« SHOT. » pour chaque verre qu'il prend, on en prend un nous aussi. C'est le deal de ce soir, le premier d'une longue lignée où en à-côté bien clair bien évident bien souligné au marqueur rouge y'a d'inscrit qu'on ne parle pas d'elle. Jill qui avait besoin d'air, Jill qui s'est tirée mais qui est revenue au final. C'est un tout autre sujet de conversation et c'qu'il y a de bien avec le fait de plus trop avoir envie de tuer Auden c'est que maintenant d'un coup d'oeil on a décidé que ma soeur aka la femme de Bailey aka Jill pas Gin oui je sais des fois encore c'est compliqué à démêler était un petit caractère à ne pas aborder. Grand bien nous en fasse, tous.

« SHOT SHOT SHOT. » au shot de whisky cannelle qu'on vient de prendre Bailey et moi j'en ajoute trois autres pour sa tête et trois autres pour la mienne sur le comptoir de bois vernis se dressant entre eux deux et moi. Deklan se charge des commandes ce soir et Scarlett se charge de nous dévisager autant que de nous envoyer le mauvais oeil en hurlant à qui veut bien l'entendre que celui qui est malade le premier va torcher les toilettes pendant une semaine complète sous ses ordres rigoureux. Je l'aime tellement que je tuerais pour elle, surtout dans des moments comme ceux-là.

« Eeeeeet pour toi, c'est smoothie fraise, banane et aloes genre bizarre la première gorgée mais juré la deuxième tu vas feel à quel point c'est bon en vrai. » des moments ponctués de petites perles comme celles-ci, quand sous les yeux d'Auden je fais glisser son apport en shots à lui aussi. Il boit pas d'alcool mais ça veut pas dire qu'il va passer la soirée à gober de l'eau comme un pauvre petit paysan de la plèbe du peuple. Nope, rien que le meilleur pour mes gars ce soir.

Qui. Aurait. Cru.
Qu'un. Jour.
Je. Dirais. Ça.
Pour eux.

J’aurais jamais cru faire une soirée entre amis dans un bar.
J’aurais jamais cru que le bar en question soit le DBD.
J’aurais jamais cru que le premier ami soit Matt.
J’aurais jamais cru que le second ami soit Bailey.
Et pourtant.

« SHOT. » « SHOT SHOT SHOT. »

Ca serait mentir que de dire que je ne juge pas Bailey d’un haussement de sourcil, quand même. Ce n’est pas parce que j’ai enterré la hache de guerre avec lui que c’en est de même avec sa femme, loin de là, et encore moins depuis que ses enfants passent plus de temps chez moi que chez eux. Ça serait mentir que de dire que je ne juge pas sa consommation excessive d’alcool non plus, surtout depuis le jour où il a haussé le ton sur la mienne, de femme. Pourtant je ne dis rien et je ne fais rien, me contentant d’un sourire en coin de merdeux à chaque fois qu’il prend un shot de plus et grimace comme une gamine - fut un temps on aurait pu faire un concours et je l’aurais battu à plate couture, ce noob.

« Eeeeeet pour toi, c'est smoothie fraise, banane et aloes genre bizarre la première gorgée mais juré la deuxième tu vas feel à quel point c'est bon en vrai. » Auden la princesse, que voulez-vous. Matt a bien compris que je ne bois pas et que c’est une règle à laquelle je ne risque pas de déroger, surtout pas pour une soirée dans le genre où je n’ai aucune raison de noyer ma douleur / ma peine / ma haine (rayez la mention inutile) dans des verres de merde. Ce soir, c’est eux et eux seuls qui ont des trucs à noyer et moi qui risque bien de faire taxi dans toute la ville - ou jusqu’au canapé de Bayside, en tout cas. “Mettez moi sur votre héritage si vous comptez boire des verres encore, je vous jure que ça sera le meilleur move de votre vie.” Ils boivent trop vite et trop fort et c’est pas mon problème, oui, je sais, pourtant je ne peux pas m’empêcher de placer mes remarques de ci de là. Non pas que leur mort me dérange, loin de là, mais je doute qu’on puisse me pardonner de perdre ces deux imbéciles en une soirée. Quelle idée que l’un d’eux devienne père et que j’ai besoin de l’autre comme parrain.

« SHOT SHOT SHOT. »
La scène est surréaliste.

Si je n’étais pas arrivé sobre au DBD, j’aurais pu croire à une sacrée intoxication tant je n’aurais jamais cru pouvoir me retrouver dans cette configuration un jour. Auden à ma droite, Matt en face de moi. On est là tous les trois, de notre plein gré. Personne n’a été forcé par personne. On ne fait pas plaisir à nos femmes, on est là entre potes. Autrefois, le mot m’aurait arraché la bouche s’il avait dû être associé aux deux compères. Ce soir, tout paraît étrangement normal.

Fini les haches de guerre et insultes sanglantes.
L’amitié, aussi fragile soit elle, la plus improbable de cette planète.

Et les shots s’enchaînent sous mon nez à un rythme effréné. Pas le temps d’en boire un que Matt m’en colle déjà un autre sous le nez. « C’est le concours de celui qui fera une cirrhose en premier ? » Je râle et pourtant, c’est sans difficulté que j’avale le deuxième – ou serait-ce le troisième ? – shot de whisky caramel.

Si je suis là pour essuyer mes problèmes de couple, je me demande ce qui a bien pu arriver à Matt pour qu’il nous fasse enchaîner les verres à ce rythme-là. Auden est clairement là pour jouer les gardes mômes, probablement pour son plus grand déplaisir. « Mettez moi sur votre héritage si vous comptez boire des verres encore, je vous jure que ça sera le meilleur move de votre vie. » Je ricane un peu avant de me redresser et croiser le regard de Matt. « Toi, je te laisse pas mes enfants. » Quelle idée de vivre au-dessus d’un bar aussi, il perd tous ces points rien que pour ce détail. En revanche, le deuxième lui a déjà tous les bons points du jury. « Par contre à toi… Oui. » Démerdez vous avec ça. Tout fier de moi, je prends le temps de siroter mon verre au lieu de l’avaler cul-sec cette fois-ci.

Y en a un qui ne ralentit absolument pas le rythme, c’est Matt. Mon regard ne cesse de se balader sur son profil alors qu’il tressaute dans tous les sens nerveusement. Non pas que je le connaisse si bien que cela, mais quand même quelques choses cloche. « On sait tous qu’il est là pour nous surveiller. » Je pointe Auden avec mon pouce. « Que je suis là parce que ta sœur a, encore, foutu le camp. » La pique est gratuite et basse, je m’en soucierai plus tard. « Mais c’est quoi ton souci à toi ? » C'est quoi notre excuse pour boire comme des trous à notre grand âge ?

« Mettez moi sur votre héritage si vous comptez boire des verres encore, je vous jure que ça sera le meilleur move de votre vie. » si je le mets sur le mien il va récolter le DBD et le transformer en atelier expérimental de merde avec Ginny, les deux à y faire des jeux de lumière et des graffitis et des trucs de hipsters que personne comprendra sauf eux et ils se la péteront et j'ai pas envie de mourir là, j'ai vraiment pas le goût c'est con. « Toi, je te laisse pas mes enfants. » à ses mots s'ajoutent les miens, quand je mime ses paroles en silence et exagèrant ses traits d'une grimace et d'une autre. Il me les lègue pas mais du moment où je passe à la maison donner un coup de main aka couvrir Tracy de baisers et de chatouilles, là il dit rien. Petit hypocrite va. « Par contre à toi… Oui. » « On vient de passer la Twilight Zone les gars, c'est bon. » que Bailey soit pas famille avec moi ça passe encore on bosse sur nos antécédents, mais qu'il le soit avec Auden c'est signe que l'Apocalypse arrive et qu'au pire du pire on y est bien, on y est confortables, et on y est hydratés.

Tournée de shots supplémentaires pour le blond et moi, et de smoothie pour le nouveau père des jumeaux en l'état. « On sait tous qu’il est là pour nous surveiller. » la bouteille de tequila que je pose bruyamment sur la table après avoir mis une vie à la récupérer par-dessus le comptoir. « Que je suis là parce que ta sœur a, encore, foutu le camp. » l'entre pouce et index que je lèche, le sel que j'y étale et le quartier de citron qui vient se loger contre mes doigts. « Mais c’est quoi ton souci à toi ? » ah, ahah, ahahah. C'est vrai, j'avais omis que la Terre en entier était pas au courant du fait que Lily avait choppé Ezra dans mon bar puis dans mon lit (le nôtre) À force de l'entendre relater par les clients qui se racontent ce genre d'histoires pour se convaincre que l'amour le vrai ça doit pas exister vu qu'ils l'ont pas vécu, j'oublie que c'est pas un fait connu et établi. Un regard, un seul vers Auden, et c'est toute la confiance du monde que je lui lâche. Avant de reprendre en tambours et en fanfares, une connerie au bord des lèvres tellement la vérité les brûle bien plus que l'alcool qui y trouve nonchalamment sa place. « Ta gueule et bois, y'a aucune thérapie de groupe qui vient avant qu'on ait fini cette bouteille-là. » cette bouteille-là qui se vide autant dans son verre que dans le mien.

il passe du coq à l’âne, Bailey. Il ne parlait de rien et le voilà qui parle de tout, de ses enfants, comme s’il y avait véritablement un lien entre eux et leur beuverie - oui il y en a un, pour un des deux au moins. « Toi, je te laisse pas mes enfants. » Mon regard neutre suit celui de l’anglais pointé en direction du second. Je reste sans rien dire, peu amusé par la situation, au courant de choses de son côté que Bailey ignore sans aucun doute. « Par contre à toi… Oui. » C’est un concours auquel je n’aurais jamais pensé, c’en est un de ceux pour lesquels je ne retiens aucune gloire de la victoire. Matt prend la chose avec bien plus d’humour que je n’en serai capable et une partie de moi a envie de se moquer de son insouciance de gamin quand l’autre est simplement heureux qu’il ne suffise plus d’une étincelle pour nous déchirer. « On vient de passer la Twilight Zone les gars, c'est bon. » Tu m’étonnes. Même la Twilight Zone doit être en train de prendre des notes sur nous, là, quand chacun boit sagement sans vouloir noyer qui que ce soit, quand tout va bien dans le meilleur des mondes - le mien, en tout cas, parce que le leur est à chier.

A chier, d’ailleurs, comme les transitions de Bailey qui va vraiment devoir apprendre à se contrôler et à se la fermer, de temps à autres. Et oui, c’est moi qui dit ça. Ca prouve bien l’importance de la chose. « On sait tous qu’il est là pour nous surveiller. » Il y a du vrai et il y a du faux, mais grosso merdo on reste quand même sur une large part de vérité. Je les surveille pour ma propre conscience, ceci dit, parce que je n’ai de compte à rendre à aucune de leur femme respective. « Que je suis là parce que ta sœur a, encore, foutu le camp. » Là je souris. Je ne devrais pas, je devrais être triste, je devrais être compatissant, je devrais bla bla bla mais ce n’est pas faute de lui avoir dit qu’il misait sur le mauvais cheval depuis toujours, après tout. Il a voulu jouer et il s’est brûlé les ailes ce qui ne me dérange pas tant que ça puisque je viens officiellement d’être nommé nounou de ses jumeaux. « Mais c’est quoi ton souci à toi ? » Mes yeux s’agrandissent alors que je lorgne le fond de mon verre et avale de travers la dernière gorgée bien trop sucrée pour que ça n’en soit raisonnable.

Mes yeux retrouvent les siens l’espace d’un instant, un seul, une seconde de merde qui ne se termine même pas par un coup de poing d’aucun côté. La Twilight Zone qu’on avait dit, donc. « Ta gueule et bois, y'a aucune thérapie de groupe qui vient avant qu'on ait fini cette bouteille-là. » Il essaye de faire bonne figure autant que je l’aurais fait à sa place. S’il y a bien une chose que j’ai compris, c’est qu’il est presque aussi amoureux que moi, le con, et que ça le perdra autant que ça m’a perdu. “Il profite de ses dernières semaines en tant que citoyen lambda avant de devenir parrain.” J’avance comme si de rien n’était, comme s’il était déjà au courant, comme si j’avais pris la peine de lui demander d’être parrain avant ce moment. Comme si, donc. Je m’étire pour prendre les jus de fruits de gamin, je vole les bonbons des cocktails en prenant soin de choisir les rouges, parce que ce sont ceux qui ressemblent le plus au corail. “Son souci, c’est qu’il aura plus le droit de balancer des insultes dès que le bébé sera là.” J’hausse un sourcil en direction de l’anglais numéro un (deux ? on compte comment ?), cachant un sourire de merde en coin. Matt le parrain, donc.

C’est comme si tout le monde retenait son souffle dès l’instant où je trébuche sur mes mots et saute à pieds joint dans le plat du malaise. Je pensais ma question innocente, au regard fuyant de Matt et la passion soudaine d’Auden pour son cocktail, je comprends que j’aurais mieux fait de fermer ma gueule. Quelle idée aussi, de me faire enchaîner les shots le ventre vide. C’est si simple de rejeter la faute sur l’alcool quand en réalité j’ai tout oublié de la bienséance des relations sociales. Encore plus lorsque je me retrouve avec ceux que j’aurais juré garder comme ennemi pour le reste de mes jours. Elle est drôle la vie parfois. « Ta gueule et bois, y'a aucune thérapie de groupe qui vient avant qu'on ait fini cette bouteille-là. » Il se rattrape Matt tente de tout faire passer sous silence quand déjà, je m’excuse du regard. On va faire comme si ce moment n’avait jamais existé, c’est bien mieux ainsi. Je me concentre sur mon verre à moitié vide tandis qu’Auden semble s’agiter à mes côtés. Je retiens mon souffle lorsqu’il ouvre la bouche, près à me prendre un revers de sa part. « Il profite de ses dernières semaines en tant que citoyen lambda avant de devenir parrain. » Mes sourcils se froncent, mon regard passant de l’italien au barman. Tout bug dans mon cerveau alcoolisé tant et si bien que je m’apprête à lui faire remarquer que Matt est déjà parrain de ma fille, mais il en a pas fini là l’artiste. « Son souci, c’est qu’il aura plus le droit de balancer des insultes dès que le bébé sera là. » « Oh. » Parrain de son bébé à lui. Un sourire se dessine sur mes lèvres alors que je me tourne vers le McGrath « YEAAAAAAH CONGRATS MATE ! » Un deuxième titre de parrain en quelques mois, c’est quelque chose qui se fête non ?! Déterminé, je fais le tour du comptoir pour lui voler sa place. « On va fêter ça comme il se doit ! »

Je pourrais faire des tas de trucs là de suite pour détourner l'attention demon mariage qui part en vrille, de mon haleine infusée éternellement de tequila, de mes nuits qui sont bien plus courtes que d'habitude et de mon besoin, désormais viscéral, de penser à n'importe quoi et surtout pas à ça. Lancer la machine à karaoke sur les pires tubes anglais de son adolescence, éclater des bouteilles en faisant genre que je suis le roi de la jonglerie. Démarrer une bagarre et bousiller encore et toujours le mobilier, ou juste aller faire mon boulot et utiliser le bar comme meilleur alibi ever.

« Il profite de ses dernières semaines en tant que citoyen lambda avant de devenir parrain. » mais y'a un truc qui a changé depuis que Auden et moi on a pas toujours en tête de s'entretuer. Et ce truc-là, il se passe encore une fois entre le regard de biais qu'on se lance et les mots qu'il lâche dans le plus grand flegme la seconde d'après. « Son souci, c’est qu’il aura plus le droit de balancer des insultes dès que le bébé sera là. » y'avait déjà Tracy au compteur, mais qu'il parle de bébé, qu'il parle de bébé à venir, qu'il parle tout court - les pièces se mettent les unes les autres à côté, il est lent mon cerveau avant de capter.

« Oh. » oh indeed.
« YEAAAAAAH CONGRATS MATE ! » et derechef Bailey s'emporte dans son coin, s'improvise barman d'un soir, rapatrie des bouteilles autant que son enthousiasme, lui qui gueule et lui qui prend toute la place sans que jamais je ne pense à la lui voler. « On va fêter ça comme il se doit ! » Ezra est parrain, aussi. Auden me l'a dit, et ça va être fun ça, ou ça le sera pas du tout au choix. N'en reste que quand je ravale les dommages collatéraux par dizaine, c'est un vrai de vrai sourire qui prend place sur mes lèvres, du genre aussi soulagé d'avoir autre chose pour occuper mes pensées que le reste, tout le reste.

« Il vous manque quoi pour la chambre? » alors Matt l'imbécile (mal)heureux devient Matt le parrain poule, des étoiles dans les yeux et la pinte de nouveau pleine jusqu'au bord. « Et les purées vous y avez pensé? Gin y avait pas pensé pour Noah. Va falloir faire des stocks, les premiers mois c'est galère. » les référents reviennent, les mêmes questions posées à Jill et Bailey qui maintenant se dirigent vers Auden pour lui et Ginny. Le monde à l'envers, really.

« Oh. » que dit l’homme à ma droite quand mes yeux, eux, restent éternellement ancrés dans ceux de l’homme à ma gauche, prêts à analyser le moindre de ses mouvements. On devient deux imbéciles qui regardent Matt comme s’il était notre guide spirituel ou tout autre bêtise de la sorte. « YEAAAAAAH CONGRATS MATE ! » J’imagine que l’alcool a déjà fait son chemin dans l’organisme de cet anglais ci, eux qui semblent bien plus tenir le petit thé à la menthe plutôt que quoi que ce soit d’autre. Sa réaction m’arrache un sourire, ceci dit. « On va fêter ça comme il se doit ! » Et qu’on le veuille ou non le voilà déjà qui s’improvise barman, à prendre une bouteille et une autre sans même savoir ce qu’il tient entre les mains finalement - sans doute que tant que ça se boit, ça lui suffit.

« Il vous manque quoi pour la chambre? » Le sourire qui illumine mon visage à ce moment là est bien différent. Matt va être parrain lui aussi, alors. Une fois de plus, certes, mais la première pour mon enfant. Jamais aucun de nous n’aurait cru voir arriver une telle chose - sans doute parce que jamais il ne se serait osé à m’imaginer avec sa soeur quand, en face, jamais je ne l’imaginais autre part que six pieds sous Terre. La vie nous a changé, pour le mieux, parfois. « Et les purées vous y avez pensé? Gin y avait pas pensé pour Noah. Va falloir faire des stocks, les premiers mois c'est galère. » “On a plusieurs mois pour parler purée, petits pots et murs de la chambre auxquels t’as pas intérêt à toucher.” Ma voix est dure, mes gestes le sont beaucoup moins - et mon sourire, lui, ne l’est absolument pas. Je passe les cocktails douteux de Bailey vers Matt, en demande un de plus pour moi même, prêt à me sacrifier et mourir d’une intoxication simplement pour fêter cette soirée comme il se doit. “Pour votre information, je continue de prier pour que vous mouriez avant moi quand même.” Simplement par acquis de conscience, ceci dit. Comme certains prient pour le beau temps et moi pour ça ; j’imagine que tout se vaut, non ?

Le silence s’impose alors que l’on ne cesse de fixer Matt attendant une quelconque réaction de la part du brun. Incapable de contenir ma langue bien plus longtemps, je suis le premier à exploser de joie, me donnant alors pour mission première de les inonder d’un cocktail de ma création pour fêter ce titre en grande pompe. Matt semble complètement abasourdi et l’espace d’une seconde, j’ai presque l’impression qu’il va refuser, foudroyant alors les dernières tentatives d’entente à tout jamais. Pour une grande gueule, il en met du temps avant de parler. « Il vous manque quoi pour la chambre? » Sa question me provoque un réel éclat de rire, mais je ne loupe pas le sourire sur le visage d’Auden. C’est ça être adulte et résiliant alors ?! On se fout sur la gueule pendant des années et par amour pour nos moitiés, on tente le tout pour le tout ? Les efforts sont nombreux, ce trio repose sur des bases fragiles et ne sera que tenu debout qu’en de rares occasions sans la présence des demoiselles McGrath. Mais on essaye, vraiment. On donne tout, là autour de ce bar, alors que je m’amuse à mélanger, je ne sais quoi et que les deux hommes à mes côtés se mettent à parler poupons. « On a plusieurs mois pour parler purée, petits pots et murs de la chambre auxquels t’as pas intérêt à toucher. » Et je me doute qu’il a déjà tout en tête le papa artiste, qu’il va faire ça bien. « Fille ou garçon ? » que je ne peux m’empêcher de demander, véritablement heureux pour eux. Il m’avait fallu du temps pour accepter le couple Ginny et Auden, pour y voir quelque chose de positif après tant d’années. Aujourd’hui, j’ai compris que leur histoire ne s’explique pas, qu’ils ont besoin l’un de l’autre et qu’ils s’aiment sans limite et de la plus belle manière qui soit. « Tu est pas obligé de répondre. » que je m’empresse d’ajouter, ne voulant rien forcer.  

Il accepte mon cocktail malgré tout et c’est avec un sourire que je lève mon verre dans leur direction. « Au nouveau parrain ! » Il est déjà parfait dans son rôle auprès de Tracy, il le sera encore plus avec le petit Williams. « Pour votre information, je continue de prier pour que vous mouriez avant moi quand même. » Un nouveau rire m’échappe alors que je lève les yeux au ciel. Matt reste le gamin dans ce trio, la compétition se joue entre nous. « Et si on évitait juste de crever ? » que je propose, sourire aux lèvres avant de goûter mon cocktail qui est… Assez terrible, je dois l’avouer. « Okay vous avez pas à faire semblant, c’est affreux. » Et je vois déjà Matt se moquer, c’est dans les gênes des McGrath ça.