Tu devrais t'accorder du temps pour toi quand tes gosses sont à l'école, qu'ils disaient tous. La plupart pensait plutôt à une petite session au spa, avec un massage californien ou un soin du visage. Mais quand Norah avait une ou deux heures devant elle, c'était surtout pour aller courir ou nager. Néanmoins, histoire de faire plaisir à son entourage et leur assurer qu'elle ferait l'effort d'aller pour une fois dans leur sens. Ce pourquoi, après avoir pris un long bain, l'infirmière s'était décidée à se faire un soin de visage avec des produits vivement recommandés par l'une des autres infirmières du service dans lequel elle travaillait et qui passait plus de temps au spa que chez elle. Vêtue de sa robe de chambre légère, la belle brune appliquait avec un soin un masque en argile, jusqu'à ce que la sonnette de la porte d'entrée ne retentisse. Elle sursautait, se demandant bien qui viendrait lui rendre visite, surtout sans prévenir. Dans un premier temps, elle n'avait pas une folle envie d'aller répondre à la sonnette. Elle attendait alors, jusqu'à ce qu'elle se souvienne soudainement qu'il pourrait bien s'agir d'un colis qu'elle attendait avec impatience – une nouvelle paire de baskets pour le boulot. Au diable l'allure qu'elle avait pour sortir de chez elle. C'était bien le cadet de ses soucis. La soignante sortait précipitamment de chez elle, un brin paniquée de louper le livreur, qui n'était qu'à une trentaine de mètres de la maison "Attendez !" dit Norah afin de l'interpeller. Le jeune homme, qui devait avoir une vingtaine d'années, pas plus, était à deux doigts de faire tomber sa mâchoire par terre à voir la dégaine de la mère de famille; à moins que ce ne soit la finesse de sa robe de chambre, qui laissait tout juste assez de place à l'imagination, qui ne le laissait muet. Le masque d'argile, cela dit, beaucoup moins glamour. Cependant, Norah restait tout à fait naturelle et faisait comme si la situation était des plus courantes. Au moins, cela ferait un souvenir particulièrement mémorable au jeune homme, qui aimerait probablement avoir à livrer un peu plus régulièrement des baskets à des infirmières qui prenaient un petit peu soin d'elle.
Cet épisode incongru passé, elle comptait profiter du reste de sa journée en se rendant en ville. Elle n'avait pas d'objectif précis. La plupart de ses prorches n'était pas disponible et elle n'était absolument pas contre un moment de solitude. Lors de sa marche, une foule de pensées l'immergeait Parmis elles, celle d'acquérir enfin un permis moto. Une idée qui la taraudait depuis plusieurs années désormais. Elle avait à l'époque partager ce désir à Frank, qui n'y voyait pas d'inconvénients. Son épouse avait un goût certain de liberté et surtout de libre-arbitre et si enjamber une bécane pour faire un tour en dehors de Brisbane l'espace de quelques heures lui permettait de se vider l'esprit, il ne pouvait que l'y encourager. Après sa disparition, ce projet était arrivé bien au bas de sa liste. Elle préférait économiser un maximum pour le moindre soucis et sinon elle consacrait la majeure partie de son argent à ses enfants. Tout le monde lui disait qu'elle aussi, devait se faire plaisir, alors pourquoi ne pas remettre ce projet sur le feu ? Le blouson en cuir lui irait à merveille – ça, elle en était intimement persuadée. Lorsque son regard bleu se détachait enfin de la vitrine, elle remarquait une silhouette très familière à quelques mètres d'elle. Elle arquait un sourcil, leur regard se croisait assez rapidement. Mitchell. Apparemment, quelqu'un de vraiment pas recommandable. Norah n'oubliait certainement pas l'avertissement d'Anwar quant à ce criminel. Elle lui avait promis de faire attention, mais ce n'était pas pour autant qu'elle se laissait intimider par le brun et qu'elle allait courir à toute jambe pour le fuir. Elle n'avait pas peur et rien qu'à cette pensée elle entendait Anwar lui dire "eh bien, tu devrais". Elle aurait roulé des yeux. L'inspecteur avait revêtu la veste du protecteur des Lindley dès que Frank avait rendu son dernier souffle. Il fallait la jouer avec une certaine finesse pour que Norah ne s'en contrarie pas trop. Après toutes ces longues années, Anwar savait très bien appuyer là où ça faisaiti mal pour qu'elle retienne la leçon. Quoi qu'elle n'aimait vraiment pas qu'on lui rappelle à ces moments là qu'elle devait penser à ses enfants. Elle pensait déjà à eux tout le temps. "Je vais finir par croire que vous me suivez." dit-elle avec un sourire amusé. Phrase peu commune en terme de salutations et ô combien caucasses. Et dire qu'il ne savait pas qu'Anwar était déjà sur le coup. D'ailleurs, histoire de le narguer, elle lui envoyait rapidement un sms avant de ranger son smartphone dans son sac à main. Une partie d'elle était curieuse de découvrir cette facette qu'il dissimulait au commun des mortels. L'autre se disait que Frank serait furieux de savoir avec qui sa moitié était en train de converser. "A moins que vous ne songiez à acheter une nouvelle moto ?" demanda-t-elle en indiquant d'un signe de tête la vitrine devant laquelle elle se trouvait. Loin d'être une professionnelle en la matière, Norah s'était suffisamment intéressée à ce genre de deux roues pour savoir ce qu'elle convoitait ou non. Elle savait par exemple qu'elle ne voulait pas de Harley-Davidson. C'était un bon début. "Comment vont les affaires, depuis le temps ?" L'on pourrait presque croire que Norah avait un goût du danger ou de se mettre dans une position délicate, mais ce n'était vraiment pas son genre. Elle n'avait juste pas froid aux yeux et pour une raison qu'elle ignorait, elle était persuadée que Mitchell ne lui ferait pas le moindre mal. Il faisait partie de ceux qui ignoraient qu'elle avait des insomnies, qu'elle avait été arrêté pendant plusieurs mois pour un burn out qui dissimulait une dépression. A moins qu'il ne se soit également renseigné sur son activité professionnelle. Tout ça parce qu'elle ne voulait pas faire face à son deuil. A moins que ça aussi, il le savait déjà
L’américain s’était levé du bon pied ce matin-là, après une soirée plutôt calme, il avait passé la matinée dans son appartement à gérer de la paperasse pour ses biens immobiliers et ayant finit bien plus tôt que prévu, il s’était motivé à aller faire un tour au centre ville de Brisbane. Il s’empressa d’aller prendre une douche bien chaude et s’habilla simplement. Un jean et un polo. Comme d’habitude. Les chemises et costumes, ils les sortaient uniquement lors de rendez-vous ou parce qu’il avait des choses à régler. Dans la vie de tous les jours, le brun était plutôt simple. Il se parfumait légèrement et se dirigeait vers le centre-ville sur sa bécane sourire aux lèvres.
Le hasard faisait bien les choses. Pour une fois, Mitchell n’était pas en mission. Cela pouvait paraître bizarre, mais le hasard était bien la cause de sa rencontre avec Norah ce jour-là. À croire que quelqu’un voulait le pousser à prendre du terrain auprès de la veuve pour obtenir sa sympathie et l’avoir dans la poche pour l’atteindre plus facilement si l’inspecteur Zehri venait à lui faire un sale coup. Il n’était rien de tout ça. L’Américain déambulait réellement dans les rues de Brisbane et se dirigeait vraiment vers la vitrine qui exposait de nombreuses motos. En voyant la vitrine au loin, il s’était dit qu’une nouvelle bécane ne serait pas de refus, bien que sa Ducati lui convenait amplement, il avait tendance à se faire plaisir ainsi, au lieu de passer des heures dans des boutiques de vêtements où il pourrait très bien dépenser des mille et des cent. Miser sur une moto, c’était un moyen de nourrir sa passion et surtout de se faire plaisir. Contrairement à ce que beaucoup pourrait penser, l’argent ne lui était pas monté à la tête. Il tentait chaque jour d’en obtenir davantage certes, mais il ne se pavanait pas vêtu de grandes marques et ne vivait pas dans une villa de luxe. Si une part de lui ne souhaitait pas se faire remarquer, une autre se sentait bien loin de tout le remu ménage que causait l’argent. Il prenait plaisir à observer son compte en banque augmenter, il investissait dans de nouveaux bien et il se faisait plaisir de temps en temps en achetant une nouvelle moto. Il traversait bien décidé à se rendre aux abords de la vitrine pour observer les merveilles qui y étaient exposées. En s’approchant, il observa la silhouette de la femme qui se tenait devant la devanture et il fallut seulement deux secondes pour qu’il reconnaisse Norah et pour qu’elle le reconnaisse. Elle ne tarda pas à lui adresser la parole, ne manquant pas de lui faire remarquer qu’elle finirait par croire qu’il la suit. Des dires qui le fit rire. Il y avait une part de vérité dans ce qu’elle disait, mais aujourd’hui ce n’était pas le cas. “J’allais vous faire la même remarque !” Qu’il s'exclamait avec un sourire amusé. “Je pensai que Brisbane était assez grand, mais finalement, je vais finir par penser, c’est très petit.” Qu’il disait toujours sourire aux lèvres avant de plonger son regard sur une moto présente derrière la vitre. “Vous n’allez peut-être pas y croire, mais oui. Je passai par là et en voyant la vitrine au loin je me suis dit qu’une nouvelle moto ne serait pas de refus.” Il marqua une petite pause, se rappelant ainsi ce que Norah lui avait dit la dernière fois qu’ils s’étaient croisé. Non par hasard. “Vous vous êtes enfin décidé à vous y mettre ?” Qu’il lui demandait avec enthousiasme. C’était vraiment bizarre comme situation, car même s’il souhaitait se mettre la jeune femme dans la poche, une part de lui tenait à la connaître d’avantage. “Est-ce qu’il y a une moto qui vous fait suffisamment de l’œil ?” Ajoutait-il. La moto c’était une passion pour l’Américain et ce depuis toujours. En parlant de ça, il pouvait être lui-même et c’était devenu rare depuis quelques années. Elle lui demandait comment les affaires allaient, une question à laquelle il ne tarda pas à répondre. “Ça se passe plutôt bien, une journaliste écrit un papier sur ma carrière dans l’immobilier, j’ai de nouveaux biens en vu, tout se passe pour le mieux et vous ? Comment ça va ? Ce n’est pas trop difficile en ce moment à l’hôpital ?” Qu’il demandait réellement intéressé. “Et comment vont vos enfants ? Aidan et julie, c’est ça ?” Il affichait un grand sourire et un air totalement innocent. Rien qui laissait présager qu’il avait de mauvaise intention envers elle ou sa famille. “Et si on entrait ? Je vous ai promis un tour à moto, il me semble, on pourrait en essayer une !” Qu’il lui proposait en montrant l’entrée d’un geste.
Jouer avec les nerfs d'Anwar n'était certainement pas la plus judicieuse des idées. Mais Norah aurait aimé qu'il ait confiance en elle, qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle ne comptait pas se montrer provocante ou ne se risquerait pas à prononcer des mots qui pourraient la mettre en danger. Elle savait déjà que par le simple fait de savoir qu'elle conversait à Mitchell, l'inspecteur était prêt à conduire encore plus mal qu'il ne le faisait déjà afin d'arriver au plus vite à l'endroit où ils se trouvaient (si Norah daignait lui préciser sa localisation). Elle était têtue, mais pas imprudente; sûre d'elle, mais pas arrogante pour autant. Et sans pouvoir se l'expliquer, il y avait cette partie d'elle qui était convaincu que Strange ne toucherait pas à un seul de ses cheveux, ni à ceux de ses enfants. Anwar le pensait on ne peut plus malhonnête, perfide et dangereux. Même si elle songeait à tout cela, la belle brune parvenait à rester parfaitement impassible face au criminel, qui jouait une nouvelle fois la carte de la sympathie. "Le monde est petit, en effet." Pour constater qu'autant de destins pouvait être lié, il fallait un sacré alignement de planètes. "Déjà que j'ai déjà vu défiler plus d'un visage connu au boulot, je pensais pas que ça soit possible. Alors tomber sur les mêmes personnes en ville..." Le regard pétillant d'amusement, Norah haussa les épaules l'air de rien. En terme de hasard, ils n'étaient plus à ça près. Et cette rencontre là, Mitchell l'avait-il prévu ? Sauf si sa passion pour les deux roues outrepassait ses devoirs douteux, ce qui semblait être le cas. "Combien vous en avez, de bolides ?" se demanda-t-elle, se doutant bien que la somme de ses motos dépasseraient probablement de loin le salaire annuel de la jeune soignante. Même si son état mental n'était toujours pas au beau fixe, Norah tentait de faire au mieux pour se projeter. Se lancer dans un permis moto n'était peut-être pas la meilleure idée qui soit, mais elle en avait envie. C'était son goût pour les sensations fortes qui l'attirait pour les deux roues. "On peut dire ça." répondit-elle avec un sourire. "J'ai déjà approché un moniteur pour savoir comment les cours de moto vont se faire, le coût, etc. La prochaine étape sera de se trouver les créneaux nécessaires pour pouvoir bel et bien m'y coller." Norah s'en voulait déjà d'abuser de la gentillesse de sa nounou et des disponibilités d'Anwar pour garder les petits. Julie s'était déjà proposée quelques fois de faire la baby-sitter avec son frère, et même si sa mère ne doutait absolument de la maturité de sa fille, elle ne voulait pas qu'à à peine dix ans elle tienne déjà ce genre de responsabilités. Dans quelques années, sûrement. "Il y a deux trois modèles qui me font de l'oeil, oui. Ils sont pas tous exposés ici, mais je fais mes petites recherches chez moi aussi quand j'ai le temps. Une Yamaha, une BMW et une Ducati. Dans un monde parfait je m'en prendrai bien une neuve, mais je ne me fais pas d'illusion." Commencer par une occasion fera très bien l'affaire. Ce qui était surprenant, c'était que Norah n'ait pas encore investi dans les accessoires adaptés : casque, bottes, blouson... Mais ça n'allait pas tarder à venir. Envers et contre tout, Mitchelle restait particulièrement courtois et amical envers l'infirmière. Il ne parlait toujours pas de son véritable business. Il semblait malgré tout assez attaché au fait de disposer d'un patrimoine immobilier assez conséquent. Avec un sourire moqueur mais discret, Norah se permit de lui faire remarquer. "Ca va, les chevilles vont pas trop enfler ?" Elle le taquinait. "Et quels bien avez-vous donc pu repérer ?" Ce qu'il avait ne semblait pas lui suffire; Strange était donc insatiable. A toujours vouloir plus. Par intérêt ou uniquement pas plaisir ? "Ca peut aller." Inutile de lui préciser sa dépression, ses insomnies qui inquiétaient tout son entourage (même Alfie, c'est dire), ni l'arrêt de travail qu'on lui avait imposer. "C'est assez variable, au boulot. Des bonnes et des mauvaises périodes. On est plutôt dans une mauvaise, en ce moment." reconnut-elle. Des polytraumatisés, des personnes en fin de vie, des complications difficiles à réguler. Il y avait une sacrée flopée de décès depuis quelques semaines dans le service de réanimation. Dans le monde hospitalier, ce n'était pas inhabituel. Les soignants parlaient même souvent de loi des séries. Que tout venait en bloc dans un laps de temps relativement court jusqu'à une accalmie sur une durée plus ou moins longue. "Et mes enfants se portent à merveille, merci. Ils sont en bonne santé, c'est tout ce qui compte." Inutile qu'il sache qu'elle faisait visiter différents clubs sportifs à Aidan pour lui trouver une activités qui lui plairait et que Julie s'essayait de son côté au handball, et qu'elle avait envie de se mettre à la gymnastique en parallèle. Il n'avait pas à savoir dans quel type d'endroits ils pourraient potentiellement se trouver. "Vous êtes père, vous ?" demanda-t-elle, curieuse de savoir s'il disposait oui ou non d'une fibre paternel. Elle supposait la réponse négative, car selon elle un père de famille ne s'en prendrait certainement pas aux enfants d'un autre, que celui-ci soit mort ou non. "On peut entrer oui, ne serait-ce que pour voir tout ça de plus près. Pour le tour en moto, on verra ça plus tard, peut-être." Norah mentirait si l'idée était tentante ; non pas pour faire sortir Anwar de ses gonds, mais surtout et avant tout parce que ça lui plairait énormément de faire de la moto, même en tant que passager. Anwar la tuerait si elle acceptait. Elle profita de la galanterie de Strange, qui l'invitait à entrer chez le concessionnaire. Elle se demandait quelles étaient ses véritables intentions envers elle. S'il y avait un fond de sincérité dans la sympathie qu'il montrait à son égard. "Et vous, pourquoi l'envie d'acheter une nouvelle moto ?" le questionna-t-elle alors qu'ils approchaient ensemble d'un premier modèle. "C'est pour combler les garages de vos prochaines acquisitions ?" le taquina-t-elle tout en regardant de plus près le deux roues qui se trouvait devant eux.
L’Américain ne pensait pas une seule seconde que son interlocutrice avait connaissance de sa réelle vocation, il se pensait bien trop malin pour en être déjà arrivé à ce stade. Pour lui, le jeu suivait le chemin qu’il avait imaginé, du moins en partie. L’idée de se mettre dans la poche la jeune femme, proche de l’inspecteur qui par surprise était venu faire une alliance avec le diable en personne des mois auparavant était pour le brun un moyen d’avoir un point de pression, un moyen d’avoir une échappatoire à un eventuel retournement de situation qui lui serait défavorable. Couvrir ses arrières, c’était quelque chose qu’il avait appris à faire depuis le temps ou il avait fait de la prison. Chaque plan établi méritait un plan de secours “au cas où” et jusque-là tout s’était plus ou moins déroulé comme il l’imaginait, mais aujourd’hui l’Américain était à côté de la plaque, il avait baissé sa vigilance au quotidien. Il n’était plus l’homme fort qu’il était, il était détruit de l’intérieur et avait tendance à prendre de mauvaises décisions qui le poussait de plus en plus au bord du ravin. Sa place sur le trône était menacée, un fait qui lui échappait également. Il vivait comme dans une bulle sur le point d'éclater et restait confiant et borné malgré les divers avertissements. Face à Norah, son esprit vacillait rapidement, son idée de s’en prendre à elle ou ses enfants lui était impossible, il se le répétait sans cesse lorsqu’il observait la jeune femme surprise de le croiser encore une fois par hasard, ce qui pour une fois était vraiment le cas. Il se demandait s’il devait juste tourner les talons et la laisser là, sans un mot et espérer ne plus jamais la croiser, mais une part de lui voulait avoir un échange avec elle, il voulait en savoir plus sur cette mère de famille qui se retrouvait seule pour s’occuper de ses deux enfants, malgré tout, il appréciait leurs discussions. Il riait après les dires de la jeune femme, qui était amusé par le fait de le croiser par hasard en ville aussi souvent. Cette fois-ci, c’étaient les motos qui avaient forcé leur rencontre, un pur hasard qui faisait plaisir à l’Américain qui s’empressa de lui répondre alors qu’elle demandait combien de bolide, il avait. “Une dizaine ...” Qu’il répondait rapidement avec un petit air gêné. Se vanter des biens ou des objets qu’il possède n’était pas son genre, mais puisqu’elle lui avait posé la question, la franchise était de mise. “j’en achète une par an, mais j’avoue utiliser toujours la même bécane, c’est un peu comme les sacs à mains pour vous les femmes, vous en avez des dizaines, mais au final, je suis sur que vous utilisez toujours le même.” Qu’il disait en plaisantant. “Mais j’avoue que c’est totalement inutile d’en avoir autant, mais c’est plus fort que moi.” En souvenir du bon vieux temps, acheter des motos le rapprochait un peu plus de la réalité, de sa réelle passion. “C’est une bonne chose !” Qu’il s’exclamait après qu’elle lui ai fait part vouloir trouver des créneaux pour des leçons. “Si je peux vous conseiller un bon moniteur, il y a Nick du côté de fortitude qui est assez raisonnable sur les tarifs et c’est un très bon moniteur.” Nick c’était une connaissance avec qui il faisait de la moto de temps en temps, un gars simple vivant de sa passion. “N’hésitez pas à aller le voir de ma part, il vous fera sûrement un prix.” Ajoutait-il avec le sourire avant de lui demander s’il y avait un modèle qui lui faisait de l’oeil. “Ducati c’est une très bonne marque pour commencer, même en occasion, avec un peu de chance vous pouvez tomber sur une moto avec peu de bornes ayant appartenu à quelqu’un qui en prenait soin.” Qu’il disait simplement. Il comprenait totalement qu’une moto était un investissement et que ce n’était pas à la portée de tout le monde d’en acheter une neuve. Il ne jugeait pas. Il laissait apparaître un sourire amusé alors qu’elle le taquinait après qu’il lui ait fait part de ses projets dans l’immobilier. Haussant les épaules, il répondit très rapidement. “Je ne fais que répondre à votre question.” Il parlait rarement de lui-même de ses projets. “J’ai trouvé un immeuble plutôt sympa du côté de Logan City, j’y réfléchis encore un peu, mais ça devrait se faire.” Qu’il disait avant de prendre des nouvelles de Norah. “Je le redis, mais il faut du courage pour faire ce que vous faites, ça ne doit en effet pas être facile tous les jours.” La patience devait également être de mise dans le milieu hospitalier et gérer les patients pouvaient sûrement être compliqué des fois. “C’est le plus important oui, à cet âge-là, ils ont tellement de choses à découvrir.” Il ne savait pas ce que c’était d’être père, il n’avait pas conscience de ce qu’un parent pouvait ressentir pour ses enfants et encore moins la peur qu’ils pouvaient avoir pour eux, mais il essayait de l’imaginer et si un jour, il devait devenir père, il serait sûrement le premier à vouloir que le meilleur pour son enfant. “Malheureusement non, pas encore.” Qu’il répondait alors que Norah lui demandait s’il était père. “Un jour, peut-être, je l’espère. Je n’ai malheureusement pas encore rencontré la personne pour avoir ce genre de projet.” Et même lorsqu’il était avec Mavis, l’idée d’avoir un enfant avec elle ne lui avait pas traversé l’esprit. Elle était bien trop instable et ses priorités s’éloignaient de ce but que bien des gens ont, le but de fonder une famille. Aujourd’hui, il y pensait, il en avait envie au fond. “Je me dis qu’à mon âge, c’est peut-être trop tard, je verrais bien ce que la vie me réserve.” Serait-il un bon père ? C’était ce qu’il osait se demander de temps en temps. À quoi bon avoir un enfant si c’est pour le mettre en danger ? Après sa proposition à entrer regardé les motos, il suivit Norah à l’intérieur et laissa son regard se perdre sur les quelques bécanes exposées à l’entrée avant de poser son regard sur elle à nouveau. “Je vous promets d’être prudent si vous acceptez de faire un tour avec moi !” Qu’il disait avec un sourire convaincant. “La moto a toujours eu une place importante dans ma vie, une passion depuis mon plus jeune âge. Je n’ai pas réussi à réaliser mon rêve, du coup c’est un moyen pour moi de faire vivre cette passion malgré tout.” Se confiait-il, laissant son regard se perdre dans le vide quelques secondes, repensant à l’accident qu’il avait eu à l’époque, ce qui l’avait empêché d’avoir une carrière dans ce domaine. “Regardez celle-ci, elle est vraiment pas mal, elle vous irait bien !” Qu’il disait en montrant une Ducati. “C’est une version assez légère, très pratique !” Il s’approchait de la moto afin d’observer les caractéristiques avant d’être abordé par le commercial présent dans la concession venant demandé s’ils souhaitaient avoir des renseignements.
L'intérêt que Norah avait pour les sensations lui avait permis d'avoir eu quelques expériences mémorables et qu'elle chérissait encore. Entre le saut à l'élastique qu'elle a eu à son enterrement de vie de jeune fille et le saut en parachute offert par ses collègues pour ses trente ans, elle avait toujours soif de ressentir cette sensation de liberté et d'euphorie. Elle était intrépide, aventureuse, quoi qu'être devenue mère l'avait assagi. Mais elle avait hâte de voir Aidan encore grandir un peu afin de pouvoir aussi l'emmener à des activités tel que l'accrobranche. Pouvoir conduire faisait partie de ces plaisirs qu'elle avait laissé de côté pendant des années jusqu'à finalement refaire surface en ne voyant que la vitrine d'un concessionnaire. Norah arqua un sourcil en entendant Strange dire le nombre de motos qu'il avait déjà. Et cela ne le dissuadait pas à s'en procurer une flambant neuve. "Vous êtes un tantinet mégalomane, vous trouvez pas ?" le taquina-t-elle. Une folie des grandeurs qu'il pouvait se permettre, et c'était tant mieux pour elle, songeait-elle. "Si vous n'en utilisez qu'une, les autres doivent sacrément prendre la poussière alors." s'amusait-elle à lui répondre. "Vous vous offrez une pour une occasion particulière, ou c'est juste que à un moment de l'année, vous avez cette envie soudaine de réinvestir ?" Elle se demandait bien dans quelle logique il se positionnait pour expliquer ses achats compulsifs, alors qu'il ne roulait toujours qu'avec le même bolide. Amusée, l'infirmière ne put s'empêcher d'échapper un rire, qui n'était absolument pas moqueur. Désormais, Mitchell savait que la belle brune avait pour intention de passer le permis moto dès qu'elle le pourrait, et ensuite de se procurer un deux roues. Il était inenvisageable pour elle d'en avoir un neuf, mais ça ne coûtait rien de rêver un peu. "Je prends note de l'adresse." dit-elle après que Mitchell lui ait conseillé une connaissance susceptible de lui faire un prix. "Merci." Et dire qu'Anwar avait promptement demandé à son amie de rester éloignée de Mitchell parce qu'il était un homme dangereux. Pourquoi lui conseillerait-il alors des moniteurs de moto ? Pour lui tendre un piège ? Bien sûr, Norah doutait un petit peu. Elle ne comprenait toujours pas ce qu'il pouvait bien faire avec elle, quel était le but de l'avoir sous surveillance, au point d'en inquiéter les forces de police, et surtout Zehri. "De base, les Ducati sont loin d'être les plus donnés, même en occasion. Mais qui sait oui, peut-être, je tomberai sur une annonce unique." dit-elle. "Et j'ai aussi tout l'équipement à me prendre à côté mais là j'avoue que j'aimerais beaucoup pouvoir me trouver du matériel neuf." Avoir un casque, un blouson, des bottes qui lui étaient propres. Et aussi surtout qu'elle doutait de l'hygiène de certaines personnes. Avec tout ce qu'elle voyait au boulot, elle avait bien appris qu'il valait mieux se méfier des apparences. "N'allez pas non plus construire tout un complexe d'immeubles à Logan City, hein, le quartier est plutôt chouette tel qu'il est." continuait-elle à dire sur le ton de la taquinerie toujours, alors qu'il lui faisait part de ses prochains projets immobiliers. Elle était presque étonnée qu'il se montre aussi admiratif face à la profession de la belle brune. A côté, il avouait ne pas encore avoir eu la possibilité de devenir père et ajoutait qu'il espérait le devenir un jour. "C'est jamais vraiment trop tard." disait Norah, en haussant les épaules. "L'avantage des hommes, c'est qu'ils sont fertiles à vie." fit-elle remarquer, avec tout de même une pointe d'amusement. "Qui sait, vous la rencontrerez bientôt." espérait-elle pour lui. "Je suis loin d'être la plus romantique qui soit, mais pour l'avoir vécu, je peux vous garantir que les âmes soeurs existent. Et avant de l'avoir connu, je n'y aurai jamais cru." précisa-t-elle. Voilà qu'ils se mettaient tous les deux sur le ton de la confidence. Elle en avait même oublié de répondre au SMS d'Anwar, qui devait désormais se fairer un sang d'encre (voire même une syncope), à l'idée de la savoir en présence du criminel. "Il n'est jamais trop tard pour se lancer dans cette voie là." Et peut-être quitter le domaine de la drogue et de la pègre, pensait alors la jeune femme. Le brun insistait auprès de la jeune femme en lui proposant une nouvelle fois de faire un tour en moto avec lui. Et encore une fois, l'idée était particulièrement tentante. "Qu'est-ce qui vous plaît, dans le fait de rouler avec un moto ?" Elle était curieuse. Curieuse de savoir si lui aussi cherchait ce sentiment de liberté et d'aventure à chaque fois qu'il enfourchait sa bécane, ou si c'était le plaisir d'entendre le moteur vrombir à chaque accélération; s'il s'agissait plutôt de la vitesse ou alors du goût du risque. "Et c'était quoi, votre rêve ?" demanda-t-elle, avec un sourire intéressé. Il n'avait sûrement pas pour ambition de devenir un malfrat quand il était plus jeune. Après une longue hésitation par rapport à la proposition de Mitchell, Norah finit par lui répondre. "C'est d'accord pour le tour en moto." C'était trop tentant. "A condition que ce soit un petit tour." précisa-t-elle alors qu'ils s'approchaient ensemble d'un premier modèle de moto qui était exposé chez ce vendeur là. "J'avoue que ça vend du rêve." dit-elle pendant que ses yeux avaient glissé sur les caractéristiques de la Ducati, et surtout, de son prix. Ils furent rapidement aborder par un commercial. "On regarde juste, pour le moment." lui répondit-elle poliment afin de ne pas l'avoir dans les pattes pendant qu'ils admiraient ensemble les différents deux roues vendus ici. "Je pense que je serai un peu plus précise sur le modèle que je veux précisément une fois que j'aurais pris l'habitude d'en diriger." Elle mentirait si elle disait qu'elle n'écumait pas de temps en temps les sites de différentes marques pour se faire une petite idée et se familiariser sur la motorisation des engins et identifier les modèles qui lui convenaient le plus. Ils marchaient tranquillement entre les différentes motos, les admirant sous tous les angles. "Et vous, c'est quoi votre modèle de préférence ? Vous restez toujours sur la même chose ou vous variez un peu les plaisirs lorsque vous en achetez une neuve ?"
Mitchell n’était pas acheteur compulsif, il ne passait pas son temps libre à dépenser des centaines de dollars juste pour passer le temps et pourtant, la plupart des gens le voyait ainsi. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait la remarque et malgré ça il ne se considérait pas comme mégalomane. Non, il avait laissé de côté l'orgueil depuis bien longtemps et ne se mettait pas sur un pied d’estale. Il était resté humble au fil des ans et c’était une qualité qu’il souhaitait garder au maximum. Alors oui, il avait la folie des grandeur, ce point il ne pouvait pas le nier. Il imaginait toujours tout plus grand et ne manquait pas d’élargir ses activités. Il riait suite à la remarque de Norah et ne manqua pas de rétorquer assez rapidement avec humour. “Je ne dirai pas mégalomane, mais Américain.” Il n’avait pas de mal à caricaturer son pays natal, il n’était pas du genre à nier une réalité que le monde entier pouvait apercevoir. “Et un tantinet sur de moi je l’avoue, mais mes achats compulsifs n’ont rien à voir avec ça.” La réalité était bien différente. Il n’allait pas l’avouer de vive voix, mais la solitude joue un rôle important dans sa vie et ce genre d’achat l’aide à faire un retour en arrière, à une époque où il était apprécié pour ce qu’il est et non sous l’emprise de la menace qu’il dégageait. Il poussa un léger soupir en regardant Norah et surtout en entendant sa prochaine question. Avait-il une période particulière pour ce genre d’achat ? Oui, une période qui avait tendance à lui donner le cafard. Il hésita un instant à entrer dans la confidence à ce sujet. Il ne cachait pas sa passion pour la moto ou encore le fait qu’il était destiné à une belle carrière dans ce domaine avant son accident, mais en dire d’avantage pouvait le rendre vulnérable et ce n’était pas ce qu’il souhaitait, même Norah ne s'avérait pas être une menace. Il haussa les épaules tout en lui répondant en évitant d’entrer dans les détails. “Non pas vraiment. Des fois c’est pour mon anniversaire, noël ou juste pour le plaisir.” Alors qu’en réalité, chaque achat de moto coïncidait avec la période de l’année ou il avait fait son accident et avait dû mettre une croix sur le rêve d’une vie. Il était très nostalgique de cette période et ne manquait pas de se morfondre autour d’un verre à chaque date anniversaire. “Il n’y a pas de quoi, c’est tout à fait normal de se rendre service !” Qu’il disait avec le sourire avant de parler des diverses marque de motos qui les intéressaient. La marque Ducati était réputé pour ses moto et leur prix étaient certes pas accessible à tout le monde. Il comprenait Norah qui avait du mal à se dire que ce petit rêve qu’elle s’était ancré dans un coin de sa tête était accessible. L’américain avait presque envie de lui filer un coup de pouce, non pas par intérêt, mais juste par sympathie. Il ne pouvait l’expliquer, mais Norah avait touché un point sensible chez l’Américain et même si au début elle était une cible, la connaitre d’avantage l’avait vite fait changé d’avis. Un détail qu’il gardait pour lui. Si Zehri devait lui tourner le dos, il n'hésitera pas à le menacer en utilisant le nom de Norah, mais il s’était juré de ne pas lui faire de mal. “Tout est possible, des fois il y a des personnes qui gagne une moto via un héritage et qui n’y connaisse rien, alors il la vende en pensant la vendre à un bon prix, alors que pas du tout. Je scrute souvent les annonces, à la recherche d’une moto rare que je n’aurai sûrement jamais, mais je garde espoir.” Il montrait le mannequin en vitrine qui était vêtu d’équipements. “Ce genre d’équipements, c’est le top du top et je partage votre avis sur le fait qu’il vous faut un équipement neuf, votre vie est bien trop précieuse pour jouer avec.” Ajoutait-il en la regardant droit dans les yeux avec beaucoup de sincérité. un équipement d’occasion c’était beaucoup trop risqué, les gens ne sont pas toujours honnête et peuvent cacher d'éventuel accident qui pourraient rendre l’équipement moins efficace. “Ne vous en faites pas, c’est un quartier que j’apprécie et je ne compte pas lui faire perdre son charme, ce serait dommage.” Dit-il paisiblement avant d’entrer dans des détails un peu plus personnel. Un sujet qu’il abordait rarement. La paternité. “J’y place peu d’espoir, mais sait-on jamais, la vie est faite de surprise.” Il ne croyait pas vraiment en ses dires. Il avait été marié de nombreuses années avec Mavis et jamais l’envie d’être père était devenu une priorité. Il fallait avouer que Mavis n’était pas la meilleure candidate, mais il ne pouvait pas mettre toute la faute sur elle. “Je n’aimerai pas déposer mon enfant à l’école en passant pour son grand-père.” Qu’il répondait après sa remarque sur la fertilité avec un sourire amusé. “Je ne crois pas vraiment en ces histoires d'âmes soeur, j’ai été avec quelqu’un durant de nombreuses années et l’amour s’est évaporé au fil des années, à la fin il restait que de la haine et pourtant je la pensais être mon âme soeur.” Penser à Mavis le rendait à la fois triste et à la fois indifférent. Elle ne lui manquait pas vraiment au quotidien, mais des fois sa présence lui ferait le plus grand bien. “Et vous pensez qu’il est possible d’avoir deux âmes soeurs ?” Sa question pouvait être mal prise par la jeune femme et il en avait conscience. Elle avait perdu l’homme de sa vie et ne s’en était pas vraiment remise, mais à cet instant Mitchell se posait réellement la question. Allait-elle réussir à passer à autre chose et s’autoriser à être heureuse à nouveau ? “Je ne veux pas paraître indiscret, mais pensez-vous que vous vivrez à nouveau quelque chose d’aussi fort qu’avec votre époux ?” Il la regarda quelques secondes dans les yeux avant de finalement baisser le regard. Elle avait le droit de ne pas lui répondre, c’était légitime. Pour ne pas créer de malaise, Mitchell avait suggéré d’entrer dans la concession et avait remis son offre sur la table en lui proposant un tour en moto. Norah s'intéressa alors à ce qui lui plaisait dans le fait de rouler à moto. Il laissa un sourire échapper sans même s’en rendre compte et répondit sans hésitation. “Il y a cette sensation de liberté, vous avez l’impression d’avoir votre vie en pause durant un court instant et ça fait tellement de bien !” La moto lui permettait d’être celui qu’il était avant, ça l’aidait à faire le vide dans sa tête et le plaisir qu’il y trouvait n’avait aucun prix. “Vous faites le vide dans votre tête et vous ne pensez à rien. C’est ça que j’aime dans la moto.” Il regardait la moto face à eux avec le sourire. Il avait déjà fait beaucoup de confidences en peu de temps et répondre à cette question concernant son rêve c’était trop. “Ne m’en voulez pas, mais je répondrai à cette question une autre fois.” Il disait cela calmement en espérant qu’elle comprendrait. Elle accepta finalement le tour en moto. Il lui fit un grand sourire, bien qu’elle précisait qu’elle souhaitait un petit tour. “C’est vous qui décidez.” Qu’il disait, content qu’elle ait accepté. Mitchell se contentant de faire un signe de la tête au commercial qui ne lui était pas totalement inconnu. -C’était lui qui lui avait vendu sa dernière moto. Alors que Norah s’était chargé de l'éloigner avec politesse. “Je ne veux pas me la jouer Poudlard en vous disant que c’est la moto qui choisit son conducteur, mais c’est pas loin. Prenez le temps qu’il vous faut pour choisir et surtout n’hésitez pas à les essayer avant pour vraiment être sur. Certaine sont plus lourde que d’autres, ça peut être un avantage, mais également un désavantage, c’est vous qui devez décider et surtout ne vous laissez jamais avoir par un de ces vendeurs.” Rare était les vendeurs qui partageait leur réelle passion pour la moto, tout était question de chiffre de nos jours. Il regardait autour de lui et montra une Ducati. "J’aime beaucoup la Monster, Ducati reste ma marque de prédilection, mais j’aimerai beaucoup essayer d’autres marques, j’ai aucune Bmw.” Il observait une Bmw de loin en se demandant si le temps de changer un peu n’était pas venu. Ils arrivaient au rayon des équipements et c’est avec entrain que Mitchell s’avança vers une tenue complète pour femme qui était exposé. “Je vous verrai bien là-dedans.” C’était signé Alpinestars. Mitchell appréciait beaucoup cette marque et n’hésita pas à la conseiller à Norah, bien que les prix n’étaient pas des plus raisonnable. “Il y a des casques vraiment sympa !” Qu’il disait, en montrant les casques présenté juste à côté. “Vous devriez en essayer !” Qu’il ajoutait avec le sourire.
"Et vous ne trouvez pas qu'on associe assez facilement ces deux mots ensemble ?" rétorqua-t-elle à son tour avec un léger rire. Américain et mégalomane. On accordait assez facilement ce qualificatif aux habitants qui vivaient de l'autre côté du Pacifique. Il fallait que tout soit plus beau, plus grand, plus riche. Toujours et encore plus. Du moins c'était l'illusion qu'ils donnaient, surtout de la part de leur cher Président. Norah le trouvait aussi stupide qu'un balai, si on lui demandait son avis. Strange vouait une adoration certaine pour les deux roues et dépensait sans compter pour se faire plaisir. Tant mieux pour lui, se disait Norah. Il pouvait se le permettre, il n'y avait pas de raison qu'il s'en prive, après tout. Elle ne parvenait pas à savoir si le tableau qu'il se dépeignait de sa personne avait une part de réalité, ou s'il l'enjolivait ou la modifier pour qu'elle soit facilement entendable. Selon Anwar, Mitchell était une personne à éviter à tout prix mais tout laissait penser l'inverse. La soignante faisait rapidement le parallèle avec son métier. Comme les patients toxicomanes : bon nombre de ses collègues poussaient la jugeotte très vite qu'ils lisaient les antécédents des patients. Une fois que l'un était fiché toxico, on lui collait la pire étiquette qui pouvait être. Norah ne savait pas pourquoi, mais le courant était toujours bien passé avec les patients ayant déjà touché à des produits illicites. Et à force d'apprendre à les connaître, de se renseigner un peu de leur passif, elle finissait par comprendre pourquoi ils avaient eu recours à la drogue. C'était le seul échappatoire qu'ils trouvaient. Après, elle n'était peut-être tombée que sur l'exception qui confirmait la règle, parce qu'elle a déjà eu aussi affaire à des petits malins qui assumaient tellement le plaisir de se sentir complètement shootée après avoir reniflé un peu de poudre blanche. Au moins, ils avaient le mérite de l'assumer. "J'essaierai de me trouver le temps de vérifier les annonces de temps à autre." finit-elle par dire après les bons conseils du criminel. "Après, certes ça m'intéresse beaucoup, j'ai pas la prétention de dire que je suis une très grande connaisseuse. Si ça se trouve, c'est moi qui vais me faire avoir." ajoutait-elle avec un petit rire. Elle avait les notions de base, disons. Norah pouvait s'attendre à beaucoup de choses de la part de Strange, mais certainement pas qu'il se soucie de sa sincérité. Elle ignorait qu'il l'utilisait comme garde fou si Anwar retournait sa veste, mais même sans cela, jamais n'aurait-elle pensé qu'il puisse se faire du soucis pour elle. Peut-être qu'il n'était pas aussi mauvais et mal intentionné que l'inspecteur voulait lui laisse croire. Peut-être qu'il ne savait pas tout de lui. "L'équipement, c'est un sacré budget aussi." Mais comme on disait, la santé n'avait pas de prix. Norah était prête à investir en bonne et due forme pour s'équiper et être en sécurité sur la route. La conversation se poursuivait naturellement et ils étaient alors menés à discuter de Logan City, où Mitchell avait repéré d'éventuelles opportunités immobilières. Et de la vie de famille, globalement. Le brun ne se voyait pas trop devenir père. "Laissez-vous surprendre, oui." approuvait Norah, avec un hochement de tête. "Puis les pères mûrs, il paraît que ça fait son petit effet." Elle se moquait doucement, mais c'était vrai. Elle avait pu constater d'elle-même que certains hommes étaient comme le vin; ils se bonifiaient avec le temps. Norah lui fit un clin d'oeil. Mitchell ne partageait pas trop le penchant romantique que son interlocutrice. "Vous pensiez que ça l'était, mais elle ne l'était peut-être pas." fit-elle remarquer. Norah avait eu quelques relations amoureuses avant d'avoir été avec celui qui fut son époux. Ca se passait bien, parfois très bien même, mais ce n'était pas le bon. Pas une personne avec qui elle pourrait se projeter sur le très long terme. Quant à savoir si elle retrouverait un jour pareil sentiment pour une autre personne... Elle restait longuement silencieuse avant de reprendre la parole, en haussant les épaules. "Je ne sais pas. Peut-être." Cette question la rendait triste. Si on lui demandait de choisir entre une seconde âme soeur ou la résurrection de son mari, elle choisirait la deuxième option sans la moindre hésitation. "Une partie de moi espère que c'est possible, de pouvoir ressentir tout ça pour quelqu'un d'autre. L'autre partie se dit que c'est tellement unique c'est pas possible que ça puisse se reproduire une deuxième fois pareil. Soit encore plus fort, soit un peu moins, mais qui resterait tout aussi important." L'explication était difficile. C'était très subtil. Et puis, comment expliquer avec précision ce genre de sentiments ? C'était quasiment impossible. "Advienne que pourra." Ce n'était pas une priorité pour elle, dernièrement. Si le hasard voulait bien faire les choses, peut-être qu'on lui placerait quelqu'un sur sa route. Sinon, tant pis. "J'avoue qu'il me tarde de retrouver cette sensation là." répondait-elle après que Mitchell lui ai expliqué comment il se sentait une fois qu'il enjambait sa bécane. Bien qu'il s'était bien plus ouvert que les fois précédentes, Mitchell ne voulait pas non plus en dire trop. Elle comprenait. Trop se confier le rendrait plus vulnérable, ou peut-être qu'il avait tout simplement peur de laisser quelqu'un trop entrer dans sa sphère personnelle. Ils se connaissaient à peine après tout. "Je vous le demanderai la prochaine fois, alors." répondit-elle d'un air satisfait. Cela ne l'empêchait à toujours donner de bon conseils à celle qu'il considérait comme élément de sûreté dans sa stratégie par rapport à Anwar. "Merci pour vos conseils, j'en prends note. Mais avant tout ça, le permis." Premier objectif à atteindre. "Donc votre prochain achat va se tourner vers une BMW ?" supposait-elle alors que ses yeux continuaient à observer avec beaucoup d'intérêt les deux roues devant lesquels ils se promenaient. "J'avoue que la Monster fait partie de celles qui m'ont tapé dans l'oeil." reconnut-elle. "S'il fallait que je choisisse une Yamaha, ce serait la XSR900, et s'il fallait choisir une BMW, ce serait ..." Norah réfléchit un moment. "Il y a le modèle sport R1250 RS qui me plaît et... comment c'est déjà..." Elle sortait son téléphone portable de son sac, lisant de travers les messages alarmés d'Anwar avant de les balayer de son écran, afin de retrouver les références qu'elle avait mis en mémo sur une application de son téléphone. "... la R1250 GS, voilà. Leur gamme Heritage est très belle esthétiquement aussi." Elle forçait un sourire. "C'est beau de rêver, pas vrai ?" Elle sourit, amusée. Si elle arrivait à se procurer l'un de ces modèles, elle en serait absolument ravie. Après avoir passé un peu de temps avec les motos, Mitchell s'intéressait plutôt à l'équipement. Norah arquait un sourcil lorsqu'il disait que l'une des vestes en vente lui irait bien. "Moi aussi je me verrai bien là-dedans." répondit-elle avec un rire en s'approchant du vêtement pour l'observer de plus près - ou plutôt, l'admirer. "Vous voulez me faire céder, avouez-le." dit-elle en lui lançant un regard pétillant. "Remarquez, si je devais commencer quelque part, ce serait bien de se procurer tout l'équipement en premier." Avant même d'avoir la moto, ou de passer le permis. Elle essayait volontiers le casque qu'il lui tendait. Là encore, Mitchell optait pour de la qualité en lui ayant suggérer d'essayer un casque Shark. Norah se prêtait au jeu et l'essayait volontiers. Rien que ça, elle en découvrait le plaisir, l'enthousiasme, la motivation qu'elle avait à l'idée de réaliser ce projet qu'elle avait laissé en suspend pendant bien trop longtemps. Elle le retirait ensuite pour en lire toutes les caractéristique sur l'étiquette, ainsi que son prix. "Je ne savais même pas qu'ils intégraient désormais le bluetooth dans les casques." C'était pratique, cela dit. "Mais très confortable en tout cas, c'est pile la bonne taille." Norah l'observait sous tous les angles. "J'ai envie de me l'acheter, maintenant. Si je cède, je dirai que c'est de votre faute." Julie se réjouirait de voir sa mère se permettre enfin une petite folie, Aidan remuerait ciel et terre pour avoir un jour droit à son tour en moto. Norah restait silencieuse, elle continuerait d'observer, d'analyser, de calculer, d'hésiter. Quelques minutes plus tard, elle disait, enfin. "Bon allez, je me le prends. Autant ne pas trop traîner pour commencer à investir." Et elle en serait si fière, de cet achat.
Il riait toute en grimaçant. «Je ne peux pas approuver totalement ce que vous dites !» Cela voudrait dire qu'il confirme être mégalomane et ça il ne le pouvait pas, même si elle n'avait pas vraiment tort. «Disons simplement que je suis ambitieux.» Qu'il ajoutait avec sourire angélique. L'ambition ne lui avait jamais manqué à l'Américain, il en a eu toute sa vie et cela l'avait mené à sa réussite d'aujourd'hui. Certes, les choix qu'il avait dû faire pour en arriver n'avait pas été facile, il vivait avec certains remords qu'il ne pouvait pas effacer et tentait d'oublier les conséquences qu'il avait dû subir tout au long de son parcours. Le dernières en date était bien sûr son séjour en prison, une année entière qu'il avait du mal à oublier et qui lui avait tout de même laissé quelques séquelles. La paranoïa en faisait partie. Principalement suite à la trahison de Lou, mais aussi parce que durant son séjour à l'ombre dormir à point fermé était compliqué. Il avait réussi à imaginer divers scénario qui l'empêchait de dormir paisiblement, car s'il était plutôt à l'aise la plupart du temps il partageait les lieux avec des rivaux qui souhaitait sa mort et lorsqu'il s'en était rendu compte ce fut l'apothéose dans son esprit. Pour lui quiconque l'approchait était un ennemie potentiel et ça avait continué ainsi après sa sortie. Il était beaucoup plus méfiant et se faisait des films pour un rien. Il espérait ne jamais y retourner, un souhait qui aurait pu être très vite réglé en cessant toutes ses activités illégale, mais c'était beaucoup plus fort que lui, il y tenait à son empire et n'était pas prêt à quitter le navire pour une vie meilleure. Pourtant Mitchell avait toutes ses chances dans la vie du bon côté, il possédait plusieurs bien immobilier et avait une facilité non contestable pour discuter avec les gens. En général il était facilement apprécié, le problème venait de son côté qui préférait laisser la solitude s'entasser plutôt que de faire confiance aux gens qui l'entourent. Il ne prenait plus le temps de se confier à son frère Alec qui pourtant depuis le début était une bonne oreille. Il lui avait confié beaucoup de choses, ses actes, ses sentiments, mais ne lui avait jamais avoué ce qu'il pensait réellement de leur situation, c'était un point qu'il gardait pour lui depuis le début. Un point qu'il avait du mal à assumer. «Et vous, dites moi, quel est votre plus grand défaut ?» Qu'il lui demandait soudainement avec un sourire. Personne vivait en étant la perfection incarné et la curiosité l'avait poussé à lui poser ce genre de question.
Ils discutaient ensuite de moto et Mitchell n'avait pas hésité à conseiller l'infirmière sur la marche à suivre pour obtenir une moto moins cher et surtout pour ne pas se faire avoir. «Si jamais vous avez une doute, n'hésitez pas à me contacter, si je peux vous donner mon avis ou même vous accompagner quand ça sera d'actualité.» lui proposait-il avec le sourire. Il le ferait avec plaisir et n'y voyait aucun sous entendu à l'aider dans ses démarches. «Ça serait bête de se faire avoir.» Qu'il ajoutait en regardant les équipements présent devant eux. Un équipement qui pouvait grimper très vite, mais qui permettait de sauver la vie à de nombreux motards. Faire de la moto sans équipement pouvait être fatale. Bien sûr l'équipement ne faisait pas tout, il en était la preuve formel puisqu'il avait dû dire adieu à sa carrière après une grosse blessure, mais sans équipement il ne serait sûrement plus là pour parler de motos. «À croire qu'ils veulent nous voir sur une moto sans protection !» qu'il disait en plaisantant avant de passer à un tout autre sujet. La paternité et les âmes sœurs. «Peut-être que je devrais m'initier aux speed dating !» Qu'il disait en riant. Il imaginait la scène improbable ou il devrait se présenter. Une idée voué à l'échec, car soi il devait mentir soi il devait dire la vérité qui elle non plus n'était pas acceptable. Il niait d'un signe de tête ce qu'elle disait, bien que certains homme en effet ce bonifiait avec l'âge. «Par prudence je vais éviter d'en arriver là, si ça arrive avant la cinquantaine pourquoi pas, sinon tant pis, la vie à de nombreuses choses à offrir.» Qu'il disait sans être réellement sincère. Il aimerait avoir une famille et avoir des enfants. En ayant aperçu Norah avec ses enfants ça lui avait ouvert les yeux à ce sujet. Puis elle ajouta une remarque sur le fait que l'amour de sa vie ne l'était peut-être pas. Il resta silencieux à ce sujet. Elle avait raison, Mavis n'était sûrement pas son âme sœur, un fait qu'il savait déjà, mais qu'il ne s'avouait pas. Il décida de lui poser une question au sujet de son défunt mari, du moins sur son futur à elle. Il se posait réellement la question et était prêt à s'inspirer de sa réponses pour son propre compte. Elle ignorait le fait qu'il était également veuf. «Je comprends, puis comme vous dites, advienne que pourra. Il ne faut pas forcer le destin.» Il se demandait quand même si elle ressentait la même solitude que lui, mais n'exprima pas son interrogation. Pour elle s'était sûrement pire, Mitchell avait dit adieu à Mavis bien avant son décès.
Après cet instant un peu terne, ils en revenaient à la moto. Un sujet qui ne manqua pas de les faire sourire tous les deux. «Oui, c'est le plus dure du travail pour arriver au saint graale !» Qu'il disait. «Je ne sais pas comment ça se passe ici en Australie, mais c'est assez simple une fois qu'on a prit la main.» Qu'il ajoutait en observant les motos et principalement un modèle de chez BMW. «Oui je pense, il faut savoir sortir de sa zone de conforts de temps en temps.» Les modèles qu'elle citait faisait sourire Mitchell. Elle avait du goût. «C'est de très beau modèle ! Et ne dites pas ça, les rêves sont fait pour être réalisé non ? Autrement ça servirait à quoi de rêver ?» Bon il avait un peu déformer le dictons, mais se voulait confiant sur le fait qu'elle aurait la moto qu'elle souhaite lorsqu'elle aura le permis. Ils arrivaient devant les équipement et dans un élan de bonne humeur Mitchell tenta Norah d'essayer un casque, elle l'essayait sans hésiter. Il ne manquait pas la lueur dans ses yeux qui le fit sourire. «Ça vous va à ravir !» S'exclamait-il. «Oui de nos jours les casques sont très avancés avec la technologie. C'est très pratique d'avoir le Bluetooth.» il utilisait lui-même ce genre de casque et en appréciait les caractéristiques. «En effet il faut commencer quelque part et avoir l'équipement vous motivera à passer le permis rapidement.» Qu'il disait en faisait signe au vendeur qui se pressa à les rejoindre. «On va vous prendre l'équipement complet.» Qu'il disait en sortant sa carte bleue. Avant que Norah réagisse, il prit les devant. «Je vous ai promis un tour en moto et ça serait inconscient de ma part de vous faire faire un tour sans équipement.» En réalité il avait envie de lui offrir, non pas par pitié, mais parce qu'il estimait qu'elle le méritait, puis il l'avait beaucoup tenté, donc c'était la moindre des choses.
Les préjugés sur les Américains avaient la peau dure, et comme il fallait s'y attendre, cela ne plaisait guère à Strange. Norah haussait les sourcils en l'entendant désapprouver ses propos. "J'attends qu'on me prouve le contraire." soulevait-elle. Elle n'avait pas d'avis figé; si on lui donnait matière à débat ou à revoir son questionnement, elle ne pouvait que se pencher sur sa question. Le brun préférait voir ses défauts comme le signe d'une qualité. Ambitieux, ça oui, il l'était. Norah n'en doutait pas. Mais ça le rendait peut-être un peu trop présomptueux, pas sûr de lui. Il baissait les armes en présence de l'infirmière et elle avait donc une petite longueur d'avance. Elle ne se sentait pas en danger, en sa présence. "Mon plus grand défaut ?" répétait Norah. "J'en ai plusieurs, à vrai dire." Elle ne se faisait pas d'illusions. La jeune femme savait qu'elle avait des traits qui avaient parfois tendance à hérisser le poil de ses proches; et savaient tout autant l'apprécier à d'autres moments. "Je suis têtue. Une fois que j'ai une idée en tête, il est difficile de me faire penser autrement. Certains voient ma franchise comme un défaut." Et elle aimait bien leur rétorquer que la vérité blessait. "Mon indépendance aussi, parce que lorsqu'on essaie de m'en priver, c'est bizarre, j'ai envie de faire parfaitement l'inverse. Dans une moindre mesure non plus, je suis loin d'être une rebelle." Elle n'était pas une trouble-fait. "Au boulot parfois, on me trouve trop froide, limite robotique. Mais un peu trop laxiste parfois aux yeux de certains médecins. Ce qu'ils ne pigent pas, c'est que de par mes méthodes, j'ai réussi à gagner la confiance de plusieurs patients qui refusaient d'être pris en charge. Je sais ce que je fais, je sais quand je dépasse les bornes." Le meilleur exemple qu'elle avait n'était personne d'autre qu'Alfie. Un dur à cuire, celui-là. Le reste du temps, Norah avait souvent l'air impassible. Elle avait un ton toujours très calme, n'était pas des plus bavardes et avait une certaine exigence quant aux collègues avec qui elle travaillait. Néanmoins, elle savait être pédagogue, loin d'elle l'idée de juger les soignants qui ne savaient pas faire tel ou tel soin. Les étudiants (et même des collègues), avaient parfois un peu peur d'elle. Elle était efficace, elle faisait son boulot, point à la ligne. Les années d'expérience qu'elle continuait d'accumuler en service de réanimation, service où en général le turn over était assez important, forçait au respect. Elle était un puit de savoir. Andy, médecin chef du service et ami de longue date, préférait souvent se fier à ce qu'elle disait plutôt qu'aux internes fraîchement débarqués. Mitchell se montrait de plus en plus jovial avec sa cible, offrant même encore une aide supplémentaire le jour où elle se serait décidée à investir dans une moto. "C'est gentil, merci." répondit-elle doucement avec un sourire. Etait-ce encore une manigance de sa part pour continuer à se rapprocher de sa proie, ou cela venait-il d'une réelle intention, une tendance amicale. Norah devenait alors plus une personne qu'il appréciait qu'une véritable victime. "J'ai conscience que de base, être sur une moto est bien plus dangereux que de conduire une voiture. J'ai deux enfants, il est hors de question que je néglige ma sécurité même si je suis amatrice de sensations fortes." Elle était aventureuse, mais pas inconsciente non plus. Intrépide, mais toujours prudente. Elle pouffait de rire lorsqu'il parlait de speed dating. C'était bien quelque chose qui ne la séduisait absolument pas. "J'ai du mal à vous imaginer assis à une table et à devoir vous présenter cinq ou six fois en une soirée." Et elle aussi d'ailleurs. Norah n'était vraiment pas de ceux qui seraient présents avec ce genre d'événements. Les rencontres un peu forcées, qui manquaient cruellement de naturel. Par contre, ce qui l'était, était la suite de leur conversation. Discuter de motos mettait Mitchell plus à l'aise. "Eh bien je vous dirais ce qu'il en est une fois que j'aurais le permis en poche." répondit-elle avec un léger rire. En parallèle, Norah s'était déjà permise de rêver un peu en cherchant des modèles qui lui plaisaient particulièrement. Ils étaient bien évidemment hors de prix pour elle. Enfin en soi, elle pourrait se le permettre si elle touchait aux économies qu'elle avait fait, mais cet argent était pour elle entièrement consacré aux études de ses enfants. "Juste un des modèles là me suffirait, je ne compte pas me faire une collection." dit-elle avec un regard pétillant, faisant allusion à foule de deux roues que Strange possédait. Elle se moquait gentiment. Surprise par le confort du casque, Norah l'avait gardé quelques secondes, ayant pris le temps d'apprécier son ergonomie devant les compliments de Strange. Elle le retirait, l'une de ses mains réarrangeraient des mèches qui s'étaient rebellées, glissant l'une d'entre elles derrière son oreille. "C'est clair que maintenant j'ai envie de m'y mettre dès demain." Norah le regardait faire signe au vendeur, qui s'approchait alors d'eux. S'était-il décidé à acheter une moto ? Certes, elle, elle comptait se prendre le casque, mais il suffisait de se rendre vers la caisse pour régler son achat. "Pardon ?" lui demanda-t-elle en lui faisant les yeux ronds. "Non, mais ça va pas. Vous n'allez pas payer mon équipement." lui fit-elle remarquer alors que le commercial s'approchait de plus en plus d'eux. "Vous ne me devez rien. Et puis, vous me connaissez à peine." Peut-être qu'il voulait se faire passer pour un bon samaritain, histoire de redorer son image. A moins que tout ceci était fait avec une arrière-pensée, peut-être espérait-il la rouler dans la farine en attirant ses bonnes grâces. Alors certes, il avait un bon argument pour confirmer cet achat : il valait mieux que la soignante soit correctement équipée pour un tour en deux roues. Si Anwar apprenait qu'il m'offre tout ça, il fera une syncope, pensait-elle tout en esquissant un sourire au criminel. "J'apprécie le geste et que vous vous souciez autant de ma sécurité, mais ce n'est pas à vous de me payer tout ça. Vous avez vu le prix de ces trucs ? Les gants à eux seuls approchent des 100 dollars." Il suffisait de deviner en parallèle combien coûtait le blouson, les bottes et le pantalon. "J'ai une question." Son regard le fixait. "Pourquoi ?" Il tenait à sympathiser avec elle, à partager ses centres d'intérêts avec elle, à passer du temps avec elle. Quel intérêt trouvait-il à cela, alors que son objectif initial n'était pas de faire ami-ami avec l'infirmière. "Je vous vois mal à proposer à toutes les personnes que vous connaissez depuis peu à leur offrir tout un équipement après leur avoir proposé un tour en moto." Elle regardait rapidement la carte bleue qu'il avait dégainé, prêt à régler la facture sans même trop regarder le prix. "Je vais me sentir redevable et c'est pas un sentiment que j'apprécie forcément." ajoutait-elle avec un rire nerveux. Mais il semblait très déterminé.
Il riait toute en grimaçant. Il ne manquait pas d'afficher un sourire en coin alors qu'elle précisait, attendre qu'on lui prouve le contraire sur le tempérament des Américains. «En vous affirmant que je suis la preuve du contraire, je confirmerai vos dires, mais je vous invite à vous y pencher, il ne faut pas se fier aux apparences. » Qu'il disait simplement. Mitchell n'était pas du genre à se surestimer, il en avait bavé dans sa vie et il ne l'oubliait pas. Il avait travaillé pour en arriver jusque-là. Certes, il n'avait pas utilisé la meilleure voie pour y parvenir, mais lorsqu'il repensait à sa situation quinze ans avant il pouvait se permettre de se vanter d'avoir franchi un cap. Bien sûr, il savait que certains de ses défauts ressortaient plus que d'autre, au final, il pouvait accepter d'être mégalomane, ce n'était rien à côté de ce qu'il était vraiment. Suite à cela, il demandait à Norah son plus grand défaut. Jusque-là, il avait vu en la jeune femme de belles qualités qui avaient suffit à éteindre son envie de l'utiliser réellement comme une assurance auprès de l'inspecteur Zehri. À croire qu'il avait toujours un cœur quelque part en lui. Bien sûr à ce moment précis, il n'avait pas idée que Norah en savait bien plus qu'il pouvait imaginer. Lui se pensait toujours bien grader dans son plan et n'y pensait pas vraiment, il se contentait d'être un minimum lui-même. Pour une fois. Elle lui disait être têtue, un fait qui le fit sourire. «Vous savez, être têtu peut-être une qualité. Ça signifie surtout que vous savez ce que vous voulez et que vous n'abandonner pas votre idée.» Qu'il avançait avec un sourire. L'Américain était assez doué pour embellir les défauts, ce qu'il avait dû faire bien souvent dans sa vie, car il ne collectionnait pas vraiment les qualités. «Et la franchise peut être une bonne chose, ça dépend à qui vous vous adressez en réalité.» Qu'il ajoutait. «Et l'indépendance, non, ça ne peut pas être un défaut, vous avez le droit de l'être !» Qu'il s'exclamait d'un air théâtral. «Cela voudrait dire que vous êtes parfaite ?» Qu'il plaisantait avant de très vite reprendre. «Certain de nos défauts font de nous de bonnes personnes, il ne faut s’attarder là-dessus et si ça peut vous rassurer je ne vous trouve pas du tout froide, bien au contraire.» Un sourire amical accompagnait ses dires. Il appréciait discuter avec l'infirmière à un point d'être sincère et c'était un fait rare pour l'Américain qui la plupart du temps se méfiait de tout et tout le monde. «Puis de nos jours il faut pouvoir s'affirmer sinon on se fait bouffer tout cru !» Et il savait de quoi il parlait en disant cela.
La manigance mise de côté, Mitchell pouvait être lui-même le temps de quelques minutes. Discutant de sa passion avec la jeune femme, il lui faisait part de certains détails qu'il aimait garder pour lui en général. Il ne perdait cependant pas la raison à un point de lui donner chaque détail de sa vie passer. «De nos jours le risque est quasiment partout, la moto à côté c'est plutôt sûr.» Qu'il affirmait. «J'aurais plus tendance à me méfier d'un saut en parachute si vous voulez mon avis.» C'était une façon de voir les choses. Un saut en parachute comprenait de nombreux facteurs risque indépendant de notre bon vouloir, alors que la moto, dépendait surtout de notre attitude sur la route. Certes, il fallait toujours se méfier des autres usager de la route, un point à ne pas négliger. «Je me suis toujours dit que si j'avais des enfants je leur interdirais de monter sur un deux-roues le plus longtemps possible.» Il riait légèrement. «Vous en ferez autant ?» Qu'il lui demandait avec le sourire avant de passer à un tout au autre sujet et en mettant en avant les speed dating. Il n'en n'avait jamais fait, mais se demandait si ce genre d'événements pouvait réellement fonctionner pour trouver l'amour. Norah ne l'imaginait pas devoir se présenter plusieurs fois en une soirée et lui non plus. Il devrait mentir plus d'une fois par soir pour au final se retrouver toujours au même stade, à la frontière entre le mensonge et la vérité. Il pouvait être qui il voulait, prétendre être qu'un homme d'affaire, mais la réalité ne tarde jamais à faire surface. Tout était perdu d'avance pour l'Américain, il n'avait aucune chance, sauf s'il se contentait de trouver la femme de sa vie dans ce monde. «Moi non-plus, puis je n'imagine même pas la perte de temps que ça doit être.» S'exclamait-il. «J'ai du mal à croire que ça fonctionne pour certaines personnes.» Qu'il ajoutait en haussant les épaules.
«Je compte sur vous pour me tenir au courant !» Qu'il disait alors qu'elle affirmait qu'elle lui dirait ce qu'il en est une fois le permis moto en poche. Il lui faisait une petite tape sur l'épaule alors qu'elle se moquait du nombre de motos qu'il possédait. «Je vous l'ai dit, pour certain, c'est des sac à main ou des parfums, pour moi, c'est des motos. Chacun son petit péché mignon.» Qu'il disait avec un air innocent. «Ne tardez pas, apparemment avec l'âge les réflexes diminue et ce n'est pas bon pour le passer.» Qu'il la taquinait avant de s'attarder sur les équipements. Mitchell avait beau être un tirant, il avait un côté plutôt généreux et il en faisait usage lorsqu'il jugeait que c'était mérité. Norah correspondait justement à l'idée qu'il se faisait du mérité. Veuve avec deux enfants, ayant mis de côté des rêves pour s'occuper convenablement de ses enfants, cela suffisait au brun pour lui faire une faveur qui ne nécessitait aucun retour de sa part. Un pas de plus vers le paradis et un de moins en enfer qu'il se disait. Bien sûr, elle ne tarda pas à se demander pourquoi il faisait ça. Ce qui était tout à fait normal. Mitchell haussait les épaules en la regardant avec un petit sourire. «Mon petit doigt me dit que vous le méritez.» Qu'il disait. «Je ne fais pas ça pour tout le monde, mais il y a quelque chose en vous … J'ai envie de vous donner un coup de main, croyez-moi c'est pas grand chose et je ne vous demandez rien en retour. C'est avec plaisir.»
Il existait plusieurs types de comportements à risque. Les plus connus étaient bien la toxicomanie, l'éthylisme, l'automutilation, mais il existait bien d'autres moyens de se mettre en danger. Et les raisons étaient d'autant plus nombreuses. Il suffisait de creuser un petit peu plus pour comprendre le pourquoi du comment. Norah était un exemple à elle toute seule. Anwar l'avait prévenu des méfaits de Mitchell, qu'il n'était pas fréquentable. Et pourtant la voilà à sympathiser avec lui, plus par frustrations des barrières que l'inspecteur lui imposait qu'autre chose. Sur le moment, elle ne réalisait tout simplement pas qu'elle se mettait en danger inconsciemment. Elle ignorait les innombrables messages qu'il lui laissait dans un premier temps. Au lieu de ça, elle débattait des clichés des Américains, que Strange tentait de redorer. Il n'y avait pas que de la mauvaise graine, là-bas. "On verra déjà ce que les prochaines élections présidentielles vont donner, je reconsidérerai mon opinion selon les résultats." dit-elle avec un sourire plein de malice. Norah ne s'imaginait pas parfaite, ni mieux que ses confrères américains. Pour preuve, elle se trouvait sans soucis toute une liste non exhaustive de défauts qui la définissaient. Elle n'avait pas la prétention de dire qu'elle était irréprochable, loin de là. Dans tout ce qu'elle citait, Mitchell trouvait matière à la contredire. Ou du moins, de voir ses défauts comme des qualités. "Il n'y a pas tout le monde qui apprécie la franchise." fit-elle remarquer. "On se fait vite passer pour la méchante personne, ou celle qui est trop froide, voire indélicate. Mais bon, parfois il y a besoin de dire les choses telles qu'elles sont, il y a pas forcément le temps de faire dans la dentelle." Et parfois, certains ne comprenaient tout simplement quand on passait par quatre chemins, alors autant y aller directement. Mitchell finissait même par dire qu'elle était parfaite. Elle laissait échapper un rire nerveux. "Quand même pas, non." lui répondit-elle, bien amusée. "Je ne me laisse pas manger par qui que ce soit." lui assura-t-elle en haussant les sourcils. Parfois, elle se pliait, mais c'était après s'être affirmée sur la question. Tout dépendait des situations, bien sûr. Mais globalement, Norah ne se laissait jamais vraiment faire. Ils discutaient ensuite des dangers que l'on rencontrait au quotidien, dont en moto. Lui appréhendait plus le saut en parachute qu'une escapade en moto. "Pourtant, je ne serai pas surprise que comparativement, il y ait bien plus d'accidents de moto que de parachutes." fit-elle remarquer avec un sourire. Par exemple au boulot, Norah retrouvait bien plus souvent des accidentés de la route que des amateurs de sensations fortes. "En moto, le danger vient surtout des autres. Quand on se retrouve face à une voiture, c'est elle qui l'emporte haut la main." Les motards n'avaient pas d'habitacle dans lequel on pouvait être protégé et voir les dégâts se limiter. Ils ne pouvaient que sur leur combinaison en cas de choc. "Si dans les deux roues vous comptez les vélos, alors si, ils ont déjà grimpé sur un deux roues." répondit-elle en riant. "Mais sinon, tout ce qui est scooter, c'est pas trop ma came et il est hors de questions que j'investisse dans ce genre de trucs, je préfère encore leur payer leur permis et les aider un peu avec leur première voiture. S'ils veulent aussi faire de la moto, ça viendra de leur porte-monnaie." Norah comptait les aider, autant que nécessaire, mais dans la limite de ce qu'elle estimait faire partie du raisonnable. Elle décidait de ne pas s'épancher davantage sur les speed-datings : il n'y avait pas grand chose à ajouter et ce n'était pas un sujet qui la fascinait foncièrement. Strange s'avérait être du même avis, et partageait la même perplexité de la belle brune quant à ces rencontres chronométrées. Ils préféraient revenir rapidement sur le point commun qui avait prolongé leur conversation. Il comptait sur elle pour qu'il la tienne informée sur le jour où elle obtiendrait son permis. "Je suis à la fleur de l'âge, mes réflexes ne me feront pas défauts." dit-elle d'un air faussement hautain. Mais cela dit, elle pensait encore bien se débrouiller, en témoignait sa réactivité sur son lieu de travail. Là, les réflexes étaient bien présents, bien aiguisés. Elle se sentit bien mal à l'aise quand le criminel lui proposait d'acheter l'intégralité de son équipement. Ca la dérangeait, de se sentir redevable, et surtout, que quelqu'un se sente obligé d'une façon ou d'une autre, d'investir autant pour elle. "Que je le mérite ?" répéta-t-elle, perplexe. Il voulait la convaincre qu'il ne faisait pas preuve d'autant de générosité avec n'importe qui. Juste pour aider, qu'il disait. Etrangement, c'était à ce moment-là que Norah commençait à ne plus vraiment se sentir en sécurité. Pourtant, il ne faisait rien de très méchant. "Je suis vraiment pas à l'aise à l'idée que vous payez tout ça, même si vous en avez les moyens." insistait-elle. De plus, elle tirerait plus de satisfaction si c'était avec ses propres économies qu'elle parviendrait à investir. Elle récupérait son téléphone pour vérifier son téléphone. Elle constatait avec inquiétude les nombreux appels manqués d'Anwar. Pense aux enfants, lui avait-il dit. Elle lui avait promis d'être prudente, de rester loin de Mitchell autant que possible. Et voilà qu'elle sympathisait avec lui, elle jouait avec le feu et elle l'avait probablement fait par frustration et peut-être un peu de provocations. Pense aux enfants. Cette phrase continuait à résonner dans s tête et lui fit perdre tous ses moyens. Elle paniquait. "...C'est l'école qui a essayé de m'appeler plusieurs fois." mentit-elle en relevant la tête vers Mitchell. Le téléphone sonnait encore une fois. Elle décrohait alors en s'excusant auprès de Mitchell. Anwar parlait à toute vitesse, à lui demander où elle était, si elle était hors de danger ou non, s'il devait venir la chercher. "Oui, bonjour." répondit-elle, quelque peu alarmée. Elle l'était par rapport à ce qu'elle était en train de faire, mais l'on pouvait aisément croire qu'il s'agissait de l'expression de son inquiétude pour son bout de chou, à l'école. "Oui, pas de soucis. J'arrive tout de suite." répondit-elle alors, désireuse de mener son stratagème jusqu'au bout et que, en parallèle, Anwar se sente rassuré. "C'est l'école. Mon fils est malade, il a de la fièvre. Il faut que j'aille le récupérer." dit-elle à Mitchell après avoir raccroché. Elle reposait le casque qu'elle comptait initialement acheter là où il était posé. "Je dois vraiment filer." fit-elle, d'un air navré. Que cela mette la puce à l'oreille ou non au malfrat, c'était bien le cadet des soucis de Norah. Le voilà, son comportement à risque à elle.