| Anyway, what’s the point ? (Tommy n°2) |
| | (#)Mer 12 Aoû 2020, 23:05 | |
| Dimanche après-midi, le moment le plus seul de la semaine. Celui où la plupart des magasins, librairies, bibliothèques et bars en ville sont fermés. Elizabeth tournait déjà en rond les dimanches après-midi en temps normal mais depuis le départ soudain de Connor, c’était pire. Elle finissait par prendre une bouteille et la vider car la réalité de sa douleur était trop difficile à encaisser...Et Elizabeth n'était pas vraiment douée avec les émotions.
Mais aujourd’hui, Tommy devait venir. Elle s’était donc permis de noyer son chagrin la veille. Ca pouvait se lire sur son visage d’ailleurs…Elle avait essayé de se lever assez tôt pour camoufler les marques mais finalement elle n’en avait pas la force. Au diable sa tête. De toute façon, les trois quart des gens ne ressemblaient à rien le dimanche. Il n’y avait qu’Elizabeth Warren pour vouloir être nickel tout le temps. Et puis, pas sûr que ça choque Tommy. Il n’était pas du genre à prêter attention.
Tommy devait venir lui faire quelques réparations chez elle. Elizabeth était une femme indépendante et débrouillarde mais le bricolage, elle n’y connaissait rien. Bien entendu, elle aurait pu payer un ouvrier pour venir faire ce qu’il fallait mais c’était une excuse parfaite pour voir son petit frère. Tommy et Elizabeth n’étaient pas du genre à s’appeler et à discuter du beau temps ensemble…mais depuis son retour à Brisbane, ils avaient essayé d’améliorer leur relation en se voyant de temps à autre. Chacun essayait de trouver des occasions pour se rencontrer. Il y avait bien sûr Moïra qui était une raison bien assez suffisante mais Tommy et Elizabeth, même s’ils ne l’avaient jamais prononcé tel quel, savaient au fond d’eux que lorsqu’elle serait grande, il ne resterait plus rien de leur lien à eux deux. Et ce n’était pas le but.
Quand ils étaient petits, ils en avaient pourtant partagé des choses. Tommy était le seul avec qui Elizabeth était arrivée à se lâcher par occasion. Sa naïveté de jeune garçon l’avait emporté quelques fois avec lui. Elle avait joué à la sorcière avec une fausse baguette à tenter de combattre les forces du Mal. Ils allaient souvent dans la cuisine pour mélanger des aliments et prétendre qu’ils concoctaient des potions. Certaines pouvaient les rendre immortels. Dans toutes leurs aventures, ils avaient même inventé une école de magie dans laquelle il y avait une chambre des secrets avec des reliques cachée à l'intérieur. Ils organisaient même un tournoi, qu'ils appelaient le tournoi des trois sorciers, d’un sport fictif dont la victoire leur apportait une belle écharpe (celle de leur mère qu’ils allaient chercher en douce) mais ils faisaient semblant que c'était une coupe de feu. Cette coupe recelait d'ailleurs une formule magique qui était une des clés de la victoire dans l'affrontement final contre un grand méchant, le noir détraqueur, celui qui détraque la télécommande de télévision. Ils en avaient de l'imagination ces deux-là...
Oui, Tommy, quand il était jeune, avait le pouvoir d’apporter des étincelles dans les yeux d’Elizabeth. Mais la réalité reprenait rapidement le dessus et en grandissant, Elizabeth avait été confrontée à la dureté des apprentissages à l'école ainsi qu'à la compétition. Elle se devait d’être la meilleure pour rendre fiers ses parents et elle avait délaissé le petit Tommy.
De toute façon, qu’avait-elle fait de bien dans sa vie Elizabeth ? Elle avait fait fuir tout le monde. Elle avait 37 ans et elle était seule...Ses relations avec sa fratrie tenaient à un fil. Ils essayaient tous mais leurs efforts seraient-ils suffisants ? Elizabeth était fatiguée, elle avait mis tellement d’énergie à essayer de sauver leurs liens à tous. Et à quoi bon ? Elle était toujours seule. Le départ de Connor avait ravivé une blessure d’abandon. Elizabeth ne croyait plus en son bonheur. A part son travail, aucune autre raison ne lui donnait envie sortir du lit en ce moment.
Elle avait enfilé une tenue rapide, un jean et un débardeur et s’était installée à l’ordinateur pour regarder ses e-mails en attendant Tommy. Elle se mit à rédiger une réponse pour gagner du temps demain matin. Soudain, elle entendit frapper à la porte.
« Entre, c’est ouvert » cria-t-elle puis elle se dépêcha d’enregistrer son brouillon et ferma sa page internet. Tommy était rentré dans la pièce principale de son loft. Il avait l’air de bonne humeur. Etait-ce en rapport avec la jolie brune avec laquelle elle l’avait croisé l’autre soir ?
Lorsqu’Elizabeth descendit les marches, elle aperçut Tommy observer le lieu de résidence de la belle. Il n’était pas venu depuis un moment.
« Y’a eu du changement n’est-ce pas ? »
Elizabeth avait fait appel à une décoratrice d’intérieur. Elle n’avait jamais eu la patience d’acheter les petites broutilles qui font la différence d’un point de vue esthétique. C’est pour cette raison qu’elle avait eu recours à une professionnelle. |
| | | | (#)Ven 18 Sep 2020, 20:02 | |
| L’hiver ne lui avait jamais paru aussi long, et pour une fois cela n’avait rien à voir avec la misère des températures qui aurait fait ricaner n’importe quel canadien pure souche – ou n’importe quel ancien expatrié comme Tommy, en l’occurrence. Depuis son entrevue avec la directrice de la FLSC à son retour de Race of Australia, l’emploi du brun était devenu un boulet à son pied, une pénitence dont il ne pouvait ni se plaindre ni se défaire, englué désormais dans une situation qui ne planait plus seulement au-dessus de sa propre tête mais aussi sur celle de son entourage. En clair, il était pris au piège. Progressivement au cours du mois écoulé, Tommy avait sans même s’en apercevoir réduit ses interactions avec les autres à leur minimum, se contentant de sortir de son appartement pour aller travailler ou faire des courses, et surveillant l’heure avec un brin d’anxiété si Moïra avait plus de cinq minutes de retard pour rentrer des cours. Ils s’étaient un peu pris le bec la semaine précédente à ce sujet, elle était rentrée vingt minutes plus tard que prévu et cela avait été bien assez pour que Tommy échafaude tout un tas de théories angoissantes. Il avait pris des nouvelles de Love par SMS mais ne l’avait pas revue depuis qu’il était allé lui rendre visite peu avant sa sortie de l’hôpital, de même qu’il n’avait pas vu Lene, Leah ou Dimitri depuis ce qui ressemblait à une éternité – ce dernier avait plaisanté, ou à moitié, sur le fait qu’il ait l’air de l’éviter, et parce que Scarlett avait fait la même remarque quelques jours auparavant toujours sur le ton de la fausse plaisanterie il avait fini par réaliser qu’il ne pouvait plus continuer ainsi … pas s’il ne voulait pas attirer les soupçons et faire pire que mieux, car la dernière chose dont il avait besoin c’était qu’on lui pose des questions. Lorsqu’Elizabeth l’avait appelé quelques jours plus tôt pour « prendre de ses nouvelles » quand bien même les Warren n’étaient pas réputés pour fonctionner sur des habitudes aussi triviales, le brun avait donc sauté sur l’occasion de se rattraper pour noyer le poisson, proposant de lui-même de venir régler un problème d’évier qui fuyait dans sa salle de bain et prétextant qu’elle n’aurait qu’à lui offrir le café en échange … Après tout, Maeve Fox n’aurait que faire de savoir qu’il faisait de la plomberie sur son temps-libre, pas vrai ? Cela n’enlèverait rien à la docilité qu’elle exigeait désormais de sa part, et si elle demandait des comptes il pourrait toujours prétexter qu’à se rendre trop prudent il finirait par attirer des soupçons. C’eut été de toute façon en attendre bien trop de Tommy que de l’imaginer assez courageux pour dénoncer quoi que ce soit. Sa boîte à outils sous le bras il avait donc pris seul le chemin de Spring Hill, Moïra préférant quant à elle rester auprès du chat, malade depuis la veille. À de rares occasions le brun regrettait parfois de ne pas avoir de véhicule et d’être tributaire des transports et de leurs aléas pour chacun de ses déplacements, mais l’accident de voiture que Love et lui avaient eu la veille de leur élimination, bien qu’il ait été sans réelle gravité, avait à nouveau donné du poids à sa certitude qu’il se portait mieux sans. Et s’il lui avait fallu deux fois plus de temps pour se rendre chez sa sœur en tramway qu’il ne l’aurait fit en voiture, reste qu’il vit atteint son immeuble à l’heure dite. Il n’était pas venu chez s sœur depuis ce qui ressemblait à une éternité. Eux qui se voyaient déjà peu avaient surtout l’habitude de le faire à l’extérieur, et ce même lorsque ce n’était pas prévu, comme en témoignait leur dernière entrevue, en coup de vent et lors qu’il prenait un verre avec la sœur de Dimitri … Et à ce sujet, Tommy espérait secrètement que la mésaventure soit sortie de la tête de sa sœur aînée depuis. A peine avait-il sonné qu’un « Entre, c’est ouvert. » lancé à tue-tête l’avait persuadé d’ouvrir la porte, et tandis qu’il pénétrait dans le loft avec un brin d’appréhension totalement injustifié il n’vit pas pu empêcher son regard de vagabonder ici et là, surpris de trouver l’endroit totalement changé depuis son dernier passage. « Y’a eu du changement n’est-ce pas ? » Arrivée pour l’accueillir, sa sœur avait désigné les alentours d’un geste de la main, et poliment Tommy avait acquiescé en commentant « Et comment. T’as fait faire tout ça y’a longtemps ? » Nul besoin en revanche de demander si elle s’était lancée dans des travaux elle-même : si tel avait été le cas, ce n’était pas une fuite de lavabo qui lui aurait fait peur et il ne serait pas là avec sa caisse à outils, qu’il avait d’ailleurs légèrement levée en ajoutant « J’ai tout mon attirail, des fois que tu aies d’autres bricoles à réparer. » Ce genre de bricoles qui n’avaient l’air que de détails et qu’on laissait parfois traîner des mois voire des années, en se persuadant que l’on finirait bien par s’en occuper un jour. Prenant ensuite enfin le temps de détailler un peu mieux Beth du regard, il avait été surpris de ne pas la trouver tirée à quatre épingles comme elle en avait l’habitude – mais nous étions dimanche, et même sa sœur avait le droit de traîner cheveux défaits sur le canapé le jour du Seigneur, maintenant que leurs parents n’étaient plus derrière eux pour les traîner à la messe. « Tout va bien ? » avait-il néanmoins fini par demander, les sourcils légèrement froncés « Tu as une petite mine. » Mais peut-être n’était-ce pas réellement le cas. Peut-être cherchait-il juste inconsciemment une excuse pour mettre toute la lumière sur Beth et espérer ainsi qu’elle ne vienne pas sur lui. Comment savoir.
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| | | | (#)Dim 18 Oct 2020, 15:31 | |
| « Et comment. T’as fait faire tout ça y’a longtemps ? »A quand cela remontait-il maintenant ? Ah oui, juste après le départ de Cody suivant leur rupture. Comment oublier…Mais Elizabeth n’était pas vraiment sûre d’avoir envie de parler de ce sujet. Que ce soit de Cody ou de sa vie amoureuse tout court. Elle était complètement perdue de toute façon alors parler ne servirait à rien si ce n’est à remuer le couteau dans la plaie. « Ca remonte à plusieurs années maintenant. Pas longtemps après que tu sois revenu sur Brisbane il me semble »Le départ de Tommy à l’époque était venu chambouler beaucoup de choses. Son cadet ne le savait pas mais il avait participé à éloigner Cody et Elizabeth. Elle était redevenue obsédée par leur famille…et revoir son frère avait été un choc émotionnel auquel elle n’était pas capable de se confronter. Elle s’était fermée comme une huître, incapable de se confronter à ses émotions et de laisser de la place à Cody pour la soutenir. Bien sûr, il y avait eu d’autres sujets de discorde au sein de leur couple mais il est clair que le retour de Tommy n’avait pas aidé. « J’ai tout mon attirail, des fois que tu aies d’autres bricoles à réparer. »Et son cœur, avait-il de quoi le réparer ? Ce serait si bien s’il existait des outils qui pouvaient le faire…mais la mécanique de l’âme était bien plus compliquée que cela, n’est-ce pas ? « Super »Elle s’efforça d’avoir un ton un peu enthousiaste mais l’esprit enjoué n’était pas de la partie. Elle enchaina rapidement afin de ne pas laisser apercevoir ses faiblesses de voix auprès de Tommy. « J’espère que ce n’était pas trop encombrant dans les transports en commun »Elle savait que Tommy n’avait toujours pas de voiture. Si au tout début, la question financière s’était présentée comme un obstacle évident, par la suite c’était devenu un choix. Et on pouvait le comprendre ce pauvre Tommy, surtout suite à son accident de voiture avec Love. Elizabeth respectait totalement sa peur, surtout sachant qu’il était le dernier parent vivant de Moïra, il ne pouvait pas se permettre de prendre de risques. « Tout va bien ? » « Tu as une petite mine. »Que répondre à cela ? « Non, ça ne va pas, je me demande à quoi je sers sur Terre, voire même si je manquerai réellement à des personnes si je partais… ». Mais évidemment, Elizabeth était capable de retranscrire ce qu’elle ressentait. Et elle n’était pas non plus certaine de vouloir le faire étant donné la violence de sa souffrance actuelle. « Oui ça va, j’ai beaucoup de travail en ce moment, du coup je suis un peu fatiguée. Tu sais comment je suis, je me donne toujours à 300% »Voilà l’excuse parfaite. Et comme Elizabeth était maligne, elle redirigea la conversation sur son frère. « Et toi alors, quoi de neuf en ce moment ? Le boulot ça va ? »Et de plus, elle s’intéressait sincèrement à la réponse. Tommy méritait d’être heureux et elle savait qu’il travaillait dur à cela. Mais la vie n’était pas toujours tendre avec lui…Il en avait beaucoup bavé et elle s’inquiétait de le voir abandonner face à la difficulté, comme il pouvait le faire à l’école quand il était jeune. Tommy n’était pas un lâche, loin de là, il avait du courage, mais il manquait de persévérance et de ténacité. Elizabeth avait été heureuse de le voir en compagnie d’une jeune femme l’autre soir, même si elle avait été terriblement embarrassée de devoir mentir sur la raison de sa venue au bar. Mais l’alcool était la seule chose qui apaisait sa douleur en ce moment. Un petit peu du moins. D’ailleurs, Elizabeth se rappela à cet instant qu’elle avait laissé trainer quelques bouteilles vides dans son bac à verres vides…Elle espérait détourner l’attention de Tommy pour pouvoir s’en débarrasser discrètement pendant qu’il réparerait la fuite du lavabo. Il fallait donc qu'ils ne restent pas dans la cuisine, là où ils étaient actuellement debout, afin que Tommy n'aperçoive pas ces fameuses bouteilles vides, car cela pourrait le questionner. « Tu veux commencer par la salle de bain et puis on fera une pause avec le café ? »Elle s’efforça de sourire et de rester naturelle. @Tommy Warren |
| | | | (#)Dim 15 Nov 2020, 02:13 | |
| Depuis combien de temps exactement Tommy n’avait-il pas mis les pieds chez sa sœur aînée ? Le fait qu’il ne soit pas en mesure de trouver seul la réponse à cette question en était déjà plus ou moins une, et force était de constater qu’il n’avait jamais fait d’effort incommensurable pour inverser la tendance. Lorsqu’Elizabeth avait répondu « Ça remonte à plusieurs années maintenant. Pas longtemps après que tu sois revenu sur Brisbane il me semble. » pourtant il avait affiché un air un peu surpris et n’avait pas osé la contredire – au retour de Marius deux ans plus tôt c’était pourtant bien le séjour de leur sœur qui avait servi de théâtre à l’une de leurs dernières grosses disputes, mais Tommy avait assurément bien d’autres choses dont s’inquiéter à l’époque pour que la décoration de la pièce n’ait pas retenu son attention. Désignant en tout cas son chargement à bout de bras, il comptait bien rentabiliser son passage ici et se rendre utile, les occasions pour lui d’aider sa sœur plutôt que l’inverse n’étant pas légion. « Super. J’espère que ce n’était pas trop encombrant dans les transports en commun. » Un peu, mais las de s’entendre dire à tout bout de champ et par à peu près tout le monde qu’il n’avait qu’à acheter une voiture pour se simplifier la vie, Tommy préférait taire les quelques inconvénients qu’il pouvait rencontrer à ce sujet. De plus, il se plaisait à penser que c’était rendre service à Moïra que de lui prouver qu’une voiture n’était pas indispensable dans une grande ville … Elle qui à mesure que les années passait se transformait en petit démon de l’écologie finirait forcément par y être sensible. « Non non … » avait-il alors simplement prétendu d’un ton évasif, faisant mine de se perdre dans un tour visuel du propriétaire pour s’éviter d’avoir à développer sur le sujet. Son attention finalement revenue à sa sœur, il avait pris le temps de la détailler elle aussi quelques instants et réalisé que les occasions de la voir autrement qu’apprêtée presque à l’excès – qui avait besoin de se maquiller pour sortir faire ses courses, et qui portait des talons pour accompagner sa nièce au cinéma ? – étaient presque aussi rares que celles de lui rendre visite. Elle semblait fatiguée, sans qu’il ne soit vraiment en mesure de déterminer si cela ne tenait qu’à sa tenue ou si quelque chose d’autre en était la cause. Aussi maladroitement qu’à son habitude il avait donc tenté une approche, mais bien qu’à demi-convaincu lorsqu’elle avait assuré « Oui ça va, j’ai beaucoup de travail en ce moment, du coup je suis un peu fatiguée. Tu sais comment je suis, je me donne toujours à 300%. » il n’avait pas insisté, par peur de paraitre indélicat. « N’oublie pas de dormir non plus, quand même. » lui avait-il alors simplement fait remarquer sur le ton de la plaisanterie, mais avec malgré tout dans la voix un fond de sérieux. Mais soit, Beth était une grande personne et elle leur avait suffisamment suriné à tous qu’elle n’avait pas besoin qu’on tente de la materner – un comble, quand on connaissait sa manière d’entretenir ses relations avec ses frères et sœurs. Sans surprise elle avait d’ailleurs rebondi aussitôt « Et toi alors, quoi de neuf en ce moment ? Le boulot ça va ? » au plus grand désarroi d’un Tommy pour qui le sujet était de plus en plus épineux – mais n l’avait-il pas toujours été, peu importe l’emploi qu’il avait exercé depuis son retour en Australie ? « Je me suis toujours pas fait virer, alors je suppose que ça veut dire que ça va, oui. Enfin, tout dépend le point de vue. » La dernière pique, dirigée vers Helena et la manière dont s’était terminée l’entrevue qu’avait interrompue Beth quelques semaines plus tôt, n’aurait de sens que pour lui mais peu importe. Il usait de la plaisanterie pour dédramatiser à nouveau, mais tous les deux savaient que sa participation surprise à Race of Australia aurait pu lui coûter bien plus cher et lui faire perdre son emploi … Plus les jours passaient depuis son retour et plus Tommy réalisait à quel point il avait été inconscient. Suivant sa sœur jusqu’à la cuisine, aussi immaculée et que ne l’était le reste de l’appartement, il avait déposé ses outils au pied du plan de travail et s’y était accoudé, persuadé que rien ne pressait et qu’un brin de causette faisait presque autant partie du deal implicite qui l’avait amené ici. À sa grande surprise cependant, Beth semblait impatiente de régler cette histoire de plomberie « Tu veux commencer par la salle de bain et puis on fera une pause avec le café ? » Le mot magique ayant néanmoins été prononcé, Tommy avait dodeliné la tête « En fait je crois que je ne serais pas contre commencer par le café. » Parce que la priorité serait toujours au café, lui qui le buvait par litres et finirait probablement avec de l’hypertension et un ulcère à l’estomac avant d’avoir passé la dizaine supérieure. Le coude se posant sur le plan de travail avec nonchalance, et alors qu’il se demandait un brin songeur si d’avoir une cuisine aussi spacieuse et récente aurait fait de lui un meilleur cuisinier, dont les capacités ne se limitaient pas aux gratins surgelés et boites de raviolis, son regard s’était arrêté sur le panier à recyclage où s’entassaient suffisamment de bouteilles pour que le « travail » de son aînée prenne un tout autre sens. C’était du Elizabeth tout craché, préférer mentir plutôt que d’admettre d’être accordé un peu de bon temps, probablement accompagnée … Oh, si Scarlett voyait cela, sûr qu’elle en ricanerait. « Tu savais que la caféine faisait des miracles contre la gueule de bois ? Je veux dire, contre le beaucoup de travail, pardon. » Le sarcasme avait volé sans méchanceté, et quittant le plan de travail Tommy était allé fureter du côté de la fenêtre – et quelle vue. On ne se refusait rien, dans les hautes tours de Spring Hill.
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| | | | (#)Mar 24 Nov 2020, 22:18 | |
| « N’oublie pas de dormir non plus, quand même. »Elizabeth fut légèrement agacée par le fait de recevoir un conseil de son jeune frère. Elle n’avait pas besoin d’être maternée et elle détestait cela. Mais une fois cette petite irritation dépassée, elle était aussi en réalité touchée par la sollicitude de son frère. Elle était sincèrement heureuse de voir Tommy refaire partie de sa vie. Ils n’avaient jamais été aussi proches qu’elle avait pu l’être avec Marius mais ils avaient malgré tout partagé de bons moments pendant leur enfance. Tommy et Elizabeth, c’était les moins loquaces de la famille. Il n’y avait qu’à voir leurs discussions…mais au delà de leurs mots, ils avaient su développé une connexion qui leur ressemblait. La parole n’était donc pas au centre de leur mode de communication mais ils avaient construits leurs échanges avec des gestes, des regards, parfois même peut-être de la télépathie dans leurs pensées…C’était ça Tommy et Elizabeth, deux énergumènes très différents mais qui avaient tout de même réussi à se créer un monde à eux. Et même s’il ne fallait pas qu’ils passent beaucoup de moments ensemble, surtout pour ne pas finir par s’entretuer tellement leurs façons de vivre étaient différentes, Tommy avait profondément manqué à Elizabeth quand il avait disparu de la surface. Sa perte avait d’ailleurs été bien plus douloureuse que ce qu’elle n’avait montré, exposant toujours son visage fier et fort de femme indépendante. Mais la réalité était que les membres de sa famille représentaient tous un pilier et le départ de Tommy l’avait affaiblie. Le revoir assez souvent était donc une bouffée d’air frais pour la belle, même si après toutes ces années sans contact régulier et proximité physique, malgré les visites d’Elizabeth en prison, il était difficile pour eux de se retrouver. Elizabeth se demandait parfois si tous ces efforts seraient suffisants. Elle ne pouvait nier cette angoisse envahissante de perdre son frère...Elle était familière avec celle-ci mais dans une période comme celle-ci où tout semble noir, elle affaiblissait son courage et sa motivation. Peut-être qu'après tout les membres de sa famille seraient mieux sans elle... Elizabeth tenta de détourner l’attention d’elle en questionnant son frère sur son travail et ainsi de tenter de stopper ses pensées négatives. « Je me suis toujours pas fait virer, alors je suppose que ça veut dire que ça va, oui. Enfin, tout dépend le point de vue. »C’était plutôt une bonne nouvelle en effet mais cela ne voulait pas dire qu’on ne lui faisait pas payer sa participation inattendue à Race of Australia. Elizabeth s’en doutait étant donné qu’elle était elle-même à un haut poste, elle imaginait donc l’accueil qu’elle aurait pu donner à l’un de ses employés qui l’aurait planté ainsi. Encore une décision de son frère avec laquelle elle n’avait pas été d’accord mais elle s’était bien gardé de lui dire cette fois-ci, voulant préserver leur relation. Et elle savait pertinemment que cela n’aurait servi à rien. Tout s’était déroulé rapidement et Tommy s’était lancé corps et âmes dans cette nouvelle aventure. Elizabeth s’était contentée de le soutenir comme elle pouvait et ne pas avoir exprimé son désaccord en faisait partie, surtout quand on connaissait le caractère bien trempé de la belle. « Ca me semble plutôt être une bonne chose. J'imagine que ton retour de Race of Australia n'a pas du être simple »Lorsqu’elle proposa du café à Tommy, elle espérait de tout cœur qu’il déclinerait l’invitation pour pouvoir boire la boisson réconfortante à la pause. Mais la belle avait sous-estimé le lien entre la caféine et son frère et elle regretta amèrement de n’avoir su donner une excuse pour pouvoir s’échapper de cette situation. L’objectif était simple : que Tommy n’aperçoive pas les bouteilles d’alcool entassées. « Tu savais que la caféine faisait des miracles contre la gueule de bois ? Je veux dire, contre le beaucoup de travail, pardon. »Objectif raté. Que pouvait-elle donc répliquer ? « Qu’est-ce que tu sous-entends par là ? J’ai un métier très stressant tu sais, avec beaucoup de responsabilités. Alors…ça m’arrive de vouloir souffler un peu »C’était ridicule de réagir ainsi à la boutade de son frère. Il était évident de par son ton que ça n’avait été dit sans aucune méchanceté. Mais cette réflexion venait réveiller la vraie raison du mal-être aux yeux d’Elizabeth et cela ne l’amusait clairement pas…Elle voulait de tout cœur arriver à arrêter de boire mais c’était la seule stratégie qu’elle avait trouvé jusqu’à présent pour pouvoir diminuer sa profonde tristesse. C’était soit la souffrance qui noyait Elizabeth ou soit Elizabeth qui noyait la souffrance dans du whisky, ou autre alcool, car elle avait fini par varier les plaisirs pour ne pas se dégoûter de sa boisson préférée. Le choix était vite fait. Elizabeth s’en voulu d’avoir réagi aussi vivement, elle n’avait pas voulu que son ton soit agressif et elle se rendait bien compte que son discours n’était pas tout à fait cohérent pour quelqu’un qui ne savait pas ce qui se passe dans sa vie actuelle mais cela avait été plus fort qu’elle...Tommy s’éloigna du plan de travail et se dirigea vers la fenêtre, probablement une façon d’éviter une confrontation. C’était Tommy et pas Scarlett qui était en face d’Elizabeth… « Comment tu le veux ton café ? »Poser une nouvelle question était à nouveau une tentative d’éloigner la lumière sur elle et sur ce qui pouvait la traverser en cet instant. Elle prépara ensuite la commande de son frère. Elle ouvrit les placards pour sortir un bout de chocolat, une madeleine ou un autre petit gâteau pour accompagner le café mais cela n’avait pas été l’idée du siècle. Ses placards étaient vides, à l’image de son cœur qui avait été vidé d’amour et rempli par de la désolation. Elle resta figée quelques secondes devant ses placards, ayant peur de trouver le regard de son frère derrière. Elle espérait qu'il ne questionne pas le manque évident de nourriture car elle ne saurait pas comment lui répondre. @Tommy Warren |
| | | | (#)Jeu 07 Jan 2021, 06:44 | |
| Dans un conte à dormir debout Tommy aurait forcément gagné Race of Australia, et pour une raison simple : dans les histoires le héros était toujours celui qui avait le plus à perdre mais tentait un quitte ou double. Mais le Warren n’était pas dans un conte et la réalité lui était revenue en pleine figure sans une once de délicatesse – les docks et leurs magouilles il n’était pas prêt de les quitter, et sans diplômes et avec un casier il ne pouvait pas aspirer à mieux. Que sa sœur aînée le questionne au sujet de sa situation professionnelle n’était donc qu’un énième rappel d’où se situait sa place et de quel était son destin, et maugréant sa réponse avec un brin de sarcasme il avait haussé les épaules d’un air absent lorsque Beth avait commenté « Ça me semble plutôt être une bonne chose. J'imagine que ton retour de Race of Australia n'a pas du être simple. » en retour. Bien sûr, le retour n’avait pas été aisé et l'ego de Tommy souffrait encire d’avoir dû ainsi s’aplatir pour obtenir la clémence de sa supérieure … Mais au fond ce n’était pas non plus comme si, avant sa course, sa situation professionnelle prêtait à rêver. « Y’a jamais rien eu de simple dans ce boulot. » avait-il alors rétorqué dans un soupir. « Si c’était un job à faire rêver qui que ce soit, les docks seraient pas peuplés de types comme moi. » Et par comme lui il la laissait libre de comprendre ce qu’elle aurait envie. Tommy n’était pas diplômé, Tommy n’était même pas cérébral, Tommy n’avait pas d’ambitions, Tommy avait un trou de deux ans et demi dans son CV qui, non expliqué, faisait presque aussi mauvais effet que s’il en avait donné la raison … En bref, Tommy appartenait à cette catégorie de population cantonnée aux métiers que personne d’autre ne voulait. Et quelque part il l’avait accepté, espérant mieux pour sa progéniture mais entièrement résigné quant à son propre sort. Pour s’éviter d’avoir à développer, il avait sauté sur l’occasion du café et s’était posté près de la fenêtre de la cuisine d’un air songeur, son regard naviguant à travers la pièce jusqu’à s’arrêter sur la réserve de bouteilles vides que sa sœur gardait dans un coin. Des bouteilles probablement hors de prix, qu’elle devait alterner avec des tisanes détox et autres smoothie estampillés healthy, parce que Beth était assurément ce genre de personne. « Qu’est-ce que tu sous-entends par là ? J’ai un métier très stressant tu sais, avec beaucoup de responsabilités. Alors … ça m’arrive de vouloir souffler un peu. » Montant sur ses grands chevaux pour ce qui n’était pourtant qu’une plaisanterie, la jeune femme avait réagi sur la défensive et arraché de ce fait à son frère un léger soupir et un vague haussement de sourcils. « Et y’a rien de mal à ça, alors pas besoin d’agir comme si je venais de déterrer un secret honteux. » Il avait bossé dans un bar durant des années, alors croyait-elle vraiment qu’il jugeait pour si peu ? « Tu sais, boire un verre de temps en temps n’entachera pas ton idéal de perfection. Même maman ne refuse jamais un porto quand papa lui propose. » Et si leur mère l’autorisait alors même Sainte Elizabeth pouvait en faire de même, non ? « Comment tu le veux ton café ? » Et l'on osait dire que Tommy était le seul fuyard de cette famille. N’insistant pas outre mesure, le cadet s’était néanmoins plié sans plus d’histoires à la question « Double, et avec deux sucres. » Comme il l’avait toujours pris, visiblement jamais devenu suffisamment adulte pour que l’idée de le boire noir et serré ne lui vienne à l’esprit. Le sucre restait la seule et unique religion de Tommy, sous toutes ses formes et y compris dans son café. Elle avait sondé les placards, et semblé contempler un instant le vide qui s’y trouvait dans un silence assourdissant. « … ou sans sucre, si tu n’en a pas. » Damn. « Ça remonte à quand, la dernière fois que tu as fait les courses ? » Mais Beth avait les moyens, Beth vivait dans un luxueux immeuble de Spring Hill, alors Beth se nourrissait peut-être exclusivement de traiteur à emporter ou à faire livrer. Ce n’était pas chez elle qu’il se serait attendu à trouver des conserves de raviolis, après tout. « Ailleurs qu’au liquor store, j’entends. » À quoi bon, Tommy ne connaissait pas le tact.
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| | | | (#)Ven 22 Jan 2021, 23:57 | |
| « Si c’était un job à faire rêver qui que ce soit, les docks seraient pas peuplés de types comme moi. »Habituellement, Elizabeth lui aurait proposé pour la n-ième fois de lui trouver un job à la ABC, car elle ne souhaitait rien de plus que d’aider à améliorer les conditions de vie de Tommy et Scarlett. Et puis ce n’était pas les contacts ou l’influence qui lui manquait. Tommy aurait rétorqué comme à chaque fois qu’il savait se débrouiller seul et qu’il voulait obtenir un job par lui-même et parce qu'il le mérite, pas parce que sa soeur connait tout le monde. Mais là...cette scène...elle n’en avait pas la force de la vivre. Ou plutôt de la revivre encore. Après tout, Tommy savait déjà qu'elle pouvait l'aider non ? Elle était lasse de tout de toute façon…Elle se contenta de laisser le silence parler à sa place. Après que Tommy ait constaté le nombre de bouteilles vides, Elizabeth avait commencé à se braquer, ce qui là encore n’était pas tout à fait son genre. Elizabeth n’était pas patiente pour tous les aspects de sa vie, sauf lorsqu’il s’agissait de sa famille. Là, elle savait parfaitement encaisser avec calme les réflexions. Il faut dire que sa mère l’avait beaucoup entrainée pour cela. Et cela avait complètement porté ses fruits. Mais là, elle était tellement épuisée qu’elle ne supportait rien. « Et y’a rien de mal à ça, alors pas besoin d’agir comme si je venais de déterrer un secret honteux. »Si justement, il venait totalement de révéler un secret dont elle avait précisément honte. Comment pouvait-elle se retrouver dans cet état pathétique pour un homme ? Depuis quand Elizabeth Warren se laissait-elle déstabiliser à ce point ? Elle-même n’en revenait pas. Elle avait d’ailleurs du mal à se regarder dans le miroir, à accepter de d' la misère et la souffrance lisibles sur ses yeux cernés. Tommy évoqua ensuite la normalité de boire un verre de temps en temps. Il alla même jusqu’à citer leur mère qui ne se refusait pas un petit porto. Oui, quand c’était occasionnel. Là, c’était très régulier. Elizabeth avait arrêté de boire tous les jours mais la liqueur restait tout de même très présente plusieurs fois par semaine. Impossible d’arriver à lâcher prise et trouver le sommeil sans…Elle repensait trop à tout. Connor, sa vie avant, son futur…Tout. « Merci pour la comparaison…Mon but n’est pas de ressembler à Mère »Elizabeth ne se rappelait pas la dernière fois qu’elle avait été aussi virulente avec son frère, qui le pauvre, n’avait rien demandé…Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher, son esprit et son corps étaient en mode défense. La culpabilité vint rapidement frapper à sa porte et elle s’en voulait déjà de ce qu’elle avait dit. Tommy avait eu la gentillesse de venir l'aider et voilà qu'elle se mettait à l'agresser verbalement. Il méritait mieux. Elle décida donc de se concentrer sur la préparation du café de Tommy. Une boisson chaude réconfortante viendrait probablement apaiser l’instant. Elle demanda à son cadet comment il souhaitait son café. Avec sucre. Evidemment qu’il le prenait avec sucre, comment avait-elle pu oublier ? Il fallait qu’elle se ressaisisse. Où avait-elle sa tête ? Probablement coincée encore entre deux oreillers, voulant se cacher éternellement…Mais ce n’était pas possible et la réalité la frappa lorsqu’elle ouvrit les placards et les découvrit vides. Elle espérait très fort que Tommy soit en train de regarder son portable ou la fenêtre mais non, il avait fait le même constat qu'elle, lui demandant alors à quand remontait la dernière fois qu'elle avait été faire des courses, autres que pour de l'alcool. Que pouvait-elle répondre à cela ? Elle avait si peur que Tommy découvre la vérité sur son état que son angoisse paralysait sa raison et elle laissait juste son amas d’émotions parler à sa place. « Je t’en fais moi des commentaires sur le contenu de ton placard ? »Pour le coup, en effet ça n’était jamais arrivé. Des réflexions de ce genre venant de Marius, oui, peut-être, car il était le roi de la cuisine. Elizabeth, elle, ne donnait pas de leçons sur un sujet qu’elle ne maitrisait pas. Mais ce n'était absolument pas une raison suffisante pour ramener ça sur le tapis et qui plus est avec un ton aussi sec. Elizabeth savait très bien que son comportement de grande soeur à cet instant était répréhensible. Elle espérait si fort que son frère ne lui en tienne pas rigueur. Elle savait que Tommy avait un grand coeur caché derrière sa bulle de protection. Elle le regarda avec des yeux lui implorant le pardon et elle décida de changer le sujet de conversation. « Donne moi plutôt des nouvelles de ma nièce adorée »Tentative pour détendre l’atmosphère : check. Pitié que Tommy soit réceptif…mais le connaissant, il ne serait pas du genre à rentrer dans le conflit. Il n’y avait plus qu’à croiser les doigts qu’il n’essaye pas d’interpréter le comportement d’Elizabeth autre qu’avec l’excuse de la fatigue. Mais quand on connaissait la belle, on savait que même très fatiguée, elle ne réagissait pas ainsi… @Tommy Warren |
| | | | (#)Dim 07 Mar 2021, 07:18 | |
| Que quelque chose la tracasse ou qu’elle se soit simplement levée du pied gauche, une chose était en tout cas certaine : Elizabeth était ce jour-là à prendre avec des pincettes. Une situation à laquelle Tommy n’était pas habitué, sa sœur aînée étant passée maîtresse dans l’art de garder un calme apparent en toutes circonstances, que ses contrariétés la concerne elle-même ou bien qu’elles concernent autrui. Ironiquement, le brun n’avait aucun mal à imaginer Beth haussant le ton et témoignant sa colère dans le cadre professionnel, mais dès qu’il était question d’un cadre plus formel il ne parvenait pas à l’imaginer autrement que comme la reine de l’équilibrisme, optant pour la solution la moins susceptible de faire des vagues. Il n’avait pas l’habitude de la voir ainsi sur la défensive, et parce que prenant lui-même le parti de désamorcer ce qu’elle s’imaginait être des reproches, le ton abrupt avec lequel elle lui avait répondu « Merci pour la comparaison … Mon but n’est pas de ressembler à Mère. » l’avait laissé interdit. Et l’avait agacé un peu aussi, c’est vrai, car cette manière qu’avait sa sœur à toujours employer le terme « mère » comme une fausse bourgeoise avait toujours eu le don de l’irriter … Et là-dessus, ironiquement, Beth partageait bien un point commun avec leur génitrice, qu’elle le veuille ou non. Se gardant néanmoins de tout commentaire, n’étant initialement pas venu là pour jeter de l’huile sur un quelconque feu, Tommy n’avait conservé ses principes que le temps de réclamer deux sucres avec son café. Deux sucres qui ne viendraient jamais si l’on se fiait au contenu des placards de Beth – ou plutôt à leur non-contenu. Même les derniers jours du mois ceux du brun n’en étaient en effet pas à un tel stade, ne serait que pour ne pas laisser à sa fille la moindre occasion de penser que les fins de mois étaient difficiles … même si elles l’étaient. La sœur du bonhomme, cependant, ne bénéficiait pas de cette excuse et n’avait pas non plus apprécié la pointe d’humour de son frère pour tenter de désamorcer la chose. « Je t’en fais moi des commentaires sur le contenu de ton placard ? » Un brin estomaqué par le ton, mais également un peu froissé par la remarque, Tommy s’était aussitôt renfrogné. « Ça ne risque pas, non. » Un peu froid, le cadet n’avait pas jugé utile de préciser le fond de sa pensée, gageant que sa sœur saurait bien relier les points toute seule … et si tel n’était pas le cas, alors tant pis. Mais difficile en effet de se permettre le moindre commentaire sur ses placards quand elle ne mettait jamais les pieds chez lui – Redcliffe n’était il est vrai pas à la hauteur des standings de Spring Hill. Elles se comptaient sur les doigts d’une seule main, les fois où Beth avait mis les pieds dans son appartement, jamais sans une raison valable et non sans l’air un peu pincée devant la petite surface, la peinture défraîchie et l'isolation plus que sommaire … Rien à voir avec l’immense appartement aseptisé aux allures de magazine de décoration dans lequel elle-même vivait. Mais soit, au moins ses placards à lui ne donnaient pas l’impression que l’appartement était inoccupé. « Donne-moi plutôt des nouvelles de ma nièce adorée. » lui avait alors plutôt demandé sa sœur pour changer de conversation, sans même se donner la peine de prétendre l’inverse. Mais le charme était rompu, la bonne humeur de Tommy en arrivant également, et se fendant d’un « Elle va bien. Comme une gamine de onze ans, quoi. » peu inspiré il avait renoncé à l’option du café, préférant se mettre plus vite à l’ouvrage puisqu’il était là pour ça. « Je vais aller m’occuper de ton lavabo. » La caisse à outils récupérée dans l’entrée, il n’avait pas attendu l’autorisation de Beth ou un autre commentaire de sa part pour disparaitre à la salle de bain. Il ne comprenait pas sa sœur, était-elle à ce point en dehors des réalités pour ne pas faire la différence entre son frère qui proposait de lui filer un coup de main dans le but de passer un peu de temps avec elle, et un plombier dont elle pourrait exiger que ne pas avoir à lui faire la conversation fasse partie du prix pour lequel elle le payait ? L’agacement transparaissant dans ses gestes tandis qu’il manipulait ses outils et se penchait sur ce qui n’était en fin de compte qu’une banale histoire de joint à l’étanchéité défectueuse. « J’en aurai pas pour longtemps, c’est pas grand-chose. » s’en était-il d’ailleurs justifié auprès de sa sœur lorsqu’elle avait passé la tête dans l’encablure de la porte quelques minutes plus tard, tout en prenant bien soin malgré tout de ne pas croiser son regard et en se contentant de l’observer depuis sa vision périphérique.
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| | | | (#)Ven 19 Mar 2021, 23:15 | |
| « Ça ne risque pas, non. »Tommy avait raison de lui répondre ainsi. Elle ne pouvait se permettre aucun commentaire sur le contenu de ses placards étant donné le nombre de fois où elle mettait les pieds chez lui. Pas que l’appartement n’était pas à la hauteur de ses standings comme il le pensait sans doute, mais tout simplement car elle ne supportait pas de voir les conditions dans lesquelles évoluaient son frère et sa nièce. Ils ne vivaient pas dans la misère, on en était quand même bien loin, mais elle savait qu’ils méritaient tous les deux mieux. Elle aurait tellement aimé pouvoir les aider financièrement mais elle savait parfaitement que jamais Tommy n’accepterait quelconque aide. Elle ne pouvait donc rien faire à leur façon de vivre et être confrontée à sa propre impuissance en leur rendant visite la faisait souffrir. Elle préférait donc bien souvent les retrouver à l’extérieur ou garder Moïra chez elle. Au final, c’était aussi une bonne occasion pour la plus jeune des Warren de changer d’environnement et qui sait, de lui donner envie de se battre pour son avenir. Elizabeth comptait bien réussir là où elle avait échoué avec Scarlett en aidant à chaque étape de sa vie sa nièce. Elle était prête à tout pour elle, comme si elle était sa propre fille. Il y avait après tout, le sang Warren qui coulait en elle. Et même si ce n’était pas le seul, Elizabeth choisissait volontairement d’ignorer ce fait génétique. « Elle va bien. Comme une gamine de onze ans, quoi. »Elizabeth avait bien saisi de par le ton de son frère qu’il n’avait désormais plus très envie d’échanger. Et comment l’en blâmer ? Elle-même n’aurait pas envie de se parler. Elle n’était pas digne de l’attention de son frère et elle s’en voulait tellement. Mais elle ne pouvait contrôler cette force sombre qui avait désormais pris ses aises à l’intérieur d’elle. Certains jours, elle se demandait même si elle arriverait à s’en sortir. Du moins, pas en étant seule, et elle le savait pertinemment. Hayden venait bien la voir régulièrement mais elle se sentait probablement démunie face à la souffrance ravageuse de la belle brune. Il n’y a qu’elle qui pouvait décider d’y mettre un stop…mais elle n’en avait pas la force. C’était comme si une partie d’elle cherchait à se punir. Se punir de sa naïveté, de l’espoir qu’elle avait placé en l’amour, d’avoir baissé sa garde et abandonné son indépendance, d’avoir été absente pour ses proches qui comptaient sur elle, de se décevoir elle et par la même occasion les autres…Oui, Elizabeth s’en voulait sincèrement. Comment allait-elle pouvoir dépasser cette culpabilité ? « Je vais aller m’occuper de ton lavabo. »Tommy n’attendit pas son feu vert pour se lever et se diriger vers la salle de bain. Elizabeth ramassa les tasses et les plaça dans l’évier. Elle fit la vaisselle alors qu’elle ne le faisait jamais, ayant un lave-vaisselle hi-tech. Elle savait que même si son frère serait surpris, il ne la questionnerait pas. Pas après qu’elle l’ait repoussé ainsi. Et c’était peut-être mieux comme ça. Au moins, elle le protégeait de cette maladie vicieuse qu’est la dépression. Elle fit couler l’eau et des larmes s'échappèrent en même temps sur son visage. Non, elle ne pouvait pas sombrer maintenant. Pas quand Tommy était là. Elle avala son chagrin et fit appel à sa fierté. En utilisant les quelques ressources qui lui restaient dans sa main de fer, elle contint la douleur à l’intérieur d’elle. Elle nettoya machinalement la vaisselle, enchaînant un geste après l'autre sans réfléchir, le regard vide et les joues inondées. Elle s'essuya les restes de larmes avec un torchon, avec le robinet qui tournait toujours. Et lorsqu’elle coupa l’eau, son visage impassible reprit place, comme si rien ne s'était passé à l'intérieur d'elle. Elle décida ensuite d’aller vérifier si tout allait bien pour Tommy. Il reflétait un agacement certain et il ne prit même pas la peine de la regarder. Tant mieux, car elle avait tellement honte qu’elle ne pourrait pas encaisser ce qu’elle lirait dans le regard de son frère. « J’en aurai pas pour longtemps, c’est pas grand-chose. »Elle hésita quelques secondes sur ce qu’elle pouvait répondre. C’était si difficile de ne pas flancher alors qu’il était si proche physiquement. Une partie d’elle avait envie de lui dire que ça n’allait pas, qu’elle avait besoin de soutien, qu’elle se sentait terriblement seule… « Super, si tu as besoin de quoique ce soit, dis le moi »Et elle le laissa, tel un quelconque réparateur qui serait venu chez elle alors qu’il s’agissait de son frère. Il fallait définitivement qu’elle aille faire les courses, mais surtout en boissons alcoolisées pour pouvoir combler ses remords quant à son comportement. Quand Tommy eut terminé, il revint dans le salon, elle se releva pour l’accueillir dans la pièce. « Ca a été ? »Elle espérait que la tension ait redescendue, même si elle n'avait qu'une hâte, que ce rendez-vous se termine afin qu'elle ne fasse plus aucune bourde. Et que son frère puisse reprendre le cours de sa vie en n'ayant pas connaissance des problèmes d'Elizabeth. Il avait déjà fait face à son lot de soucis dans sa vie, il n'avait pas besoin qu'on vienne lui rajouter un boulet sur le dos. « Je te remercie sincèrement pour ton aide...Tu n'étais pas obligé et ça m'a vraiment dépannée. Tu feras un bisou à Moïra de ma part ? »Elle espérait de tout coeur qu'un jour son frère lui pardonnerait la scène qu'ils venaient de vivre. Les Warren étaient forts pour les désaccords mais également pour le pardon et elle ne put que s'accrocher à cette idée pour ne pas s'agripper à celle qu'elle était peut-être en train de d'éloigner son frère d'elle, ce qui ne la ferait que s'enfoncer davantage dans ce puit de tristesse qui semblait déjà sans fin. @Tommy Warren |
| | | | | | | | Anyway, what’s the point ? (Tommy n°2) |
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