Elle est en retard, encore. Saül et son avocat patientent dans une pièce immense, pourtant étouffante de son décorum de salle de conférence. La vue sur la ville est splendide, depuis cette tour de verre. Elle n'est pas très loin des bureaux de Saül. Deux fois qu'Elise lui pose un lapin, qu'elle annule le rendez-vous au dernier moment. Elle sait, elle doit forcément savoir qu'il n'est pas disponible tout le temps, qu'il ne vit plus sur Brisbane pour le moment. Elle ne le retiendrait pas autrement. Tous les jours, Saül repousse son vol au lendemain. Visiblement, l'entente ne se fera pas à l'amiable.

Une énième fois, Saül guette sa montre - pas celle qu'il a laissé à Ariane, une autre, bien moins significative. « Bon sang. » Elle a déjà presque quarante minutes de retard et l'avocat de l'italien s'impatiente. Elle ne viendra pas non plus, pas cette fois. Pourtant, quand Saül s'apprête à passer la porte vers la sortie de la pièce, après s'être excusé à demi-mots, la voilà qui entre. Elle est resplendissante, Elise. « Bonjour. » Saül s'avancerait presque pour lui faire la bise, retourne plutôt de son côté de la pièce. Les avocats se saluent, l'italien et son épouse s'installent face à face. Alors, elle est venue.

Quelle heure est-il, à l'autre bout du monde ? Saül a les idées ailleurs, quand les avocats échangent d'innombrables papiers. L'italien laisse vaguement sa signatures en bas de certaines pages, ne tourne les yeux vers Elise que lorsque cela est nécessaire. Quelque chose se trame. Ce n'est pas l'entente qu'il aurait espéré, entre eux. Tout devait être simple : quelques papiers à signer, une poignée de main, de l'argent passé d'un compte à un autre. Il semblerait que quelqu'un ne veuille plus de toute la paix qu'il valait mieux vivre. Quand vient le moment de mettre certaines de leurs demeures au centre des négociations, Saül se concentre de nouveau. Depuis quelques minutes, la tension est montée d'un cran. Elise ne voudra pas de la maison, elle l'a dit. Dans cette logique, elle ne voudra pas des autres parties du monde où ils ont vécu ensemble, tout comme Saül. Elle en récoltera l'argent, puisque l'homme d'affaires prévoit aussi de les vendre et de lui laisser la somme qui lui conviendra le mieux. L'italien ne la laissera pas sans rien. Ce qu'il ne sait pas, c'est que l'inverse n'est pas aussi vrai.

« Tu as une heure. » Blablabla. Tu as une heure et tu en prends deux, à l'entendre se plaindre que vous perdez de la crédibilité par ta faute, par tes absences à deux reprises. Qu'il se calme juste deux. C'est pas la fin du monde. Apparemment, oui. Tu as juste oublié, passé droit. C'est que la notion du temps t'échappe c'est temps-ci. Il y a pas mal de choses qui t'échappe depuis les derniers jours. Ta tête qui fait peur est là pour confirmer le tout. Tu dois te changer deux fois et te remaquiller pour avoir l'air présentable - impeccable - selon monsieur l'avocat. Tu le détestes déjà. Il est chiant, mais tu sais qu'il rate jamais un affaire. Et c'est ce que tu veux; gagner.

Dès lors que la porte de l'ascenseur s'ouvre, vous pouvez les voir au loin à travers la baie vitrée, Saül et son avocat qui s'apprête à partir. Ils manquent clairement de patience. « Tu as lu au moins ce que je t'ai envoyé ? » qu'il demande le con la main sur la poignée. Ça semble important. « Oui. » Non. Tu as lu que dalle et tu te jettes dans la gueule du loup.

« Bonjour » Il semble hésiter pendant une fraction de secondes Saül. C'est peut-être ton pas vers l'arrière qui le convainc de plutôt retourner à sa place. Tu prends donc place face à lui. Les avocats se mettent déjà à parler d'affaires. Tu as envie de rouler les yeux quand le tien s'excuse pour le retard. Toi, tu ne t'excuse pas. Il faut croire qu'au début, c'est la partie facile. Tu ne suis pas grand chose. Tu as une confiance aveugle en ton avocat, chaudement recommandé - et payé - par ton père. Il te dira ce que tu dois ou non signer. Ton regard brisé se fixe sur Saül et ne le lâche simplement pour apposer ta signature en bas de la sienne. C'est un pas de plus vers la fin. « Comment va Ariane ? » Kit à te crever le coeur encore une fois aussi bien le faire comme il le faut. Et puis, tu as eu des ouïdires comme quoi elle semblait en mauvaise état. Merci charmante voisine. Il y a un pas maintenant qui se fait grommeler à côté de toi. Ça va. Tu as compris. Tu te la fermes et tu signes.

Et, bien sûr, il vient le sujet plus sérieux. Celui des maisons. Les deux feuilles qui viennent se glisser respectivement devant Saül et son avocat. Les deux feuilles qui contiennent la liste des résidences secondaires que tu désires avoir. Grenade au sommet de la liste. La seule qu'il veut. Donc la seule que tu veux pas laisser filer, évidemment. Elles sont nombreuses les villes sur la liste. En fait, il en manque deux. C'est généreux deux quand même. Elles valent quand même quelques millions chacunes.

« Comment va Ariane ? » La question, sortie de nul part, accroche le regard de Saül à celui d'Elise. Le silence qui se fait dans la pièce par la suite est dense, seulement perturbé par le murmure de son avocat à elle. Qui est ce minable, qui tente de la faire taire ? Saül ne la lâche pas des yeux, alors que ses doigts pianotent sur la table de verre. « Comment va Jack ? » Elle n'aura rien à propos d'Ariane, Elise. Pourtant, ses yeux disent à Saül qu'elle en sait plus qu'elle ne le devrait, voilà qui inquiète un peu notre italien, vite revenu à ses papiers et à ses signatures.

Alors l'échange s'avère être un peu plus une guerre froide qu'un véritable temps de parole fait pour que personne ne perde trop son temps. Voilà que le véritable combat commence, lorsque l'avocat d'Elise fait passer à l'autre bout de la table une liste des demeures voulues par l'épouse.

Grenade est en haut de la liste.

« C'est une plaisanterie, n'est-ce pas ? » Elle pouvait toutes les avoir, même celle qui se trouve au pied du Mont-Blanc. Toutes, même le petit bout de paradis que Saül a acheté en Amérique il y a des lustres. Toutes, même celle qu'ils ont gardée au Canada. Elise veut tout et surtout celles qui valent cher. Mais Grenade est en haut de la liste. « Grenade est à mon nom. » « A celui de Madame, en vérité. C'est un cadeau de fiançailles. La seule qui soit plus à elle qu'à vous, légalement. » Saül voudrait l'étriper, ce petit avocat à l'air suffisant. Ses yeux n'ont pas quitté ceux d'Elise. La colère se répand comme un feu de broussailles, derrière les yeux glacés de l'homme d'affaires. « Je te les laisse toutes contre Grenade. » « Ce n'est pas ainsi que les choses fonctionnent, Monsieur Williams. » C'est tout le terrain qu'il peut lui laisser avant les suppliques, avant que son regard ne devienne suppliant. Il ne ploiera pas, Saül. Pas devant cette femme avec laquelle il croyait que les choses seraient plus faciles.

« Je dois parler à Madame Williams, messieurs. Auriez-vous l'obligeance de quitter la pièce, s'il vous plaît ? » L'avocat de pacotille jette un regard à sa cliente, finit par se lever non sans lui avoir glissé quelques mots au passage. C'est lui, l'affreux serpent, qui lui a assurément mis dans la tête de se battre pour arracher toutes les choses auxquelles tient son (ex-)mari des pattes de ce dernier. Quand enfin la porte se referme, Saül s'accoude à la table. C'est au premier qui baissera le regard, visiblement. « C'est lui qui t'a proposé de mettre Grenade en haut de ta liste ? Que feras-tu de cette maison ? Elle est loin et chère à entretenir. Tu n'en feras rien. » Pire : elle la vendra. Et il ne pourra pas la racheter, pas avec ce qu'elle lui laisse. Elle est le pire des poisons, Elise, quand elle veut. Saül aurait dû savoir, après toutes ces années, qu'il vaut mieux l'avoir dans son équipe plutôt que de jouer contre elle.

« Comment va Jack ? » Oh quelle est douce l'ironie quand pour seul réponse un mince sourire se glisse sur tes lèvres. C'est qu'il devrait se sentir choyé Saül d'avoir droit à ton premier sourire depuis des jours. Tu lui aurais répondu si c'était vraiment une question, mais c'en est pas une. Toi, oui, par contre. Même si c'était un peu masqué par le fait que tu voulais surtout qu'elle dégage de ta maison quand elle serait rétablit, peu importe ce qui lui ait arrivé. T'es quand même sympa, non ?

Oh, et, ta petite liste, elle lui plaît pas à Saül. Tu la sens la rage qui l'habite, et curieusement, ça fait un bien fou. Ah, tiens, elle est à ton nom. Vous la posséder depuis tellement d'années que tu n'en avais même plus souvenir. Saül non plus apparemment. « Je te les laisse toutes contre Grenade. » Et ça, c'est à quel point il la veut vraiment. Tu ne t'attendais quand même pas à ce qu'il la désire à ce point. Pas kit à tout perdre. Pourquoi elle compte autant pour lui ? C'est quand même ton avocat qui s'empresse à répondre. Chaque mot compte dans ce genre d'échange. Ça peut facilement se retourner contre nous. C'est probablement ce qu'il veut éviter.

« Je dois parler à Madame Williams, messieurs. Auriez-vous l'obligeance de quitter la pièce, s'il vous plaît ? » Oh ce qu'il ne veut pas partir cet idiot assis à tes côtés. Mais pour une fois, il a pas son mot à dire quand tu lui fais signe de s'en aller. Tu en es pas à ton premier combat avec Saül. Tu saura gérer. De jolis mots glissés à ton oreille avant qu'il ne quitte la pièce suivit de l'avocat de ton tendre époux. À la seconde où les portes se referment, Saül vient s'accouder contre la table. Ça lui donne un air si sérieux. Ton sourcil se lève juste avant de le suivre dans son mouvement. On dirait presque que vous êtes sur le point de vous racontez tous vos secrets. « C'est lui qui t'a proposé de mettre Grenade en haut de ta liste ? Que feras-tu de cette maison ? Elle est loin et chère à entretenir. Tu n'en feras rien. » « Elle est pas loin et chère pour toi ? » Pourquoi il la veut autant Saül ? Pourquoi elle et pas un autre ? C'est pour elle ? C'est elle qui la veut ? « Il a dit qu'on a des arguments bétons pour aller en cours. Tu perds ton temps. Et tu me fais perdre le mien. » Comme si tu avais mieux à faire... « Fais juste signer qu'on en finisse » Bien sûr qu'il ne signera pas. Tu n'es même pas certaine d'apposer la tienne sous la sienne s'il le ferait. C'est finit vous deux. Il n'y aura jamais de deuxième chance. Pas après tous ses mensonges. Pas après cette confiance qu'il a perdu. Tu ne croiras plus jamais un mot qui sortira de sa bouche, encore moins les plus doux. Ça ne veut pas dire pour autant que c'est facile de tourner la page.

« Elle est pas loin et chère pour toi ? » « Moi, j'ai de quoi l'entretenir. J'ai de quoi m'y rendre. » Ce qui ne sera plus vrai d'ici peu de temps. Le budget de l'italien est déjà serré, lui qui grince maintenant des dents en observant le relevé de ses comptes. Tout fond comme neige au soleil, ces temps-ci. Le divorce n'arrive pas de manière très propice, bien que Saül comptait sur l'intelligence d'Elise pour ne pas faire s'éterniser toute cette mascarade. A l'évidence, la quarantenaire a décidé que le voyage serait un peu plus corsé - et la note un peu plus salée. Si elle lui prend tout, s'il ne peut plus rien vendre, Saül se retrouve sur la paille. Dans les yeux d'Elise, Saül sent une tranquillité qui le terrifie autant qu'elle le met hors de lui. Ce petit jeu, bien que court, semble avoir assez duré. C'est pourtant lui l'instigateur de la descente aux enfers, lui le premier maître du jeu pris par la faiblesse de sa propre main. Saül est soudain malchanceux au jeu qu'il avait pourtant l'habitude de maîtriser sur le bout des doigts.

« Il a dit qu'on a des arguments bétons pour aller en cours. Tu perds ton temps. Et tu me fais perdre le mien. » « Je te fais perdre ton temps ? Quelle mauvaise foi. Qu'as-tu à faire de ta journée sinon dépenser mon argent ? Ou celui de Jack, maintenant, je présume. » Le combat de regard n'a toujours pas de vainqueur, quand Saül se penche en avant par dessus la table, quand le ton monte d'un cran et d'un seul. Les abrutis d'avocats seraient bien capables d'intervenir maintenant qu'il y a un peu plus de grabuge dans la pièce qui abrite leur salaire pour les prochaines semaines. « Fais juste signer qu'on en finisse » « C'est toi qui me fait perdre mon temps, Elise. J'ai autre chose à faire que de gérer tes soudaines envies de vengeance. » Saül se lève enfin, n'en peut plus de ce siège qui lui ruine le dos et la patience. L'homme d'affaires pourrait être dans le prochain avion, ou de l'autre côté de l'océan. Cette vie là n'a de cesse de l'accrocher à l'ici quand il rêve d'être ailleurs, justement.

Ses pas de lion enfermé dans une cage le mènent devant la grande baie vitrée qui surplombe la ville. Le temps est clair. « Lâche Grenade et je te cède le reste. » Le voilà qui se tourne, s'appuie le dos contre le verre qui le sépare du vide. De ses yeux s'est évaporée la colère; ne subsiste que son air indéfectible d'homme d'affaires en pleine négociation. Saül est fatigué de porter ce monde là sur ses épaules quand il n'essaie que de le fuir. « Dis moi ce que tu en feras, si tu la gagnes. » Il s'agit bien de gagner et de perdre, ici. Ça a toujours été le cas, entre ces deux là.

« Je te fais perdre ton temps ? Quelle mauvaise foi. Qu'as-tu à faire de ta journée sinon dépenser mon argent ? » Oh la vérité est bien trop pathétique pour que tu lui dises ce que tu fais de tes journées ces temps-ci. Tes journées n'ont rien de très glorieuses. Elles sont sombres. Elles sont vides. C'est probablement ta première vraie sortie depuis des jours. Et tu ne serais même pas venu si on ne sera pas venu te tirer de ton lit de force. Mais tu ne regrettes pas d'être ici. Tu ne regrettes pas de voir que pour une fois, c'est toi qui contrôle tout. Ça fait un bien fou, la puissance. « Ou celui de Jack, maintenant, je présume. » « Tu présumes mal. » L'argent de Jack. Elle est bonne celle-là. Lui comme toi savez parfaitement qu'il n'en a pas d'argent. Et il n'en aura probablement jamais. Il n'est pas assez vorace. Il saura jamais satisfaire tes caprices de diva. L'argent de Saül qui te reviendra le pourra.

« C'est toi qui me fait perdre mon temps, Elise. J'ai autre chose à faire que de gérer tes soudaines envies de vengeance. » Il se penche vers l'avant Saül, alors que tu fais le chemin inverse en venant te caler dans ta chaise, croisant tes bras contre ta poitrine. « Et j'avais d'autre chose a gérer que ta crise de la quarantaine. » Qu'il appel ça comme il le souhaite, c'est ce que s'est; une crise qui vient avec des millions de décision prise sous un coup de tête. Ça ne dure jamais. Un jour, il réalisera que cette nouvelle vie ne lui convient pas plus.

« Lâche Grenade et je te cède le reste. » Ils reviennent quand les deux abrutis ? Cette conversation ne mènera à rien. Aucun de vous deux ne vas céder Grenade à l'autre. L'attente à l'amiable est déjà aux oubliettes. C'est le procès qui vous attends. Et c'est aussi des semaines, des mois de trop à traîner ce nom de famille qui ne t'appartient plus. « Grenade est à moi. Et je te suggère fortement de ramasser tes affaires et d'aller vivre ailleurs. » Les siennes et celles d'Ariane. Est-ce vraiment nécessaire de dire que tu sais qu'elle est là-bas ? Non. Il le sait maintenant que tu le sais. « Dis moi ce que tu en feras, si tu la gagnes. » « Tu veux dire quand. » que tu rectifie le sourire victorieux. Quand tu auras gagné et non si. Elle est déjà gagné. Il a déjà perdu. Il devrait juste signer pour éviter une énorme perte de temps. « Et ça te regarde pas ce que j'en ferais. » Même si tu voudrais le lui dire, tu n'as pas décidé encore de ce que tu en ferais. En cet instant même, tout ce que tu veux, c'est là lui prendre. On verra pour l'après plus tard.

Tu te retournes vers les deux avocats qui semble s'impatienter. Ils rêvent sûrement qu'un de vous sautent à la gorge de l'autre pour faire leur entrée. Mais non. Pas aujourd'hui. D'un signe de main, tu leur fais signe de revenir et ils ne tardent pas à s'exécuter. « Trouve nous une date pour passer devant le juge. Rapidement. Peu importe le prix. » Oh oui. Tu payeras le prix pour que ça se termine le plus rapidement possible. Bon, la vérité est que ce n'est pas si simple. Tu peux toujours espérer.

« Et j'avais d'autre chose a gérer que ta crise de la quarantaine. » « Va te faire voir. » Il ne sert à rien d'argumenter avec elle, elle ne comprendrait pas. Elle ne voit le tout que de sa petite vision de femme blessée - et elle a certainement raison de le faire, de se protéger ainsi - quand Saül y voit enfin le bout, la sortie des années d'errance, la fin des mois endormis. Des années qu'il se sent anesthésié, Saül, rassasié de rien et las de tout. Des temps qui prennent fin lorsque l'année passée, lui a enfin permis de sentir que sa tête - son corps tout entier - sortait hors de l'eau. Elle brûle, Elise, elle embrase l'océan en y balançant son pétrole, conduit les vagues et les remous émis par Saül à noyer leur créateur. C'est un travail plus léché que ce dont sera un jour capable Saül. « Grenade est à moi. Et je te suggère fortement de ramasser tes affaires et d'aller vivre ailleurs. » « Je vis déjà ailleurs. Tu me crois idiot ? Je n'ai pas basé toute ma vie sur une maison qui risquait de m'échapper. » Juste des souvenirs, laissés là-bas avec Ariane. Des souvenirs qu'il aurait pu tisser avec l'auteure. Elise s'est appropriée tout le fil.

« Tu veux dire quand. » Oh que Saül le déteste, ce sourire. Il n'est jamais utilisé contre lui, d'habitude. « Et ça te regarde pas ce que j'en ferais. » « Tu es pathétique. Tu ne sais même pas ce que tu en feras. Tu la veux uniquement parce que ça t'amuse, de me la prendre. » Et parce qu'elle le peut sans beaucoup de difficultés, aussi. Probablement que dans la même situation, Saül aurait fait exactement pareil, peut-être en pire. Lui, il lui aurait exposé chaque détail de ce qu'il compterait faire d'un havre de paix qu'elle aurait pu avoir avec Jack. Elise rappelle les avocats, elle en a déjà assez de jouer au toréador et veut tout de suite passer à l'estocade - la mise à mort. « Trouve nous une date pour passer devant le juge. Rapidement. Peu importe le prix. » « Tu es déjà lassée de tout ça ? Alors, tu n'auras vraiment pas les reins assez solides pour un procès. Donnez lui la date qu'elle veut pour la prochaine entrevue, j'ai assez perdu mon temps ici. » Les derniers mots sont pour les avocats, Saül quitte la pièce en s'emparant rageusement des dossiers qui lui sont destinés.

Cette nuit, il reprendra l'avion à destination de l'autre bout du monde.
Demain, il faudra faire face à la réalité.