| swept away (lilymatt #17) |
| | (#)Dim 30 Aoû 2020 - 14:53 | |
| Le Noah d’avant au teint translucide et aux membres tremblants n’a rien à voir avec le Noah d’aujourd’hui, bronzé et hilare, qui parcourt pourtant les mêmes couloirs d’hôpitaux qu’il connaît encore probablement par coeur. “R’garde Matt, on dirait que je suis un léopard, là!” il s’enthousiasme et il rigole, hausse son bras sous les yeux de son parrain qui grogne en silence et qui s’inquiète tout autant, qui la trouve vraiment pas aussi drôle que ce que le gamin lui-même semble déclarer.
C’était rien, à peine une allergie. Juste une réaction à une algue, ou à une autre connerie. Il a encore du sable dans les cheveux Noah, il en a sous les dents qu’on entend grincer à chaque fois où il narre l’évolution de la tache, des marques blanches et rouges qui montent le long de sa peau de fils surprotégé par certains, laissé libre de vivre par d’autres. Il y survivra Noah, se découvrira peut-être une intolérance à une plante aquatique en particulier, qui ne l’empêchera pas de continuer à supplier Matt dès qu’il passe au café pour qu’il lui organise un cours de surf personnalisé.
D'ailleurs, leurs pieds nus sur le linoléum de l’hôpital ont sûrement attiré l’attention, autant que leurs maillots de bain agencés - l’un y a des palmiers, l’autre des noix de coco, c’est ça le concept, et avec leurs planches aux couleurs assorties ça clashait trop bien trop cool sur les vagues - parce qu’il les sent, les regards sur eux. Il les sent Matt, mais il en a rien à faire le papa poule à tendance suffocante quand il prend Noah dans ses bras et que le torse collant de sel de l’un colle sur celui de l’autre. Il lui a passé un t-shirt à lui dans la collection qu’il garde toujours au sec dans sa voiture après être allé surfer, Noah a l’air de flotter dedans et le McGrath calligraphié au dos au-dessus de la traditionnelle tasse de café du DBD suggère qu’il fait du child labor avec son filleul le gars, il s’en voudrait presque. S’en voudrait presque plus que de l’avoir amené dans un coin secret découvert y’a peu, une crique où les vagues sont douces et où apprendre est facile, une crique où ils pouvaient être en duo et éclater de rire quand l’un tombait, quand l’autre faisait une pirouette de malade d’un sens comme de l’autre.
Ça allait et Matt avait presque été du genre à lui laisser toute la latitude de tenter et de tomber ; mais c’est quand il avait vu la suite de plaques sur le bras anciennement cassé désormais réparé de Noah qu’il s’était emporté. Qu’il avait direct tout abandonné sur la plage pour le conduire à l’hôpital en se maudissant pour la Terre entière, mais surtout de ne pas avoir enveloppé Noah dans de la ouate et dans des nuages le temps que Gin revienne de voyage.
On leur fait signe de passer à la salle d’attente, il grogne de nouveau Matt, parce qu’attendre veut dire laisser à la réaction le temps de faire pire ; et parce qu’en bon parano en ce qui concerne Noah, il pense toujours à pire. Mais il garde son sang-froid dès le départ Matt, cumulant les blagues de merde et achetant la totalité de la machine distributrice à un Noah patient pour deux, qui n’y voit que du feu.
|
| | | | (#)Lun 31 Aoû 2020 - 19:48 | |
| C’est aujourd’hui qu’elle apprend ce que c’est que de savoir un membre de sa famille aux urgences sans pour autant être capable d’avoir de plus amples informations à son sujet. ‘Lily, un McGrath vient d’être admis !’ c’est tout ce à quoi elle a eu le droit. Lequel, de McGrath ? Il en existe des centaines de ces choses là et malheureusement elle est bien placée pour le savoir puisque ce sont autant de personnes qui la souhaitent désormais morte. Personne n’est au courant de cette histoire, bien sûr, et la seule chose dont tout le personnel hospitalier est au courant c’est que le nom de famille est identique - et pas qu’en plus de faire lit à part, elle fait aussi maison à part avec son mari depuis de bien trop nombreuses semaines.
Le dossier rapidement dérobé sous le bras, c’est avec hâte qu’elle a quitté son poste dans l’aile pédiatrique pour son diriger aux urgences. Elle ne devrait pas être là et cet endroit n’a rien de son monde mais elle le fait avant tout pour le prénom écrit au stylo noir sur le dossier. Noah. Sous ces quatre lettres défilent toutes les analyses à son sujet et les opérations qui les ont suivies - et autant dire que la liste est conséquente. Il reste un enfant après tout, elle n’enfreint pas tant les règles que ça. Elle a déjà fait pire et Matt le sait.
Matt, d’ailleurs. Ce n’est pas lui qu’elle s’attendait à voir en salle d’attente, ce n’est pas lui qui était supposé avoir Noah aujourd’hui - mais les McGrath ont toujours eu du mal à suivre les plans. Ce n’est pas lui sur qui elle s’attarde finalement, encore moins maintenant qu’ils ont développé un don pour simplement ignorer l’autre et les problèmes y étant désormais liés. Elle ne retirera pas son alliance tant que personne ne lui annonce de divorce mais impossible non plus de faire un pas en avant quand il a hâte d’en faire deux en arrière à chaque fois.
Noah, donc. Noah à qui elle sourit et tend son poing, Noah qui lui rend le salut en souriant. Ses yeux dérivent méticuleusement sur les bras et jambes dénudés du gamin, elle analyse sans ne rien dire ni perdre son sourire rassurant. Elle en commente les plaques aux allures verdâtres. “Tu fais un lézard du tonnerre, tes amis doivent être super jaloux.” Il se doute sûrement de beaucoup de choses mais elle sait - espère - qu’elle peut continuer à le croire dans son camp ou, en tout cas, en terrain neutre. Si même cette supposition s’avérait être fausse, elle s’occuperait quand même de lui avec le plus grand soin, comme n’importe quel autre patient. Accroupie face à lui, elle le ramène contre elle en passant une main dans son dos et posant son front contre le sien, envahissante au possible. Il grogne et il râle, il a passé l’âge des câlins, il est un grand garçon et elle elle sent l’hôpital et lui il sent la mer et le café du tee shirt. Savoir s’il a de la fièvre, c’est tout ce qu’elle avait besoin de savoir avant de l’emmener dans une pièce privative et entamer de plus amples analyses. “Suivez moi, je m’occupe de vous aujourd’hui.” Demain elle sera là aussi s’il le faut et tous les jours qui suivent aussi. Peu importe ce qu’il peut se passer entre elle et Matt, jamais elle ne laissera un enfant en être le dommage collatéral.
Il connaît l’hôpital bien mieux qu’elle encore et son attitude la fait sourire bien plus que ne saurait le faire aucun autre mini-patient. Bien qu’il ne sache pas pourquoi ses bras sont recouverts d’une couleur inhabituelle, il apparaît pourtant être le moins stressé du trio. Sans doute est-il encore bien trop occupé à ronger ses bars de chocolat en tout genre. “Vous êtes allés surfer dans un nouvel endroit ?” Bien sûr qu’ils sont allés surfer, c’est simple à déduire à en juger par ses habits. Sa voix est à peine plus haute qu’un murmure, elle demande à Matt sans le regarder dans les yeux, ses iris trop occupées à couver Noah quelques pas devant eux. “Il s’est plaint que ça le grattait ? Ou lui faisait mal ?” Elle agit comme s’il était un patient comme tous les autres et c’est sûrement bien mieux ainsi. Nul doute que ce n’est pas Matt qui se plaindra de la chose.
|
| | | | (#)Lun 31 Aoû 2020 - 21:20 | |
| “Suivez moi, je m’occupe de vous aujourd’hui.” il aurait pu reconnaître sa voix entre mille mais il tient quand même à redresser la tête pour s'assurer que c'est bel et bien elle. La combinaison des néons et des couloirs aseptisés rendent la scène presque édulcorée, presque facile à endurer. Et il n'est que paradoxes Matt, parce qu'il aurait espéré que ce soit quelqu'un d'autre qui s'occupe de Noah autant qu'il sait le gamin en sécurité sur sa vie entre les mains de Lily. À défaut de savoir sur quel pied danser il ne danse pas du tout, la laissant reprendre ses marques sur un gamin qui en est couvert, ne faisant pas le rapprochement entre les instants où le même déroulé d'actions n'aurait pas été saupoudré de blagues de merde, de bonbons volés et de baisers avec. Ils évoluent dans un monde en parallèle à celui qu'ils bâtissaient et probablement qu'il lui en voudra toute sa vie pour ça Matt, presqu'autant qu'il s'en veut à lui d'y avoir cru. Rien n'est jamais aussi facile et s'il a vu le sort un nombre incalculable de fois s'acharner sur ses soeurs sans jamais l'enregistrer pour lui-même, il n'assiste qu'à un juste retour du revers aujourd'hui.
Le duo suit l'infirmière qui prend d'assaut un couloir qu'ils ont vu et revu y'a ce qui semble être une vie de ça. “Vous êtes allés surfer dans un nouvel endroit ?” « Ouais c'caché et c'est t-r-o-p cool. » l'accessoirisation du gamin comme de l'adulte laisse à désirer, eux qui sont des mix and match de vêtements secs et mouillés. Ce n'est que là que Matt réalise qu'il est pieds nus, quand il se coltine les regards en coin du personnel infirmier sans en avoir absolument rien à faire. Là, dans l'instant, c'est Noah sa priorité. “Il s’est plaint que ça le grattait ? Ou lui faisait mal ?” la voix de Lily est calme, pour de bien meilleures raisons que lors de leur dernière conversation. Ils sont là tous les deux pour la même chose et arriveront sans soucis à concilier le tout. C'est pas la première fois que la terreur de dix ans est pris au centre de drames d'adulte et qu'il s'en sort mieux que quiconque, mais d'un coup d'oeil un seul ils savent bien que leurs querelles, bien que crève-coeur et cruelles, ne paraîtront uniquement qu'entre eux deux. Le reste du monde se chargera de ramasser leurs mille morceaux éclatés une autre journée.
« Il se plaint tout le temps c'est pas facile de dire quand c'est grave ou pas. » « Je me plains jamais! »
Noah râle et soupire, il exagère tout et Matt qui lui ébouriffe les cheveux n'arrange en rien la situation. La pile de vivres gît comme le buffet de la honte dans un coin de la salle où Lily les a entraînés dans l'attente de plus amples analyses. « À l'intérieur des bras c'est pire. L'extérieur ça va. » qu'il finit par poser, docilement, les informations qui sont nécessaires et il le sait parfaitement. Elle s'occupera du dossier et elle s'occupera du gamin, il voit de suite dans les yeux de Noah que même s'il ne démontre absolument aucune once de peur il est quand même rassuré de ne pas se retrouver ici avec un nouveau visage à apprivoiser ; ce qui en soit serait étonnant, vu tout le temps qu'il a passé dans cette aile-là avant.
Quelqu'un entre, sa blouse blanche trahit son poste avant même que Matt ne se transforme en inspecteur dédié incapable de céder de la place dans sa bulle lui qui a tellement cédé qu'il tente de rester ambiant au premier degré. Lily et ce qui semble être un médecin parlent de trucs qu'il comprend d'une oreille, examinent et scrutent. Noah lui, il reste bien sage bien immobile le temps qu'on lui prenne des échantillonnages et autres particules d'épiderme qui feront l'objet de tests et d'analyses. Et il est con Matt, il est hypnotisé, il se fait chier lui-même quand entre deux phrases et deux soins il reconnaît la Lily d'avant. Il la voit, une seconde et une seule, avant la trahison et avant qu'il ne voit plus que ça. Il la voit elle et il souffle, à son oreille, feignant d'aller chercher une merde de serviette de papier ou un autre truc inutile. « Tu me manques. » il le regrette direct comme il le soulage, le secret qui en est un pour tout le monde et surtout pour lui. |
| | | | (#)Mer 9 Sep 2020 - 22:55 | |
| Elle analyse et elle en tire des conclusions, faisant passer avant toutes choses la santé de Noah et ce bien avant même ses propres envies et besoins. Il est le seul patient dans cette salle, il est le seul sur qui toute l’attention est tournée sans qu’il ne l’ait pourtant jamais demandé. « Il se plaint tout le temps c'est pas facile de dire quand c'est grave ou pas. » « Je me plains jamais! » “C’est tonton qui se plaint tout le temps, il confond.” Prenant le parti de Noah le temps d’une réponse, elle ajoute un clin d’oeil à sa remarque qui n’a rien d’une pique ou d’une attaque. Elle tente de faire au mieux pour mettre le gamin autant en confiance que possible et ce même s’il n’a pas l’air terrorisé par l’endroit, lui qui a dû vivre bien pire dans sa pourtant si courte vie. Ses pieds plein de sables se balancent dans le vide, lui qui est désormais assis sur un lit médicalisé bien trop grand pour sa taille.
Finalement les informations s’ajoutent au compte goutte « À l'intérieur des bras c'est pire. L'extérieur ça va. » et la brune finit par hocher de la tête sans ne rien ajouter d’autre. Son attention est toute tournée vers le plus jeune à qui elle demande de raconter en détails ses aventures sur le nouvel endroit caché et t-r-o-p cool en parallèle de quoi ses mains s’activent à passer ses membres sous l’eau claire pour prévenir l’aggravation des marques. Elle lui pose des questions pour occuper son esprit autant que parce qu’elle se soucie réellement de quel type de vague il a pu voir au loin tout comme le nombre exact de couteaux qu’il a amassé sur la plage avant de se rendre compte que sa collection à la maison était déjà bien trop grande. Les passages sur Matt la font avoir un sourire triste auquel elle n’ajoute pourtant aucune explication, son mari l’aura de toute façon vu et cela ne servirait à rien d’en discuter dans cette salle. Le médecin passant le pas de la porte la conforte dans son idée égoïste.
Il a le droit à un compte rendu de la situation en version express et aussi objectif que possible, les détails de sa vie privée ne regardant qu’elle - elle, et les millions de téléspectateurs qui ont pu les voir se marier devant leur écran de télévision. Ici, tout le monde connaît le visage de Matt. Pour une raison ou pour une autre, il ne passe pas inaperçu - et oui, le maillot cocotier y est aussi pour beaucoup. « Tu me manques. » Elle ne l’avait pas vu venir et surtout elle n’avait pas voulu le voir venir, le brun dont elle a évité de croiser le regard tout du long, lui qu’elle a bien fait attention de ne pas garder dans sa zone de visibilité. Son compte rendu est mis à rude épreuve, elle ouvre de nouveau la bouche sans savoir quoi dire alors que son seul réflexe et de passer une main en arrière pour attraper la sienne et y enrouler ses doigts. Le geste n’appartient qu’à eux et n’est visible qu’eux aussi, elle se raccroche à lui autant que possible alors qu’elle reprend son monologue à propos des analyses à effectuer et des antécédents spécifiques du McGrath. L'autre McGrath, le plus grand, le sien, lui manque pourtant plus que jamais en ce moment. La Lily d’avant lui en aurait voulu d’interférer avec son travail mais celle d’aujourd’hui n’a pas le courage de lui en vouloir pour quoi que ce soit, pas alors qu’elle est la seule fautive de toute cette histoire.
Ses yeux se détachent de son collègue pour passer rapidement dans ceux de Matt, pas assez longtemps pour qu’elle ne distingue réellement quoi que ce soit. Il peut aujourd’hui l’aimer ou la détester qu’elle ne saurait plus quoi y lire, entre ses espoirs et la réalité. Le médecin coupe court à ses pensées et demande au garçon de le suivre pour d’autres tests et Lily hoche de la tête pour le rassurer, affirmant que ça ne fera pas mal. Noah est entre de bonnes mains et elle ne peut pas l’aider davantage ; le médecin lui a de toute façon proposé une sucette et son estomac de McGrath vient de décider qu’il l’aime. Tout ira bien pour lui, il est sans doute celui pour qui elle s’en fait le moins dans toute cette histoire et c’est la raison pour laquelle elle a tôt fait de refermer la porte dès les deux garçons partis, la laissant seule avec Matt. “Tu dis ça pour me le faire payer ou tu le penses vraiment ?” Incertaine, ses dents ont recommencé à jouer nerveusement avec l’intérieur de sa joue dans l’attente d’une réponse qu’elle craint autant qu’elle espère entendre. |
| | | | (#)Jeu 10 Sep 2020 - 21:52 | |
| “Tu dis ça pour me le faire payer ou tu le penses vraiment ?” la pique fait mal, assez pour qu’il sente sa gorge se serrer, sa respiration arrêter. Il pensait pas qu’elle pouvait lui faire plus mal déjà Lily, il croyait qu’elle avait atteint la limite, quand il n’en avait jamais eu aucune avec elle parce que justement il ne croyait jamais s’y rendre. Qu’elle l’avait fait suffisamment pour que jamais il ne s’inquiète de tomber encore plus bas. La main qu’il tenait encore dans la sienne s’en voit ultimement relâchée, la chaleur qu’il était allé égoïstement s’y chercher en enlaçant ses doigts à ceux de Lily n’est plus.
Elle lui manquait quand il la voyait avec Noah et elle lui manquait quand il entendait sa voix douce blaguer à outrance. Elle lui manquait quand elle arrachait des rires et des sourires à un gamin qui ne sait faire que ça désormais, elle lui manquait quand elle s’alliait à lui pour se moquer d’un Matt qui pendant une fraction de seconde à peine, avait oublié à quoi ressemblait sa vie hors de la salle d’examen. Elle lui manquait parce qu’elle était belle et surtout parce qu’elle était elle, parce qu’elle était passionnée et parce qu’il retrouvait la Lily ébouriffée dans leur lit à réviser pour ses cours et des travaux y’a une vie avant.
Pourtant dans sa voix, dans son coup d’oeil, dans le stress et l’inconfort qu’il y remarque, c’est la Lily dans son lit avec un autre homme qu’il voit, revoit clairement même. Quand il n’a rien vu a priori de toute cette histoire. Pourtant il n’y a pas une journée où le scénario ne revient pas, où il n’en imagine pas toutes les itérations, où il ne le reçoit comme une claque du revers.
Mais jamais une claque aussi forte que celle-là. “Tu dis ça pour me le faire payer ou tu le penses vraiment ?”
« Je le pensais vraiment. » qu’il statue, au passé, la minute déjà envolée. Elle ne lui manque pas quand elle doute de lui au point de penser qu’il est là strictement pour lui faire du mal. Il n’arrête pas de tourner la situation depuis des semaines dans sa tête en essayant de la dédouaner, de voir là où il n’a rien compris, de voir ce qu’il a bien pu faire de mal pour qu’elle en vienne là, ce que Pete lui a mal dit. Elle ne lui manque pas quand elle ne le connaît plus au point où elle l’accuse d’avoir fait ça exprès, ici ou ailleurs, pour la piquer et pour se venger. Il se vengera pas Matt, contrairement à Ezra qui a dû adorer la vengeance de ruiner son couple quand lui-même a éhontément ruiné le sien. Il le pensait et maintenant il pense à des tas d’autres choses mais surtout plus à ça. « Y’a des papiers que je dois remplir pour Noah ou tout est fait? » alors il s’occupe, il vivote et il cherche autre chose à faire, à dire, craignant que les prochains mots ne servent à la jeune qu’à contre-attaquer de nouveau, le coeur en miettes les idées avec. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 11:31 | |
| « Je le pensais vraiment. » Elle savait qu’elle avait choisi les mauvais mots, elle ne savait simplement pas à quel point un retour de bâton pouvait faire aussi mal. D’habitude elle est la seule à faire souffrir son entourage par ses remarques acerbes et son manque de délicatesse flagrant mais jamais personne n’avait réussi à lui faire autant mal en retour sans que ce ne soit nullement physique. Lily joue à un jeu auquel elle n’a toujours su que gagner mais aujourd’hui plus rien ne semble si certain. C’est l'utilisation du passé qui lui fait le plus de mal quand, finalement, elle aurait peut être enfin pu commencer à réparer les choses entre eux si elle n’était pas toujours aussi bornée. Si seulement elle l’avait voulu, elle aurait pu lui dire un simple ‘toi aussi’ qui, à défaut de tout arranger par magie, aurait au moins évité d’empêcher le pire. La brune continue pourtant naïvement de croire qu’un jour ce sera lui qui réparera tout et qu’elle sera là pour avoir le droit de l’aimer de nouveau. Elle espère un miracle au milieu du conte de fées qu’est sa vie, voilà tout.
Jamais ses mains n’ont été aussi gelées, elles qui ne peuvent de nouveau ne compter que sur elles mêmes. Les siennes lui manquent déjà mais elle n’a pas appris à exprimer de tels sentiments. Elle sait se plaindre quand Joseph lui tire trop les cheveux en les coiffant, elle sait râler quand elle se voit forcée de manger ses plats avant de passer au dessert, elle sait mentir comme personne, elle sait étudier et se tuer au travail par simple passion. Elle sait le dire, quand elle aime vraiment. Elle sait le dire autant qu’elle sait le montrer et il a pu le voir de ses propres yeux. Ce dont il n’a pas souvent été témoin sont les marques de faiblesses qui caractérisent chaque humain mais qu’elle se refuse aujourd’hui encore à ressentir, de peur d’en souffrir. Aujourd’hui encore, pourtant, c’est ce caractère là qui la rend plus malheureuse à chaque minute qui passe. « Y’a des papiers que je dois remplir pour Noah ou tout est fait? » Un frisson a parcouru son échine à l’écoute du mot “papier à remplir” et elle a blêmit instantanément, incapable d’anticiper le coup.
Les yeux de Matt sont partout et ses mains avec et si elle ne le connaissait pas assez alors elle aurait pu assimiler le tout à de la curiosité. Maintenant, elle sait qu’il cherche seulement à s’occuper les mains et l’esprit pour ne plus avoir à penser à elle, trop présente et trop douloureuse à la fois. Lily s’était promise de ne pas ressembler à toutes ses histoires d’amour qui ont fini par lui faire mal à un moment ou à un autre et la voilà qui échoue lamentablement. “On doit attendre qu’ils reviennent, pour ça.” Elle souffle à peine avant de faire un pas en avant, lui ordonnant dans une fin de souffle de se calmer. “Matt, arrête.” Il ne devrait pas avoir le droit de toucher tout comme il ne devrait même pas pouvoir s’approcher du matériel et des médicaments aussi diverses que variés. Elle aurait aimé lancer un jeu au hasard pour trier les boîtes de la plus à la moins jolie mais ce n’est pas le moment opportun, sûrement. Ses traits sont encore tirés et ça n’a rien à voir avec le soleil dont il a dû abuser aujourd’hui. “Tu me manques aussi.” Ce n’est pas à conjuguer au passé. Elle voudrait pouvoir ne jamais avoir à le conjuguer au passé, que ce soit son amour pour lui, leur mariage, leur histoire ou simplement eux. Ses doigts le dégagent doucement du plan de travail et elle s'immisce finalement entre lui et le meuble blanc, ses doigts refusant égoïstement de s’éloigner des siens cette fois-ci. “Elles se dilatent. Les pupilles. Quand on ment.” Ça, elle a pris grand soin de ne jamais le lui faire réviser par Matt. C’était son secret de polichinelle. “Les tiennes se dilatent jamais. Les miennes non plus, quand je te dis que tu me manques.” Même si elle ne peut pas s’observer dans un miroir, elle est bien trop au courant de ses sentiments pour le brun pour douter un seul instant de sa sincérité. Si cela ne tenait qu’à elle, elle remonterait dans le temps pour effacer son erreur et simplement recommencer à être heureuse, avec lui. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 16:58 | |
| Commence l’examen exhaustif et complet de toutes les babioles, de tous les instruments, de tous les items qui sont sur son sillage. Il analyse chaque forme et chaque couleur, il lit tous les panneaux d’information et tous les titres de brochures, les descriptifs d’utilisation et les inscriptions en caractères si petits qu’il se demande si un jour il aura besoin de lunettes. Ce jour-là le monde entier se moquera de lui à commencer par tous ceux qui bossent au DBD et même ceux qui y prennent leur café qu’une fois par semaine autant que ceux qui le font mille fois de plus. Tout le monde scrutera son visage pour y voir des rides et ses cheveux pour en voir des blancs, et Lily sera pas là parce qu’elle a bien mis un point d’honneur à reculer plutôt qu’avancer apparemment. “On doit attendre qu’ils reviennent, pour ça.” alors il attend. Il ralentit les mouvements, il erre et il dérive, il pense à tout mais surtout il ne pense à rien. Matt, arrête.” ses mots sont durs mais son ton est doux, il aurait presqu’envie de l’écouter si ce n’est son besoin désormais récalcitrant de défier toute forme d’autorité venant des gens qui l’ont déçu, qui l’ont brisé. Il les a tous trop pardonné. De quel droit est-ce qu’elle lui dit quoi faire quand il n’a envie de rien ni de continuer ni d’arrêter de toute façon. Il la regarde sans baisser les yeux cette fois, ses yeux vissés dans ceux aussi bleus que voilés de Lily. “Tu me manques aussi.” too little, too late.
“Elles se dilatent. Les pupilles. Quand on ment.” d’office il a l’impulsion de regarder si les siennes à elle le font. Il regarde et il scrute et il a l’air d’un idiot, à maintenir un rythme de respiration normal quand la proximité de Lily ne fait que tourner tous les couteaux du monde dans le même nombre exponentiel de plaies béantes. Elle sent elle et juste ça a l’effet aussi doux qu’amer de lui rappeler chacun des moments, chacun des instants qu’il avait gravé parce qu’il n’a probablement pas été le premier à l’aimer mais qu’il a sans aucun doute était celui qui l’aimait le plus fort. Quel idiot aurait pensé que ce serait suffisant. “Les tiennes se dilatent jamais. Les miennes non plus, quand je te dis que tu me manques.” il ment pas Matt, jamais. Il l’a fait une foi et une seule, s’est juré de ne plus jamais cacher la vérité à qui que ce soit même si c’est pour son bien, quand le corps inanimé de sa cadette dans ses bras a tout remis en perspective.
« Elles se dilateraient si je te demandais pourquoi? » il n’est toujours pas prêt à l’entendre mais il le faut. Si c’est ce qui le garde de partir, si c’est ce qui le garde de ne pas laisser ses mains à plat sur le comptoir, de sentir ses doigts qui y pianotent nerveusement et en silence, alors au moins il en finira. Tout devrait l’encourager à quitter la pièce, tout devrait le retenir de décaler un index et un autre, eux qui se rapprochent d’elle sans même la toucher. Le fantôme de la main de la brune dans la sienne le brûle encore, son souffle à elle le gèle d’office. « Pourquoi? » il en rêve comme il en crève, de voir ses prunelles réagir. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 20:32 | |
| Elle avait beau s’attendre à la question qui suit, elle n’en fait pas moins mal pour autant. « Elles se dilateraient si je te demandais pourquoi? » Lily aurait préféré avoir la réponse à cela mais peu importe le nombre de fois où elle s’est rejouée les événements dans son esprit, aucune ne lui vient encore à l’esprit. L’alcool brouille les détails et son cerveau s’occupe de flouter le reste, lui qui n’a absolument aucune envie de se remémorer ce moment. A défaut d’en vouloir à Ezra, lui qui était pourtant bien au courant de son nouveau statut matrimonial, elle est pour une fois la seule en tort et malheureusement elle ne le sait que trop bien. Les remords la rongent de l’intérieur mais de l’extérieur elle se contente de papillonner des sourcils un temps, déstabilisée, avant de se reprendre rapidement. Il la regarde enfin dans les yeux et elle en fait autant, même si ça a désormais tout d’une bataille et plus grand chose d’amoureux. “Fais le.” Si elle a l’impression de lui donner l’autorisation pour l’achever, c’est parce qu’il y a un peu de ça, au fond. « Pourquoi? » Ses pupilles ne se dilateront pas. Elles ne se dilateront plus. Elle l’aime trop pour continuer à lui mentir, même sur son passé dont elle a toujours tant de mal à parler. “J’ai pris peur.” La pierre à sa bague vire au bleu, signe discret qui s’ajoute à tous les autres et corrobore sa version des faits. Sa gorge se noue et la mariée est dévastée à l’idée de lui en faire part de manière si brutale, elle qui a toujours pris grand soin de démontrer qu’elle était une grande fille qui n’avait jamais peur de rien. “A l’idée répéter les mêmes erreurs. Et d’aller trop vite.” Il y a encore des pans de son histoire qu’il ne connaît pas, Matt, et ce n’est sûrement pas le moment idéal pour lui en faire part parce qu’elle ne compte pas jouer sur la corde sensible simplement pour obtenir son pardon. Si elle le gagne, elle veut que ce soit en lui prouvant qu’elle est capable de mieux, de bien mieux ; à commencer par sa confiance pleine et entière.
La brune se montre faible et pourtant son regard est dur et inquisiteur. Elle le défie de lui poser d’autres questions tout comme elle le met en garde contre tout ce qu’il pourrait dire et qui ne sera jamais défait ; tout ça dans un silence de plomb entre chacune de ses phrases. Entre temps, ses pupilles ne se dilatent pas et dans ses yeux se reflètent les néons jaunâtres de la pièce aseptisée. “Je pensais que c’était trop beau pour être vrai. Nous.” Elle précise ce dont elle parle pour éviter toute confusion là où il y en a déjà bien trop. Immobile, l’infirmière se contente d’espérer qu’il fera un pas en sa direction. S’il en venait simplement à effleurer de nouveau ses doigts, ce serait déjà beaucoup à ses yeux. Elle ne demande pas un pardon immédiat, simplement qu’il lui fasse part à son tour de ce qu’il ressent au delà du fait qu’il lui en veuille. “J’ai rien prémédité. Je l’ai pas fait pour te faire du mal non plus.” Jamais elle n’aurait osé une telle chose, justement parce qu’elle l’aime bien trop et peu importe à quel point leur histoire semblait tout droit sortie d’un livre pour enfant ; elle l’aimait ainsi.
Enfin, ses yeux décrochent des siens, à bout de force. Ils s’ancrent sur ses pieds sableux, elle sourit à peine en repensant à tous les souvenirs qui mêlent Matt et une plage ; que ce soit à Brisbane ou à l’autre bout du monde. “Je ne me battrai pas si c’est pas ce que tu veux.” Se battre pour lui est en réalité la seule chose qu’elle désire en ce moment mais elle lui a déjà fait bien assez de mal pour ne pas ressentir le besoin d’en rajouter. “Mais tant que tu ne m’auras pas dit que tout est terminé, je garderai espoir.” Tant qu’il n’aura pas signé aucun papier, elle continuera de stupidement espérer que tout reviendra un jour à la normale et qu’ils seront de nouveau heureux. Son souffle s’accélère et se casse contre le torse du brun, elle se sent enfermée et prisonnière entre lui et le meuble mais à défaut de vouloir se dégager de là, elle rêve seulement d’avoir le droit de le prendre dans ses bras. S’ils étaient des enfants, tout aurait été bien plus simple. “Est ce que je mens ?” Ses yeux ne brillent plus que parce qu’elle est au bord du gouffre mais elle les relève quand même en sa direction. Elle n’a plus honte de montrer ses brèches, pas devant lui. Elle ne ment pas. Elles se sont dilatées ou non, Matt ? |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 20:48 | |
| “Fais le.” elle l’autorise à demander et il est lâche presque Matt, quand il espérait qu’elle refuse. Comme ça, il aurait pu gratter encore quelques minutes à vivre dans l’irréel, à ne pas centrer ses yeux sur les siens et à ne pas craindre la suite.
Elle est longue la liste de tout ce qu’il se reproche dans cette histoire, bien plus longue que ce qu’il lui reproche à elle ou ce qu’il reproche à Ezra. “J’ai pris peur.” à commencer par ça : pas avoir été suffisant pour qu’elle ait pas peur à ses côtés. Il sait faire que ça Matt, pas protéger les gens autant qu’il le voudrait. Il sert à rien et elle ne le lui prouve qu’à nouveau, avec une poignée d’à peine quelques mots. “A l’idée de répéter les mêmes erreurs. Et d’aller trop vite.” les mêmes erreurs de quoi, Lily? Mais il dit rien il encaisse, les coups comme les regards, les silences comme les mots. “Je pensais que c’était trop beau pour être vrai. Nous.” il voit pas la logique dans rien comme il ne voit pas celle où de tout casser suffirait à tester pour voir si justement, c’était trop beau pour l’être pour vrai. Pourquoi les choses peuvent pas juste être simples le tenaille, lui qui est advocate de tout sauf du compliiqué. Lui qui laisse la vie couler, lui qui prend ce qu’on lui donne, lui qui tente que tout soit beau, toujours, pour tout le monde.
“J’ai rien prémédité. Je l’ai pas fait pour te faire du mal non plus.” il aurait aimé qu’elle mente, là.
Il aurait aimé se dire qu’elle a voulu contrôler leur fin plutôt que de laisser une chance au destin. Mais c’était sans compter qu’elle dise vrai, et ça, ça le pique encore plus qu’il ne le croit. “Je ne me battrai pas si c’est pas ce que tu veux.” il veut pas que personne se batte pour quelque chose qui devait être si simple. Il veut pas se battre lui-même si c’est pour les ramener au départ et aux doutes, si c’est pour perdre en force et en équilibre parce qu’ils ont tout compliqué dès le début. Il a donné pour les relations qui le grugent Matt, il a tout donné et il lui donnerait tout à elle aussi, si seulement il arrivait à s’enlever ses mots de la tête, s’il les filtrait au lieu de les accumuler comme tant de pièces d’un puzzle acidulé.
J’ai pris peur. “Mais tant que tu ne m’auras pas dit que tout est terminé, je garderai espoir.” J’ai pris peur. “Est ce que je mens ?”
« Tu mens pas. » il statue, catégorique. Il inspire aussi, il redresse son menton du bout des doigts, avec toute la douceur dont il est capable. Elle qui a baissé le regard et elle qu’il questionne à nouveau, une dernière et ultime fois. « Et si tu prends peur à nouveau? » on fait quoi? Si elle est à nouveau terrifiée? Si c’est simple, si tout va, si tout se replace, s’il lui fait confiance? Elle recommencera? |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 21:12 | |
| « Tu mens pas. » Elle mentirait si elle disait ne pas respirer un peu mieux à ce moment précis. C’est léger, imperceptible, et pourtant elle ne sent que ça. Sa cage thoracique s’autorise à s’ouvrir un peu plus, elle s’autorise à fonctionner un peu mieux. A défaut que quoi que ce soit ne s’arrange, il la croit et cela lui enlève un énorme poids dessus les épaules parce qu’elle n’a jamais été certaine de la chose. Elle ne savait pas s’il pensait faire face à des énièmes mensonges quand elle lui disait l’aimer et être désolée mais aujourd’hui au moins elle sait que ce n’était pas le cas.
Pourtant, ça ne fait que la blesser un peu plus, finalement. Même en la croyant, il ne semble pas faire de pas en avant. Il ne fuit pas pour autant mais il ne lui laisse aucune marge de manœuvre. Il est là sans être là. Il n’est pas le Matt qu’elle aime et à chaque fois qu’il lui parle ce n’est qu’avec une voix un peu plus brisée et lointaine encore. Elle a l’impression qu’ils sont ce genre de personnes qui ont été en couple un jour, ont partagé un lit et un enfant et qui finalement ne savent même plus comment se saluer. C’est comme ça qu’elle le voit. C’est ainsi que jamais elle ne se le serait jamais imaginé.
Le simple contact de sa peau sur la sienne électrise la jeune femme et elle se voit contrainte d’avoir de nouveau espoir en un futur un peu plus ensoleillé pour eux. « Et si tu prends peur à nouveau? » Et si ça n’arrive jamais ? Il sentira sous ses doigts la mâchoire de la brune qui se contracte aussitôt, tout comme il sentira sur sa nuque son souffle qu’elle expire rapidement. “Je t’en parlerais.” C’est par là qu’elle aurait dû commencer mais toute sa vie durant elle a appris à agir seule sans jamais en informer personne. Ils ne l’avaient pas prévenue que cette méthode ne pouvait pas fonctionner ad vitam aeternam. Elle y croyait dur comme fer. “Je veux jamais avoir à revivre ça.” Elle préférerait avoir peur pour le restant de ses jours plutôt que de sentir sa poitrine se contracter à nouveau à l’idée de pouvoir le perdre. Il est bien plus important que n’importe laquelle de ses peurs. Il est bien plus important que quiconque, même, le McGrath qui un jour est entré dans sa vie sans prévenir mais qui ne pourrait en ressortir sans faire de dégâts irréparables. “Ni te le faire subir. Je t’aime.” Ça aurait dû être suffisant. Ça l’a toujours été, en réalité, mais elle n’y croyait tout simplement pas. Ce ne pouvait pas être si beau et si fort sans qu’elle n’arrive à trouver une ombre au tableau alors elle a dû la créer elle même et aujourd’hui elle n’arrive plus à rien contrôler. “C’est pas de ta faute … Je voulais pas …” Ses phrases restent en suspens alors que sa tête tombe en avant, son front venant se poser contre le sien alors qu’elle s’autorise enfin un contact avec son épiderme, aussi minime soit-il. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 21:54 | |
| “Je t’en parlerais.” pourquoi elle l’a pas fait déjà est un mystère, assez pour qu’il serre autant la mâchoire qu’elle. Dans quel monde avait-elle vécu quand dans le sien à lui, elle aurait pu tout lui dire qu’il lui aurait tout pardonné en un claquement de doigt? Lui il s’adaptait à son rythme à elle et lui il s’y adapterait encore, tellement, si ce n’est qu’elle cesse de changer de direction comme de destination. Elle lui en a parlé, à lui, ce soir-là? Il l’a mieux écoutée que Matt aurait pu le faire, forcément.
“Je veux jamais avoir à revivre ça.” c’est là qu’il sait que ce n’est pas encore fini, quand elle avance son malheur à elle avant de pointer son malheur à lui. “Ni te le faire subir. Je t’aime.” bien sûr qu’elle a souffert et bien sûr que si il ne la regardait pas encore comme il le fait au même moment, il n’en aurait rien à foutre qu’elle ait eu mal. C’est là où il se confirme à lui-même que l’histoire n’est pas close ni même en voie de l’être. Tant pour d’autres il aurait simplement lâché un “bien fait” silencieux, piquant d’un regard noir, avant de quitter la pièce dans la seconde. Là par contre, il n’a pas la moindre pointe de vengeance au bord des lèvres, son coeur qui pince seulement, qui brûle et qui lui rappelle qu’il est là et qu’elle l’est elle aussi. “C’est pas de ta faute … Je voulais pas …” et pourtant elle l’a fait. Et pourtant, de là, vers où on va?
« J’ai pas confiance en toi Lily. » qu’il chuchote. Ses mots qui blessent, ses mots qui sont horribles, ses mots qu’il adoucit en les perdant contre ses lèvres à elle. « Je t’aime mais j’ai pas confiance. » il sait pas par où commencer et il sait sûrement, au fond, qu’il devrait pas commencer par là. Qu’il devrait pas prendre un peu plus appui sur le front de l’australienne, qu’il devrait pas lover sa paume derrière sa nuque. Qu’il devrait surtout pas relancer le baiser qu’il a lui-même initié sans en connaître la fin, fin qui a un goût autant amer qu’absent au possible. Il l’aime encore mais il n’a plus confiance, il l’aime encore et il ne sait pas, s’il veut lui faire confiance à nouveau. Elle est là, l’ironie. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 23:29 | |
| Elle hésite un temps de ses lèvres inanimées avant de lui rendre son baiser, fort peu habituée à ce que se soit « J’ai pas confiance en toi Lily. » qu’il lui murmure dans ce genre de moments. Chaque syllabe est une infinité de coups de poignards qu’elle reçoit en plein coeur, pourtant juste retour des choses pour ce qu’elle lui a fait subir avant. Lily sait pertinemment que la confiance est la base de toute relation, peu importe son genre, et la sensation d’échec se répand dans tout son coeur. S’il n’y a plus de confiance alors il n’y a plus rien et ce n’est pas son stupide et incommensurable amour pour lui qui pourrait sauver quoi que ce soit. Ce n’est plus suffisant, pas aujourd’hui.
« Je t’aime mais j’ai pas confiance. »
Ca devrait l’apaiser, qu’il y ajoute un je t’aime. Ce n’est pas le cas. Autant par envie que par besoin, ses lèvres répondent enfin aux siennes et elle prolonge ce baiser qui fait sans doute bien plus de mal que de bien. L’infirmière est rassurée par le simple contact de sa main contre sa nuque et à son tour elle pose les siennes contre ses hanches, rapprochant son mari près d’elle pour le temps que durera cet échange mensonger. S’il ne croit pas (plus) en eux alors elle y croira pour deux, parce qu’elle mentait quand elle disait qu’elle n’allait pas se battre. Elle l’aime comme jamais elle n’a aimé personne et ça semble impensable de simplement tourner la page sans tenter de le garder près d’elle. Il a changé toute sa vie en quelques mois à peine et Lily ne veut pas remonter le temps et encore moins retourner comme avant. Ce n’est qu’avec lui qu’elle était enfin heureuse et qu’elle s’autorisait à rêver d’un futur plutôt que de vouloir encore et toujours modeler le présent. “Je t’aime.” qu’elle répète à nouveau, s’en tenant à ces quelques mots tout en espérant naïvement pouvoir gommer ceux que lui y a ajoutés.
Si tout ce qu’elle aurait répondu en temps normal ce serait résumé à un ‘pourquoi tu m’embrasses si tu n’as plus confiance ?’ empreint de hargne, elle ne veut pas risquer de briser quoi que ce soit de plus entre eux. Pas avec Matt. Jamais. Il est le seul qui la fait se questionner sur elle même et il n’en a pourtant aucune idée. Ses mains remontent autour de ses épaules, ses baisers dérivent jusque dans son cou, où se niche sa tête. Elle ne sait pas combien de temps ils ont et elle sait encore moins si un jour ils auront le droit à nouveau de ne serait-ce s’embrasser alors elle profite égoïstement de chaque instant en sa présence comme s’il était le dernier. Il sent le sable et il sent le sel ; il sent la maison. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 23:34 | |
| “Je t’aime.” il soupire, ça pince, ça fait mal, peu importe à quelle intonation elle le précise, peu importe à quel moment elle le lui dit. Il fera le lâche et il fera le sourd, quand il dira qu’il ne l’a pas entendue, quand ses lèvres se chargent de l’empêcher d’en ajouter plus, quand il s’assure de lui couper le souffle en lui imposant le sien d’un baiser de plus. Il se veut entreprenant Matt, parce qu’il peut pas prendre le risque qu’elle parle, qu’elle s’excuse à nouveau, qu’ils relancent ensemble les discours des uns et des autres. Ils n’ont rien fait ensemble depuis si longtemps à son sens.
Il se veut avocat du diable à se dire que ça peut recommencer, que ça va recommencer. Il se veut ensuite hypocrite, à croire qu’il pourrait facilement tout lui pardonner, qu’il n’aurait besoin que d’un baiser de plus, et un autre après, peut-être. Que plus il rapprochera son corps à elle du sien à lui, qu’il arrivera à biffer toutes ces fois où il l’a imaginée ailleurs, où il l’a imaginée dans leur lit, mais avec un autre. Que chaque fois où il l’entend noyer un soupir contre ses lèvres, c’est qu’à lui qu’elle pense et à personne d’autre. Il doute qu’elle pensait à sa gueule de gamin quand elle aurait dû, cette fois-là. Y’en a eues d’autres, avant ça?
Et il prend tout Matt, il prend tout ce qu’elle lui donne. Quand ses mains se veulent pressantes mais qu’il n’ira jamais au-delà de ce qu’il est capable de faire, à savoir la rapprocher de lui. À savoir reprendre ses marques sur un corps qu’il, il y a des mois déjà, tentait de mémoriser par coeur en se disant que plus il en savait sur elle, plus toute la place lui était dédiée. Elle fait mal, la réalité.
La poignée de la porte tinte et elle grince et il sait qu’ils ne seront plus seuls dans une seconde tout juste, une minute à peine. Il souffle, bien plus à cause de ses propres gestes qu’à cause du reste. Les baisers n’ont rien chassé, la sentir contre lui n’a fait que tout accentuer. Son souffle se calme quand bien même il le perd à quelques reprises encore, son front reste ancré à celui de Lily jusqu’au dernier instant de solitude à deux.
« Je suis désolé. » il expire, il bouille, il se détachera bien vite, il brûle. « Que t’aies eu peur. Que tu m’en aies pas parlé. » il est désolé de pas avoir été assez bon, de pas avoir été assez tout court pour qu’elle le fasse, pour qu’elle se sente en confiance de le faire. Le dernier baiser fait mal, atrocement mal, quand il le perd sur son front à elle, quand il accentue la distance entre eux en allant retrouver les pamphlets et autres formulaires à l’autre extrémité de la salle. |
| | | | (#)Ven 11 Sep 2020 - 23:38 | |
| Ses baisers et sa proximité, c’est tout ce qui lui reste de Matt et c’est tout ce à quoi elle s’accroche et s'enivre un peu plus à chaque instant. Elle rêve encore de leur maison, de leur voyage, de leur famille, mais aujourd’hui sentir sa peau contre la sienne semble déjà être le bout du monde. Ils n’ont jamais été aussi étrangers l’un à l’autre quand, paradoxalement, c’est maintenant qu’ils sont mariés et eux faits leurs plans sur la comète. Plans qu’elle était la première à envisager, toujours. « Je suis désolé. » Plans qu’elle a la première rejeté du revers de la main, le temps d’une nuit dont elle connaissait déjà les conséquences multiples. « Que t’aies eu peur. Que tu m’en aies pas parlé. » Il est peut être désolé mais elle l’est encore plus, à commencer par le fait qu’il se sente coupable de choses qu’elle a menée seule et de son plein gré. La brune regrette la suite de décisions qui les ont amenés à être là, maris et femmes qui ne savent même plus comment se parler, étrangers qui ont partagé les mêmes rêves mais ont du mal à en faire de même avec le même air. Tout a changé si vite, la première fois, pour passer de la réalité au rêve. Tout était si beau. Tout était si horrible, la seconde fois, quand tout a encore changé si vite. Pour passer du rêve à la réalité qui fait mal, qui accroche, qui tue à petit feu.
Il n’en peut plus, il renonce. Elle s’accroche un dernier instant, lâche au possible. Elle grappille d’ultimes secondes d’ivresse avant d’enfin le laisser partir. Un pas, un autre, il vogue ailleurs, elle reste immobile. Une de ses jambes tremble frénétiquement et elle se déteste d’être de nouveau aussi faible à cause d’un homme, même si les raisons sont différentes. “T’as du rouge à lèvre.” Elle ferait tout pour qu’il lui donne une chance, une seule, mais elle craint de ne jamais accéder à ce palier ci. Le rouge à lèvre aurait été la preuve irréfutable de leur rapprochement et elle se doute malgré elle qu’il souhaite garder ça secret, alors elle lui en a fait part. « On a vu plein de tubes avec plein de trucs dedans et ils ont gratté un peu la peau là où c’est vert et c’était trooop cool ! » On entend sa voix en même temps que la porte s’ouvre, il est heureux et il redonne le sourire à Lily dans la seconde, même s’il est tout aussi faux que semble désormais l’être son mariage. Son rouge à lèvre à elle a été refait, vérifié dans un coin de miroire. « Même qu’on est allés dans des couloirs que j’avais jamais vu encore ! » “Est ce que t’as vu le fantôme de Madame George ? Ou celui d’Elizabeth ? On raconte qu’ils hantent l’hôpital.” Il raffole de ce genre d’histoires alors elle les lui offre à la pelle, heureuse de constater qu’il semble se porter comme un charme. Le sourire du médecin qui l’accompagne est tout autant rassurant et elle fait passer les papiers de ses mains à celles de Matt, pour qu’il puisse tout signer et s’enfuir aussi vite que possible. “Double exemplaire. Ça dit qu’il va bien et qu’ils enverront les résultats des tests à Ginny dès que possible.” Parce qu’elle est sa mère, parce qu’elle se garde bien de préciser que le père en sera lui aussi averti. Ce n’est sûrement pas le moment de parler d’Ezra, pas alors qu’elle tente de se contrôler au mieux et qu’elle lui parle d’une voix aussi douce que professionnelle, comme s’il était réellement un accompagnateur comme les autres. “Tu veux une sucette, Noah ? C’est quoi ton goût préféré ?” Et le garçon un petit patient comme tous les autres, aussi. Un mensonge de plus ou de moins, après tout, personne ne verra la différence. |
| | | | | | | | swept away (lilymatt #17) |
|
| |