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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyMar 18 Aoû 2020 - 23:41

Il devrait pas, il devrait vraiment pas. Il devrait pas monter les escaliers, il devrait pas vouloir la voir. Il devrait être resté avec Deklan en bas, il devrait avoir écouté son discours d’une oreille attentive, pas aussi distraite qu’elle ne l’est actuellement. Il devrait être dans la réserve là, à classer du vin, de la bière, des bouteilles par dizaine et rien d’autre à en faire. Il devrait trouver des excuses et des justifications, des raisons aussi. Pour elle, pour lui, pour eux deux et pour ce qu’ils ont fait. C’est incompréhensible et de base il devrait juste comprendre. Ça, déjà, ça le ferait et ça le ferait bien. Il devrait être de ceux qui sont logiques et cartésiens, il l’a été toute sa vie c’est rien de l’être une fois de plus. Il l’a été pour Gin et pour Jill, il l’a été pour Scarlett et pour l’univers en entier.

Il devrait pas vouloir la voir, donc.

Pourtant il les monte les escaliers, un par un. Il devrait pas mais il est là, à vouloir qu’elle le soit elle aussi. Il devrait pas tourner la poignée sans avoir cogné, quel genre d’idiot il est à entrer chez lui sans s’annoncer quand rien ne lui apparaît plus comme être chez lui, chez eux, ici. Le bois de la porte était pas aussi luisant que ça la dernière fois, les murs étaient pas aussi blancs, le plancher craquait pas autant. Il reconnaît rien dans l’appartement même s’il y a vécu pendant des années d’abord et une poignée de mois avec elle. Il la reconnaît de dos, elle, et c’est déjà ça qu’il pense, se raccrochant à la seule constante qu’il capte encore quand il a capitulé pour tout le reste.

Il devrait pas vouloir discerner des réponses dans ses yeux bleu pétillant qui ne pétillent pas, là. Il devrait pas s’y raccrocher, espérer qu’à la seconde où elle se détourne et où ses iris à lui trouvent ses iris à elle y’ait exactement ce qu’il veut y voir. Une explication, n’importe quoi, mais au moins un reste de miettes de quoi que ce soit. Il a pas besoin qu’elle dise plus qu’il ne le faut, il n’a pas besoin qu’elle s’excuse, il n’a même pas besoin qu’elle pense honnêtement ce qu’elle avance. Il veut juste entendre un pourquoi suffisant, un pourquoi qui fait même pas le moindre sens, mais un pourquoi tout de même.

Et puis, il ne veut plus.

Quand il inspire, quand il attrape ses clés de voiture, le trousseau qui restait sur la table basse de l’entrée depuis la veille parce que la veille il était pas là et parce que la veille c’étaient eux, qui étaient . Son trousseau qui grince et qui tinte, trousseau qu’il allège d’un clé, la sienne à lui, celle de l’appartement. L’appartement qu’il lui laisse, quand lui ne s’y sent plus à la maison de toute façon. Matt, il ne s’y sentira probablement plus jamais comme chez lui. Elle pourra rester là autant qu’elle veut, elle pourra en faire sa maison et son nid et elle pourra y vivre sans que jamais il ne s’impose. La porte de bois luisant, les murs blancs et le plancher qui craque ne sont que bouillie pêle-mêle maintenant.

Son silence lui contracte la gorge et c’est le mieux qu’il puisse faire pour se rappeler que tout ça est bel et bien vrai et qu’il n’y a aucune réponse dans ses yeux à elle, que le pourquoi qui ne s’explique pas, que rien ne démenti non plus. Il le croyait pas Dek, bien sûr qu’il ne croyait rien. Pourtant en voyant Lily, il l’a cru lui. Elle est mordante, l’ironie.
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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyMer 19 Aoû 2020 - 19:11

Pete sait. Pete sait, Matt saura. Ce n’est qu’une question de temps. Elle ne tentera pas de préserver le secret plus longtemps, c’est un terrain glissant sur lequel elle ne jouera pas à cause de sa défaite assurée. Ezra se serait tu, c’est certain, mais très rapidement il n’était plus le seul au courant de l’erreur et à partir de ce moment précis elle a perdu tout contrôle de la situation. Les draps lavés, repassés et faits avec minutie n’y changeront rien. Elle ne pourra pas oublier qu’elle les a partagés avec une personne autre que son mari et elle sait tout aussi bien que lui ne cessera de l’imaginer avec un autre homme, un qu’il pourrait décrire les yeux fermés tellement il le connaît depuis longtemps.

Lily ne se dérobe jamais du droit chemin. Jamais. Toujours parfaite. Bonnes notes, bons amis, bon comportement. Polie, agréable, gentille, à l’écoute, altruiste. Son métier consiste en aider les gens. Elle soigne et elle protège. Elle ne se plaint pas, elle avance, elle construit tout de ses mains. Elle mérite la place qu’elle a su gagner aujourd’hui tout comme elle méritait cette vie qui la rendait heureuse, si heureuse. Elle priait encore parfois, juste au cas où. Pour Joseph, pour Matt, pour sa mère malade. Elle priait pour eux mais jamais pour elle, parce qu’elle n’avait rien à se reprocher, parce qu’elle avait encore moins de choses à se faire pardonner. Jusqu’à aujourd’hui, en tout cas. Un clignement de cils, c’est tout ce qu’il a fallu pour qu’elle tombe de Charybde en Scylla.

Lily ne se dérobe jamais du droit chemin, mais quand elle le fait elle ne fait rien à moitié. Tromper son mari avec son meilleur ami d’enfance dans son propre appartement, le faire aux yeux et à la sue de tous, ajouter à cela que l’homme en question est aussi le père du fils de sa meilleure amie. De tout ce qu’elle aurait pu mal faire, elle l’a fait pis encore. L’effet papillon est incontrôlable et c’est aujourd’hui qu’elle le découvre enfin, dans le regard de celui qu’elle ne cesse d’aimer. Elle l’a vu sourire et elle l’a vu rire, elle ne voit que ça constamment parce que c’est toujours l’image qu’il renvoie. Il se moque, il est heureux, il profite de la vie. Elle l’aime pour ça. Elle l’aime une fois le soir venu quand il ne reste plus qu’eux, elle l’aime quand il lui fait part de son passé et de ses faiblesses, elle l’aime quand il s’autorise à rêver d’un lendemain et du jour d’après encore. Elle l’aime quand il la réveille avec des nouvelles idées de prénoms de bébé, lesquelles elle garde précieusement dans un coin de son cerveau sans avoir besoin de les noter. Elle l’aimait hier et elle aime plus aujourd’hui encore alors qu’il n’a pas besoin de dire un seul mot pour qu’elle puisse le sentir filer entre ses doigts. Son regard. Il est éteint. Il ne l’a jamais été. Peu importe combien de bouteilles de vin elle avait pu briser par inadvertance, jamais il ne l’a regardé ainsi. Jamais elle ne l’a regardé de la même manière non plus.

Son corps tout entier s’est tendu lorsqu’elle l’a entendu entrer, elle qui était occupée à regarder les voitures défiler par la fenêtre. Elle s’attendait à y voir la sienne. Elle s’attendait à ce qu’il parte sans ne jamais revenir et les caresses contre Flocon ne faisaient que s’accentuer au fur et à mesure qu’elle peaufinait son scénario catastrophe. La réalité est plus dure à accepter encore, une fois qu’elle s’est retournée sur sa chaise. Le tintement des clés a un goût amer, les larmes qu’elle retient lui brûlent la rétine. Elle se relève rapidement alors que le chat n’a d’autre choix que de sauter plus loin, dommage collatéral d’une histoire dont il ne comprendrait rien. Ses pieds nus claquent contre le parquet, elle avance en hâte de peur qu’il lui claque la porte au nez. Elle voudrait avoir des explications à lui donner et des excuses avec mais aucune n’en vaudrait la peine. Tous ses mots seraient déformés par la colère qu’il accumule contre elle, à juste titre sûrement. “Je pars.” Ses doigts s’accrochent à la clé qu’il tient dans sa main, elle prend pourtant garde à ne pas laisser sa peau entrer en contact avec la sienne. Tenter d’intercepter son regard est déjà une bien trop difficile épreuve. “Si quelqu’un doit partir, c’est moi.” Elle n’argumentera pas. Sa voix est déjà brisée au même titre que l’est leur couple et peut être leur mariage. Il est ici chez lui. Elle est arrivée du jour au lendemain ; elle peut repartir aussi rapidement. Tout ce qu’elle doit faire, c’est tenter de contrôler ses émotions qui la submergent peu à peu pour la première fois de sa vie.
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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyVen 21 Aoû 2020 - 15:16

Je pars.” pourquoi il est monté lui, déjà? Pourquoi il est là? Elle dit qu'elle part, pourtant elle reste. Il se demande pourquoi il reste, il ne rêve que de partir.

L'appartement en entier sent le javel, ou alors ce ne sont que ses sens qui se sont décuplés. Il voit la silhouette de Flocon dans l'angle, sa queue tangue contre l'embrasure de la porte de la salle de bain. Elle fait des vagues et des ondées et - sa planche de surf, faut pas qu'il oublie sa planche de surf. Le reste est éphémère, le reste c'est que du matériel, que de la vaisselle, que des meubles, que des souvenirs aussi. Vagues, brouillés.

Elle est bizarre la sensation d'être un inconnu dans sa propre vie, de regarder la scène de l'extérieur, de pas avoir la moindre idée de ce que la suite réserve, de pas savoir par où aller. Il sait juste que le surf est laissé sur le balcon, que c'est là qu'elles respirent mieux leurs planches, après qu'ils les aient entretenues avec la cire qui sent l'ananas et la noix de coco. Il va falloir qu'il valide s'il peut l'embarquer dans la voiture de Pete, ça devrait le faire s'il baisse le siège arrière, y'a de la place et ils se cogneront pas trop la tête dessus et - Ezra, come on Lily, Ezra.  

Il ravale, se passe la main dans les cheveux à défaut de sentir ses doigts à elle sur sa peau à lui. Ça transfère le contact qui n'a pas eu lieu et qui n'a pas lieu d'être, ça diffuse du plan originel qui n'était que d'entrer, laisser la clé, repartir. De lui laisser de l'espace et de s'en occasionner à lui aussi, lui qui en a besoin, lui qui étouffe, bon sang qu'il suffoque dans l'instant. Ses yeux perdent le point de focus qu'il avait tenu bon garder en ligne de mire au-delà son épaule à elle, vers la cuisine, vers les placards, surtout pas vers le frigo où y'a des polaroids de leurs derniers enfantillages en liste, le photobooth de centre commercial qu'ils avaient investi après le tatouage en commun et le dit tatouage en commun, qui lui brûle la peau dans l'instant. Il l'a vu, ton tatouage? Il l'a commenté, peut-être?

Le salon est vide, même si le canapé, la table basse et le meuble avec la télé semblent prendre toute la place du monde. Dehors, on entend les voitures qui passent et qui se succèdent, les conversations qui s'effritent pour reprendre sur le trottoir donnant face au café. Le café d'ailleurs, qui roule sans Matt aujourd'hui. Deklan a pris le relais sans poser la moindre question, Scarlett a fait l'effort de pas insister quand il est passé devant le comptoir et qu'il n'a pas répondu à ses piques même pas voilées. C'est dans quelle pièce, hen, que vous l'avez fait? Dans toutes? La chambre, sûrement, classique, évident. Ça fait aucun sens qu'il les entende s'embrasser quand la scène a eu lieu y'a des heures déjà, des heures qui font trame autant de mois comme de secondes. Il a rien vu lui, il était pas là lui, il fabule et c'est trop, vraiment trop.

Si quelqu’un doit partir, c’est moi.

Il en a rien à faire, de l'appartement. Il ne le verra plus jamais comme le sien de toute façon, ça, peu importe la quantité de javel, c'est acté, réglé, plié. Il inspire, la laisse libre de respirer à son tour, se décale pour suivre le plan initial qu'il a perdu de vue un temps, qu'il reprend sagement. Si elle veut partir qu’elle parte, il ne la forcera pas à rester. Mais lui, il ne restera plus jamais ici. Le surf donc, sous son bras, et pas un seul regard pour le sien, à elle. C'est enfantin et c'est ridicule et il s'en veut Matt, d'être aussi braqué. Alors il s'assure que la cire est bien étalée sur sa planche à elle, la sienne à lui qu'il repose doucement, sans un bruit. Y'en manque, à gauche, y'en manque à droite aussi, et encore heureux il a toujours un pot de sûreté dans son portefeuille. Le voilà, le pathétique connard, qui reprend son boulot inachevé, qui cire avec des relents qui frôlent l'obsessionnel compulsif une planche qui n'est pas à lui, sur un balcon qui n'est plus à lui, dans un appartement dont il ne veut plus, pour lui.

Une poignée de minutes plus tard et son surf a repris sa place sous son bras, il refait le chemin inverse. La porte, c'est tout ce qu'il vise. La porte, et la sortie et de l'air, juste un peu, au mieux, après le pire.
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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyLun 24 Aoû 2020 - 23:45

Il a au moins toujours la même odeur et c’est ce à quoi elle se raccroche. C’est cette odeur là qu’elle a cherché toute la nuit dans des draps qui ne sentaient plus que Ezra et l’alcool. Elle cherchait de l’air, elle cherchait l’odeur du sel de l’océan, elle cherchait l’odeur de son shampooing. Elle a frotté toutes les surfaces, ses mains sont rouges et ses cernes évidentes. Elle n’a pas trouvé le sommeil, Lily, trop occupée à camoufler les traces de la seule et unique erreur de sa vie qui justement est en train de lui coûter tout ce à quoi elle tient. Tous ceux à qui elle tient. Il n’y a pas une seule tache de farine, il n’y a plus aucun cheveux dans la salle de bain. Tout est désormais aussi aseptisé que l'hôpital dans lequel elle ne travaille même pas encore.

Elle voudrait avoir la force de relever un peu plus sa main pour l’arrêter en cours de route mais ce n’est pas le cas. Elle lâche la clé, la lui laisse. Il file ailleurs, elle le laisse faire. Peut être qu’il veut prendre les chats avec lui ; ce ne serait pas une mauvaise idée. Peut être qu’il va déchirer une à une toutes les photos de leur mariage et d’eux ; il en aurait tous les droits. Il peut bien faire ce qu’il veut, maintenant elle sait qu’elle n’a plus sa place à ses côtés. En ce moment elle est sûrement la dernière qu’il souhaite voir et pourtant elle s’accroche, elle reste là, pathétique petit chose qui se laisse tomber au sol devant la porte d’entrée. Les chats l’observent d’un air curieux, fort peu habitués à ce genre de scène.

Il s’occupe des planches, elle le sait parce qu’elle en reconnaît le bruit caractéristique au loin. Le frottement est si particulier qu’il ne peut être confondu. Peut être qu’il va aller surfer aujourd’hui. Il devrait faire attention, les vagues sont fortes. Le soleil aussi. Il va encore attraper un coup dans la nuque parce qu’il oublie toujours de se mettre de la crème solaire à cet endroit là - et parce qu’aujourd’hui elle ne sera pas là pour la lui appliquer. Le temps semble s’écouler bien trop doucement et chaque seconde est assassine. Sa gorge est nouée, son coeur bat trop vite, sa tête lui fait mal. Sa mâchoire elle même est devenue douloureuse à force de garder les dents aussi serrées entre elles pendant autant de temps. Ils avaient prévu de faire des gâteaux de gender reveal aujourd’hui, pour s'entraîner. La seule chose qui peut encore être reveal serait de savoir qui d’elle ou Ezra il voudra tuer en premier.

Lorsque pas se rapprochent de nouveau, elle arrête aussitôt de respirer, interdite. Elle ne sait plus ce qu’elle a le droit ou non de faire, elle ne sait plus ce qui est bon ou non à faire, aussi. Ses yeux ne brillent que de tristesse, son visage entier est crispé et elle n’a plus rien de son éternel sourire, Lily. Elle ne bouge même plus du parquet froid, les genoux revenus à hauteur de sa poitrine et ses bras croisés autour. La vision de Matt et de sa planche sous le bras l’ébranle bien plus qu’elle ne voudrait jamais l’admettre. “Je suis désolée.” L’articulation est bien plus difficile que l’aveux en lui même, la McGrath qui ne s’excuse jamais pourtant de rien, elle qui est encore moins souvent (c’est à dire jamais) désolée. “Et je t’aime.” Il ne la croira pas, c’est un coup d’épée dans l’eau. Pourquoi continuerait-il à la croire à propos de quoi que ce soit ? “Pour ce que ça vaut.” Elle en vient à la même conclusion d’elle même. Tout ce qu’elle peut dire sera déformé par son imagination et l’agencement des corps d’elle et Ezra qu’il se fait au milieu de ses draps, dans son lit, dans sa chambre, dans sa maison. “Parle moi.” Un mot, c’est tout ce qu’elle demande. C’est ce à quoi elle en est venue à le supplier, la tête relevée vers lui, incapable même de bouger pour le laisser passer et s’enfuir une bonne fois pour toutes. “S’il te plait.” Sa voix est un peu plus brisée encore et son visage fendu en une expression qu’elle tente de contrôler sans pour autant y arriver, au bord des larmes, ses ongles plantés dans la chaire de ses genoux sans qu’elle ne s’en soit rendue compte.

Si Lily ne se dérobe jamais du droit chemin, elle ne montre encore moins ses faiblesses à qui que ce soit et encore moins les sentiments qui y sont liés. Et pourtant.
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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyDim 30 Aoû 2020 - 1:24

Il fait gaffe à tous les meubles sur son chemin, sans le moindre besoin de calculer où ils sont comme il le fait instinctivement à chaque fois où il a sa planche sous le bras, celle de Lily sous l'autre. C'est moins lourd là, quand y'a que la moitié qui suit, quand y'a qu'une partie d'un tout qui rend la chose un peu plus légère - si seulement. Le reste de l'appartement est au statut amorphe, même les chats sont à peine là, ambiants, il les entend pas ronronner. Ce qui aurait eu tout pour l'alarmer, avant. “Je suis désolée.” il aime pas les excuses, il déteste les excuses, il aime pas quand on se dit qu'être désolé répare tout, il déteste les mots et encore plus dans l'instant Matt, il préfère les actions. Pour un gars qui a une si grande gueule que lui, évidemment que ça vient comme un choc. Et pourtant, il ralentit, et pourtant il inspire aussi.

Et je t’aime.” il a arrêté de marcher, il a arrêté de respirer. Ils ont l'air autant à bout de souffle l'un que l'autre, pourtant il n'y a que le silence qui s'entre-répond à leur place dans une pièce qui a beaucoup plus d'échos qu'elle n'a de personnes. Beaucoup de souvenirs aussi, trop. Pour ce que ça vaut.” il en doute pas, pas quand il la voit comme ça. Il doute pas qu'elle l'aime et qu'elle est désolée et qu'elle s'est mise elle-même au pied du mur, littéralement. Il doute pas qu'elle lutte entre remords et regrets, il sait tout ça, il est pas aveugle, il le voit. “Parle moi.” c'est probablement pour ça qu'il pince les lèvres, qu'il pense à ses mots, chose qu'il ne faisait jamais avec elle auparavant. Autant parce que les filtres ne servaient à rien tant il lui faisait confiance, autant parce qu'il voulait tout lui dire. Parce qu'il voulait qu'elle ait accès à tout, autant à ses excès d'amour qu'à ses blagues de merde, autant à ses secrets les plus douloureux qu'à ses plans sur la comète. Il voulait qu'elle entende tout ce qu'il avait à lui dire et pour l'heure, il est persuadé que jamais elle ne voudrait être confrontée à ça. Pas quand elle est dans cet état-là. “S’il te plait.

La dernière supplication a raison de lui, elle le sait avant même qu'il cède, elle sait que si elle va là, il va céder, de toute façon. « Relève-toi. » il y ajoute même une main qu'il lui tend, main qui prend le plus délicatement du monde la sienne, main qui la tire tout aussi doucement vers le haut, s'assurant qu'elle est stable sur ses pieds. Sa voix est douce et ses gestes aussi. Il est tenté d'aller lui servir du vin et de lui faire un truc vite fait, des pâtes. Elle aime les pâtes celles sans prise de tête au citron et au poivre et aux fines herbes de leur jardin de merde qui contient que deux types de fines herbes mais qu'ils traitent comme si c'étaient leurs enfants en attendant les vrais. Ça, il y pense pas, il y pense plus. Elle se lève au moins, ou alors c'est l'impression qu'il a, quand ses yeux sont à la même hauteur que ceux de la brune, et qu'il s'autorise une dernière seconde à y plonger ses prunelles. C'est la seconde qui fait le plus mal de toutes les autres, c'est celle qui lui brise encore un peu plus le coeur que tout le reste. C'est celle qui confirme tout, même si elle l'a confirmé d'elle-même. C'est celle qui recolle ensembles tous les morceaux qui ne font aucun sens séparément mais qui apparemment fonctionnent bien ensemble dans l'instant. Il aurait pas dû tenir son coup d'oeil pourtant il y reste, il y reste juste pour tout confirmer, juste pour se rappeler que ce qu'ils ont eu était vraiment réel, aussi réel que ce qu'ils avec quoi ils sont laissés las, là.

Il lâche sa main, Matt. Sa main à lui qui quitte la sienne à elle, sa main à lui qui trouve la poignée maintenant. Qui la tourne et qui la tire, et il se tire aussi, lâchement.
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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyDim 30 Aoû 2020 - 4:38

« Relève-toi. » Elle est pitoyable, assise par terre dans un appartement dont elle refuse même de tenir les clés entre ses mains désormais. Elle aurait cru que sa voix serait plus dure, elle aurait cru qu’il crierait. Elle l’aurait pensé plus énervé et ses sourcils plus froncés, ce même regard qu’elle n’a jamais l’occasion d’observer chez lui. Il en aurait eu le droit, il aurait eu tout les droits du monde. Il pourrait lui crier dessus qu’elle ne clignerait pas des yeux, consciente de sa sentence. A défaut qu’absolument plus rien ne se passe comme prévu, elle accepte la main tendue et s’accroche à ses doigts comme si c’était la dernière fois.

La proximité avec lui est bien plus difficile encore à supporter que le regard qu’elle pouvait deviner de loin. Elle le sent, maintenant, son parfum. Elle les voit bien mieux encore, son visage tendu et sa mâchoire crispée. Lily ne voit d’ailleurs plus que ça, puisqu’il n’y a ni yeux rieurs ni sourire. Dans sa tête, elle jure qu’elle avait prévu de faire un pas en avant. Un seul, c’est tout ce dont elle aurait eu besoin pour venir poser sa tête contre son cou et poser son torse contre le sien. Ses mains auraient glissé dans son dos et se seraient retrouvées entre ses omoplates et de là elle n’aurait plus bougé pendant longtemps. Ca aussi, c’est un plan qui n’arrivera finalement jamais parce que dans un premier temps elle bloque ses yeux dans les siens et dans un second temps, il est déjà ailleurs.

Il a quitté ses yeux, il a lâché sa main. Il a fait un pas en avant sans que ce ne soit pour l’enlacer, pas cette fois. Elle se dit qu’hier encore ils en avaient le droit et qu’elle pouvait lui dire tout ce qui lui passait par la tête sans que ce ne soit exprimée par une voix brisée. Aujourd’hui cela semble impossible, elle emmagasine ses dernières forces pour se retourner au moment où la main de son mari se pose sur la poignée de porte. “Est ce que c’est fini ?” Elle ne peut pas lui demander de rester s’il n’en a pas envie mais elle espère au moins qu’il pourra répondre à cette question-ci, à défaut de pouvoir lui parler comme elle l’aurait souhaité. Neige lui même se joint à la discussion, venant d’abord se frotter contre les chevilles de Lily avant d’avancer vers celles de Matt, lui qu’il a adopté bien rapidement. Lui qui l’a adopté rapidement, aussi.
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Message(#)empty abstract (lilymatt #15) EmptyDim 30 Aoû 2020 - 14:52

Il aurait des tas de réponses pour ça, une infinité. Il en aurait des douces et des arides, il en aura des précises et des vagues, il pourrait la lui sortir en liste comme il pourrait lui improviser tout un monologue. Y’a des tas de façons de dire ce qui ne se dit pas, y’en a encore plus de garder silencieux encore un moment ce qui se sait déjà.

Elle l’aime et il l’aime en retour, c’est pas ça le soucis. C’est un mélange d’incompréhension et d’impuissance, de rejet et de refus. C’est un chaos qui a trouvé un sens envers et contre tout, c’est un trop plein qui le laisse vide, complètement. La planche pèse fort sous son bras et il a une crampe au poignet le pauvre idiot. Il garde le focus là-dessus quand ça fait bien moins mal de respirer ses canaux carpiens en charpie que d’expirer en sentant son souffle se casser sur le visage de Lily.

Il lâche sa main, ou alors c’est elle qui lâche la première, il n’est pas à un compte de plus entre eux et de toute façon il veut pas les faire, ses comptes. Il a trop peur des résultats.

Est-ce que c’est fini Matt?
Est-ce que tu voulais tant que ça que ça se finisse, Lily?

Elle veut entendre quelque chose de précis, lui il ignore quoi lui dire.

Il pourrait lui mentir d’un sens comme de l’autre ; lui dire qu’il l’aimera pour deux et ses tares avec, ou à l’inverse que c’est terminé et qu’il ne regardera jamais plus en arrière. Un mensonge comme un autre sonne bien plus que faux, ils sonnent mal Si rances à son coeur qu’il a mis en berne dans la cage d’escaliers une poignée de minutes à peine plus tôt. Une éternité.

« Je sais pas. »

Elle mérite d’avoir la vérité, elle qui au moins n’a rien nié. Il ne sait pas si c’est terminé ou si ça peut continuer. Il ne sait pas si elle le veut, si lui le peut.

La seule chose qu’il sait là, c’est qu’il doit partir.
Qu’il veut partir.
Qu’il peut partir.

La seconde d’après, il gratte entre les deux oreilles de Neige, repère Flocon dans l’angle qui se questionne. Une seconde de plus encore, une seule, rien que pour regarder tout ce qu’il aurait pu avoir, tout ce qu’il méritait pas de garder. La porte sera le dernier son qu’il entendra derrière lui, quand ses pensées s’arrêtent entièrement et uniquement sur le jeu de Tetris qu’il devra mettre en place pour faire entrer son surf dans la voiture de Pete. Le reste il ne sait plus, de toute façon.
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