Chacun est revenu de ses vacances respectives et Swann trépigne d’impatience à l’idée de retrouver sa très chère Lucia. Il s’est occupé comme il l’a pu toute la journée durant mais a bien (trop) vite oublié le décalage horaire avec la France pour ne ressentir aucune fatigue qui soit. Il est rentré la veille et s’en est voulu de ne pas avoir prévu de la revoir le soi même : à ses yeux, ce sont déjà vingt-quatre heures de manquées. Ce soir pourtant tout est prêt pour la recevoir et avant toutes choses son sourire d’ange et ses fossettes légèrement plus faibles que d’habitude, la faute à toutes les pâtisseries qu’il se devait de tester. Lucia connaît le code d’entrée de l’immeuble, elle se contente de sonner en bras pour prévenir qu’elle arrive avant de toquer une seconde fois à la porte pour qu’il lui ouvre. La technique rodée les ferait presque passer pour des amants maudits, même s’ils n’ont rien d’amants et encore moins de maudits. Lucia est bien trop jolie, de l’autre côté de la porte, pour être relégué au rang d’amante et il concrétise ses pensées avec un interminable sourire niais et transit. « Cadeau. Enfin c’est pas vraiment pour toi, mais normalement grâce au papier cadeau tu dois t’en douter. » Il devine déjà que tout est destiné à Rex II mais, bien trop peu doué pour le multitasking, il se concentre d’abord sur le baiser qu’il lui rend avant de l’inviter à entrer et ouvrir le papier cadeau aux allures canines, intrigué. “Mercii. Il parle avant d’avoir ouvert le présent, vérifiant entre temps que Lucia ne s’est rien cassé en buttant contre l’une des gamelles. Une fois le harnais découvert, il n’est que plus heureux encore et répète ses remerciements tels un disque rayé. “Ce sera parfait pour l’emmener courir tou les trois. Le blond rigole, moqueur, avant de poser le harnais sur la table. Il s’en occupera comme il se doit au moment venu mais pour le moment Lucia reste sa seule priorité et c’est là la raison pour laquelle il vient la ramener contre lui d’une seule main, heureux de retrouver son effluve.

Le plus important sujet de la soirée arrive sur la table en bien peu de temps, au plus grand bonheur de l’anglais. « Tu veux commander à manger ou bien faire la cuisine ? » “Les pizzas arrivent à 20h45 et les Bubble waffle à 21h30.” Le programme de la soirée est déjà tout préparé et la nourriture avec. Ils ont déjà leurs habitudes de petits vieux tant et si bien que Swann n’a même pas eu besoin de réfléchir pour savoir ce que Lucia pourrait bien vouloir commander : il sait. « C’était bien tes vacances ? » Il reprend un sourire un peu plus appuyé alors qu’il s’avance en direction du canapé et se laisse d’y enfoncer. “C’était pas de tout repos mais j’aurais rien voulu changer.” En compagnie d’Ariane, elle sera sans doute la moins étonnée de savoir qu’il y a eu des hauts et des bas entre eux. Pourtant, elle reste une compagnon de voyage incroyable et sans vouloir trop dévoiler de sa vie privée, Swann sait que l’étiquette ‘vacances’ arrange bien la rousse alors que, justement, cela n’avait rien de vacances ni même de repos. “T’aurais adoré Paris.” La ville, ses couleurs, sa nourriture (surtout la nourriture) ; elle aurait tout aimé et il pensait à elle à chaque instant.

« Tu m’as manqué... » “On est ce genre de couple qui va jouer à qui a le plus manqué l’autre ? Ça sonne comme une compétition, je suis prêt pour ça.” Il ne lui a pas parlé de vive voix depuis bien trop longtemps et autant dire qu’il ressent le besoin de rattraper le temps perdu. “Parce que ça me va, vraiment. Tu m’as manqué aussi.” Se décalant sur le canapé, il lui laisse assez de place pour qu’elle vienne à son tour s’installer à sa guise. “Sur une échelle de 1 à 10, à quel point ta soeur s’est vanté d’avoir anticipé notre relation ?” Elle a dit à voix haute ce qu’ils pensaient tout bas et n’osaient pas encore espérer. Elle a vu clair dans leur jeu là où eux même continuaient à douter. “Tes vacances se sont bien passées, en vrai ? Tu devais être heureuse de retrouver ta famille.” Ça aurait été le cas pour lui alors il part du principe que le reste du monde fonctionne comme lui.

Ils n’osent pas encore assez démontrer leur affection l’un pour l’autre et c’est pour cette raison que le premier sujet de discussion abordé n’est autre que celui des chiens, à savoir Rex premier du nom et le second du nom avec. Swann affiche un sourire sincère et se retient de rire face à la maladresse de Lucia au milieu du parcours du combattant de gamelles et autre tapis qu’est désormais son appartement. Il aurait beaucoup moins rigolé si elle était réellement tombé, ceci dit. “Bien sûr qu’on ne laisse pas tomber Rex, quelle idée.” Ils iront tous les quatre, donc. De toute façon, jusqu’à ce que Swann se décide réellement à aller adopter Rex II … il se peut qu’il se passe encore de longues semaines et peut être même mois. Ce n’était pas une maladresse que de parler de courir tous les trois, finalement. “Vingt quatre chiens c’est vraiment le maximum que je peux adopter ? Asking for a friend.” Il rigole et il est un stupide garçon, Swann. Adopter un seul chien est déjà une épreuve pour lui alors ne pensons même pas à deux - et imaginez donc vingt quatre. Pour la défense de Swann, il a simplement prévu une gamelle pour la nourriture et une autre pour l’eau et ce pour chaque jour de la semaine - après tout, on lave bien nos assiettes, alors pourquoi pas les gamelles de Rex II. « Et je me disais. Même s’il s’appelle Rex II on pourra lui trouver un surnom non ? » Étonné d’une telle demande, lui qui ne voit pas le mal à l’appeler ainsi, il lève un sourcil étonné. Autant dire que non, il ne voit pas du tout pourquoi ce prénom manquerait d’originalité ou de quoi que ce soit d’autre. Il trouve ça joli, lui. Pas aussi joli que Lucia, ça va s’en dire, mais quand même. “Je dis pas non, ça pourrait être drôle. Tu penses à quelque chose en particulier ?” Parce que même pour penser à l’appeler Rex II, il aura eu besoin de longues heures de réflexion.

Comme attendu, curieuse, elle en vient à poser des questions sur la capitale et Swann répond à chacune d’entre elles avec autant de précision dont il est capable (c’est à dire fort peu, finalement, puisqu’ils n’ont pas réellement eu le temps ou l’envie de visiter beaucoup de choses). Il lui parle des cafés, il lui parle des boulangeries et de l’odeur, il lui décrit surtout tout ce qu’il a pu manger et qu’il aurait aimé lui ramener s’il n’y avait pas eu le léger problème de l’avion. Un jour, il aimerait vraiment l’emmener là bas. S’il en a le temps et les moyens, il se promet de le lui proposer - tout en sachant déjà qu’elle est susceptible à 99% de répondre avec un excitation qu’elle veut venir et demander ce qu’elle doit mettre exactement dans sa valise. En attendant ce jour hypothétique, il se contente de rigoler quelque peu bêtement lorsqu’elle parle des podcasts de Hannah qui avait su voir l’évidence entre eux avant qu’ils n’osent se l’avouer. « Je l’ai dit à Leah aussi. Et à Scarlett. » Pour la rassurer, il enchaîne aussitôt sur ses propres révélations pour lui prouver que ce n’est en rien un problème, bien au contraire. “Martin sait. D’autres amis aussi. Tous ceux que j’ai vu depuis quelques semaines sont au courant, en fait.” Seuls les patients n’ont pas été tenus au courant de l’évolution de la vie privée de leur kiné, il était bien trop heureux de parler à son entourage de sa relation avec la jeune femme pour se priver de telles révélations. Surtout qu’ils ont dépassé les deux mois désormais, cela devient un peu plus sérieux encore à chaque jour qui passe.

Swann étend sa main pour venir la poser sur l’épaule de la jeune femme lorsqu’elle semble déjà s’inquiéter de ce qu’Ariane pense de leur couple et surtout de ce qu’elle a pu dire au blond. En plusieurs jours de voyage, seuls à l’autre bout du monde, elle aurait en effet eu tout le temps du monde pour lui faire la morale et pourtant il se contente de simplement hocher de la négative avant de reprendre. “Rien de tout ça, tu sais. Elle se contentait de souffler quand elle me voyait t’envoyer des messages mais on a pas abordé le sujet.” Elle soufflait et elle levait les yeux au ciel mais elle n’a pas réitéré tout ce qu’elle avait déjà pu lui dire. Lui sait ce qu’elle en pense et ils avaient de toute façon d’autres choses à s’occuper. Même la soeur de coeur qu’elle se veut être a abandonné l’idée de lui “ouvrir les yeux” et ça semble être sa façon à elle de lui souhaiter d’être heureux. C’est ce qu’il extrapole sans s’en vouloir, en tout cas. “Mais elle sait, hein. Elle sait tout. Pas tout, tout, mais juste ce qu’il faut. Elle a juste abandonné l’idée de me mettre en garde contre quoi que ce soit.” Et il la rapproche un peu plus près de lui, heureux de pouvoir de nouveau sentir son parfum alors qu’il tente maladroitement de changer de sujet. « Gaby était pas là, elle était malade apparemment, mais oui, c’était surprenant, mais ça c’est très bien passé. » “Oh ? Rien de grave ?” Il s’inquiète naturellement aussitôt. Il faut dire que Gabrielle est la seule soeur qui pourrait encore être de son côté alors il a besoin de s’assurer qu’elle soit en pleine forme. “Jillian a accouché de ses jumeaux mais ils sont chez Ginny en ce moment. Je peux essayer de l’envoyer acheter des affaires de peinture toute la journée pour qu’on puisse être seuls avec eux si tu veux. Je peux même négocier qu’elle nous laisse son chien.” Il sait à quel point elle aime les enfants parce que des étoiles remplacent ses yeux à chaque fois qu’elle en voit un arriver au DBD ou même dans la rue. Autant dire qu’il ne peut pas demander à ce que Jill soit dans les parages - ni même qu’elle sache qu’il présente ses enfants à Lucia - mais au moins Ginny comprendrait bien mieux la situation et serait conciliante, si jamais la jeune femme veut réellement passer une après midi au milieu de poupons qui passent la plupart de leur temps à dormir.

Lucia est douce quand elle lui pose des questions à propos de son pays natal et pourtant il ne peut pas s’empêcher de faire la comparaison avec Ariane qui lui demandait de s’y rendre, pour mettre les choses à plat et pour repartir sur de bonnes bases. « Ça a l’air fantastique. C’est plus beau que l’Angleterre ? » Les intentions ne sont pas du tout les mêmes et la plus jeune n’a même sans doute aucune idée de tout ce que représente l’Angleterre pour lui alors il ne pense même pas une seule seconde à lui en vouloir pour ses paroles ; loin de là même. Swann se contente de répondre de la façon la plus véridique qui soit, avouant donc préférer le météo française à celle de son pays. Le reste, il n’en parlera pas, parce qu’il n’est toujours pas prêt à aborder le sujet. “Mais ils ne pourront jamais rivaliser avec La Reine.” La tentative d’humour est bancale mais il compte sur son sourire énamouré pour noyer le poisson dans l’eau. Sur ça au moins, il ne lui cache rien et lui ment encore rien. Les sentiments qu’il éprouve à son égard sont l’une des rares choses sur lesquelles il est pleinement franc.

Les sms déflient sur l’écran alors que finalement personne dans l’appartement n’est étonné de son attitude. Autant dire que le blond ne voudrait changer d’aîné pour rien au monde, lui qui s’inquiète pour son propre sang autant que pour le reste du monde et ce sans distinction aucune. Lucia elle même ne semble pas avoir mal pris les tentatives d’humour du McGrath alors c’est une meilleure chose encore : ils sont tous sur la même longueur d’onde. « Qui sait peut-être qu’en 2037 j’arriverais lui décrocher un sourire. » Son bras se referme doucement autour des épaules de la jeune femme, tant pour la rassurer que pour changer de sujet. “2037, c’est un bon objectif.” Il se contentera d’être pleinement heureux s’il la compte toujours à ses côtés dans autant d’années.

Le moins subtil des changements de sujet du monde est celui des enfants de Jillian mais tant qu’il amène un ourire sur le visage de Lucia et qu’il garde celui déjà présent sur celui de Swann, c’est tout ce qui importe. Il n’y a sûrement pas besoin d’évoquer tout ce qui entoure sa grossesse, ce ne sont pas le genre de détails qui engendreront le même genre de conséquences sur le beau visage de la Whitemore. « Quand, demain ? Après demain ? Je me libère quand tu veux ! » Le rire qui s’ensuit est franc et sonore et il l’embrasse contre la tempe, trop occupé à rigoler pour lui donner une véritable réponse. Il se doutait de sa réaction mais n’avait en rien prévu la suite de sa proposition. « Mais que si t’es sûr que ça ne dérange pas Jillian. » Les mains molles du blond glissent sur les côtes de la jeune femme alors que sa voix s’élève, calme et sereine. “Ne t’en fais pas pour Jillian.” Un je gère aurait dû se tenir là mais il le censure finalement, le trouvant inapproprié. “Il faut que j’en parle avec Ginny justement et après je te le dis.” Sans doute pas demain ni après demain mais il fera au mieux pour qu’elle voit les jumeaux au plus vite. Il est un tonton comblé qui ne demande qu’à exposer ces petites merveilles à tous ses proches qu’il juge digne de confiance et Lucia en fait assurément partie.

Son visage n’est plus éclairée que par les lumières artificielles de la pièce et pourtant il la trouve toujours aussi belle, même si ses doigts viennent s’emmêler sans doute un peu trop souvent dans ses cheveux. « Tu veux faire quoi ? Regarder un film ou jouer à la console ? Dis moi que tu m’as attendue pour commencer la saison trois de Stranger Things ! » “Si je te menace de spoil, tu me laisses une part de ta Bubble Waffle ?” Il est fourbe, Swann, quand il sait à quel point elle voue un culte au sucre et que c’est la seule chose qu’il demande de lui dérober. Il ne reste crédible que peu de temps, pourtant, quand il allume la télévision et lance ladite saison. Bien sûr qu’il l’a attendue et que tout ce qu’il veut faire maintenant c’est passer du temps en sa compagnie sans avoir envie de la tuer parce quelle l’aura gagné à un stupide jeu vidéo. La série semble donc être un bon compromis et elle permet même de réceptionner pizzas et desserts sans heurts.

La part de gaufre, d’ailleurs. La dernière. Celle qui trône entre les mains de la jeune femme tel le sacro-saint Saint Graal. Il lui a laissé par politesse mais déjà il regrette et il bave, l’écran de l’intéressant plus tellement alors qu’il met en place la plus fourbe des techniques pour gagner ce qu’il désire. “Luciiiiaa …” Son nom qu’il murmure doucement avec sa voix d’adolescent retrouvée on ne sait où et ses lèvres qui tentent de lui faire penser à autre chose en gagnant du terrain contre sa mâchoire et sa nuque ensuite. Son sourire est immense parce qu’il est un gamin, ses yeux se ferment et ne repensent qu’à s’ouvrir au moment de vérifier qu’elle tient toujours la nourriture entre ses mains. Il en a une qui s’est posée sur sa cuisse seulement pour être plus proche de l’objectif, il en a une autre contre sa hanche simplement pour garder l’équilibre sur le canapé. Il joue de ses doigts parce qu’en général elle en rigole rapidement, il s’amuse d’un rien parce qu’il est certain de l’avoir vu piquer de la tête à un moment donné mais que la soirée est encore trop jeune pour qu’elle veuille déjà rentrer - parce que Lucia ne reste pas, elle rentre toujours dormir chez elle. Ce n’est pas un problème, cela ne l’a même jamais été : il a dit qu’ils prendraient leur temps et il le pensait sincèrement.

Chaque geste est lent et le fruit de milliers de ‘et si’ calculé en amont pour savoir s’il n’aura pas de conséquences néfastes sur Lucia. Il ne souhaite que son bien, il voudrait savoir tout bien faire à la perfection et ne toujours pas pouvoir y arriver est une chose qui le ronge de l’intérieur. Il a échoué une fois de plus dans le seul objectif qu’il gardait à l’esprit et, bien trop épris de Lucia, il n’arrive pas à lui reprocher quoi que ce soit. Selon lui absolument tout est de sa faute et seulement de la sienne, cela ne devrait même pas être sujet à discussion. Elle dit le contraire pour le rassurer, sûrement, et il a encore échoué. Même en Australie il ne sait faire que ça et alors que les propos de la jeune femme se veulent rassurants, il applique sur eux un calque noir. « J’ai pas envie de partir. » Elle doit avoir bien d’autres raisons que celle qu’il se fait, naïve, que la Whitemore souhaite rester parce qu’elle tient à lui. Sans doute partira-t-elle pendant la nuit, sans doute s’en ira-t-elle demain matin au pire des cas, mais dans ce cas elle ne reviendra jamais. « J’ai envie de rester avec toi. » C’est ce qu’on verra. Son cerveau dit, ses mains font autre chose alors qu’il continue de caresser doucement la sienne, comme s’il allait par ce biais là pouvoir panser ses propres blessures. Elle va mal et c’est évident, mais il est égoïste, Swann, et il ne voit que le fait que tout est à cause de lui. Il ne pense toujours qu’à lui, même lorsqu’il s’agit de se flageller - il le fait presque aussi bien que sa mère.

« C’est pas que je veux pas t’en parler tu sais. » Il en est à un point où il ne sait plus grand chose, justement, mais ses paroles font foi et il croit tout ce qu’elle veut bien lui dire. « T’aurais le droit. Je suis nulle, c’est nul de faire ça. » Même après en avoir reçu l’autorisation express, il n’arrive toujours pas à lui reprocher le moindre de ses gestes ni son manque d’explications. Après tout, il est lui aussi bien loin de lui avoir fait part de tous ses secrets et il peut comprendre qu’elle tienne encore à son jardin secret. Leur relation est naissante et ils ont promis d’y aller doucement, argument qu’il compte bien utiliser pour se dédouaner pendant longtemps encore. Au fond, il reste sincèrement inquiet pour elle de savoir qu’une chose semble tant dicter sa vie sans qu’elle ne puisse en parler en amont, ni même audit moment. Tant qu’elle restera incapable de se débloquer, il sait qu’il ne pourra rien faire pour elle et ce peu importe à quel point il le souhaiterait. « Moi aussi je tiens à toi. » Il esquisse désormais un faible sourire contre sa tempe. « On peut prétendre que c’était une soirée normale ? Que tu m’as proposé de rester dormir et que j’ai dit oui ? » Il souffle doucement sans réellement savoir pourquoi, la tête de la jeune femme désormais portée près de lui alors qu’il lui laisse la possibilité de se poser contre son cou et de pouvoir paradoxalement y respirer un peu mieux. Il est bien placé pour savoir à quel point on ne peut pas être soi même lorsque des yeux sont braqués sur nous et apparemment, ceux de Swann ne semblent pas faire exception à la règle. Une fois de plus, il se demande ce que ça doit être que d’être cette personne. Il ne fait que se répéter qu’il apprend de ses erreurs et qu’il fera mieux la prochaine fois mais au bout de trente ans, le discours commence peu à peu à être rouillé. “Est ce que tu veux rester dormir ?” La remise à zéro débute et il anticipe son ‘oui’ comme prévu, profitant finalement de la distance qu’il reprend entre eux pour enfiler un tee-shirt. A son tour, il se sent bien moins à l’aise d’apparaître si peu habillé devant elle après la scène qu’ils viennent de vivre.

Une fois retourné dans le lit et Lucia à ses côtés, il hésite longuement avant d’oser venir placer ses bras autour d’elle et la blottir contre lui. Il n’est pas doué pour ça mais il continue de le jurer : il fera tout pour la protéger et tenter qu’elle se sente bien. Passer ses propres émotions sous silence n’est en rien quelque chose de nouveau pour lui et elle ne lui a de toute façon pas demandé une telle chose. Tout va bien, donc, et pour prouver une telle chose, il embrasse tendrement le haut de son crâne, lui qui ne risque pas de trouver le sommeil avant bien longtemps. Ils en parleront plus tard ou ils n'en parleront jamais, ce ne sera qu'une fissure de plus dans l'argile.