourtant mais Ana enchaîne : « Yes, you will. I’m very persuasive... ». Et elle rigole en lui adressant un clin d’oeil, ça vient de devenir son fil rouge de cette tournée. Lets the Boning Jordan Challenge begin ! Maintenant qu’il lui a clairement dit non, l’esprit de contradiction d’Ana lui envoie carrément des images mentales. « I’m gonna assume you’re only fucking yourself. » Ana se marre de plus belle, c’est vrai qu’il est marrant le p’tit con. And I have two types : funny and scary. Clairement, elle n’imagine pas Jordan en bad boy un peu violent, mais, plus elle y pense, plus elle se dit que oui, she would totally fuck him. « On this fucking tour, it seems like it… I’m gonna have to fuck one of your Brien Me The Horizon’s friends... » Après tout, ça reste toujours un très bon plan, avec un peu de chance elle en rendra un accro et ça pourra faciliter l’avancée de sa carrière. « I’m gonna fuck my way to success, they say it’s a thing... ».
Alors que Jordan s’intéresse à son téléphone, Ana attrape son matos à rouler dans son sac bandoulière. Elle déplie la petite tablette sur le dossier du siège devant elle et commence à y installer le nécessaire pour rouler un joint. Elle commence à grinder l’herbe et demande à Jordan : « I guess this lame bus is a fucking non-smiking area ? » Il est pas naze ce bus, elle l’aime bien, mais elle peut pas s’empêcher de noircir toujours le tableau, d’ajouter une couche de râlerie et d’insultes à toutes ses phrases. Et elle se penche dans l’allée pour que sa voie porte mieux jusqu’au chauffeur : « Hey, Mark ! » Il s’appelle pas Mark. « How long before the next stop ? » « It’s Garrett for the fifteenth time ! There’s a rest stop 10 minutes ahead. ». Parfait, elle va pouvoir fumer le joint qu’elle est en train de rouler avec expertise. Elle s’efforce de ne pas le charger comme une brute, moitié tabac, moitié weed : « I know what you think, but this is my medicine, okay ? Yesterday it was just way too much all together. Bonus for you, I’m much less exhausting when I smoked. » Beaucoup moins, c’est peut-être beaucoup dire, mais en tous cas personne ne peut nier que ça lui permet de canaliser son énergie débordante. Le bus s’arrête et Ana s’apprête à descendre, elle agit le joint sous le nez de Jordan « You wanna share ? ».
« Yes, you will. I’m very persuasive... ». Tu te demandes si elle va essayer de te violer dans cette vie là aussi. Parce que oui, t’as fait un rêve bien trop vivide pour que ça n’en ait été qu’un. C’était un écho d’une vie antérieur ou quelque chose comme ça. Alors tu détournes son envie de te baiser avec la théorie qu’elle se baise elle même, dans tous les sens du terme. « On this fucking tour, it seems like it… I’m gonna have to fuck one of your Brien Me The Horizon’s friends... » Elle doit avoir encore le cerveau gelé vu cette faute dans le nom du groupe, mais ça te fait beauocup rire. Encore plus que tous les gars de BMTH sont en couple. Tu réponds pas. T’as bien remarqué que quoi que tu fasses avec elle, elle revient à la charge. Tu réponds elle pense que t’es intéressé alors elle te lâche pas. Tu réponds pas alors elle redouble d’effort pour faire son intéressante et que tu lui accordes de l’attention. Autant utiliser la technique qui te prend le moins d’énergie. « I’m gonna fuck my way to success, they say it’s a thing... ». Elle continue de parler. Elle parle bien trop.
Tu lis un email sur ton téléphone et tu ne l’écoute pas à côté en train de parler au chauffeur. « I know what you think, but this is my medicine, okay ? Yesterday it was just way too much all together. Bonus for you, I’m much less exhausting when I smoked. » T’es pas sûr que c’est bien à toi qu’elle parle vu ses mots. La weed c’est ton mode de vie. Depuis toujours. Tu sais très bien ce qu’elle veut dire par là. « You wanna share ? ». Tu réalises que le bus est à l’arrêt et tu hoches la tête en voyant le joint qu’elle te met sous le nez. Parce que oui, tu veux tirer dessus.
T’as envie de faire un commentaire comme quoi c’est le seul truc que tu vas partager avec elle mais tu te retiens. T’as pas envie de lui remettre la puce à l’oreille sur ses idées d’avant. « I’ll be back in a minute. » Et tu vas aux toilettes parce que c’est le but premier du stop du bus. Y’en a qui vont s’acheter à manger mais toi t’as ce qu’il faut et t’as jamais faim de toute façon. T’oublie de manger. Quand tu reviens, tu t’essuies les mains sur ton jeans parce que y’avait pas de serviette. Tu reviens vers elle et attend qu’elle fasse tourner le joint. Tu restes silencieux en la regardant. « What happened to you to be so loud ? » So loud c’est la façon très gentil de dire lourde. T’es dans un petit quart d’heure confession si jamais elle se prête au jeu. Ce serait bien.
Le bus est arrêté, Ana a bien vu que Jordan évitait à tout prix de lui répondre sur ses multiples allusions à leur éventuelle future partie de jambes en l’air. You don’t kow what you’re losing, pense-t-elle avec dépit. Le fil rouge n’est amusant que si Jordan joue un peu le jeu, mais il semblerait qu’il ait presque peur qu’elle en vienne à le violer. Ana est une acharnée mais elle n’en arriverait pas là cependant, pas dans cette vie en tous cas, pas alors qu’elle est relativement heureuse. Relativement. Car il reste un point dans sa vie qui reste désastreusement décevant : ses relations avec sa famille. Pas un de ses frères et sœurs n’est venue la voir en concert, ses parents elle s’en fout depuis longtemps de ce qu’ils pensent mais ils continuent avec leur influence chrétienne à deux balles à renforcer son ostracisation dans la famille. Vu qu’elle commence une carrière dans le rock, elle a choisi la voie de Satan bien sûr, ses parents sont restés bloqués dans les années 70 apparemment.
Ana propose à Jordan de fumer, il acquiesce mais part d’abord vider sa vessie. Ana n’en a pas besoin pour le moment alors elle allume le joint, assise sur une table de pique-nique, les pieds plantés sur le banc où se posent les culs de familles sur la route des vacances. Elle admire leur bus de tournée à travers les volutes de fumée, you’re fucking beautiful, shitty bus of mine. Elle est encore en train d’admirer leur véhicule quand Jordan revient, il la regarde silencieux, elle lui retourne son regard et lui tend le joint avec un sourire amical « What happened to you to be so loud ? ». Cette question la fait marrer, on lui a déjà posée, pas toujours avec autant de pincettes ceci dit. Ana regarde aux alentours, il n’y a personne, les autres sont probablement en train de dévaliser le rayon bouffe de la station service. C’est pas vraiment son genre de parler sérieusement, surtout des choses qui la taraudent. Quand elle évoque sa famille, en général, c’est simplement pour y apposer un chapelet d’insultes. Mais peut-être que c’est l’effet tournée, peut-être que c’est parce qu’elle se sent en confiance avec Jordan, peu importe, en tous cas elle a envie de répondre vraiment à cette question. Elle lui demande avec un sourire un tantinet crispé : « You really want my supervillain origin story ? Well… Be fucking prepared ! ».
Elle inspire profondément et lâche un long soupir tout en reportant son regard sur le bus à nouveau, ça l’aidera peut-être à penser positif. Elle finit par se lancer : « It’s just that nobody fucking cared for me growing up. I’m not saying that for you to pity. In fact don’t fucking pity me, okay ? It’s just a fact... ». Elle tend la main pour récupérer le joint et aspire de profondes taffes, ça lui fait du bien instantanément, ça l’apaise. « You know I have two brothers and two sisters ? The oldest could litterally be my father, He’s 48, fucking Saül. I guess the folks fucked every ten years or so... ». Elle fait une pause, reprend une bouffée et tend le joint à Jordan. Elle garde la fumée dans ses poumons jusqu’à ce que l’oxygène lui manque, puis reprend : « Well their passion, to all of them, was to ignore me. I guess they thought it’ll make me behave. Instead I got fucking loud as you said. Nobody wins, they still don’t fucking care... »
Elle jette un coup d’oeil autour d’elle après ta question. Est-ce qu’elle se pense poursuivi ? Est-ce qu’elle cache ça aux autres gars du groupe ? Est-ce qu’elle est en plein délire paranoïaque ? Est-ce qu’elle va réellement te faire une confession à toi alors que vous vous connaissez depuis un an tout au plus ? Can’t be. Tu veux pas croire qu’elle te fasse ce privilège à côté des autres que tu pensais être ses amis. She’s just gonna tell me lies and was making sure nobody will hear her. « You really want my supervillain origin story ? Well… Be fucking prepared ! ». Supervilliain. Elle n’a pas tort. Tu la regardes en tirant sur son joint. T’as des hautes attentes après cette phrase là. « It’s just that nobody fucking cared for me growing up. I’m not saying that for you to pity. In fact don’t fucking pity me, okay ? It’s just a fact... ». Oh gurl. Tu lui donnes le joint. « You know I have two brothers and two sisters ?…». You don’t know shit. « Well their passion, to all of them, was to ignore me. I guess they thought it’ll make me behave. Instead I got fucking loud as you said. Nobody wins, they still don’t fucking care... »
« Some people are assholes no matter what we do. We can’t change them. » Tu hausses une épaule avant de récupérer le joint. « My story is very similar to yours except I know why my family don’t care about me. » Tu regardes le bus aussi, installé contre la table de pique nique dans la même position que Ana. Vous êtes en phase là. « And it does help to understand why they’re like that. » Tu tournes la tête vers Ana. « It helps not to only want to fuck things up all the time. » Parce que t’aimes bien tout niquer ouais. Le succès te fait peur et c’est pas pour rien que tu restes dans les petites lignes de productions et pas tout en haut des affiches. Tu peux faire tellement mieux mais tu prends pas la peine. Tu sais que tu te saboterais à un moment ou un autre. Feels so right when it’s so wrong.
Ana est en train de se confier, elle n’arrive même pas à se souvenir à quand remonte sa dernière conversation aussi sérieuse. Habituellement, elle se fiche de ce que les gens pensent d’elle, à l’exception de la famille Williams, mais avec Jordan c’est différent, elle a envie qu’il l’apprécie. Elle sent comme une connexion universelle entre eux, comme s’ils étaient voués à se retrouver encore et encore dans des dimensions parallèles. Sa première prise de parole lui arrache un sourire un peu triste. « Some people are assholes no matter what we do. We can’t change them. » C’est finalement Jordan qui balance une insulte à sa place et pas n’importe laquelle, celle qu’elle utilise carrément comme un surnom pour l’aîné Williams, celui dont elle attendait le plus et qui la décevait donc plus durement encore, j’ai nommé Ass’Saül. Elle se contente de hocher la tête en silence et Jordan reprend la parole. « My story is very similar to yours except I know why my family don’t care about me. ». L’italienne se tourne imperceptiblement vers Jordan pour lui jeter un coup d’œil latéral, elle ne s’attendait pas à ce qu’il se livre à son tour, encore moins à ce qu’il dise qu’ils ont une histoire similaire. Elle a envie de lui demander pourquoi sa famille n’en a rien à foutre de lui mais elle reste silencieuse, pensive. Why don’t they fucking care about me ? Elle a bien quelques idées, elle croit qu’elle n’a pas été une enfant facile mais personne ne lui a vraiment raconté ses jeunes années, celles dont elle n’a pas de souvenirs.
« And it does help to understand why they’re like that. » Leurs regards se croisent et Ana se sent un peu gênée, c’est devenu tellement sérieux, tellement vite cette conversation. Elle détourne le regard et fixe ses pieds. Ça doit mettre Jordan sur le cul qu’elle l’ait laissé parler si longtemps sans intervenir, elle qui a la langue si bien pendue. « It helps not to only want to fuck things up all the time. » « I’d like to know, yes, maybe I know, I’m not sure… But I think this is all too late. I’m already totally fucked up... ». Elle relève la tête vers le véhicule garé devant eux et se plonge à nouveau dans la contemplation de ce shitty bus qui représente beaucoup pour elle. « And so ? What’s their excuse not to care about you ? They’re just fucking idiots ? »
Elle ne s’attendait pas à ce que tu lui dises toutes ces choses. Elle n’a pas l’air de parler de tout ça à grand monde vu les coups d’oeil qu’elle lançait un peu avant. Tu sais pas si t’es le premier à qui elle se confie, mais si c’est le cas, elle a eu du flaire parce que tu comprends plus que bien tout ce qu’elle vient de te dire. « I’d like to know, yes, maybe I know, I’m not sure… But I think this is all too late. I’m already totally fucked up... ». Tu vas pas commencer à faire le gars qui essaie de la remonter vers le haut alors qu’elle fait que de se rabaisser. Si elle veut pas s’aider toute seule, tu vas pas gaspiller ton énérgie pour elle. Ta vie est assez compliqué comme ça. Elle n’est pas ton amie. Tu fais de ton mieux et là t’as déjà grillé certaines de tes meilleures cartouches pour lui faire réaliser des choses. Tu vas juste lui laisser le temps de comprendre encore mieux tout ça. Toute seule. De son côté. Comme une grande.
Vous vous passez le joint toujours, tu ne la regardes pas mais tu captes à peu près de part son corps si près du tiens, qu’elle est en pleine réflexion. Elle bouge pas beaucoup. Elle parle peu. Rare.
« And so ? What’s their excuse not to care about you ? They’re just fucking idiots ? » « I killed my mum. »
Tu souffles la fumée après avoir dit ça sans pression. « They’ve got good reasons to hate me. » Tu hausses une épaule et tu ajoutes pour expliquer un peu mieux parce que c’est sûr qu’elle va te demander what the fuck. « She died in labour. » Bien sûr c’est toi qui était en train de naître. T’es confiant, Ana va comprendre ces sous entendus sans que tu mettes plus de mots dessus. C’est assez clair à ton avis. T’as pas non plus envie de lui faire un Ted Talk là dessus. T’as aucun soucis d’en parler parce que c’est une partie de toi, t’as vu un tas de psy pour aller mieux, mais quand même. T’as pas envie de donner plus de détails à Ana.
Ana pose la question de la raison du rejet de Jordan par sa famille, elle ne s’attend pas forcément à ce qu’il réponde. Après tout, ils ne sont pas amis lui et elle. Mais il répond et il n’y va pas de main morte. « I killed my mum. » Elle ne peut retenir sa surprise : « Huh ?! ». What the fuck ? « They’ve got good reasons to hate me. » Ana lui jette un regard interrogatif, comment ça il a tué sa mère ? Qu’est-ce qu’il fout en tournée avec eux s’il a tué sa mère ? Y a un truc qui ne colle pas. « She died in labour. » « Ah. » C’est tout ce qu’elle trouve à dire sur le moment, laisser Ana sans voix est un exploit qui mérite probablement une médaille. Bien heureusement, ou malheureusement c’est selon le point de vue, elle ne reste pas bien longtemps silencieuse. Juste quelques longues secondes qui s’égrainent dans un silence de mort suite à cette révélation de Jordan. « That’s heavy shit, Jor... »
Mais Ana n’en trouve pas moins que c’est une excuse bidon, qu’est-ce qu’un bébé pouvait bien avoir comme culpabilité dans la façon dont il est né ? Qu’est-ce qu’Ana y pouvait si elle avait été un bébé qui pleurait beaucoup ? Qu’est-ce que la petite Ana de 3 ans y pouvait si elle était une gamine hyperactive qui aurait nécessité un traitement et un suivi médical ? « That’s totally fucked up, it wasn’t your fault... »It wasn’t my fault either, ajoute-t-elle intérieurement. Même si elle n’a toujours pas été diagnostiquée de son trouble de l’attention et de l’hyperactivité, Ana le ressent, elle était une enfant particulière qui aurait nécessité une attention particulière, pas qu’on l’abandonne à son sort en espérant qu’elle se calme. « Nothing that tragic on my part… I guess I was just too much for them to handle. I already had too much energy going on back then. And no weed to slow me down until I was 13. » Elle brandit le joint sur ces mots et tire dessus à nouveau, son médicament, son shot d’anti-adrénaline pour le passer à Jordan à nouveau. Il arrive sur la fin ce joint et tout ce qu’elle a envie c’est d’en rouler un autre.
Le jour où tu as réalisé ça chez ton psy, tu t’en souviens comme si c’était hier. Tout t’a frappé si fort. Tout a fait tellement de sens aussi. En même temps t’as eu l’impression de te sentir libéré. De comprendre enfin pourquoi ça fait tout le bien que tu voulais parce que le pire, c’est que tu ne leurs en veux même pas au fond. A cause de ton existance, une personne qu’ils aiment le plus au monde est décédé. Y’a de quoi avoir de la colère en soit, même sans le savoir. Des choses qui ressortent au delà de la volonté de chacun.
« That’s totally fucked up, it wasn’t your fault... » « I know, but it is what it is. »
Tu hausses une épaule. T’es tellement ok avec ça maintenant parce que la vérité c’est que tu te détestes aussi. Surtout la chose la plus importante de tout, c’est que tu ne peux rien faire pour changer ça. Le passé est gravé. « Nothing that tragic on my part… I guess I was just too much for them to handle. I already had too much energy going on back then. And no weed to slow me down until I was 13. »
« Yeah it’s not in five minutes of reflexions that I realized and understood all that. I’ve seen a therapist for kinda my whole life. You should try it cos that shit works. » Tu hoches la tête en la regardant. Un petit coup d’oeil sur les autres qui restent autour du bus également mais qui n’ont pas l’air de vouloir remonter à l’intérieur non plus. Vous vous faites un break bien plus long que prévu et c’est très bien. T’es bien calé là. Petit air qui passe, ça fait du bien. T’es presque sûr que Ana n’a jamais vu personne de son côté et t’as pas envie d’insister sur quoi que ce soit, mais oui, ça marche et ça fait du bien. T’es la preuve vivante. A elle de faire ses choix ensuite. Y’en a tellement qui aiment être dans leurs problèmes, pas sûr qu’elle veuille s’en sortir.
Face à la révélation de Jordan, Ana est pensive. Comment peut-on en vouloir à un nourrisson simplement d’exister ? « I know, but it is what it is. » Il a pas l’air de si mal le vivre, il a même l’air d’être dans une sorte d’acceptation, de sérénité vis à vis de ça.Ana ne sait pas si elle devrait l’envier ou le plaindre. Peut-être qu’il est plus heureux comme ça ? Ou peut-être qu’en acceptant cette vérité, il a capitulé et que jamais les choses ne s’amélioreront pour lui, qu’il restera malheureux toute sa vie… Elle se remémore les paroles qu’il a prononcées quelques temps plus tôt : « Some people are assholes no matter what we do. We can’t change them. ». Les Williams sont-ils donc tous des connards qui ne changeront jamais ? Ana y compris ? Elle répond finalement : « It shouldn’t. I fucking hate this bullshit idea that we can’t change our fate. If fatality is a thing and our decisions won’t change anything, why bother living ? »
Elle n’avait pas prévu que cette conversation devienne si sérieuse, si philosophique... Mais étrangement ça lui fait du bien de tomber le masque pour un moment. D’arrêter d’en faire trop, de détourner l’attention avec des gesticulations, de provoquer sans but, d’être une sale petite emmerdeuse qu’on a envie de gifler. Elle revient d’ailleurs sur son propre cas, sur les éventuelles raisons de cette mise au banc de la famille Williams. « Yeah it’s not in five minutes of reflexions that I realized and understood all that. I’ve seen a therapist for kinda my whole life. You should try it cos that shit works. » Ana n’a jamais vu un quelconque psy au cours de sa vie, ses parents ne croyaient pas en la psychologie apparemment et l’italienne ne l’a jamais envisagé vraiment. A chaque fois qu’on lui a dit d’aller consulter, il ne s’agissait pas d’un conseil amical mais d’une réplique cinglante lors d’une altercation ou d’un conflit, une insulte parmi d’autres. Combien de fois l’avait-on traitée de folle au milieu d’autres noms d’oiseaux ? Combien de fois lui avait-on prédit un futur en asile psychiatrique ? Alors elle ne put s’empêcher de se sentir agressée par la suggestion de Jordan, même si elle était délivrée avec toute la bienveillance dont il était capable envers elle.
Elle se renfrogne et commence à rouler un autre joint sur ses genoux avec un grognement d’agacement. « Why should I see a therapist ? I’m not crazy. They should go, they’re the sick ones that started hating me even since I was born... ». Elle lèche la partie collante de la feuille d’un mouvement rageur et termine de rouler le pétard. Les autres membres du groupe sont en train de faire les cons devant le bus, même le chauffeur - quelque soit son nom - est parti se dégourdir les jambes. Ils ne vont pas repartir tout de suite alors elle allume le joint et tire dessus avec empressement, essayant d’estomper la colère qu’elle a ressenti quand elle a eu l’impression que Jordan la traitait de folle. Pourtant, il a dit que ça l’avait aidé lui, mais en quoi ça a bien pu l’aider au juste ? « How does it work anyway ? "Hello doctor, my family hates me, cure my fucking anger right now. K. Thanks. Bye.". He gives you a happy pill and that’s it ? » A ce qu’il paraît il faut parler, mais Ana elle ne fait que ça parler et ça n’a jamais solutionné ses family issues.
« It shouldn’t. I fucking hate this bullshit idea that we can’t change our fate. If fatality is a thing and our decisions won’t change anything, why bother living ? » Tu l’écoutes mais elle se mélange dans ses raisonnements à ton avis. C’est pas facile tout ça et t’es pas psy non plus. Faut qu’elle prenne le temps. C’est pas une conversation de vingt minutes sur une aire d’auto route qui suffira. Tu le lui appuies bien comme il faut. « Why should I see a therapist ? I’m not crazy. They should go, they’re the sick ones that started hating me even since I was born... ». Elle est tellement en colère contre sa famille. Tu la regardes s’occuper avec son nouveau joint. T’espères bien qu’elle va faire tourner. C’est pas gratuit cette consultation là. « The thing is… in life, you can only control what you do. So, good luck getting them into therapy. » Tu hausses une épaule, sortant ton téléphone parce que ça fait bien trop longtemps que t’as pas regardé si t’avais une notification sur instagram, ou une dick pic de Alex dans l’autre bus.
« How does it work anyway ? "Hello doctor, my family hates me, cure my fucking anger right now. K. Thanks. Bye.". He gives you a happy pill and that’s it ? » Elle s’intéresse un peu et tu te dis que c’est un début. Elle va sûrement continuer à y penser et se décider à passer le pas un jour ou l’autre. « Depends on who you’re seeing. Not all therapist have the same way of doing things. There’s even art therapy and that’s fucking amazing. Like you’ve got an assignment, not really but kind of, and then what you’ve done, you talk about it with your therapist and see what seems to be hidden behind your drawing, your poem or whatever you had to do. You surprise yourself a lot. You discover yourself. » True story bro. T’as toujours tout ce que tu as créé dans ces ateliers chez toi. Dans une boîte. Précieusement. C’est des moments marquant de ta vie. I burnt a few. Ouais y’en a qui étaient trop douloureux, t’avais besoin de les détruire intégralement.
Ana refuse l’idée qu’elle doive consulter alors qu’elle considère que ce sont ses frères et sœurs qui ont « commencé », comme si on pouvait résumer la situation familiale à ça. Ana n’envisage même pas qu’elle puisse avoir un travail à faire sur elle-même, elle aimerait qu’un psy se charge de pointer les « coupables » du doigt et de les obliger à changer d’attitude. Comme s’il s’agissait d’une punition suite à un mauvais comportement. « The thing is… in life, you can only control what you do. So, good luck getting them into therapy. » « Yeah… » Pas sûre qu’elle soit en contrôle de ses propres actions déjà, alors de celles de ses frères et sœurs c’est sûr que c’était pas gagné. La colère qu’elle ressent vis à vis de cet éventuel tour chez un psy, elle essaye de l’enfumer en tirant de grandes taffes sur le joint qu’elle vient de rouler. Puis, elle pose des questions quand même, un peu avec ironie, un peu sérieusement aussi. Ça l’intrigue que Jordan ait une histoire similaire à la sienne et qu’il affirme qu’un psy l’avait aidé, il n’a pas l’air d’être une petite nature influençable, c’est qu’il doit y avoir du bon dans ces fameuses thérapies…
Si une pilule suffisait à tout solutionner bien sûr qu’elle en aurait entendu parler. Il y a bien les anti-dépresseurs mais Ana n’est pas dépressive, elle est juste en colère. Très en colère. Tandis qu’Ana s’endort sur le joint et le fume comme s’il s’agissait d’une cigarette en chocolat, Jordan lui parle de thérapie par l’art. Elle n’avait jamais entendu parler de ça, ça a l’air presque cool comme expérience. Même s’il y a parlé de sortes de « devoirs » et que ce mot rappelle trop à Ana sa scolarité cauchemardesque et interminable. Elle se rend compte qu’elle a consommé la moitié du joint et finit par le tendre à Jordan. « Put like that it doesn’t seem so lame... ». Elle jette un œil au reste du groupe pour vérifier qu’ils ne leur prêtent pas attention. Ils doivent probablement être soulagés que Jordan se tape la compagnie de leur batteuse, ça leur fait des vacances. Puis, elle attrape son petit carnet de textes que Jordan a trouvé par terre la veille. It’s good, c’est ce qu’il a dit la veille. Elle le triture entre ses mains sans l’ouvrir : « I guess I’m doing my own art therapy… But never thought to show it to someone… Even less to some doctor that would probably end up commiting me. » Elle lâche un rire qui sonne faux, ce carnet et les textes qu’il y a dedans, elle en a autant peur qu’elle en a besoin et elle n’est pas sûre de vouloir savoir ce que ça voulait dire tout ça, ce que ça disait d’elle.
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