tonight the winds of change
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@JESSIAN REED & RORY

D'aussi loin qu'il se souvienne, jamais aucun des conseils que son agente avait pu lui donner ne lui avait jamais paru mauvais, et dieu sait que Donna avait joué plus d'une fois le rôle de guide pour lui ces dernières années. Elle avait été la première à croire en lui à l'époque où une partie de son entourage l'avait pensé incapable de bâtir quoi que ce soit sur les cendres d'un rêve avorté, et c'est grâce à elle qu'aujourd'hui il ne passait plus ses soirées à servir des cocktails à une clientèle à peine aimable. Donna avait très vite perçu en lui cette envie, cette rage de vaincre qu'elle avait attisé plus que n'importe qui d'autre – son frère mis à part. Car si d'autres avaient fini par voir en lui ce potentiel qu'elle avait décelé, si on avait fini par le prendre au sérieux et lui offrir autre chose que trois bouts de texte ici et là, c'était grâce à elle. Et il en allait de même pour toutes les fois où elle avait accompagné sa carrière et les prises de décisions qui l'avaient jalonné. Son dernier film, c'est elle qui l'avait convaincu de le tenter. Et son seul regret, finalement, c'était de ne pas l'avoir eu auprès de lui le soir où cette scène dans la loge de Matthew Byers lui avait fait perdre son sang froid. Peut être que l'issue n'aurait pas été différente, mais il savait qu'elle aurait su trouver les mots pour apaiser le flot d'émotions qui l'avaient pris à la gorge cette nuit-là. Une des raisons pour lesquelles il n'avait pas douté d'elle lorsqu'elle lui avait conseillé de prendre contact avec cette association œuvrant auprès des enfants hospitalisés. Pas forcément l'initiative qu'il aurait prise de lui-même, parce qu'il gardait quelques souvenirs peu agréables de son séjour à l’hôpital lorsqu'il avait dix-sept ans. Mais une initiative validée par Ava, qui n'avait semble-t-il aucun doute elle non plus sur sa capacité à être aussi crédible dans son costume de prince charmant que dans n'importe quel autre rôle. C'était finalement un peu comme son boulot habituel, à ceci près qu'il n'aurait droit qu'à une seule prise et que ses spectateurs attendaient de lui qu'il leur permette de s'évader d'un quotidien triste et douloureux. Il n'avait aucun droit à l'erreur.

Son arrivée à l'association, il l'avait préparée en ayant en tête que c'était pour lui l'occasion de mettre ses tracas de coté pour au moins quelques heures, plusieurs fois par semaine et en compagnie de personnes qui soit n'auraient jamais entendu parler de cette histoire, soit n'en auraient rien à faire. C'était de ça dont il avait besoin, de laisser les choses se tasser tout en se sentant enfin à nouveau utile à quelque chose. Un but à poursuivre, c'est ce qu'il avait toujours recherché et ce sans quoi il s'était toujours senti vide. Rory avait autant besoin d'être là que ces enfants avaient besoin de lui, et de tout ce qu'il aurait pu choisir de faire pour s'occuper l'esprit cette idée-là était sans doute celle qui avait le plus de sens. Son cœur battant anormalement vite, il se gara et rejoignit l'entrée de l'hôpital avec l'appréhension qui allait toujours de paire avec la nouveauté. Arrivé à l'accueil, il se vit indiquer le service pédiatrique et fut plus déstabilisé qu'il l'aurait cru dans cet environnement. Ça lui passerait, et il s'y habituerait, mais difficile de totalement occulter que son rêve de gosse avait pris fin derrière la porte d'une chambre comme celles devant lesquelles il passa brièvement. Il ravala cependant toute émotion qui n'avait pas sa place ici, et maintenant. « Vous êtes là pour le Royaume Enchanté ? Suivez-moi. » Le brun acquiesça lorsqu'une femme arriva à sa hauteur et le jaugea, l'air de l'imaginer dans son costume. Un costume qu'on ne lui avait fait essayer qu'une seule fois, le jour où il avait postulé. Conduit jusqu'à l'intérieur d'une salle où s'affairaient plusieurs personnes, Rory laissa son regard balayer les alentours avant de le poser sur la seule silhouette qui lui soit étrangement familière. Celle de Jessian, sur qui il ne s'attendit pas à tomber alors qu'ils ne s'étaient ces dernières années recroisés qu'au détour d'occasions hasardeuses, de soirées servant de prétextes à renouer sans vraiment le faire. Sa présence lui laissa penser qu'elle était liée de près ou de loin à ce qui l'amenait ici, et il songea que sans robe de cocktail ni chignon impeccable, elle était plus proche du souvenir qu'il en avait gardé à l'adolescence. « Jess ? » Il s'annonça, dans un demi-sourire un peu nerveux. « Je pensais pas tomber sur toi ici. Tu fais aussi partie de l'association ? » C'était l'hypothèse la plus probable, et pourtant quelles étaient les chances pour que la brune et lui se retrouvent dans cette pièce aujourd'hui ? Ça faisait près de douze ans qu'ils n'avaient pas réellement discuté tous les deux, pas sans l'intervention d'un tiers en tout cas, et ça rendait ça un peu plus déstabilisant encore. « Je suis un peu en avance, une vieille habitude. » Qui lui venait aussi bien de ses entraînements de football à l'époque où il n'en aurait raté pour rien au monde, que des tournages qui régissaient sa vie depuis des années. Il n'avait jamais plaisanté avec la ponctualité, parce qu'il avait toujours couru après quelque chose. « Enfin, tu le sais mieux que personne. » Parce que même après tout ce temps il y avait des choses qui ne s'oubliaient pas, et que si quelqu'un savait combien il pouvait s'investir dans ce qu'il commençait, c'était elle. Non pas qu'elle n'ait pas aussi raté des choses en partant comme elle l'avait fait à l'époque, mais la rancœur s'était dissipée et la seule chose qui lui importait, c'était de faire honneur à la confiance qu'on plaçait en lui.

 

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JESSIAN & @RORY CRAINE

Quand on t’avait proposé de t’occuper de l’intégration d’un nouveau membre de l’association, tu avais hésité. Certains jours, tu avais l’impression que c’était hier que tu rencontrais Erin dans les couloirs de l’hôpital pour endosser le rôle de Jasmine pour la première fois. Pourtant, cela faisait déjà sept mois que tu avais rejoins les rangs de l’association et tu ne le regrettais pas. Ton manager t’avait fait remarquer il y a peu que ta carrière avait ralenti depuis que tu t’étais lancée dans ce projet, projet dans lequel il t’avait poussé pour aider ton image. Si les personnes qui t’embauchaient n’étaient pas capables d’apprécier que tu donnes de ton temps pour aider les enfants malades, tu n’étais pas certaine de vouloir travailler avec eux. Et puis tu doutais que cela ait un quelconque rapport, ce n’était qu’une coïncidence. C’est le lendemain de cet appel, alors que tu t’endormais sur le canapé en pleine après-midi en attendant d’aller chercher Morgane à l’école que tu décidais d’accepter la proposition de l’association. Après tout, quitte à ne pas faire des photoshoots, autant que tu utilises ton temps pour quelque chose d’utile. On t’avait dit que l’on te rappellerait bientôt car un nouveau membre n’allait pas tarder à vous rejoindre. Tu n’avais pas porté attention au secret qui était fait sur son nom jusqu’à ce que tu passes quelques jours plus tard dans les locaux de l’association pour y récupérer ton costume. Tu n’avais pas tardé à finir dans le bureau de la direction et tu étais tombée des nues quand on t’avait dit que c’était Rory Craine que tu allais parrainer. L’équipe de direction de l’association avait pris tes yeux écarquillés et ta bouche entre-ouverte pour la réaction d’une grande fan qui allait rencontrer son idole mais ce n’était pas vraiment ce qui se passait dans ton esprit en ce moment. Tu n’essayais pas de leur expliquer toutefois leur assurant que tu n’embarrasseras personne et surtout pas l’association et que tu pouvais tout à faire relever le défi. C’est ainsi que tu te retrouvais à passer plusieurs heures dans le bureau durant lequel on t’expliqua ton rôle et le parcours d’intégration. A la sortie, tu avais la tête qui bourdonnait mais au moins tu étais libre. Tu récupéras vos deux costumes en notant bien le jour et l’heure où tu devais retrouver Rory à l’hôpital. Rory … Bien sûr que tu avais repensé au jeune homme depuis que vous vous étiez quittés sur cette dispute disproportionnée. Tu avais voulu essayer de lui faire comprendre que tu ne l’abandonnais pas, que ce n’était pas ce que tu faisais en partant mais Rory n’avait rien voulu entendre. Chacun de tes mots semblait le blesser un peu plus et cela avait fini par te frustrer et vous aviez tous les deux dits des choses que vous ne pensiez pas. Depuis le temps avait passé mais tu ne l’avais pas revu, pas vraiment en tout cas. Se croiser à quelques soirées mondaines pour échanger des paroles vides de sens et de contenu ne comptait pas. Etais-tu la meilleure personne pour t’occuper de son intégration ? Peut-être pas. Mais tu voulais au moins saisir l’occasion de cette première session pour discuter un peu avec celui qui avait été ton premier amour quitte à ce qu’il demande de changer de personne référente par la suite.

Le jour du rendez-vous était vite arrivé et après avoir déposé Morgane à l’école, tu avais pris la direction de l’hôpital. En arrivant au service pédiatrie, tu allais saluer les infirmières de garde avec qui tu discutais quelques minutes avant de te rendre dans la salle que l’on vous avait réservé. Tu n’étais pas venue les mains vides. Tu avais amené avec toi vos deux costumes ainsi que des petites choses à grignoter. Il y avait aussi tout un tas de papiers que tu devais donner à Rory et certains qu’il devait signer. Ce n’était pas la partie la plus intéressante mais il fallait bien passer par là. Tu t’étais surpris à faire particulièrement attention à ton apparence ce matin, plus que tu ne l’aurais fait habituellement en tout cas. Tes vêtements n’avaient rien d’extravagants mais tu avais veillé à ce que ton jean et ton t-shirt te mettent en valeur ce que ta fille n’avait pas manqué de remarquer. Mais elle était encore trop petite pour que ce soit autre chose que de l’admiration devant sa maman. Il ne te tardait pas qu’elle soit adolescente et que cela se transforme en questions sur ta vie privée et en taquineries sans fin. Tu étais en train de vérifier que tu avais bien pris tous les papiers que t’avait donnés l’association quand une voix que tu ne connaissais que trop bien t’interpela : « Jess ? » Tu t’étais demandé si Rory savait que ce serait toi qui allait lui faire découvrir l’association et lui permettre d’y jouer le rôle qu’il désirait y jouer. La surprise dans sa voix et les paroles qu’il prononça ensuite te dit comprendre que non, personne ne lui avait donné le nom de sa marraine : « Je pensais pas tomber sur toi ici. Tu fais aussi partie de l'association ? » Avant que tu ne puisses t’en empêcher, tu hochais la tête. Rory devait s’en douter vu qu’il n’y avait que toi dans cette pièce que l’on vous prêtait pour l’occasion. Et si cela n’était pas suffisant, les costumes derrière toi devaient finir de mettre un terme à ses doutes. « Je suis un peu en avance, une vieille habitude. Enfin, tu le sais mieux que personne. » Un sourire amusé se dessina sur ton visage. En effet, tu te souvenais d’un Rory qui n’arrivait jamais en retard. Et pour un adolescent, c’était quelque chose d’assez rare pour être souligné. Cela calma un peu cette inquiétude qui montait en toi. Rory avait-il fini par comprendre ? T’avait-il pardonné ? Il n’avait pas beaucoup changé physiquement et tu retrouvais déjà sur son visage des expressions que tu lui connaissais mais tu savais aussi que vous n’étiez tous les deux pas les mêmes personnes que quand vous vous étiez quittés. Vous aviez tous les deux grandis, loin l’un de l’autre mais dans des mondes similaires, sous le feu des projecteurs. Tu avais suivi la carrière de Rory, tu n’avais pas pu t’en empêcher et tu avais vu le scandale qui avait éclaté. Le Rory que tu connaissais ne frappait pas les gens sans raison, il y avait une histoire là-dessous mais tu n’aborderas pas le sujet. Vous n’êtes pas là pour ça de toute façon. « J’ai rejoins l’association au début de l’année et j’avais du temps alors on m’a proposé de m’occuper de ton intégration. » Dis-tu simplement en haussant les épaules. Tu n’avais pas envie de montrer que tu n’étais pas sûre de toi, que tu ne savais pas sur quel pied danser même si c’était bien ce qui se passait. « J’ai aussi été surprise en voyant ton nom mais je n’aurais pas dû, tu as toujours eu le coeur sur la main. » Il y avait certainement une raison précise qui faisait que Rory ne rejoignait l’association que maintenant mais les raisons qui t’avaient poussée à rejoindre l’association n’étaient pas que charitables alors tu ne pouvais juger personne et cela ne te serait pas venu à l’idée. « Comment vas-tu ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui demander en lui désignant la chaise de l’autre côté du bureau où tu avais installé les différents documents. « On m’a fait promettre de te faire signer des papiers et de te remettre des documents d’information mais promis, après on passe à la pratique, j’ai amené ton costume. » Il avait été retouché à sa taille depuis son passage à l’association et il était donc prêt à l’emploi. Tu trouvais d’ailleurs le personnage plutôt bien choisi car derrière la belle gueule et l’acteur adulé qu’il était se cachait un homme au coeur tendre.

 

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Ce regard légèrement interloqué que lui avait lancé cette femme à l'accueil, il l'avait déjà surpris à quelques reprises sur le chemin de l’hôpital, sans qu'il sache si c'était son statut d'acteur ou ses récents déboires qui lui valaient d'être scruté comme une bête de foire. Il avait pourtant pris l'habitude, ces dernières années, à mesure que ses rôles lui avaient fait accéder à une notoriété plus importante et qu'on l'avait rangé dans un certain nombre de cases, associé à un certain nombre de costumes. Mais tout était comme différent, depuis l'incident. Les regards qu'il surprenait semblaient toujours teintés d'un peu plus de surprise, d'interrogation ou de jugement qu'autre fois. Et ça paraissait logique, avec tout ce que les journaux avaient raconté et le rôle dont il avait hérité dans toute cette histoire, qu'on paraisse toujours un peu étonné de le voir vivre sa vie comme s'il ne vivait pas dans l'incertitude depuis plusieurs mois. Que devrait-il faire, alors ? Vivre terré chez lui jusqu'à ce que l'intérêt autour de cette affaire s'estompe et que d'autres frasques que les siennes se mettent à défrayer la chronique ? C'est ce qu'il avait tenté de faire durant plusieurs semaines, au début, et aujourd'hui il n'avait plus l'intention d'être celui qui se planquait à défaut d'être celui qui pouvait restituer la vérité. Il pourrait, en théorie, mais ça sous-entendrait briser une promesse qu'il s'était promis de tenir et si toute cette histoire avait bien eu un seul bienfait, c'était cette solidarité qui s'était nouée entre Amber et lui. Dans la douleur et l'humiliation, mais il était sans doute la seule personne capable de comprendre à quel point tout ça lui demandait du temps. Sans doute alors qu'il lui faudrait s'habituer à ce qu'une partie des personnes qui croiseraient sa route aient eu vent de l'incident et choisissent parfois de prendre parti. Il y aurait toujours ceux qui tenteraient de comprendre, comme il y aurait toujours ceux qui condamneraient. Ici, pourtant, les gens se moquaient pour la plupart de cette histoire et de son passé. Il y avait plus grave, et lui se sentirait utile pour la première fois depuis des mois. Le reste, pour le moment, n'avait plus d'importance. Son passé, pourtant, n'était peut être pas totalement derrière lui ou du moins, pas celui qui lui revint instantanément en mémoire lorsque ses yeux découvrirent la silhouette de Jessian, au centre de la pièce où on l'avait conduit. Et s'il ne lui fallut qu'une seconde pour déduire la raison de sa présence, l'idée que le hasard les ait replacé sur la route l'un de l'autre était malgré tout surprenante. Il y avait bien eu quelques rencontres ces dernières années, mais jamais rien qui lui ait vraiment permis de prendre de ses nouvelles comme il en aurait eu envie. Parce que Jessian n'était pas seulement cette fille partie avec un bout de son cœur durant sa dernière année de lycée, départ que l'adolescent qu'il était à l'époque avait vécu comme un abandon. C'était aussi sa première histoire, sa confidente et un soutien pour lui à un âge où ces choses avaient fondamentalement de l'importance. C'est pour ça qu'il avait mal vécu de la voir partir, et pour ça qu'il avait ensuite regretté de ne pas avoir gardé plus étroitement contact. A la réflexion, peut être qu'il n'aurait pas eu grand chose à lui raconter, les premières années lorsqu'il servait dans des bars pour payer ses cours et galérait à se faire une place dans le milieu. Mais Rory en était convaincu, elle aurait plus d'une fois su trouver les mots quand il songeait à baisser les bras.

Avec le temps la rancœur et la déception s'était naturellement dissipées, si bien qu'aujourd'hui il était surtout en proie à sa nostalgie, se revoyant traverser les couloirs du lycée à ses cotés, comme si demain leur appartenait. Des années d'insouciance qui avaient pris fin brutalement, mais à défaut d'avoir un jour retrouvé l'état de plénitude dans lequel il nageait à l'époque, il avait devant lui l'une des rares personnes qui l'aient connu quand tout allait encore relativement bien. Alors c'est un sourire, surpris mais sincère, qu'il afficha quand elle lui confirma faire partie de l'association. « C'est gentil d'avoir accepté. Malgré tout, je veux dire. » Parce qu'il imaginait bien qu'elle n'accueillait pas un de ses ex dans l'association tous les jours, même si dans leur cas l'eau avait eu tout le temps de couler sous les ponts. « J'imagine que ça a du te faire un peu bizarre de savoir que c'était moi. Surtout après tout ce temps et parce qu'on peut pas dire que j'ai été super sympa, la dernière fois qu'on a vraiment parlé. » Rory étira une légère grimace, conscient qu'à l'époque pas mal de choses avaient joué dans sa réaction face au départ de la brune, et notamment la mauvaise passe qu'il avait traversé des mois durant après son accident. Partant de là, il aurait pu être plus confortable pour elle de laisser quelqu'un d'autre se charger de son intégration, alors le fait qu'elle ait accepté de s'occuper de lui le rassurait sur l'état de leur rapports aujourd'hui : ils avaient beau s'être perdus de vue, le respect qu'ils s'étaient toujours portés était toujours là. « C'est une idée de mon agent, à vrai dire. Mais j'ai appris tout ce que l'association faisait pour ces enfants, et je crois que c'est tombé sous le sens d'en faire partie. » Comme toujours, Rory était pudique et ne montrait pas facilement à quel point la situation pouvait le toucher, ni combien c'était aussi perturbant d’œuvrer dans un endroit qui remuait pas mal de souvenirs. Mais Jessian le connaissait, face à elle il n'avait pas envie de prétendre que sa présence ici résultait seulement de la capacité de son agente et de sa meilleure amie à se montrer convaincantes. «  On fait aller, je dirais. C'est pas une année évidente et j'ai du mal à entrevoir le bout du tunnel, mais j'essaie de m'occuper l'esprit comme je peux. » Il confia finalement, dans un rictus sans joie, en s'asseyant près du bureau face à elle. « Et toi ? T'arrives facilement à concilier ta carrière et l'association ? » Comme tout le monde il n'avait pas pu passer à coté de sa percée dans le milieu du mannequinat, et ça l'avait forcément rendu fier et heureux pour elle – une fois qu'il avait dépassé tout le reste. La connaissant, elle avait du faire beaucoup de sacrifices pour en arriver là, une chose qu'il pouvait d'autant mieux comprendre aujourd'hui. « Bien sûr. J'avais hâte de le renfiler, c'est la première fois que je campe ce genre de personnage alors j'ai besoin de me revoir en costume pour m'habituer. » Et il savait qu'il pourrait compter sur l'honnêteté de Jessian une fois son costume revêtu, Rory ayant bien des accoutrements à son actif mais pas encore celui d'un prince de conte de fées. Rien que le contraste avec son dernier rôle en date était forcément saisissant. « A ce propos, les gens d'ici voient pas d'un trop mauvais œil de m'accueillir ? Est-ce qu'ils savent pour... ce que racontent les journaux ? » Il demanda, apposant sa signature sur les documents avant de relever la tête. A la façon dont Jessian lui avait demandé si ça allait, il en avait conclu qu'elle savait déjà tout.

 

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JESSIAN & @RORY CRAINE

Tu habitais à Londres quand tes parents avaient prononcé le nom de Rory au téléphone. Tes parents avaient toujours apprécié le jeune homme et ils t’avaient fait comprendre à de nombreuses reprises qu’ils auraient préféré que tu te maries avec Rory qui était un jeune homme respectable plutôt que le bon à rien qu’était Abel. Ce genre de remarques, tu les recevais en levant les yeux au ciel et en les laissant dire. Cela n’aurait donc pas dû te surprendre quand ils te parlèrent de Rory en couverture de magazines car désormais il tournait dans des films. Dire que cela t’avait surpris était un euphémisme, tu ne savais pas que le théâtre, la comédie, c’était quelque chose qui intéressait ton ex petit-ami. Lors de votre rupture, il avait coupé les ponts et tu avais respecté sa volonté alors tu ne le suivais pas sur les réseaux sociaux. Mais ce jour-là, tu t’étais précipitée sur internet pour trouver toutes les informations que tu avais besoin. Et Rory avait été actif en ton absence … Malgré la douleur de votre dernier échange, tu te souviens de t’être sentie fière de lui. Fière qu’il ait trouvé cette nouvelle passion et cette voie après l’accident qui l’avait empêché de réaliser son premier rêve. Tu avais ensuite suivi sa carrière et quand tu étais rentrée à Brisbane, ce n’était qu’une question de temps avant que vous ne vous croisiez à une soirée mondaine. Quand c’était arrivé, la quasi indifférence de vos échanges ne t’avait pas surprise mais t’avait déçue. Tu avais ravalé cette déception toutefois pour la cacher derrière un sourire et échanger avec celui qui t’avait appris ce qu’était d’aimer, des banalités sans intérêt. Tu t’étais faite à l’idée que les choses seraient ainsi avec Rory mais le scandale avait éclaté et même si tu avais eu envie de l’appeler, tu ne l’avais pas fait. Et maintenant, le hasard faisait que tu te retrouvais à s’occuper de son intégration dans l’association que tu avais rejointe. Tu avais encore du mal à réaliser que Rory se trouvait bien là, devant toi, les mains dans les poches, légèrement gêné et très surpris. Tout comme toi lors de ton premier jour d’intégration, on ne t’avait pas dit qui tu allais rejoindre. La surprise était donc totale de son côté mais contrairement à ce que tu pensais, le visage de Rory ne se ferma pas quand il comprit ce que tu faisais là, il accueillit la nouvelle avec calme et sembla même reconnaissant que tu aies accepté de t’occuper de son intégration : « C'est gentil d'avoir accepté. Malgré tout, je veux dire. J'imagine que ça a du te faire un peu bizarre de savoir que c'était moi. Surtout après tout ce temps et parce qu'on peut pas dire que j'ai été super sympa, la dernière fois qu'on a vraiment parlé. » Le souvenir de votre dernière discussion était toujours aussi vif mais tu n’en voulais plus à Rory depuis longtemps. Tu espérais qu’il avait compris désormais pourquoi tu devais partir, pourquoi tu ne pouvais pas rester à Brisbane malgré tout l’amour que tu lui portais. Il ne t’avait pas échappé de remarquer que tu avais été bien plus sage à dix-sept ans qu’à vingt-deux quand tu t’étais mariée avec Abel sur un coup de tête. Mais ça, il n’avait pas besoin de le savoir. « C’était il y a dix ans, même si mon coeur d’adolescente a été brisé de ne pas être comprise, je t’ai blessée et c’était ta manière de réagir. J’espère que tu as fini par comprendre pourquoi je devais partir malgré tout ce que je laissais derrière moi. » Et il n’y avait pas eu que Rory, il y avait eu ta petite soeur également et pleins d’autres personnes qui t’avaient regardée partir avec tristesse. S’il y avait une chose que tu ne feras par contre jamais, c’est t’excuser d’être partie. Alors que tu lui dis remarquer que son envie de s’engager dans une telle association ne t’avait pas étonnée, il te répondit : « C'est une idée de mon agent, à vrai dire. Mais j'ai appris tout ce que l'association faisait pour ces enfants, et je crois que c'est tombé sous le sens d'en faire partie. » Un sourire amusé vint se peindre sur ton visage. Décidément, son agent avait peut-être été dans la même formation que ton manager. Le caritatif pour sauver les artistes en détresse, ça avait tout l’air d’être un bon filon. Mais même si l’idée ne venait pas de lui, c’était lui qui s’investissait, pas son agent. « C’est mon manager qui m’a fait atterrir ici aussi. Je te propose qu’ils ne se rencontrent jamais sinon nous ne sommes pas à l’abri d’idées bien plus saugrenues. Je mettrai ma main à couper que s’ils connaissaient notre histoire, ils essaieraient de nous convaincre de jouer sur cette dernière pour un coup de pub. » Tu en avais peut-être besoin et Rory aussi mais ce n’était pas quelque chose que tu comptais faire. Mentir et faire semblant, ce n’était pas des valeurs que tu voulais transmettre à ta fille qui se retrouverait sous le feu de projecteurs que tu tenais éloignés d’elle depuis des années. Tu décidais de demander à Rory comment il allait, manière bateau de lancer la conversation : «  On fait aller, je dirais. C'est pas une année évidente et j'ai du mal à entrevoir le bout du tunnel, mais j'essaie de m'occuper l'esprit comme je peux. Et toi ? T'arrives facilement à concilier ta carrière et l'association ? » Tu comprenais que ce soit compliqué pour Rory. A l’arrêt brut et momentané de sa carrière se rajoutait une pression médiatique qui ne devait pas être évidente à gérer. De ton côté, tu avais juste du mal à trouver des contrats ce qui semblait ridicule à côté de ce que traversait le jeune homme. Mais quand tu travaillais encore pas mal, ce n’était pas ta carrière et l’association qui était compliqué à conjuguer mais plutôt ta carrière et ton rôle de maman. « Je vais bien. Je traverse une période à vide dans ma carrière, je me bats tous les jours pour qu’elle ne s’arrête pas mais cela me laisse plus de temps pour l’association et pour d’autres choses du coup. » Dis-tu en haussant les épaules. Ce n’était pas Morgane qui se plaignait de te voir bien plus régulièrement qu’avant. Tu ne savais pas pourquoi tu ne parlais pas de ta fille à Rory mais tu n’étais pas certaine que ce soit le moment, pas encore en tout cas. Lui montrant le costume qui n’attendait que lui, tu lui montrais d’abord les papiers à signer. « Bien sûr. J'avais hâte de le renfiler, c'est la première fois que je campe ce genre de personnage alors j'ai besoin de me revoir en costume pour m'habituer. A ce propos, les gens d'ici voient pas d'un trop mauvais œil de m'accueillir ? Est-ce qu'ils savent pour... ce que racontent les journaux ? » Quand on est une personne connue, malheureusement, tout le monde sait quand les choses sortent dans les journaux. C’est encore plus vrai maintenant avec les réseaux sociaux. Pour toi, ce n’est toutefois pas un sujet. Tu ne sais pas ce que pense le personnel hospitalier mais si Rory a convaincu les dirigeants de l’association, c’est le plus important. Et toi, tu sais qu’il se cache quelque chose sous cette histoire même si tu ne demanderas rien. « Je pense que oui, la plupart d’entre eux savent ou le sauront bientôt. Mais cela n’a aucune importance ici parce que les enfants verront Flynn Rider. A moins que tu n’aies radicalement changé depuis qu’on s’est connu, je doute que tu frappes les gens sans raison. Cette raison te regarde mais je pense pouvoir te faire confiance pour que tu ne pousses pas des enfants à la violence. » Lui dis-tu avec un sourire que tu voulais rassurant sur les lèvres. « Peut-être que certaines personnes feront des remarques mais l’association te fait confiance si tu es avec moi aujourd’hui alors concentre-toi là-dessus. » Lui conseillas-tu en récupérant les papiers qu’il venait de signer pour les glisser dans une pochette. « On enfile les costumes ? » Lui proposas-tu en récupérant le tient.

 

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@JESSIAN REED & RORY

Si Rory ne s'était jamais vraiment étonné que sa route ait parfois pu recroiser celle de Jessian au détour d'une soirée mondaine, c'était aujourd'hui beaucoup plus inattendu de tomber sur elle alors qu'il était venu rejoindre cette association. Pas parce que l'engagement de Jessian avait ici de quoi le surprendre, mais parce qu'il n'aurait jamais pensé qu'elle serait la première personne à qui il aurait à faire en arrivant. C'était à la fois légèrement déroutant et plutôt rassurant, maintenant qu'il y réfléchissait, s'agissant de sa première fois comme bénévole et alors qu'être ici aujourd'hui était loin d'être dénué d'importance pour lui. Rory ne comptait pas seulement sur cette expérience pour faire oublier cette histoire survenue en début d'année, il en avait aussi besoin pour retrouver un but en attendant d'y voir plus clair sur la suite. Alors trouver un visage familier aux portes de cette nouvelle aventure qu'il s'apprêtait à débuter, c'était un peu comme s'il se sentait déjà chez lui dans cet endroit. Dieu sait pourtant que son dernier vrai échange avec Jessian, outre leurs brèves conversations de ces dernières années, lui avait laissé un souvenir douloureux. Il avait souvent repensé aux derniers mots qu'ils avaient échangé et avait regretté de ne pas avoir su faire la part des choses à l'époque. Aujourd'hui forcément, il ne reposait plus tout à fait le même regard sur cette histoire et avait pour ainsi dire eu le temps de vivre d'autres peines et de nourrir d'autres regrets. A croire qu'en terme de relations sentimentales il n'avait jamais guère fait beaucoup mieux que l'exemple qu'il avait reçu de ses parents – à ceci près qu'une relation dans laquelle les sentiments auraient disparu n'aurait pas pu l'épanouir, lui. Il s'était au moins toujours préservé de ça. « Tu sais, c'était pas une période évidente pour moi après mon accident et lorsque j'ai du renoncer au football. Le regard des autres, le rappel constant de tout ce que je venais de perdre... ça m'a sûrement rendu un peu injuste quand t'es partie. Aujourd'hui je pense que t'as bien fait de prendre cette décision pour toi à l'époque. » Il n'avait pas été en mesure de comprendre à ce moment-là parce que toute sa vie avait perdu de son sens et qu'il s'était senti en plus abandonné par l'une des premières personnes à l'avoir soutenu. A l'arrivée, il avait été plutôt soulagé que Jessian ait poursuivi un rêve plus heureux que le sien et ne l'ait pas vu se renfermer sur lui-même. « Et puis, personne aurait inventé les soirées d'anciens élèves et les réseaux sociaux si on était pas censés perdre de vue sa première copine ou les personnes avec qui on a été au lycée. » Il ajouta avec légèreté, et parce qu'ils étaient adultes aujourd'hui et assez mûrs pour savoir que le passé était le passé et que de l'eau avait coulé sous les ponts. Confiant à Jessian qu'il avait rejoint l'association sur les conseils de son agente sans imaginer qu'elle ait pu elle aussi se laisser conseiller par son manager, Rory réprima un rire devant l'hypothèse avancée par la jeune femme. « Tu crois pas si bien dire, Donna est déjà pire qu'un radar sur pattes. Elle devine tout de suite quand je m'intéresse à quelqu'un, c'est l'une des raisons pour lesquelles je lui en ai toujours dit un minimum sur mes histoires, même passées. » Aussi parce qu'il avait souvent veillé à séparer ce qui se touchait à ce boulot de ce qui touchait à sa vie personnelle. Son agente était devenue avec les années une amie, mais ce serait étrange de se confier à elle sur ses attirances ou ses déboires amoureux. Elle était curieuse de nature, elle finissait de toute façon toujours par tout savoir. « Alors t'en fais pas, je lui dirai que je t'ai recroisée à l'association parce qu'elle le saura tôt ou tard, mais je lui en dirai pas plus sur notre passif. » Il n'était pas certain en réalité que ça donnerait des idées à Donna, mais peu de gens savaient pour eux deux et le fait que Jessian soit elle aussi une personnalité publique était ce qui l'incitait à vouloir garder ça privé. Sortir avec quelqu'un de connu était une chose qu'il aurait du mal à imaginer dans le présent mais la raison pour laquelle il gardait cette information pour lui était qu'il voulait protéger leurs souvenirs communs. Après tout, cette rencontre le prouvait bien, ils avaient fait du chemin.

La brune semblait en tous les cas ne rien ignorer de ce qui venait depuis quelques mois compliquer les choses à l'échelle de sa carrière, ainsi Rory put sans crainte se confier sur la façon dont il peinait à traverser tout ça. Il avait déjà tout perdu une première fois à cause d'un accident dont il continuait de se repasser le film, il savait qu'il ne supporterait pas d'avoir fait tous ces sacrifices en vain et c'est pour ça qu'il refusait de s'avouer vaincu. Ce qu'il avait fait, il n'en était pas fier, mais un jour la vérité serait connue et il savait qu'il pourrait se regarder en face. Jessian de son coté semblait elle aussi traverser une mauvaise passe et cette idée tira à Rory une moue compréhensive. Visiblement cette association était leur salut à tous les deux. « Eh bien, je crois qu'on n'a pas choisi la pire façon de nous rendre utiles en attendant que les choses s'arrangent. » Il commenta dans un léger sourire, forcé d'avouer que c'était peut être bien le moment de sa vie où se lancer dans du bénévolat avait le plus de sens. « Au fait, tes sœurs vont bien ? Je réalise que ça fait un bout de temps que je les ai pas vues. » Et l'inverse aurait été un peu curieux, surtout après le départ de Jessian. Il avait rapidement pris de leurs nouvelles à l'époque, mais le contact s'était rompu de lui-même et Rory l'avait aussi vu comme un moyen d'avancer. Aujourd'hui le fait d'évoquer le passé le poussait forcément à vouloir s'informer, après tout leur vie avait chacune emprunté son propre chemin et il paraissait naturel de rattraper un peu du temps perdu. Et ce que Rory attendait aussi, c'était de renfiler ce costume qu'il allait devoir s'habituer à porter et qui ne ressemblait pas exactement au genre de personnages qu'il avait récemment pu incarner. La symbolique était presque amusante, et le fait de camper ce rôle dans un contexte aussi particulier le rendrait forcément plus spécial. Le brun entreprit alors de signer les papiers tendus par Jessian, acquiesçant à l'idée qu'on lui ait probablement laissé intégrer cette association en connaissance de cause, et après que cette histoire avec son réalisateur ait été largement relayée par la presse. Quelque part c'était rassurant, de savoir qu'on lui accordait le bénéfice du doute ou qu'on ne le réduisait pas à quelques lignes dans un journal. Croisant son regard, il secoua la tête. « J'avais une bonne raison. » Il souffla après une seconde, pas tant pour en répondre ici et maintenant que juste pour la conforter dans l'idée que non, il n'avait pas changé pour devenir quelqu'un de violent. « Ce que je veux dire, c'est que je suis pas différent de celui que t'as connu. Je serais pas ici si je pensais le contraire, et je t'expliquerais tout si je craignais pas de te mêler malgré moi à toute cette histoire. C'est... compliqué. » En réalité, pas du tout. C'était même limpide depuis ce soir-là, mais ça ne dépendait pas que de lui. Il était loin d'être le premier concerné et c'est pour ça qu'il avait jusqu'ici respecté la volonté d'Amber de ne rien dire, quitte à lire toutes sortes d'absurdités dans les journaux. « T'as raison, et si je suis ici c'est aussi pour laisser ça derrière moi quelques heures par semaine. » Ça lui ferait du bien, il ressassait assez le reste du temps. Ainsi il acquiesça lorsqu'elle proposa d'enfiler leurs costumes, s'éloignant de quelques pas avec le sien sous le bras et trouvant un coin pour l'enfiler. Lorsqu'il réapparut, il se sentit déjà en partie transformé. « Alors, j'ai l'air convaincant ? Je connais pas spécialement bien le film pour être honnête, mais j'ai cru comprendre que ce type était bourré de défauts. Ça me va, je préfère ça à l'idée d'incarner un prince parfait en tous points. » Il ironisa en ajustant le haut de son costume. Les princes tels que dépeints dans la plupart des contes manquaient souvent de saveur, excessivement lisses et cantonnés au rôle de sauveur de l'histoire. Il lui semblait qu'il y avait quelque chose de plus imparfait et donc de plus humain chez ce Flynn, et ça lui plaisait. « Et toi, tu t'identifies au personnage ? » Il demanda, amusé. « Ton costume te va parfaitement bien, en tout cas. » Et c'était la première fois qu'il la voyait elle aussi en tenue, tels qu'ils auraient à se présenter devant ces enfants. Jessian était incontestablement plus à l'aise que lui, le fait de profiter de son encadrement et de ses conseils rendrait tout ça un peu moins impressionnant pour ses débuts.

 

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JESSIAN & @RORY CRAINE

Le choix que tu avais eu à faire n’avait pas été aussi simple que ce que tu prétendais. Quand tu avais reçu le coup de téléphone, quand on t’avait offert ce boulot dans cette équipe itinérante, tu avais accepté sur le champs. Et puis tu avais raccroché et là, se sont dessinées clairement les conséquences de ce choix. Tu as d’abord dû convaincre tes parents puis te faire à l’idée que tu les laissais à Brisbane, que tu abandonnais tes deux soeurs aussi, en particulier Nola. Et puis il y avait tous tes proches que tu ne reverrais que quelques fois par an quand tu aurais la possibilité de rentrer à Brisbane. Mais le plus difficile fut de quitter Rory. Les adultes ont souvent tendance à minimiser les sentiments que peuvent ressentir les plus jeunes pour leur petit-ami. Tu n’avais jamais eu aucun doute de ton affection pour Rory, tu l’aimais et tu aurais aimé continuer à le soutenir, à être là pour lui mais si tu laissais passer cette opportunité, tu ne savais pas quand la prochaine se représenterait. Tu n’avais pas été surprise qu’il se braque, qu’il le prenne mal mais tu avais été déçue. Parce que ce choix, tu ne le faisais dans le but de l’abandonner. Tu ne faisais parce que c’était la meilleure chose à faire pour toi et tu avais espéré naïvement qu’il le comprendrait. Même si cela faisait plus de dix ans désormais que cet épisode s’était produit, tu étais rassurée d’entendre Rory te dire qu’il avait fini par comprendre. « Tu sais, c'était pas une période évidente pour moi après mon accident et lorsque j'ai du renoncer au football. Le regard des autres, le rappel constant de tout ce que je venais de perdre... ça m'a sûrement rendu un peu injuste quand t'es partie. Aujourd'hui je pense que t'as bien fait de prendre cette décision pour toi à l'époque. » Il avait raison, cette décision tu l’avais prise pour toi. Et quand tes parents t’avaient parlé de Rory et de sa carrière d’acteur, tu t’étais sentie rassurée. Rassurée qu’il ait trouvé une autre voie, une voie dans laquelle il excellait. Cela ne t’avait pas surprise, Rory était doué et une fois qu’il se décidait sur quelque chose, il ne lâchait rien. « Et puis, personne aurait inventé les soirées d'anciens élèves et les réseaux sociaux si on était pas censés perdre de vue sa première copine ou les personnes avec qui on a été au lycée. » Tu laissais échapper un petit rire à ces paroles en secouant la tête. Les soirées des anciens élèves … Voilà des occasions que tu essayais d’éviter le plus possible. Depuis ton retour à Brisbane, tu avais revu assez de connaissances du lycée pour ne pas avoir besoin de t’y rendre. Le destin semblait très bien faire les choses tout seul. « Cela n’a pas été évident de tout laisser derrière moi. Cette opportunité est tombée au mauvais moment, à un moment où tu avais encore besoin de moi et je suis désolée que tu l’aies vécu comme un abandon. Ce n’était pas ce que je voulais. Mais tu t’en es plutôt bien sorti finalement. » Ne pus-tu t’empêcher de lui faire remarquer un petit sourire sur les lèvres. Malgré le scandale qui le touchait aujourd’hui, Rory avait une belle carrière et tu ne doutais pas qu’il allait continuer sur sa lancé quand toute cette histoire se sera tassée. Car c’est ça un scandale, ça explose dans un premier temps et puis ça se calme, les gens oublient et ça ne devient plus que quelque chose que l’on mentionne de temps en temps, dont on se souvient vaguement car d’autres scandales sont venus prendre le devant de la scène. « Tu crois pas si bien dire, Donna est déjà pire qu'un radar sur pattes. Elle devine tout de suite quand je m'intéresse à quelqu'un, c'est l'une des raisons pour lesquelles je lui en ai toujours dit un minimum sur mes histoires, même passées. Alors t'en fais pas, je lui dirai que je t'ai recroisée à l'association parce qu'elle le saura tôt ou tard, mais je lui en dirai pas plus sur notre passif. » Ton manager n’était pas au courant de tes histoires non plus et tu comptais bien ne pas faire changer ce status quo. Seul ton mariage et divorce avec Abel étaient connus, le reste ça te regardait. Et ce n’était pas comme si tu avais une relation importante qui pourrait jouer des tours à ta carrière inexistante en ce moment. Que Rory parle ou non de votre histoire à son agent, cela ne te dérangeait pas. Il faisait ce qu’il voulait, tu ne seras toutefois pas un pion médiatique pour l’aider à regagner la sympathie du public. Une partie de toi auras toujours une très grande affection pour Rory mais tu n’as pas la moindre envie de jouer au faux-couple avec lui surtout pas alors que ta fille pourrait se faire des idées. « Tu as l’air de bien savoir gérer, je te fais confiance. Et si elle se fait des idées, la réponse sera ‘Non’. Je ne peux pas toujours éviter l’attention médiatique mais j’y arrive malgré tout la plupart du temps. » Dis-tu à Rory. Certes, tu avais des gens qui suivaient ton parcours, qui te suivaient sur les réseaux sociaux mais tu n’avais pas des hordes de fans impliqués dans ta vie comme cela était le cas pour Heather et devait être le cas pour Rory. Tu lui faisais confiance, il avait l’air d’avoir toujours la tête sur les épaules.

Alors que Rory se confiait sur ses difficultés actuelles, tu cherchais à le rassurer en lui disant que toi aussi tu traversais une passe un peu difficile. Tu te levais tous les matins sans savoir quand tu allais pouvoir retourner sur un shooting photo et ça, c’était quelque chose que tu détestais. « Eh bien, je crois qu'on n'a pas choisi la pire façon de nous rendre utiles en attendant que les choses s'arrangent. » Il avait raison, il y avait pire manière de passer le temps. Toi tu le passais surtout avec ta fille en vérité mais elle avait école donc tu profitais de ces moments seule pour faire autre chose. « Au fait, tes sœurs vont bien ? Je réalise que ça fait un bout de temps que je les ai pas vues. » Le jeune homme s’était toujours bien entendu avec ta famille pour ton plus grand plaisir. Tu ne t’étais pas rendue compte à l’époque de l’importance de cette bonne entente. Cela avait rendu les choses faciles. Avec Abel, tu avais appris à connaître le revers de la médaille … Cela te fit chaud au coeur que Rory prenne de leurs nouvelles, il était plutôt normal qu’il les ait perdues de vue. « Mes soeurs vont très bien. Kate travaille avec mon père et a toujours autant de principes à la con. Nola est toujours un électron libre qui se cherche désespérément mais elles vont bien toutes les deux. » Conclus-tu doucement. La vérité c’était qu’en ce moment tu évitais Kate le plus possible et tu voyais Nola quand son emploi du temps le permettait ce qui signifiait que tu ne la voyais pas beaucoup. « Comment va ta famille ? » Retournas-tu la question à Rory. Lui avait un frère mais tu pris également des nouvelles de ses parents. Rory ne met pas longtemps à te faire part de ses doutes. Il ne faut pas qu’il s’en fasse, les gens de l’association ne se laisseront pas berner par ce que disent les journaux. Et puis toi, tu es certaine qu’il avait une bonne raison, une raison qu’il ne voulait apparemment pas partager vu qu’il préférait se prendre la foudre de la presse, du milieu et de ses fans. « J'avais une bonne raison. Ce que je veux dire, c'est que je suis pas différent de celui que t'as connu. Je serais pas ici si je pensais le contraire, et je t'expliquerais tout si je craignais pas de te mêler malgré moi à toute cette histoire. C'est... compliqué. T'as raison, et si je suis ici c'est aussi pour laisser ça derrière moi quelques heures par semaine. » Tu hoches la tête. Tu ne comptes pas presser Rory pour des détails. S’il voulait se confier, il pouvait le faire mais tout était sans doute trop frais pour qu’il veuille se lancer là-dedans. Et puis après tout, c’était pour penser à autre chose qu’il était là donc c’était ce que vous alliez faire. Tu lui proposais d’enfiler votre costume et tu le laissais partir enfiler le sien avant de t’occuper du tient. C’était toujours un plaisir de te préparer, d’enfiler ce beau costume qui te rappelait des pays lointains … « Alors, j'ai l'air convaincant ? Je connais pas spécialement bien le film pour être honnête, mais j'ai cru comprendre que ce type était bourré de défauts. Ça me va, je préfère ça à l'idée d'incarner un prince parfait en tous points. » Tu te retournes et un grand sourire se dessine sur ton visage. Rory est parfait. Flynn Ryder avait été un très bon choix, un choix fait par l’association apparemment vu qu’il venait avouer ne pas connaître le film. « Tu n’as pas regardé le dessin animé avant d’arriver ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui demander un air sévère sur le visage. Tu n’arrivais pas à le tenir plus de quelques secondes mais ce fut assez pour voir la panique se dessiner sur ses traits. « Flynn Ryder, le voleur au coeur d’or. Ça te va plutôt bien ! » Lui dis-tu avec un clin d’oeil avant de t’approcher pour arranger sa chemise. « Flynn Ryder de son vrai nom Eugène est un orphelin qui en grandissant, a pris un pseudonyme tiré d’un livre qu’il lisait à l’orphelinat et qui s’est mit à voler pour survivre. Il est très intelligent, très malin. Il vole la couronne de la princesse disparue et c’est en se cachant qu’il rencontre Raiponce. Ils passent un marché. Elle lui rend la couronne s’il l’accompagne voir les lumières dans le ciel. Il est possible que sur le chemin il fasse quelques découvertes et retrouve le Eugène caché en lui. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil avant de reprendre la direction du miroir où tu arranges tes cheveux. Rory te regarde avec de grands yeux et tu laisses échapper un petit rire avant de dire : « Ne me regarde pas comme ça ! J’ai vu le film des dizaines de fois. C’est le deuxième préféré de ma fille et pour avoir vu tous les films de princesse plusieurs fois, je te le conseille. » Tu déconcentrant sur ta tâche qui était de te maquiller, tu ne voyais plus le reflet de Rory dans le miroir ni le regard qu’il te lançait. Tu n’avais même pas fait attention au fait que tu venais de lui avouer être maman. C’était naturel pour toi de parler de Morgane, encore plus quand il était question de Disney et de ses personnages. « Et toi, tu t'identifies au personnage ? Ton costume te va parfaitement bien, en tout cas. » Appliquant la dernière couche sur tes yeux, tu refermais la palette avant d’arranger ta coiffure une dernière fois et de te retourner vers Rory. Est-ce que tu t’identifiais à ton personnage ? Oui, Jasmine était une princesse badass contrairement à Blanche-Neige. Elles n’avaient pas été créées dans les mêmes périodes non plus. « Jasmine est une princesse qui veut avoir le droit de succéder à son père sans se marier. C’est une femme indépendante qui n’hésite pas à se jeter dans le vide et se lancer dans des aventures alors oui, je dirais que je m’identifie plutôt bien à elle. » Répondis-tu avant d’ajouter : « Prêt pour ton premier saut dans le vide ? » Lui demandas-tu.

 

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Ça lui avait pris un peu de temps au départ, mais il avait fini par comprendre que la décision prise par Jessian à l'époque n'était pas égoïste. Mais que lui l'aurait été s'il lui avait demandé de rester, chose qu'il n'avait jamais faite bien qu'il en ait sûrement eu envie. A l'époque, tout ce à quoi il s'était toujours destiné venait de voler en éclats, et ce que Rory lisait dans le regard des autres et plus particulièrement dans celui de ses proches ne faisait que rendre tout ça un peu plus douloureux encore. Il n'y avait que la brune, en dehors de son frère, qui ait vraiment compris ce que symbolisait pour lui de devoir renoncer à ce qu'il aimait, mais aussi à ce qui lui donnait une place toute choisie dans ce monde. Et c'avait été compliqué, de renoncer dans le même temps à sa première vraie histoire et à l'une des rares personnes à avoir vraiment réussi à lire en lui à l'époque. A croire qu'il était destiné à toujours tout perdre d'un seul coup, à chaque fois regoûter à cette loi des séries qui voulait qu'un malheur n'arrive jamais seul. Si Rory voulait croire qu'il était doté d'assez de volonté pour ne laisser personne l'empêcher de continuer à faire ce qu'il aimait, il désespérait en revanche de réussir à garder les personnes qu'il aimait près de lui. Finalement, il n'était peut être pas bien différent de l'adolescent qui parcourait seul les couloirs du lycée et à qui ses anciens coéquipiers avaient tourné le dos si tôt son genou opéré – il fallait bien envoyer des fleurs sur le moment pour témoigner son soutien, mais inutile de le réitérer publiquement. Et pourtant, Rory ne put retentir un léger sourire lorsque Jessian souligna qu'il s'en était bien sorti. Étant donné l'image qu'elle avait gardé de lui à l'époque, il est certain qu'une carrière bien établie à la télévision, des débuts au cinéma et la présence d'une agente dévouée dans son entourage paraissaient être des raisons suffisantes de penser qu'il s'en sortait bien. Mais s'il avait eu le cœur à plomber l'ambiance ne serait-ce qu'une seconde, il lui aurait probablement dit combien il se sentait seul, en réalité. « Je peux te retourner le compliment, d'ici j'ai eu plusieurs fois l'occasion de voir que ça marchait fort pour toi. Je t'imaginais souvent, voyageant aux quatre coins du monde et posant sur des plages paradisiaques. Tu peux pas savoir combien de fois j'ai eu envie de dire à tout le monde qu'à dix-sept ans j'étais sorti avec la fille qu'on voyait en couverture des magazines de mode. » Il prétendit, un clin d’œil venant rapidement appuyer la plaisanterie. Il était toutefois sérieux sur le fond : il avait parfois suivi l'évolution de la carrière de Jessian et ça l'avait rempli de fierté de constater qu'elle n'était pas seulement partie poursuivre un rêve, mais qu'elle l'avait bel et bien réalisé. Si tout le monde n'avait pas cette chance, au moins était-il ravi qu'elle ait sur la saisir. Pour le reste, il disait vrai lorsqu'il lui assurait que personne en dehors de son entourage ne connaissait les détails de leur histoire et ça lui convenait, n'étant pas certain d'apprécier qu'on remue son passé en plus du reste. Il avait longuement parlé de sa blessure et de sa disparition des terrains de football lors d'interviews parce que c'était une manière pour lui d'exorciser ce qu'il avait vécu pour en faire quelque chose de positif – il n'aurait pas pris conscience de son goût pour la comédie s'il ne s'était pas blessé, après tout – mais c'était bien différent lorsque ça touchait à son intimité. « Je crois que Donna se soucie en ce moment d'autres choses que ma vie amoureuse, de toute manière. C'est peut être bien l'un des seuls points positifs à tout ça. » Il étira un léger sourire, un peu triste. Donna savait juste qu'il s'était séparé de la personne avec qui il vivait une histoire depuis un certain temps, et bien qu'il la soupçonne depuis le départ d'avoir compris pour Swann et lui, elle avait toujours veillé à se montrer délicate dans sa manière de lui poser des questions. Jamais trop intrusive, et c'est ce qu'il trouvait réconfortant chez elle. Le souvenir de l'anglais restait douloureux malgré l'amitié qu'ils avaient préservé pour leur bien à tous les deux, et en dehors des quelques fois où elle avait tenté de lui faire rencontrer quelqu'un, son agente respectait le fait qu'il se reconstruise. « Alors t'inquiète pas, elle se fera pas d'idées. Mais si on veut s'en assurer, on peut toujours lui présenter ton manager, sur un malentendu ça pourrait matcher. S'il est célibataire et qu'il les aime avec du caractère, évidemment. » Son expression mutine ne tromperait pas la brune : il n'était pas sérieux, quand bien même la curiosité de Donna serait épanchée du seul fait d'avoir à gérer sa propre vie sentimentale. De quoi s'assurer de remonter en scelle sans pression, ce que de l'avis de certains il aurait déjà du faire, et assurer surtout la tranquillité de Jessian.

Apprenant que la jeune femme traversait elle aussi une passe difficile dans son boulot, Rory nourrit la conviction qu'ils étaient tous les deux dans cette période de leur vie où ils avaient besoin de se raccrocher à quelque chose, à ce nouveau but que cette association leur offrait. Lui prenait déjà cet engagement très à cœur, et il était convaincu qu'il en était de même pour Jessian, grâce à qui il pourrait prendre ses marques dans cet endroit. Le brun songea alors qu'il n'avait pas pris des nouvelles de ses sœurs depuis des années, pour n'avoir pas vraiment gardé contact avec elles. « Et tout va bien entre vous ? Je crois me rappeler que Kate et toi aviez pas toujours la même vision des choses, à l'époque. J'ai toujours trouvé que Nola était un peu plus facile d'approche, en toute honnêteté. » Et Jessian savait qu'il disait ça avec bienveillance, pour avoir simplement toujours perçue son aînée comme une jeune femme un brin conservatrice, impressionnante d'une certaine manière. Il se souvenait avoir espéré lui faire bonne impression à l'époque, mais n'avoir jamais vraiment su dire ce qu'elle pouvait penser de lui. « Tout le monde va aussi bien que possible. Mon père, ma mère... entre eux c'est toujours aussi compliqué, mais on peut pas leur reprocher de pas faire d'efforts pour le cacher. Garrett et Rose ont chacun une vie bien remplie, lui vient de créer son entreprise et elle tient toujours aussi difficilement en place. Quant à Wendy... elle est jeune et libre, et elle sait généralement bien nous le rappeler. » Il rit, dépeignant sans doute un tableau assez proche du souvenir que Jessian en avait elle-même gardé. Après tout, si tout le monde avait grandi, évolué, beaucoup de choses restaient relativement identiques. Lui, par exemple, se sentait toujours parfois extérieur à sa propre famille, comme s'ils étaient toujours aussi peu nombreux à savoir le comprendre. Son frère était là, mais pour le reste ils n'étaient pas toujours autant capables de se dire les choses qu'il le voudrait. Ils faisaient pourtant partie des rares personnes à qui il se soit longuement confié au sujet de l'incident à Sydney, de Byers et du reste, parce qu'il n'imaginait pas pouvoir leur cacher quoi que ce soit. C'était sa définition de la famille, et la façon qu'il avait trouvé de ne pas reproduire les erreurs de son père. Et qu'il n'ose pas aujourd'hui se confier à Jessian ne signifiait pas qu'il n'avait pas assez confiance, simplement il préférait éviter de la mêler à ça pour le moment. Ils venaient tout juste de se retrouver et la brune lui avait confié traverser une passe difficile : la seule chose qu'elle avait pour l'instant besoin de savoir, c'est qu'il n'était pas différent du Rory qu'elle avait connu. Qu'il n'était toujours pas le genre d'homme à recourir à la violence gratuitement. Bien loin de là, et il n'avait pas besoin que la presse en soit convaincue si ses proches, eux, n'en doutaient pas. Et parce qu'il était là pour penser à autre chose, il saisit l'occasion d'aller enfiler son costume pour rentrer dans la peau de son personnage. Flynn Ryder, un prince qui n'avait rien du parfait cliché du genre, et ça lui plaisait bien. Peut être parce qu'il avait toujours préféré chez ses personnages ce qu'il préférait déjà chez les autres : leurs failles, leurs reliefs, ce qui les rendait profondément humains. La réaction de Jessian lui tira une expression légèrement confuse, mais les traits de son visage se détendirent lorsqu'il comprit qu'elle plaisantait. « Pas encore, mais rassure-toi, c'est la première chose que je compte faire après cette journée d'immersion. Je crois que quelque part, j'attendais que ça devienne vraiment concret et à présent c'est le cas. » Jessian comprendrait par là qu'il comptait beaucoup sur son rôle auprès de l'association pour se sentir utile et mettre derrière lui ce début d'année un peu difficile, et pour ça cette première prise de contact était très importante à ses yeux. La brune se livra alors à quelques explications, offrant à Rory l'occasion de constater qu'elle en connaissait un rayon au sujet de ce personnage des plus complexes et intéressants. Que c'en était même troublant de précision, de la bouche d'une jeune femme qui ne donnait pourtant pas l'impression de vouer un tel culte à tout cet univers. Se pourrait-il qu'elle ait simplement potassé son sujet pour être fin prête à l'accueillir le jour J ? C'est ce que Rory pensa dans un premier temps, posant sur elle un regard amusé et légèrement surpris. Jusqu'à ce que Jessian reprenne la parole et le cloue littéralement sur place. « Ta... quoi ? » Sa fille, c'est bien ce qu'elle venait de dire ? « Attends, t'as une fille ? J'en savais rien. » Bien sûr que non, ainsi la surprise se lut sur son visage et Rory mit quelques secondes à assimiler l'information. Non pas parce qu'elle était si déroutante, mais parce qu'il réalisait qu'il n'avait pas pensé à la questionner sur le fait qu'elle ait pu fonder une famille durant le temps où ils n'avaient pas été en contact – quand ça n'avait pourtant rien de si surprenant. « Wow, je savais quand je suis tombé sur toi tout à l'heure que ces retrouvailles risquaient de me filer un petit coup de vieux, mais je savais pas qu'on en était déjà à parler crèches et monospaces... » Il prétendit, dans un rire gêné. D'accord, il exagérait, mais difficile de ne pas nourrir l'impression que sa vie et celle de Jessian avaient suivi deux directions différentes. Il ne connaissait pas encore les détails autour de sa situation, mais il était loin d'avoir de son coté construit une vie de famille et c'était un peu déstabilisant d'entendre Jessian parler des films que préférait sa fille quand il ignorait quelques minutes plus tôt qu'elle en avait une. L'occasion de constater qu'il pouvait décidément se passer beaucoup de choses en quelques années, tandis que Rory parvint à se reconcentrer un instant sur la raison de leur présence ici : ces costumes, et les rôles qu'ils auraient à jouer devant les enfants. « Je confirme, le rôle est taillé pour toi et quand on te voit comme ça l'illusion est parfaite. Tu connais les chansons du film par cœur, aussi ? Pour savoir si l'actrice qui tient le rôle au Cinéma a du souci à se faire. » Il croisa son regard à travers la glace et se mit à rire. Elle qui disait que ces films-là n'avaient plus aucun secret pour elle devait aussi en maîtriser le répertoire musical. Un avantage, ici. Rory secoua la tête pour acquiescer. « Impatient, à vrai dire. Mais anxieux, aussi. Je sais que les enfants sont souvent plus indulgents que les adultes, j'ai juste... envie d'être à la hauteur. » Il confia avec une légère appréhension, conscient que si ce trac était si différent de celui qui l'envahissait d'habitude, c'était parce que les enjeux l'étaient aussi. « Comment ça s'est passé pour toi, la première fois ? Tu angoissais, toi aussi ? » A l'idée que sa seule présence puisse changer le quotidien de dizaines d'enfants, et que chacun d'eux compte sur elle pour rêver et s'évader. De toutes les fois où il s'était investi dans un projet, fondu dans un personnage, c'était celle où il s'interdisait le plus d'échouer.

 

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JESSIAN & @RORY CRAINE

On n’oublie jamais son premier amour … Voilà une phrase que tu avais entendue prononcée des dizaines de fois autant dans des fictions que dans la vie réelle. Tu avais toujours trouvé cela bien banal et puis tu as toujours pensé qu’il y avait certaines personnes qu’il vaudrait mieux oublier. Tu le pensais toujours aujourd’hui mais tu avais enfin compris ce que voulaient dire toutes ces femmes qui aimaient se lamenter dans le salon de ta mère ou les copines de Kate qui venaient la voir pendant ses études. Tu avais eu la chance de tomber amoureuse d’une personne que tu n’aurais, dans tous les cas, pas eu envi d’oublier. Rory faisait encore aujourd’hui parti des plus belles personnes que tu avais rencontrées. Ce qu’il avait vécu en aurait mis plus d’un à terre et il était passé par là mais il avait transformé cet échec pour en faire autre chose, pour se réinventer et poursuivre un nouveau rêve. Tu ne savais pas si être acteur le faisait autant vibrer que d’être sur un terrain de football mais tu l’espérais sincèrement. N’étant plus dans son entourage depuis bien longtemps, tu ne sais pas si derrière les caméras il est aussi heureux qu’il peut le dire en interview. Toi, tu te souviens de son visage radieux et couvert de sueur après les matchs. Tu n’étais pas pompom girl mais tu aurais pu car tu n’en manquais jamais un. Cet intérêt pour le sport avait surpris ton père qui s’en était vite réjouis. Tu avais soudainement eu besoin de connaître toutes les règles et étrangement, cela t’avait rapproché de ton père à l’époque alors qu’il t’amenait voir des matchs professionnels le week-end. Tu amenais Rory de temps en temps et au fil des mois, tu étais devenue une experte. Le sport, tu ne l’as jamais vraiment aimé mais tu l’aimais lui et c’était suffisant pour préparer des pancartes et porter les couleurs de son équipe dès qu’il le fallait. Sa blessure avait tout changé mais jamais tu ne l’avais abandonné, jamais tu n’y avais pensé jusqu’à ce que cette opportunité se présente, celle que tu ne pouvais pas laisser passer. « Je peux te retourner le compliment, d'ici j'ai eu plusieurs fois l'occasion de voir que ça marchait fort pour toi. Je t'imaginais souvent, voyageant aux quatre coins du monde et posant sur des plages paradisiaques. Tu peux pas savoir combien de fois j'ai eu envie de dire à tout le monde qu'à dix-sept ans j'étais sorti avec la fille qu'on voyait en couverture des magazines de mode. » Face au clin d’oeil de Rory, tu levais doucement les yeux, sentant le rose te monter aux joues. Il aurait pu le faire au fond, ce n’était pas vraiment un secret. En tout cas, pour une fois, tu pouvais dire que la vie qu’il avait imaginée pour toi n’était pas bien loin de la vérité. Enfin, avant que Morgane n’entre dans ta vie en tout cas. Désormais, les plages paradisiaques se faisaient rares, encore plus ces six derniers mois où tu n’avais pas réussi à décrocher de gros contrats. « J’ai toujours su que mon rêve ne durerait pas éternellement alors j’en ai profité quand je le pouvais. » Dis-tu en haussant les épaules avant d’ajouter : « Et j’ai rendu jaloux quelques anciennes conquêtes en lui signalant en pleine projection d’un de tes films que j’étais ta première supportrice. » C’était de tellement bons souvenirs pour toi … Cela te ramenait à un temps où l’insouciance régnait, où tout était simple mais vous semblait très compliqué. Où tu n’étais pas assaillie de responsabilités et tu avais encore la vie devant toi … Enfin, tu n’étais pas bien veille encore mais ce n’était plus pareil. L’arrivée de Morgane à tes vingt-trois ans avait tout changé, t’avait faite grandir trop vite. « Je crois que Donna se soucie en ce moment d'autres choses que ma vie amoureuse, de toute manière. C'est peut être bien l'un des seuls points positifs à tout ça. Alors t'inquiète pas, elle se fera pas d'idées. Mais si on veut s'en assurer, on peut toujours lui présenter ton manager, sur un malentendu ça pourrait matcher. S'il est célibataire et qu'il les aime avec du caractère, évidemment. » Tu éclatais de rire à cette idée, te rappelant de la bande annonce d’un film sur Netflix que tu avais vu passer dernièrement. Tu avais trop peur que cela se retourne contre vous pour le prendre au mot mais cela aurait pu être assez drôle. Il avait peut-être de la chance qu’elle ne s’en soucie pas en ce moment. Tu avais fréquenté assez d’acteurs et d’actrices ces dernières années pour te rendre compte que des fois les agents avaient des idées bizarres. Comme occulter un scandale en mettant sous le feu des projecteurs une relation cachée depuis plusieurs mois qui fera fondre le public et lui fera oublier tout le reste. Les gens oublient tellement vite de nos jours, il est facile de les intéresser à autre chose. Pour le milieu dans lequel évoluait Rory, c’était autre chose mais il semblait faire confiance à Donna pour gérer la chose. « Je pense qu’ils nous tueraient tous les deux avant de penser à nous caser ensemble et à ranimer la flamme éteinte trop vite … » Dis-tu les yeux brillants de malice et très amusée de la situation. Peut-être qu’à un autre moment de ta vie, dans d’autres circonstances, tu aurais pu retomber amoureuse de Rory mais ce n’était plus cette passion et cet amour intense qui t’animait quand tu le voyais. Seulement cette affection ineffaçable et une forme de nostalgie aussi …

Alors que Rory s’était inscrit dans l’association pour oublier ce qui se passait dans sa vie professionnelle, tu faisais un peu la même chose en y investissant bien plus de temps que tu n’avais prévu de le faire. Jamais tu n’avais envisagé t’occuper de l’intégration d’un nouveau venu mais tu étais heureuse de le faire, surtout quand ce petit nouveau était Rory. Ne s’attardant pas sur ta situation professionnelle précaire, il préféra prendre des nouvelles de ta famille. « Et tout va bien entre vous ? Je crois me rappeler que Kate et toi aviez pas toujours la même vision des choses, à l'époque. J'ai toujours trouvé que Nola était un peu plus facile d'approche, en toute honnêteté. » Cela ne t’étonnait pas vraiment et c’était très compréhensible car Kate, avec tous ses principes et ses grandes idées, se mettaient à prendre tout le monde de haut ce qui était vraiment insupportable à la longue. Tu n’avais eu que peu de nouvelles de ton ainée depuis que tes parents avaient dû lui annoncer que tu étais comme ta soeur, une déviante … Mais tu ne doutais pas qu’elle saurait se manifester au pire des moments. « Nous n’avons toujours pas la même vision des choses et nous ne l’aurons jamais. Rajoute à cela une certaine jalousie de sa part et cela ne crée pas les meilleures conditions pour une relation solide. » Dis-tu en haussant les épaules. Tu avais accepté depuis longtemps que Kate et toi, vous ne vous entendriez jamais très bien de toute manière. Ce fut ensuite à ton tour de prendre des nouvelles de la famille de Rory que tu avais fréquentée à une époque. « Tout le monde va aussi bien que possible. Mon père, ma mère... entre eux c'est toujours aussi compliqué, mais on peut pas leur reprocher de pas faire d'efforts pour le cacher. Garrett et Rose ont chacun une vie bien remplie, lui vient de créer son entreprise et elle tient toujours aussi difficilement en place. Quant à Wendy... elle est jeune et libre, et elle sait généralement bien nous le rappeler. » Alors que tes parents formaient le couple le plus cliché de la terre, ceux de Rory eux n’étaient pas exemplaires. Mais tu avais toujours été admirative du fait que malgré tout ce qui aurait dû les éloigner, ils avaient toujours su rester unis et former une famille. Ce n’était pas le cas des Reed, la situation actuelle le prouvait. « Tu ne t’ennuies pas au moins, ils doivent te permettre de garder les pieds sur terre, je me trompe ? » Lui demandas-tu en levant un sourcil et un sourire en coin sur les lèvres. Ils t’avaient toujours bien accueillie à l’époque et c’était tout ce que tu demandais à ce moment-là. Tu gardais un bon souvenir des frères et soeurs de Rory qui le taquinaient tout le temps mais ils avaient été ceux qui t’avaient appelés quand le coup de grâce était tombé. Tu avais fait parti de leur famille pendant quelques temps mais les choses avaient changé, peut-être qu’ils seraient plus rancuniers que Rory. Parce que vous n’étiez pas là simplement pour vous retrouver, vous enfiliez tous les deux vos costumes. Jasmine et Flynn Ryder n’avaient rien à faire ensemble mais cela n’était pas grave, les enfants étaient juste heureux de voir deux de leurs personnages préférés. Il ne te fallut pas longtemps pour comprendre que ton premier petit ami n’avait pas vu le dessin animé, ce que tu ne tardas pas à lui reprocher : « Pas encore, mais rassure-toi, c'est la première chose que je compte faire après cette journée d'immersion. Je crois que quelque part, j'attendais que ça devienne vraiment concret et à présent c'est le cas. » Vu que Rory n’avait pas encore fait son travail, tu te lançais ensuite dans une explication du personnage, essayant de le décrire du mieux que tu le pouvais. Morgane avait veillé sans s’en rendre compte à te rendre incollable niveau Disney et en particulier films de princesse. Ce n’était donc pas très compliqué pour toi de présenter ce personnage à ton ami. Lui fut très amusé de touts ces connaissances et un peu surpris aussi. Tu n’avais jamais été spécialement attachée aux princesses potiches qui attendaient qu’un homme vienne les sauver. Ce n’était pas le cas de Raiponce pour le coup mais c’était un autre début. Tu répondis à son regard amusé en lui parlant de Morgane, oubliant totalement que Rory n’était pas au courant de ce léger détail dans ta vie. L’étonnement s’installa sur son visage alors qu’il te dit : « Ta... quoi ? Attends, t'as une fille ? J'en savais rien. » Contrairement à ce que pensaient les gens, tu ne criais pas sur tous les toits que tu étais maman. C’était une information que tu ne partageais pas dans les soirées mondaines et surtout pas sur les réseaux sociaux. Rory n’avait aucune raison d’avoir appris l’existence de Morgane à part s’il avait croisé tes parents dernièrement mais il l’aurait mentionné. « Wow, je savais quand je suis tombé sur toi tout à l'heure que ces retrouvailles risquaient de me filer un petit coup de vieux, mais je savais pas qu'on en était déjà à parler crèches et monospaces... » Tu ne pus t’empêcher de le frapper légèrement sur l’épaule en levant les yeux au ciel. Tout de suite … Oui, vous aviez vieilli et tu étais la preuve qu’il pouvait s’en passer beaucoup des choses en dix ans. « Tu pouvais pas le savoir, je la garde bien loin de la folie des réseaux sociaux et de mon métier. » Tu t’éloignais de Rory avant d’aller récupérer ton téléphone portable posé sur la table et de trouver quelques photos de Morgane. Ce n’était pas difficile d’en trouver, ton téléphone en regorgeait. « Je te présente Morgane, elle a cinq ans. T’arrives trop tard pour parler crèche mais on peut discuter d’école maternelle et de cours de danse si tu le souhaites. » Lui dis-tu un sourire en coin sur les lèvres. Toi aussi tu pouvais le charrier un peu après tout. « Pendant que monsieur devenait un acteur reconnu, j’ai eu le temps de me marier, de devenir maman, de divorcer et de me retrouver seule avec ma fille. C’est ce qui m’a ramenée à Brisbane. » Ce n’étaient pas que de bons souvenirs mais tu avais fait la paix avec ce moment de ta vie depuis le temps. Tu en voudras toujours un peu à Abel mais peut-être que finalement c’était mieux comme ça. Tu parlais ensuite à Rory de Jasmine, de cette princesse qui était devenue une partie importante de toi. « Je confirme, le rôle est taillé pour toi et quand on te voit comme ça l'illusion est parfaite. Tu connais les chansons du film par cœur, aussi ? Pour savoir si l'actrice qui tient le rôle au Cinéma a du souci à se faire. » Etrangement, le cinéma n’était pas un domaine qui t’attirait. Pourtant, nombreux étaient les mannequins qui se reconvertissaient dans le septième art mais toi, ce n’était pas ton truc. Tu avais les contacts pourtant et un jour tu te testeras peut-être mais ce serait plus une expérience qu’une révélation certainement. « Tu penses qu’elle les chante avec qui les duo ma fille ? Tu as de la chance, Flynn n’est pas un grand chanteur, tu devrais être tranquille pour aujourd’hui. » Si un jour il se retrouvait à faire un tour des chambres avec Raiponce, il faudra peut-être qu’il apprenne la chanson que Flynn a en duo avec sa princesse … Parce que vous étiez tous les deux prêts, tu demandais au jeune homme comment il se sentait au moment de se lancer : « Impatient, à vrai dire. Mais anxieux, aussi. Je sais que les enfants sont souvent plus indulgents que les adultes, j'ai juste... envie d'être à la hauteur. Comment ça s'est passé pour toi, la première fois ? Tu angoissais, toi aussi ? » Cela faisait plusieurs mois que tu tenais ce rôle mais tu te souvenais de ces premières heures comme si elles étaient arrivées hier. Tu étais tellement anxieuse, c’est un miracle que tu n’aies pas perdu la face devant les enfants. « J’étais tétanisée la première fois. Je ne voulais surtout pas décevoir les enfants et même si j’en ai une à la maison, je voulais être à la hauteur. Au final, tout s’est très bien passé, j’ai beaucoup stressé pour rien. Mais je pense que c’est bien d’appréhender un peu, cela démontre que l’on se soucie des enfants avant toute chose. » Vous aviez tous votre raison personnelle pour ces heures de bénévolat mais à la fin de la journée, c’était pour les enfants que vous faisiez tout cela. « Suis-moi. » Dis-tu à Rory avant de te diriger vers le point de relais des infirmières. « Avant de commencer un tour, il faut toujours passer voir les infirmières. Elles te diront les chambres à visiter ou non et surtout, elles te donneront des feuilles avec quelques informations essentielles sur les enfants pour que tu ne sois pas pris de court. » Des fois, il vaut mieux être légèrement préparé à l’avance face à ce que vous pouviez voir même si vous n’étiez jamais complètement prêts.

 

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@JESSIAN REED & RORY

La carrière de Jessian, il l'avait suivi avec un mélange de nostalgie et de fierté. Ils s'étaient toujours mutuellement soutenus dans leurs rêves et leurs aspirations au temps de leur adolescence, lorsque la jeune femme était à la fois sa première petite-amie et une confidente pour qui il n'avait aucun secret. Ce qui était d'autant plus précieux qu'à l'époque la plupart de ses amis faisaient partie de l'équipe de football et que ces amitiés superficielles, cantonnées aux vestiaires et aux terrains de football, n'avaient pas survécu à la blessure qui lui avait coûté sa bourse et son rêve de finir professionnel. Jessian était finalement partie dans la foulée, le laissant seul face à des tourments qui n'avaient été pleinement apaisés que le jour où le théâtre était entré dans sa vie. Aujourd'hui, il n'en voulait à personne. Ni à Jessian d'être partie poursuivre son propre rêve, ni à ses anciens co-équipiers qui avaient juste joué d'un peu plus de chance que lui. La réplique de la brune lui valut de secouer la tête d'un air incrédule, mais amusé. « Non arrête, t'as vraiment fait ça ? Je crois que c'est le truc le plus tue-l'amour que j'ai jamais entendu. » Mais c'était aussi assez drôle à s'imaginer, bien que cette confession mette aussi en lumière une information qu'il ne possédait pas jusqu'ici : c'était toujours plus particulier quand quelqu'un qu'il connaissait depuis aussi longtemps lui disait s'être intéressée à sa filmographie. « Alors comme ça, t'as vu plusieurs de mes films ? J'imagine que ça a du te surprendre un peu, la première fois que tu m'as vu à l'écran. » Que ce soit au Cinéma ou à ses débuts, dans l'une des séries qui l'avaient fait connaître. La dernière fois qu'ils avaient véritablement échangé ensemble, l'imminence de la fac sonnait comme le douloureux rappel de ce qu'il ne serait jamais, loin d'imaginer qu'il serait frappé par l'évidence au détour d'un atelier de théâtre. « Bon et tu peux bien me le dire, le coup de l'ex-copain acteur, ça fonctionnait ou pas ? » Il glissa dans un fin sourire narquois. Elle avait parlé de rendre jaloux certaines de ses conquêtes et il se demandait si la tactique avait fait ses preuves, auquel cas il devrait sûrement se sentir coupable d'avoir indirectement jeté un froid entre ses anciennes relations et elle. Rory s'estimait en tous les cas chanceux que son agente ait sûrement en ce moment bien d'autres préoccupations à l'esprit que sa vie amoureuse, l'un des rares avantages – s'il y en avait – à avoir compromis sa carrière. La vérité, c'est qu'il aurait sûrement su relativiser davantage face à toute cette situation si à coté de ça Penny ne traversait pas une passe autrement plus difficile que la sienne et si lui n'avait pas gâché dans le même temps sa relation avec celui qui partageait sa vie depuis des années avant ça. Donna avait beaucoup d'humour et c'est aussi pour ça qu'il chérissait sa présence, mais elle avait aussi compris qu'il y avait des terrains plus sensibles que d'autres. « C'est pas vraiment dans notre intérêt alors. Cela dit on a un avantage sur eux : on se connaît depuis toujours ou presque et pour comploter, c'est plus pratique. » Il s'amusa, sans penser sérieusement à provoquer une rencontre entre le manager de Jessian et son agente, mais malgré tout concerné par la vie personnelle que Donna mettait entre parenthèses pour son boulot. Lui avait pu parfois délaisser la sienne par le passé et l'avait payé cher, raison pour laquelle il ne comptait ni recommencer, ni se forcer à aller de l'avant avant d'y être prêt juste pour panser le trou béant dans son cœur. Prendre des nouvelles de la famille de Jessian paraissait naturel après tout ce temps, d'autant plus que ses sœurs avaient sûrement bien changé depuis la dernière fois qu'il les avait vues – la plus jeune surtout, qui avait à peine quelques années de plus que sa sœur Wendy et avec qui il avait toujours plus facilement noué des liens. Avec la plus âgée, en revanche, il avait toujours marché sur des œufs et jamais tellement su dire si les regards qu'elle lui lançait cachaient une part de méfiance ou juste de l'indifférence. Dans un cas comme dans l'autre, il n'était pas vraiment surpris que les choses n'aient pas l'air de s'être arrangées entre Jessian et Kate, qui étaient à peu près aussi différentes que deux sœurs pouvaient l'être. « Ouais, j'imagine que l'ambiance pendant les diners de famille est pas idéale. Je sais ce que c'est que d'avoir l'impression que le contact est rompu, mais vous avez encore pas mal d'années devant vous pour arranger les choses, qui sait. » Elles étaient sœurs, et même si ça n'était pas toujours un gage d'entente ça voulait quand même dire quelque chose. Et il connaissait suffisamment Jessian pour savoir que la famille avait de l'importance pour elle. Que quelque part, une partie d'elle souffrait sûrement de la situation mais avait simplement appris à s'en accommoder. Comme lui avec son père, avec qui il partageait de moins en moins de choses avec le temps et qui lui faisait parfois l'effet d'un fantôme errant d'un bout à l'autre de sa demeure en cherchant un but que personne autour de lui ne semblait pouvoir lui offrir. Une partie de lui aimait sûrement toujours sa femme, tout comme il était au fond un père aimant et peu habile pour montrer ce qu'il ressentait, mais le contact était toujours difficile. Rory pouvait heureusement compter sur sa fratrie, de qui il avait toujours été très proche. Les années passant, chacun était amené à suivre sa propre voie mais même quand certaines opportunités les éloignaient pour un temps de Brisbane, c'était toujours pour mieux y revenir. Comme si c'était toujours ce lien entre eux qui les gardait unis et soudés au même endroit, celui qui était devenu leur foyer dix-sept ans plus tôt. « J'aurais eu du mal à tenir sans eux ces derniers mois, c'est clair. J'ai vu tellement de gens se convaincre de me connaître au travers d'un simple article que savoir qu'eux savent vraiment qui je suis... c'est plus précieux que tout le reste. » Et ça l'avait aidé dans les moments où il avait eu l'impression de perdre pieds, après avoir perdu certains des repères qui donnaient un sens à sa vie. Rory s'était senti épaulé et c'était en partie grâce à ça qu'il pouvait être là aujourd'hui avec une telle envie de donner et de se rendre utile.

La discussion prit finalement une tournure plus inattendue lorsque Jessian se livra à un résumé particulièrement détaillé de ce film que la brune connaissait manifestement sur le bout des doigts. A tel point, à vrai dire, qu'elle en piqua la curiosité du brun. Pour autant, si Rory était prêt à simplement envisager qu'elle puisse simplement vouer une passion secrète à ces films d'animation, l'annonce que lui fit la jeune femme le prit complètement de court. Jessian n'eut pas l'air de le réaliser sur le coup, mais pour lui qui ignorait encore il y a quelques minutes qu'elle avait une fille cette information était légèrement stupéfiante. Ça faisait pourtant partie des choses que vous pouviez découvrir sur quelqu'un avec qui vous n'aviez pas échangé depuis de nombreuses années, mais il n'aurait pas pensé qu'il réaliserait aussi brutalement que la vie de Jessian avait suivi un tout autre chemin que la sienne. « Je comprends oui, je réalise juste qu'on est vraiment restés longtemps sans contact et ça me fait tout drôle, de tout rattraper d'un coup. » Il avait pu suivre sa carrière à distance mais pour ce qui était de sa fille, il n'avait aucun moyen de savoir et n'était pas surpris que Jessian protège son intimité et sa vie de famille. La jeune femme s'éloigna quelques secondes pour récupérer son téléphone, et le regard de Rory s'illumina d'une lueur surprise et légèrement attendrie lorsqu'elle lui présenta une photo de sa fille. « C'est dingue comme elle te ressemble. Tu te rends compte que Wendy avait à peine quelques années de plus quand on s'est connus ? Et aujourd'hui c'est toi qui pouponnes. » L'idée le fit sourire avec une certaine nostalgie, comme quelqu'un qui prenait conscience de l'allure à laquelle le temps passait et de la fragilité de chaque chose. Hier ils étaient des adolescents insouciants, aujourd'hui Jessian était mère, et demain ? « Félicitations, elle est vraiment mignonne. » Et quand bien même une partie de lui se désolait aujourd'hui de ne pas avoir quoi que ce soit qui le rende aussi fier que sa fille semblait le faire pour Jessian, il était sincèrement content pour elle. « Et désolé pour ton divorce. J'ai le sentiment que t'as beaucoup de choses à me raconter et qu'il faudrait qu'on prenne un jour quelques heures pour rattraper le temps perdu. » Il suggéra, comme une manière de lui proposer de profiter de ces retrouvailles inattendues pour se raconter plus en détails ce qu'ils avaient respectivement loupé après des années sans vraies nouvelles l'un de l'autre. Sa vie personnelle n'était pas aussi remplie que celle de la brune, mais il était aussi très doué pour écouter – à vrai dire, il préférait même souvent ça au fait de se confier lui-même. Jessian, elle, était plus que taillée pour le rôle de cette princesse qui respirait l'indépendance et la volonté, deux qualités qu'elle possédait sans aucun doute. Sa précision lui tira un léger rictus et Rory haussa les épaules. « Je prendrai des cours de chant si nécessaire, mais je te cache pas que je comptais plutôt me concentrer sur la comédie. » Non pas que le défi lui déplairait, il était au contraire attiré par les challenges, mais Rory était conscient des talents qu'il possédait et de ceux qui chez lui n'avaient rien d'innés. Cela dit, pour l'association, il était prêt à se perfectionner si c'était nécessaire, il s'était toujours adapté et le ferait là encore. Jessian et lui finirent de se préparer et il en profita pour s'enquérir de son expérience au sein de l'association, légèrement intimité à idée de rencontrer ces enfants qui comptaient tant sur lui. On pourrait croire qu'il en avait vu d'autres, mais c'était bien différent cette fois-ci. « J'ai l'habitude du trac, mais savoir qu'on compte sur nous ça me donne vraiment envie de bien faire. J'ai eu tendance à ruiner tout ce que je pouvais toucher ces derniers mois, j'aimerais vraiment qu'ici ça se passe bien. » L'année n'avait pas débuté sous les meilleurs hospices et en étant ici, il avait aussi envie de croire qu'il saurait tirer du positif de tout ça en s'investissant dans ce qui avait du sens. « Et ça me rassure de savoir que t'es là. Je suis content que ce soit toi qui m'accueille dans vos rangs. » Il eut un sourire, reconnaissant à la brune d'avoir endossé ce rôle et d'aider à ce qu'il prenne ses marques. Jessian était cette main familière qu'il savait pouvoir saisir si nécessaire, et il en avait plus besoin ces derniers temps qu'il n'aimait le laisser paraître. La brune lui emboîta le pas au moment de traverser le couloir et Rory la suivit, attentif. « Toujours passer voir les infirmières, okay. » Il acquiesça et intégra l'information aussitôt qu'elle fut soufflée par la brune. Apprendre pour être prêt le jour J, c'était ce qu'il voulait. « Je sais que certains enfants ont des pathologies très lourdes et même si j'ai essayé de m'y préparer, je voudrais pas risquer d'être maladroit. T'aurais un ou deux conseils sur la meilleure manière de s'y prendre, avec eux comme avec leurs parents ? » Il n'avait pas d'enfant contrairement à Jessian et jamais été directement confronté à la gravité de l'état de certains enfants du service, alors il préférait ne rien laisser au hasard. Rory savait qu'il n'y avait pas de formule magique et que chaque cas était différent, mais il voulait réussir à leur ôter un peu du stress avec lequel ces gens-là vivaient quotidiennement et pour ça, il voulait juste bien s'y prendre.

 

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JESSIAN & @RORY CRAINE

« Non arrête, t'as vraiment fait ça ? Je crois que c'est le truc le plus tue-l'amour que j'ai jamais entendu. » Tu ne peux t’empêcher de rire à ces paroles en secouant la tête. Vraiment, il y avait bien pire en terme de tue-l’amour mais tu n’avais pas cherché à tuer quoi que ce soit quand tu avais fait cette remarque. La première fois, c’était plus par surprise. Tu avais tellement du mal à réaliser que c’était bien Rory que tu voyais sur ton écran. Pour toi, il sera toujours ce jeune homme rêvant de faire carrière dans le football. Certes, ce rêve était mort avant que tu ne quittes Brisbane mais il avait toujours défini Rory dans ton esprit. Ce nouveau rêve, cette nouvelle carrière, c’était un peu comme si c’était un inconnu dans ce petit écran. « Alors comme ça, t'as vu plusieurs de mes films ? J'imagine que ça a du te surprendre un peu, la première fois que tu m'as vu à l'écran. » En toute franchise, tu aurais pu n’en voir aucun. Si tes parents n’avaient pas glissé l’information durant l’un de vos appels Skype, tu n’aurais jamais su que Rory s’était reconverti dans ce domaine. Enfin, jamais était un grand mot mais tu l’aurais certainement appris quand tu serais rentrée à Brisbane soit en voyant son visage sur des affiches promotionnelles soit en tombant sur lui dans une soirée mondaine. La deuxième option était ce qui s’était passé mais tu avais au moins été préparée à cette rencontre. Grâce à tes parents, tu avais suivi la carrière de Rory dès ses débuts. « Quand mes parents m’ont dit t’avoir vu à la télévision, ma curiosité a pris le dessus. Je ne te cache pas qu’au départ cela m’a fait bizarre mais tu as un réel talent. » Lui dis-tu sincèrement. « Par contre, je vais pas te mentir, si tu m’avais fait parier que tu finirais par devenir comédien, je n’aurais pas pris ce pari à l’époque, même pas un centime. » Parce que Rory était destiné à être un sportif, il devait gagner des compétitions, il devait se reconvertir mais tu n’avais jamais pensé à cette possibilité. Alors oui, tu avais été surprise mais surtout heureuse de le voir s’épanouir de nouveau. Et le monde du cinéma et le monde du sport n’étaient pas si éloignés que cela dans leur mode de fonctionnement. « Bon et tu peux bien me le dire, le coup de l'ex-copain acteur, ça fonctionnait ou pas ? » Cette fois c’est un sourire en coin qui se dessina sur ton visage. Alors que Rory était persuadé que cela était un tue-l’amour, tu avais plutôt vécu le contraire … « Ma libido a hésité à t’envoyer une carte de remerciement. » Lui dis-tu avec le ton le plus sérieux que tu pouvais prendre mais tu ne tardais pas à ajouter : « C’est fou comme les hommes sont compétitifs. Apparemment il était nécessaire de me prouver qu’une nuit avec eux suffirait à me faire oublier ton nom. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil. Ce n’était pas avec une aventure passagère que tu allais oublier Rory et ce que vous aviez vécu ni avec Abel d’ailleurs. Tu n’avais pas vécu beaucoup d’histoires sérieuses mais elles t’avaient toutes marquées et elles dessinaient la femme que tu étais devenue aujourd’hui. En parlant d’histoires de coeur, vous plaisantiez sur la possibilité de faire rencontrer vos agents, une idée qui était pour l’instant à exclure car tu ne comptais pas, ni aujourd’hui, ni plus tard, exploiter ta relation avec Rory pour quoi que ce soit. Elle n’appartenait qu’à vous et à personne d’autre. « C'est pas vraiment dans notre intérêt alors. Cela dit on a un avantage sur eux : on se connaît depuis toujours ou presque et pour comploter, c'est plus pratique. » Vos agents pouvaient bien dire ce qu’ils voulaient, les décisionnaires c’était Rory et toi. Effectivement, pour comploter, vous seriez bien plus efficaces qu’eux cela ne faisait aucun doute ! Mentionner tes parents sembla rappeler à Rory des souvenirs de ta famille dont il prit des nouvelles. Les relations que tu entretenais avec chacun des membres de cette dernière n’avaient pas beaucoup changé ces dernières années finalement et ta relation avec Kate n’avait fait que s’empirer quand tu avais eu un enfant avant elle. Heureusement que tu avais divorcé et déçu vos parents, sinon elle ne te l’aurait pas pardonné. « Ouais, j'imagine que l'ambiance pendant les diners de famille est pas idéale. Je sais ce que c'est que d'avoir l'impression que le contact est rompu, mais vous avez encore pas mal d'années devant vous pour arranger les choses, qui sait. » Tu te retins de lui dire que tu n’en savais rien car tu n’assistais plus aux repas familiaux. D’ailleurs, tu ne savais pas si ta mère continuait à les organiser vu que seule Kate y assistait. Voilà longtemps que Nola ne venait aux repas familiaux que pour vos anniversaires et quand Morgane la suppliait et même ça, ce n’était pas toujours efficace. Tu étais loin de la blâmer toutefois car vos parents lui en avaient fait voir de toutes les couleurs. « Je doute qu’après vingt-huit années d’incompréhension, la situation s’arrange. Mais nous verrons bien ! » Vos parents avaient dû lui confier ta bisexualité et tu doutais que Kate soit plus tolérante qu’eux. Mais peut-être que Rory de son côté avait de meilleures nouvelles à te donner de sa famille. Il te donna des nouvelles de sa fratrie où chaque membre devait avoir bien grandi depuis le temps et tu fus rassurée de savoir qu’il pouvait compter sur eux en cette période qui ne devait pas être facile à traverser. « J'aurais eu du mal à tenir sans eux ces derniers mois, c'est clair. J'ai vu tellement de gens se convaincre de me connaître au travers d'un simple article que savoir qu'eux savent vraiment qui je suis... c'est plus précieux que tout le reste. » C’était important d’être bien entouré. Ta relation avec tes parents était aujourd’hui inexistante et tu leur en voulais sur beaucoup de sujets mais quand tu avais débarqué avec Morgane qui avait à peine quelques mois, ils avaient été là pour toi.

Quand tu avais mentionné ta fille, tu avais oublié que Rory n’en avait jamais entendu parler et qu’il allait tomber de haut en apprenant la nouvelle. Tu faisais de ton mieux pour que l’existence de ta fille reste une information plutôt privée et qu’elle soit protégée de l’attention médiatique que tu pouvais générer de temps en temps par ton travail ou par tes connaissances. Donc Rory n’avait aucune raison de savoir que tu avais une fille et sa réaction fut celle de l’étonnement le plus complet. « Je comprends oui, je réalise juste qu'on est vraiment restés longtemps sans contact et ça me fait tout drôle, de tout rattraper d'un coup. » Cela faisait presque dix ans que vous ne vous étiez pas vus … Toutes ces années n’avaient pas été riches en nouveautés mais certaines l’avaient été, particulièrement dans ton cas. Morgane, Abel, ton mariage, ton divorce, ton statut de maman, ta carrière, il y avait de quoi faire si tu voulais raconter tout cela à Rory. Et lui mettre ta fille sous le nez sans prévenir était peut-être un peu brutal. Voilà pourquoi tu allais chercher ton portable pour lui montrer une photo en espérant te faire un peu pardonner : « C'est dingue comme elle te ressemble. Tu te rends compte que Wendy avait à peine quelques années de plus quand on s'est connus ? Et aujourd'hui c'est toi qui pouponnes. Félicitations, elle est vraiment mignonne. » Regardant le visage de Morgane sur l’écran, tu te rends compte que Rory a raison. Lorsque tu l’avais rencontré, Wendy était encore une enfant. C’est dans ces moments-là que tu avais l’impression de réellement prendre un coup de vieux. Pas quand tu étais avec ta fille mais plus quand tu te rendais compte à quel point les personnes autour de toi grandissaient aussi. « Si tu voulais me donner un sacré coup de vieux c’est réussi ! » Lui dis-tu en le poussant légèrement sur l’épaule. « Mais merci beaucoup. » Ajoutas-tu le rouge aux joues. C’était toujours agréable de s’entendre dire que sa fille était mignonne et qu’elle vous ressemblait. « Et désolé pour ton divorce. J'ai le sentiment que t'as beaucoup de choses à me raconter et qu'il faudrait qu'on prenne un jour quelques heures pour rattraper le temps perdu. » Tu hoches la tête sans hésiter à cette proposition. Maintenant que Rory réapparaissait dans ta vie, tu n’avais pas envie de le laisser en ressortir aussi facilement. Et puis cela serait en plus impossible parce que ce n’était que le début de son processus d’intégration dans l’association donc il allait devoir te supporter encore un peu. « Avec grand plaisir ! Je te laisserai mon numéro et puis sinon on se reverra pour ton intégration, tu vas pas pouvoir te débarrasser de moi. » Lui dis-tu avec un clin d’oeil alors que tu l’incitais à rentrer son numéro dans ton téléphone qu’il avait toujours en main. Quand il te le rendit, tu finissais d’ajouter son contact avant de ranger l’appareil et de finir de te préparer. La plupart du temps, vous vous contentiez de parler avec les enfants mais des fois, ces derniers vous demandaient de pousser la chansonnette, un talent que n’avait peut-être pas Rory pour le coup. Quoique, tu serais incapable de le dire, tu ne te souvenais pas de l’avoir entendu chanter sérieusement en dehors de soirées à l’époque. « Je prendrai des cours de chant si nécessaire, mais je te cache pas que je comptais plutôt me concentrer sur la comédie. » Tu comprends tout à fait et personne ne s’attend à ce qu’il prenne des cours de chant. Il faudra peut-être qu’il apprenne les quelques chansons de Raiponce mais personne ne s’attend à ce qu’il sache les chanter à la perfection. « On pourra s’entrainer si tu veux, j’ai une Raiponce à la maison qui sera ravie de t’accompagner. » Dis-tu un sourire amusé sur les lèvres avant d’ajouter : « Mais ce n’est pas obligatoire et ne te prend pas la tête avec ça, la comédie avant tout ! » Parce qu’avant de chanter, il fallait rendre le personnage crédible. D’ailleurs, maintenant que vous étiez tous les deux prêts, il était temps de vous mettre en marche ! Tu invitais donc Rory à te suivre tout en lui demandant s’il se sentait prêt pour ce qui vous attendait. A tes yeux, rien de mieux que de se jeter la tête la première dans l’exercice. « J'ai l'habitude du trac, mais savoir qu'on compte sur nous ça me donne vraiment envie de bien faire. J'ai eu tendance à ruiner tout ce que je pouvais toucher ces derniers mois, j'aimerais vraiment qu'ici ça se passe bien. Et ça me rassure de savoir que t'es là. Je suis content que ce soit toi qui m'accueille dans vos rangs. » Tu ne peux t’empêcher de poser ta main sur l’avant-bras de Rory pour le rassurer. L’idée qu’il ne soit pas parfait dans ce rôle ne t’avait pas traversé l’esprit. Il y aura peut-être quelques erreurs au début mais cela arrivait à tout le monde. « Tu ne ruines pas tout ce que tu touches ne dit pas n’importe quoi ! » Lui dis-tu avec un sourire que tu voulais rassurant. Il allait assurer, c’était certain. Alors que vous arrivez devant le poste des infirmières, tu t’arrêtais pour récupérer le papier qui vous indiquait les chambres à visiter et s’il y avait des choses à savoir. Cela pouvait être médical comme tout autre chose et c’était une étape essentielle. « Toujours passer voir les infirmières, okay. Je sais que certains enfants ont des pathologies très lourdes et même si j'ai essayé de m'y préparer, je voudrais pas risquer d'être maladroit. T'aurais un ou deux conseils sur la meilleure manière de s'y prendre, avec eux comme avec leurs parents ? » Tu lèves les yeux de la liste que tu es en train de lire et tu vois la porte de la première chambre à quelques mètres de vous. Tu te souviens d’avoir posé exactement la même question à Ava quand tu avais commencé dans l’association. Toi aussi, tu avais eu terriblement peur de mal faire. Alors que vous vous arrêtiez devant la porte de votre première visite, tu plongeais ton regard dans celui de Rory avant de dire : « Oublie qu’ils sont malades, oublie que nous sommes à l’hôpital. Ils ont besoin d’être traité comme tous les autres enfants, n’attendent que ça alors il faut oublier que certains d’entre eux pourraient ne plus être là dans une semaine. Et parle-leur comme à des adultes, certains sont bien plus matures que la plupart des adultes que tu rencontreras. » Lui dis-tu calmement. Tu ne doutais pas que Rory allait s’en rendre compte tout seul. « Allez c’est parti ! » Ajoutas-tu en posant ta main sur la poignée de la porte. Il était temps pour Rory de plonger la tête la première dans cette nouvelle expérience …