« Jax ! » j’avais mis quelques longues secondes avant d’être sure de moi. Je l’avais aperçue de l’autre côté de la file d’attente et avais longuement posé mon regard sur lui avant de l’interpellé. J’étais surprise de le revoir après presque deux ans et demi depuis la fin de notre relation. Nous étions sortis quelques mois ensemble avant de se lasser de cette relation. J’étais pour ma part dans une période de ma vie qui commençait à être compliquée, l’objet d’une enquête judiciaire, j’avais la tête ailleurs et n’avait pas consacré toute l’attention dont Jax méritait. Je pense que mes fuites avaient fait que lui-même avait préféré mettre un terme à tout ça. Et il avait sans doute eu raison puisque quelques semaines à peine après notre séparation, l’inspecteur Zehri me passait les menottes aux poignets pour aller directement en case prison. Un monde qui s’était totalement éfondré autour de moi, ne comprenant pas ce qui se passait. J’avais fais plusieurs interrogatoires avant d’en arrivée là, j’avais été persuadée de leur donner tous les éléments pour qu’ils n’aient plus aucun doute de mon innocence et finalement, rien. J’avais passé quarante jours en prison, quarante jours les plus longs et plus traumatisants de ma vie, qui aujourd’hui ont laissé encore des séquelles. Le plus important, d’après l’inspecteur, c’est que j’en sois sortie aujourd’hui, d’après lui, il avait bien fait son travail, il avait fait en sorte que le vrai coupable soit arrêté et que je sorte de là, mais pour moi, il était le premier responsable de cette erreur judiciaire. Et depuis, je n’avais plus eu aucune nouvelle de Jax. Il ignorait tout de ce qui s’était passé à ce moment là, il ignorait tous des procédures à mon encontre, je n’avais jamais été capable de lui dire pourquoi je m’éloignais. Je lui fais signe de la main. Nous sommes à Dreamworld et c’est la sortie annuelle avec l’association Beauregard. Je me souviens encore avoir été bloquée dans un manège l’année dernière lors de cette même sortie et comme par hasard, avoir partagé un wagon avec Matt. « Désolée les filles, faites le manège sans moi. J’vous attends à la sortie ! » je me faufilait alors entre toutes ces personnes qui attendaient pour le grand huit et allait vers Jax, j’apperçue seulement maintenant ce petit bout qui lui donnait la main et qui restait à côté de lui. Sans doute Virgile, mon dieu, ce qu’il avait grandit. « hey… » mes yeux ne quittent pas le petit ange avec lui. « Qu’est ce que t’es beau toi ! » il sait même pas qui j’suis mais c’est pas grave. « Ca fait bizarre de te revoir. » mais j’suis contente, j’sais pas, si c’est partagé, en réalité.
Machinalement, j’avais fais un pas vers Jax, laissant les filles que j’accompagnais aller faire leur tour de manège seules. Les entendre parler vernis à ongle commençait à me monter à la tête et j’avoue ne pas être une grande fan de grand huit, d’autant plus depuis que j’y été restée coincée l’année passée. Jax me semblait être une esquive suffisante pour les retrouver plus tard, lorsqu’elles auraient terminé leur tour. Et elles en avaient pour un moment vu le monde qu’il y avait encore devant elles. Le fils de Jax m’avait répondu du tac au tac, pas timide visiblement, il avait l’air adorable. En tout cas, je suppose que si Jax est avec son fils aujourd’hui, c’est qu’il a du avancé dans ses démarches pour pouvoir avoir le droit de garde de son fils. Ou alors, pas du tout et il a juste le droit de passer un peu de temps avec lui… j’sais pas trop et j’sais pas si j’suis légitime à poser des questions aussi intimes. « Moi aussi, ça me fait plaisir, ça fait longtemps » tu m’étonnes… et ouais, ca fait longtemps, j’me retrouve un peu con du coup parce que j’sais pas quoi dire de plus, j’sais pas quel sujet il est normal d’aborder maintenant. « On va faire le manège, tu viens avec nous ? » le manège ? Je relève les yeux, voit l’entrée de la file vers laquelle ils se dirigeaient. « Les petits tacos… » hm, je regardais Jax, ne pouvant pas vraiment refuser la proposition de son fils, j’avoue que j’voulais pas lui briser l’cœur. « Juste parce que c’est toi alors. » j’offrais à Virgil mon plus beau sourire et un clin d’œil en bonus. « Alors, c’est la sortie en famille ? » que je lance en m’adressant à Jax. « J’suis là pour le travail… » étrange dis comme ça hein. « Normalement, j’étais condamnée à faire le grand huit, mais me voilà condamnée à rentrer dans les tacos. » ca m’fait rire. « On fait une sortie Dreamworld tous les gens et comme j’ai aussi besoin de mon bol d’air, j’me propose toujours pour accompagner les jeunes. Je pense que le temps qu’elles passent, on a l’temps de faire trois fois ce manège là. »
« Je suis venue avec une amie et son fils » Ah, est ce que c’est ce moment encore plus gênant où il allait me présenter sa nouvelle nana ? Je regardais rapidement autour de nous, j’avais pas l’impression qu’il soit accompagné là pourtant. Peut-être que c’était la célèbre pause toilette avec un gosse qui s’est tellement retenu qu’il a failli se faire pipi dessus et qu’en attendant, Jax était partie de son côté pour occuper son fils. J’en sais rien, je vais trop loin dans mes spéculations. « Son fils voulait faire les avions et Virgil préférait les voitures donc on s’est séparer. » ah bah voilà l’explication, beaucoup plus simple et logique que le plan que j’avais en tête en réalité. Je regardais alors le fils de Jax. « Ouais, les voitures, c’est quand même bien mieux que les avions ! » beaucoup plus safe, moins de chance de se crash, même s’il y a statistiquement plus d’accidents de voiture, un accident d’avion ça, ça pardonne pas ! Alors, les petites voitures, ca m’allait très bien. « Dans les tacos, on arrive facilement à entrer mais c’est toujours plus difficile d’en sortir. » Sa remarque me fait rire, je jette un œil à l’attraction et c’est vrai que de base, ça a pas l’air d’être fait pour les adultes. Mais en même temps, faut bien accompagner les gamins. « J’peux m’sacrifier si tu veux ! » j’suis bien plus petite et plus fine que lui, avec son mètre quatre vingt dix et mon mètre soixante trois. Y a pas photo. J’étais même prête à faire plusieurs tours, si jamais. « Trois fois ? Ne lui donne pas de mauvaises idées » et ce petit regard coquin que me lançait Virgile, il savait que son père visait juste. « Bon, de base, j’suis quand même là pour le travail. » comme si c’était une excuse valable. La femme qui s’occupait du manège nous fit signe d’avancer. « Je pense que c’est à nous. » et hop, en seconde, Virgil avait déjà pris la place du conducteur. « Je suis chauffeur, vous êtes les passagers, allez derrière. » ah, là, c’était encore plus génant, parce que si Jax avait peur de ne pas sortir du manège, une fois qu’on serait installé à l’arrière tous les deux, plus moyens de bouger, c’est sur. Je souris, nerveusement, c’est délicat quand même. « A vos ordres, chef ! » je monte alors derrière, m’installe bien contre la portière qui servait de sécurité et laissais un maximum de place à Jax, forcée de constater qu’une fois tous les deux installer, on allait pouvoir se tenir chaud. Ca m’amusait et me gênait dans un sens. « Ca fait longtemps qu’on a pas été aussi proche ! » est-ce que j’étais obligée de faire ce genre de remarque ?
La situation était assez gênante, mais tellement qu’elle pourrait me faire pouffer de rire. Je voyais Jax qui posait ses mains sur ses genoux, ne sachant trop quoi en faire. Je m’accrochait à la petite barrière devant nous. Le petit taxi de mis en marche et le démarrage me semblait un peu violent par rapport à l’attraction censée être tranquillement, mais ca ne durait que deux secondes, le temps de stabiliser la vitesse. « Monsieur le chauffeur, regardez bien droit devant vous s’il vous plait. » qu’elle glisse à l’oreille de Virgil qui semblait prendre à cœur son rôle quand même. « Il a bien grandit. » que je lance à Jax en me remettant au fond de mon siège, mon épaule collée au bras musclé de mon ex. « Alors, comment ca s’passe maintenant ? » je me montrais curieuses car nous avions quelques minutes à combler, le temps de faire tout le tour de ce circuit. Il manquerait plus qu’une panne arrive pour nous obliger à rester aux abords du manège le temps que le souci soit réglé et on avait le combo gagnant du vrai moment gênant. Et le parc allait être sûre d’une chose : je n’y mettrai plus jamais les pieds, deux fois en deux ans, non merci. Mais pour le moment, tout se passait pour le mieux, pas de panne en vue et en réalité, si panne il devait y avoir, nous ne serions pas en danger en sortant de la voiture pour rejoindre la sortie. Je crois que je profitais du calme de l’attraction pour me détendre, faisant tourner ma tête pour détendre un peu ma nuque, je me laissais totalement poser dans le siège, en oubliant de rester bien de mon côté. « J’ai pas arrêté de courir après les manège à sensation toute la journée, a faire des files d’attentes qui n’en finissent plus, je crois que là, c’est parfait pour me poser un peu. Mais c’est pas avec des jeunes de 15 ans que j’vais faire toutes les attractions posées du parc. » ca m’fait rire, parce que j’imagine qu’on a eu deux journées totalement différentes lui et moi. « J’te propose qu’on échange nos place, si un peu de sensations te fond rêver ! »
« Ca fait combien de temps maintenant ? Plus de deux ans ? » si je me basais sur l’année 2018, marquée par une évènement troublant dans ma vie, oui, ca faisait plus de deux ans. « Deux ans et demi. » même. Et heureusement qu’on n’était pas resté ensemble parce que finalement, je sais pas ce qu’il aurait pensé de moi si lorsque je suis allée en prison. J’espère que jamais personne ne l’avait mis au courant de cette terrible histoire. Je me doute qu’Isaac avait tenu sa langue, mais peut-être qu’il était tombé sur un article dans les journaux locaux ou que sais-je ? J’suis contente de voir qu’il a enfin réussi à avoir Virgil avec lui, enfin, c’est pas une surprise, puisqu’il n’était plus chez Isaac mais j’avais aucune idée de comment ca se passait réellement. « J’suis contente pour vous alors. » et puis Virgil avait l’air d’être en pleine forme, il était vif et avait une sacrée pêche. « Ca secoue de temps en temps malgré tout » ca m’fait rire, oui, ca secoue un peu, quelques irrégularité de la route, des nids de poules peut être. Mais on était loin des secousses provoquées par les manèges à sensations et leurs virages à 90 degrés. « Aujourd’hui les sensations ça me dit trop rien. » tien j’étais surprise. « Me dit pas que les scènes de combat en hélicoptères ne te branchent plus non plus ? » j’aurai du mal à y croire, lui qui était mordu par son métier. « Et puis trainer avec des minettes de 15 ans, c’est pas trop mon truc. » je ne pu retenir mon rire. « C’est pas dans ce sens-là ! » et j’espère bien qu’il n’était pas attiré par les gamines en pleine crise d’adolescence. « Bon, c’est pas grave, je continuerai à me faire secouer dans tous les sens. » j’espérai que les filles soient toujours dans la file d’attente d’ailleurs et pas à me chercher partout, mais je crois peu à ce second scénario. « Et la nana qui est parti faire un tour en avion, c’est ta copine ? » j’suis curieuse, j’m’intéresse à tout. « Papa il a une amoureuse ! » J’avais ma réponse de Virgil, à moins que ce soit ce que lui souhaitait. Mais je me tournais quand même vers Jax pour avoir une réponse officielle.
Ah, ca m’rassure de savoir qu’il travaille toujours dans le cinéma, je me souviens qu’il était vraiment passionné par son travail et j’aurai trouvé ça étrange qu’il le fasse plus. Plus q’une passion même, c’était sa vocation et je l’enviais vraiment de pouvoir faire un travail qui lui collait tant à la peau. Moi à l’époque, je venais d’arriver à l’association Beauregard, je gérais les bénévoles et les activités collectives, depuis j’avais évolué, j’avais fais la formation pour être directrice et aujourd’hui, je l’étais à temps plein. C’était une grande fierté pour moi, mais j’ignorai si c’était vraiment ma place, finalement. Alors que c’était ma plus grande aspiration, mon but, même si j’avais jamais pensé l’atteindre aussi rapidement. James m’avais donné une chance incroyable mais j’étais plus sûre de vouloir aller jusqu’au bout de tout ça. « Je tourne une série sur Brisbane depuis trois mois. C’est une série médiévale. Et toi ton boulot ? » Une série médiévale, effectivement, l’épée devait éblouir son fils. Ca devait être magique, des yeux d’un gamin de savoir que son père joue dans des films, le héros de l’histoire, c’est vraiment lui. « Moi, je suis directrice d’une association. » pas sure qu’il se souvienne vraiment. « Beauregard, là où je commençais à travailler quand on sortait ensemble. » j’étais en plein changement de travail, j’avais démissionné de la prévention de rue pour aller là suite aux soucis que j’avais rencontrés. Me montrant curieuse, Virgil avait devancé son père en me disant qu’il avait une amoureuse et sa réflexion m’avait fait sourire. « Virgil arrête de dire n’importe quoi et regarde la route, on va avoir un accident. » c’est qu’il avait presque l’air gêné Jax. « Non, c’est pas ma copine, c’est juste une amie. Virgil et son fils étaient à la crèche ensemble et ils s’entendent très bien donc on a sympathisé. » hm je vois, effectivement, Virgil avait l’air de vouloir que son père se mette en couple avec la mère de son copain, peut être pour avoir un vrai frère à la maison. Il se répète en insistant bien, non, ce n’est pas sa copine, le message est compris, ca m’fait sourire. « Moi ? » que j’réponds presque étonnée alors que c’était normal qu’il me retourne la question en fait. Il avait bien le droit d’être aussi curieux que moi. « Je fréquente quelqu’un oui. » depuis quelques semaines. « C’est tout neuf. » mais j’avais quand même déjà beaucoup d’affection pour Greg. « Et ca s’passe plutôt bien. » si on met de côté sa petite partie de jambe en l’air avec Sienna, et si j’faisais vraiment semblant de ne jamais y penser.
« Une belle opportunité, le directeur a aussi eu une promotion, ca s’est fait rapidement, j’ai été formée et j’ai pris les reines. » James a eu la responsabilité d’une autre branche de l’association, implantée à Gold Coast, il a été mon mentor pour bien m’apprendre les rouages de la direction et les petits secrets qui vont avec. Il m’a présenté à nos partenaires, nos financeurs, les gros du milieu, il m’a appris la politique, il m’a appris à garder le sourire coute que coute. J’ai été dans le grand bain, en solitaire l’été dernier après huit mois de formation intenses. « Ah ben c'est bien. Je suis content pour toi. » je lui adresse un sourire alors que j’ai presque l’impression d’un malaise entre nous soudainement. Je me redresse dans le taxi, essayant à nouveau de reprendre cette distance impossible puisque pas de place de toutes façons, mais je contracte mes muscles pour prendre le moins de place possible à côté de lui – ridicule cette technique, ca ne marche pas. Un petit moment de silence s’installe alors que Virgile semble vivre sa meilleure vie de chauffeur de taxi. Taxi qui d’ailleurs arrive à destination, si j’me souviens bien, chez un certain Byron d’après Virgil. Il klaxonne « Tout l’monde descend ! » et Jax s’exécute aussi tôt ne manquant pas de se cogner la tête dans l’habitacle ce qui, malgré moi, me fais rire. Il avait raison, c’est plus simple d’y entrer que d’en sortir. Je m’extirpe à mon tour du manège, bien plus petite que Jax, ma tête n’aura pas de séquelle, elle. « Tu sais Noa, si tu veux retrouver tes jeunes, tu peux. Virgil s'en remettra. » je regarde Virgil avec sa petite moue sur le visage, mais effectivement, il était quand même temps pour moi d’aller à la sortie du grand huit pour attendre les filles. « Le devoir m’appelle oui. » je m’abaisse face à Virgil pour lui faire un petit bisous sur la joue. « Bien joué pilote, t’es l’meilleur chauffeur que j’connaisse ! Meilleur que papa. » petit tacle à Jax, peut être se souviendra-t-il de ce petit accrochage qu’on avait eu en voiture, même si ce n’était pas lui le fautif, sa voiture avait quand même pris cher cette fois là et nous avait offert une belle frayeur. Je me redresse et me met face à Jax, sans trop savoir comment me comporter à présent. « Bon, bah… je file moi ! Merci pour le petit tour ! et j’espère qu’on pourra se recroiser ! Isaac connait mon numéro ! » pas l’temps de prendre le sien, il fallait vraiment que j’y aille. Je lève la main en guise d’au revoir et me faufile vers la sortie de l’attraction.