JILL & FINNLEY ⊹⊹⊹ tried to keep you close to me but life got in between, tried to square not being there but think that i should have been.

(TOOWONG, ST-VINCENT HOSPITAL). Jillian McGrath est maman. Il a eu déjà beaucoup de peine à intérioriser l’idée que Jill était mariée, mais le fait qu’elle soit désormais maman, de jumeaux qui plus est, lui paraît encore improbable, comme s’il s’agissait d’un mauvais tour joué par son esprit et qu’il allait se réveiller avec une Jill lui hurlant dessus pour l’avoir imaginée mener une vie aussi pépère. Car des deux, c’est bien lui qui aurait dû se trouver une gentille épouse, vivre dans une jolie maison dans une banlieue et construire sa petite famille si l’on suit la logique de leurs caractères et de leurs parcours personnels. Pourtant, c’est bien Jill la tornade McGrath qui s’est rangée la première et Finn ne peut s’empêcher de trouver tout cela bizarre, même s’il a parfaitement conscience que Jill est heureuse aux côtés de Bailey. Elle est toujours aussi exubérante, franche et prédisposée à malmener les autres, ce qui est rassurant dans un sens ; signe que son amie n’a pas totalement changé malgré les nombreux bouleversements que connait sa vie. Mais tout de même. Jill est maman et lorsqu’elle lui a envoyé un sms pour lui annoncer la grande nouvelle et donner le feu vert à ce qu’il vienne la visiter pour voir les deux petites merveilles, il a eu cet instant où il n’a pas pu s’empêcher de se demander si tout ceci n’était pas une plaisanterie. Ce n’est pas le cas et même s’il le sait pertinemment, il lui faudra sûrement du temps avant d’accepter que son amie est en train de créer la vie qu’il rêvait pour lui. Il ne le montrera pas, ravi que Jill ait enfin le droit au bonheur, mais il est jaloux, dans le fond. Jaloux qu’elle ait accédé à ce dont il ne peut pas prétendre, jaloux qu’elle soit en mesure de fonder cette vie de famille dont il rêve depuis des années. Mais il ne le dira pas Finn, il ne viendra pas ternir le bonheur de son amie en amenant son humeur comme un nuage noir. Il est heureux pour elle et c’est le plus important.

Il franchit les portes de cet hôpital qu’il ne connaît trop bien, baissant la tête et rasant les couloirs lorsqu’il croise un de ses anciens collègues, mal à l’aise d’errer ici vu la manière dont se sont terminées les choses. Il finit par se frayer un chemin jusqu’à la chambre de Jill, toquant doucement et attendant le feu vert pour entrer dans la pièce. « Salut. » Qu’il s’annonce en glissant sa tête à travers la porte, refermant celle-ci derrière lui, observant un peu la pièce. « C’est marrant, cette habitude qu’on a de se voir entre les murs d’un hôpital. » Son overdose, son passage à tabac (même s’il n’a aucun souvenir des visiteurs qui ont pu être à son chevet, peut-être n’en faisait-elle pas partie et il ne serait pas offusqué), tout ceci pour conclure sur une bonne nouvelle et la venue au monde de ces deux petits êtres, qui sont, par chance, dans la pièce. « Oh, ils te ressemblent. » Il annonce après s’être penché sur les deux berceaux, reprenant rapidement : « Ils ne sont pas très beaux. » Il laisse échapper un rire, fier de sa bêtise, avant d’adresser un bref regard amusé à Jill. Son attention est toutefois bien vite happée à nouveau par les deux enfants, dont il ne parvient pas à détacher le regard. « Je plaisante, ils sont magnifiques. » Il les observe encore quelques instants, avant de se tourner vers la jeune femme. « Comment tu te sens ? » Il aura encore tout le temps d’observer les deux merveilles, dans l’immédiat c’est surtout l’état de sa meilleure amie qui le préoccupe.

Jill n’est que l’ombre d’elle-même depuis qu’elle a mis les jumeaux au monde. Elle ne sourit que lorsqu’elle se force et n’a plus l’impression de ressentir quoi que ce soit. Les visites s’enchainent et elle espère qu’elle rentrera bientôt chez elle. La seule chose qui la terrifie, c’est qu’elle va devoir entrer dans sa maison avec deux inconnus qu’elle n’arrive pas à aimer. Elle regarde par la fenêtre et attend que le temps passe. Les jumeaux dorment et Bailey est quelque part dans l’hôpital. Il ne va jamais loin, il n’est rentré que pour prendre quelques vêtements de plus pour les 3 résidents de l’hôpital.

Une tête connue passe à travers la porte et c’est la tête de Jill qui se tourne. Elle penche la tête et sourit. C’est Finn qui passe la voir encore une fois. C’est une habitude les visites à l’hôpital ces derniers mois. “Moi quand tu me vois j’ai pas la tronche en sang et tu peux me reconnaitre.” Elle se souvient de sa visite alors que lui n’était pas réveillé. Qu’il était à peine reconnaissable tant son visage avait été abimé par les coups. “Ca a l’air d’aller mieux.” Ils n’ont pas une vie facile les deux, c’est sûrement pour ça qu’ils s’entendent aussi bien.

“C’est pas très beau les bébés en général.” Son rire suit celui de Finn qui n’a d’yeux que pour les jumeaux pendant de très longues minutes. “Je suis sûre que tu mens.” Elle tente de rester sur le ton de la plaisanterie. Il fait partie des personnes qui peuvent voir en un seul regard à quel point elle va mal et elle se renferme sur elle même. C’est dangereux pour elle, et dangereux pour tous ceux qui l’entourent. “Encore fatiguée mais j’ai envie de rentrer chez moi.” Seule, mais la fin de sa phrase elle la garde pour elle.

Jill ne tarde pas à réagir à sa réflexion et Finn lève un sourcil avant de se pincer la lèvre un bref instant. Touché. « Ravi de constater que la maternité ne t’a pas adoucie. » Il commente face à sa franchise, néanmoins amusé et rassuré de constater que toutes ces stupidités entourant la sagesse maternelle n’ont pas encore touché Jill dont la vivacité d’esprit ne l’épargne toujours pas, même après de longues années d’amitié. Il ne s’en offusque pas, parce qu’il la connait et surtout parce qu’elle a raison ; elle est reconnaissable et il ne pouvait pas en dire autant quelques semaines plus tôt. « Ça va. » Il se contente de répondre avec un bref soupir, s’en fichant bien de ne pas être convaincant : Jill le connaît suffisamment pour savoir qu’elle n’obtiendra pas grand-chose de plus de sa part s’il refuse d’échanger sur le sujet. Ce n’est pas tant qu’il ne veut pas que le fait de ne pas savoir quoi dire sur la situation ; il ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé – ou plutôt, cette Raelyn lui a soufflé l’idée qui est encore bien trop irréelle pour être assumée et partagée avec qui que ce soit, y compris avec Lou, la principale concernée de telles accusations. Il en reparlera à Jill s’il n’arrive réellement pas à trier l’ordre de ses pensées, pour l’instant il préfère conserver ces questionnements pour lui, d’autant plus qu’il ne doit pas être question de lui aujourd’hui. « Il y a des exceptions. » Il commente avec un haussement d’épaules, il ne peut pas nier que certains bébés ne sont effectivement pas très beaux (mais il ne le dira pas à voix haute et restera poli à défaut d’être sincère), mais ceux de Jill peuvent se targuer de faire partie de cette catégorie. En même temps, ce n’est pas très étonnant en vue du patrimoine génétique des parents, mais c’est un autre sujet. Il ne quitte pas les deux petits des yeux avant que la voix de Jill se fasse à nouveau entendre et qu’il tourne la tête vers elle, avant de faire quelques pas pour venir s’asseoir sur la chaise à côté du lit. « À moitié. » Il confirme, avant de rapidement reprendre la parole. « Eux sont beaux. Toi, par contre, tu veux fêter Halloween en avance. » Si Finn ne prend pas toujours de pincettes, il en prend encore moins lorsqu’il est question de celle qu’il considère comme sa meilleure amie et puisqu’elle a vu clair dans son jeu de sympathie, il n’a plus de raisons de se vouloir politiquement correct. Après tout, elle vient de passer des heures à expulser des mini dindes, n’importe qui ne serait pas de première fraicheur après une telle épreuve. Elle confirme qu’elle est fatiguée et il secoue doucement la tête pour acquiescer tant cela parait évident. « Tu te sens prête ? » Il la questionne, sans once de jugement, simplement par bienveillance, conscient que ce nouveau chapitre qui s’ouvre a pu être préparé pendant 9 mois ; ça ne rend pas la transition plus facile pour autant.

« Ravi de constater que la maternité ne t’a pas adoucie. » “Il manquerait plus que ça.” Ca en plus de tout le reste. Heureusement que la grossesse n’a pas changé son caractère en plus de tout ce qui se passe dans son corps et dans sa tête. Elle a encore de la réparti, et elle est ravie de voir que Finn ne sait toujours pas lui répondre. Ils ne se voient qu’à l’hôpital, et Jill est frappée par la réalité des choses. Ils ne se voient pas assez, et elle devrait faire plus attention à son ami qui est capable de se retrouver dans un lit d’hôpital à cause d’une bagarre alors qu’il est à peine capable de donner un coup de poing. Mais elle garde pour elle la remarque, elle sait qu’elle pourra la ressortir un autre jour. « Ça va. » “Si tu me mens je me lève de ce lit pour te casser la figure moi-même.” Et il sait encore qu’elle est sérieuse la McGrath.

« Il y a des exceptions. » Ils reportent leur attention sur les deux deux bébés. Ils dorment paisiblement pour une fois, et elle aimerait qu’il ne les réveille pas. Sa tête se tourne vers ses deux enfants, et elle ne ressent rien, comme à chaque fois. Si le monde savait ce qu’il se passe dans sa tête, elle passerait sûrement pour la pire personne sur cette planète. Alors elle se tait, elle sourit, elle fait comme si de rien n’était et apparemment elle arrive à convaincre le monde entier, même les personnes qui lui sont le plus proche. « À moitié. » Donc il ment. “Tu mens toujours aussi mal.” Elle hausse les épaules. « Eux sont beaux. Toi, par contre, tu veux fêter Halloween en avance. » “Je t’emmerde.” Mais il lui arrache un sourire, elle doit vraiment être affreuse si même Finn ose lui faire la remarque. « Tu te sens prête ? » “Prête pour quoi ?” Elle évite son regard, et laisse ses yeux se balader sur le paysage qu’elle aperçoit à travers la fenêtre. Elle sait exactement ce qu’il est en train de lui demander, mais elle ne veut pas répondre. Elle cherche à éviter ce genre de conversation depuis qu’elle est entrée dans cet hôpital.  

Il n’est pas surpris du manque de joie dont Jill fait preuve face aux deux merveilles qu’elle a pondues. Peut-être même qu’elle-même ne les considère pas ainsi en vue du recul dont elle semble faire preuve sur ce qui devrait être le plus beau jour de sa vie. Finnley connaît suffisamment son amie pour savoir qu’être mère de jumeaux à peine la trentaine entamée n’est pas vraiment ce dont elle rêvait ; pour autant il a la politesse de ne pas le souligner, pas maintenant du moins, autant qu’il a la sincérité de ne pas s’en offusquer ; d’autres auraient pu être perturbés par la mine déconfite de la McGrath, tenter de lui mettre l’évidence sous le nez quant à ce nouveau chapitre. Mais il ne le fait pas, Finn, parce que ce n’est pas plus une évidence pour lui que pour elle et à part se prendre un coup de poing alors qu’il se remet des précédents, pointer du doigt tout ce qui semble clocher dans cette situation ne serait d’aucun effet. Jillian a le droit de vivre les choses comme elle le désire et il ne compte pas s’y opposer – ce n’est pas son rôle et en ce sens, il serait un bien piètre ami s’il essayait de l’égayer alors qu’elle n’en a pas envie. À défaut, il réinstaure la dynamique qui est la leur, avec une Jill qui pique et lui qui s’efface, parce que c’est ainsi qu’ils fonctionnent le mieux. Pas autour de vrais sujets, pas autour de vrais événements, encore moins autour de ces deux enfants ou de son état à lui. « Je t’attends. » Il se moque en relevant le regard vers elle. Bien sûr qu’elle en est capable, pour autant il préfère la provoquer que de s’épancher sur la question. Il ment ; elle sait très bien quand il le fait, mais il y a cet accord tacite entre eux qui met en évidence qu’elle n’a pas à lui prendre la tête tout comme il ne lui prend pas la tête sur son manque d’émotions suite à son accouchement. Elle peut lui casser la figure si elle le veut, il en est ironiquement préparé, mais qu’elle ne lui demande pas de détailler, tout comme il ne le fait pas de son côté.

Et même s’il est avant tout venu voir son ami, le fait que les deux bébés soient dans la pièce est ce qui fait de lui un piètre ami, alors qu’il ne peut s’empêcher de leur adresser des regards, de sa jalousie bien dissimulée quant au fait qu’elle ait le droit à la vie de famille à laquelle il aspire. « Ça fait longtemps que tu ne me donnes plus de cours. » Il rétorque à son tour alors qu’il relève les yeux vers la jeune femme pour poursuivre dans ses piques – à croire qu’elle doit accoucher plus souvent pour être dans un état second et lui permettre de prendre l’avantage dans leurs échanges. Il exagère un sourire des plus agaçants en guise de réponse à son insulte, tandis qu’il lui pose une simple question dont  elle balaie toute forme de réponse sincère. Il a compris le message, depuis le temps qu’il la côtoie il sait très bien que ça ne sert à rien d’insister. Pour Finn dont la bienveillance se mélange parfois à de l’acharnement, il s'est fait suffisamment remettre à l’ordre par le passé pour ne pas tenter le diable aujourd’hui. Et surtout, elle fuit son regard. Depuis quand Jillian McGrath fuit son regard, elle qui a passé des années à le soutenir juste pour l’emmerder et le rendre mal à l’aise ? L’indice est suffisamment gros pour qu’il s’en saisisse. « Pour brainstormer trouver notre nouveau code d’urgence. » Il se reprend en venant s’asseoir sur le fauteuil près de la jeune femme. Pas qu’ils en aient eu un par le passé, mais il semble que l’occasion s’y prête désormais. « Tu sais, le mot que tu m’enverras par sms pour que je comprenne qu’il faut que je vienne te sauver. Ou vice-versa. » Et à cette réflexion, son regard se porte vers Bowie et Tracy. Il ne croit pas vraiment à cette seconde option, après tout ce n’est pas lui qui dit adieu à toute notion de sommeil ; mais il s’abstient de le souligner. « C’est pas parce que tu m’as piétiné dans mon égo en m’oubliant des parrains que je peux pas jouer au baby-sitter. » Il fait usage d’un humour qui ne lui ressemble pas pour détendre l’atmosphère, avant de poursuivre : « J’ai de l’expérience dans le domaine. » S’il avait su qu’avoir une mère aux abonnés absents lui serait bénéfique, un jour.

Elle lève les yeux au ciel « Je t’attends. » Même enceinte et déprimée elle aurait le dessus sur lui, elle en est certaine. Mais elle doit se faire discrète dans l’hôpital. « Ça fait longtemps que tu ne me donnes plus de cours. » Elle hausse les épaules. Ils ne se voient pas souvent, mais elle n’a pas vu beaucoup de monde pendant sa grossesse.

Il demande si elle est prête et elle ne veut pas répondre à cette question. Elle a bien trop entendu cette question pendant ces quelques semaines. A d’autres, elle peut répondre qu’elle est prête et que tout va bien, mais pas face à lui. Elle détourne la question, elle veut qu’il change de conversation sinon elle va se braquer aussi avec lui, et il capte le message le jeune homme. Elle ne cache pas son sourire en coin, un merci silencieux quand il ne parle pas vraiment de son incapacité à devenir la mère que tout le monde attend. « Pour brainstormer trouver notre nouveau code d’urgence. » “Faut que ce soit un mot en rapport avec la nourriture histoire d’être discret.” Elle fait mine de réfléchir. “Chamallow par exemple.” Et la voilà qui aimerait manger des tonnes de bonbons, et elle ne peut même pas mettre ça sur le dos des hormones. Les petits bruits de Tracy sont là pour lui rappeler qu’il n’y a plus rien dans son ventre. « Tu sais, le mot que tu m’enverras par sms pour que je comprenne qu’il faut que je vienne te sauver. Ou vice-versa. » “C’est toi que je vais devoir sauver à coup sûr !” Elle a bien besoin d’un mot de secours elle aussi. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. « C’est pas parce que tu m’as piétiné dans mon égo en m’oubliant des parrains que je peux pas jouer au baby-sitter. » “Ces enfants vont être encore plus surveillés que la reine d’Angleterre.” Elle lève les yeux au ciel et sourit une nouvelle fois. « J’ai de l’expérience dans le domaine. » “Tu veux être ma babysitter attitrée ?” Elle va en avoir besoin, c’est certain.

Et il a touché un point sensible, mais il le savait en posant la question. Peut-être que cela aurait dû justifier de s’abstenir, mais il n’aurait pas été un vrai ami s’il passe sous silence les sujets qui fâchent, parce qu’entre eux il n’y a jamais eu de problèmes à les évoquer. Il ne prend pas de pincettes, Finn et Jill en fait les frais. Elle qui, d’ordinaire, n’a jamais aucun souci à faire entendre son opinion, à s’affirmer, à dire ce qu’elle pense, la voilà qui évite la question, qui répond à côté. Il ne sait pas s’il devrait s’en inquiéter, tout ce qu’il sait c’est qu’il essayera d’être moins fuyant qu’au cours des derniers mois où il a volontairement évité le commun des mortels. Ce que cette entrevue lui fait réaliser, c’est que Jill aura besoin de lui pour supporter ce rôle de mère qui l’attend. Pas qu’il pense être plus doué qu’elle ou qu’il puisse lui être vraiment utile, il ne se donne pas un rôle plus important que celui qui sera réellement le sien, mais il a de l’expérience avec Bryn et à défaut de trouver les mots, il pourra au moins être à ses côtés en cas de nécessité. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est mieux que rien et il s’accroche à cet adage. Il ne poursuit pas sur cette lancée, alors qu’il préfère souligner le fait qu’il reste là pour elle malgré l’éloignement qui a été le sien ces derniers temps. Il est là et personne ne pourra enlever cela. « Va pour Chamallow. » Il acquiesce, bien qu’il aurait été préférable de faire usage d’un mot qu’il est certain de ne pas utiliser et pour lui qui se nourrit exclusivement de bonbons... soit, il tâchera d’être vigilent pour ne pas créer de fausses alertes. « Ne prends pas tes désirs pour la réalité. » Il se contente de souligner par la suite lorsqu’elle prétend être celle qui le sauvera ; pour l’heure, les rôles semblent inversés et que ça lui convienne ou non, c’est bien le cas de figure auquel ils sont confrontés. C’est elle qui doit assumer ce nouveau rôle, c’est elle qui se retrouve déjà dépassée, c’est elle qui doit changer drastiquement sa vie pour s’adapter à cette nouvelle situation. Lui, de son côté, continue d’être libre – même si c’est un avantage qui a peu de poids face aux regrets que sont les siens de ne pas pouvoir bénéficier du même statut que Jill, lui qui se rêve père depuis de nombreuses années. « Pourquoi pas. » Il souligne quand elle lui propose le poste de babysitter ; il en rigole, pourtant l’un et l’autre savent qu’il n’en sera jamais rien. Il ne se sent pas légitime dans ce rôle, même pour deux heures, ayant peur de ne pas être dans les meilleures dispositions pour ce rôle. Et pourtant, il vient de se proposer. C’est à ne rien y comprendre. « J’ai besoin d’argent, de toute façon. » Qu’il conclut en souriant, son regard qui s’attarde un bref instant sur Jill avant qu’il ne lui fasse cadeau d’un silence immédiat, puis d’une disparition après quelques piques encore bien envoyées avant de partir, pour lui faire comprendre que si eux ont changé, le lien qui les unit, lui, ne bouge pas malgré les épreuves.

@Jill McGrath-Fitzgerald