| lonely shade of blue | willer #17 |
| | (#)Dim 9 Aoû - 18:20 | |
| Saül déteste les supermarchés, c'est un fait. Il les déteste pire que les salles de réunions ennuyeuses peuplées de gens qu'il honnit particulièrement. Il les déteste pire que les embouteillages en rentrant du bureau. Tout le répudie dans ces grandes surfaces, autant la proximité avec les gens que l'odeur et l'ambiance qui y règne. Peu de fenêtres, pour ne pas avoir la sensation du temps qui s'écoule, des musiques énervantes et surtout, des gens qui se croient tout permis. Rien n'est plus méprisant, aux yeux de l'italien, qu'un manque de savoir vivre en société - enfin, si faire ses courses peut être considéré comme une marque de vie en société. D'habitude, c'est Elise qui s'en charge - évidemment - ou quelqu'un qu'ils embauchent pour faire ce sale boulot. Saül détone, avec son costume et sa cravate parfaitement repassée. Quelle idée, de venir traîner ici alors que des aliments de meilleure qualité existent certainement dans un magasin plus petit ? C'est qu'il ne sait pas réfléchir à ces choses là, Saül. Il a depuis longtemps été arraché à ses habitudes de jeunesse, celles d'aller vaquer au marché parmi les allées odorantes et fruitées. Sa cuisine en a pris un coup, assurément.
Mais ce soir, Saül a juré de faire un dessert à la fraise pour Cosimo. Le jeune homme rentre bientôt, il faut savoir l'accueillir. Il semble important de souligner que Saül n'a aucune patience en ce jour si particulier, parce que c'est Elise qui l'a envoyé ici. Il n'a aucune patience et aucune envie non plus de quémander de l'aide auprès d'un employé du magasin pour savoir où se trouvent ces foutues fraises. Son regard balaie les allées colorées en vain depuis de longues minutes lorsque, enfin, le dernier panier de fraises est en vue. Elles seront probablement de mauvaise qualité, comme à peu près tout ce qui se fait dans ce maudit pays. Ils n'ont rien eu à inventer de pire, les Australiens, que cette affaire de fraises piégées aux aiguilles à tricoter (note de la rédaction : c'est une vraie affaire, cherchez sur google) qui défraie la chronique depuis quelques semaines, si bien que ces dernières se font plus rares sur les étales des supermarchés.
Et quand Saül s'apprête à attraper la fournée restante, bien évidemment, c'est une jeune femme qui la prend de volée, juste en même temps que lui. « J'étais là avant. Prenez-en d'autres. » Le problème, c'est qu'il n'y en a pas d'autres. L'autre problème, c'est que Saül ne cédera pas, bien que le duel qui risque de s'engager soit particulièrement ridicule. Après les négociations de contrat, donc, les fraises. Merveilleux. |
| | | | (#)Dim 9 Aoû - 18:44 | |
| « J'étais là avant. Prenez-en d'autres. » « Ma main était dessus avant. Prends-en d'autres. »
J'en voulais même pas, de fraises. J'en voulais pas mais apparemment maintenant c'était la seule et unique raison du pourquoi et du comment, et certainement l'item que je vise ajouter à mon panier à la seconde près. Il a l'air d'un pingouin mal éclairé sous les néons agressifs d'un supermarché grande surface qui détonnent presqu'autant qu'il y détone, lui. On m'a envoyée chercher des fruits pour le brunch avec les frères demain matin, on m'a dit de prendre ce que je voulais parce qu'on s'en foutait, et ce que je veux là de suite c'est accentuer sa ride du lion en refermant mes doigts autour du contenant de la plus acérée des façons.
Il est juste comme tous les autres qui se croient tout permis, tout le temps. Il est juste comme la grande majorité des gars en costume cravate qui pensent que la Terre tourne autour de leurs bagnoles, de leurs actions en bourse, de leur portefeuille bien garni et de leur voiture hors de prix. Ouais d'ailleurs il doit avoir quelques billets au frais dans ses poches, quelques bout de papier que j'aurais subtilisés sans que jamais il ne s'en rende compte, si j'avais eu quelques années de moins au compteur et la tête à ça aussi, accessoirement. Journée de merde passée à tourner en rond comme un lion en cage dans la chambre d'hôpital d'un Levi qui ne va jamais bien malgré toutes les foutues indications qu'on lui donne et qu'il suit à la lettre. Alors bien évidemment que les fraises, elles deviennent la seule victoire à laquelle je semble avoir droit aujourd'hui. Qu'il dégage, elles sont à moi.
Ma voix siffle, ma langue claque, sarcastique au possible. « T'as la tête d'un type qui préfèrerait du caviar à des fraises de toute façon. Va, vole paraît qu'il est impeccable ici. » y'en a pas et si y'en a, soit il va le rendre malade comme un chien parce qu'il sera tout sauf frais, soit il sera encore plus dégueulasse que celui qu'ils servent aux apéros d'auteurs auxquels maman me traîne de force ces temps-ci parce qu'elle déteste voir ma peau passer de laiteuse à translucide. Pas. Mon. Problème.
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| | | | (#)Dim 9 Aoû - 19:07 | |
| « Ma main était dessus avant. Prends-en d'autres. » « Il n'y en a pas d'autres. J'ai repéré celles-ci avant vous. »
Ils vont se répéter encore longtemps, au milieu des fruits et des légumes. Le monde continue de tourner mais Saül n'a plus que pour envie ces fraises, même si elles sont remplies d'aiguilles. C'est pour des gens comme elle que ce mauvais canular sadique a été inventé, l'italien en est persuadé.
Elle a l'air arrogante, terriblement arrogante. Elle a l'air du genre de ceux qui font des choses uniquement pour faire chier les autres et Saül n'a présentement envie que d'une chose : lui hurler dessus pour qu'elle lâche ces maudites fraises. De toute façon, elle ne lâchera probablement pas, même s'il se mettait à hausser le ton. Son meilleur regard mauvais et l'argument d'autorité "je porte une cravate" n'aura pas fait fuir la jeune femme - alors le reste ne le fera pas non plus. Les doigts couverts d'or de Saül se referment un peu plus sur le pauvre carton qui contient les fruits. Dans quelques minutes, les fraises s’apparenteront probablement plus à du jus qu'à de véritables fruits. « T'as la tête d'un type qui préfèrerait du caviar à des fraises de toute façon. Va, vole paraît qu'il est impeccable ici. » « On n'a pas élevé les cochons ensemble, je vous prie d'arrêter de me tutoyer. » Sa voix à lui n'est plus réduite qu'à un murmure mauvais. Saül déteste les disputes en public, elles n'ont jamais lieu, d'habitude. Avec Elise, ils ne se disputent qu'en privé, avec un ton bien plus haut que celui-ci. Le monde ne connaît pas vraiment les colères de l'home d'affaires, tant il s'applique à afficher un masque placide en toute circonstance.
« J'en ai plus besoin que vous. Mon fils vient de se faire quitter par sa petite amie et je veux lui faire une tarte. » User des sentiments, ça marche souvent bien, avec les gens. Et puis, il faut bien qu'il serve à quelque chose, Cosimo. « Si vous me dites que vous avez besoin de ces fraises pour votre frère mourant, peut-être que je vous les céderai. » Le ton pique, quand Saül serre encore la poigne. C'est qu'elle résiste, la jeune femme. Ses yeux à lui ne se sont pas décrochés de ses yeux à elle, bleu contre bleu. Encore dix secondes et elle lâchera prise. Encore dix secondes et il l'aura oubliée. |
| | | | (#)Dim 9 Aoû - 19:36 | |
| « Il n'y en a pas d'autres. J'ai repéré celles-ci avant vous. » « Fais pas chier et demande à un commis. Elle est passée où la galanterie? »
Elle est tout sauf utile, la gALaNtEriE et encore moins à mes yeux. Rien à foutre qu'on m'ouvre la porte quand je peux l'ouvrir moi-même, qu'on tire ma chaise quand je préfère le faire et strier le plancher en faisant grincer les pattes sur le linoléum à la place. Elle sert par contre et elle a le dos large, quand j'ajoute à mes mots emplis de condescendance le plus lent et le plus agressant battement de paupières en prime. Il a même droit à la totale lorsqu'il resserre sa poigne sur les fraises, que j'ajoute deux roulements d'yeux et tout autant de soupirs à la suite.
« On n'a pas élevé les cochons ensemble, je vous prie d'arrêter de me tutoyer. » « Encore heureux. Tu m'aurais laissée faire tout le sale boulot pendant que t'aurais passé la journée à cirer autant tes chaussures que tes chevalières. » mes yeux quittent pas les siens, même si parler des dits bijoux ramène une pique de plus censée le faire rager, censée le distraire au point où il dégagera sa main de là, vite et bien. « D'ailleurs c'est bon là gars, tu sais que t'as assez de bagues quand y'en a plus que de doigts. »
Pourtant il bouge pas le bâtard, pire, il chuchote. Il me gronde? Cute. « J'en ai plus besoin que vous. Mon fils vient de se faire quitter par sa petite amie et je veux lui faire une tarte. » mon air impassible pour seule réponse, ça et l'envie brûlante de parier tout ce que j'ai au fond de mon sac qu'il en a sûrement même pas de gamin. Ses tactiques de bluff sont pathétiques, quel requin d'eau douce. « S'il a appris comment traiter les autres de toi j'en doute pas qu'elle ait rompu. » un sourire vient se dessiner sur mes lèvres, l'hôpital qui se fout de la charité et la fierté de piquer encore et toujours. Que des attaques de ma part, lui se contente d'une si triste défense. « C'est de litres de glace dont il a besoin et d'un bon scotch. Pas d'une tarte. » à croire qu'il s'est jamais fait larguer lui ; probablement qu'en fait, il tire son power trip à rompre comme un lâche avant l'autre.
Où on en était donc? « Si vous me dites que vous avez besoin de ces fraises pour votre frère mourant, peut-être que je vous les céderai. » trop facile, trop piquant, trop brusque aussi, son mouvement. « Mon mari est mourant, ça compte? » l'alliance enfilée au majeur pour seule et unique preuve qui n'en est probablement pas une valable à ses yeux. Si lui sort son joker de gamin en peine y'a rien dans les petits caractères qui m'empêche de faire la même. « Sois créatif, pour ton dessert. Y'a des gens qui ont une vie à rejoindre et qui ont pas de temps à perdre pour des enfantillages. » tiens, qu'on parle de temps, qu'on parle de précieuses minutes. Quand il doit être de la trempe de ceux pour qui chaque minute équivaut à un dollar. Pathétique. |
| | | | (#)Dim 9 Aoû - 20:10 | |
| « Encore heureux. Tu m'aurais laissée faire tout le sale boulot pendant que t'aurais passé la journée à cirer autant tes chaussures que tes chevalières. » Et elle continue, la garce. Et elle le tutoie alors qu'il tente de rester parfaitement zen. Elle lui fait perdre un temps précieux. C'est terrible comme il aurait envie de lui arracher les fraises et de partir en courant avec, c'est terrible aussi comme ses principes le lui interdisent. Ces fraises, il les gagnera à la loyale. « D'ailleurs c'est bon là gars, tu sais que t'as assez de bagues quand y'en a plus que de doigts. » « Vous n'avez pas autre chose à faire, que jalouser les gens que vous rencontrez dans les supermarchés ? » L'italien aurait dû insister. Il n'a rien à faire ici, dans ces allées froides, entouré de gens qui lui volent ses fraises.
Visiblement, Saül n'aura pas la jeune femme par les sentiments. « S'il a appris comment traiter les autres de toi j'en doute pas qu'elle ait rompu. » « Oh, c'est drôle, en plus d'être désespérément emmerdante, vous êtes clownesque. » Si elle savait que de son père, Cosimo n'a pas appris grand chose sinon comment gérer une absence paternelle, c'est elle qui se mettrait à rire. Pour l'heure, les fraises souffrent dans leur carton. « C'est de litres de glace dont il a besoin et d'un bon scotch. Pas d'une tarte. » « Je n'apprendrai pas la parentalité de la bouche de quelqu'un qui n'est certainement pas mère. » Elle porte une alliance, tout comme lui. Les deux anneaux d'or brillent du même éclat, au dessus de l'incarnat des fraises. « Mon mari est mourant, ça compte? » Ah. « Seulement si les fraises sont pour lui. » Sinon, à lui le prix du grand gagnant.
« Sois créatif, pour ton dessert. Y'a des gens qui ont une vie à rejoindre et qui ont pas de temps à perdre pour des enfantillages. » « Qu'est-ce qu'il peut y avoir de si pressé, à votre âge ? » Saül se retient d'ajouter "et à votre dégaine", se retient de justesse sans pour autant arrêter de la fusiller du regard. « Il faut que je donne ma montre, pour avoir ces maudites fraises ? Ça vous fait quoi, de me les laisser ? » Elle est mariée, donc elle doit vivre une vie d'adulte. Elle sait que perdre son temps, c'est une erreur à ne pas faire. Certainement pas dans les allées d'un supermarché, en plus. « On va la jouer comme les enfants : à pierre-feuille-ciseaux. Peut-être que vous comprendrez mieux si on le fait à votre manière de gamine. » Et le voilà qu'il se prépare, l'italien en costume. C'est le duel de sa vie. Il n'a pas lâché les fraises pour autant, persuadé qu'elle partira avec en courant s'il relâchait son attention.
Yesssss - A lui les fraises hihihihi. Meh - Egalité parfaite, on repart sur un round de "lâche mes fraises" "non" "lâche mes fraises" "j'ai dit non". Roh non - Elle remporte le duel et piétine la dignité de Saül au passage. |
| | | ÂGE : des milliers d'années, mais je suis bien conservé. STATUT : marié au hasard. MÉTIER : occupé à pimenter vos vies, et à vous rendre fous (a). LOGEMENT : je vis constamment avec vous, dans vos têtes, dans vos esprits, et j'interviens de partout, dans vos relations, dans vos joies, vos peines. POSTS : 31459 POINTS : 350 TW IN RP : nc PETIT PLUS : personne ne sera épargné, c'est promis les chéris. AVATAR : je suis tout le monde. CRÉDITS : harley (avatar), in-love-with-movies (gif) DC : nc PSEUDO : le destin. INSCRIT LE : 15/12/2014 | (#)Dim 9 Aoû - 20:10 | |
| Le membre ' Saül Williams' a effectué l'action suivante : Lancer de dés
'dé action' : |
| | | | (#)Dim 9 Aoû - 20:57 | |
| « Vous n'avez pas autre chose à faire, que jalouser les gens que vous rencontrez dans les supermarchés ? » « T'as pas mieux à faire que de juger les honnêtes gens qui veulent juste leur apport en vitamine C et en antioxydant? »
Ça se joue à deux et pour l'instant, il perd et je gagne. « Oh, c'est drôle, en plus d'être désespérément emmerdante, vous êtes clownesque. » bouhouhouh le mauvais perdant, le gamin à qui on refuse son dessert à la fraise, l'enfant-roi à qui tout le monde dit toujours oui au bout d'une négociation et d'une autre. Contrairement à ce que son impatience à lui suggère, moi, j'ai toutes les cartes en main pour jouer les adversaires de la trempe du plus pire de ses nemesis. « Je n'apprendrai pas la parentalité de la bouche de quelqu'un qui n'est certainement pas mère. » « Commence par apprendre la parentalité tout court et après on discutera. » si j'en avais des enfants d'ailleurs, ils viseraient ses mollets là. Après lui avoir écrasé les pieds, l'avoir dépouillé de son fric et être à même de planifier quel outil de cuisine dans l'allée BBQ risquera de lui crever les yeux le plus vite.
« Seulement si les fraises sont pour lui. » « Tu veux quoi, suivre à l'hôpital pour me voir le gaver? »
Qu'il suive, oh qu'il suive si mes soupirs n'ont pas finit de l'éloigner un peu plus de quelques millimètres au moins dans ma tête, quand ses pieds sont encore pitoyablement ancrés au sol. Ses doigts aussi, sont ancrés sur des fraises qui passent lentement mais sûrement au stade de purée. « Qu'est-ce qu'il peut y avoir de si pressé, à votre âge ? » « C'est pas parce que moi je suis pas encore rendue à l'âge où tout est pressant parce qu'on a peur de crever que rien presse mon quotidien. » prochaine étape, c'est de pointer ses cheveux blancs immaculés à travers une coiffure qui l'est toute autant. Il passe combien de temps le matin à placer ses cheveux? Autant qu'il en passe maintenant à me faire perdre mon temps?
« Il faut que je donne ma montre, pour avoir ces maudites fraises ? Ça vous fait quoi, de me les laisser ? » « Donne-moi ta montre d'abord, je verrai pour les fraises ensuite. » « On va la jouer comme les enfants : à pierre-feuille-ciseaux. Peut-être que vous comprendrez mieux si on le fait à votre manière de gamine. » « T'as besoin que je te réexplique les règles? Quand t'as appris la vie devait être en noir et blanc. »
Ça se joue à deux et pour l'instant, il perd et je gagne. Les règles ne servent à rien quand c'est ma pierre qui détruit ses ciseaux. Et la même main triomphante, elle conclut la partie en se plaquant sur son torse pour le repousser vers l'arrière. Je sais d'avance qu'il aurait essayé un "non mais c'était un deux de trois" suivi d'un "ah non vous avez mal ouïr milady je présumais qu'on tenterait un cent de mille pardi" quelle lourdeur. Autant mieux les attraper les fraises, les foutre dans mon panier et lui renvoyer le plus conquérant et le plus chieur des sourires.
« J'aime même pas les fraises. » qui complète le tableau, avant que ma silhouette lui tire une exagérée révérence, et que je lui tourne dramatiquement le dos. |
| | | | (#)Dim 9 Aoû - 21:36 | |
| « Commence par apprendre la parentalité tout court et après on discutera. » Qu'elle se taise, et vite. « Tu veux quoi, suivre à l'hôpital pour me voir le gaver? » « Je vous ai déjà demandé de me vouvoyer. » Elle n'apprend rien, la gamine. Saül lui accorde la verve de la jeunesse mais déteste - haha - déjà son arrogance et l'ingratitude qui va probablement avec son attitude de gamine mal élevée.
« C'est pas parce que moi je suis pas encore rendue à l'âge où tout est pressant parce qu'on a peur de crever que rien presse mon quotidien. » « Vous êtes ridicule. »
Il déteste qu'on sous entende l'âge de ses os, Saül. On n'a jamais remis en question sa vigueur, lui qui se voit comme un lion même s'il est un peu moins en âge de parader comme tel. Le duel prend une toute autre tournure quand l'instant d'après, Saül est l'instigateur d'une partie de pierre-feuille-ciseaux enflammée. « Donne-moi ta montre d'abord, je verrai pour les fraises ensuite. » La montre qu'il porte est celle des beaux jours. C'est sa favorite, celle qu'il n'abandonne que pour dormir - et encore. Elle a sa place de choix, parmi les autres. De toutes, cette montre là est celle qui ne sera jamais jouée au poker. Saül y tient plus qu'à certaines personnes de son entourage. « T'as besoin que je te réexplique les règles? Quand t'as appris la vie devait être en noir et blanc. » « Mon fils qui doit avoir dix ans de moins que vous se comporte pour autant bien moins comme un enfant. Où est-il votre tuteur ? »
Et bien sûr qu'elle gagne. Bien sûr qu'il enrage, quand elle le repousse et qu'elle lui arrache les fraises des mains. La pauvre cravate rouge de Saül en a probablement pris pour son grade. « J'aime même pas les fraises. » « Ingrate. » Et soudain, c'est l'éclair de génie, quand elle commence à filer avec le trophée. « Je suis prêt à échanger. Un verre contre les fraises. » Oui, c'est uniquement parce qu'il les veut vraiment, ces maudites fraises. Pour rien d'autre et certainement pas parce qu'il n'a finalement pas tant envie que cela de rejoindre son foyer d'homme d'affaires modèle. « J'ai vraiment besoin de ces fraises. Ne vous méprenez pas sur mes intentions. » Après tout, ils sont tous les deux mariés. |
| | | | (#)Dim 9 Aoû - 22:00 | |
| « Je vous ai déjà demandé de me vouvoyer. » « Je t'ai déjà demandé de me laisser les fraises. »
Le dialogue de sourds continuera aussi longtemps que je l'aurais décidé. Même si les clients commencent à nous envoyer le mauvais oeil, même si je les vois, qui errent autour du stand à fraise au singulier, stand qu'aucun commis d'ailleurs n'est venu remplir depuis qu'on est arrivés. C'est qu'il faut prendre pour acquis que l'humanité a soit peur de nous approcher, soit qu'elle a déjà abandonné. Contrairement à lui contrairement à moi. On fait que commencer.
« Vous êtes ridicule. » « Pareillement. »
Dialogue de sourd, deuxième édition sur une infinité donc. Il me fait pas un seul pli avec ses insultes qu'il multiplie autant que le font mes coups d'oeil agacés et mes soupirs lourds de sens. « Mon fils qui doit avoir dix ans de moins que vous se comporte pour autant bien moins comme un enfant. Où est-il votre tuteur ? » « Il existe vraiment ton fils ou c'est juste le faire-valoir le plus utilisé de la décennie? » pour qu'il en parle à toutes les phrases c'est qu'il veut se prouver qu'il est un bien meilleur père que le dit fils le mentionne, ou alors qu'il croit qu'après la centième mention je vais céder en toute bonne foi et simplement lâcher prise par pitié, blasée qu'il n'arrête pas de taper avec autant de ridicule vigueur sur un clou qui n'existe pas.
« Ingrate. » « Perdant. »
Elle fabule ma main, quand elle le repousse, quand mon majeur me démange à son intention. Lui par contre, il démange d'une revanche. « Je suis prêt à échanger. Un verre contre les fraises. » oh le pauvre, pauvre garçon. « Un verre? » je répète d'un ton plus chantant encore, ingénue, mettant un temps incommensurablement long avant de finir par me retourner complètement face à lui. « J'ai vraiment besoin de ces fraises. Ne vous méprenez pas sur mes intentions. » besoin est un mot si fort, si désespéré. « Calme-toi Romeo je méprends rien du tout. » besoin est une de ses faiblesses si facilement dégagée. C'est qu'il prend l'habitude de me les étaler aussi aisément qu'il pourra étaler ses maudites fraises de la pitié sur sa maudite tarte de la rupture.
Quand je lui lance lourdement le panier de fraises en priant pour qu'il ne l'attrape pas et que les fruits rouges s'étalent seulement grossièrement au sol, l'accord est pris le sourire aux lèvres. Le mien, de sourire. « Un Macallan, 18 ans, baril de chêne. » ses fraises vont lui coûter au bas mot 270 balles. J'en jubile. |
| | | | | | | | lonely shade of blue | willer #17 |
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