A l’issue de sa journée de boulot, Zach aimait s’occuper l’esprit, et multipliait ainsi les hobbies. Beaucoup de pensées l’assaillaient encore et toujours depuis le départ d’Angie, son ex-fiancée, à la fin du mois de mai. Chaque jour, à chaque minute, à chaque seconde, la douleur l’accompagnait, comme une vieille amie sinistre, dont il n’arrivait à se séparer depuis bientôt deux mois. Deux mois, deux longs mois sans l’amour de sa vie, qui lui paraissaient une éternité. En déménageant à Brisbane, en quittant la ferme familiale, il avait fait le choix de vivre enfin pour lui, de profiter de la vie. Fini le Zach qui organisait toute sa vie pour plaire aux autres. Gentil, il l’était toujours, néanmoins il devait maintenant penser à lui. Hobbies, loisirs, il s’occupait le corps et l’esprit.
Individuel, comme toujours, il préférait la course à pieds ou les courses de moto. Joueur, il aimait également le karaté. Karaté qu’il venait de commencer à pratiquer au dojo de la ville, pour apprendre à maîtriser sa colère et l’expulser. La colère, la douleur, la souffrance, qui l’habitaient toujours.
Mais il faisait des efforts, Zach, pour se reprendre en mains. Non seulement il multipliait les activités la journée, après son boulot au garage, mais il sortait également le soir et la nuit, avide d’oublier son chagrin quelques heures dans les bras de belles inconnues. Oh, qu’elles étaient rafraichissantes, ces jeunes femmes. Plus que cela, elles lui permettaient de s’évader pendant quelques instants, de se sentir important dans un duo charnel. Quel duo ! Rien que de penser à la petite brunette de la nuit précédente, un sourire étirait les lèvres de Zach. Sourire satisfait : la nuit avait été parfaite ; sourire coquin : comme à son habitude, il était parti avant l’aube. Toujours s’en aller avant le lever du soleil, ne jamais les faire espérer. Une jeune femme pouvait être fleur bleue, et Zach ne pouvait offrir le moindre sentiment à l’heure actuelle. Voilà pourquoi il s’éclipsait avant qu’elles ne se réveillent.

Waouw, mais quelle était cette belle jeune femme qui se promenait maintenant dans le parc en distribuant des tracts. Xénophobe, Zach ne l’était pas, et il appréciait découvrir de nouvelles choses, de belles choses, de belles personnes. Y aller, la rencontrer, il y était prêt. Zach s’attendait à entamer la conversation d’ici quelques minutes. Mais alors que la brunette se rapprochait, le jeune homme la reconnut : c’était elle, la belle brune de la nuit dernière. Celle qu’il ne pensait pas revoir, comme les autres. Zach fut surpris, mais un sourire s’afficha sur son visage alors qu’il termina de parcourir les quelques mètres le séparant de Dalina.

« Bonjour. »

Zach n’avait pas la mémoire des noms. Il avait cependant celle des visages, et des corps, depuis quelques temps. Il se souvenait parfaitement de la délicieuse nuit qu’il avait passé avec la jeune femme en face de lui. L’une des rares qu’il avait ramené dans le petit studio de son frère. En règle générale, il préférait aller chez elle, pour pouvoir s’éclipser quand il en avait envie. Les soirées et les nuits passées auprès de demoiselles étaient un jeu, un jeu éphémère, et Zach tenait trop à sa liberté. Aucun engagement, aucune prise de tête, rien de sérieux. Que quelques heures de plaisir, puis chacun reprenait sa route.
Croiser à nouveau la jeune femme ne le dérangeait pas pour autant. Ce n’était pas un goujat, et avec un peu de chance, c’est avec elle qu’il passerait sa prochaine nuit. La dernière avait été divine, pourquoi ne pas recommencer à s’amuser ensemble ?
Le jeune homme fit un effort surhumain mais réussit à se souvenir du prénom de la jolie brune face à lui : Dalina. Un prénom parfait pour l’artiste qu’elle était.

Zach eut du mal à ne pas éclater de rire en voyant la surprise et la gêne s’afficher sur le visage de sa récente conquête.

« Zach, quelle surprise de te voir ! Je distribue des tracts pour mon association qui lutte contre les violences animales, tu as cinq minutes pour que l’on puisse en parler ? »

Le brun haussa un sourcil, et sortit son sourire charmeur.

« J’aurais préféré parler d’autre chose, mais si tu préfères commencer les préliminaires par une discussion sur les animaux, allons-y. »

Le choix de ses mots étaient délibérés, et il sondait la jeune femme.

« Tu m’explique tout ça sur le chemin jusqu’à un bar ? »

Une invitation à prendre un verre, allait-elle accepter ?

« Je te préviens tout de suite par contre, tu vas avoir du mal à me convaincre. Je suis totalement pour les violences faites sur les animaux. C’est un bon moyen pour s’entrainer avant de passer sur les êtres humains ! »

Petite pause, le brun éclate de rire.

« Je rigole ! Avant de venir sur Brisbane, je vivais dans un ranch. J’ai grandi entouré d’animaux. »

Zach propose à Dalina d’aller boire un verre. Elle semble hésiter un instant, mais finit par accepter. Sur le chemin du bar, ils s’arrêtent à la demande de la jeune femme dont le ventre crie famine.

« Tu as été tellement obnubilée par ta mission que tu en as oublié le déjeuner, ou tu fais une grève de la faim pour étayer tes propos ? »

Zach est taquin, et sourit à la jolie brune. Celle-ci grignote sur la route et finit son encas juste avant que les deux jeunes gens arrivent au bar. Ils s’installent à une table un peu à l’écart, l’endroit idéal pour poursuivre la conversation. Lorsque le serveur arrive, Dalina opte pour un soda. Zach, lui hésite un instant : il est encore tôt, certes, mais il prendrait bien un peu d’alcool. Et puis, c’est bien l’heure de l’apéro quelque part sur notre planète, non ? Il commande finalement une bière, et se dit qu’il passera à quelque chose plus tard dans la soirée, si le cœur lui en dit. Dalina l’interroge sur le ranch.

« Tu as grandi dans un ranch alors ? Cela devait être bien amusant par moments. »

Zach réfléchit un instant, hausse les épaules et esquisse un sourire triste.

« Moui, c’était sympa. C’est énormément de travail. En réalité, mes parents avaient une ferme avec toutes sortes d’animaux, et des champs également. Depuis tout petit, j’ai appris à donner un coup de main. Et en grandissant, j’ai fini par y travailler quasiment à temps plein, pour aider mes parents qui n’arrivaient pas à assumer seuls la charge de travail. Je ne suis parti qu’il n’y a quelques semaines. »

Non, il n’évoquera pas les raisons de son départ. Il n’y est pas prêt, n’a pas envie de se confier, et le moment ne s’y prête pas.

« Alors les animaux, ça me connaît, et j’aime beaucoup ça. Pour beaucoup, ils sont moins que la plupart des humains ! Et puis, ils sont loyaux. »

Zach effectue un clin d’œil et écoute plus ou moins attentivement Dalina qui parle de son association. En réalité, une partie de son esprit pense déjà à la suite de la soirée.

« Surtout, si tu as des questions sur comment fonctionne notre association ou savoir quel est mon numéro de téléphone, surtout n’hésite pas. »

L’homme rit, mais ne relève pas. Non, il ne lui demandera pas son numéro de téléphone. Du moins, pas de suite. Ce n’est pas ainsi qu’il fonctionne. Il ne cherche pas une relation, pas de petite copine, pas d’attaches. Tout ce qu’il veut, c’est s’amuser. Et s’il drague Dalina, c’est uniquement pour parvenir à ses fins. Certes, elle n’est pas que mignonne, elle est également sympathique, particulièrement gentille, et même plutôt drôle. Mais ce n’est pas suffisant. Il préfère donc rebondir sur le sujet.

« C’est ton association ? Je veux dire, c’est toi qui en est la présidente ? Et dans la vie, à côté de ça, c’est quoi ton job ? »

Il espère ne pas passer pour un goujat. Après tout, il aimerait bien s’amuser encore un peu ce soir.

*Mon Dieu, mais qu’est-ce qu’elle parle ! Elle était moins bavarde l’autre nuit, pourtant ! Bon, en même temps, c’est pas facile de parler quand on a la bouche pl… Hum ! Reprends toi Zach !*

Le jeune homme tente de se concentrer sur le monologue servit par Dalina. Il y arrive tout de même facilement, parce qu’on sent la passion de la petite brune. Elle aime ce qu’elle fait, ça se voit, ça s’entend, ça se ressent. Elle lui parle de l’association, de son parcours de bénévole, et de sa carrière de peintre. Zach la dévisage, bluffé.

« Ta propre galerie d’art ? A quoi ? Même pas 30 ans, ça doit être ça, non ? Je suis impressionné. Mais j’avoue que je suis plus calé en animaux qu’en peinture. J’aime les jolies choses, et je sais regarder. »

Il hausse les sourcils, amusé de ce sous-entendu, ne lâchant pas du regard Dalina, les yeux parcourant son corps. Se rendant compte de son monologue, la brunette s’excuse et s’en va quelques instants. Elle revient, les cheveux détachés, le décolleté un peu plus plongeant. Zach a envie de rire, mais se contente de la regarder avec envie. A priori, il ne rentrera pas seul ce soir, s’il en a envie. Dalina se rassied et poursuit la conversation.

« Alors, je sais que tu as grandi dans un ranch, que tu hais les violences faites aux animaux et que tu es un incroyable séducteur. Il y a autre chose à savoir sur toi ? »

Zach rit. Non, il n’ajoutera pas qu’il a le cœur brisé par une femme. Il doit chasser Angie de son esprit, et se concentrer sur l’instant présent. Il doit profiter de la vie, il le mérite. Alors il se contente de répondre.

« C’est un plutôt bon résumé, mais tu as oublié que j’étais un Dieu au lit ! »

Il rit à nouveau, ses yeux pétillants de malice.

« Je vous trouve bien curieux, Mademoiselle ! Hum … J’aime la moto, la vitesse, la musique aussi. Je pratique beaucoup de sport, surtout de la course à pieds et du karaté. Je suis un très bon cuisinier. Bref, le gendre idéal ! »

Si seulement on lui avait laissé sa chance, il aurait continué à le prouver, comme il le faisait avec amour depuis 8 années.

« Et toi, à part la peinture, les animaux et cette beauté angélique ? »

Il prit l’une de ses mèches entre ses doigts, plongeant son regard dans celui de la brunette et reprenant sur un ton suave.

« On retourne chez toi quand tu as fini ton soda ? »

La proposition avait le mérite d’être claire. La balle était maintenant dans le camp de Dalina.

@Zachary Taylor

Si il y a bien une chose que je connais de cet homme, c'est qu'il a un aplomb incroyable et qu'il est sacrément sûr de lui. D'ordinaire, j'ai tendance à fuir ce genre d'hommes, mais Zach était plutôt drôle, même si son humour à la croisée des chemins entre le séducteur et le beauf aurait du me faire fuir. Mais je sais pas, il croit tellement à ce qu'il fait que c'est difficile de lui résister. Et d'ailleurs, sa petite blague sur le fait qu'il soit un Dieu au lit atteste de sa très haute estime de lui. Même si, je dois le reconnaitre, j'ai passé un très agréable moment avec lui la dernière fois. Et si c'était pour cela que je ne le repoussais pas ? Je suis une fille si facile et si naïve que cela ? Ouais, peut-être, peut-être pas. Je n'agis pas de la sorte avec tout les hommes que je croise, alors on va dire que Zach est l'exception qui fait que moi aussi j'ai le droit de prendre du plaisir de temps en temps, sans avoir à être jugée par cette société patriarcale.

Finalement, le beau gosse m'expose rapidement ses passions, prenant la peine de rajouter qu'il était bon à marier. Et moi, comme une collégienne, je ris à ses idioties. Il faut vraiment que je me reprenne. Presque sans surprise, et loin de moi les clichés ou les préjugés, il apprécie le sport, la moto, la cuisine... Pas grand chose qui me parle finalement. Heureusement qu'il aime les animaux, ça fait toujours ça en commun. Puis c'est à mon tour de lui exposer ce qui me fait vibrer. Forcément, j'en viens à dévoiler l'existence de ma fille. Je ne suis pas certaine de lui en avoir déjà parlé, et si ce n'était pas le cas, et bien maintenant il le sait. C'est tellement irrationnel cet amour qu'on porte à sa descendance tout de même. Comme bien souvent, j'en fais trop, et je n'arrive pas à stopper ce débit de paroles qui racontent à quel point cette enfant est formidable. Avant de le perdre une bonne fois pour toutes, je lui parle aussi de ces fois ou je pars faire du camping sauvage dans la nature durant quelques jours, afin de me sentir à nouveau connecté avec la planète. C'est bien là le centre névralgique de mon art, alors il vaut mieux le nourrir suffisament pour que je puisse créer, composer, encore et encore, sans ressentir une quelconque lassitude.

Mon verre est presque vide, et voilà que Zach me propose de continuer ce petit entretien privé chez moi. Je ne sais pas trop quoi répondre, partagée entre l'envie de connaitre à nouveau la douceur de ses caresses sur ma peau et celle de ne pas encore demander l'aide de mon frère pour s'occuper d'Ana... Puis, à bien y réfléchir, est-ce vraiment raisonnable ? Je ne veux pas qu'il pense de moi que je suis le genre de filles que l'on arrive à convaincre facilement, qui plus est une deuxième fois en quelques jours. Et même si faire l'amour sans prise de tête, sans sentiment, peut être quelque chose de positif, il y a toujours cette petite voix en moi qui fait que j'ai tout de même tendance à espérer qu'il se passe quelque chose de plus intime, de plus sérieux. C'est évident qu'une telle chose ne serait pas possible avec Zach. Je ne suis pas sa première conquête, je ne serai pas non plus la dernière. Alors, je griffonne tout de même mon numéro de téléphone sur un morceau de papier trainant dans mon sac, puis je lui tends.

- Désolé, ça ne sera pas pour cette fois. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Mais au cas où, si tu souhaites qu'on se recroise un jour, voilà mon numéro.

Après avoir terminé ma dernière gorgée de soda, je m'approche de Zach pour lui déposer un baiser sur la joue, puis je lui lance un "à très vite" suivi d'un petit signe de la main. Ai-je fait le bon choix ? Impossible de le savoir.

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