| Try to understand - Anwar |
| | (#)Dim 9 Aoû 2020 - 1:54 | |
| Elle se balade dans le parc à côté de chez elle. Sans enfants, sans personne pour l’accompagner. Elle souffle, elle soupire. Elle a de nouveau fuit la maison à la seconde où Tracy c’était mise à pleurer. Elle est là depuis de très longues minutes, elle marche et finit par se poser sur un banc à l’ombre pour observer les gens qui passent. Il y a de tout, et elle se dit même qu’elle devrait se remettre à courir et à faire du sport. Elle a gardé une partie de son ventre de grossesse, et quelques kilos en trop certainement dû à son excès de chips. Elle place ses pieds sous ses cuisses pour continuer de tout regarder. Il y a des enfants et elle se dit que Bowie et Tracy seront aussi grands qu’eux dans quelques années. Ca va passer trop vite, et elle va tout louper la brune. Absolument tout si elle n’est pas capable d’assumer son rôle de mère.
Son regard se pose sur un homme qui s’assoit en face d’elle, mais lui est accompagné d’une poussette et un bébé est à l’intérieur. Elle essaie de ne pas fixer son regard, de ne pas l’observer avec insistance parce que ça pourrait paraître bizarre. Alors elle tourne la tête de temps en temps. Elle regarde autour d’elle avant de de nouveau voir ce que le jeune père peut bien faire ici. Le bébé a l’air jeune, mais pas aussi jeune que les jumeaux. Elle fronce les sourcils en le voyant tenter de bercer le nourrisson et chercher quelque chose dans ses affaires en même temps. Comme quoi, elle n’est pas la seule à ne pas réussir à s’en sortir avec les bébés. Il n’y a pas que des femmes qui sont capables de calmer un bébé grâce à une seule étreinte. Il y a aussi des gens qui sont perdus, peut-être aussi perdus que la jeune femme. Elle sourit quand son regard croise celui du brun.
@Anwar Zehri |
| | | | (#)Dim 9 Aoû 2020 - 5:05 | |
| Fascinant, comme tout lui semblait tour à tour similaire et diablement différent depuis qu'Alma était là. Lorsque Tarek était venu au monde vingt ans plus tôt, et qu’à peine remise de sa naissance Riley avait relégué au second plan ce rôle de mère dont elle – ils – n’avait jamais voulu pour poursuivre les aspirations professionnelles qui étaient les siennes, Anwar s’était promis que si deuxième enfant il avait un jour celui-ci naîtrait dans un cadre plus idéal. Avec deux parents pour l’aimer ensemble, deux parents qui l’auraient désiré, attendu, et aurait profité des neuf mois de gestation pour faire des plans sur la comète en riant, en s’embrassant, en s’aimant. Mais il n’y avait pas de promesses que le brun tienne moins bien que celles qu’il se faisait à lui-même, et s’il aimait déjà Alma de tout son cœur elle n’était pas le bébé de l’amour dont il avait rêvé, et sa mère n’était pas la femme de sa vie. Sans le rendre totalement triste, ce demi-échec parvenait à lui donner un peu le blues certains jours, particulièrement ceux que sa petite fille passait avec sa mère. Passées les premières semaines, durant lesquelles Lene avait accepté Anwar sous son toit pour que l’un et l’autre puisse prendre leurs marques avec ce petit être, il avait bien fallu doucement mettre en place le ballet de la garde alternée qui serait leur quotidien pour les presque deux décennies à venir. Ce n’était pas idéal, et pour Anwar qui avait élevé Tarek presque seul au gré des absences de Riley, devoir partager ainsi Alma et s’en priver pendant cinquante pour cent de son temps était un crève-cœur qu’il n’aurait jamais soupçonné avant d’y être confronté. Le temps qu’il avait à consacrer à Alma, le brun tachait donc d’en profiter jusqu’à la dernière miette. Cette fois-ci il n’était pas un adolescent en galère, il ne se sentait pas en équilibre constant, à devoir jongler entre les pleurs de bébé et les factures qui s’entassaient plus vite que le salaire … Il avait un véritable travail, un appartement suffisamment grand pour que sa fille ait de quoi explorer lorsqu’elle apprendrait à ramper, puis à marcher, et il allait pouvoir la gâter plus que leurs maigres moyens d’adolescents ne leur avait permis de le faire à Riley et à lui avec Tarek. Même prendre des jours de congés pour s’occuper d’elle était un luxe dont le frère d'Alma n’avait pas bénéficié, et chaque sortie au parc ressemblait à une tentative de rattraper un temps perdu qu’il ne récupérait pourtant pas. Il faisait gris, pas spécialement chaud, mais pas suffisamment froid non plus pour que le brun ne renonce à l’idée d’aller prendre l’air – l’hiver austral dans toute sa splendeur, en somme. Bien emmitouflée dans sa poussette, Alma gazouillait en observant les alentours, les courageux qui faisaient leurs joggings, les chiens qui passaient à proximité et dont elle avait l’habitude puisque Lene en avait deux. Et puis d’un coup elle s’était mise à pleurer, sans raison apparente, Anwar s’arrêtant devant le banc le plus proche pour tenter de comprendre le pourquoi du comment. Il n’était pas encore l’heure pour qu’elle ait faim, et le flair d'Anwar lui assurait qu’il ne s’agissait pas d’un problème de couche sale. Avait-elle froid ? Elle n’avait pas l’air, quand bien même le brun l’avait sortie de sa poussette pour la prendre dans ses bras au cas où. Le renard en peluche que lui avait offert Tarek était toujours dans la poussette et ne semblait pas pour le moment la préoccuper non plus … Autrement dit, Alma n’avait aucune raison de pleurer, et si elle ne s’égosillait pas à vous en crever les tympans comme elle savait le faire parfois, elle chouinait et laissait de grosses larmes rouler sur ses joues. Sur le banc d’en face une femme observait la scène depuis quelques instants, Anwar fouillant maladroitement dans les poches de son blouson puis dans le sac de la poussette à la recherche d’une idée miracles pour calmer le bébé, puis échangeant avec l’inconnue un sourire gêné qu’elle lui avait rendu avec - semblait-il – un brin de compassion. « Elle doit être fatiguée. » avait-il finalement commenté comme pour se justifier, berçant la petite de manière un peu machinale er dégainant finalement son trousseau de clefs pour l’agiter devant les yeux d'Alma. Hoquetant légèrement, son attention néanmoins happée par le cliquetis et le brillant du métal, elle accordait un répit dont Anwar savait qu’il ne durerait que quelques minutes – juste le temps de s’en désintéresser pour revenir à sa contrariété initiale. « Ce serait bien plus simple s’ils étaient livrés avec un traducteur ou un mode d’emploi. » avait-il quant à lui ajouté, l’inconnue du banc d’en face les fixant toujours sa fille et lui.
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| | | | (#)Dim 9 Aoû 2020 - 22:12 | |
| Le temps n’est pas vraiment clément aujourd’hui. Jill préfère quand il fait soleil, même en hiver. Elle préfère quand sa peau peut brunir si elle reste des heures allongées dans son jardin. Aujourd’hui elle a mis un gilet et elle se balade au parc alors qu’il fait nuageux. Ce temps lui rappelle l’Angleterre, et elle déteste ce pays. Elle grimace et elle finit par s’asseoir sur un banc un peu isolé du monde. Elle remonte son genoux vers elle pour poser sa joue dessus et profiter du calme et du mouvement ambiant. Elle va se remettre à courir, elle va aussi sûrement faire du sport. Elle a besoin de reprendre son corps en main, elle déteste les marques de grossesse qui sont encore bien trop présentes à ses yeux. Elle n’ose plus rien montrer, même pas à Bailey. Elle ne se sent pas bien ces derniers temps, ni dans sa peau ni dans sa tête.
Son regard s’attarde sur un homme avec une poussette. Le bébé se met à chouiner et ça lui rappelle ce qui l’attend chez elle. C’est pour ça qu’elle est venue au parc seule, qu’elle a cherché à s’éloigner de la maison le plus longtemps possible sans partir se bourrer la gueule dans un bar. Elle sourit, un sourire compréhensif et assez triste. Il a l’air de ne pas savoir gérer le brun, et ça la rassure. Elle ne peut pas l’aider, elle ne peut pas la faire arrêter de pleurer non plus. Elle voudrait bien s’excuser pour le bruit qu’elle est en train de faire mais elle n’y est pour rien. Elle se rapproche et s’assoit de l’autre côté du banc où se trouve le brun sans lui demander son accord. “Je peux pas vous aider.” Elle est peut-être fatiguée, ou elle pleure pour rien. Tracy pleure très souvent pour un rien. “Je suis bien d’accord.” Elle sourit un peu et la petite est toujours obnubilée par les clefs. Il en faut peu pour détourner leur attention. “Vous êtes seul ?” Elle tourne un peu la tête, à la recherche de quelqu’un pour l’aider si jamais la petite se mettait à hurler à plein poumon. |
| | | | (#)Lun 10 Aoû 2020 - 4:57 | |
| Comme quoi on n’était jamais vraiment préparé. Anwar en tout cas ne l’était pas plus que la première fois, et apprenait à ses propres dépends que chaque bébé était différent. Certes, il savait désormais changer une couche avec dextérité, s’était rappelé assez vite la juste dose de poudre à mettre dans le biberon, et n’avait pas tenté de reproduire des principes déjà impossibles à tenir la première fois … Mais du haut de ses presque quatre mois Alma possédait déjà un brouillon de caractère, et il n’avait rien à voir avec celui de Tarek au même âge. C’était comme avoir un nouveau modèle de bébé, mais livré dans une langue différente du premier et impossible à paramétrer. Alors on tâtonnait doucement, on tentait de retrouver des repères, des similitudes auxquelles se raccrocher le temps de se faire à la nouvelle interface. Et Lene s’offusquerait probablement de savoir qu’il comparait leur fille au dernier iPhone, quand bien même ce n’était que dans sa tête. « Je peux pas vous aider. » avait en tout cas rétorqué l’inconnue du banc d’un air désolé, quand bien même il n’en demandait pas tant. « Je suis bien d’accord. » Quittant le banc d’en face, elle s’était invitée sans plus de cérémonie pour venir s’installer sur celui devant lequel s’était arrêté le brun, lequel n’avait pas semblé s’en déranger. Il avait remarqué que les bébés, au même titre que lez chiens qui trottinaient au bout dune laisse, étaient un incroyable vecteur de conversation. « Vous êtes seul ? » Semblant chercher la réponse à sa question dans les environs, elle avait reporté son regard et son attention sur lui. « Jamais, quand elle est là. » Seulement lorsqu’elle avait quitté sa bouche avait-il réalisé le côté cheesy d’une telle remarque – mais ce n’était que la vérité, au fond, et la seconde suivante il piquait un baiser sur le bout du nez d'Alma en souriant. « Vous avez des enfants ? » Quand on validait l’idée d’un mode d’emploi, c’était souvent que l’on s’était soi-même senti aux prises avec le plus compliqué des meubles Ikea – le genre qu’on ne pouvait décemment pas ramener au service après-vente. Déjà lassée du trousseau de clefs, Alma se tortillait dans les bras de son père en hoquetant à nouveau, ses doigts potelés attrapant le cordon de capuche du blouson d'Anwar avec curiosité. « Je crois que quelqu’un s’est réveillé de sa sieste un peu grognon. » Avait-elle froid ? Il ne faisait pas si froid, mais dans le doute le brun était venu réajuster le bonnet à oreilles qui recouvrait le crâne du bébé.
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| | | | (#)Mer 12 Aoû 2020 - 20:08 | |
| Elle est allée s’asseoir à côté d’un mec qu’elle ne connait pas. Elle voit qu’il n’a pas l’air de faire partie de ces gens qui adorent leurs bébés et qui savent exactement quoi faire dès qu’ils font un seul petit bruit. Elle attend quelques secondes et elle revient sur ce qu’elle pensait. Il fait complètement partie des gens qui sont gaga de leur enfant. Jill n’est pas comme ça, même avec Bowie. Elle secoue la tête en riant un peu. La petite a l’air d’avoir son petit caractère, et de se lasser rapidement des clefs brillantes qu’il laisse trainer devant ses yeux un peu trop longtemps puisqu’elle recommence à chouiner. “Vous devez pas avoir de très grande conversation si votre seule compagnie est un bébé.” Elle hoche la tête, prend ça sur le ton de la rigolade. Elle sait qu’il a sûrement besoin de la compagnie d’un adulte. Il y a de quoi devenir fou si la seule personne avec qui il peut passer son temps c’est un petit bébé capricieux.
Oh qu’elle est bizarre cette question, surtout quand elle allait dire non avant de réaliser que deux petits êtres étaient entrés dans sa vie il y a quelques semaines maintenant. “Oui… des jumeaux.” Ca sonne si faux quand elle en parle. Elle n’a vraiment pas l’impression de faire partie de cette vie là. Elle n’est que l’ombre d’elle même, et elle attend que tout passe. Elle a besoin de temps d’après les médecins et Bailey, elle sait qu’elle ne s’en remettra jamais vraiment. Elle ne sait même pas si elle va pouvoir continuer de vivre dans la même maison que son mari et ses enfants. “Ils sont tellement impossibles à comprendre.” Jill secoue un peu la tête, la petite fait exactement les même bruits que ses enfants. Et elle ne comprend toujours rien. “Les premiers trucs à essayer c’est couche et biberon. Sinon y’a plus qu’à prier pour qu’ils finissent par être trop fatigué pour continuer de pleurer.”
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| | | | (#)Mar 18 Aoû 2020 - 19:10 | |
| Ça ne lui serait jamais arrivé, avant d’avoir des enfants, de penser décemment que l’on puisse apprécier passer du temps avec sa progéniture avant qu’elle n’ait atteint l’âge auquel la conversation aurait pu devenir intéressante. Il n’y avait rien de stimulant intellectuellement parlant, c’est vrai, et Anwar n’avait pu que pencher la tête comme pour signaler à l’inconnue qu’elle marquait un point lorsqu’elle lui avait fait remarquer « Vous devez pas avoir de très grande conversation si votre seule compagnie est un bébé. » sans trop de tact – pas qu’il n’en ait été dérangé. « Pour le moment c’est un peu limité, c’est vrai. » avait-il alors concédé avec légèreté, avant d’ajouter néanmoins une pointe d’amusement dans la voix « Cela dit tant qu’elle ne sait pas dire "non" ça la rend automatiquement d’accord avec moi, et croyez-moi ça arrive bien plus vite qu’on ne le pense. » Il comprenait néanmoins totalement l’impatience avec laquelle Lene avait fini par compter les jours avant de pouvoir recommencer à travailler, le gros de ses interactions se limitant les premières semaines aux pleurs et aux gazouillis d’Alma lorsque lui-même n’était pas là. Malgré lui, les questions de la jeune femme avaient néanmoins poussé Anwar à faire preuve lui aussi d’un brin de curiosité à son égard, et la question des enfants qu’elle avait possiblement lui était venue naturellement. « Oui … des jumeaux. » Automatiquement son regard s’était éclairé d’un mélange de surprise et d’admiration : un bébé c’était déjà beaucoup d’énergie dépensée, alors deux ? Avant qu’il n’ait eu le temps de faire le moindre commentaire – et le brun avait préféré tourner sept fois sa langue dans sa bouche pour ne rien dire d’involontairement indélicat – la jeune femme avait fini par ajouter « Ils sont tellement impossibles à comprendre. » et sans la connaître il lui avait trouvé le ton un peu las. « Les premiers trucs à essayer c’est couche et biberon. Sinon y’a plus qu’à prier pour qu’ils finissent par être trop fatigués pour continuer de pleurer. » Au bout du compte il avait eu la réponse à son questionnement principal : si couche et biberon étaient encore les armes principales, ses enfants à elle ne devaient pas être beaucoup plus vieux que celui qu’Anwar tenait fermement dans ses bras. « C’est ça … Je ne pense pas qu’il y ait de recette miracle, de toute façon. Contrairement à ce qu’essayent de nous faire croire tous ces charlatans qui se disent experts en la matière. » Malgré lui, Anwar avait vaguement roulé des yeux. S’il y avait bien une chose que de gérer Tarek presque seul lui avait apprise, c’était que les avis des autres valaient ce qu’ils valaient : souvent pas grand-chose. Il avait finalement appris plus de choses en tâtonnant seul qu’en se fiant aux conseils pourtant parfois bien intentionnés de son entourage. « Et puis, je me dis que moi aussi j’aurais probablement envie de pleurer si j’avais besoin de quelque chose mais que personne n’arrivait à comprendre quoi. » On oubliait un peu trop souvent que les bébés n’étaient que de futurs adultes, à qui il manquait eux aussi le mode d’emploi. En clair, les parents autant que leur toute nouvelle progéniture étaient dans la même galère. Face à l’air désemparé de son interlocutrice toutefois, Anwar avait fini par ajouter d’un ton qui se voulait – un peu – rassurant. « Ça a l’air d’un long tunnel dont on ne voit jamais le bout, mais je vous assure que ça finit par aller mieux. Parole de personne qui a déjà passé le cap une première fois. » Le quand, le comment, il n’y avait pas de réponse exacte à ces interrogations, mais ils finissaient par arriver.
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| | | | (#)Ven 25 Sep 2020 - 16:11 | |
| Elle observe cet homme qui a l’air d’avoir du mal avec son bébé. Mais il a l’air de l’aimer de tout son coeur, ça se voir sur son visage. Jill, elle, est seule. Elle n’a pas emmené les jumeaux au parc, elle avait besoin de s’éloigner de nouveau. Elle passe son temps à chercher des échappatoires, à chercher toutes les issus qu’elle peut trouver pour passer le moins de temps possible avec sa famille. « Pour le moment c’est un peu limité, c’est vrai. » Jill sourit à peine, elle secoue la tête et observe ce bébé qui a l’air prêt à se remettre à chouiner d’une minute à l’autre. « Cela dit tant qu’elle ne sait pas dire "non" ça la rend automatiquement d’accord avec moi, et croyez-moi ça arrive bien plus vite qu’on ne le pense. » “Et encore apparemment c’est pas le pire âge.” Elle a entendu dire qu’à partir du moment où ils marchent, ils sont affreux jusqu’à ce qu’ils soient capable de quitter la maison et de vivre leurs vies tout seul. C’est long, 18 ans. Et pourtant, elle sait qu’elle en a pour un moment avec les deux qui viennent de naitre. « Les premiers trucs à essayer c’est couche et biberon. Sinon y’a plus qu’à prier pour qu’ils finissent par être trop fatigués pour continuer de pleurer. » “Vous en avez d’autres ?” Il a l’air d’être calé sur le sujet. Alors, soit il est plusieurs fois père, soit c’est le même genre de père que Bailey. Ceux qui savent absolument tout sans même avoir besoin de faire de recherche. Et ce genre de comportement l’impressionne la McGrath. Rien n’est inné pour elle, elle doit forcer chacun de ses gestes, même les plus simples et ceux qui paraissent les plus intuitifs. Elle sourit encore une fois, soupire aussi, parce que ça ne fait que quelques jours qu’elle est maman et elle se sent déjà dépassée. « Ça a l’air d’un long tunnel dont on ne voit jamais le bout, mais je vous assure que ça finit par aller mieux. Parole de personne qui a déjà passé le cap une première fois. » Elle a donc la réponse à sa question. Et elle ne peut pas s’empêcher de se demander pourquoi il a un autre enfant, elle n’est pas sûre d’être capable à gérer ceux qu’elle a déjà eu. “Pourquoi vous avez eu un autre enfant si c’est si compliqué ?” La question a franchi la barrière de ses lèvres sans qu’elle ne le calcul.
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| | | | (#)Dim 1 Nov 2020 - 3:16 | |
| Certains mettaient des années avant de découvrir si vraiment ils se sentaient ou non une quelconque fibre parentale, et d’autres se contentaient de supposer que oui pour ne finalement le découvrir qu’une fois leur progéniture venue au monde. Anwar, lui, n’avait pas eu le temps de se poser cette question avant d’être jeté tête la première dans le grand bain de la paternité – à dix-sept ans ce n’était pas encore une préoccupation, ce n’était pas quelque chose auquel on pensait. Dans sa malchance au moins s’était-il découvert une passion pour son fils dès sa naissance, et une véritable fibre paternelle lui ayant permis de maintenir le cap même dans les moments de doute ou de découragement. Et ils avaient été légion, de la douleur de la première dent qui poussait à la détresse du harcèlement scolaire, en passant par les difficultés pour sa femme à se faire une place entre le père et le fils entre deux de ses multiples absences. « Vous en avez d’autres ? » avait d’ailleurs fini par lui demander l’inconnue, et répondant par un signe de tête le policier avait fini par préciser « Un fils, oui. Mais ça fait longtemps qu’il a abandonné les biberons et les couches. » Malgré tout il s’était bien gardé de donner l’âge exact de Tarek, trop habitué à recevoir un regard intrigué voire carrément réprobateur lorsque l’on réalisait la faible différence d’âge qui devait exister entre son garçon et lui. Ne souhaitant en tout cas pas être celui qui jetait de l’huile sur le feu en ravivant des doutes que la jeune femme semblait déjà voir à la pelle, il avait fait au mieux pour relativiser et s’était retrouvé pris au dépourvu lorsqu’elle avait questionné « Pourquoi vous avez eu un autre enfant si c’est si compliqué ? » sans aucun filtre. Dire la vérité n’était bien sûr pas une option, car si un proche aurait su faire la part des choses entre le fait que la situation soit accidentelle mais que l’existence d’alma ne le soit pas, n’importe qui d’autre ferait le raccourci sans se poser de question et collerait l’étiquette « accident » sur le front du bébé … Et ça, Anwar refusait de l’entendre. « Parce que tout ce qui est compliqué n’est pas nécessairement mauvais. Et parce qu’au bout du compte il y a beaucoup plus de jolis moments que de moments difficiles. » Il détournait la réponse, et malgré tout il ne mentait pas. L’adolescent de dix-sept ans qui apprenait que sa copine était enceinte dans les vestiaires du gymnase du lycée ne l’aurait jamais cru si on le lui avait dit, mais ses enfants allaient devenir sa plus grande fierté et le recul aidant il chérissait chaque moment passé avec eux, même les plus difficiles, car c’était souvent dans ceux-là que l’on forgeait la confiance inébranlable qu’un enfant était supposé pouvoir attendre de ses parents. « Et en attendant … il n’y a aucun mal à demander ou accepter un coup de pouce. Il n’y a pas quelqu’un qui pourrait vous aider ? » Il n’avait pas osé faire mention du père des enfants, conscient que tous n’avaient pas la chance de naître avec deux parents pour les élever, mais cette jeune mère devait bien avoir de la famille, ou des amis, quelqu’un susceptible de lui tendre la main pour l’aider à garder la tête hors de l’eau.
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| | | | (#)Lun 2 Nov 2020 - 17:33 | |
| Elle ne sait même pas pourquoi elle discute avec cet inconnu. Mais désormais, elle est assise à côté de lui et elle observe son bébé sans le toucher. Une petite fille, un bébé qui est en train de jouer avec les clefs du brun qui est sur le point de pleurer. Si la petite se met à hurler, Jill finira par s’enfuir puisqu’elle ne supporte pas les pleurs des enfants. Même pas des siens. « Un fils, oui. Mais ça fait longtemps qu’il a abandonné les biberons et les couches. » Il a donc plusieurs enfants, et Jill cherche des yeux un petit garçon qui seraient en train de tourner autour d’eux. Elle serait sûrement plus à l’aise avec un enfant de l’âge de Noah plutôt qu’avec des bébés. Jill se pose des questions et elle ose en parler à voix haute. Elle ne le connait pas, et si le jeune homme ne se vexe pas elle continuera de le faire. Ses sourcils se froncent, « Parce que tout ce qui est compliqué n’est pas nécessairement mauvais. Et parce qu’au bout du compte il y a beaucoup plus de jolis moments que de moments difficiles. » Jill regarde devant elle, dans le vide pendant quelques longues secondes. Elle soupire, elle réfléchit aux mots de l’homme qu’elle ne connait pas. “Vraiment ?” Elle doute vraiment de tout ce qu’il est en train de dire, est ce qu’il y a vraiment de bons moments à vivre avec des enfants et une famille. Ca n’est jamais arrivé chez elle, la famille McGrath n’est apparemment pas une famille comme les autres. Elle attend, reste assise et profite de ce moment à discuter avec quelqu’un d’extérieur à sa vie. Quelqu’un qui ne connait rien de sa vie, qui ne sait pas ce qui peut se passer dans sa tête et dans sa famille. « Et en attendant … il n’y a aucun mal à demander ou accepter un coup de pouce. Il n’y a pas quelqu’un qui pourrait vous aider ? » Elle hoche la tête et continue de regarder la nature, elle n’échange plus de regard avec le jeune homme. Elle ne sait pas quoi répondre, ni quoi penser. “Je ne suis pas seule.” Mais elle laisse les autres seuls avec ses enfants. “Le père est là si c’est la question.”
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| | | | (#)Ven 20 Nov 2020 - 19:04 | |
| Bien sûr qu’elle était un peu rude, la chute, la première fois. Pas entièrement naïf malgré la majorité qui se dessinait à peine à l’époque, Anwar n’aurait pourtant jamais pu imaginer qu’élever un enfant soit si difficile. Si fatiguant, pour la tête et pour le corps, si angoissant. Il n’aurait jamais soupçonné l’énergie que déployait le fait de devoir apprendre à ne plus écouter ses besoins autant que ceux de sa progéniture parce que c’était elle qui avait besoin de lui, c’était elle qui dépendait de lui. Et il y avait bien eu des jours ça lui avait semblé être trop, où il ne s’était pas senti à la hauteur, et même des jours où il avait regretté … où il aurait préféré traîner au bar avec ses amis (ceux-là même qui avaient disparu les uns après les autres lorsqu’il était devenu père), rentrer tard et ne pas avoir cette alliance autour de l’annuaire qui lui semblait peser des tonnes. Il y avait eu tout ça, et pourtant des années après ce n’était pas ce que son esprit retenait en premier – les mauvais souvenirs il était obligé de les chercher, de creuser au fin fond de sa mémoire, alors que les bons souvenirs lui venaient à la pelle sans qu’il n’ait le moindre effort à fournir. « Vraiment ? » Elle ne semblait pas convaincue. Et il ne l’en blâmait pas, lui non plus ne l’aurait probablement pas été si la situation était inverse. « Juré. Même si ça semble difficile à croire … C’est avec le recul qu’on s'en rend compte. » lui avait-il pourtant assuré d’un ton compatissant, quand bien même les promesses d’un inconnu n’engageaient bien que lui. La jeune femme en tout cas semblait bien seule, au sens propre comme au figuré, et lorsqu’elle avait argué « Je ne suis pas seule. » il n’avait pas su quoi en penser, encore moins lorsqu’elle avait vu clair dans son jeu et ajouté « Le père est là si c’est la question. » Bien sûr que c’était la question, mais il ne se serait jamais permis de la poser de manière aussi directe, pas alors qu’ils n’étaient rien d’autres que deux inconnus que le hasard d’un banc dans un parc avait fait se croiser. « Tant mieux. » Tant mieux parce que ce n’était pas toujours le cas. « Surtout si ça vous permet de pouvoir sortir vous aérer un peu sans eux, de temps en temps. On a beau les aimer parfois on aime aussi vraiment le silence … pas vrai mademoiselle ? » Occupée à recouvrir de sa bave l’intégralité du trousseau de clefs – mais devenir parent c’était aussi devenir imperméable à tous les fluides plus ou moins répugnants que son rejeton déposait partout – Alma s’était interrompue pour couiner avec curiosité lorsque le nez de son père était venu frôler le sien avec tendresse. Et puis un éternuement du bébé, et la voilà qui s’était remise à pleurer. « Bon, je crois que c’est le signe qu’il est temps de rentrer. » Il commençait de toute façon à faire frais. « Et de vous laisser profiter de votre brin de tranquillité. » Renonçant à l’idée de remettre sa fille dans sa poussette tant qu’elle pleurait, il s’était résolu à la garder dans ses bras et à ne pousser l’engin que d’une seule main, et s’était finalement levé. « Vous découragez pas, ça finira par aller mieux. » avait-il néanmoins cru bon d’assurer une dernière fois à son interlocutrice.
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