Son van est le centre des ses attentions et de ses problèmes dernièrement. Non seulement elle s’est retrouvée à voler – emprunter, lui rappelle la voix d’Ana, étouffant ainsi l’image du fameux frère qui ne l’avait pas vu sous cet œil–là, bizarrement – une magnifique Tesla qui a perdu un peu de son éclat – pas de sa faute si Ana et son autre frère sont complètement tarés, aucunement responsable elle est – pour que la gamine puisse dormir dans son van canari. Mais en plus, ce même van qui a embrassé un poteau quelques jours plus tard parce que son propre frère avait décidé de faire une nouvelle expérience après avoir sniffé de la colle. Un retour de karma qui a sûrement été invoqué par le ‘‘connard’’ de frère et dont Birdie se serait bien passé. Elle n’a pas encore eu le temps d’aller faire retaper la ferraille, juste s’assurer que ce qu’il y a sous le capot n’a pas été trop endommagé.

Une blessure de guerre qu’elle laisse sa voiture porter pour la conduire à l’intérieur de la ville, une main sur une bière, des cadavres de celles ingurgitées avant jonchant le sol côté passager. La radio allumée sur une musique qu’on peut qualifier de pute, le doigt qui bat une mesure absolument ridicule et des paroles que même elle ne comprend pas. Birdie n’est pas en état et possède encore moins l’envie de toute façon, profitant juste de la nuit calme malgré le boucan de son van qui ronchonne parce que sa propriétaire ne prend pas soin de lui.

C’est au milieu des songes de son esprit que Cadburry entend une voix qui lui parait lointaine en premier lieu. Puis ça se rapproche et au final, elle plisse les yeux pour voir dans l’obscurité chancelante quelqu’un qui secoue les bras frénétiquement. « BIRDIE !!! BIRDIE !!! » Les ‘i’ sont pointus, lui perçant les tympans parce que sérieux, comment on peut gueuler aussi fort à cette heure–ci ?

En plus, la saloperie se fout presque devant le véhicule et Birdie doit freiner brutalement pour éviter encore un nouvel impact. « Ca suffit, bordel ?! » Un jour, c’est elle–même qui finira sur le capot de sa bagnole parce que les abrutis seront toujours là pour lui rappeler qu’il est impossible de conduire tranquillement. « Meuf, quelle putain d’chance de tomber sur toi ! J’ai besoin d’un ride ! Mieux vaut toi qu’un camionneur serial killer ! Vas-y ouvre-moi, t’vas pas m’laisser là, hein ? » « Franchement, c’est hyper tentant, là. La prochaine fois que tu te fous devant moi, je te jures que je t’écrase et que je te laisse crever. » En plus, elle a renversé de la bière sur ses cuisses et ses jambes nues, ça va coller et ce détail suffit à lui rajouter de la mauvaise humeur. « Bon, qu’es–tu fous encore là ? Grimpe avant que je me décide de partir sans ton petit cul. Et vas–y mollo avec la portière côté passager, elle débloque un peu après la rencontre malheureuse avec un poteau. »

« T’oserais pas, j’te manquerais trop ! »
« J’ai réussi à passer plus de trente années de ma vie sans toi, je suis sûre que je survivrai les trente prochaines tranquille. » En tout cas, sa vie serait plus tranquille dernièrement si Birdie n’avait pas eu une folle furieuse qui avait voulu cambrioler son van de la plus sauvage des façons. Même si Birdie n’a pas besoin d’élément extérieur pour avoir une vie mouvementée et pleine de rebondissements, il n’empêche que l’étape de rencontre avec ses frères, elle s’en serait bien passée, aussi bien physiquement, financièrement que physiquement parlant. Alors non, Ana ne lui manquerait pas, sûrement que Birdie aiderait même à être sûre qu’elle soit bien étouffée sous la terre.

« Enfin je pénètre ton van de pupute ! Désolée, j’risque de jouir vite, la frustration accumulée, tu connais... » Birdie roule des yeux avec un sourire de coin. « Mon souteneur va être fier de moi si j’arrive à faire jouir les clients sans avoir rien fait encore. Une vraie poule aux œufs d’or que je suis. » Elle est mignonne, Ana, elle met sa ceinture. Est–ce que c’est un présage qu’un nouvel accident est à venir ? Birdie espère que non sinon, elle va finir par rendre ses clés et son permis (ha ha ha, jamais de la vie) ((même sans clés et permis, elle trouverait le moyen de conduire)). « Bon du coup, t’as prétexté qu’c’était d’ma faute pour la Tesla, mais meuf… Vu l’état d’ton van, s’toi qui sait pas conduire ! Et va pas m’dire qu’le poteau t’as foncé droit dessus, c’est scientifiquement impossible... » C’est qu’elle juge en plus, la gamine. Elle juge et elle se sert copieusement dans les canettes remplies, comme si elle est chez elle, en oubliant clairement les règles de base de politesse.

Mais Birdie n’en a pas grand-chose à faire alors qu’elle mène la sienne à ses lèvres avant de grommeler dans sa barbe et de jeter la carcasse vide aux pieds d’Ana. « J’vais pas t’faire la leçon, ça s’rait sacrément ironique. Mais t’as l’air d’avoir dépassé la contenance d’ton p’tit corps fragile... » La Cadburn s’accroche au volant – ou c’est le volant qui se retient à elle ? rien n’est moins sûr dans son esprit vaporeux. « Déjààààà… C’est pas de ma faute. La Tesla, y a une folle qui a forcé mon pied sur l’accélérateur au lieu de me laisser faire. Et pour le poteau… On peut dire qu’il a été foutu là où il fallait pas. » Evidemment, ce n’est pas de sa faute à elle si elle n’a pas pu atterrir cinq mètres plus loin, la terre vierge de tout poteau. C’est visiblement trop demander pour l’univers que de l’épargner une journée. « Et là encore, c’était pas moi mais mon abruti d’imbécile d’idiot de frère et ses expériences à la con et aussi que j’étais partante mais j’ai fini la gueule en sang et– » Puis la blonde se redresse, fronce des sourcils et se tourne vers Ana. « Pourquoi je me justifie, t’façon ? C’est mon van et si je veux le cabosser, je le fais si ça me chante. » Déjà que la gamine veut venir squatter, il ne faut pas non plus pousser. « Qu’est–ce tu fous là ? On s’est rendu compte que t’étais chiante alors on t’a viré d’la voiture ? Ou on t’a oublié involontairement à la station service ? » Le sourire moqueur, le regard qui passe par le rétro, le volant qu’elle tourne doucement (non, pas doucement, elle n’a pas conscience) et qu’elle tente de garder droit pour arrêter de slalomer dangereusement.

« Tu partages le blé ? J’suis un peu à sec ! » Birdie a une exclamation qui ressemblerait à un rire mais juste un son, ‘HA’, éjecté avec force et vigueur, se moquant ouvertement de la tronche d’Ana. Pas comme si cette dernière s’en vexera, encore moins dans l’état où elle est, assez similaire au sien, au final. Elles vont sûrement être sur la même longueur d’onde en même temps que sur la même route, c’est presque poétique (ça ne l’est pas). « Va te faire. Chacun sa galère, ma jolie. » Même si pour Cadburry, la galère n’est pas vraiment là ; elle a un job (un vrai) et un toit (un vrai même si c’est discutable). « Alors « folle », d’ja tu vas t’calmer… C’est d’la psychophobie, madame. Nous les gens spéciaux, on mérite d’être traités avec respect aussi ! » Birdie roule des yeux tout en tapotant sur le volant un air fictif qu’elle seul peut entendre visiblement. Comme si à elle non plus on ne le lui avait jamais dit. « Comme si t’es vexée, j’y crois tellement. T’es vraiment une très mauvaise comédienne, jeez. Te l’ai pas déjà dit ? » Parce qu’elle a l’impression de le lui avoir déjà dit. Elle ne sait plus trop, Birdie, et elle s’en fiche à vrai dire. Elle est déjà passée à autre.

Et Ana aussi puisqu’elle commence à l’interroger sur Elwyn. « Tu fais s’que tu veux ouais… Donc t’as un frangin toi aussi… Intéressant… Il est sexy ? » Cadburry tourne sa tête vers la blonde, un sourire de coin au bord des lèvres. « Pas d’ton âge. Contente–toi d’la sœur que t’as sous les yeux pour fantasmer, même en rêve et en enfer tu t’approches pas de lui. » Il y a un être sur cette foutue terre à ne pas toucher et c’est bien son aîné. Contrairement à Ana, Birdie s’entend (trop) bien avec son frère. Le plus âgé mais sûrement le plus gamin de la fratrie. Qu’Ana n’y songe même pas. De toute façon, vu son état, elle l’aura déjà oublié dans trente secondes et cinq centièmes. Tant mieux, Birdie ne veut pas qu’Ana se rappelle même une once de l’existence qu’elle a un frère.

De toute façon, la blonde enchaîne avec le déroulement de sa soirée. « J’étais à une teuf. Le genre d’soirée bien crade où la drogue coule à flot, les gens baisent dans les buissons et la musique est si forte que tu sens les basses jusque dans ton colon. D’ailleurs au cas où t’aurais pas remarqué, j’suis putain de défoncée ! » Birdie ôte les mains de son volant pour les lever au ciel avec son visage. « Oh seigneur, j’avais pas vu que j’ai pris une pêcheresse à bord de mon humble véhicule, veuillez me pardonner pour cette offense. » Elle secoue la tête tout en reposant une main sur le volant, dirigeant les roues qui dérivaient vers le droit chemin. A peu près. « Et toi tu viens d’où comme ça totalement bourrée ? Tu noies ton chagrin pour la carrosserie du fils prodige dans l’alcool ? » Birdie fait une moue triste, exagérée, pleurnicharde, elle en rajoute. « T’imagines pas le trauma. Mon bébé a failli y perdre ses câbles, évidemment que je suis en deuil. Et je viens de– » D’où qu’elle vient, déjà ? La Cadburn s’interroge, elle fronce des sourcils, elle fouille dans sa mémoire avant de hausser les épaules. « Chai plus. Mais ça devait être pas si cool que ça pour que j’sois pas restée sur place. » Si la soirée avait été bonne, elle y serait encore et elle aurait fini en comatant quelque part sur le sol ou dans le jardin. Elle baille avec force, la vision se troublant légèrement – mais y a personne devant (ni derrière), tout va bien. « T’as pas une clope ? J’ai plus de paquet. » Après tout, si Ana boit et se drogue, elle fume aussi, n’est–ce pas ?

« Sûrement, tu parles trop t’façons… Faudrait qu’j’t’écoute par dessus le marché ? » Birdie mime le geste avec sa main, sa bouche « blablablabla », prétendant (à peine) qu’elle n’écoute rien en retour. Ce qui est le cas, parce qu’Ana parle autant qu’elle, qu’elle est aussi soulante qu’elle et que franchement, c’est vachement osé de faire cette remarque. Remarque sur laquelle elle ne rebondira pas parce qu’elle ne se rappelle même plus de quoi elles parlaient en premier lieu, qu’elle est fatiguée et que la présence d’Ana (ou d’éthanol dans le sang) accentue le fait que la nuit n’est pas encore finie. « Trop vieux ? Oh tu sais, c’est pas ça qui m’arrêtera. C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes… Miam... » Birdie ne regarde même pas, elle ne fait que pousser l’autre blonde, d’un geste brusque mais en lui tirant la langue grossièrement et de façon hyper adulte. « C’est aussi dans les vieux pots qu’on trouve des vers, tu devrais faire gaffe. » Plus ça s’approche de la date de péremption, plus les risques sont gros, après tout.

« Te prends pas la tête avec ce connard de Dieu, soit il existe pas, soit c’est une putain d’ordure. » Birdie hausse les épaules. « J’y crois pas de toute façon. Je crois aux lutins au bout des arc–en–ciel et à l’existence du Yéti mais Dieu, pfff, bitch please. Même moi je m’inflige pas ça. » De toute façon, la culture hippie et punk dans laquelle elle a grandi n’invite pas ce genre de choses. C’est même carrément l’inverse, ce n’est pas des personnes comme elle qui seront acceptés dans l’antre de dieu. Ils disent que tu dois aimer ton prochain mais ils sont les premiers à juger, à critiquer, à renier si des convictions différentes pointes le bout de leur nez. Autant dire que ce n’est pas dans ces conneries qu’oserait se pointer Birdie. Elle a clairement d’autres choses à faire.

Comme essayer de se rappeler d’où elle vient ou, mieux encore, d’arrêter de faire zigzaguer le van sur la route. On finit même par la klaxonner et la déplacer (pour une fois qu’elle roule presque au pas), Birdie faisant un doigt d’honneur en plus d’un juron à l’autre connard qui ose la doubler. « Houla ! Mais t’es en black-out carrément… P’t’être qu’on va se taper un autre accident à ce rythme... J’veux dire… Jamais deux sans trois... » Birdie secoue la tête. « Nope, nan, pas de trois avec deux. J’ai la situation en main, regarde, t’as vu, mains sur le volant, personne pour appuyer sur ma cuuuuuuisse– » Elle jette un regard appuyé à Ana. « –Et la preuve que j’avance trop lentement. Donc, y a pas à s’inquiéter, on va arriver à destination. D’ailleurs, tu t’arrêtes où ? » Une question qui a le mérite d’être posée, non ?

« J’ai du tabac à rouler mais plus d’feuilles… Par contre j’ai un pré-roulé. » « ‘Kay. » « Tu veux ? » « You bet. » Elle prend le joint tendu pour s’en siffler une taffe qu’elle juge bien méritée. Peut–être que la mémoire va lui revenir, qui sait ? « J’ai besoin de pisser. » Il fallait s’en douter. Après toutes les bières ingurgitées, il faut bien que ça descende quelque part, non ?

Win : Birdie veut trouver une station-service pour se soulager. Mais il y a de la lumière qui lui flingue les yeux puis le gyrophare qui scinde les oreilles.  Un coup d’œil au rétro ; les flics. Pause pipi retardée.
So close : Miracle, une station-service apparait. Birdie s’y arrête et court aux toilettes. Mais un braquage arrive dans le petit magasin.
Fail : Aucune station-service, le désert le plus total. Birdie décide de s’arrêter sur le bas-côté pour aller faire pipi dans la nature mais il y a un type qui les accoste pour leur demander un drive jusqu’au centre ville. Il a l’air louche mais Birdie est si pressée d’aller se soulager qu’elle dit oui sans réfléchir.

« Tu fais bien, plus jamais j’m’inflige une putain d’messe. La famille ira s’faire voir avec leurs mariages à l’église de merde ! » Birdie n’a pas les idées claires et parler de mariage, en plus d’églises et de messes, ça lui donne envie de vomir. Ou alors c’est seulement la bière qui remonte le sens inverse qu’il ne faut pas. Birdie n’en sait rien, elle avale sa bille, reprend une inspiration et grimace. « T’allais à la messe ? Ça craint. J’ai eu de la chance, on m’a jamais forcé à rien. Faut dire que mes vieux étaient rarement là donc ça aidait pas mal. » Une fratrie de quatre mômes qui ont dû se débrouiller tout seuls, il est clair que l’église ne fut pas leur destination de choix pour s’occuper le temps. « Bah, jette-moi vers Spring Hill. J’suis en coloc maint’nant… Dans le quartier bourge en plus… Ca risque pas durer c’te merde ! » Cadburry siffle, impressionnée par ce retournement de situation. « T’es passée d’sdf qui vandalise les pauvres vans sans défense à Spring Hill ? Et ben, t’as touché la bite de qui pour avoir une telle promotion ? Essaie encore un peu et peut–être que tu finiras à Bayside, villa avec vu sur la plage, hein. » Birdie jette un regard moqueur mais après tout, elle n’a pas forcément tort. La vie avec une plage privée, qui n’en rêve pas ?

« Tu m’étonnes, tu dois avoir cent litres dans la vessie avec tout ce qu’t’as pité comme bière ! » « Arrête d’en parler, j’ai encore plus enviiiiiiiie ! » Si elle se fait sur elle, Ana va bouffer de la carrosserie. Le joint repasse dans ses doigts, elle tire dessus, le regard aux aguets sur la prochaine station mais rien, le néant, le vide galactique. Birdie râle mais ce n’est rien quand elle voit les couleurs qui n’augurent rien de bon en plus du bruit du gyrophare. « Ahahahah ! On va finir en taule ! Enfin surtout toi ! T’es bourrée comme un trou, meuf ! » Ana en rigole mais Birdie beaucoup moins. Elle a le haut cœur et elle va vraiment vomir si ça continue comme ça. « La ferme, bordel ! » Elle ne veut pas entendre parler de taule, de prison, ni quoique ce soit. Ana s’occupe de dégager le joint mais vu la fumée qui règne dans l’habitacle, leurs expressions absolument stupides et leurs pupilles dilatées, il est clair que si l’arme n’est plus là, les preuves sont à charge. Et surtout contre elle, conductrice imprudente qu’elle peut être. « ATTENDS ! » Mais Cadburn ne se sent pas pour une course poursuite où elle s’en sort indemne, voyant plutôt son corps gisant sur le pare-brise si cela devait arriver. Alors elle se met sur le bas-côté et la voilà qui attend dieu–seul–sait–quoi venant d’Ana le temps que les flics arrivent à la portière. « C’est bon. » Un voile sur les cadavres de bières, pourquoi pas, si ça peut aider. « Bonjour M. l’agent ! »

« Bonsoir, mesdemoiselles. Est–ce vous réalisez que vous rouliez beaucoup trop lentement ? » Birdie fait une moue faussement songeuse, essayant de garder un sérieux incroyable et surtout, prétendre que non, monsieur l’agent, elle n’est ni soûle ni défoncée. « Et bien, euh… D’habitude, je vais trop vite mais là, je vais trop lentement, il faudrait savoir, monsieur l’agent de la police. » Le flic en question soupire tout en adossant son bras sur la portière ouverte. « Est–ce que vous avez bu ou consommé quelque chose, toutes les deux ? » Birdie fait un signe de la main. « Pfff, qu’est–ce qui vous fait croire ça ? On a peut–êêêêtre un peu bu mais rien d’alarmant. Puisque je conduis prudemment, vous voyez ? Tout va bieeeeeen. Pas vrai Ana ? » Elle lui tapote la cuisse avec acharnement, le sourire toujours levé vers les flics. « Dis leur que tout va bien. Par contre, il faut vraiment que j’aille faire pipi. Dame Nature appelle. Vous pouvez pas laisser passer pour cette fois, dites ? » Birdie met ses grands yeux bleus suppliants en avant, espérant que ça puisse fonctionner comme ça fonctionne les trois quart du temps.

Win : après un petit coup de charme des deux, les flics les laissent repartir « c’est la dernière fois, p r o m i s. »
So close : les flics leur demandent leurs papiers d’identité, leur font les tests et Birdie récolte une amende, « tiens, elle est pour toi, Ana. Ton joint, ton amende. »
Fail : les flics les embarquent au poste de police « j’ai vraimeeeeent besoin d’aller aux toilettes, vous pouvez au moins mettre le gyrophare ? »

Voilà qui mérite un autre sifflement parce que c’est assez admirable comme situation. En tout cas pour une Birdie qui a bien trop bu et qui pourrait rouler directement sur le bitume au lieu de polluer la terre, c’est admirable. Peut être qu'Ana finira par mourir avant ses trente ans, à ce rythme. Elle peut encore rejoindre le club des 27, la garce. Il ne suffit que de cela pour que Birdie soit jalouse.

Pendant trente secondes parce qu'après, il y a la sirène et les lumières, tous les avants coureurs d'un danger imminent. Birdie aurait dû s'en douter dès l'instant même où elle a récolté Ana que les ennuis allaient suivre. Elle est pire que toutes échelles et les chats noirs et les vendredi 13 réunis, celle là. (comme si Birdie a besoin d'autrui pour se foutre dans de beaux draps, la blague)
En tout cas, Ana joue le jeu. Elle le double même, et Birdie n'a que sa mâchoire à serrer pour grincer silencieusement alors que la gamine joue de son charme en passant par dessus elle, son coude dans le visage qui n'est franchement pas très agréable. Elle la pince sur le flanc quand elle la traite de mamie, il ne faut pas exagérer non plus. Elle lui promet son numéro et… Évidemment que l'idiot est intéressé. Si Ana n'était pas en train de lui faire du rentre dedans pour leur éviter une nuit derrière les barreaux, pour sûr que la Cadburn lui aurait fait manger le sable pour oser penser qu'elles sont des putes. « On a eu chaud putain ! Allez va donc pisser dans le fossé là et après on rentre ! » Ce fut le plan de Birdie qui s'arrête deux minutes après. Elle sort rapidement, s'en va faire son affaire au milieu des ronces et moustiques puis revient aussi rapidement — elle a bien trop peur qu'Ana lui fasse le coup de partir sans elle avec son van. "T'as donné le num de qui ? Dis pas le tien, on est entre meufs, on connaît toutes la technique." Une technique vieille comme le monde qu'elle utilise aussi, soit avec un numéro inventé au hasard soit un de ses connaissances (ce qui lui a fallu des menaces d'envergure).

Birdie s'en va mettre le contact pour redémarrer la machine mais c'est un vrombissement puis plus rien. "T'es pas sérieux." Elle tourne de nouveau la clé mais il n'y a qu'un pet et le calme plat. "Mais nan, c'est pas possible, tu te fous de ma gueule !" Birdie tape sur le volant avec rage parce que, merde quoi. Son van est en train de lui faire un gros doigt d'honneur pour tout ce qu'elle lui fait subir dernièrement. Elle ne voit que cela en excuse. "Je savais que t'allais m'apporter la poisse, toi, bordel de merde." Elle passe une main dans ses cheveux en soupirant tout en sortant son téléphone. "Y a pas de réseau par ici, évidemment. Faut qu'on aille en ville. A pied ou en stop ?" L'un dans l'autre, vu leurs états, cela semble être une remarquable fausse bonne idée.