Finalement elle est retournée au point de départ. Elle n’a pas voulu aller chez Ginny, ni chez Matt. Elle ne veut pas réveiller Dorian et la seule personne qui n’a pas l’air d’encore trop la détester c’est Ezra. Elle le harcèle de textos pour lui demander de descendre alors qu’elle n’a pas une seule affaire sur elle. Elle a garé sa voiture, pris son téléphone en oubliant le chargeur. Elle va encore se retrouver sans moyen de communication, ça commence à devenir une habitude. Elle est assise contre la porte et elle continue de lui envoyer 10 messages à la seconde, jusqu’à ce que son téléphone rende l’âme.

Elle est dans un état pitoyable la brune. Toutes les larmes qui n’ont pas roulé sur ses joues depuis des semaines ont apparemment décidé de le faire ce soir. Elle restera peut-être contre cette porte jusqu’au lendemain matin. Elle ne veut pas avoir à faire à Dorian, même si elle sait qu’elle devra parler avec lui un jour ou l’autre. Elle ferme les yeux et lève la tête vers le ciel, cette journée semble interminable. Elle a tout brisé en un temps record la McGrath, elle n’avait jamais été aussi productive. Tout lui échappe, et elle continue de s’enfermer toute seule dans sa carapace. Sa tête se penche légèrement et les minutes passent sans qu’elle n’ait de réponse. Elle va dormir dans la rue et elle croisera son ami quand il se rendra au travail. Son téléphone s’éteint et elle grogne en tapant sa tête contre la porte en bois. “Allez Ezra…” Elle chuchote presque, parce que c’est inutile de l’appeler alors qu’il ne l’entendra pas.

Mais comme par miracle, la porte finit par s’ouvrir sur un Ezra qui a l’air endormi. Elle l’a réveillé, oups. “Je peux pas voir Dorian.” Elle mélange les phrases et les met dans le mauvais ordre. “J’ai plus d’endroit où dormir.” Ca c’est sûrement ce qu’elle aurait dû dire en premier.


@Ezra Beauregard

Il mit plusieurs minutes avant de venir ouvrir un œil. Morphée l’avait accueilli plutôt de bonheur en cette soirée et Ezra n’avait pas dit non à être cueilli de si tôt - pour une fois qu’il caressait du bout des doigts la possibilité d’une bonne nuit de sommeil. Et pourtant, le bruit incessant de son téléphone portable vibrant sur le bois de la table de nuit finit par le tirer de son sommeil. Deux heures moins sept, lui indiquaient les chiffres lumineux de son réveil. Cinquante-six nouveaux messages de Jillian, lui indiquait son portable. Fuck. Son regard vint parcourir l’écran à une vitesse éclair, à la recherche de la moindre information clef de toutes celles qu’elle avait tenté de lui transmettre à travers tous ces messages. Ce qui semblait être le plus important était qu’elle était devant chez lui - et, en ayant la tête encore dans les vapes, les pensées dans le fond de son lit, cela lui semblait plus que farfelu. Cependant, il n’était pas encore assez réveillé pour tenter de donner le moindre sens à toute cette situation. Soupirant alors de façon lasse, il vint tirer la couverture et s’extirper de son lit.

Le léger froid parcourent l’appartement en cette nuit d’hiver vint le saisir et tirer une salve de frissons le long de sa peau. Traversant l’appartement à pas de loup, ne souhaitant en rien réveiller Dorian qui dormait, lui, a poings fermés dans le canapé, Ezra se dirigea vers la porte d’entrée. S’il avait bien compris, Jill se trouvait de l’autre côté du panneau de bois - et elle l’attendait. Le pourquoi ne lui était pas encore évident mais il comptait sur la jeune femme pour lui donner quelques explications supplémentaires. Alors, dans ce qu’il voulait être le plus silencieusement possible, il vint ouvrir la porte. « Je peux pas voir Dorian. » Il se savait encore endormi - devaient en témoigner parfaitement ses petits yeux en cet instant -, mais la phrase de la brune lui semblait tout de même incompréhensible. Enfin, compréhensible mais dans le contexte, il ne comprenait pas sa place. « Quoi ? » Ses sourcils vinrent se froncer un brin sur son visage. « J’ai plus d’endroit où dormir. » Si cette seconde phrase pouvait expliquer davantage le pourquoi elle se trouvait là, ce n’était pas pour autant que tout un tas d’autres questions venaient se faufiler dans la tête d’Ezra. La seule qu’il réussit à prononcer, cependant, fut qu’une simple répétition de ce qu’il avait dit l’instant d’avant. « Quoi ? » Elle allait devoir ramer, Jill, si elle voulait faire comprendre à un Ezra encore endormi la situation clairement.

Spoiler:

Elle n'a pas compté ses messages, elle veut juste que ce con d'Ezra se réveille. Elle pourra toujours rester devant sa porte pendant des heures et le frapper lorsqu'il sort s'il ne lui a pas ouvert. Elle sait qu'il a le sommeil lourd, c'est pour ca qu'elle passe de longues minutes à enchaîner les messages et les appels. Il fait froid, et elle le trouve bien trop long. Elle ne peut pas hurler et frapper derrière la porte sans réveiller Dorian. Elle sait que si elle le réveille, soit lui soit elle va devoir quitter l'appartement. Où est ce qu'elle pourrait bien aller si elle est mise à la porte ? Elle ne réfléchit pas à cette possibilité, Ezra n'aura pas d'autre choix que de ne pas faire de bruit et l'accepter dans son appartement. Un quart d'heure de passé et elle n'a toujours pas de nouvelles. Elle grogne, elle rage un peu, mais elle attend. Il est sa dernière option, il faut bien qu'elle soit conciliante pour une fois.

Elle était en train d'écrire son cinquante septième message quand la porte s'ouvre. Elle sourit, se retient de se foutre de la gueule d'Ezra qui a l'air complètement à l'ouest. Elle retient une remarque aussi, il ne faut pas oublier qu'elle doit être acceptée dans sa chambre. Il ne comprend rien, il pose 2 fois la même question alors qu'elle tente de lui faire comprendre ce dont elle a besoin de la manière la plus simple possible. Elle lève les yeux au ciel, soupire et passe sa tête derrière la porte pour voir où peut bien être Dorian et pour être sûr qu'il dort. "Tu radotes papy" elle chuchote et lui fait signe de ne pas faire de bruit. Elle montre son sac avec son menton, ce n'est pas assez clair comme ca ? “Je vis plus avec Bailey. Faut que je dorme quelque part et t'es le seul que je peux venir deranger a cette heure là"

S’il y avait bien un adjectif qui décrivait parfaitement l’état d’Ezra présentement, c’était perdu. Parce-qu’il était bien tard déjà au milieu de la nuit, parce-que le fait de trouver Jillian sur son pallier dans ces conditions n’était pas habituel, parce-qu’il n’arrivait pas à reconnecter entre elles les images et les informations qui étaient à sa portée. Alors, il vint insister sur sa question, la répétant par deux fois, cherchant dans le regard de la jeune femme et dans son comportement au moins un élément qui pourrait l’aider à comprendre ce qui était en train de se passer.

Seulement, la seule chose qui vont s’afficher à lui comme une évidence fut le sourire de Jill, bien trop grand et bien trop amusé pour quelqu’un qui venait de passer les dernières heures à le harceler d’appels et de messages - cinquante-sept au compteur désormais, même s’il n’avait pas encore découvert ce dernier. « Tu radotes papy » Ezra vint soupirer, ne prenant même pas la peine de venir cacher son désespoir prématuré. « Tu veux quoi Jill ? » Si toute l’attention du Beauregard était concentré sur elle,  la réciproque n’était pas vraie. Jill, elle, prenait bien le temps de venir passer la tête par la porte pour inspecter les lieux - a.k.a l’appartement d’Ezra. « Jillian... » Il commençait déjà à perdre patience, le pauvre, alors que la demoiselle consentit à venir lui donner un premier élément d’indice sur le contexte dans lequel elle venait de le plonger en montrant son sec d’un mouvement du menton. « Je vis plus avec Bailey. Faut que je dorme quelque part et t'es le seul que je peux venir déranger a cette heure là. »

S’il n’était pas réveillé jusque là, pour sur les derniers mots de Jill venaient de lui donner un coup de fouet pour plus d’une raison - et il ne perdit pas de temps pour venir poser les questions qui pouvaient déranger. « Comment ça tu vis plus avec Bailey ? » Il était au courant que la vie n’était pas toute rose entre les deux amoureux depuis la naissance des jumeaux, il n’avait été que trop au courant des faits et de aboutissants de toutes les dernières aventures chez les McGrath-Fitzgerald. Cependant, il n’avait pas imaginé un seul instant que le besoin et l’envie de Jill de s’éloigner de sa famille persisteraient.

Et au moment où il s’apprêtait à venir prononcer d’autres paroles, ajouter un commentaire sur ce qu’elle venait de lui dire, un léger bruit de mouvement se fit entendre en arrière plan. Merde, Dorian. Pendant un instant, alors que ses pensées étaient encore embuées de sommeil, Ezra avait oublié que son jeune employé était lui en train de dormir à poings fermés. Il se ravisa donc d’ajouter quoi que ce soit à haute voix, se contentant de faire un signe de tête à Jillian de se diriger directement vers sa chambre pour qu’ils puissent discuter en étant plus discrets. L’instant d’après, il verrouillait la porte de son appartement avant de se mettre à la suite de la demoiselle. Doucement, il vint fermer après leur passage la porte de sa chambre, puis il se tourna dans sa direction. « Je croyais que tu devais retourner vivre chez toi ? Et justement avec Bailey ? » Ils n’y étaient jamais allé par quatre chemins entre eux deux.

Spoiler:

Il l’appelle Jillian et elle se retourne instinctivement vers lui, le regard noir. Elle déteste ça et il le sait très bien. “Arrête.” Elle n’aime pas répondre à ce prénom. Ce n’est pas de sa faute si ses parents ont un goût immonde pour les prénoms. Il n’y a qu’à voir tous les prénoms qu’ils ont choisi pour leurs enfants. Elle serre les dents, et elle trouve ça dommage qu’il cherche à l’énerver lui aussi. Elle est déjà d’une humeur exécrable la McGrath, et il ne fait qu’aggraver la chose. Elle s’explique un peu, ne donne pas les détails. Elle sait qu’Ezra n’apprécie pas Bailey, et elle n’a pas envie de rajouter de l’huile sur le feu. Surtout qu’elle est douée pour retourner la situation et faire en sorte que, dans ses dires, rien ne soit de sa faute.

Elle tient toujours quelques affaires entre ses mains. Elle a laissé son gros sac de voyage chez Bailey. Avec la carte postale. Elle ne sait pas s’il la lira un jour mais elle attendra de voir. Elle ne sait même pas quand est ce qu’il acceptera de la revoir. Il lui en veut terriblement d’avoir fait ce qui était bon pour elle, et Jill n’est pas prête à s’excuser. Elle pense que c’était indispensable, qu’elle n’aurait pas pu survivre sans fuir loin de la ville pendant quelques jours. Pour elle, elle n’a fait aucune erreur. Et ça la frustre que le Fitzgerald ne lui ait pas pardonné du premier coup comme il l’a toujours fait pendant dix ans. Lui aussi est en train de changer, elle commence à le voir et elle n’arrive pas à savoir si ce changement lui plaît ou non. “Je vis plus avec lui. Y’a pas plus à dire.” Elle pourrait dire des milliers de choses mais elle préfère fermer la bouche et attendre qu’il accepte de la laisser entrer. Elle le connait. Jamais il ne la laisserait seule dans la rue, même pour une seule nuit. “J’y suis allée.” Finalement, elle parle un peu. Ils sont enfin rentrés quand Ezra s’est souvenu que quelqu’un était déjà sur son canapé. Elle a été le plus discrète possible et elle se retrouve à s’allonger sur le lit d’Ezra avant même qu’il ne lui donne l’autorisation. “Mais il m’a demandé de partir.” Elle adore rejeter la faute sur les autres, alors qu’elle sait très bien que Bailey a totalement raison de ne pas l’avoir accepté dans la maison après un simple sourire.  

« Arrête. » Le regard noir qu’elle vint lui lancer, alors qu’il ose venir l’appeler par son prénom complet, l’aurait fait sourire dans toute autre situation. Il serait même venu sûrement lui ajouter une couche de moquerie, s’il n’était pas aussi peu réveillé et si les nouvelles qu’elle lui avançait ne le choquaient pas autant. Car la demoiselle venait en réalité lui annoncer qu’une partie de son plan initial avait échoué - et ce n’était pas rien, puisqu’elle ne vivait plus avec son mari et qu’elle était désormais à la rue.  « Je vis plus avec lui. Y’a pas plus à dire. » Bien sûr qu’il y avait matière à dire bien plus, il n’était pas idiot Ezra. Mais pour le moment, ils étaient toujours tous les deux dans l’ouverture de la porte d’entrée de l’appartement, Dorian dormant que le canapé dans la pièce d’à côté, susceptible de les entendre et de se réveiller - il avait envie de bien des choses présentement Ezra, mais pas de la troisième guerre mondiale dans son salon entre le jeune homme et Jillian. Alors, il vint indiquer à la demoiselle de le suivre plus loin, de l’accompagner jusque sa chambre, afin qu’ils puissent être à l’abri des regards et des oreilles indiscrets.

La porte fut fermée à leur suite, la conversation pouvait reprendre - il n’hésita pas un seul instant avant de retourner dans le vif du sujet en tous cas. Jillian lui donnerait des réponses, qu’elle le veuille ou non; l’échange n’était pas négociable présentement, ou sinon elle passerait la nuit dehors si Ezra avait bien compris la situation. « J’y suis allée. » Il n’avait même pas eu le temps de lui indiquer qu’elle pouvait faire comme chez elle le temps de la discussions, qu’elle s’allongeait déjà sur le lit, prenant ses aises. Pinçant ses lèvres en une ligne fine, il ne fit cependant aucun commentaire - elle lui devait avant tout des explications. « Mais il m’a demandé de partir. » Là, il vint hausser un sourcil. Il pensait Bailey sincèrement et éperdument amoureux de la demoiselle, au point de ne jamais avoir à lui fermer la porte au nez. « Il y’a mise à la porte ? Sérieusement ? » Parcourant les quelques pas qui le séparaient du lit, il vint s’asseoir sur le bord de ce dernier, quelque peu déstabilisé. Il pensait que Jillian allait lui avouer qu’elle avait une nouvelle fois fui sa maison, son foyer, et il s’apprêtait à lui remettre les pendules à l’heure rapidement. « Tu lui as dit quoi ? Il est toujours fâché par rapport à... l’autre jour ? » Inutile était-ce de préciser qu’Ezra n’approuvait pas la prise d’initiative de la McGrath, sa fuite au détriment du bien-être de sa famille, mais il ne pensait pas Bailey capable de lui tourner le dos de la sorte là où il le savait capable de mieux. Après tout, il avait fait mieux auprès de Ginny - que ça plaise à Ezra ou non.

Spoiler:

Elle a enfin passé la porte d’entrée et par miracle elle n’a pas réveillé Dorian en entrant. Il faut dire qu’il a un sommeil lourd le jeune homme. Elle a rentré son petit sac, son grand sac étant resté dans son ancienne maison. Elle ne réalise pas vraiment ce qu’il se passe Jill, elle continue de prendre ça comme si ce n’était rien, seulement une crise passagère. Il lui pardonnera comme il le fait toujours. Mais il l’a viré, et c’est la première fois que c’est lui qui prend ce genre de décision. En temps normal, c’est Jill qui s’en va, elle qui s’éloigne de sa famille et qui préfère fuir plutôt que d’affronter ses responsabilités. Elle aurait été affreuse avec lui s’il avait fait la même chose, et pourtant, elle préfère se dire qu’il a surréagit en la virant de la maison. « Il y’a mise à la porte ? Sérieusement ? » Elle hoche la tête sans regarder Ezra. Elle a pris ses aises et s’est allongée sur son le lit sans même lui demander son avis. “J’ai laissé mon gros sac là-bas, et je savais pas où aller.” Etonnement, il est la première personne à laquelle j’ai pensé.  

« Tu lui as dit quoi ? Il est toujours fâché par rapport à... l’autre jour ? » “Je lui ai rien dit…” Et c’est peut-être ça le problème. Elle ne s’est pas excusée, et elle ne regrette même pas de s’être échappée pendant une longue semaine sans donner aucune nouvelle. L’autre jour, c’est donc comme ça qu’il défini sa fuite et elle rit un peu. Un rire amusé ou un rire nerveux, même elle elle n’en sait absolument rien. “Il était furieux” et elle ne cherche même pas à le comprendre. “Je suis arrivée et Bowie pleurait, alors je suis allée le récupérer dans le lit à côté de Bailey alors qu’il dormait et je l’ai bercé quelques minutes.” Elle hausse les épaules et soupire, en continuant de regarder le plafond. “Je regrette pas d’être partie.” Et ça, Ezra le sait aussi bien que Bailey.

Le fait que Jillian vienne hocher la tête à la première question d’Ezra ne prédisait pas spécialement quelque-chose de bon pour la suite. Bailey l’avait mise à la porte et rien dans toute cette histoire ne semblait tourner rond. Il était normalement l’homme stable, sur qui on pouvait compter en toutes circonstances - même si ça faisait mal à Ezra d’y penser de la sorte -, pas le type d’homme à fermer la porte au nez de sa femme. Il était bien au courant qu’il ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants de leur histoire, à Jill et lui, mais il lui semblait en avoir vu assez de son caractère à elle et de son comportement à lui pour comprendre l’essentiel. « J’ai laissé mon gros sac là-bas, et je savais pas où aller. » Ezra vint soupirer, tout doucement, mettant toutes les nouvelles informations en place dans son esprit. A son tour, et comme un parfait effet miroir, il vint hocher la tête aux paroles de la jeune femme. Il comprenait mieux pourquoi elle était venue frapper chez lui avec autant d’insistance.

« Je lui ai rien dit… » Qu’elle vint avouer lorsqu’il lui demande comment la discussion s’est déroulée par rapport à la situation dans laquelle Bailey et elle se trouvaient. Fronçant quelque peu les sourcils, Ezra tentait d’observer le moindre changement d’expression sur le visage de la jeune femme. « Il était furieux. Je suis arrivée et Bowie pleurait, alors je suis allée le récupérer dans le lit à côté de Bailey alors qu’il dormait et je l’ai bercé quelques minutes. » Les enfants pouvaient être tout autant une source de bonheur qu’un puits de problèmes au sein d’un couple - testé, plus ou moins approuvé. Ils apportaient une forme de lâcher-prise qui était compliquée à mettre en place et, paradoxalement, à maitriser. Le jeune couple vivait ce que tous nouveaux parents traversaient, à savoir une période de doute et de remise en question, saupoudrée de deux caractères bien trempés et de quelques problèmes de tempérament du côté de madame. « Je regrette pas d’être partie. »

Le soupire d’Ezra à la suite de ces mots là fut plus appuyé, plus las également. Il refusait de se dire qu’elle disait vrai, qu’elle pensait réellement ses paroles - et pourtant, tout le contraire dans le monde lui prouvait la positive. Jillian était réellement soulagée de ne plus être chez elle présentement et c’était peut-être ça qui peinait le plus le Beauregard. Pas la partie où Bailey et elle n’étaient pas en accord dernièrement, ça c’étaient leurs problèmes. Mais plus le fait qu’elle tourne le dos à un foyer aimant et qui voulait d’elle en l’acceptant telle qu’elle l’était. « Je sais. » Qu’il vint finalement concéder, après peut-être une minute ou deux de silence. Ca lui faisait mal de l’avouer, mais il savait qu’elle disait la vérité. « Même si je suis pas d’accord avec ça, je sais. » Il aurait pu enchainer sur n’importe quel discours, Ezra, mais il était las de voir qu’elle se résignait à ce type de vie, à juste tout lâcher pour ne pas avoir à affronter ce qu’il y avait de plus précieux dans ce monde: l’amour. « Pour ce qui est de Bailey, en réalité c’est pas mon problème, vous faites ce que vous voulez. Et c’est pas moi qui vais défendre son parti, tu sais bien. » Il avait muri, Ezra, mais il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin.

« Par contre, compte pas sur moi pour expliquer à tes gosses dans dix ans pourquoi leur mère a été une lâche et qu’elle les a abandonné. » Ses mots étaient crus, ils étaient violents - mais il ne saurait faire autrement. Il les avait prononcé avec toute la bienveillance dans sa voix, mais cette dernière contrastait parfaitement avec le contenu de ses paroles. Et pour se faire, il ne s’était pas dégonflé et avait relevé son regard pour le plonger dans celui de la jeune femme, insistant grâce à ce dernier à laisser un petit silence s’installer entre eux.

Spoiler:

Elle ne cache rien à Ezra, il a besoin de savoir et elle a besoin de le verbaliser. Elle soupire, s’allonge sur le lit et regarde le plafond. Elle préfère ne pas voir le regard que lui lance Ezra quand elle continue de parler. Il est le seul à qui elle parle sans aucun filtre et elle ne sait même pas si elle fait bien. Ils se sont retrouvés depuis seulement quelques mois et elle ne sait pas encore si leur lien est aussi solide qu’il l’était des années en arrière.

Elle ne regrette pas d’être partie, et elle ne s’en cache pas. Et certainement pas devant lui. « Je sais. » Bien sûr qu’il sait, parce qu’il la connait et qu’il comprend comment elle fonctionne. Il sait ce qui peut se passer dans sa tête dans ce genre de situation. « Même si je suis pas d’accord avec ça, je sais. » Il n’est pas d’accord, personne n’est jamais d’accord avec elle, sauf Raelyn. Elle a d’ailleurs du mal à se souvenir de leur dernière soirée mais la McGrath se souvient d’avoir parlé, et peut-être un peu trop. « Pour ce qui est de Bailey, en réalité c’est pas mon problème, vous faites ce que vous voulez. Et ce n’est pas moi qui vais défendre son parti, tu sais bien. » Elle ne peut se retenir de rire un peu, elle tourne rapidement ses yeux vers Ezra, ça ne s’arrangera sûrement jamais entre les deux hommes et Jill n’est pas là pour essayer de les rabibocher. Elle secoue la tête et reporte finalement son attention sur le plafond de la chambre qu’elle va occuper pour au moins une nuit. Elle ne sait pas comment elle va passer inaperçue et ne pas se faire repérer par Dorian. Elle y réfléchira plus tard. “Je sais bien.” Les histoires entre les membres de son entourage ne pourraient pas être plus compliquées.

« Par contre, compte pas sur moi pour expliquer à tes gosses dans dix ans pourquoi leur mère a été une lâche et qu’elle les a abandonné. » Et ça ça fait mal, ça blesse terriblement et elle serre les dents. Il ne devrait pas jouer sur ça. Elle lui lance un regard noir. “T’as pas le droit de dire ça.” Elle ne les a pas abandonné. Elle se rassoit et croise les bras sur sa poitrine. “Je suis pas un monstre.” Si elle continue de le dire elle arrivera peut-être à s’en convaincre. “Si je fais ça c’est pour eux.” Elle sait très bien qu’elle ment, et Ezra le sait aussi.

Il avait l’impression que les mots qu’il avait pu lui dire auparavant n’avaient pas fait leur travail correctement, qu’ils ne s’étaient pas imprimés dans les pensées de la jeune femme. Même s’il comprenait pourquoi c’était le cas, il se refusait à se cantonner à ça - qu’à ça -, contrairement à la jeune femme qui semblait résignée à voir la suite de sa vie lui échapper d’entre les doigts sans rien faire. Elle allait le regretter, il le savait. Il l’avait regretté et s’il avait pu avoir la chance de rattraper son comportement et quelques moments de vie perdue de son côté, cette chance était souvent que trop peu présentée. Elle se devait de s’accrocher, encore un peu, pour entrapercevoir les premiers effets positifs de s’accrocher à la vie qui nous était destinée.

Jillian lui accorda un petit rire, cependant, au milieu de tout ce chaos lorsqu’il vint marquer une petite plaisanterie sur Bailey - c’était plus fort que lui, il avait grandi et muri mais il restait tout de même Ezra face à l’autre homme. « Je sais bien. » Et s’il vint accorder son sourire à celui de son amie un instant, celui qui vint y succéder, le sérieux avait repris ses droits sur la conversation. Elle était venue ici pour trouver un refuge, Jill, et Ezra lui accorderait ce point là. Mais ce serait sous ses conditions, et une de ces dernières étaient d’écouter ce qu’il avait à lui dire avant toute chose. « T’as pas le droit de dire ça. » Elle vint accompagner ses mots d’un regard noir, et Ezra vint soutenir les deux billes le fixant si intensément. « Je dis ce que je veux. » Même si ses mots étaient fermes, sa voix restait douce. Il savait que la brusquer ne servait plus à rien - been there, done thath, sans réels résultats -, alors il tentait la version plus douce, plus calme. Il grandissait Ezra, à tous les jours. « Je suis pas un monstre. » « C’est pas ce que j’ai dit. » « Si je fais ça c’est pour eux. » « C’est pour toi si tu fais ça. »

Si elle voulait jouer à la têtue, si elle voulait lui tenir tête, il viendrait répondre à son appel. Mais il ne la laisserait pas gagner la manche s’il était persuadé d’avoir une main gagnante. Et c’était le cas présentement. Soupirant, il vint finalement s’allonger aux côtés de la jeune femme, finissant par passer un bras sous sa nuque, rapprochant sa silhouette de la sienne, resserrant son étreinte nouvelle. Il avait essayé de la confronter pour la faire réagir, désormais il ne lui restait plus qu’à lui démontrer la fausseté de son point de vue tout en restant à ses côtés. Elle était perdue, Jillian, la vie lui roulant dessus s’en se souciait d’où elle se trouvait, de comment elle se sentait. Si cela avait toujours été monnaie courante dans l’historique de la jeune femme, ce n’était pas pour autant que cela devait continuer ainsi. « J’ai pas dit que t’étais un monstre , t’en es pas un, mais je te montre ce qui se passera si tu pars maintenant. » Il s’autorisa un petit soupire, désolé de devoir jouer ce rôle là à ses côtés à elle. « Tu fais ça pour toi, et Bailey qui te met à la porte, ça t’aide pas du tout. »

Spoiler:

Il la cherche et il sait exactement où appuyer pour que ça lui fasse mal. Pour qu’elle réfléchisse, trop sûrement. Elle fixe le plafond et essaie de ne pas se concentrer ni sur lui ni sur ses mots. Il reste debout au milieu de sa chambre alors qu’il fait nuit. Elle ne sait pas ce qu’elle aurait bien pu faire s’il ne s'était pas réveillé. Elle préfère ne pas s’imaginer le pire, alors elle reste calme et elle ne lui hurle pas dessus. Il ne doit pas prendre pour tout le monde, il ne mérite pas ça. Et elle ne veut pas réveiller Dorian qui dort encore dans la pièce d’à côté. « C’est pas ce que j’ai dit. » “C’est sous entendu.” Comment pourrait-on qualifier une personne qui abandonne ses enfants autrement qu’un monstre ? Elle est à bout Jill, elle n’a plus aucune force mentale ou physique, elle aimerait juste que tout ça finisse par s’arrêter.

« C’est pour toi si tu fais ça. » Oh qu’elle le déteste de la connaitre aussi bien. De savoir exactement à quel point elle peut être égoïste quand elle a peur. Elle a les larmes au bord des yeux et pourtant elle les retient de toutes ses forces. Elle a ce qu’elle voulait non ? Elle est libre et elle n’a plus aucune responsabilité si elle reste ici. Alors elle n’a pas le droit de pleurer. “Je te déteste.” Et son regard se tourne à nouveau vers le plafond pour tenter de l’ignorer. Elle n’aurait jamais dû venir ici, elle aurait dû errer dans les rues en se disant qu’elle avait raison et que le monde entier ne la comprenait pas.

Elle pince les lèvres, réfléchit encore et encore, et sa frayeur augmente si c’est possible. Ezra finit par s’allonger à côté d’elle et la prendre dans ses bras. Elle niche son nez contre son épaule et reste contre lui tant qu’il parle. Elle avait certainement besoin de ça, elle respire un peu mieux maintenant qu’elle profite de cette étreinte. « J’ai pas dit que t’étais un monstre , t’en es pas un, mais je te montre ce qui se passera si tu pars maintenant. Tu fais ça pour toi, et Bailey qui te met à la porte, ça t’aide pas du tout. » Elle soupire et seulement une larme coule sur sa joue parce qu’elle n’arrive pas à tout retenir. “Au moins je pourrai me cacher là pour toujours.” Elle sait très bien que ça ne serait pas possible, et pourtant, l’idée est tentante.

« C’est sous entendu. » Ca ne l’était absolument pas, mais il se retint de faire de suite une commentaire. Pour le moment, il n’avait pas envie de déclencher - de nouveau - la troisième guerre mondiale, sachant surtout que Dorian dormait à poings presque fermés dans le salon d’à côté. Il avait besoin que l’ambiance dans la chambre reste assez calme pour qu’elle reste, justement, dans la chambre - autant l’ambiance que Jillian.

Et à la façon dont elle évitait saignement de croiser son regard, ou ses paroles prenaient une tournure proche de leur dernière discussion - quelque peu houleuse -, ce n’était pas tant bien parti que ça. « Je te déteste. » Les mots semblaient devoir être normalement chargés d’une haine quelconque, et pourtant à travers ces derniers Ezra semblait entendre une supplication. Surtout qu’il les savait plus faux que tout au monde, Jillian ne le détestant pas réellement. Elle détestait surtout le fait qu’il vienne mettre le doigt là où ça faisait mal, sans se soucier de savoir si ça allait lui plaire ou non. Beaucoup de personnes prenaient des pincettes lorsque la discussion avec la jeune femme était enclenchée. De son côté, il ne l’avait jamais fait - que ce fusse au passé ou au présent. Lé réciproque était tout aussi vraie, de toutes façons. « Tu mens. » Il voulait apaiser l’ambiance, mais sortir de telles paroles n’était surement pas le meilleur des moyens.

Alors, ce qui sembla être l’instant d’après, il était allongé à son tour sur le lit, venant cueillir Jillian dans ses bras. C’était quitte ou double: soit elle acceptait l’étreinte, soit elle mettait fin à ses jours. Il espérait réellement que la première option soit le bonne. Alors, il se contenta de reprendre la parole en attendant qu’elle décide de son côté que faire, en attendant de voir si elle mettait sa vie à lui en jeu ou s’il était assez chanceux pour vivre un jour de plus. Après plusieurs instants d’hésitation, elle vint finalement nicher son nez dans son cou - il pouvait désormais sentir son souffle se régulariser contre sa peau, alors il vint frotter son dos délicatement de sa main libre.

« Au moins je pourrai me cacher là pour toujours. » Il vint laisser échapper un petit soupire attendri, cette fois. Ca pourrait être la solution de facilité. Ezra avait toujours été de ceux qui accueillait Jill à bras ouverts et telle qu’elle était. Il pourrait lui faire une petite place dans sa vie si ça pouvait lui permettre de stabiliser la sienne. Cependant, la vie ne se résumait pas à des solutions de facilité de la sorte - malheureusement. « Tu sais que ça aurait été avec plaisir. » Et parce-que le mais n’était jamais vraiment très loin mais valait toujours la peine d’être posé, explicité. « Mais c’est pas moi, ta famille. Plus maintenant. » Une petite moue nostalgique se glissa sur ses lèvres. «  Tu pourras toujours te cacher là quand t’en auras besoin, mais je suis pas la personne a qui tu vas le plus manquer. » Il ne savait pas où sa relation avec Bailey s’en allait, mais ce n’était que le cadet de ses soucis - ou plutôt des soucis de Jillian auxquels il souhaitait prêter son attention. De cette mention, il parlait surtout de ses enfants.

Spoiler:

« Tu mens. » Bien sûr qu’elle ment. Elle ne le déteste pas et ça ne sera jamais le cas. Elle déteste tout ce qui entoure cette conversation et le fait qu’il ait raison. Qu’au fond tout le monde a raison et qu’elle est la seule qui ne comprend pas qu’elle devrait profiter de tout ce qui lui arrive. Elle n’est pas encore prête, même si Ezra tente de la mettre face à ses responsabilités. Elle continue de fermer les yeux Jill, elle ne veut pas voir tout ce qu’elle a et préfère penser à ce qu’elle a perdu jusque là. Mais Ezra n’en démord pas. Il ne la lâche pas d’une semelle et ne la laisse pas fuir comme elle l’aimerait pour que tout soit plus simple.

Elle reste sur le lit et le regarde s’installer à son tour. Il n’a pas l’air tout de suite à l’aise mais finit par enlacer Jill qui répond à son étreinte. Elle se cale contre lui et soupire. Ils pourraient rester là, sans parler, mais Ezra en a décidé autrement. Il parle et continue de la mettre au pied du mur. Elle ne peut pas fuir, mais elle peut toujours se taire. Elle aurait dû, elle n’aurait pas dû parler de se cacher chez lui jusqu’à la fin des temps. Il ne veut pas, et ça ne l’étonne pas. Elle disait ça en riant, sachant très bien que ce n’était pas la bonne solution. « Tu sais que ça aurait été avec plaisir. » “J’en suis pas si sûre” elle chuchote toujours la tête enfouie dans son cou. « Mais c’est pas moi, ta famille. Plus maintenant. » Son coeur se brise à cet instant. Il n’a pas le droit de dire de telles choses. Avec les parents qu’elle a eu la McGrath, elle a appris à se construire sa propre famille, et Ezra en a fait partie pendant des années. “Tu peux pas dire des choses comme ça.” Ca parait être une fatalité. “J’ai jamais eu besoin que tu sois avec ma soeur pour que tu fasses partie de la famille que j’ai décidé d’avoir.” Elle fronce les sourcils, sa tête ne bouge pas et elle garde ses bras enroulés autour du jeune homme. « Tu pourras toujours te cacher là quand t’en auras besoin, mais je suis pas la personne a qui tu vas le plus manquer. » “Ca veut dire que je te manquerais pas si je partais ?” Elle sourit, préfère s’en amuser plutôt que de prendre le sujet trop au sérieux. “Je pense pas que je dois beaucoup leur manquer là.”

Elle s’était calmée, Jill - il pouvait le sentir au fur et à mesure que son corps semblait moins stressé au coeur de ses bras, au creux de son étreinte. Il la sentait qui se relaxait, prenant une respiration plus apaisée, des paroles plus douces également. Et c’était l’effet escompté, c’était là où il voulait en venir depuis qu’elle l’avait harcelé depuis l’autre côté de la porte. Il lui fallait comprendre, à Jillian, mais ce soir n’était plus le bon moment pour la confronter comme il savait pourtant parfaitement le faire. Ce soir, il lui fallait un soutien infaillible - et il tentait de son mieux pour être ce soutien, malgré tout, Ezra. « J’en suis pas si sûre. » Qu’elle vint quand même oser lui dire, lorsqu’il lui concède que ça aurait été avec plaisir qu’il l’aurait gardé avec lui tout la vie pour la cacher du monde extérieur. « C’est parce-que t’as pas les idées claires. » Ce n’était pas un reproche, simplement une constatation. La jeune femme broyait du noir et ne voyait que le côté négatif de la situation. Ezra était la partie positive mais elle ne semblait pas vouloir l’accepter.

Jusqu’à temps qu’il ose dire qu’elle n’était plus sa famille, désormais - quelle erreur il n’avait pas fait, ou alors qu’elle geste inespéré il avait réussi à effectuer pour la faire voir quelque peu les choses autrement. « Tu peux pas dire des choses comme ça. » Il vint soupirer, tout en étirant un petit sourire. « Toi tu peux, mais pas moi, c’est ça ? » U fond d’humour et un brin de taquinerie dans ses mots s’étaient immiscés. Il ne voulait pas dramatiser la chose, mais il savait que théoriquement, il n’était plus sa famille depuis le jour où les parents McGrath avaient décidé de n’en faire qu’à leur tête avec leurs enfants. « J’ai jamais eu besoin que tu sois avec ma soeur pour que tu fasses partie de la famille que j’ai décidé d’avoir. » Et là, Jill réussit à venir laisser Ezra le souffle coupé, pour la première fois de façon figurative bouche-bée. Lui qui menait la conversation depuis qu’elle avait mis un pied dans son appartement se retrouvait à ne plus savoir quoi lui répondre - alors, pour le moment, il se contenta de venir la serrer un peu plus fort contre lui. Ils avaient toujours été comme chat et chien entre eux, Jill et Ezra, à se chercher et à se repousser dès l’instant suivant. Mais ils n’étaient pas du genre à oser de dévoiler de la sorte, pas quand il s’agissait de ce qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Ezra avait moins de mal à recevoir un je te déteste de la part de la jeune femme qu’un t’es ma famille. Etrange, comment les choses étaient faites.

Il se contenta, à la suite, de venir reprendre son plaidoyer tout en n’oubliant pas, pour commencer, de déposer un tendre baiser sur le front de la jeune femme. Ce n’était pas parce-qu’il ne savait exprimer parfaitement ce qu’il ressentait qu’il ne saurait le démontrer autrement. « Ca veut dire que je te manquerais pas si je partais ? » Elle pouvait être si mignonne un instant et tant insupportable celui d’après - mais il décelait une brin de taquinerie dans sa phrase, son sourire contre son cou, et ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel pour venir jouer à son propre jeu. « Je serais enfin tranquille, oui. » Totalement faux. « Je pense pas que je dois beaucoup leur manquer là. » Hésitant un instant, s’autorisant à soupirer une dernière fois, il vint finalement se reculer quelque peu de la jeune femme pour venir plonger ses yeux dans les siens. « Y’a qu’une seule façon de le savoir. Aller les retrouver et le voir par toi même. » Il était persuadé que la réponse serait qu’elle leur avait manqué, sans surprise. « Pas de suite bien sûr, vu comment tu portes ta fatigue dans tes cernes tu vas rester dormir un peu avant de repartir. » Il s’osa un petit sourire amusé, taquin. Elle avait relancé les hostilités, après tout. « Mais demain par exemple ? »

Spoiler:

Elle ne bouge pas, reste dans ses bras et respire un peu plus calmement. Elle a bien fait de venir chez lui, de s’autoriser à compter sur lui même si elle ne l’avoue pas à voix haute. A cet instant, il est celui qui l’aide à tenir la tête hors de l’eau quand tout le reste de sa vie cherche à l’entraîner dans le fond. Ils ne bougent pas mais ne sont pas silencieux. Ezra n’a pas abandonné et ça pourrait l’amuser Jill si ça ne la touchait pas aussi profondément. « C’est parce-que t’as pas les idées claires. » Le ton redevient plus calme, plus taquin et c’est comme ça qu’elle aime le retrouver. Elle se demande, à cet instant, comment elle a pu essayer de briser leur lien pendant tant d’années, alors qu’en réalité elle en avait vraiment besoin.

Elle ne réfléchis pas à quels mots elle utilise Jill, tout est fluide, et tout vient directement du coeur. Il fait partie de ses amis tellement proches qu’elle s’en est fait une famille. Les vraies personnes sur lesquelles elle peut compter à tout moment. Et, depuis quelques mois, Ezra est revenu en tête de la liste. Il était là alors qu’ils ne s’étaient pas vraiment parlés depuis des années, comme si de rien n’était. Et c’est ce qui se passe encore aujourd’hui, ils se retrouvent, comme si de rien n’était. Il ne répond pas le blond, elle sait à quel point il fait partie des gens qui ne savent pas mettre des mots sur ce qu’ils ressentent alors elle ne le prend pas mal. Elle ne parlait pas de ça pour avoir une réponse. Elle a toujours été franche la McGrath, alors elle continue sur cette voie. Parce que, à Brisbane, elle s’autorise à s’attacher de nouveau à des gens qui ont déjà été importants pour elle. Il resserre l’étreinte et pose un baiser sur son front. Ca suffit pour qu’elle comprenne. Ils ne s’en veulent plus pour tout ce qui s’est passé il y a onze ans. Ils profitent de retrouver cette complicité qu’elle n’a qu’avec lui. « Je serais enfin tranquille, oui. » Le pied de Jill se retrouve à taper contre le tibia d’Ezra. “Oups, je t’avais pas vu.” Qu’elle se moque en riant encore un peu.

Le sujet qui revient est sérieux, et elle est terriblement négative la brune. Elle pense vraiment que plus personne ne veut d’elle, et elle a tout fait pour ça. Mais elle est malheureuse, mais comment combiner tout ce qui se passe dans sa vie pour qu’elle trouve enfin cet équilibre qu’elle a toujours cherché. « Y’a qu’une seule façon de le savoir. Aller les retrouver et le voir par toi même. » Elle le laisse se reculer pour capter son regard. « Pas de suite bien sûr, vu comment tu portes ta fatigue dans tes cernes tu vas rester dormir un peu avant de repartir. » Elle soupire de soulagement, il a compris qu’elle était épuisée et qu’elle avait besoin d’un peu de temps pour elle et pour penser à tout ce qu’il a pu lui dire. “Je dors du côté droit !” Elle a besoin de légèreté mais son regard reste ancré dans celui du jeune homme. « Mais demain par exemple ? » “Bientôt.” Elle ne sait pas encore si ce sera demain ou après demain, mais ce qu’elle sait c’est qu’elle finira par retourner les voir.