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 old friends, old memories (rudy)

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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyLun 10 Aoû 2020 - 19:03



@RUDY GUTIÉRREZ & DANIKA RILEY
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Danika s’était retrouvée à la foire avec cet ami qu’elle n’avait pas vu depuis longtemps. Il voulait absolument faire une séance de spiritisme et elle avait levée les yeux au ciel, forcée de l’accompagner.  En rentrant dans la petite tente elle avait tout de suite trouvé l’endroit bizarre il y avait un étrange perroquet à la porte qui était en train de déblatérer des poèmes.  Son ami la traine. « Allez Danika ça va être marrant tu vas voir. » Ils entrent et ils trouvent une petite vieille assise sur un haut tabouret, elle parait plus grande que tout le monde alors qu’elle est minuscule. La séance de spiritisme commence, la petite vieille leur fait jouer en pendule et ils se retrouvent à essayer de communiquer avec les esprits des morts. C’est là que soudain, dans la séance de spiritisme ette est persuadée d’avoir vu un esprit. Il y avait le reflet de sa grand-mère dans le miroir elle en est certaine. Danika secoue la tête en train de se faire avoir par la petite vieille qui est tout bonnement un charlatan. La brune annonce qu’elle préfère se faire tirer les cartes et la vieille commence à lui sortir des banalités sur son avenir. Jusqu’à ce que soudain elle la fixe dans le blanc des yeux avec un ton d’outre-tombe.« Un de vos anciens amis est de retour dans votre vie après avoir été emprisonné. »

La remarque jette un froid cette fois-ci. Danika ne peut s’empêcher de regarder la petite vieille qui n’a plus toutes ses dents avec ses habits multicolores. Elle ne connaissait qu’une seule personne qui remplissait ces deux définitions. Ancien ami. Rudy Gutierrez remplissait-il encore cette définition ? Etait-il un ami tout court ? Si elle avait vraiment dû être honnête, elle aurait dû dire oui.  Peut être qu’un jour il l’avait été. Parce que Rudy et elle, les chamailleries dataient du bac à sable, du genre à se taper dessus pour aller sur la balançoire le premier, se tirer les cheveux, se voler les jouets. Deux gamins forcés de vivre ensemble par des mères proches, amies elles, contrairement à leurs deux gamins avec quelques mois d’écart.  Pourtant la mère de Danika était partie et Danika n’aurait eu aucune raison de revenir jouer avec Rudy. Mais elle était revenue, parce que Maritza la mère de Rudy lui proposait toujours de venir manger ou de prendre le goûter. Parce ce que malgré tout la petite gamine qu’elle était s’était faite une place dans cette famille trop nombreuse et qu’elle s’y accrochait désespérément, à la recherche d’une figure maternelle qu’elle n’avait plus.  Mais ce n’était pas que pour Maritza qu’elle était restée elle le savait.  Rudy était un petit con. Rudy était un vaurien. Rudy était du genre à l’entraîner dans n’importe quelle connerie. Rudy était insupportable, un sale emmerdeur. Pourtant Rudy était son ami malgré tout. Et ce petit con était en prison depuis deux ans et elle ne lui avait pas adressé la parole depuis qu’elle lui avait promis de ne pas en parler. Elle ne savait donc pas s’il était sorti et les paroles de la petite vieille venait pour la première fois de lui faire se poser la question. Elle laisse donc son ami en plan, annonçant qu’elle devait rentrer. En sortant, le perroquet s’était mis à réciter  « Apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. Le Corbeau honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus. » Ce fut assez pour Danika qui décida que plus jamais elle ne mettrait les pieds dans cet endroit où tout le monde aurait mieux fait d’aller se faire soigner.


Les jours étaient passés et elle ne savait pas bien ce qui l’avait incitée à se rendre chez Maritza. Cela faisait un moment qu’elle n’était pas allée la voir et elle était passée pour prendre un café dans l’après-midi. Lorsqu’elle lui avait ouvert la porte, elle avait serré la jeune femme dans ses bras, réalisant que cela faisait plus d’un mois qu’elle ne l’avait pas vue. Elle s’était faite engueulée pour ne pas donner de nouvelles et un large sourire était apparu sur le visage de la brune qui s’était excusée plusieurs fois, se laissant entraîner dans la cuisine pour prendre le café, lui racontant ses changements de boulots et les derniers évènements. La question avait finalement été posée. « Et Rudy ? » Le visage était neutre. Celui de Maritza prit une expression similaire. « Sorti. » Danika ne posa pas d’autres questions et la conversation reprit sur des sujets plus joyeux, jusqu’à ce qu’on sonne à la porte.

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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyLun 17 Aoû 2020 - 14:02

J’vais v’nir une fois par semaine, qu’il avait dit à sa mère, sur le seuil de sa porte. Elle n’était pas d’accord avec cette idée et pourtant, elle n’avait pas pu se résoudre à le lui interdire, puisqu’elle lui avait déjà refusé l’accès à plein temps, l’obligeant ainsi à se trouver un autre endroit où vivre que chez elle. Contrairement aux attentes de sa génitrice, il avait répondu à sa promesse toutes les semaines ; aujourd’hui encore. Il n’aime pas se retrouver devant cette porte et devoir attendre que quelqu’un vienne lui ouvrir, car à l’époque, il entrait comme chez lui. Car à l’époque, c’était chez lui. La semaine dernière, il était venu un samedi à dix-huit heures. Aujourd’hui, ce n’est pas le même jour, ce n’est pas la même heure. Et ça a été comme ça à chaque fois qu’il est venu : il soupçonne très fortement que si elle arrive à deviner le jour et l’heure de sa venue, elle fera en sorte de ne pas être chez elle à ce moment précis, emmenant María avec elle. Car elle sait que si son fils aîné lui rend visite, ce n’est pas pour ses beaux yeux, uniquement pour sa rédemption : il veut être le plus possible auprès de sa petite sœur, malade, car il pense que si elle a contracté ce sale truc c’est pour le laver lui de tous ses péchés. Comme une vengeance du ciel sur un des membres de sa famille. Sa mère a tenté de lui expliquer un bon nombre de fois qu’il n’est pas le centre du monde et que ça n’a rien à voir avec lui, il ne cesse de remuer le couteau dans la plaie quand il voit sa petite sœur, s’insultant lui-même tout en la câlinant et en la rassurant, elle, en lui disant que tout ira pour le mieux. Mais à lui, qui lui dit que ça ira bien ? Personne. Après quelques minutes à attendre, il entend enfin du bruit derrière la porte et sa mère lui ouvre, un air assez grave sur le visage. Salut m’man, qu’il dit, alors qu’il dépose un baiser sur sa joue après être entré. Elle n’a pas le temps de lui dire qu’elle a de la visite et qu’il ferait mieux de repasser plus tard, il se dirige déjà vers le salon où il sent ce parfum qu’il ne connaît que trop bien. Danika. Il regarde autour de lui une seconde puis se rend dans la cuisine, où il la retrouve attablée derrière un café. J’pensais que les fantômes, on les croisait qu’au cimetière. Qu’il dit alors, en portant son regard glacé sur elle. Elle est venue lui rendre visite en prison, une fois, là où il lui a demandé le même service qu’aux personnes les plus proches de lui : ne pas s’amuser à venir le voir tous les trois jours et ne jamais rien dire à Lena de tout cela. Il a été celui qui a annoncé à la blonde son emprisonnement et il n’a pas eu régulièrement des nouvelles d’elle, alors elle a respecté ses deux ordres sans rechigner. Sa mère les rejoint enfin dans la cuisine et regarde les deux jeunes gens avant de hausser ses épaules. Je vais aller voir María quelques minutes, et elle s’éclipse vers la chambre de sa cadette, une échappatoire comme une autre pour ne pas assister à ces retrouvailles. Il ne peut pas reprocher quoi que ce soit à la brune, Rudy, il n’a pas pris le temps de l’informer de sa sortie de prison. Il aurait pu, c’est vrai, il aurait dû, c’est vrai. Il contourne la table pour se rapprocher d’elle et pousse sa chaise de son pied, doucement, pour l’inciter à se lever. Tu vas m’faire la bise, quand même ? Qu’il demande avec un air d’ange qui ne lui correspond que très peu. Ils ont des tas de choses à se reprocher, tous les deux, des années d’amitié et d’engueulades à rattraper, aussi. Tu m’expliques c’que tu fais chez ma mère ? Il insiste bien sur le « ma », car c’est la sienne, jusqu’à preuve du contraire. Il sait que sa mère la portait dans son cœur, tout comme elle portait Raphael, mais il commence à en avoir un peu marre qu’elle accepte tout le monde plus que son propre fils.

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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyMar 18 Aoû 2020 - 8:46



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La voix elle pourrait la reconnaître entre mille. Le corps se crispe. Elle n’était pas prête à le voir. Cela faisait longtemps qu’elle avait décidé de se détacher de lui et de ses conneries. Pourtant il est là et elle ne peut pas fuir. Alors elle force ses muscles à se détendre, à prendre une posture nonchalente avant qu’il n’entre dans la pièce, jouant d’une main avec son briquet, le faisant tourner entre ses doigts pour rester calme.

Il débarque dans la cuisine. « J’pensais que les fantômes, on les croisait qu’au cimetière. » Il la regarde avec son regard froid.  Elle lui sourit tout aussi glaciale et réplique tranchante. « J’pensais que les taulards, on les trouvait qu’en taule. » Elle l’observe lentement.  Les cheveux bruns, les angles de son visage. Il y a de ces gens qu’elle aimerait détester et qui pourtant restaient profondément liés à tout ce qu’elle était. Rudy c’était ça.  C’était ça dans toutes les conneries dans lesquelles il l’avait entraîné avec son air de défi et son sourire de petit con. C’était ça après deux ans sans nouvelles, sans échanges, l’amitié lointaine oubliée. Pourtant il y avait toujours ce lien quand elle le regardait, un sentiment que peu importe toutes les conneries qu’il ferait, il restait sa famille. Et elle le détestait pour ça.

Elle ne bouge pas, ne regarde pas la mère Gutièrrez lorsqu’elle entre dans la pièce. Son regard reste fixé sur l’homme en face d’elle. Elle cherche les signes du temps passé, essaye de deviner ce qui a pu changer dans l’homme en face d’elle. Qui est-t-il ? Qui est-elle ? Ils sont deux inconnus qui se connaissaient trop bien.  Elle ne peut s’empêcher de voir le gamin qu’il avait été encore et toujours, les conneries faites, les insultes échangées. Ca tourne en boucle dans son esprit, elle ne dit rien. Maritza fait le choix de les laisser à leurs retrouvailles. Danika n’était pas sûre qu’elles allaient bien se passer. Elle n’était plus certaine d’avoir envie de retrouver cette amitié empoisonnée.

Il pousse sa chaise et le simple mouvement l’agace déjà comme si l’homme avait été fait pour l’emmerde. « Tu vas m’faire la bise, quand même ? »  Elle lève les yeux au ciel, se lève et lui claque une bise, juste avant de venir lui donner un léger coup dans le ventre, rapide et précis, pour l’emmerder plus que pour le blesser. « Ca c’est pour pas m’avoir prévenue que t’étais sorti ducon. »  Grand sourire de nouveau, toujours aussi moqueur.

« Tu m’expliques c’que tu fais chez ma mère ? » Elle se rassoit, boit une gorgée de café. « Parce que j’ai pas le droit d’aller voir ta mère maintenant ? Contrairement à toi elle m’a pas dit de pas aller la voir elle. » Un air de défi.  C’était un peu exagéré, quand elle avait été la première à vouloir couper les ponts avant même qu’il aille en taule, ayant l’impression de perdre complètement le contrôle, trop entraînée dans leurs conneries à Lena et lui. Mais lorsqu’elle avait appris qu’il était en prison, elle était allée le voir.  Parce qu’elle était loyale et l’idée qu’il soit enfermé, ça la bouffait. Elle lui avait promis ce jour-là de ne rien dire à Lena et elle s’était promis de ne plus jamais voir la tête de cet homme qu’elle était incapable d’aider. Elle n’était même pas sûre qu’il ait envie d’être aidé en réalité.

Elle se lève de nouveau lui sort une tasse prend un air aussi innocent qu’interrogateur. « Jte sers du café ? » Danika le fait exprès de faire comme si elle était comme chez elle, de lui montrer qu’elle, elle avait été là pour sa famille à lui, quand lui n’avait rien trouvé de mieux que d’aller en prison.  C’était peut-être pour ça aussi qu’elle lui en voulait. Pour Maritza et pour Maria, pour toute cette famille qu’il avait fait le choix d’abandonner avec ses conneries.


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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyJeu 24 Sep 2020 - 22:23

J’pensais que les taulards, on les trouvait qu’en taule. Elle est piquante, glaciale. Elle a la répartie lourde, Danika. Ça a toujours été le cas et Rudy adorait ça. Parce que face à lui, quand il était avec elle, il avait à la fois une alliée remarquable et une redoutable adversaire. Ils pouvaient se disputer et se réconcilier dans la même phrase : une remarque vexante était tantôt destinée à être blessante, tantôt dans le but de taquiner. C’est ce qu’il aimait chez elle, ce qu’il n’est plus sûr d’apprécier aujourd’hui : car à l’heure actuelle, il ne sait pas si elle lui répond de la sorte pour l’attaquer ou pour rire avec lui. Sa mère et la petite sont à proximité, le brun le sait, et il n’a pas l’intention de faire une scène devant elles, chez elles. Il doit se faire pardonner pour tous ses excès, pas en ajouter de nouveaux à la liste et se faire rejeter indéfiniment. Il paraît qu’ça existe les remises en liberté, c’est comme une évasion mais ça prend un peu plus d’temps. Ce sont finalement les seuls mots qui sortent de sa bouche, sarcastiques au possible. Il aurait pu s’évader et rentrer chez lui bien plus tôt – ou il aurait mis des années à le faire comme dans certaines séries – mais il a préféré la voie de la sagesse, attendre calmement son tour. S’il avait fait le con là-bas, il y serait encore, il est assez fier de lui-même d’avoir tenu ses quelques promesses faites à lui-même et de ne pas avoir aggravé son cas. Elle se lève, lui fait cette fameuse bise avant de lui donner un coup dans le ventre : plus par prévention qu’autre chose, si elle avait voulu le blesser, elle aurait tapé un tout petit peu plus bas. Ça c’est pour pas m’avoir prévenue que t’étais sorti ducon. Un sourire se dessine sur ses lèvres, elle a toutes les raisons du monde de lui en vouloir : il a voulu qu’elle se tienne à l’écart de lui durant sa détention et n’a pas pris la peine de la prévenir une fois à l’extérieur. Leur amitié est sérieusement amochée et même si les reproches semblent faussés, ils sont véridiques, sincères. J’avais mieux à faire à c’moment là. Tu l’sais depuis combien d’temps ? Depuis sa sortie, il a eu le temps d’emménager chez Raphael et revoir Lena. Elle est d’ailleurs l’une des personnes à qui il a demandé de ne rien dire à la jolie blonde, en sachant leur proximité, en sachant que l’information pouvait fuiter au détour de n’importe quelle conversation. Il était son petit ami, à l’époque, c’était normal qu’elle demande des nouvelles de lui : et pour Rudy, c’était normal que le monde entier lui mente, parce qu’il ne voulait pas assumer ses torts. Aujourd’hui encore, il préfère les lui mettre sur le dos que d’accepter d’avoir autant dérapé. Il lui demande ce qu’elle fait chez sa mère car il aurait aimé se retrouver seul à seul avec sa génitrice et, maintenant qu’ils se font face, il est sûr et certain qu’elle ne va pas s’en aller tout de suite. Ils ont des années à rattraper et elle serait bien capable de lui imposer en une seule après-midi. Parce que j’ai pas le droit d’aller voir ta mère maintenant ? Contrairement à toi elle m’a pas dit de pas aller la voir elle. Ouais, et… ? Il lui pose la question sincèrement, comme s’il était incapable de faire le rapprochement entre sa mère et lui. T’sens pas visée personnellement si j’t’ai demandé d’plus v’nir, personne en avait réellement l’autorisation, j’étais mieux seul. Et dans cet acte, il était à la fois généreux et égoïste, car c’est à la fois difficile et salvateur pour une personne extérieure de rendre visite à quelqu’un en prison. On se sent mieux parce qu’on a des nouvelles, on se sent ensuite mal car on la laisse à l’intérieur en rejoignant la liberté. Il savait qu’il s’était mis tout seul dans cette galère et il voulait l’affronter seul – il a eu ce droit, à quelques détails près. Elle attrape une tasse et lui demande s’il veut un café, il secoue son visage de gauche à droite. Nan, merci. Mais j’t’invite pas à te servir, t’as l’air d’savoir où tout se trouve. Elles sont récurrentes tes visites ? Jaloux, par rapport à sa mère, il l’a toujours été. T’as pas mieux à faire aujourd’hui, d’ailleurs ? Il suit ses gestes du regard, le ton empli de reproches alors qu’il y a quelques secondes il était bien plus doux, il essayait de se dédouaner. En deux ans t’as pas su qui aller faire chier d’autre qu’ma famille, sérieux ? Sous-entendu, est-ce qu’elle a un copain, des amis, tout un nouvel entourage que Rudy ne connaît pas – encore – ou est-ce qu’elle en est restée au même point ?

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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyDim 27 Sep 2020 - 19:28



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«  Il paraît qu’ça existe les remises en liberté, c’est comme une évasion mais ça prend un peu plus d’temps. »  Elle n’y peut rien, ça lui arrache un demi sourire. Parce qu’elle l’aime son sarcasme même si elle lui ferait bien bouffer chaque mot. « Au moins t’as pas fait de connerie en prison, pour toi ça relève presque du miracle. » Elle roule des yeux Danika, pourtant elle est au moins contente qu’il n’ait fait qu’aucune idiotie pour prolonger sa peine. Il avait assumé, avait fait ses deux ans et était sorti. Si comme tout le monde elle lui en voulait un peu d’avoir fini derrière les barreaux, qui était-elle au fond pour juger. « Toi t’évader j’y crois pas une seule seconde par contre. T’as grillé trop de neurones. » Elle tapote sa tempe de ses doigts, provocatrice et moqueuse.  Elle a toujours aimé l’emmerder, une de ses passions favorites. Et leurs retrouvailles n’y échappent pas. Même si aujourd’hui elle est plus piquante, rappelant ses excès.  

«  J’avais mieux à faire à c’moment là. Tu l’sais depuis combien d’temps ? » Elle lève les yeux au ciel. Elle est un peu blessée au fond qu’il ne lui ait pas dit. Mais après tout elle avait aussi coupé les ponts, pourquoi serait-il revenu vers elle quand déjà avant qu’il ne parte en taule elle s’était progressivement éloignée ?  « Un moment. » Aujourd’hui. Elle se tait pourtant, ne dit rien, se dit que peut être que ça le fera culpabiliser un peu de pas être venu lui dire avant. Tu parles, elle le connait trop bien, il culpabilisera pas. Elle aimerait pourtant lui dire qu’elle aurait voulu avoir de ses nouvelles, qu’il lui avait manqué. Les mots ne sortent pas. Elle ne sait pas comment lui parler au fond.

« Ouais, et… ? T’sens pas visée personnellement si j’t’ai demandé d’plus v’nir, personne en avait réellement l’autorisation, j’étais mieux seul. »

C’est presque une excuse et elle n’en revient pas. Elle pose son regard marron sur lui, fixe son visage longuement. Et comme toujours elle est un peu trop honnête, un peu trop blessante. «  De toute façon j’sais pas si je serais venue. » Haussement d’épaule. C’est la vérité, ils le savent tous les deux.  C’était peut-être ça le problème, qu’ils soient trop honnêtes sur certaines choses et pas assez sur d’autres.  Elle assume son regard. Elle est là toute l’ironie, de lui en vouloir de pas l’avoir laissé aller le voir, mais de n’être même pas sûre d’avoir eu envie de le voir. Il était mieux seul, il l’avait toujours été. Et elle se disait parfois que s’il ne pensait pas comme ça, peut-être qu’elle aurait pu l’aider. Peut-être qu’ils auraient pu se parler.

« Nan, merci. Mais j’t’invite pas à te servir, t’as l’air d’savoir où tout se trouve. Elles sont récurrentes tes visites ? »  Sourire carnassier, pour bien lui faire comprendre qu’elle a été là quand il ne l’était pas. Un reproche de plus.  Il est jaloux elle le voit et elle n’en a rien à foutre.   « T’as pas mieux à faire aujourd’hui, d’ailleurs ? En deux ans t’as pas su qui aller faire chier d’autre qu’ma famille, sérieux ? » Le visage se ferme parce qu’elle pourrait lui dire alors que finalement elle n’a plus que sa mère comme famille. Que c’est ça ce qui lui reste, les Gutièrrez et leur affection qui avait été donnée facilement car elle ne s’était jamais sentie de trop entre ces murs.  Elle pourrait lui dire pour son père, pour son monde écroulé, pour toute sa vie qui est partie en couille sans qu’elle ne contrôle quoique ce soit. Elle ne sait pas comment lui dire, tout est compliqué avec Rudy quand parfois elle aimerait juste pouvoir lui parler avec simplicité et serrer ce petit con dans ses bras sans rien attendre en retour. Mais ce n’était pas eux, ça ne l’avait jamais été. « Fallait bien que quelqu’un soit là non pour ta famille ? Toi en tous cas tu l’étais pas. » Il est facile le reproche qu’elle prononce d’une voix glaciale. Elle n’aime pas qu’il la fasse se sentir de trop quand ça fait des années qu’elle vient ici, des années que Maritza est son refuge. « J’viens souvent. Tous les mois. Voir plus. J’ai jamais arrêté de venir. » Elle avait juste coupé les ponts avec lui, pas avec le reste des Gutièrrez, ni avec Maritza ni avec Alma, ni avec le reste de la fratrie. Elle s’est de nouveau assise à la table et elle boit la tasse de café.  Elle ne sait pas comment rattraper le temps perdu, elle ne sait pas lui parler. « T’as fait quoi depuis que t’es sorti ? » T’as vu qui, t’as fait quoi, tu deviens quoi, tu veux devenir quoi, qui est tu ? Tant de questions dans ce regard plein de flamme qu’elle pose sur lui. Pourtant les questions ne sortent pas.

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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptySam 10 Oct 2020 - 13:50

Elle sourit à sa remarque et ça le fait sourire, à son tour. Parce que même si elle essaie d’avoir mauvais caractère avec lui, elle ne peut pas s’empêcher d’apprécier ses conneries. Ça a toujours été le cas : dès qu’il était décevant, dès qu’il faisait une bêtise, il suffisait qu’il reste lui-même et ça finissait par passer. Il n’est pas certain que ça passera réellement, cette fois : deux ans à rattraper, ça ne se fera pas en quelques phrases sarcastiques, loin de là. Au moins t’as pas fait de connerie en prison, pour toi ça relève presque du miracle. Il hoche doucement son visage. T’sais bien qu’j’ai toujours préféré sortir du lot. Là-bas ils s’foutaient sur la gueule tous les jours alors pour être différent, j’devais rester sage. Évidemment, ce n’est pas la vérité. Il n’a rien fait parce qu’il voulait sortir. Il avait besoin de sortir, il croyait étouffer, là-bas. Et il savait que pour s’en aller au plus vite, il devait rester calme et exemplaire, prendre sur lui. Il savait qu’il pourrait redevenir lui-même une fois dehors et, vu ce qu’il s’est passé depuis sa sortie, il avait raison. Il est de nouveau le Rudy Gutiérrez que tout le monde connaît – plus pour le pire que pour le meilleur. Toi t’évader j’y crois pas une seule seconde par contre. T’as grillé trop de neurones. Un rire sincère s’échappe, c’est vrai que de lui-même il n’aurait jamais pu organiser une évasion. Dès que j’voyais un mec tatoué sur tout l’corps j’lui demandais si j’pouvais voir les plans et il m’regardait chelou. La fiction rattrape jamais la réalité, j’te l’dis. Référence à prison break, il en fallait au moins une.

Il lui demande depuis combien de temps elle sait qu’il est sorti. Un moment. Il accepte la réponse, il en aurait voulu une autre. S’il n’a pas de nouvelles, elle n’a pas cherché à le recontacter. Il la sentait distante avant son emprisonnement, et ça s’est confirmé une fois à l’intérieur de sa cellule. Leur amitié ne se terminera pas aussi facilement, aussi bêtement. Ils le savent tous les deux et pourtant, ils n’arrivent pas à mettre de mots là-dessus. C’est comme ça, et c’est tout. Hé ben… cool ? Il hausse ses épaules. Fallait pas hésiter à m’faire un coucou ou à m’rappeler. J’ai l’même numéro qu’à l’époque. Il ne sait pas vraiment quoi dire. S’il n’a pas fait l’effort de la prévenir, elle n’a pas fait l’effort de lui dire qu’elle savait. Ils sont dans le même bateau, partagent les mêmes torts. Et même si dans la logique des choses c’était à lui de faire le premier pas, il ne veut pas penser de la sorte : il n’a rien à se reprocher, point final.

Il lui dit qu’il préférait être seul. C’était aussi vrai en prison que dans sa vie personnelle, à l’époque. Rudy est un grand solitaire. Et même s’il y a toujours du monde autour de lui, personne n’arrive réellement à le comprendre. Ça renforce son besoin de ne pas parler, de ne pas faire confiance. Pourtant, il croit en Danika plus qu’il n’ose l’admettre. Elle ne l’a jamais réellement lâché. Partiellement à une époque, c’est vrai, mais elle est toujours là aujourd’hui. En le voyant entrer, elle aurait pu lui dire qu’elle était sur le départ et s’en aller. Elle est là, elle lui parle, elle ne le lâche pas. De toute façon j’sais pas si je serais venue. Il sait très bien qu’elle ne l’aurait pas fait. Moi j’pense que si. Une fois ou deux, pour m’montrer qu’t’es là et puis t’en aurais eu ta claque et ça aurait été compréhensible. Il y a rien d’fun à aller voir un type en prison, qu’ce soit ton pote, ton frère, ton fils ou ton mec. Ça sert à rien. Il est là aujourd’hui, il était très bien seul là-bas. Il n’y a rien à dire de plus.

Il lui reproche sa présence ici. Il préfère être sur la défensive que l’accepter pleinement. Parce que là où il n’est pas à sa place, il a l’impression que tout le monde va et viens. Et lui, alors ? Pourquoi lui, on le rejette toujours ? Fallait bien que quelqu’un soit là non pour ta famille ? Toi en tout cas tu l’étais pas. Il tape dans ses mains, comme pour l’applaudir. Bravo, bravo ! On me l’avait pas encore dite celle-ci. Alma n’a de cesse de lui répéter qu’elle était là, elle, quand il était là-bas. Elle et ses frères, elle et sa mère, elle et Raphael, elle et le reste du monde. Parce que c’est une évidence, un fait. Il ne le prend plus comme un reproche, il l’accepte et commence à s’en foutre. Ça l’énerve encore un peu mais il préfère passer au-dessus que mordre à l’hameçon. J’viens souvent. Tous les mois. Voir plus. J’ai jamais arrêté de venir. Au fond de lui, ça le soulage quand même. Elle est un point d’ancrage pour sa mère, une relation qu’elle n’aurait pas aimé perdre. Et même s’il jalouse d’une part, il l’accepte d’une autre. T’as fait quoi depuis que t’es sorti ? Il marche un peu dans la cuisine et va s’asseoir sur une chaise. J’ai emménagé chez Raphael, j’ai rompu officiellement avec Lena et j’me suis trouvé du boulot. C’est d’jà pas mal. Il n’aime pas vivre chez le danseur, il crève d’être séparé de la blonde et il n’apprécie pas forcément son nouveau travail. Mais c’est déjà pas mal, oui.

@Danika Riley :l:
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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyMer 14 Oct 2020 - 22:31



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« T’sais bien qu’j’ai toujours préféré sortir du lot. Là-bas ils s’foutaient sur la gueule tous les jours alors pour être différent, j’devais rester sage. » Le demi sourire reste. Il n’a pas changé. Ca la rassure, comme si elle pouvait prétendre que les années ne sont pas passées, qu’il n’a pas été en prison, qu’elle n’a pas fait le choix de s’éloigner. Comme si elle pouvait prétendre qu’ils sont encore les deux gamins qu’ils avaient été. Il rit et son sourire s’élargit un peu plus sincère. Parce que ça fait longtemps. « Dès que j’voyais un mec tatoué sur tout l’corps j’lui demandais si j’pouvais voir les plans et il m’regardait chelou. La fiction rattrape jamais la réalité, j’te l’dis. » C’est à son tour de rire. « C’est bien t’as dû te faire des potes avec ça. » Dani prononce les mots comme une blague et comme une façon de se rassurer. Car elle se dit malgré tout qu’il a dû se sentir seul. Oublié dans son cachot pendant deux ans. Une part d’elle culpabilise malgré tout de ne pas avoir pris de nouvelles, de ne pas avoir été là.  

Il prend la nouvelle de sa découverte sans que la surprise n’apparaisse sur son visage. S’il savait qu’elle le sait simplement depuis aujourd’hui. Mais non, elle préfère lui laisser penser qu’elle a fait le choix de ne pas appeler, de ne pas reprendre contact. C’est plus simple pour sa fierté. Parce que lui non plus ne l’a pas prévenue. « Hé ben… cool ? Fallait pas hésiter à m’faire un coucou ou à m’rappeler. J’ai l’même numéro qu’à l’époque. » Encore cette pseudo indifférence, ça lui donnerait presque envie de lui faire bouffer ses dents. Mais elle ne dit rien Danika. Alors qu’elle a envie d’hurler soudain. T’étais pas là. T’étais où quand il est mort, t’étais où ? Pourquoi t’étais en prison quand t’aurais dû être avec moi ? Les mots ne sortent pas pourtant quand elle regarde un de ses plus vieux amis. Elle hausse les épaules. « T’aurais pu m’appeler toi, pourquoi tu l’as pas fait ? » Peut être parce qu’ils étaient aussi peu doués l’un que l’autre. Ils pouvaient se la refiler longtemps cette patate chaude de la palme d’or de l’amitié ratée, comme deux petits cons se regardant en chien de faïence chacun du coin de leur table.  Dani ne peut s’empêcher de dire que si Maritza les écoutait, elle aurait fini par leur mettre une claque sur le dos de la tête.  Mais ils étaient seuls dans cette cuisine.

« Moi j’pense que si. Une fois ou deux, pour m’montrer qu’t’es là et puis t’en aurais eu ta claque et ça aurait été compréhensible. Il y a rien d’fun à aller voir un type en prison, qu’ce soit ton pote, ton frère, ton fils ou ton mec. Ça sert à rien. »  Elle le regarde un instant. Est-ce qu’il y croyait vraiment à ses paroles ? Est-ce que être seul durant deux ans l’avait véritablement aidé ?  Elle n’arrivait pas à lire dans ses yeux. « J’pense pas. J’pense pas que j’en aurais eu ma claque si j’avais décidé de venir. Et si tu m’avais laissée venir. » Elle dit ça sans vraiment le regarder, comme un aveu prononcé à demi-mot.  Pour elle ça revenait à admettre qu’il lui aurait trop manqué pour ça. Que si elle l’avait décidé elle aurait fait le choix d’être là à ses côtés peu importe ses demandes. Mais cela revient à parler d’un monde parallèle où elle n’a pas choisi de s’éloigner et où il ne lui a pas demandé de ne pas venir la voir. Un monde qui n’existe pas. Il n’y a que le leur, celui de deux amis qui sont deux inconnus.

« J’ai emménagé chez Raphael, j’ai rompu officiellement avec Lena et j’me suis trouvé du boulot. C’est d’jà pas mal. »  Elle siffle presque impressionnée. « T’as pas chômé. » Elle regarde autour d’elle à la recherche de Maritza comme une ado qui a peur de sa mère. « J’ai envie de fumer, tu crois qu’elle va dire quelque chose ? » C’est une invitation en vérité, une invitation à ce qu’il lui propose d’aller se planquer là où ils allaient toujours fumer en cachette plus jeune, à l’abris des regards. Là où ils pourront redevenir des adolescents idiots avant de devenir ces deux adultes qui n’avaient pas vraiment de sens. « Tu bosses où ? Tu fais quoi ? » Elle est curieuse. Elle préfère éviter le sujet de Lena, sujet sensible quand elle a coupé les ponts avec la blonde depuis aussi longtemps qu’elle a coupé les ponts avec lui. Sauf que lui, il était sa famille depuis trop longtemps pour ne pas qu’il ne reste au fond un point d’ancrage. Elle allume une clope après lui en avoir offerte une. Et soudain elle ne sait pas pourquoi elle lui dit, comme si elle annonçait le beau temps du lendemain. « Mon père est mort. »  Dani ne le regarde pas en disant ça. « J’bosse dans un bar. » Plus de dojo, une reprise d’entraînement seulement depuis peu.  « Tu vois il y a pas que toi qui a pas chômé. » Elle dit ça comme s’il faisait une compétition de château de sable. Apparemment aujourd’hui le concours est « Qui a la vie la plus pourrie ? ». Faut dire qu’il a un net avantage sur elle, il sort de prison le bougre.


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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptySam 2 Jan 2021 - 13:27

Il trouve des parades, des histoires pour enjoliver la vérité et ne pas raconter sa solitude, son désespoir quand il se sentait réellement trop seul. Il serait prêt à en parler pendant des heures, à raconter chaque petite anecdote qui lui semble valoir le détour, même parler de celui qui chantait quand il allait aux toilettes : ça vaut mieux que ses appels au secours, toujours intérieurs, quand il avait besoin de retrouver les siens. Au moins, il la fait sourire. Mieux, il arrive à la faire rire. Et c’est tout ce qui compte, finalement, parce qu’il ne peut pas lui reprocher de ne pas être venue quand il ne le voulait pas, parce qu’elle ne peut pas lui reprocher d’avoir été enfermé si longtemps quand elle était bien heureuse de se débarrasser de lui. C’est bien t’as dû te faire des potes avec ça. Il hoche sa tête. J’sais pas si tu m’crois ou pas mais y’a des types en vrai j’trouve ça nul de plus les voir. Il hausse ses épaules. Mais bon j’crois que la plupart ont encore une dizaine d’années à tirer, j’pense pas que c’était d’la bonne compagnie à l’extérieur. S’ils étaient sortis en même temps, s’il avait continué à les fréquenter, il serait retourné derrière les barreaux très vite, pour très longtemps.

Ils peuvent se rejeter la balle un nombre incalculable de fois : il ne lui a pas dit qu’il était sorti, elle ne l’a pas rappelé depuis qu’elle le sait. Ils se le reprocheront indéfiniment, intérieurement, et s’en voudront également à tout jamais de ne pas avoir fait le premier pas – acte justifié par une fierté qu’ils ne devraient plus avoir au sein de leur amitié, après tant d’années. T’aurais pu m’appeler toi, pourquoi tu l’as pas fait ? La réponse est évidente : pourquoi lui ? Il ne la quitte pas du regard, comme si la réponse allait se lire dans ses yeux ou sur son front. Parce que j’avais pas mal d’choses à faire à ma sortie. T’sais quand tu retrouves le plein air après deux ans, tu t’poses pas trop d’questions. Il soupire légèrement. J’ai rappelé pas mal d’personnes déjà, ça faisait beaucoup. Elle n’était donc pas dans ses priorités, voilà ce qu’il admet. Et à défaut d’avoir été rappelé, ils parlent du fait qu’elle serait – ou non – venue le voir. J’pense pas. J’pense pas que j’en aurais eu ma claque si j’avais décidé de venir. Et si tu m’avais laissée venir. Car il est là, le problème. Rudy s’est senti abandonné, mais c’était un choix, à la base : il ne voulait personne à ses côtés. Pourtant, d’après ce qu’elle dit, elle aurait été là si tel avait été son souhait. Laisse tomber Dani, on va pas sortir les mouchoirs. L’passé est c’qu’il est, ça changera pas. Il a merdé, elle n’a pas insisté, fin de l’histoire et des reproches.

Il lui dit tout ce qu’il a fait depuis sa sortie : pas de grands exploits, certes, mais c’est mieux que rien. T’as pas chômé. Il la voit regarder dans tous les sens. J’ai envie de fumer, tu crois qu’elle va dire quelque chose ? Il hoche son visage de haut en bas. T’sais comment elle est quand y’a les p’tits à la maison. Viens, on va dehors. Là où ils avaient l’habitude de se cacher, étant plus jeunes : là où Maritza savait pourtant les trouver car oui, les mégots écrasés ne disparaissaient pas seuls, contrairement à ce que Rudy semblait croire. Ils sortent ensemble et elle lui tend une cigarette après en avoir allumé une. Tu bosses où ? Tu fais quoi ? Elle est curieuse et ça lui plaît, ça lui montre son intérêt. À Spring Hill, j’suis serveur. À l’interlude, un restaurant français. C’est pas c’que j’préfère faire mais l’patron m’a accepté dès l’départ, et ça, j’ai bien kiffé. Parce que maintenant, il a l’habitude qu’on le regarde mal dès qu’il mentionne la prison. Il était déjà pas très apprécié par les autres, ceux qui ne sont pas de son monde, mais c’est encore pire depuis qu’il a fait un séjour là-bas. Mon père est mort. Il ne s’attendait pas à cet aveu-là, à vrai dire. Le brun la regarde un instant avant de poser une main sur son épaule, comme seul soutien, le seul dont il est capable. Et elle poursuit, sans parler de ça. J’bosse dans un bar. Tu vois il y a pas que toi qui a pas chômé. Et elle se joue de la situation pour que ça ne soit pas tragique. Ça l’est, pourtant. Ça va ? Qu’il demande, finalement. Parce que donner ses condoléances et dire qu’il est désolé, il ne sait pas faire. S’inquiéter de l’état de son amie, ça, il en est un peu plus capable. T’sais qu’t’as le droit d’pas jouer la dure avec moi, j’te connais assez bien pour ça Dani. Ils savent tout l’un de l’autre, même s’ils détestent ça. Ça fait combien d’temps ? Parce qu’il a disparu deux ans, lui. Alors depuis combien de temps est-elle endeuillée ?

@Danika Riley :l:
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Message(#)old friends, old memories (rudy) EmptyMer 3 Fév 2021 - 8:54

« J’sais pas si tu m’crois ou pas mais y’a des types en vrai j’trouve ça nul de plus les voir.  Mais bon j’crois que la plupart ont encore une dizaine d’années à tirer, j’pense pas que c’était d’la bonne compagnie à l’extérieur. » Bien sûr qu’elle le croit, mais elle se doute aussi que le type en face d’elle était bien plus seul qu’il n’y paraissait derrière ses barreaux. Il a maintenu le monde à distance et dans son regard elle ne voit que la solitude qu’il cherche à cacher. Elle ne dit rien pourtant,  ne le souligne pas quand elle fait partie des gens qui l’ont abandonné derrière ces barreaux.  « J’comprends. » Le peu de personnes avec qui il s’était entendu pendant ces deux ans devaient être des personnes qu’il n’avait pas forcément eu envie de perdre en sortant des barreaux en sachant l’accueil que sa famille et ses amis lui réserveraient. « Mais oui c’est sans doute mieux ainsi. » Mieux pour ne pas qu’il retombe, mieux pour qu’il arrête de traîner avec des gens peu fréquentables. Mais pouvait-elle juger depuis qu’elle avait mis les pieds dans le fight club illégal durant l’été et qu’il y passait un nombre incalculable de soirées ?

« Parce que j’avais pas mal d’choses à faire à ma sortie. T’sais quand tu retrouves le plein air après deux ans, tu t’poses pas trop d’questions. J’ai rappelé pas mal d’personnes déjà, ça faisait beaucoup. »  Elle n’était pas dans ses priorités, pas assez haut dans sa liste d’amis proches pour qu’il ait envie de la recontacter. Elle hausse les épaules, le regard un peu plus froid malgré tout. Pourquoi ça doit avoir de l’importance quand elle a coupé les ponts avec lui ? Pourtant ça en a, sans qu’elle ne veuille l’admettre, parce que ça en aura toujours, malgré tout ce qu’elle prétend, Rudy reste son ami, son ami qu’elle a déjà détesté par moment, mais son ami quand même.  Mais lorsqu’ils parlent de son hypothétique venue pendant ces deux ans où elle avait été enfermée, elle admet qu’elle ne serait pas venue mais que si elle l’avait décidé, elle n’en aurait pas eu sa claque de lui rendre visite. « Laisse tomber Dani, on va pas sortir les mouchoirs. L’passé est c’qu’il est, ça changera pas. » Il a raison ça ne changera pas le passé.

Elle préfère se concentrer un peu sur le présent et Rudy n’a pas l’air mal parti avec son nouveau job.  L’envie de fumer se fait pressante et nécessaire. . « T’sais comment elle est quand y’a les p’tits à la maison. Viens, on va dehors. »  Danika hoche la tête et ils prennent la direction de ce coin où ils s’étaient sans doute toujours crus un peu invincibles à fumer et à refaire le monde en pensant qu’on ne les trouverait jamais. « À Spring Hill, j’suis serveur. À l’interlude, un restaurant français. C’est pas c’que j’préfère faire mais l’patron m’a accepté dès l’départ, et ça, j’ai bien kiffé. »    Elle se doute que ça ne doit pas être facile de trouver un travail en sortant de prison.  Elle se dit au moins qu’il pourra un peu aider sa famille, peut-être ?  Enlever un poids des épaules de sa sœur ? Elle ne veut pas parler d’Alma, pas maintenant au risque de briser l’équilibre fragile qu’ils viennent de mettre en place. Au lieu de ça elle évoque la mort son père, sans le regarder,  sentant sa main sur son épaule, préférant immédiatement changer de sujet comme si elle lui avait parlé de la météo.

« Ca va ? » Un faible sourire triste étire ses lèvres. « T’sais qu’t’as le droit d’pas jouer la dure avec moi, j’te connais assez bien pour ça Dani. » Elle hausse les épaules. « J’vais bien. » elle ne parle ni de la douleur, ni des dettes, ni des combats illégaux. « Ca fait combien d’temps ? » « Il est mort en mars. De son cancer. » Son cancer avait commencé avant que Rudy ne parte en prison.  « Faudra que tu passes, voir Maddox. » lui dit-elle en tirant sur sa cigarette. Et juste comme ça, leur amitié reprend son cours, la porte ouverte pour la première fois depuis quelques années. Peut-être qu’un jour ils arriveront à se parler ? Mais les années écoulées n’ont jamais su régler cette incapacité à se dire les choses. Elle est inquiète pour lui. Il est inquiet pour elle. Ils restent comme deux abrutis à fuir leurs vérités et à ne pas admettre ni la solitude ni la douleur du deuil.


@Rudy Gutiérrez  old friends, old memories (rudy) 2523491165

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