Contexte:

Commander sur le internet, la brune le fait de temps en temps, que ce soit pour des vêtements ou des choses inutiles sur Wish. Le problème avec elle, elle ne se souvient que rarement quand elle l'a fait et quand elle reçoit un colis, c'est un peu comme Noël. Ce matin, alors qu'elle est devant sa tasse de café tout en regardant un dessin animé, la sonnette se fait entendre. Elle hausse un sourcil alors que ses deux chiens sont déjà devant la porte. La porte ouverte, elle tombe sur le facteur et un colis. Elle signe le tout et ne prend pas la peine de regarder si c'est bien pour elle. Quelles chances il y aurait que cela ne soit pas le cas. Elle déchiquette l'emballage s'attendant un pops ou une connerie du genre mais change radicalement de tête en voyant des dessous sexy accompagné de sextoys. Alors là, elle est certaine de ne pas avoir commandé ça. Elle secoue son visage et regarde le nom. Ha merde, en effet c'est pas du tout pour elle. La personne doit donc se demander où son colis est passé. Après une petite recherche sur le net, elle trouve le numéro de la personne et lui envoie un message en lui expliquant qu'elle a receptionné par erreur son colis et lui donne donc rendez-vous dans un café pour lui rendre. Sur ce, elle va se préparer. Une douche rapide, un jeans et un petit pull et c'est parti. Elle roule jusqu'à l'endroit et vient se garer pas trop loin. Le colis sous le bras, elle s'installe à une table et le pose dessus pour que la personne en question puisse la reconnaître sans difficulté. Seul petit hic, elle a mis du scotch partout donc elle pourra pas vraiment nier avoir vu le contenu des plus sexy mais loin d'elle l'idée de juger, tout le monde s'amuse comme il le veut après tout.

Parait qu’il faut de tout pour faire un monde. Qu’il y a besoin des gens prudes, qui vont à la messe et qui vont attendre le mariage pour ‘‘vous savez quoi’’. Et il y a ceux qui sont loin de l’être, qui assument leur sexualité exacerbée, leur curiosité sans limite et surtout une envie prenante d’une nouvelle expérience, pas si nouvelle que ça. Birdie se place naturellement dans la deuxième catégorie, là où les limites se brouillent, s’emmêlent et finissent par disparaitre parce qu’à quoi bon se foutre des limites ? C’est complètement ridicule. Alors commander sur internet de la lingerie fine – parce qu’elle le peut – et surtout des jouets en guise d’accompagnement – les siens commencent à dater – ça ne sera pas elle qui effacera avec les joues remplies de honte son historique. A quoi bon ? Pourquoi faire ?

Mais le colis tarde. Les jours trainent, elle aurait dû le recevoir, elle a même menacé Carter de lui foutre son (futur) dildo dans le cul si jamais il vient à lui cacher son colis. Pourquoi il ferait ça ? Pour l’emmerder parce que c’est leur préoccupation principale, une distraction sans fin entre eux. Mais ça, c’est avant de recevoir un message d’un numéro inconnu. Le facepalm en cet instant est puissant mais pas autant que le soupir qui dégage de ses lèvres. Le principe d’une livraison à domicile, ce n’est pas de ne pas avoir à bouger ? Autant dire que le service clients va l’entendre. L’oiseau sait piailler quand il le faut.

La clope au bec, Birdie voit le colis brun avant de voir la brune assise. Elle s’arrête, plisse les yeux du colis jusqu’au (joli) visage et tire une taffe. « Ça a été ouvert, pas vrai ? Vous avez essayé ? Vous croyez que je dois les retourner ou pas ? Déjà qu’ils sont pas fichus de venir livrer à ma porte, je mériterai de leur faire un scandale, nah ? » C’est sa façon de dire ‘bonjour, merci de me donner ce qui est mien’ en somme.

Une erreur, ça arrive vite. Doublé par l’excitation de recevoir quelque chose et on n’oublie toujours de regarder les petites lignes. Le nom, notamment. La base, en somme. Parce que le service postal ne se trompe jamais, normalement, ils savent où se trouve où. Ce n’est pas le cas du malheureux colis qui aura fait un voyage supplémentaire sans avoir rien demandé à personne. La brune a l’air de retenir de rire et Birdie a un sourire au coin qui apparait quand elle finit par le lâcher, son gloussement à peine retenu. Il n’y a pas de chichi à avoir, pas avec Cadburry qui ne se vexera pas et encore moins qui finira honteuse qu’une sombre inconnue ait vu ce que certains considéreraient comme un achat honteux. Birdie s’assoit en face d’elle avec son sourire qu’il s’élargit sur son visage. « Vous vous appelez Birdie, vous aussi ? » Parce que rien que ça, ça aurait dû lui mettre la puce à l’oreille. Mais encore une fois… Trop d’enthousiasme. Mais apparemment, la lingerie est ‘très’ jolie – « évidemment sinon, je l’aurai pas choisi » – mais c’est tout. Birdie arque un sourcil. « Pas de commentaire sur le reste ? Je suis déçue. » A peine. La curiosité de Birdie l’aurait faite essayer, son colis ou pas. « Oh, ne parlez pas de malheur. J’ai eu mon quota de pervers au moins pour mes six autres vies. » De mauvais souvenirs qui la font grimacer, qu’elle veut foutre de côté parce qu’elle ne veut vraiment plus y penser. « Mais vous êtes la perverse la plus adorable que j’ai pu rencontrer, si ça peut vous rassurer. » Et Birdie se met à rire de sa connerie avant de tirer une nouvelle taffe de sa cigarette. « Est–ce que vous allez me juger si je commande un Irish Coffee ? Vous pouvez, je compte prendre ça de toute façon. J’ai besoin d’un coup de fouet, là. » Et quoi de mieux qu’un mélange café et whisky pour atteindre cet objectif de réveil instantané ? Birdie amène le paquet vers elle et son doigt s’amuse à appuyer sur un morceau de scotch qui ne veut pas tenir. « Y a pas de mal. Ca aurait été plus problématique si vous aviez déchiré le contenu. C’est épatant, on ne vous croirai pas si sauvage que ça. »

Donc la brune s’appelle Dylane. Un nouveau prénom qu’elle retiendra sûrement moins bien que son visage, c’est certain. Le teint qui devient un peu plus cramoisi et franchement, Birdie ne peut cacher le sourire amusé de ses lèvres ; c’est profondément adorable de la voir confuse de son erreur. « Vous inquiétez pas, ce n’est pas un secret d’état ni une bombe nucléaire. Nah, c’est même moi qui vais devenir la bombe avec ce qu’il y a là–dedans. Et j'espère que le reste me fera exploser comme Hiroshima. » L’égo, le melon, les chevilles, Birdie a conscience qu’elle a des atouts mais avec ce qu’il y a dans le colis, cela sera effectivement encore mieux. Mais ça, ce n’est pas Dylane qui va pouvoir le savoir ni en profiter. Malheureusement, qu’elle pourrait penser la Cadburry. « Le site ? Mmh. » Sans aucun scrupule, c’est au tour de Birdie d’enlever le scotch – qui tenait déjà maladroitement – pour ouvrir le paquet, laissant à la vue de n’importe quel passant d’en voir le contenu. « Doit bien y avoir un truc là–dedans. Je m’en rappelle pas, évidemment, j’ai juste plein de favoris sur mon téléphone et mon ordi, ils sont ma mémoire. » Birdie fouille avant de pousser un petit cri de victoire. « Ah, voilà ! » Elle pose le petit fascicule sur la tasse de café vide de la demoiselle. « Vous avez tellement dû être sous le charme de la lingerie que vous avez pas vu ça, hein. » Cadburry lance un clin d’œil avant de refermer les rabats. Dylane commande non pas un, mais deux Irish Coffee – voilà une demoiselle qui a de bons goûts – avant qu’elle ne la fasse rire. « Oh, c’est parce qu’on se connait pas. Beaucoup de gens de mon entourage vous dirait que c’est totalement moi. » Commander tout et n’importe quoi, une spécialité cadburrienne. « C’est bien une des rares fois qu’on me dit que je suis pas bizarre. Voilà ma journée réussie. » Le serveur arrive avec les deux tasses fumantes et Birdie lève le sien. « Vous savez que le whisky a autant de calories qu’un yaourt nature ? Nah ? Et ben voilà, maintenant vous le savez. Ne me remerciez pas, c'est de l'information gratuite. » Elle a un léger rire avant de trinquer sa tasse sur celle de l’inconnue qui le devient de moins en moins avant de boire une gorgée puis deux qu’elle finit avec un soupir appréciateur. « Vous êtes pas pressée ? Faut me le dire, hein, je peux vite prendre du temps sans qu’on s’en aperçoive et après les gens se tirent avec le feu au cul en prétendant une urgence. Très impoli. » Ou alors, c’est juste une façon de s’extraire des griffes de la Cadburn qui est vraiment trop bavarde.

Il est vrai qu'elle aurait pu regarder le prénom Dylane mais elle le faisait jamais. Si ça se trouve, c'est pas le premier colis qu'elle s'approprie sans regarder. D'ailleurs quand elle y pense, elle se souvenait pas d'avoir commander une pops Harry Potter et maintenant celle-ci trône fièrement dans sa salle de jeux. Bon bah tant pis pour la personne, le facteur avait qu'à faire gaffe. Son regard se pose sur la demoiselle et un petit rire amusé sort d'entre ses lèvres. «  Je doute pas une seule seconde que vous serez une bombe «  Elle ne reprend pas le reste de sa phrase. C'est pas que la brune est pudique ou timide mais là, elle est clairement pas dans son domaine. Les jouets, elle a pas testé préférant la peau des hommes sous ses doigts. Malgré tout, elle s'interroge sur ledit site. Ses yeux s'agrandissent quand elle voit la blonde ouvrir le colis à la vue de tous. Ses lèvres se pince pour ne pas éclater de rire. D'ailleurs un papy les observe ce qui la fait rouler des yeux. «  Tu veux le nom du site pour Mamy ? » Lui dit-elle avec un grand sourire et lui montrant le fascicule que la demoiselle vient de poser devant elle. Il devient rouge tomate et se tourne d'un coup. «  Ho bah j'ai froissé le papy » Elle hausse les épaules. » Merci en tout cas, j'irais faire un tour ce soir. Peut-être que je verrais des choses intéressantes » Elle sourit et hoche la tête positivement. «  J'avoue que oui. C'est sexy sans être vulgaire et en plus ça a l'air confortable. Car les trucs qui grattent, c'est une horreur » Et ça même quand on prend les plus grandes marques, ça peut arriver. «  Une fois ça me grattait tellement, que je me suis débarrassée de mon soutien-gorge dans l'ambulance avant d'arriver sur le lieu d'intervention. Mon collègue a failli se prendre un poteau. «  Elle pouffe de rire Dylane. Un irish à cette heure-ci pourquoi pas après tout. C'est tout de même mieux que ceux qui boivent leur canette de bière à sept heure du matin. « Mais je ne demande qu'à vous connaître. D'ailleurs je peux vous tutoyer ? » Ses doigts tapotent la table comme si elle réfléchissait. » Peut-être que tu n'es pas juste pas bizarre pour moi en fait » Dylane est pas la plus sage non plus niveau connerie bien que pour le moment elle se soit calmée, chassez le naturel il revient au galop. « Je préfère le whisky tout de même » Elle prend à son tour une gorgée après avoir trinqué avec la demoiselle, Birdie donc. «  Pas le moins du monde, je ne bosse pas aujourd'hui. Nan mais je suis pas de ce genre là, si quelqu'un me fait chier, je le dis. » Elle hausse les épaules. «  L'hypocrisie c'est nul. Et en faisant ça, les personne veulent vous revoir et faut encore trouver plein d'excuses. » Elle secoue la tête. «  Par contre, je sais pas pourquoi, je suis certaine d'avoir déjà vu ta bouille quelque part mais je me rappelle pas où et ça me trotte dans la tête depuis que t'es arrivée » C'était pas en soirée ni en intervention mais où alors ?! Arf, fallait qu'elle trouve où elle allait se prendre la tête avec ça toute la journée voire même plus la petite brune.

Voilà le genre de commentaires qui revigore l’ego de n’importe quelle personne censée d’esprit. Birdie a une moue satisfaite en étalant un sourire éclatant sur ses lèvres ; pour sûr que sa journée vient d’être une réussite. Si elle a cru la commencer de mauvais augure parce qu’on lui a demandé de bouger – le service client, ne pas oublier – au moins, la flatterie aura permis de lui faire penser que non, finalement, ce n’est pas une si mauvaise journée. Pas que Birdie doute d’elle–même, jamais. Elle a assez d’estime envers sa propre personne pour passer outre les critiques, les ont–dits et les jugements qu’on lui martèle depuis qu’elle est gamine. La société, c’est vraiment moche.

En parlant de société, papy passe et Dylane réagit. Birdie tire sa clope, observant la scène avec amusement. Pour une fois que ce n’est pas elle. Pour une fois que ce n’est pas son rôle de foutre le feu au papy et de le faire littéralement fuir. Birdie siffle en le suivant s’échapper au loin. « Et ben, ils sont d’une susceptibilité et d’une étroitesse affolantes. Je suis sûre que mes grands–parents auraient adoré ce truc–là. » Birdie n’a pas d’intérêt à mettre mal à l’aise Dylane, elle pense vraiment ce qu’elle dit. Pour avoir eu des parents (absents, certes, mais quand même) comme les siens, ses grands parents sont aussi des êtres libres et libérés. A se trimbaler avec les seins nus qui tombent nus ou cultiver ses propres cultures de marijuana entre les tomates cerises et les carottes. Vraiment des gens d’exception. « Vu que t’as mon numéro, hésite pas à me faire un retour. Je serai curieuse. Et si tu te sens d’envoyer une photo en plus, je dis pas non. » Un clin d’œil plus tard – sérieusement, Birdie, t’es vraiment incorrigible – le café relevé qui arrive et une anecdote fort sympathique de la brune. « Pourquoi je suis pas surprise ? Pas un type pour rien. Il suffit qu’ils voient un décolleté pour en perdre la boule. » C’est désespérant – comme si elle est mieux (j’aime les jolies choses, c’est tout !). « Ambulancière de profession j’en conclus. Intéressant. Je prends note d’éviter d’ôter mes soutifs dans les ambulances si je veux pas finir plus amocher que je pourrai l’être. » Et le futur lui dira qu’effectivement, elle peut l’être déjà au naturel sans finir dans un poteau. « Attends de voir que je t’offre mon bracelet de l’amitié avec des pâtes fluorescentes, t’as pas fini. » Elle vient tout juste (à peine) de commencer. « Parole de quelqu’un d’honnête, je vois. » Chose que Birdie est. Dans une certaine mesure. A sa façon. « Et ça pue l’expérience aussi. Trahison, mensonge, double je ? » Et voilà la fameuse curiosité qui revient au galop. Celle qui fait que ses prunelles bleutées regardent intensément Dylane, levant sa tasse à ses lèvres pour ne pas en rajouter et qu’elle puisse trouver une réponse à ses oreilles. Avant que Dylane ne la fasse sourire de nouveau. « On me le dit souvent. Je ressemble beaucoup à la miss météo d’ABC, parait–il. » Pour lui ressembler, on ne pourrait pas faire mieux puisqu’elle l’est. Pourquoi omettre ce détail ? Sûrement pour s’amuser, tout simplement.

Birdie finit le fond de sa tasse et regarde son téléphone avant de grogner. « Et il faut justement que j'y aille. Obligée d'arriver trois heures à l'avance pour dire s'il va pleuvoir demain ou non, ça me dépasse totalement. On imagine pas toutes les contraintes qu'il y a à juste apparaitre 5min à l'écran, vraiment. » La Cadburn se lève, prend son colis sous son bras et sourit à la jolie brune. « Si jamais tu veux des photos, je peux t'en envoyer. Vu que tu m'as donné ton numéro en m'envoyant un message. » Elle lui fait un clin d'œil avant de tourner les talons et de filer. L'équipe va sûrement râler de son retard mais tant pis ; ils ont l'habitude autant qu'elle.