Elle s'est forcé à ne plus y penser, à oublier tout ça. Et elle y arrive. Pour la première fois, elle arrive réellement à effacer quelqu'un de sa vie. Et pas n'importe qui. Un ancien ami. Un fugitif. Désormais, un ennemi ? Quelqu'un qu'elle ne veut plus jamais voir. Et elle va s'y tenir. Plus jamais elle ne croisera la route d'Alec Strange, plus jamais elle ne posera ses yeux sur lui. Elle veut le voir, lui et son frère , tombés, raison pour laquelle elle a revu Lou entre temps, raison pour laquelle elle a accepté de rejoindre la Ruche, officiellement. Mais c'est tout de même avec le cœur lourd qu'elle enfile des vêtements confortable après être rentrée de l’hôpital : short de pyjama gris et débardeur blanc. Elle ne compte pas bougé ce soir, ni sortir. Elle ne compte même pas cuisiner, elle se contera des restes du dîner d'hier soir qui l'attendent tranquillement dans le réfrigérateur. Elle se laisse tombé sur son canapé en lâchant un soupire et allume la télévision avant d'être rapidement rejoint par Sumo qui, comme à son habitude, s'étale a moitié sur elle en quête de caresses. Soirée type chez elle, une bon feuilleton et un chat sur les jambes. Mais elle frisonne rapidement et attrape alors une petit gilet noir traînant à l'autre bout du canapé. A peine l'enfile-t-elle que quelqu'un sonne à la porte. Elle soupire et jette un coup d’œil à son portable au cas où elle manqué un message d'un de ses amis prévenant de leur venu. Mais non, rien. C'était Ezra, probablement.
Posant Sumo sur le canapé, elle se redresse et vient se gratter la nuque en rejoignant la porte d'entrée. La main sur la poignet, elle ouvre la porte pour finalement essayer de la refermer le plus rapidement possible. Et elle aurait pu le faire si il n'avait pas mit son pied en travers et pousser la porte avec sa main. « Alice. » Non. Elle veut plus le voir. Mais il force l'entrée, pousse la porte. Et elle n'a pas le choix et recule de quelques mains en ôtant sa main de la poignet. "Putain de merde!" jure-t-elle en français. « On avait pas fini notre conversation. » Elle pose son regard sur lui, les yeux noirs en le voyant ici, chez elle, après qu'il ait forcé le passage. "Tu te fous de moi ? Putain, dégage de chez moi." Mais il ne l'écoute pas. Non. Et en se basant sur son regard, il est en colère. « Lou Aberline qu’est ce qu’elle t’a proposé ? » Elle hausse les sourcils en fermant la porte puis, laisse un ricanement nerveux sortir de sa bouche alors qu'elle fuit vers le salon en venant se frotter le front en espérant que tout ça ne soit qu'un cauchemar.
« Qu’est ce qu’elle t’a dit comme conneries pour que tu penses que ce soit une bonne idée de rejoindre les rangs de la Ruche ? » Elle se retourne vers lui, remarque le dégoût sur son visage et dans le ton de sa voix lorsqu'il prononce le nom du nouveau groupe de Lou. Elle le regarde, les sourcils froncés cette fois. "Dégage." Elle ne lui répond pas. Elle n'a pas à lui répondre à lui, il est bien la dernière personne à qui elle devrait justifier sa décision. "Dégage ou j'appelle la police." menace-t-elle en attrapant son portable. Elle le fixe, le défie du regard. Elle n'a qu'à appuyer sur une seule touche pour contacter les autorités. Et vu le stade de leur relation devenue on ne peut plus compliqué, elle n'hésitera même pas une seconde, parce qu'il n'a rien à faire là, parce qu'il a forcé le passage pour entrer alors qu'elle ne veut pas de lui ici.
Elle pourrait paniquer, ne pas savoir quoi faire. Mais c'est la colère qui prend le dessus, la colère qui l'a fait se tenir droite face à cette montagne de muscles, la colère qui veut qu'il parte, qui veut qu'elle appelle la police. Mais elle n'en a de toute façon pas le temps. Sans qu'elle ne puisse réagit, l'américain s'approche et lui arrache son téléphone des mains pour venir le lancer violemment sur le sol. Elle lâche un petit cri de surprise et voit son téléphone complètement exploser au sol, l'écran fissuré de partout, la coque du téléphone a sauté, la batterie n'est plus à l'intérieur mais quelques centimètres à côté de l'appareil. « T’appelles rien du tout. Et je dégage pas. » Son ton est froid, stricte. Sa manière de parler donnerait la chair de poule à n'importe qui. « Répond moi Alice. Répond à ma putain de question. » Sa respiration à elle se fait un peu plus forte, elle le fixe d'un regard noir et vient ensuite croiser les bras. « Qu’est ce que t’es en train de foutre ? » Elle fronce légèrement des sourcils et le sang qui bouillonne en elle n'arrange rien. Elle aussi elle est en colère, et lorsqu'elle est en colère, elle aussi fait des choses qu'elle ne ferait jamais en temps normal. "Mais qu'est-ce que ça peut bien te foutre Alec !" Alors que lui ait calmé son ton, le siens se hausse. "Tu sais quoi ? Puisque tu y tiens autant, j'vais te répondre." Elle décroise alors ses bras et avance vers lui, les joues rougies par la colère, la veine de son front légèrement apparente. "J'aide la seule et unique personne qui peut vous faire tomber, toi et ton frère." Ce n'est plus ses joues qui sont rouges, mais son visage tout entier. "J'aide la seule personne qui peut venger ma sœur. Tu sais ? Celle que vous avez faite tuer sans remords." La voilà qui lui fais désormais face, tout comme elle l'avait fait la dernière fois, au restaurant. "J'ai décidé d'être enfin utile au lieu de ne rien faire et d'attendre une justice qui n'arrivera jamais." Parce que plus le temps passe, plus ça la dévore de l'intérieur de voir que justice peine à arriver. Et elle le sait, que justice n'arrivera jamais, que la seule manière qu'elle n'atteigne le Club, c'est par Lou.
"Deux ans, ça va faire deux ans et je n'ai toujours pas fais mon deuil. J'arrive pas à le faire parce que le responsable, les responsables n'ont jamais été attrapés." Elle insiste sur le pluriel, parce que pour elle, lui aussi est responsable, il l'est devenu dès le moment où elle a su qui il était réellement. "Je met juste mes aptitudes médicales à son service et à ceux qui en auront besoin, c'est tout." Sa voix se calme et ses yeux viennent alors le scruter, elle observe les traits de son visage, la couleur de ses yeux, la manière dont sa mâchoire se contracte et ses lèvres se pincent sous la colère. Peut-être qu'il ne va pas la croire, peut-être qu'il va penser qu'elle cache encore des choses. Ou alors peut-être que si, peut-être qu'il la croira et qui lui dira Ô combien elle n'appartient pas à ce monde, qu'elle se met en danger, qu'elle devrait rester tranquille. Il va lui dire toutes les choses qu'elle s'est dit à elle-même avant d'accepter la proposition de la Reine des abeilles. Elle avait compté les pour et les contres, et bien évidemment, il y avait une majorité de contres mais elle a quand même accepté. Elle le sait qu'elle n'a rien à faire dans le monde de la pègre, elle sait qu'il y a des risques mais qu'a-t-elle vraiment à perdre ? Enfin, son regard plonge dans celui de l'américain, son regard qui était glacial il y a quelques secondes s'adoucie un peu, parce qu'elle voit tout de même en lui cet ancien ami, cette personne qu'elle a porté dans son cœur, cette personne a qui elle tenait, cette personne qui n'était en faite qu'une illusion, une tromperie.
Elle pensait qu'il allait comprendre, elle pensait qu'après ça, il tournerait les talons et s'en irait. C'est raté. Elle le voit dans son regard, dans sa manière de se tenir, qu'il bouillonne, qu'elle a en face de lui un volcan au bord de l'éruption. Et il fait un pas en arrière, sans la quitter du regard. « La seule qui peut nous faire tomber ? Redescend sur terre Alice. Lou Aberline est une petite emmerdeuse, mais pourra rien faire contre Mitchell, contre le Club. Tout ce qu’elle va réussir à faire c’est à se prendre une balle dans la tête le jour où mon frère en aura assez de jouer au jeu du chat et de la souris avec elle. » Ses mots sont crus, violent. Mais au fond, elle a l'impression qu'il la sous-estime Lou, parce qu'elle revient de loin, et que ce jeu du chat et de la souris n'en est pas ça, parce que ça dure, depuis des années apparemment. Au vu de la facilité dont le Club s'était débarrassé de Blanche, elle ne comprend pas pourquoi Lou était encore en vie si le fameux Mitchell tenait tant à sa mort. « Et toi, tout ce que tu vas réussir à faire c’est te mettre sur leur chemin, à te mettre en danger Alice, tu comprends ça ? » Il se rapproche et pour la première fois, elle a peur, peur de lui. Et alors qu'il avance vers elle, elle se recule. "Alec..." Elle n'a pas le temps d'ajouter quoi que ce soit d'autres, les grandes mains de l'américain viennent saisir ses bras et elle lâche un léger cris de surprise. Elle le regarde, les yeux écarquillés, pendant qu'il la secoue d'une manière aussi violente que ses paroles. « Tu sais pas dans quel jeu tu joues Alice putain. C’est pas une vie pour toi. Elle se sert de toi, de ta naïveté, elle pense et pensera toujours qu’à elle putain, tu crois qu’elle veut t’aider ? Tu crois qu’elle en a quelque chose à foutre de toi ? » Son ton monte, son emprise sur elle laissera sûrement des marques. Elle ne fait que le fixer avec des yeux apeurés, incapable d'aligner un seul mot.
Le voilà. Le vrai Alec.
Elle sursaute alors qu'il envoi une chaise valsée d'un violent coup de pied, chaise dont le dos de bois se brise à l'impacte contre le mur. Elle ne le reconnait plus. Il a arrêté de jouer son rôle, celui qu'il jouait lorsqu'ils se connaissaient. Il lui montre son vrai visage, celui qu'il avait caché. « PUTAIN mais réfléchis Alice, t’es en train de foutre ta vie en l’air, tu t’en rends compte de ça ? » Enfin, il arrête de la secouer. Elle ne sait pas quoi dire, elle reste bouche bée, pratiquement paralysée par la peur. Elle le regarde, les yeux humides, avant que ses cils ne papillonnent le temps qu'elle enregistre ce qu'il vient de se passer. "Tu me fais mal..." vient-elle murmurer d'une voix tremblante alors que ses yeux ne quittent pas le visage du brun. Elle en profite, qu'il ne la secoue plus, pour délicatement s'extirper de ses mains et faire quelques pas en arrière, pour s'éloigner de lui. Elle s'enlace alors elle-même, comme pour essayer de se rassurer alors que la peur, la peur est toujours présente. Elle ne sait même pas quoi lui dire par peur qu'il ne recommence, ou qu'il fasse pire. Elle le regarde, se demandant bien comment se faisait-il qu'Alec renferme en lui autant de colère, de rage. Elle le regarde en se demandant si il serait vraiment capable de lui faire du mal, si sous la colère, il oserait s'en prendre à elle, la faire disparaître.
Elle ne s'y attendait pas, à cette colère, cette rage. Elle ne s'attendait pas qu'il la saisisse, qu'il la secoue en lui hurlant presque dessus. Et une fois hors de portée, elle ne peut s'empêcher de le regarder, de restée loin. Toute débraillée, son gilet ne recouvrant que ses avants-bras, elle le fixe, apeurée, sous le choc. Il recule, comme si il venait de reprendre le contrôle sur lui-même, comme si il venait tout juste de comprendre ce qu'il venait de faire. Et plus rien. Plus d'éclats de voix. Plus un mot. Le silence. Et elle les retient Alice, les larmes qui menacent de couler et qui brouillent sa vision. Elle le regarde lui, lui qui semble tout aussi choqué qu'elle, lui dont le regard se pose sur la peau des bras de la française désormais marquées par ce moment. Les marques rouges qui se transformeront en bleus seront, le temps de leur présence, le souvenir de cet homme qu'elle ne reconnait plus, de cette homme qu'elle craint pour la première fois depuis qu'ils se connaissent. « Alice je… » C'est là. Là, lorsqu'elle entend le son de sa voix, son ton abattu, lorsqu'elle entend son prénom sortir de sa bouche que ses larmes décident de couler. Il fait un pas vers elle, tend sa main et elle, elle se recule sans le quitter du regard. Elle le regarde dans les yeux quelques secondes avant que son regard ne se fasse fuyard. « Je suis désolé… » Il fait un autre pas vers elle mais cette fois-ci, elle ne bouge pas. Elle baisse la tête, les yeux rougis, les joues humides.
« Je suis désolé Alice. Pardonne-moi. » Sa tête se redresse et elle se force à la regarder. Et c'est qu'il lui ferait presque mal au cœur. Parce que lui aussi, semble être en détresse depuis qu'il s'est rendu compte de ce qu'il faisait. Ils sont aussi misérables l'un que l'autre, dans un état second. « Je te ferais jamais de mal Alice, jamais. » Aussi sincère qu'il peut être, elle a du mal à le croire. Parce que c'est ce qu'il venait de lui faire, du mal. Maintenant qu'il l'a déjà fait une fois, sous la colère, serait-il capable de se contrôler ? De se retenir ? Elle n'en sait rien et ne veut certainement pas le savoir. Elle garde les bras croisés contre elle, immobile avant qu'enfin, elle ne vienne lever sa main gauche pour essuyer ses joues et ses yeux. Elle renifle et regarde ensuite le sol en s'approchant timidement de lui. Un pas, deux pas, trois pas... Et elle lui fait de nouveau face. Doucement, elle relève la tête vers lui et le regarde dans le blanc des yeux. Elle est proche, proche sans vouloir l'être. C'est le miaulement de son chat grimpant sur un meuble qui brise le silence. Elle, elle le fixe de longues secondes. "J'aimerais que tout.... tout ça soit différend. Sa voix est petite, légèrement tremblante. J'aimerais que rien de ça ne soit arrivé. J'aimerais qu'on soit comme avant. Elle renifle une seconde fois. "Tu devrais partir." annonce-t-elle, sa main venant une nouvelle fois essuyer ses yeux larmoyants. "Pars." dit-elle alors que sa voix se brise rien qu'en prononçant ce petit mot. Et elle le regarde dans les yeux en prononçant ce simple mot, cette simple requête. Ils ne sont plus en état de dire quoi que ce soit, plus en étant de parler. Elle n'est plus en état de le supporter, de le voir ici, chez elle. Elle ne veut plus le voir. Plus du tout...