Swann n’a jamais évoqué la maladie de son ami depuis qu’il lui en a fait part. Ses messages de réponses sont restés neutre et il n’a pas évoqué le sujet une fois en face à face, devinant que ce n’est pas le genre de chose dont le brun a envie de parler à longueur de journée. Ils ont tous deux fait des études de médecine et savent ce qu’il en advient et pourtant il ne s’agit pas là d’un patient comme un autre pour lequel on peut se contenter de donner quelques conseils avant de retourner vaquer à sa propre vie comme si de rien n’était. Même s’il se complaît parfois à le détester, Martin fait partie de sa vie depuis de longues années maintenant et quoi qu’il en dise, il s’inquiète pour lui. Bien loin de ses capacités physiques et surtout de sa capacité ou non à travailler, il s’inquiète de savoir s’il peut en souffrir et surtout à quel point et aussi à quel pourcentage cela peut impacter sa vie. Parler en pourcentage permet de se faire un avis plus concret à son sens - et cela permet aussi de ne pas entrer dans les détails de la vie quotidienne, ce qui serait sans doute bien trop lourd à supporter pour les deux partis.

Ce sont pour toutes ces raisons et bien d’autres encore qu’ils ont passé l’accord de se retrouver au bar du quartier après le boulot ; ce même bar qui s’avère être celui tenu par le grand frère de Swann. Ils sont servis au milieu de la bonne humeur de Decklan alors que Lucia, elle, n’est pas de service ce soir - et autant dire que c’est une chose que Swann a pris en considération avant de proposer le DBD pour aller se détendre. Non pas qu’il cherche à la cacher et bien loin de là, c’est pour lui un moyen de la présenter progressivement à ses proches alors qu’ils ont promis de doucement franchir les étapes dans leur relation. Quoi qu’elle puisse dire, il aura toujours l’impression d’aller trop vite pour elle et, parfois, de se prendre à son propre jeu. Pour autant il n’y a rien d’alarmant et il continue de croire qu’ils doivent simplement apprendre à s’adapter l’un à l’autre. Après tout ils se sont proclamés en couple il y a de ça un mois, presque deux, et il n’a jamais été aussi heureux. Pour rien au monde il ne voudrait retrouver sa vie d’avant. “Je t’ai dit que je voulais adopter un chien d’ailleurs ?” Non bien sûr que non, il ne lui a pas dit et la question se noie bien assez rapidement dans les gorgées de sa bière qu’il enchaîne à peine cette dernière posée sur la table. La journée a été longue au travail et ses muscles le tiraillent, il ne doute pas que ce soit la même chose pour Martin. Ils ont bien mérité un peu de repos, un match de football australien diffusé en arrière plan sur les écrans du bar. Le blond garde un oeil sur le score sans pour autant être absorbé sur le match. C’est d’ailleurs avec le regard posé ailleurs qu’il enchaîne directement sur un autre point qu’il pensait aborder ce soir, histoire d’en profiter d’être avec Martin tout en sachant qu’aucune oreille indiscrète n’est prêt d’eux dans le cabinet. Les patients ont pour mauvaise habitude de vouloir tout savoir sur tout. “C’est ma petite amie qui pensait qu’un chien serait mieux qu’un chat.” Il a un sourire en coin rien qu’en pensant à elle, l’amoureux niais. “C’est Lucia. Son nom. A mon amie.” Petite amie, à vrai dire, mais il ne se répète pas. Martin l’aura très bien compris la première fois.

Ça fait une dizaine de jours que j'arrive au boulot avec une joie et un plaisir non dissimulées. Les sourires que j'offre aux patients ne sont pas seulement professionnel mais aussi et surtout sincère s'accordant parfaitement avec mon envie de reprendre mon travail là où je l'avais arrêté il y a un peu trop longtemps de ça. Car entre mon malaise, l'annonce de ma maladie, mon incapacité de travailler puis ROA puis une rechute une semaine après mon retour, ça en faisait beaucoup. A cela s'ajoute le traitement qui m'a rendu encore plus malade jusqu'à il y a deux semaines où je me suis rendu compte que ce qui fonctionnait parfaitement sur moi c'était la marijuana, ou plutôt le CBD sous toutes ses formes. Depuis que je fume à intervalle régulier ou que je l'ingurgite en spray ou en huile, je me sens bien plus proche de mes capacités physique antérieur qu'avant lorsque je prenais les médicaments. Mais évidement, tout cela je le fais le plus discrètement possible et je me suis juré de ne jamais utiliser quoique ce soit de plus ou moins illégale sur mon lieu de travail ne voulant surtout pas porté préjudice à Swann.

D'ailleurs, parlons-en de lui. S'il m'a très rapidement et assez facilement accepté à nouveau en tant que collègue, il y a, pendant de nombreux mois, eu une certaine retenue de sa part. Normal, me direz vous et vous avez raison. Depuis mon retour, je tente d'être le plus impeccable possible, fait mon travail au mieux, préviens bien à l'avance autant mes patients que le jeune homme lorsque je compte partir, bref, être un collègue exemplaire. Et ça fonctionnait plutôt bien à vrai dire ! Jusqu'à ce fameux 1er Avril où j'ai été admis à l'hôpital et où j'ai cru que Swann allait définitivement et totalement m'en vouloir. Mais c'était mal connaître la gentillesse presque hors de normes de ce petit blond qui, au final, a, à nouveau, tout gérer.

Et c'est, pour le remercier pour toutes ces semaines passées, d'avoir été présent pour moi, autant physiquement que par messages ou par pensées, que j'ai proposé que nous allions boire un coup. Lui offrir une ou deux bières c'est bien la moindre des choses après tout ce qu'il a fait pour moi, non ? Ce n'est, certes, pas assez et je trouverais bien une autre façon pour le remercier, mais en attendant nous nous trouvons au DBD, assit à une table et mon collègue m'informe d'une chose qui semble venir de nulle part. Il veut adopter un chien.

 «Tu fais le meilleur choix de ta vie » hochais-je la tête, souriant  «Tu pourras aussi l'emmener au cabinet, c'est pas moi qui te diras non » je laisse échapper un rire puis me redresse un peu  «Faut que t'aille au RSPCA Shelter de Brisbane, ils sont super professionnels là-bas et saurons t'aiguiller vers le chien parfait pour toi » hochais-je la tête avec sérieux  «En tout cas ça fait plaisir à savoir qu'il y en ait de plus en plus qui pensant à adopter plutôt qu'à acheter chez un éleveur » reprenais-je en hochant la tête, jouant avec mon verre de bière.

Après quelques instants, Swann lâche une deuxième bombe, expliquant que c'est sa petite amie qui pensait qu'un chien était mieux qu'un chat. Une certaine Lucia  «Petite parce qu'elle fait moins d'une mètre cinquante ? » demandais-je avec un humour bien trop lourd pour mon propre bien avant de rigoler doucement et hocher la tête  «Je vois ... » c'est un sourire espiègle qui s'affiche sur mon visage  « Tu diras à Lucia qu'elle fait un très bon choix. Même si les chats c'est cool aussi, les chiens ont quand même un level au dessus. Et pis vous changerez tous les deux la vie d'un animal et ça c'est ce qu'il y aura de plus gratifiant pour ton cœur de guimauve» car je l'ai bien vu, ce sourire niais qui est né sur ses lèvres lorsqu'il a évoqué le prénom de sa copine  «ça fait combien de temps ? » demandais-je, laissant parlé ma curiosité  «Elle ressemble à quoi ? T'as des photos ? C'est du sérieux ? »

@Swann Mcgrath

Cette sortie en dehors du cabinet était vraiment ce dont les deux hommes avaient besoin et ils s’en rendent aujourd’hui bien compte, savourant doucement la bière apportée par le serveur et choisi selon les bons goûts de Matt. « Tu pourras aussi l'emmener au cabinet, c'est pas moi qui te diras non. » Swann sourit à cela. Il n’avait honnêtement pas pensé à une telle chose mais maintenant que l’idée est implantée dans son esprit, nul doute qu’elle n’en ressortira plus et que les patients doivent se préparer à rencontrer son nouveau chien dès qu’il se sera décidé à l’adopter. Martin lui donne d’ailleurs des conseils sur où est ce qu’il doit aller l’adopter mais il a déjà toutes ces choses en tête depuis bien longtemps. Le fait qu’il énonce les mêmes choses que Lucia le rassure quelque peu, lui qui se fait déjà des montagnes de tout ce qu’il y a à faire et de tout ce qui pourrait mal se passer. “On ira le chercher ensemble, tu le verras incessamment sous peu au cabinet.” A cela il termine par un clin d’oeil sans pour autant préciser de quand exactement est ce qu’il pourra voir le chien. Sou peu semble déjà être une information assez complète.

Rassuré qu’il ne surréagisse pas à l’annonce de son couple avec Lucia, le blond se détend doucement autant que ses muscles avec. « Petite parce qu'elle fait moins d'une mètre cinquante ? » Les yeux de l’anglais dérivent doucement vers la bière alors qu’il a un sourire asymétrique trahissant une allégresse discrète. “On en est pas loin mais elle n’a pas besoin de moi pour attraper tout ce qu’elle veut dans les placards.” Il sait que Martin ne faisait que lancer une blague mais c’est pour lui une façon d’entamer la présentation de la jeune femme alors il s’y prend comme il le peut : c’est à dire très maladroitement. N’en reste pas moins qu’il s’amusera toujours autant de la voir gesticoter pour accéder au fond des tiroirs et à toutes les réserves de sucre avec. « [...] Et pis vous changerez tous les deux la vie d'un animal et ça c'est ce qu'il y aura de plus gratifiant pour ton cœur de guimauve. » Le coeur de guimauve lui adresse une grimace sans pour autant commenter ses mots, sachant pertinemment que Martin est bien plus sur la bonne voie que quiconque. Tous ceux connaissant un minimum de londonien savent que son coeur a la fâcheuse tendance à être quelque peu spongieux. “Je voulais être certain de pouvoir m’en occuper sur le long terme mais aujourd’hui tout me semble bien calé.” Tant dans sa vie professionnelle, personnelle que sportive ; tout roule pour le blond qui semble enfin avoir trouvé ses marques à l’autre bout du monde.

« Ça fait combien de temps ? Elle ressemble à quoi ? T'as des photos ? C'est du sérieux ? » “Doucement, doucement. On a le temps pour l’interrogatoire. Pour appuyer ses paroles, il prend le temps de boire une gorgée de plus. En levant la main en direction du bar, il commande une tournée supplémentaire, voyant le niveau de sa boisson descendre à vue d’oeil. Du bout des doigts il déverrouille son téléphone pour lui montrer l’instagram de la jeune femme, quand bien même il a sûrement des centaines de photos d’elle traînant sur son téléphone, chacune pour des occasions particulières. “Ça fait deux mois, bientôt. Et … c’est sérieux, ouais.” Il hésite un peu, non pas parce qu’il doute de la solidité de sa relation mais surtout de la possibilité ou non de divulguer ce genre de détail qu’il persiste à trouver intime. Martin n’aura pas toutes les informations à propos de son couple mais il le considère bien assez pour lui faire savoir qu’il compte bien aller le plus loin possible avec la jolie Whitemore. “Je vais devoir m’attendre à te voir te rapprocher de quelqu’un dans ROA ? Ils créent toujours une love story aux participants, t’as eu le droit à la tienne ?” Pensant avoir bien assez parlé de Lucia, il trouve adéquat de relancer la question en rigolant à son tour, bien loin du fameux “et toi les amours ?” qui agacerait tous les célibataires de la planète.

L'idée d'avoir un animal au cabinet me ravie plus que de raison. Un chien nous apporte tellement et je suis persuadé que nos patients n'en seront que plus motivé. Dans tous les cas l'animal sera sincèrement bénéfique à la vie du cabinet. Tout en gardant, évidemment, les règles de sécurité. Il ne faudrait pas l'animal nous porte préjudice car, surtout un chien qui a été adopté à la SPA peu parfois se montrer agressif envers ceux qu'il ne connaît pas.  «J'ai déjà hâte du coup » souriais-je, amusé en prenant une gorgé de ma bière avant de réagir à la seconde nouvelle de mon ami : sa copine.

Je laisse échapper un rire lorsque Swann réagit avec humour à ma pique concernant la taille de celle qui partage maintenant sa vie et hoche la tête  «Je vois le genre, ouais » souriais-je  «Faut dire que t'es pas non plus le plus petit  » haussais-je les épaules  « Donc c'est facile d'avoir quelques centimètres de moins que toi» Je dévie le regard vers la porte d'entrée, observe un instant le groupe qui vient de pénétrer à l'intérieur du café puis reporte mon attention sur Swann, arquant un sourcil interrogateur après sa nouvelle prise de parole.  «Que ..oh putain » je fini par pouffer de rire  « Pour le coup j'ai sincèrement cru que tu parlais de Lucia. Que tu voulais être sûr de pouvoir t'occuper d'elle» je secoue doucement, me traitant intérieur d'idiot avant lever les yeux au ciel et prendre une nouvelle gorgé de ma bière.

Et c'est alors que commence un petit interrogatoire. Je n'y peux rien, c'est ma curiosité qui a reprit le dessus. Swann n'a jamais été du genre à divulguer trop d'informations le concernant. Ainsi, même ses réponses sont concises et simples. Deux mois qu'ils sont ensemble et c'est du sérieux, voilà ce qu'il m'apprend après qu'il me montre une photo de cette fameuse Lucia.  « Elle est plutôt mignonne» approuvais-je en hochant la tête, observant la photo d'un peu plus près avant de rendre le téléphone à son propriétaire, sourire niais sur les lèvres  « Vous êtes cute tous les deux» concluais-je avant de lever légèrement mon verre vers le jeune homme  «Au fait que ça dur éternellement » lançais-je avec un clin d'oeil.

C'est alors que la curiosité de Swann se réveil et qu'il me demande quelques informations sur une éventuelle aventure amoureuse liée à ROA  «Je ... » je toussotte un peu et pince les lèvres  « Il ...enfin il s'est passé des truc avec ma binôme» avouais-je finalement  « mais c'est purement charnel» que je précise dans la foulé  «Elle m'a très vite fait comprendre qu'elle ne voudra pas plus et moi ça me convient » j'hausse les épaules  «de toute manière elle et moi on est teeeellement différent, je ne suis même pas sûr qu'un couple puisse être vivable » je laisse échapper un rire  «Elle est tellement superficielle, fainéante, n'a aucun principe, gosse de riche et ...et pourtant y a eu une alchimie entre nous, quelque chose d'assez irréel. La première semaine était très compliqué mais dès lors qu'on a comprit comment l'autre tiquait et fonctionnait tous s'est fait avec une facilité assez bizarre  » j'hausse les épaules  «Enfin voilà. Pour tout dire : oui, je suis encore célibataire » je souris doucement, amusé  « Et ça ne risque pas de s'arranger maintenant que j'ai un fils» je prend une gorgé de ma boisson  «Et pis ça me convient, genre totalement »

Le sujet de Lucia est abordé le temps qu’il faut et une fois qu’il lui rend le téléphone, Swann passe à autre chose. Il se doute bien que son ami n’a pas envie de l’entendre parler d’une tierce personne pendant des heures, peu importe ce qu’elle est pour lui, alors il commence à parler d’autre chose après avoir fait trinquer leurs deux verres. Entre eux tout est naturel et il n’y a pas reellement de tabou (sans doute parce qu’ils n’abordent jamais de sujets qui pourraient être difficiles pour l’autre), alors c’est une véritable bouffée d’air frais que de pouvoir parler à Martin en dehors de leur lieu de travail. Ici ils sont comme à la maison et ils le savent, personne n’en a rien à faire d’écouter leur discussion.

A son tour Swann pose les questions sur la vie privée de Martin et est réellement amusé de sa réponse. Il a l’air d’un enfant et cela étire le sourire sur les lèvres de l’anglais. « Je ... » Il a l’air d’un enfant qu’on vient de prendre la main dans le sac en train de voler des bonbons. Le blond aurait pu changer de sujet si jamais Martin avait trouvé celui ci trop difficile à aborder mais l’homme face à lui continue sur sa lancée, son ami restant muet pour ne pas le déranger. « Il ...enfin il s'est passé des truc avec ma binôme» “Petit cachotier.” Il s’était bien tenu de lui faire part de ce genre de détails et Swann est bien plus amusé qu’autre chose de le voir se justifier comme un adolescent, clamant qu’il n’y a rien de sérieux entre eux et que c’est bien mieux ainsi. N’étant pas du genre à croire que les relations charnelles ne devraient exister qu’au sein d’un couple, bien loin de là, le blond se contenter de garder un sourire rassurant envers son ami et de hocher de la tête au fur et à mesure de ses explications. Après tout, à partir du moment où la situation lui convient et qu’il est heureux alors il en sera de même pour Swann à son égard. “Si tout est clair entre vous alors c’est tout ce qui compte, t’en fais pas.” Il n’a pas à se justifier sur rien du tout. Il peut être célibataire comme en couple avec celle qu’il définit d’une manière bien particulière, cela importe peu aux yeux du blond qui n’a pas son mot à dire.

Et là, juste là.« Et ça ne risque pas de s'arranger maintenant que j'ai un fils. » Le cerveau du blond se met en mode pause, il avale sa bière de travers et fait de gros yeux sans arriver le moins du monde à contenir son étonnement. "Tu quoi ?" Un fils ? Cela n'avait jamais été porté à sa connaissance et pourtant ce n'est pas le genre de détail qu'il aurait pu oublier, c'est certain. Il l'écoute toujours qui plus est et ne fait que semblant de ne pas le faire pour s'amuser de lui. Là, juste là, il y a un error 404 qui s'affiche, clignotant, dans son cerveau à l'arrêt. "C'est une blague ou pas ?" Son ton est réellement étonné à lui qui ne sait comment réagir face à une telle nouvelle balancée à la volée.

Franchement ça ne m'aurait pas du tout dérangé de continuer de parler de Lucia. Elle a l'air particulièrement mignonne et surtout très importante pour Swann. Du moins assez importante pour qu'il m'en parle aussi ouvertement.  Mais peut-être ne veut-il pas en dévoiler d'avantage ? Peut-être souhaite-t-il garder des points secrets ? Je ne saurais le dire réellement. Dans tous les cas lorsqu'il change de sujet, je le suis sans problème et, même si je ne suis pas forcément très à l'aise à l'idée de parler d'Ivy, je décide de lui révéler quelques petits détails. Lorsqu'il me traite de petit cachottier, je baisse le regard, presque honteux et secoue doucement la tête, alors que Swann reprend, me disant de ne pas m'en faire si tout est clair entre elle et moi  « Tout est plus que clair» assurais-je en offrant un doux sourire à mon ami  « Je ne sais pas où on va elle et moi, mais on y va. Et c'est bien ce qui est excitant là dedans» car toute ma relation avec Ivy est basée sur les imprévus et les choses dont nous ignorons encore l’existence. Mais finalement, n'est-ce pas ainsi que je vis ma vie ? N'est-ce pas là ce en quoi je me complaît ? Sans aucun doute et c'est sûrement pour ça que je suis tellement sûr de moi que cette relation est bonne sous tous les points.

Et c'est ainsi, perdu dans mes pensées, que je ne me rends compte de ce que je viens de dire seulement lorsque je vois le bug dans le regard de mon collègue. Une blague ? Je fronce les sourcils et pendant une fraction de seconde je me demande de quoi il parle, avant que je ne me rende compte que j'ai évoqué ma paternité. Pinçant les lèvres, grimaçant, c'est une expression désolée qui s'affiche sur mon visage et je me passe une main sur le visage. « Non, non c'est pas une blague» malheureusement allais-je ajouter mais je me retiens à temps  « J'ai apprit le 1er Avril que j'étais père et non ce n'était pas un poisson d'avril» secouais-je la tête  «Tu sais, je t'avais parlé d'Eirean, la femme avec laquelle je me suis marié en Irlande. Elle ... » je soupire doucement « Elle a arrêté la pilule sans me le dire et il y a de fort risques que le le préservatif était défectueux lors de notre dernier rapport avant que je ne quitte l'Irlande en Mars 2019» je prends une gorge de ma bière puis relève mon regard sur Swann  « Tu connais mon avis sur le fait d'avoir des enfants, j'ai pas besoin de te dire à quel point je n'en veux ...voulais pas» les raisons, il les connaît, je n'ai pas besoin de lui dépeindre tous les arguments qui me viennent à l'esprit quand j'explique pourquoi je n'en veux pas  «Enfin voilà. En avril y a vraiment tout qui m'est tombé dessus d'un coup  » et voilà que je fais une référence direct à Rosie, cette maladie qui m'accompagne depuis 4 mois déjà  «Mais voilà. Elliot a un peu plus de 8 mois maintenant et on apprend tout doucement à se connaître. Et je ...pense que je vais reconnaître ma paternité » avouais-je finalement. Je l'avais déjà dit à Loan en mai dernier avant que je ne pense que ROA remettrait tout en question. Mais plus je passe de temps avec mon fils, plus j'ai l'impression qu'accepter officiellement d'être son père est la meilleure de chose à faire.

Alors non, ce n’est pas une blague. L’étonnement se lit sur le visage de Swann sans qu’il n’y ait aucun jugement derrière. Il ne remet pas en cause la capacité de Martin à être père, loin de là, mais ce n’est généralement pas le genre de choses qui sont supposées tombées du jour au lendemain. Le blonde tente de se rejouer la scène pour savoir s’il y a bien entendu enfant et non pas enceinte mais Martin lui fait bien comprendre que le petit humain est déjà né et qu’il l’a appris un premier avril. La coïncidence est étrange et cocasse, elle arrache un sourire au blond alors qu’en face il n’en gagne aucun.

Petit à petit tombent les explications et les doigts du kiné se resserrent autour du verre. « Tu sais, je t'avais parlé d'Eirean, la femme avec laquelle je me suis marié en Irlande. Elle ... Elle a arrêté la pilule sans me le dire et il y a de fort risques que le le préservatif était défectueux lors de notre dernier rapport avant que je ne quitte l'Irlande en Mars 2019. » L’histoire le laisse bien moins souriant et les calculs se font rapidement dans son esprit alors qu’il comprend que son enfant a dû naître en décembre ou janvier de cette année. A défaut de savoir quoi lui répondre, il tente d’analyser ses réactions pour savoir s’il s’agit pour lui d’une bonne ou d’une mauvaise nouvelle. Il savait Martin décidé à ne pas avoir d’enfant mais maintenant que ce dernier est arrivé dans sa vie sans prévenir, tout doit être observé d’un point de vue différent.

C’est finalement un soupir de soulagement qui s’échappe de sa gorge lorsque Martin présente un peu plus officiellement son fils, annonçant vouloir assumer sa paternité. Il esquisse un sourire faisant naître une fossette sur la seule joue qu’il sollicite, sincèrement heureux pour son ami et collègue. La vie n’était pas supposée prendre un tel tournant mais avoir à s’occuper de son fils sera un nouvel objectif pour lui et une raison de se battre contre sa maladie. “Je suis content pour toi. Si tu as besoin d’aide pour lui, n’hésite pas.” A défaut d’avoir son propre enfant il a vu grandir Noah et a toujours eu un rapport aisé avec les plus jeunes, d’où le fait qu’il entraîne l’équipe junior de football australien de la ville. “Moi qui pensais prendre d’énormes responsabilités en adoptant un chien, tu t’es senti obligé de surenchérir.” Le rire qui s’ensuit est voué à détendre l’atmosphère. Swann a toujours pensé qu’il aurait un ou plusieurs enfant là où Martin n’en aurait jamais mais après tout il n’est pas à une mauvaise vision du futur près. “Et puis regarde, si tu l’amènes au cabinet tu vas gagner des points dans le coeur de toutes les mamies.” Ce n’est sans doute pas le meilleure argument du monde mais il essayer de faire au mieux pour lui dérober un sourire ou quoi que ce soit de rassurant.

Il fallait bien que j'évoque mon fils un jour ou l'autre avec Swann. Je ne pouvais pas passer à côté de cet aveux car qui sait ce qui peut arriver à Elliot qui fait que je doive m'absenter ? Si Swann est au courant toute l'organisation du cabinet est plus simple en vrai. Il n'y a absolument aucun jugement dans l'expression faciale ni la voix de mon ami lorsque celui-ci laisse échapper ce qui ressemble à un soupire de soulagement avant de me dire être heureux pour moi et me proposer son aide si besoin.  «Ah ouais, c'est super gentil ça. Pour l'instant il est encore petit donc ça va, je gère encore. Enfin, plus ou moins. C'est pas évident » je me gratte la tête et grimace, presque honteux  «Genre la dernière fois il a fait une crise parce que ses dents poussaient et j'étais pas foutu de le reconnaître du coup j'ai réveillé mon meilleur ami et on est aller à l'hôpital quoi.  » je secoue doucement la tête, souriant amusé  «Le pédiatre était un ange, il nous a parfaitement expliquer tout ce qui se passe chez Elliot quand ses dents sortent, mais je pense qu'intérieurement il devait bien rigoler quand même » il n'a jamais porté un quelconque jugement face à nous, mais je reste persuadé qu'il s'est un peu foutu de nos gueules de paniqués avec ses collègues.

L'avantage avec Swann c'est qu'il parvient à me dérider avec une facilité déconcertante. J'ai, certes, le rire assez facile en général, mais ces derniers temps mon humeur était assez fluctuante. J'avoue que je m'étonne un peu moi-même lorsque je pouffe de rire à la déclaration de mon collègue  «J'pouvais pas te laisser avoir le bon rôle » surenchérissais-je avec ironie, demi sourire sur les lèvres et lueur amusée dans les yeux ce même sourire s'agrandit d'avantage lorsque Swann fait la comparaison avec ce que j'ai dit avant par rapport à son futur chien qu'il pourra ramener au cabinet  «c'est pas faux » hochais-je la tête  «Ah mon dieu, ça me fait penser à la fois où j'ai rencontré, par hasard un autre père qui avait retrouver le doudou d'Elliot. Il était tout jeune père lui aussi, on a commencé à parlé et j'ai juste dit que j'étais plus à l'aise avec les animaux et que je savais mieux m'occuper des animaux que des enfants parce que j'ai plus de connaissance sur les uns que sur les autres Mais t'aurais du voir la tête du mec et comment il s'est énervé en mode 'mais ça va pas de comparer un être humain à un animal ?!' » je secoue la tête et lève les yeux au ciel  «Donc heureusement que c'est pas lui qui est là, sinon il aurait déjà trouvé un moyen de te faire dire ce que tu n'as pas dit. Il aurait sûrement sorti un truc du genre  'mais tu adoptes pas un petit bébé comme tu adopterais un chien ! Ça va pas de comparer les deux ? Quelle honte' » bon ok, je ne dis pas tout, je tais le fait qu'au final Bailey s'est excusé d'avoir émis un jugement trop hâtif mais peu importe.

 « Ah et d'ailleurs, tant que j'y pense. » reprenais-je subitement après avoir prit une nouvelle gorgé de ma bière  «La semaine prochaine jeudi je dois m'absenter pour quelques rendez-vous médicaux chez mon neurologue et tout, bref des truc fun quoi » j'ironise un peu pour cacher le fait que je flippe quand même un peu  «J'a réussi à déplacer la plupart de mes patients et les placer la semaine d'après ou sur les autres jours, sauf Mme Porté et Mr Bennet. Tu pourras les prendre toi ? Sinon je les annules pour la semaine prochaine »

Les anecdotes de père amusent Swann parce qu’il pense désormais que Martin appartient à un monde bien différent du sien. Le brun ne s’y prend pas forcément de la manière la plus optimale mais c’est évident qu’il essaye, qu’il tâtonne, qu’il découvre la vie en même temps que son fils et c’est le cycle naturel des choses. Une part de l’anglais devient même envieux pendant un instant ; Martin a eu un enfant alors qu’il n’en a jamais voulu et lui qui sait qu’il en voudra un quand il sera prêt, le voilà qui n’est toujours pas capable d’adopter un chien. Alors oui, comme Murphy le dit, les deux ne sont pas réellement comparables mais aux yeux de Swann n’en reste pas moin qu’ils demandent du temps et tout un tas de responsabilités qu’il n’est toujours pas capable d’assumer. Cela semble impossible de faire part de toutes ses peurs et ses failles à Lucia pour le moment encore, parce qu’il imagine qu’elle ne voudrait sans doute pas avoir une sorte de trouillard comme petit-ami. A défaut de parler, donc, il se contente de lui faire part du sourire le plus sincère possible parce qu’une chose reste sûre : il est heureux pour Martin. Ses débuts en tant que père sont difficiles, bien sûr, mais n’en reste pas moins qu’il va s’en sortir comme un chef parce que c’est ce qu’il est, un chef.

Le chef qui passe d’ailleurs du coq à l’âne avec une facilité déconcertante. « La semaine prochaine jeudi je dois m'absenter pour quelques rendez-vous médicaux chez mon neurologue et tout, bref des truc fun quoi. » Le blond acquiesçe sans un mot, comprenant que son ami s’absente bien plus par besoin que par envie. Les rendez-vous médicaux n’ont rien d’amusant et il est bien placé pour le comprendre, lui qui connaît parfaitement tout le cheminement de radiologie et d’IRM et bla, bla, bla, on a compris j’ai cassé un truc, c’est bon. “Je m’en occupe, ne t’en fais pas.” Une partie de lui reste amusée qu’il continue de marcher sur des oeufs et se doute que cela a quelque chose à voir avec sa dernière leçon de morale après son retour impromptu (et son départ qui l’était bien plus encore). “Et parlant de ça je … vais prendre une semaine de vacances, d’ici un mois. Je devrais pouvoir déplacer tous les patients entre temps mais je te le dis surtout à toi.” Vacances est un bien grand mot puisqu’il fera tout sauf s’amuser mais même si tel avait été le cas, Martin sait bien mieux que personne à quel point le blond se donne dans son travail sans jamais s’octroyer la moindre pause. Une semaine, une simple semaine, c’est tout ce dont il a besoin pour prendre le temps de s’occuper d’Ariane et s’échanger des insultes enrobées de tous les meilleurs sentiments du monde avec elle. Bref, la routine. Il ne risque pas de revenir avec un enfant sortie de nulle part, ça, c’est certain. “Tu me le présenteras ? Je serais heureux de le connaître.” Il l’imagine déjà devenir ami avec les jumeaux de Jillian, l’enfant à venir de Ginny ou même avoir Noah comme grand frère. Nul doute, Swann s’occupera de cet enfant autant que possible, comme s’il était le sien.

J'ai l'impression que cette soirée avec Swann marque réellement la fin de son animosité à mon égard. Malgré tous mes efforts et même s'il a toujours été très compréhensif et que notre entente était très bonne, mon collègue et ami n'a jamais réellement réussi à mettre de côté le fait que je l'ai abandonné à son sort il y a quelques année. Bien que nous puissions passer des soirées à rire de tout et de rien, que nos discussions allaient bon train, il y a toujours eu une certaine retenue du côté du jeune homme. Mais cette même retenue n'est plus aujourd'hui. Je me suis, un instant, demandé pourquoi mais j'ai très vite décidé que je ne voulais pas avoir de réponses et que j'apprécierais simplement cette relation qui me semble être revenue comme avant.

J'évoque mon fils, il me pose des questions, je l'amuse avec le récit de mes quelques galères de père et finalement je passe du coq à l'âne pour lui dire que la semaine prochaine je vais devoir m'absenter toute une journée pour passer une batterie de test. Swann n'a jamais poser de questions sur ma maladie qui ne lui est, malgré tout, pas inconnue étant donné que nous avons déjà eu quelques patients qui venaient en rééducation pour ça. Mais il n'a pas non plus demandé comment je me sentais moi. Est-ce un réel manque d'intérêt ? Ou ne sait-il juste pas comment aborder le sujet ? Peut-être pense-t-il que je n'ai pas envie d'en parler ? Peu importe. Dans tous les cas il ne rebondit que sur le fait qu'il pourra sans problème prendre mes patients en charge ce pourquoi je le gratifie d'un sourire et d'un hochement le tête avec un  « merci» soufflé à bout de lèvre.

Par la suite il me parle du fait qu'il va, lui, prendre une semaine de vacances mais que ça ne devrait pas avoir d'incidence sur mon propre travail.  «eh mais t'inquiète pas ! A mon sens tu peux prendre plus qu'une simple semaine, tu sais » assurais-je  «Je vais gérer » hochais-je la tête  «T'as prévu quelques chose ? Tu comptes partir ? » C'est mon esprit de globetrotter qui fait ressortir sa curiosité, même si je me doute que Swann ne partira sans doute pas très loin.

 «Et évidemment que je te le présenterais » souriais-je, attendris lorsque mon ami me demande s'il peut rencontre Elliot un jour  « Mais seulement si tu me présentera ton chien !» lançais-je avant de pouffer de rire et prendre une gorgé de ma bière  «Faudra que je lui trouve des amis » dis-je soudainement  « Tu connais pas des jeunes enfants ? Qui ont genre son âge ou plus ? » demandais-je en relevant mon regard sur Swann  « Et que tu pourras nous présenter à tous les deux»

C’est en fermant les paupières et abaissant doucement la tête qu’il fait comprendre à Martin qu’il le remercie de se montrer aussi ouvert d’esprit. Il ne lance même aucune blague à propos de leur dernière querelle de vacances-sans-retour et pour cela il le remercie de ne pas gâcher cette soirée qui augure pourtant réellement bien. «T'as prévu quelques chose ? Tu comptes partir ? » Au contraire, il le reconnaît bien vite lorsque Martin pose déjà des questions plus précises à propos des vacances qu’il augure. “J’ai rien prévu de spécial, non, juste une semaine tranquille.” Il aligne les mensonges comme s’il disait la vérité, haussant les épaules avec nonchalance. Il a tout prévu de A à Z, avec Ariane, à l’autre bout du monde. Littéralement. C’est pourtant une histoire bien compliquée qui ne regarde qu’elle et jamais il n’oserait partager des pans de sa vie privée à qui que ce soit, même s’il ne doute pas du fait que Martin soit un homme bien doublé de quelqu’un de confiance. Il pourrait lui confier ses propres secrets, ce qui prouve qu’il n’a aucun ressentiment pour son collègue et même bien loin de là.

Au lieu de parler de ses propres petits problèmes ou même de ceux de ses proches, l’anglais juge le sujet de l’enfant de Martin bien plus intéressant. Ce dernier semble assez ouvert à l’idée d’en parler, ce que Swann ne manque pas d’observer et aussitôt d’en profiter. «Et évidemment que je te le présenterais » Le verre de bière claque à peine contre la table de bois alors qu’il le repose et à la place c’est un grand sourire qui arrive sur ses lèvres fines caractéristiques de son pays d’origine. « Mais seulement si tu me présentera ton chien !» D’un simple sourire il passe à un rire franc, fort peu préparé à ce que le sujet de son futur animal de compagnie revienne entre eux d’une telle manière. “Le deal me semble correct.” Encore rieur, il termine la dernière gorgée de son verre, le coeur léger. Ce genre de soirées en compagnies de son ami, à parler de tout et de rien, lui manquait indéniablement. Lui aussi, il lui manquait indéniablement, aussi insupportable puisse-t-il parfois être à supporter au quotidien.

Le sujet d’Elliot semble passionner son père et c’est bien une chose pour laquelle Swann ne peut absolument pas en vouloir à son ami, pas alors qu’il a lui aussi bien envie d’en apprendre plus sur cet enfant apparu comme par magie dans sa vie. « Faudra que je lui trouve des amis. Tu connais pas des jeunes enfants ? Qui ont genre son âge ou plus ? Et que tu pourras nous présenter à tous les deux. » Il pourrait mal prendre cette idée selon laquelle l’entourage de Swann a cette fâcheuse tendance à engendrer des mini-eux partout dans le monde mais force est de constater que c’est plus proche de la réalité plutôt qu’autre chose. “Ma première soeur a eu des jumeaux le mois dernier. Mon autre soeur va avoir une petite fille à la fin de l’année et elle a un fils mais il a quelques années, déjà. J’ai pas d’autres neveux à t’offrir pour le moment, déso.” Il rigole à peine et hausse les épaules avec désinvolture une fois de plus, cachant à Martin qu’il espère qu’un jour ce sera avec ses propres enfants que le sien pourra jouer et grandir, et ce peu importe leur différence d’âge - parce qu’une chose est sûr : ce n’est pas demain la veille que l’anglais sera père. “Et si jamais j’avais envie de partir à Paris, un jour, t’aurais des trucs à me conseiller ?” Si jamais. Un jour. Par le plus pur des hasards. Au cas où.

Une semaine tranquille. Cette déclaration me fait autant de peine qu'elle me semble inconcevable. J'ai tendance à oublier un peu trop facilement et trop rapidement que tout le monde n'est pas constitué comme moi avec cet esprit d'aventure et cette envie de bouger pour découvrir un autre endroit. Et Swann fait clairement parti de ces personnes là, plus ou moins casanières pour qui une semaine de vacances signifient une semaine à ne rien faire. A moins que je me trompe sur toute la ligne, mais c'est un ainsi que je le prend lorsque mon collègue me dit qu'il va juste prendre une semaine 'tranquille'. Sourire éternel sur les lèvres, j'hoche simplement la tête et fini ma bière.

Nous parlons ensuite d'Elliot, j'évoque un instant mes rendez-vous médicaux mensuels, mais le sujet de discussion revient directement vers l'enfant ce qui m'arrange quand même pas mal avouons-le. C'est donc avec une certaine joie que je demande à Swann s'il connaît pas des gens qui auraient des enfants qui ont plus ou moins l'âge du mien. Et c'est effectivement le cas ! Sa grande sœur à eu des jumeaux il y a quelques semaines, son autre sœur à un garçon qui est déjà bien plus grand mais attend un deuxième qui est prévu pour la fin de l'année.  « C'est bon à savoir» hochais-je la tête  « On pourra organiser un playdate dans quelques temps» reprenais-je en rigolant doucement, jouant avec ma pinte tristement vide.

C'est alors que mon ami reprend la parole pour me poser une question aussi surprenante qu'intéressante : que pourrais-je lui conseiller si un jour il aille a Paris ? Je fronce légèrement les sourcils et, inclinant la tête sur le côté, l'interroge silencieusement du regard avant d'hausser les épaules  « Y a beaucoup de chose à Faire là-bas» expliquais-je finalement  «J'te conseillerais bien les truc touristiques, je pense que voir la Tour Eiffel, les champs Elysée et l'arc de triomphe et la cathédrale de Notre dame au moins une fois dans ta vie ça vaut le coup » je pince les lèvres en une moue de réflexion  «Dans tous les cas je te conseillerais vivement d'aller faire un tour à Montmartre et au sacré cœur, au Marais aussi, c'est magnifique là-bas. Et mon coup de cœur c'est Panamart Café» je souris doucement  « au niveau des activité un peu plus ludique, si t'aime bien les truc un peu horreur, y a le manoir de Paris qui est fort sympas et sinon tu peux faire les meilleurs Escape Game du monde là-bas» je lance un coup d'oeil vers la porte d'entrée du bar avant de reporter mon attention sur Swann  «Tu part quand ? » car bon, s'il me demande ça c'est que ce genre de voyage est prévu dans pas trop longtemps, non ?

Les recommandations de Martin pour Paris pleuvent et l’anglais sourit face à tant d’enthousiasme de sa part quand bien même la question semblait anodine. Pour lui ce n’était qu’un simple moyen de continuer la conversation et de doucement la faire dévier de tous les sujets qui pourraient être jugés délicats, que ce soit pour lui même ou pour Martin. Au fond, il en devient quelque peu triste de déjà savoir qu’il n’aura ni le temps ni même l’occasion de faire la moindre chose citée par son ami mais qui sait, peut être qu’un jour il prendra de nouveau l’avion pour se rendre en France dans le seul et unique but de décompresser et de s’amuser. Ce jour là, peut être qu’Ariane se révélera être la meilleure guide touristique de l’univers ; quand elle sera guérie de sa hanche et qu’ils auront au moins une fois abordés les plaies et cicatrices de leur passé bien trop semblable.

Swann se souvient du Manoir, il se souvient des monuments, il note tout mentalement et il se promet d’ensuite le noter réellement par écrit ou sur son téléphone - peu importe. Ce qu’il regrette, c’est le manque flagrant de bonnes adresses pour savoir où boire et manger, parce qu’en tant que bon McGrath qu’il est, cela reste quand même la plus grande priorité. «Tu part quand ? » Et il relève la tête, l’éternel adolescent perdu dans ses pensées. “Oh. Pendant mes vacances, justement.[/colot]” Tout a été préparé en quelques heures, tout a été décidé en aussi peu de temps simplement parce qu’elle lui a proposé et que lui ne voyait aucune raison de refuser une telle proposition. “J’arrête de t’embêter avec mes questions, va. Je n’aurai plus de quoi lancer de grands sujets de discussion pendant les heures de rush.” Parce que oui, la spécialité de l’anglais est de poser des questions existentielles lorsqu’ils ont déjà pris du retard dans les rendez-vous et qu’ils sont certains de terminer bien plus tard que prévu. Pourtant, c’est aussi une partie de leur relation et il ne voudrait changer cet aspect pour rien au monde, tout comme il sait avoir abordé bien assez de sujets pour une seule soirée. A partir de maintenant ils n’ont plus qu’à se concentrer sur des petites choses du quotidien et commander une nouvelle tournée de bière ; ce que Swann fait aussitôt en voyant l’état de celle que son ami tient dans sa main.