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 (alfly) 'cause we struggle sometimes

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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyDim 16 Aoû 2020 - 14:49


@LILY MCGRATH & ALFIE ⊹⊹⊹ but if it means that we get through, then you know i'm up for anything. y'know, i always try to settle you when i'm away 'cause we struggle sometimes, if it means that we get through.

Peut-être qu’il n’est pas concentré.
Peut-être qu’il ne comprend pas.
Peut-être qu’il est dans le déni.
La liste des possibilités est infinie, mais aucune ne convient à la réalité. La vérité est qu’il s’en fiche, Alfie et qu’il n’écoute plus le discours du médecin depuis de longues minutes tandis que son regard persiste à fixer les lèvres mouvantes de ce dernier afin de feindre un intérêt à ses propos. Mais le professionnel pourrait bien lui conter la meilleure façon de devenir riche à millions que l’anthropologue ne relèverait pas et, dans un sens, peut-être que la troisième option est elle-aussi cohérente ; de plus en plus, Alfie se pense conjointement avec la notion de déni. Aujourd’hui plus que jamais, tandis que l’homme face à lui exige qu’il ralentisse le rythme qu’il s’est imposé au cours des derniers mois. Son accident l’a fortement fragilisé, mais il serait mal connaître Alfie que de penser qu’il en aurait profité pour se reposer. Au contraire, il n’a cessé de redoubler d’efforts pour retrouver toutes ses facultés et s’assurer que cette agression relève rapidement du mauvais souvenir sans interférer dans son présent. Et pourtant. Les séquelles sont toujours là, imperceptibles aux yeux du commun des mortels, aveuglantes pour les siens. Les mois se sont écoulés sans qu’il ne retrouve la tranquillité d’esprit qui le caractérisait il y a encore un an. Son sommeil est de plus en plus perturbé, sa personnalité de plus en plus tourmentée – ils appellent ça le syndrome d’anniversaire – et au-delà de tout cela, ses souvenirs ne lui sont pas encore revenus. Anwar ne lui avait pas fait de promesse, mais le constat que presque un an après les faits, son agresseur court toujours dans la nature est déstabilisant pour l’universitaire. S’il s’était persuadé qu’il n’avait pas besoin de réponse, que cet événement n’était qu’un incident isolé et qu’au fond, il ne pouvait pas se plaindre de celui-ci pour avoir approuvé une certaine satisfaction malsaine à un tel déferlement de haine, le temps lui a prouvé que rester dans l’ignorance lui est plus compliqué qu’il ne le prétend. Pourtant, il n’est pas un esprit rationnel, Alfie, il ne vit pas pour obtenir des réponses malgré sa curiosité. Il se satisfait le plus souvent de théories qui n’ont aucun fondement, sous prétexte qu’elles lui conviennent. Mais pas cette fois. Cette fois, toutes les théories proposées par les autorités quant à l’agression qui a chamboulé sa vie ne parviennent pas à apaiser sa colère. Peut-être était-elle là depuis trop longtemps et qu’il ne s’agit que d’une excuse pour s’exprimer, comme l’a suggéré le type en face de lui – ne recevant qu’un grognement de mécontentement du brun en guise de réponse. Pourtant, ce serait une explication, une de celles qu’Alfie aurait pu envisager s’il était encore en mesure de prendre du recul sur sa situation. Peut-on vraiment parler au singulier lorsque des couches et des couches de nouveaux problèmes s’entassent sur des plus anciens qui n’ont jamais été réglés ? Car il n’est pas seulement question de ce bilan qu’il fait aujourd’hui, mais aussi de toutes les problématiques qui régulent son quotidien depuis trop longtemps. Son couple dont la fin est évidente même s’il refuse de l’admettre, sa filleule dont il a récupéré la garde temporaire alors qu’il n’a jamais voulu une famille, son travail qu’il n’a plus l’impression de pouvoir exercer correctement puisque la passion s’en est allée au moment où il a dû renoncer aux terrains et ce manque qui grandit, toujours plus, qui le dévore de l’intérieur, parce que c’était la seule façon dont il réglait les problèmes à l’époque. Et il constate aujourd’hui que c’est la seule véritablement efficace.

Il secoue la tête d’approbation aux propos du médecin sans être en mesure de répéter les consignes données – peu importe, Alfie en a toujours fait qu’à sa tête et aujourd’hui ne fait pas exception à la règle. Ce n’est pas comme s’il était très soucieux de son état, ni avant, ni après, alors feindre qu’il s’en préoccupera relève du peu d’intérêt qu’il peut accorder à sa situation. Le trentenaire concède à « faire attention » pour ne pas risquer le pire ; sans savoir qu’il a déjà atteint le pire et qu’il l’aurait su, s’il avait daigné s’intéresser au diagnostic posé par le professionnel. Un sourire, des salutations d’usage et le voilà qui quitte ce bureau sans se soucier du reste. Peut-être que pour une fois, il aura mérité son statut d’inconscient. Pour l’heure, sa priorité consiste à retourner le plus vite possible sur le campus et récupérer toutes les tâches ingrates dont ses collègues ne veulent pas – si cela peut lui permettre de repousser le moment où il rejoindra l’appartement qu’il partage avec Juliana et Anabel. Et si d’ordinaire lorsqu’il a un objectif en tête rien ne peut venir contrecarrer celui-ci, c’est sans compter sur la surprise qu’il rencontre au détour d’un couloir ; sous la forme d’une Lily Keegan en blouse d’infirmière. Keegan ou McGrath, il ignore, étant simplement au fait qu’elle s’est mariée à un inconnu devant des caméras. Pour la blouse, par contre, il n’a pas de réponses. « Lily Keegan en blouse d’in-infirmière, mon fi-fantasme absolu. » Qu’il s’amuse afin d’attirer son attention avant de reprendre : « T’as presque v-vingt ans de retard, mais eh, l’attente en valait le coup. » Il ajoute en haussant légèrement les épaules avec son sourire d’emmerdeur sur les lèvres, avant de regarder le panneau d’informations à côté d’eux. « Par contre, je suis pas certain que ce soit ap-approprié pour des enfants. » Rapport au secteur pédiatrie qui est derrière eux, mais eh, si Lily a enfin décidé de se retirer le balai qu’elle a dans le cul, même si cela implique de traumatiser des enfants, il ne peut que l’y encourager.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyLun 24 Aoû 2020 - 22:53

Le travail est rapidement devenu un échappatoire dans une vie qui, pour la première fois, est en train de lui échapper. Cette fois-ci Lily est bien incapable de laisser la faute reposer sur quiconque et elle se retrouve donc à devoir faire face à ses erreurs et, surtout, leurs conséquences. Elle a trompé son mari et c’est un fait, et même si elle tente au mieux de minimiser les choses en se rappelant qu’elle l’a épousé dans une émission stupide qui ne date que de six mois à peine, n’en reste pas moins qu’ils ont rapidement oublié les circonstances de leur rencontre pour se focaliser sur leur relation. Ils avaient des rêves et des buts, ils avaient mille raisons d’être heureux et elle avait même appris à petit à petit s’ouvrir à lui. Tout était finalement parfait ; trop, pour celle qui a toujours dû se battre pour laisser le reste du monde croire que c’était le cas quand ça ne l’a finalement jamais été. Tout était parfait au point où, par habitude malsaine, elle s’est sentie obligée de tout faire s’envoler en fumée. Le chaos est paradoxalement un état dans lequel elle se sent bien plus confortable, pour l’avoir expérimenté toute sa vie. C’était tout du moins ce qu’elle pensait avant d’y retourner puisqu’aujourd’hui elle regrette terriblement ce choix.

Personne sur son lieu de travail n’est au courant des récents changements dans sa vie et elle veille bien à ce que rien ne change. Personne ne doit savoir qu’elle est partie vivre chez ses parents simplement parce qu’elle ne voulait pas avoir à rester dans un appartement qu’il avait déserté ni que son mariage peut être remis en question d’un instant à l’autre. Son alliance restera accrochée à son annulaire aussi longtemps qu’elle en aura légalement le droit. « Lily Keegan en blouse d’in-infirmière, mon fi-fantasme absolu. » La voix familière de son ami-ennemi de toujours la tire de ses pensées, elle qui se battait avec les dossiers de ses patients. Un fin sourire illumine son visage jusqu’alors crispé au possible et infiniment concentré. La jeune femme se retourne aussitôt pour poser son regard sur lui et même si elle ne lui pardonnera jamais les années qui les ont séparés, n’en reste pas moins qu’elle a enfin compris, aujourd’hui puisque jamais, à quel point il est important pour elle et ce peu importe son rôle exact dans sa vie. Elle voudrait lui dire qu’il fait bien de ne pas s’habituer à l’appeler McGrath puisque son nom pourrait être amené à changer à tout moment ; bien qu’elle se doute qu’il soit incapable de pouvoir anticiper de telles choses. “Alfie Maslow en parfait cobaye pour des expérimentations scientifiques, mon rêve de gamine.” A sa blague elle répond par une autre, amusée qu’il l’interpelle avec l’absence de gêne qui le caractérise depuis toujours. Il n’est peut être pas en tenue de patient modèle avec les fesses à l’air mais le voir entre les quatre murs de l’hôpital fait déjà son petit effet. Finalement, elle n’a même pas encore repéré le bégaiement dans sa voix et se repose encore sur la naïve théorie selon laquelle il a simplement hésité sur la tournure de sa phrase.

Pendant qu’il continue son discours et qu’elle imagine déjà les oreilles de Juliana siffler, la brune prend le temps de replacer les dossiers de ses patients contre sa poitrine avant de retourner vers lui. Bien qu’elle garde un sourire d’apparence, elle ne peut pas s’empêcher d’inspecter tant son apparence générale que la manière dont il se tient et la possible présence de contusions sur son corps. Après tout, la maigre description de la bagarre qu’elle a eu par son frère ne lui disait rien qui vaille. « T’as presque v-vingt ans de retard, mais eh, l’attente en valait le coup. » Et cette fois ci le bégaiement la rend bien plus soucieuse mais elle ne le soulèvera pas. Il est le premier au courant de son existence et elle, elle n’est personne pour oser lui demander les causes exactes de ce problème. Son sourire n’en est finalement qu’un peu plus grand encore puisque Lily se contente d’être rassurée qu’il n’a pas perdu le même humour qu’il utilisait (à très mauvais escient) à l’église, à l’époque. “Tout ça parce que j’ai cru que la majorité était à trente quatre ans, on a raté tellement de choses.” Ils n’ont rien raté du tout, ils ont été des enfants et ils ont expérimenté la vie - même si à vrai dire, elle a tout découvert là où lui semblait déjà tout savoir, mais jamais elle n’oserait le lui avouer. Tous deux savent que les mots ne resteront que des mots en souvenir d’un bon vieux temps qui, à défaut d’être bon, commence au moins à être vieux. « Par contre, je suis pas certain que ce soit ap-approprié pour des enfants. » A cela elle n’a pas la répartie adéquate pour répondre alors elle se contente du même regard réprobateur qu’elle avait déjà quand elle était gamine. Aujourd’hui pourtant, il est décoré par son plus sincère sourire. Il rattrape le temps perdu à sa manière et elle ne peut que comprendre. Désireuse d’en faire de même, elle tente maladroitement de faire perdurer un peu plus cette discussion.

Alfie est de nouveau une bouée de secours sans même le savoir et elle a tout autant besoin de sa présence qu’elle pense qu’il a besoin de la sienne. Lily pense (encore) devoir réparer les erreurs commises par son frère. Un jour, elle se le jure, elle y arrivera. “J’aurais jamais cru te retrouver ici sans que ce ne soit à cause d’un défi lancé par mon frère ou d’une de vos idées.” Le sujet arrive maladroitement sur le tapis alors qu’elle utilise comme excuses leurs années folles à l’église et toutes les remontrances qu’elle a usé et abusé avec eux - sans ne jamais parvenir à aucune résultat, têtes brûlées oblige. “J’allais prendre ma pause de toute façon. Tu veux prendre un café imbuvable toi aussi ?” L’offre est exécrable mais la brune compte sur le fait qu’ils soient tous deux devenus des adultes pour essayer de faire table rase du passé. Les reproches sauront ressortir au pire moment, c’est certain, mais pour le moment encore elle est bien trop occupée à le supplier de ses yeux de chien battu pour penser aux conséquences que pourrait avoir une discussion trop sérieuse ou même trop poussée avec lui. “La bonne réponse c’est oui. Et après tu me diras si le médecin t’a annoncé de bonnes nouvelles.” Loin d’être dupe, elle se doute bien qu’il est venu ici pour consulter et non pour venir voir un ami ou qui que ce soit d’autre. Il le connait aussi bien qu’elle, peu importe ce qu’ils peuvent en dire. “Et sans mensonges, je te rappelle que ton fantasme va de pair avec un accès à ton dossier.” Ce serait interdit, certes, mais elle n’est désormais plus à ça près. Sa menace s’agrémente d’un sourire qui ne veut que le bien d’Alfie et sans réellement attendre de réponse de sa part, la jeune mariée se dirige vers la machine à café la plus proche.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyLun 7 Sep 2020 - 20:38

Il l’interpelle sans réellement en connaître la raison ; si ces longues années à côtoyer Lily lui ont appris quelque chose, c’est qu’ils ne sont pas amis et qu’ils ne le seront probablement jamais. Ils ne sont pas pour autant des ennemis, ils se situent dans un entre deux indéfinissable, dans une relation sur laquelle il n’est pas possible de poser des mots ou un statut – ce qui leur a très bien convenu jusqu’ici. Dans un sens, Alfie est le premier surpris à se montrer presque chaleureux avec la jeune femme, le passé ayant démontré qu’il était bien plus inspiré et réactif lorsqu’il s’agissait de la rabaisser ou de la pervertir – en fonction de l’humeur qui était la sienne au moment où il s’adressait à elle. La sympathie n’a jamais fait partie de ses prérogatives à l’égard de la brune et il n’est lui-même pas certain de la raison qui le pousse à l’interpeler avec autant d’entrain. Ce n’est pas comme s’il était particulièrement excité de croiser sa route, les dernières années ont démontré que l’un et l’autre supportait très bien de vivre avec le minimum requis de nouvelles de la part de l’autre ; rien ne laisse donc présager que cela devrait être amené à changer. Pourtant, c’est avec une cordialité qui n’est pas feinte – pour une fois – qu’il s’approche d’elle. Et s’il ne peut s’empêcher de la saluer à sa manière, avec la lourdeur qui le caractérise la concernant (peut-être qu’il recherche inconsciemment le regard noir qu’elle avait l’habitude de lui adresser plus jeune et qu’il cherchait tant à provoquer), son sourire, lui, n’est pas totalement faux – contrairement à ceux qu’il adresse au commun des mortels. Qui l’aurait cru, que Lily Keegan fasse figure d’exception et s’érige parmi les rares personnes qu’il ne cherche pas à décrédibiliser par simple envie de se divertir. Peut-être que, finalement, il a atteint le point culminant avec elle, pour avoir agi de cette façon à de nombreuses reprises, durant de nombreuses années et que, par ennui, il est désormais temps de changer les rôles. Elle a plus souvent été une adversaire qu’une alliée et dans le besoin constant d’Alfie de changer les choses, son incapacité à se satisfaire des schémas classiques et son envie de tout bouleverser dès que l’envie lui prend, elle fait figure de nouveau challenge ; parce que dans le fond, ce n’est que de ça que sa vie est faite et le dernier en date fut un cruel échec, au point où il est nécessaire de s’en trouver un nouveau.

Et ce n’est ni un regard désapprobateur, ni un soupir, encore moins un roulement dramatique d’yeux qu’elle lui offre, mais bien un semblant de sourire et de sympathie ; et le constat que les choses ont définitivement changé, qu’ils ont changé, est suffisamment improbable pour être nié. « Je me doutais que mon co-corps te manquait, fais-en ce que tu veux. » Il rétorque, sur le même ton, néanmoins frustré d’avoir la répartie, le sourire d’emmerdeur, mais pas la même aisance verbale qui le caractérisait – lui qui parlait tellement vite qu’il était parfois difficile de le suivre. Alors pour se donner une certaine contenance, il use des gestes à défauts des mots, désignant de ses mains ce corps d’Apollon qu’elle doit (évidemment) regretter et peut-être que les sympathies ne seront finalement que de courte durée, son besoin incessant de constamment la provoquer lui revenant naturellement dès lors qu’ils se retrouvent à échanger. Et si son sourire appuie la provocation, son attitude est bien plus chaleureuse qu’à une époque, de quoi lui faire comprendre que, cette fois-ci, il est de l’ordre de la futilité et non de la nécessité de la mettre hors d’elle. « On est pas trop vieux pour se ratt-rattraper. » Un haussement d’épaules, un sourire faussement angélique sur les lèvres, il concède à ne pas aller plus loin dans la plaisanterie ; le but n’est pas non plus de faire un remake des nombreux échanges qu’ils ont eu par le passé, où les sympathies d’usage faisaient très vite place à des reproches. Il n’a pas le temps ni l’énergie pour cela – lui qui aurait pourtant adoré cela il n’y a encore pas si longtemps. Et il ne s’agit pas d’une tentative de drague qui se ferait trop insistante, mais d’une volonté de s’amuser de ce qu’il lui a reproché à de (trop) nombreuses reprises et de cette incapacité à lâcher prise qui lui donnait tellement envie de la secouer. Et il la retrouve, l’espace d’un instant, la gamine, puis l’adolescente, qu’il s’amusait tant à pousser hors de ses retranchements, lorsqu’elle a ce regard qui semble presque lui être réservé. Et même s’il s’accompagne d’un sourire, même s’il ne semble pas être aussi noir que par le passé, ça ne l’empêche pas de laisser échapper un léger rire.

Rire qui se prolonge lorsqu’elle mentionne Joseph, avant qu’il ne capte son regard et reprenne son sérieux. « Qui te dit que je-je suis pas là pour ça ? Si tu voyais l’état de ton frère, d’ailleurs. » Il exagère une grimace. Il n’en serait pas si sûr s’il était elle, après tout Norah plaisante suffisamment quant au fait qu’il a un abonnement aux points de suture et il ne serait pas réellement étonnant que même la trentaine passée, il parvienne toujours à trouver d’improbables manières de se retrouver entre ces murs, Joseph ou non. « C’est mon préféré. » Qu’il répond à l’invitation par l’affirmative, faisant écho à elle, avec un léger sourire ; même si lui mettre du café entre les mains – aussi dégueulasse soit-il – est loin d’être l’idée du siècle. Peu importe, ce sera à Lily d’assumer cette proposition. Il se surprend à froncer légèrement les sourcils face à son insistance et son air de chien battu qui ne lui ressemblent pas, détails qu’il omet très rapidement lorsqu’il songe au retard que cela lui permet d’accumuler avant de rentrer chez lui, détails qui prend toute son importance alors qu’elle évoque le rendez-vous du médecin et qu’il comprend que, finalement, même avec elle, il ne pourra guère échapper au sujet. « On peut pas néga-négocier le contrat ? » Il demande avec une moue, son pas imitant le sien alors qu’il la suit dans ces couloirs qu’il ne connaît que trop bien. « Mais je te laisse trouver la réponse dans mon... dossier, j’ai pas vraiment retenu ce qu’il m’a dit. » écouté serait le terme le plus approprié, rien d’étonnant le connaissant, traumatisme crânien ou non, la faute à son attention sélective. « Moi, par contre, je sais pas où t-trouver la réponse à ça. » Qu’il interroge en désignant de l’index sa tenue. Oh, bien sûr, il aurait pu plaisanter en supposant qu’il aurait pu trouver celle-ci sous sa robe, mais hé, il sait aussi s’arrêter à quelques reprises – aussi rares que cela soit. Définitivement, Lily est une privilégiée, comme quoi le monde ne tourne vraiment plus rond.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyJeu 10 Sep 2020 - 14:14

La réponse à chacune des réactions de la brune reste à jamais la même : c’est parce que c’est Alfie. « Je me doutais que mon co-corps te manquait, fais-en ce que tu veux. » C’est parce que c’est Alfie qu’elle sourit de nouveau, c’est parce que c’est Alfie qu’elle a arrêté d’être outrée par ses paroles il y a bien longtemps et c’est parce que c’est encore Alfie qu’elle ne lui fait pas la morale et appelle encore moins la sécurité pour faire sortir ce patient indésirable de l’enceinte de l’hôpital. Ils n’iront pas plus loin que des paroles et ils le savent déjà tous les deux sans même avoir à se concerter, ce ne sont là que des jeux d’enfants qui n’ont jamais cessé d’exister. C’est pourtant avec un regard d’adulte qu’elle s’inquiète de sa diction, regard caché derrière ses yeux bleus faussement pétillants. « On est pas trop vieux pour se ratt-rattraper. » La jeune femme hausse un sourcil faussement étonné. Si elle devait s’ébahir d’une chose ce serait plutôt la délicatesse de la proposition plutôt que la chose en elle même. Encore une fois, parce que c’est Alfie, elle a été habituée à bien moins subtil. “Je suis certaine que Juliana aurait avancé le même argument.” Lily la gamine qui a oublié d’être drôle, c’est toujours la même qui revient sur le devant de la scène. Elle parle de Juliana, parce que c’est le prénom qu’elle a supposément eu à la naissance, pas de Jules. Elle ne la connaît de toute façon pas assez pour s’aventurer à user de ce surnom qu’ils utilisent tous à longueur de temps et, au delà de ça, la vie privée d’Alfie n’est en rien ses affaires. Il a une petite amie et elle un mari et malgré ses vieilles habitudes de rabat-joie, c’est sur le ton de l’humour qu’elle le rappelle à l’ordre sans pour autant vouloir définitivement mettre fin à cette discussion sans queue ni tête. Une part d’elle sait que si ce n’est pas avec Ezra qu’elle aurait fauté, ça aurait été avec lui, quitte à faire voler deux relations en éclats plutôt qu’une seule - parce que bien sûr qu’il aurait accepté qu’une telle chose se produise : c’est Alfie.

La petite fleur innocente plaisante sur son frère comme si de rien n’était alors que l’ironie de la chose serait sûrement bien plus difficile à avaler en temps normal, si chacun avait connaissance de toutes choses. « Qui te dit que je-je suis pas là pour ça ? Si tu voyais l’état de ton frère, d’ailleurs. » Le rire qu’elle a ensuite a tout de faux mais rien de ce qu’elle lui balançait à l’époque alors qu’elle tentait d’être forte face à un Alfie qui l’a toujours impressionnée, peu importe ce qu’elle pouvait en dire. Aujourd’hui, elle a le rire de ces adultes tristes qui répondent aux rêves des enfants, ceux qu’ils savent qu’ils seront un jour brisés. Par habitude suite à la mention de son aîné, elle ne peut s’empêcher de regarder aux alentours si personne ne les a entendus. Elle s’est promis de ne plus faire de son existence un secret mais cela prend du temps. “Tu lui as au moins cassé un ongle j’espère ?” Lily diminue sa force quand bien même, pour avoir été la première spectatrice de bon nombre de leurs guéguerres, elle sait très bien qu’ils se faisaient face d’égaux à égaux. C’est une raison de plus pour elle de ne pas comprendre pourquoi Joseph a une fois de plus pu s’en sortir indemne, lui qui commet toutes les fautes du monde mais qui n’est jamais assez puni.

« On peut pas néga-négocier le contrat ? »Même dans 50 Nuances de Grey ils ne négocient pas le contrat, sois consistant.S’il te plaît ne tourne pas autour du pot aurait été la version simplifiée de sa réponse mais encore aujourd’hui elle a bien du mal à lui faire comprendre qu’elle tient à lui et ce même après tout ce qu’il lui a fait subir. En plus, maintenant qu’elle y pense, même dans cette histoire il est question de négocier à un moment ou à un autre. Finalement elle ne compte plus que sur la maturité d’Alfie (sacrée oxymore que voilà) pour qu’il aille droit au but et ne la fasse pas se répéter ou, pire encore, directement aller fouiller son dossier. La réponse qui s’ensuit n’est pourtant pas la bonne et, bien loin de l’énerver, elle laisse la brune intriguée et, surtout, inquiète. « Mais je te laisse trouver la réponse dans mon... dossier, j’ai pas vraiment retenu ce qu’il m’a dit. » Les doigts de sa main droite se replient sur sa paume alors qu’elle fait craquer ses phalanges une à une sans même s’en rendre compte, énième moyen pour son corps de s’exprimer là où elle ne le fera jamais de vive voix. Finalement Lily n’a plus rien à lui dire, hésitant encore entre lui laisser son intimité ou être ce genre d’amie (amie, quelle idée) trop présente.

Le café coule en silence dans le gobelet en plastique et ses empreintes de doigts la brûlent peu à peu alors que le liquide noir se fait une place toujours plus importance dans le récipient. Imbuvable et brûlant, c’est comme ça qu’elle le boit depuis qu’elle n’a plus la possibilité de se préparer de mugs au DBD. « Moi, par contre, je sais pas où t-trouver la réponse à ça. » Son uniforme est repassé sans aucune marque, c’est son moyen à elle de prouver que malgré son manque d’ancienneté dans l’hôpital (et c’est le cas de le dire), elle n’en est pas pour autant une très bonne infirmière. Faisant un pas en arrière puis un autre, elle le laisse choisir ce qu’il veut entre un bloc de café noir ou un verre d’eau brûlante appelé “thé”. Dans le temps elle lui aurait servi un verre d’eau froid, tout simplement, mais avec la majorité vient aussi un minimum de libre arbitre, apparemment. “J'ai repris mes études quelques temps pour pouvoir changer de travail." Son sourire reste figé, l'explication s'en tient au strict minimum. Elle ne précise pas qu'elle avait besoin de se sentir utile et encore moins qu'elle a choisi la pédiatrie parce que même après toutes ces années elle ressent encore un vide au plus profond d'elle. “Je me disais que le meilleur endroit pour trouver Alfie Maslow, c’était dans un hôpital.” Sans doute n’a-t-elle pas choisie la meilleure aile pour retrouver sa trace mais pour une simple blague, elle n’a pas à s’aventurer aussi loin dans les détails. Il restera à jamais le stupide garçon doublé du stupide ami de son frère, tout comme elle ne pourra jamais s’empêcher de vouloir soigner ses plaies, quitte à lui appliquer un désinfectant sans le prévenir que ça va piquer - quelle personne sans coeur, décidément. “Pour la pédiatrie, c’est parce que t’as simplement grandi à l’extérieur mais à l’intérieur je sais que tu dessines encore des moustaches sur les affiches dans la rue.” Le sujet est maladroitement évité alors qu’elle oscille entre l’envie de lui dire à quel point elle a besoin de se sentir utile auprès des plus jeunes et le besoin de s’assurer que lui aussi, va à peu près bien, malgré ses airs peu rassurants à ce sujet.

Lily restant Lily, elle ne peut pas s’empêcher de tout gâcher et à peine assise, sa salive difficilement ravalée, elle enchaîne avec un tout autre sujet. “Je suis désolée …” Ce qui est un fait rare, parce que Lily n’est jamais désolée. Si elle vit la vie parfaite, c’est pour ne rien avoir à se reprocher et ne surtout pas faire machine arrière ou remettre en question ses choix de vie. Jamais. Devant personne. “pour mon frère.” Et si Lily n’est jamais désolée pour elle même, elle l’est encore moins pour son frère dont elle a toujours tut l’existence jusqu’à aujourd’hui. Elle est désolée qu’ils aient été d’horribles amis flanqués dans toutes les embrouilles du village, elle est désolée qu’il soit partie et l’ait laissé seul, elle est désolée qu’il soit revenu, elle est désolée qu’il lui ait fait ça. Il est son sang, et pourtant même lui devrait avoir à payer pour ses erreurs. Elle le protège déjà bien assez du reste du monde pour qu’il puisse pouvoir arpenter les rues impunément après avoir fait de pareils dégâts sur une personne qu’il est supposé aimer ou, au moins, apprécier. Et si ça avait été elle, le jour où elle l’aurait énervé de trop ? Et si ça avait été elle, le jour où il aurait trop bu, où il aurait été trop énervé ? Et si ça avait été elle, un simple jour où il n’avait même aucune raison de le faire ? Les hommes sont tous les mêmes, imprévisibles. "Même si y'a une part de moi qui voudrait te dire que tu l'as mérité, y'a prescription." Et jamais ô grand jamais elle n'aurait voulu qu'il paye physiquement, alors elle s'aventure sur un chemin dangereux en laissant des indices compte à l'implication de son aîné dans ce qui est récemment arrivé au Maslow. Après tout, Joseph aurait dû savoir que sa soeur n'a rien d'une sainte, peu importe ce qu'elle laisse paraître. Il aurait aussi dû savoir qu'il ne peut pas lui faire confiance sur ce genre de choses.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyDim 27 Sep 2020 - 20:10

Que les retrouvailles soient aussi aimables relève de la surprise ; et dans sa tête cette alerte rouge réservée à Lily ne cesse de s’activer depuis qu’il a croisé son regard. Le passé leur a suffisamment démontré qu’ils illustrent à perfection l’expression « le calme avant la tempête » et que leurs échanges, aussi polis puissent-ils commencer, sont le plus souvent balayés par une rafale de reproches adressés l’un à l’autre. Alors il s’y attend, Alfie, persuadé qu’arrivera le moment où la maladresse de l’un provoquera l’agacement de l’autre et que la dynamique qui s’instaure entre eux s’en retrouvera chamboulée. À cet instant, et sûrement pour la première (et dernière) fois de sa vie, il prend conscience qu’il serait amené à le regretter. La majeure partie de l’intérêt qu’il porte à Lily a souvent été motivé par ce besoin d’en faire un pantin à sa solde, même quand l’idée n’étant pas tant de la manipuler que de l’utiliser comme un punching-ball pour calmer ses humeurs (avec lesquelles elle n’avait, il est vrai, souvent rien à voir). Il l’a souvent vue comme un outil, un objet même ; aujourd’hui il la perçoit comme un soutien involontaire alors que leur échange provoque, pour une fois, le soulagement immédiat de l’anthropologue. Pourtant, ce n’est pas pour autant qu’il la considère à sa juste valeur, mais bien parce qu’elle apparait à nouveau comme un outil – seulement cette fois il n’est pas question de le jeter, mais bien de le préserver. Jamais il n’aurait cru que Lily Keegan soit celle qui fasse office d’accalmie dans son quotidien. Bien sûr, elle lui a déjà démontré par le passé qu’elle ne se contentait pas de ramener les braises de ses sentiments négatifs à son égard, mais qu’elle était aussi en mesure d’en éveiller des bienveillants, sincères et presque emplis d’affection. Mais jamais il ne l’a admis, ni à lui-même, ni à la principale intéressée (surtout pas à la principale intéressée). Et en ce sens, la sympathie dont il fait preuve, les piques qui se veulent humoristiques au lieu d’être seulement blessantes, en sont un témoignage précieux, bien plus encore que ses mots ne pourraient l’exprimer. Et il pourrait s’offusquer du fait que Lily reste Lily ; qu’elle n’a pas immérité son surnom de miss rabat-joie, qu’elle atteste encore plus lorsqu’elle mentionne l’existence de Juliana (comme s’il était capable d’oublier celle-ci). Mais c’est parce que c’est Lily qu’il passe au-delà de ses mots pour se concentrer sur ses traits. Le regard noir dont il avait l’habitude est remplacé par une mélancolie qui lui est nouvelle, la moue agacée laisse place à des traits fatigués et le ton teinté d’arrogance s’est mué en une incertitude perceptible ; dans l’ensemble, elle les dit aussi, ces mêmes mots qu’il ne peut pas prononcer. « Évidemment. » Qu’il rétorque en exagérant un soupir outré, mettant un terme à cet échange qui de toute évidence ne pourrait aller plus loin. Elle peut s’en amuser, toujours est-il que cela ne saurait aller au-delà d’une plaisanterie un peu lourde entre deux ennemis, amants, amis, on ne sait plus trop, à force.

Qu’Alfie soit entre les murs de cet hôpital n’a rien de surprenant ; qu’il n’y soit pas envoyé par Joseph non plus, mais aux yeux de Lily, ça l’est – pour le simple plaisir de continuer cet échange supportable, presque agréable. Il ne peut pas la blâmer, lorsqu’elle avait la chance infinie (non) de côtoyer les deux garçons ensemble, ils pouvaient autant être dans l’envie de préserver leur amitié que le désir d’anéantir celle-ci, en fonction du moment et du contexte. Jamais elle n’a été brisée, pourtant, malgré la vie qui s’est mise entre eux, malgré leurs propres comportements qui ont souvent été plus problématiques que soutenant. Son rire se mêle un sien un bref instant tandis qu’il fait un pas un avant pour rapprocher leurs silhouettes, de façon à pouvoir se pencher légèrement, annonçant sur le ton de la confiance : « Deux. » Une moue de fierté surjouée sur le visage, il reprend sa posture initiale tandis qu’il lui adresse un regard un bref instant, empli d’un questionnement dont ni elle, ni lui n’ont la réponse : comment en sont-ils arrivés là ? Car s’ils en sont à échanger des banalités avec autant d’enjouement, c’est que quelque chose a changé. Mais quoi, exactement ?

Son sourire se greffe de plus belle sur son visage tandis que ses yeux s’écarquillent un court instant pour attester de sa surprise alors que Lily Keegan semble définitivement s’extraire du cliché de parfaite coincée qu’il a tant voulu lui coller durant toutes ces années. « Ah mince, je l’ai jamais vu. » Si et ce fut un supplice pour un habitué du thème comme lui, mais là n’est pas le sujet. Au moins, ça lui avait permis de passer une bonne soirée avec Jules. « Mais je p-penserai à toi quand je le verrai. » Et son sourire d’idiot qui s’accentue toujours plus ; alors qu’il s’en fiche bien d’avoir à poser une limite sous prétexte qu’il est en couple. Parce qu’il n’est pas question de ça et que quoi qu’on puisse penser de lui, il y a des limites qu’il franchissait constamment à l’époque qui sont désormais infranchissables – il en est le premier surpris, à vrai dire. Il ne s’agit pas de ça parce qu’Alfie est trop obnubilé par le fait de ne pas s’étendre plus longtemps que nécessaire sur son état. Les faits sont ce qu’ils sont et il n’y a rien à dire sur ceux-ci ; Lily n’obtiendra pas de réponse de sa part et il s’en fiche bien de savoir si elle ira effectivement fouiller son dossier ou non, elle pourrait bien menacer le médecin avec un couteau sous la gorge qu’il estime que ça ne le concerne pas, elle peut bien se montrer inquiète (quelle idée) qu’il ne tentera pas de formuler une réponse qui saurait répondre à sa question ; ses intérêts avant ceux des autres et son intérêt réside dans le fait de ne pas s’épancher.

Suivant docilement (un miracle) Lily jusqu’à la machine à café, il ne donne pas de réponses mais se permet d’en demander alors qu’il désigne son uniforme, se calquant sur elle pour commander un café noir, pendu à ses lèvres tandis qu’elle entreprend de lever le mystère. Il hausse un sourcil sous l’étonnement de ce nouveau projet, néanmoins peu surpris par cette voie. Il a passé de nombreuses années à verbaliser tous les défauts qu’il lui trouvait, pour autant il ne peut pas nier que derrière cette liberté bridée par ses réflexions durant leur jeunesse se voulait une préoccupation pour autrui. Pas toujours exprimée, souvent maladroite, mais bien réelle. « J’ai déjà une infe-infirmière perso, mais je suis pas contre ma garde a-alternée entre vous deux. » Qu’il s’amuse avec un sourire, souriant presque à l’idée que le rôle de Norah soit menacé par Lily Keegan, qui l’aurait cru ? « Touché. » Un haussement d’épaules, une moue exagérée, il est évidemment anéanti par l’idée d’avoir été découvert. « Faut que tu m’acce-ompagnes la prochaine fois, tu verras, ça éveillera ton esprit c-créatif, pas inutile pour calmer les gosses en crise. » Insensible ? Un peu, mais elle l’a toujours ainsi alors il ne prend plus de pincettes. Quoi qu’il en soit, il reprend rapidement son sérieux. « C’est surprenant, mais logique. » Il commente, s’en fichant bien qu’on lui demande son avis ou non ; voyons ça comme une volonté de faire preuve de sympathie. « T’es à ta place, ici. » Il ajoute, ne voulant pas l’obliger à faire preuve de confidences quand il ne l’a lui-même pas fait.

S’asseyant face à elle, Alfie fronce les sourcils lorsqu’elle s’excuse, un « de ? » s’échappant aussitôt de ses lèvres. Les excuses qu’elle pourrait formuler à son égard sont nombreuses, néanmoins elles n’arrivent pas à égaler la longue liste qu’il devrait lui lire, s’il s’en sentait capable, s’il en avait envie, s’il jugeait cela nécessaire. Aucun des trois cas de figure n’est actuel et pour cette raison, elle n’a pas à faire d’excuses qu’il ne saurait lui renvoyer. Et il cogite, Alfie, réfléchissant à ces éléments qu’il a oublié suite à son agression, à toutes ces choses restées sous silence. Il n’a jamais supposé que Lily pouvait faire partie des oubliés, mais c’est justement parce que les souvenirs n’existent plus que c’est une possibilité. Possibilité réduite en fumée lorsqu’elle évoque son frère et Alfie se veut encore plus confus. « Qu’il exa-existe ? C’est un peu tard, pour ça. » Il s’amuse avec un léger rire, son regard ne quittant pas le sien tandis qu’il essaie toujours de comprendre. Il n’est pas sans avoir que les relations entre les Keegan sont des plus tendues et il s’est souvent mêlé de celles-ci par inadvertance, parce qu’il prenait forcément le parti de Joseph ou, a contrario, parce qu’il est un piètre ami qui n’a pas su résister au challenge que représentait la petite sœur de son meilleur pote. « De quoi, tu parles, Lily ? » Il demande, avant de poursuivre : « Il a foutu quoi, encore ? » Dieu sait que la liste des mauvaises décisions de Joseph est longue ; mais là-aussi la sienne ne peut que rivaliser, alors il ne s’offusque plus des décisions de son meilleur ami. « J’ai mérité quoi ? » Et à mesure, la sympathie s’en va, le ton se durcit, le regard s’assombrit. Parce qu’il le sait, au fond, il l’a toujours su et il n’attend que le moment adéquat pour faire exploser la vérité. Et quelles meilleures circonstances qu’avec Lily ?

À croire que, finalement, rien ne changera jamais.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyJeu 1 Oct 2020 - 20:49

Le reste du monde pourrait croire à une scène banale entre deux amis autour d’une stupide machine à café, un remake cheap de Friends qui ne signifie rien de plus si ce n’est un peu de blabla et quelques sourires échangés. Il y a un peu de blabla, il y a quelques sourires échangés, oui. Il y a même un rire commun dont ils sont sûrement les premiers à s’étonner, ne croyant pas eux même que toute cette situation soit viable. Preuve en est, il ne faut finalement que quelques minutes à Lily pour ne pas se sentir à sa place et révéler des secrets qui, justement, auraient dû le rester. La faute à son « T’es à ta place, ici. » , sûrement, qui correspond à la chose la plus touchante qu’il ait pu lui dire depuis … toujours. A cela elle répond d’un simple hochement de tête et d’un petit sourire particulièrement émue par ces simples mots. Il peut être le plus horrible ami du monde quand il le veut - et même quand il ne le veut pas - mais parfois, il peut aussi se montrer bon. Comme quoi, ça arrive à tout le monde.

Son dos est bien droit, à peine appuyé contre le dossier. Ses pieds sont scellés sur le carrelage, ses jambes sont collées. Sur ses genoux trône le gobelet brûlant qu’elle entoure de ses deux mains, finalement peu conscience de la chaleur qui irradie ses paumes. Tout ce sur quoi elle se concentre, ce sont les réactions d’Alfie ou, justement, son absence de réaction. « de ? » Lily revient toujours dans le passé quand elle lui fait face. Elle a fait un pas en avant, un seul, et la voilà maintenant qui ne sait plus quoi dire et encore moins quoi faire. Elle ne veut pas répéter ses excuses, elle ne veut pas répéter le nom de Joseph et surtout, surtout, elle ne veut pas avoir à lui expliquer pleinement ce qu’il s’est passé. Donner des mots sur cet acte reviendra à le rendre réel : ce n’est pas ce qu’elle désire. Après tout, ils ont toujours eu des problèmes, ils se sont toujours chamaillés. Pourquoi cet acte devrait être différente des autres ?

Même là, pourtant, elle n’arrive plus à se convaincre elle-même. C’est à ça qu’elle comprend que justement, cette fois-ci son frère est allé trop loin. Il a franchi la ligne rouge, encore. « Qu’il exa-existe ? C’est un peu tard, pour ça. » Cette fois-ci, bien que l’envie soit présente, elle n’arrive pas à le suivre dans un rire. Même par politesse, elle a oublié comment faire semblant - quand bien même cela a été le motto de toute une vie. Ses dents s’attaquent sans un bruit à la peau de ses lèvres qu’elle malmène, vieille habitude qui a traversé les années sans que jamais la brune ne s’en rende compte. Le café refroidit entre ses mains puisqu’elle a désormais bien trop peur de l’avaler de travers. « De quoi, tu parles, Lily ? » La jeune femme tente de le désigner d’un coup de tête parce qu’elle espère qu’il a appris à devenir meilleur au rébus ou que, simplement, il en viendra à la même conclusion qu’elle avec le moins d’indices possibles. Elle pourrait lui dire que c’est un jeu et qu’il se bat contre son frère, justement, ça aurait pu motiver l’anthropologue à se montrer plus vif ? Elle aurait pu faire bien des choses différemment, à vrai dire, si elle avait réellement voulu qu’il comprenne rapidement - à commencer par lui expliquer la situation de vive voix. « Il a foutu quoi, encore ? » Ce n’est pas de sa voix plus dure dont elle prend peur ni même du sourire qui s’efface mais bien de la situation dans laquelle elle se trouve, coincée avec lui, éternellement vouée à s’en vouloir pour des erreurs qui ne sont pas les siennes et payer pour une éducation que Joseph n’a jamais cru bon de suivre. S’il avait été un bon chrétien, un bon petit garçon, ou même un adulte normal alors ils n’en seraient pas là. Lily a le temps de déglutir une fois de plus avant qu’il reprenne sa question, plus incisif cette fois-ci. « J’ai mérité quoi ? »Pas ça.” Il est loin d’être le fils modèle, lui aussi, mais au moins il est moins pire que Joseph. L’infirmière aurait envie de lui faire part de la liste non exhaustive de toutes les erreurs qu’il a commises ces trente dernières années mais aucune ne pourrait expliquer des blessures physiques. Elle sait, elle aussi, ce que c’est que d’avoir mal. Elle sait et elle ne le souhaite à personne, surtout pas à Alfie. Il n’a jamais mérité plus que les baffes qu’elle lui assénait, enfant, sur la pointe des pieds, incapable de tenir l’équilibre bien longtemps mais bien décidée à lui faire comprendre qu’il devait écouter les adultes et arrêter de l’embêter. Là, ça n’a plus rien à voir avec une baffe d’une gamine qui le détestait autant qu’elle le trouvait beau et cool, malgré tout. “C’est lui qui t’a fait ça.” La sentence tombe avec le moins de détails possible, parce qu’elle reste encore incapable de les exprimer. Elle n’était pas là et pourtant l’image qu’elle se fait de la scène reste bien trop présente et oppressante dans son esprit. “Je savais pas ce qu’il comptait faire. Je sais même pas ce qu’il se passe encore entre vous mais je sais juste que c’était pas la réponse appropriée.” La violence ne sera jamais la réponse appropriée, justement, à ses yeux. Elle se dédouane rapidement et prend de la distance avec son frère qui, justement, avant d’être lié à elle par le sang, reste un criminel. “Je sais que tu vas me rire au nez mais si t’as besoin de moi, tu sais toujours comment me joindre.” Ironiquement, Alfie a toujours eu son numéro. Lui.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyLun 19 Oct 2020 - 0:11

Il ne faut pas plus de quelques mots de la part de Lily pour les faire basculer vingt ans en arrière, du temps des reproches et des fausses vérités, rendant ces retrouvailles aussi amères qu’elles auraient dû l’être dès la première seconde. Les sourires disparaissent, les rires ne prennent pas la peine d’être feints et la mélancolie dans leurs regards s’efface au profit de pitié d’un côté, accusation de l’autre. C’est effectivement un regard plein d’interrogations qu’il adresse à la jeune femme, dans une volonté d’entendre de sa bouche ce qu’en réalité, il sait déjà. Seulement, personne (lui le premier) n’a jamais verbalisé cette vérité, alors qui de mieux placée que la sœur de l’agresseur pour le faire à sa place ? Et finalement, Lily reprend le rôle qui a toujours été le sien, celui qu’il lui a toujours donné ; elle n’est que le dommage collatéral des mauvais choix de son frère. Elle l’était déjà à l’époque, lorsqu’il n’a daigné lui porter un véritable intérêt qu’après le départ de son meilleur ami et qu’il y avait une place à combler. Sans cela, jamais Alfie et elle ne se seraient rapprochés, quand bien même leurs chemins ont toujours été destinés à être liés. Puis, elle est devenue un bouc-émissaire, son jouet préféré - celui qu’il chérissait autant qu’il le martyrisait, parce que Joseph ne s’est pas contenté de partir, il a simplement cessé d’exister dans leurs vies et ce n’était plus seulement une place, mais un véritable manque qu’il fallait combler. Lily a joué tous les rôles et ce n’est qu’une conclusion amère que de lui donner aussi celui de la justicière qui lui enlève les œillères qu’il porte depuis des mois. Cette idée ne le surprend pas autant qu’elle ne le devrait, raison pour laquelle il n’est pas outré, ne reste pas muet sous la surprise ni ne manque de s’évanouir. Là-aussi, le comportement de Joseph n’est qu’une conclusion, brutale cette fois-ci, de leur histoire. Alfie porte la faute de l’avoir fait plonger, puis sombrer, dans un univers que Joseph n’aurait jamais connu sans lui. Ce n’est donc que légitime que les rôles s’inversent et que Joseph obtienne sa vengeance, même tardive. Mais ça, Alfie ne le dira pas. Car s’il pardonne l’acte, il ne pardonne pas le jeu qui s’en est suivi.

Ses yeux retrouvent ceux de Keegan Junior alors qu’elle les prononce, ces mots tant attendus et à défaut d’avoir le même regard bienveillant sur elle qu’au début de leur entrevue, sa voix tente de se radoucir alors qu’il commente « je sais ». Et loin de ressentir le soulagement qu’il aurait espéré à l’idée de trouver une conclusion acceptable à toute cette situation qui a dicté son quotidien depuis un an, la sensation qui se disperse dans tout son corps est cette faiblesse ressentie avant de tomber dans les pommes. Mais Alfie reste bien droit sur sa chaise ; car il est hors de question de concéder une nouvelle victoire à Joseph, de le féliciter de le mettre plus bas que terre autant par les coups que par la douloureuse vérité. Il ne s’en étonne pas, n’essaie pas de nier les affirmations de Lily, l’évidence était devant son nez depuis toujours, concrétisée depuis quelques semaines à mesure que les souvenirs se sont doucement rappelés à lui. Un sixième sens plus qu’un vrai constat, mais dont l’effet demeure aussi efficace : Joseph Keegan est le coupable de son état et qu’il se soit leurré autant de temps est la réelle surprise. Joseph a gagné un combat, mais le match est encore disputé - et il serait mal connaître Alfie que de supposer qu’il se contentera de vivre avec cette vérité sans la retourner à son avantage. Tout est propice à ce qu’il prenne l’avantage sur les autres et cette rencontre ne fait pas exception à la règle alors que même la justice voulue par Lily se heurte à un Alfie qui n’apprend rien, qui a anticipé cette révélation et ne permet pas à la brune d’obtenir le crédit qu’elle aurait pu espérer.

La neutralité sur son visage disparaît pour faire place à un sourire, mince, mais sincère. Paradoxalement, elle n’est jamais en tête de liste sur ceux à appeler, mais il sait qu’elle est présente malgré tout, à sa façon. Jamais en tête de liste, et pourtant c’est bien vers elle qu’il s’est tourné à quelques reprises dans le passé, sans jamais réussir à l’expliquer, ni à l’assumer. « Ça aussi, je le sais. » Il se contente de répondre, s’en fichant bien qu’elle puisse le croire ou non. Marquant une pause pour faire de la place dans ses idées, il reprend la parole après quelques instants de silence. « Et je sais aussi que tu n’es pas rep-responsable de ses actes. » Et il peut lui reprocher tant de choses à Lily, jamais il ne pourra lui reprocher d’être à l’origine de la folie de Joseph. Bien au contraire, elle aurait été à même de la contenir, comme elle a essayé de contenir la sienne. « Ça ne pou-pouvait être que lui. » Qu’il confesse, avec un sourire. Pas triste, mais véritablement sincère; si Joseph n’a jamais fait partie des privilégiés à qui il a donné les pleins pouvoirs afin de le briser psychologiquement,  il a toujours été le candidat idéal pour mettre à mal son corps - au-delà d’Alfie lui-même, en tête de liste dans les deux catégories. La liste de ses ennemis est longue comme le bras, il s’en est fait de nombreux de par son arrogance, sa tendance à la provocation, ses idées bien arrêtées et sa pratique professionnelle. Ce n’était donc qu’une question de temps avant que son comportement ne soit retourné contre lui. Et s’il n’est pas dur d’encaisser que celui qu’il considérait (considère toujours ?) comme son meilleur ami soit à l’origine de ses maux, il est plus compliqué de faire la paix avec l’attitude de Joseph, qui a délibérément prétendu se soucier de lui, alors qu’en réalité, il ne faisait que contempler son œuvre. Et c’est ce constat qui pousse Alfie à ne pas mettre un terme à leur entrevue malgré la conclusion offerte par Lily, alors qu’il pose cette simple question : « est-ce qu’il le re-regrette ? » Et conscient que quelques bribes d’amour fraternel puisse substituer et qu’elle atténue les charges qu’elle a lancées à son encontre, il précise « sincère...ment » parce que Lily s’est lancée dans une quête de vérité qu’elle se doit de poursuivre pour lui offrir la réponse à une question qui, elle, n’est pas aussi évidente que l’identité de son agresseur.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyMer 21 Oct 2020 - 22:32

Quand elle l’a appris, elle s’était dit que la famille passait avant tout. Elle s’était dit qu’elle emporterait ce secret dans sa tombe, elle s’était dit que rien au monde ne lui ferait avouer une telle chose. Elle s’était dit qu’entre Joseph et Alfie, elle choisirait toujours la chair de sa chair. Elle s’était qu’entre ces deux imbéciles, elle aurait tout de même tendance à choisir celui avec lequel elle a grandi plutôt que celui qui a fait d’elle son pantin articulé quand elle était enfant - oh, Lily la rancunière. Elle s’était dit bien des choses et elle s’était rassurée, aussi, mais une fois de plus sa vision de la réalité était biaisée. Ce n’est pas Joseph qu’elle a choisi. Ce n’est jamais Joseph qu’elle choisi, finalement.

Pourtant, le « je sais » d’Alfie a le don de déstabiliser Lily pendant un temps. Comme à son habitude, elle se reprend pourtant bien vite, comme si de rien n’était. Ses sourcils ont à peine eu le temps de se froncer et remettre en cause son visage d’ange, celui que toutes les mères n’ont jamais cessé de prendre entre leurs larges doigts à l’église. Elle voudrait lui demander comment est-ce qu’il a bien pu en parvenir à une telle conclusion de lui même mais la jeune femme a appris à ne pas poser de questions là où elle n’est finalement pas certaine de vouloir connaître la réponse. Les histoires de Joseph et Alfie ne devraient justement ne regarder qu’eux, alors elle se contente de lui assurer une présence constante. Elle a su le détester autant que son propre frère, parfois, mais jamais elle n’a eu le courage ni même l’envie de faire sortir le Maslow de sa vie. Sans doute pensait-elle que se priver d’une personne importante était déjà bien suffisant. « Et je sais aussi que tu n’es pas rep-responsable de ses actes. » Ce à quoi elle pourrait répondre par une infinité de ‘oui mais’ tentant de lui prouver, pour la première fois sans doute, que Lily n’a pas à être blanchie de cette histoire. Elle aurait pu l’en empêcher, elle aurait dû lire les signes, elle aurait dû le laisser derrière les barreaux cette fameuse nuit et ne jamais rien lui promettre. Et si un jour, c’est à Matt qu’il s’en prenait, simplement parce qu’il aura mal interprété un signe et qu’il pensera encore que son devoir est de protéger Lily ? Après tout, s’il a fait ce qu’il a fait à son meilleur ami alors rien ne l’empêche de recommencer avec qui que ce soit d’autre - même Lily, s’il en vient à apprendre qu’elle l’a trahie. Pourtant, bien loin d’en être apeurée, ces pensées ne font que raviver un peu plus la colère de la cadette contre son frère.

Alfie trouve le courage (ou serait-ce encore de la stupidité typiquement masculine ?) de lui répondre dans un sourire mais le visage de la trentenaire face à lui reste fermé et froid. « Ça ne pou-pouvait être que lui. » Le visage de l’infirmière se crispe une fois de plus alors qu’elle a déjà perdu le compte. “Ça aurait dû n’être personne.” Elle est la première à vouloir faire la morale à tout le monde et à donner des leçons par la même occasion mais jamais ô grand jamais elle ne cautionnera un jour la violence, dans un sens ou dans l’autre. Comme elle le faisait enfant lorsque ses parents avaient le dos tourné, la voilà qui brise sa posture parfaite et vient placer ses jambes sous ses cuisses, en tailleur. A ainsi parler de Joseph, elle se croirait revenue des années dans le passé. « Est-ce qu’il le re-regrette ? Sincère...ment. » Il la connait bien, Alfie. Il la connait assez pour anticiper le moindre de ses mensonges et la moindre de ses réactions, lui qui sait bien mieux encore que Joseph comment la faire enrager et comment lui faire mal. Il a joué avec elle bien plus que quiconque sur cette Terre mais si elle devait se choisir un point d’ancrage, il se trouverait paradoxalement en sa personne. Peu importe ce qui a pu se passer entre eux ou dans leur vie respective, il a toujours là. Pour cette raison comme pour tant d’autres, elle n’essaye même pas de trouver des mensonges pour enrober cette vérité qu’elle déteste. “Non.” Pas de la manière dont il le devrait, pas assez fort, pas comme il faut. Il ne s’en était pas vanté, une fois face à sa soeur, mais il n’avait pas assez l’air torturé par ses actes pour quelqu’un qui s’en serait voulu.

Ces paroles reviennent sans aucun doute à une déclaration de guerre puisqu’elle brise une fois de plus le pacte qu’ils étaient lentement en train de construire mais tant pis. La brune se raccroche à l’idée selon laquelle tout est encore une fois la faute de son frère qui est incapable d’avoir une vie normale et rangée comme, justement, les personnes normales. Si tout vole toujours en morceaux, ce n’est que de sa faute et pas celle de Lily. “Qu’est ce que tu comptes faire ?” Nul besoin de préciser que si c’est une vengeance qu’il désire, elle sera la première à lui couper toute alimentation à l’hôpital pour lui faire payer une telle bêtise. “Sincèrement.” Si elle a joué à ce jeu alors il le doit aussi, ce qui implique une réponse qui vient du coeur et qui ne soit pas biaisée par le fait qu’elle soit Lily, la petite Lily, la naïve Lily. Ça, c’était avant.
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Message(#)(alfly) 'cause we struggle sometimes EmptyDim 25 Oct 2020 - 19:06

Bien sûr qu’il le savait.
De la longue liste des erreurs commises au cours de sa vie, de la liste interminable des individus désireux de régler leurs comptes avec lui, Joseph a toujours été le premier nom, loin devant les autres – alors même que le principal intéressé ne devait lui-même pas avoir conscience d’un tel désir de vengeance à l’égard d’Alfie. Mais leur amitié a souvent été mise à rude épreuve, par le même dénominateur à chaque fois : l’anthropologue lui-même, aux frontières entre l’amitié et l’inimité particulièrement floues et outrepassées dès lors que l’occasion se présente. Lily est la petite sœur de son ami, de par cela elle aurait dû rester intouchable à ses yeux et pourtant il en avait fait son jouet privilégié au gré des années ; se réjouissant toujours plus du pouvoir qu’il parvenait à avoir sur sa cadette, resserrant toujours un peu plus autour de ses poignets les fils qu’il dirigeait lui-même lorsqu’il s’ennuyait. Il l’avait abandonnée comme Joseph les avait abandonnés et lorsque la ville était également devenue son terrain de jeu c’est de Joseph dont il avait fait son jouet. Une simple soirée qui avait permis à son meilleur ami de découvrir un nouveau monde, son monde et Alfie avait mis des années à prendre la pleine conscience de son acte, bien trop désintéressé pour envisager que ses actions puissent avoir des conséquences. Jamais les deux hommes n’en avaient parlés, enterrant ce secret avec d’autres et finalement la violence des coups de Joseph n’était qu’une réaction tardive, celle qu’il n’était pas parvenue à avoir ce soir-là, alors que son ami l’avait pratiquement forcé à le rejoindre dans les bras des paradis artificiels. C’était la façon du plus vieux d’enfin déterrer ce non-dit entre eux et c’est peut-être la raison pour laquelle Alfie n’a jamais réellement cherché l’identité du responsable et c’est convaincu que ce n’était qu’un cambrioleur quelconque comme la police en avait émis l’hypothèse. C’était plus appréciable comme perspective, moins dangereux, aussi. Ça lui a évité une prise de conscience durant de nombreux mois, désormais bouleversée par Lily – car il sait depuis le début, sans vouloir l’admettre et qu’aujourd’hui il n’a plus d’autres choix que d’accepter cette vérité si bien dissimulée jusqu’ici. Lily devient une nouvelle fois la cible de sa colère, bien que celle-ci soit désormais bien plus maîtrisée que lorsqu’il était un adolescent. Il lui en veut, sans pour autant pouvoir la considérer comme coupable de lui ôter les œillères – il sait que ce n’était qu’une question de temps et personne d’autre qu’elle n’aurait pu le faire. D’autant plus qu’elle joue encore le rôle de son pantin et que, à défaut de pouvoir réclamer vengeance, il peut se satisfaire d’avoir obligé la sœur de son bourreau à lui dévoiler la vérité pour mieux malmener les liens déjà fragiles entre les Keegan. Une maigre satisfaction, mais une satisfaction quand même, toujours au détriment de sa cadette.

Alors oui, ça ne pouvait être que lui. Et il en ressent une certaine fierté, Alfie, dans sa manière biaisée d’interpréter les choses. Trop surprenantes, trop originales le plus souvent lorsque des critiques sont émises sur sa façon de penser, mais oh combien logique quand on le connait. La fierté d’avoir enfin obtenu une réaction de la part de Joseph, aussi violente soit-elle. La perspective d’enfin avoir mis les compteurs à zéro après des années de culpabilité – sentiment bien rare de sa part, qu’il ne ressent qu’à de rares occasions. Il n’en ressent pas même à l’égard de Lily, alors que n’importe quel être sensé se serait plié en quatre pour s’excuser des mauvais traitements infligés. Il le devrait d’autant plus qu’il a été la Lily d’Amelia, mais que jamais ça ne lui a imposé une remise en question quant à ses comportements – parce qu’il les aime, ces comportements-là et qu’il en tire toujours une satisfaction à les avoir eus, même des années plus tard. Pardon Lily, pardon Joseph. « Tu sais aussi bien que moi que-que c’est faux. » Elle ne prône pas la violence, Lily, il le sait très bien ; mais au fond d’elle, tout au fond, elle ne peut pas lui faire croire qu’elle n’en tire pas également un certain plaisir, bien dissimulé, bien mal assumé, mais néanmoins présent. Il n’a eu que ce qu’elle méritait et peut-être qu’il cherche encore et toujours à faire sortir le pire d’elle-même ; à la modeler à son image pour qu’elle cesse d’être Lily la gentille, même vingt ans plus tard. Lily la raisonnable, aussi, alors qu’il sait qu’il n’obtiendra pas la réponse à sa question du principal concerné, mais qu’ayant déjà décidé de tirer parti de sa sœur, il peut poursuivre sur cette voix. La réponse est sans appel.

Non.
Et sa fierté s’accentue.
Il ne regrette pas ; tant mieux, il n’aura pas non plus à le faire quand il décidera de réagir de son côté. Oh, pourtant, les compteurs sont remis à zéro et il ne devrait pas envisager une quelconque revanche, mais il est ainsi, Alfie. Il a besoin d’avoir l’avantage, toujours, peu importe les circonstances. Peut-être que ça ne s’exprimera pas de la même façon que Joseph, mais ça s’exprimera, c’est une certitude. Il ne reste qu’à savoir comment, quand, des questions basiques pour une situation qui est loin de l’être. « Rien. » Qu’il répond à sa question, tandis que son regard soutient celui de Lily de façon à lui assurer qu’il ne ment pas, qu’il ne se dédouane pas, qu’il est aussi sincère qu’elle, comme exigé.

Le seul problème réside dans le fait qu’il ment encore mieux lorsqu’il regarde ses victimes dans les yeux, Alfie.

« Bonne journée. » Qu’il finit par dire, tandis qu’il se lève de sa chaise, abandonnant son café pas même entamé, lui adressant un dernier regard, toujours en fixant le sien. « Et merci. » Sincèrement.
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