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 noranwar + be still and know that I'm with you

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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyMar 1 Sep 2020 - 10:50

BE STILL AND KNOW I'M WITH YOU
when darkness comes upon you and colors you with fear and shame be still and know that i'm with you - @anwar zehri
Fumant sa cigarette entre deux interventions, Saït vérifiait rapidement son téléphone portable. Faire des gardes de vingt-quatre heures faisait partie de son quotidien. C'était ce qu'il adorait faire, aller sur le terrain, prodiguer les premiers soins et évaluer la gravité des blessures des personnes accidentées ou malades lorsque l'on appelait à l'aide. Pas toujours de tout repos, et il fallait avoir l'estomac bien accroché. Depuis qu'il avait commencé, à huit heures, il avait déjà fait transféré un homme d'une cinquantaine d'années pour un AVC, la chute d'une personne âgée entraînant une détresse respiratoire et une très probable fracture de la hanche, et un jeune homme ayant eu un pneumothorax spontané. Trois interventions qui méritaient bien une clope et un peu de café. C'était un type plutôt posé, Saït. Il avait toujours l'air extrêmement serein, il parlait toujours très calmement même durant les pires situations. Norah avait toujours beaucoup apprécié travailler avec lui quand il était là, car même si elle parvenait à travailler avec, être en compagnie de collègues paniqués à la moindre goutte de sang avait le don de lui faire lever les yeux au ciel. Alors qu'il n'en était qu'à la moitié de sa barre de tabac, son bip, au cri strident, retentit, avec un code d'urgence haut grade. Le médecin régulateur l'appelait quelques secondes plus tard à peine. "J'ai vu que tu allais prendre une pause alors je me suis dit que c'était forcément le meilleur moment pour te déranger." La voix de son collègue, au début taquine, reprit très vite un peu plus de fermeté après avoir entendu Saït pouffer de rire. "Plus sérieusement, il y a eu un accident de voiture. Un choc latéral assez violent apparemment, une blessée inconsciente. Les pompiers sont déjà en route pour l'extraire de la voiture." Le médecin urgentiste (et anesthésiste, par la même occasion) n'avait pas besoin d'en savoir plus pour qu'il s'active et rejoigne l'ambulance déjà sur le départ. Dans ces cas-là, chaque seconde comptait, il en avait parfaitement conscience à force d'expérience. Il n'avait même pas pris le temps de finir sa cigarette, c'est dire.

Arrivé sur place, le spectacle était triste à voir. Le carrefour était interdit à la circulation le temps de l'évacuation, contrariant bon nombre de conducteurs qui désiraient passer par là. Les soldats des flammes étaient effectivement déjà là, à mettre tout en place pour extraire la conductrice. "Elle est dans un sale état." fit remarquer l'un au médecin qui s'approchait d'un pas hâtif avec ses collègues infirmiers et ambulanciers. En effet, c'était plutôt choquant au premier regard. La portière était totalement enfoncée. La victime, inconsciente, avait le visage en sang et probablement un grand nombre de blessures à soigner. Le premier réflexe de Saït était de vérifier le pouls au niveau de la carotide. "On a l'identité, des papiers, une carte de groupe ?" demandait-il hâtivement en déposant son sac à dos par terre. "Yep, on a réussi à trouver son sac à main, par contre faut qu'on scie la porte pour la sortir de là." "On va au moins lui mettre le collier cervical avant." fit-il remarquer pendant qu'il fouillait le sac à la recherche de papiers. L'infirmier anesthésiste s'exécuta rapidement suite aux consignes de Saït, aidé par l'un des pompiers. Enfin, le médecin tombait sur un portefeuille qu'il ouvrit rapidement pour chercher en premier lieu la carte de groupe sanguin; ils avaient des culots de O négatif en réserve, mais s'il pouvait privilégier les compatibilités, il le faisait sans soucis. Il se sentit pris d'un léger vertige lorsqu'il tombait sur la carte d'identité de la victime. Il lui fallut une fraction de secondes pour réaliser. "C'est Norah." souffla-t-il, chamboulé. "Qu'est-ce que tu dis, Saït ?" demanda l'un des infirmiers, pendant qu'il préparer le nécessaire pour perfuser, le temps que la brune soit sortie de la voiture. "C'est Norah." répéta-t-il, plus fort. "Norah, celle de réa ?" Saït acquiesça d'un signe de tête. "Oh, merde..." souffla-t-elle. "Elle respire plus." constata l'un des pompiers au même moment, après avoir déposé en grande délicatesse sur le brancard après le travail fastidieux de l'extraction. L'un des infirmiers était déjà en train de la perfuser. "On l'intube, on scope, on la remplit si besoin et on envoie un culot de rouges." Saït s'agenouilla devant la tête de son amie, dont il reconnaissait désormais les traits. D'habitude, il n'était pas du genre à faire dans l'acharnement thérapeutique, il savait dire stop quand il le fallait. Mais là, c'était différent. Qu'importent les séquelles, il voulait la sauver. "Accroche-toi, Norah."

Andy demeurait silencieux après le coup de fil de Saït. Songeur, il se demandait comment il allait annoncer au reste de l'équipe qu'ils allaient devoir prendre soin de l'une des leurs pendant possiblement plusieurs semaines. Si elle s'en sort. "Norah a eu un accident de voiture." avait-il fini par dire une fois qu'il s'était rendu en salle de pause. L'annonce avait générer le silence des plus totals. "Hémopneumothorax, un poumon perforé, volet costal, trois vertèbres cassés, une clavicule aussi, autres entorses et plaies relativement superficielles. Elle est au bloc, ils font une thoracotomie pour essayer, mais elle s'est mise en atélectasie et elle crachait aussi un peu de sang. Elle est stable, mais limite." La neutralité dans sa voix et le ton factuel qu'il employait étaient avant tout pour se protéger. Jamais n'avait-il voulu voir une amie de longue date être dans l'un des lits de son service. Surtout pas elle. Andy avait horreur de ce genre d'injustice; celle d'une femme qui en avait déjà suffisamment bavé, mais sur qui on s'acharnait encore et encore. Il ne voulait pas voir les petits Lindley devenir orphelins. "Son frère jumeau est au courant ?" demanda l'une des collègues après de très longues minutes de silence. "Je lui ai laissé un message. Je sais qu'il est en voyage, avec un peu de chances, il pourra être de retour dans quelques jours." En espérant qu'elle survive d'ici là, se dit-il. "L'ancien coéquipier de Frank fait partie de ses personnes à prévenir, j'ai réussi à l'avoir au téléphone, il devrait pas tarder." "Comment il l'a pris ?" "A ton avis ?" Mal, forcément. "J'ai aussi laissé un message à son frère aîné, histoire qu'il y ait un de ses frangins qui habite plus à proximité qui soit au courant aussi." Ce genre d'annonces n'était jamais évidente.

Assise en tailleur sur la plage, le regard clair de Norah admirait le crépuscule avec un sentiment de sérénité qu'elle n'avait ressenti depuis une éternité. La chaleur enrobante de l'été, le parfum à la fois iodé et floral de l'endroit, la douceur de la brise côtière qui frôlait son visage. La scène lui était étrangement familière. Ses cheveux emmêlés par la brise, ce sourire qui ne se défaisait pas de ses lèvres. "Norah." Entendre cette voix lui donnait fit râter un battement de coeur. Immédiatement, elle se leva et se retourna pour faire face à la personne qui l'appelait. C'était Frank. Il lui souriait, il semblait heureux. Les mains dans les poches de son pantalon en lin, il s'avançait vers elle. La brune était si heureuse de le voir, elle en avait les larmes aux yeux. Il était là, il s'approchait d'elle. Frank ne sortait les mains de ses poches que pour lui prendre délicatement son visage et essuyer à l'aide de ses pouces les larmes qui coulaient le long de ses joues. Au fond d'elle, Norah savait que ce n'était pas réel, mais elle aurait aimé que ça le soit. Ils se regardaient longuement, amoureusement. "Pas maintenant." lui souffla-t-il en approchant les lèvres de son front. Elle n'avait pas eu la chance de sentir son contact, car à ce même moment, elle reprenait peu à peu conscience. L'extubation d'un patient pouvait se passer de façon plus ou moins agréable. Dans le cas de Norah, ça ne l'était pas vraiment, même si elle était à peine conscience encore de ce qu'il pouvait bien se passer autour d'elle. Après une semaine de coma artificiel, l'infirmière respirait d'elle-même. Difficilement, douloureusement et avec des lunettes à oxygène, mais il s'agissait là d'un premier pas.

Norah avait l'a sensation que ses paupières étaient faites de plomb tant il lui était difficile de les ouvrir. Reprendre conscience de son corps, de ce qu'elle était, de qui elle était, s'avérait être un exercice particulièrement difficile. Elle préférerait largement retourner dans son rêve, à la plage, avec Frank. Mais on la forçait à revenir, à reprendre conscience. La première sensation qui la dérangeait était la lourdeur de ses membres, l'incapacité de mouvoir comme elle l'aurait bien voulue. Elle ne parvenait en premier lieu qu'à faire sensiblement bouger quelques doigts de sa main droite. La gauche se trouvait dans un attelle. Les yeux à mi-ouverts désormais, elle commençait à appréhender le monde qui l'entourait. La vision était encore trouble, le reste des sens plutôt engourdis. Et elle était prise de cette immense tristesse. Elle ne savait même pas pourquoi. Elle ne se rappelait même pas de la façon dont elle avait pu atterrir dans un des lits du service dans lequel elle travaillait habituellement. Une silhouette était assise sur une chaise, juste à côté d'elle. Anwar. La brune aurait juré avoir vu Frank debout derrière lui. Les traits n'étaient pas nets, il apparaissait comme un mirage qui s'estompait alors qu'il quittait la chambre. D'un coup, il avait disparu. La respiration alors haletante, prise de panique entre le voir partir et réaliser la douleur qui appuyait sur sa cage thoracique, des larmes coulaient le long de ses joues. Malgré cela, son esprit restait encore embourbé pendant quelques dizaines de secondes. "Annie, il était juste là. Frank..." souffla-t-elle faiblement, encore en train de s'orienter dans l'espace et le temps. Elle commençait alors à percevoir les bips réguliers qui représentaient son rythme cardiaque, à analyser l'écran du monitoring la potence à perfusion chargée d'une multitude de bouteilles et de pompes qui régulaient leur débit. Norah connaissait tout ceci par coeur, mais le fait que tout soit raccordé à elle cette fois-ci apportait un sentiment d'étrangeté. "Il... Il s'est passé quoi ?" demanda-t-elle enfin, après quelques minutes supplémentaires. "Je me souviens de rien..." Aucun indice autour d'elle ne lui permettait de savoir ce qui l'avait pousser à atterrir dans ce lit, à se sentir aussi affaiblie, à avoir autant mal. "Les enfants, où sont les enfants ?" questionna-t-elle, aussi alarmée pouvait-elle être.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptySam 19 Sep 2020 - 12:14

« Je te préviens Zehri, je ne quitte pas cette brigade sur un échec. » Morose, Patton s’était laissée tomber sur le siège passager de la vieille Ford. Trois heures déjà qu’ils faisaient du porte-à-porte dans un quartier pavillonnaire de Chermside West, où quatre personnes âgées avaient été séquestrées et dépouillées à leur domicile – la seconde était décédée, et la criminelle avait hérité du dossier – en l’espace de ces six derniers mois. « Une chance qu’on ait encore … – marquant une pause, il avait passé un coup de stabilo sur l’adresse dont ils sortaient tout juste – douze baraques à visiter. » Une chance, à condition seulement qu’ils ne continuent pas de faire chou blanc. « Ça irait plus vite si les vieux n’étaient pas tous si bavards. Je crois que si j’accepte encore un scone ou un biscuit je vais devoir faire sauter un bouton de mon jean. » Justement occupé à plonger la main dans le paquet de crocodiles multicolores qui trônait sur son tableau de bord, Anwar en avait avalé un en fixant ostensiblement son équipière et obtenu de cette dernière un vague roulement d'yeux.

***

« Aux équipages du secteur 17 – AVP corpo à l’angle de Benson et High. Un VL en fuite sur la 33 en direction du nord, berline japonaise de couleur sombre, pare-chocs avant accidenté. Un VL toujours sur les lieux, conductrice sans passagers, prise en charge par les services de secours. » Patton n’avait même pas eu besoin de tourner la tête vers lui pour savoir qu'Anwar la fixait avec ses grands yeux de chien battu. « N’y pense même pas. » Anwar et elle à la poursuite d’un véhicule en fuite, lui pied au plancher et elle agrippée à la poignée de sécurité ? Plutôt mourir. « On est juste à côté, allez. » Disons qu’ils n’étaient pas si loin … Avec le deux-tons et le gyrophare ils pouvaient rejoindre la 33 en dix minutes. « C’est nous qui allons avoir un accident, tu conduis comme un animal. » Mais aucun animal n’avait eu son permis de conduire, lui si. « Zehri … Zehri, non ! Bordel de m–arsupial, Zehri ! » Mais trop tard, le gyro mobile balancé sur le toit aussi sec Anwar les avait gratifiés de son meilleur virage au frein à main, et la seconde suivante ils roulaient en direction de la route 33 comme nombre d’autres véhicules lancés aux trousses de la mystérieuse japonaise en fuite.

***

C’était une farce. Ou plutôt un horrible cauchemar. « Je comprends rien à ce que vous me dites. » Marquant une pause, l’homme en face de lui semblait avoir puisé dans toute son énergie pour s’empêcher de soupirer et avait enfoncé les mains dans les poches de sa blouse. « Elle est dans un état préoccupant. » Et donc ? « Mais ça va aller ? J'veux dire, elle est pas … elle va s’en remettre ? » Semblant peser chaque syllabe, l'homme avait creusé chaque ride de son front de son air grave. « C’est ce que tout le monde dans ce service espère. » Ça n’était pas une réponse. Et ça n’était absolument pas suffisant. « Non vous … vous comprenez pas. Elle a deux enfants, ils ont déjà perdu leur père, ils … Il faut qu’elle s’en remette. » Posant une main prudente sur son avant-bras, celui qu'Anwar ignorait être le Andy dont Norah lui avait si souvent parlé avait assuré « Je sais tout ça. Je sais … Nous faisons notre maximum. » Mais peut-être que ce ne serait pas assez. Il fallait que ce soit assez.

***

Ils étaient là depuis des heures, chacun sur un fauteuil de chaque côté du lit. Caelan près de la fenêtre, sa silhouette fatiguée éclairée par tranches de soleil que les stores vénitiens laissaient filtrer, et Anwar près de la porte, le buste penché en avant, les coudes posés sur ses genoux et les mains refermées sur sa nuque. Caelan était rentré l’avant-veille, et si les deux hommes avaient échangé un peu par téléphone avant son retour, ils n’avaient toujours pas eu de vraie conversation l’un avec l’autre. Lorsqu’après une éternité le frère de Norah avait brisé le silence d’un « Anwar … » hésitant, pourtant, ce dernier avait secoué la tête et chassé la tentative de son ami d’un « Pas maintenant. » las, mais ferme. Ce n’était pas le lieu, ce n’était pas le moment, et Anwar n’était pas prêt à avoir cette conversation. Celle où le soulagement de le revoir était éclipsée par le fait de lui en vouloir d’être parti, et d’avoir autant tardé à revenir. Celle où il lui reprochait d’avoir dû attendre que Norah termine dans un lit d’hôpital pour daigner rentrer alors que depuis des semaines Anwar lui laissait des messages alarmistes concernant Norah et le fait qu’elle n’allait pas bien, le fait qu’elle avait besoin de lui, le fait que lui seul était en mesure de l’aider. Et malgré tout ? Malgré tout il avait rarement été aussi soulagé qu’en le voyant passer la porte de cette chambre la veille, et il préférait se contenter de cela. D’un bref sentiment positif dans ce chaos de mauvaises nouvelles, et de remettre le reste à plus tard.

***

« Comment elle va ? » Bras croisés, Anwar observait par la fenêtre de son appartement la rue en contrebas, quasi-déserte à cette heure de la journée. « Toujours pareil. » Ni bien, ni pire. Huit jours que Norah était dans le coma, huit jours que ses parents, Marcus et Anwar se relayaient à tour de rôle à l’hôpital et auprès des enfants pour que ces derniers aient toujours quelqu’un chez eux et leur mère quelqu’un à son chevet. Cinq jours depuis que Caelan s’était ajouté à la boucle. « J’ai fait passer le mot en bas, si quelqu’un a vu cette voiture, je le saurai. » Machinalement Anwar avait acquiescé. Le véhicule ayant percuté Norah n’avait pas été retrouvé – c’était comme s’il s’était volatilisé. « Tu avais quelque chose à me donner ? » Acquiesçant à son tour, Warrington avait déposé sur le comptoir une enveloppe que la poussière semblait avoir tâchée un peu, juste à côté du biberon vide qu'Anwar venait de finir de donner à Alma avant de la mettre à la sieste. « On déménage les vestiaires près de la nouvelle armurerie. Un des gars a trouvé ça en déplaçant les casiers, ça avait du glisser derrière. » L’écriture était familière, mais on sentait une certaine application dans la formation des lettres, et qui d’autre que Frank, c’est vrai, se serait autant appliqué pour écrire le prénom de Norah ? « C’est drôle la vie, parfois. » Et tellement cynique, aussi. « Je pensais que Frank l’avait jetée. Elle n’était pas dans ses affaires quand je … quand j’ai vidé son casier. » Désir de la réécrire, incertitude de vouloir la partager, qui sait. Mais la lettre était là … et elle arrivait alors que Norah n’avait jamais été aussi près de ne pas pouvoir la lire.

***

« Est-ce que Maman va dormir encore longtemps ? » Ayant terminé d’enfiler son pyjama Spider-Man, rechigné un peu à se laver les dents et consenti à se glisser sous sa couette, Aidan fixait Anwar de ce regard que l’inquiétude faisait briller de larmes. « Et si elle se réveille jamais ? Avec Julie on va habiter où ? Je veux pas laisser ma chambre et mon camion de pompiers … » Lui faisant signe de s’allonger, le brun lui avait tendu son doudou et avait remonté la couette jusqu’à son menton. « Ta sœur et toi vous n’irez nulle part, t’as pas à t’en faire pour ça. Mais tu sais, quand on a autant de bobos que maman ça demande beaucoup d’énergie pour guérir, alors c’est normal qu’elle soit fatiguée. » Le parallèle avait laissé le petit garçon songeur quelques instants, mais après plusieurs secondes il avait semblé s’en satisfaire. Pour l’instant. « Allez, essaie de dormir. Et demain matin c’est ton oncle Marcus qui t’emmène à l’école. » Après avoir déposé un baiser sur le front d’Aidan Anwar s’apprêtait à se remettre debout, mais lorsque le petit rouquin s’était redressé sur son lit pour réclamer un dernier câlin le policier n’avait pas eu le cœur à le lui refuser. Et sans doute qu’il en avait autant besoin que lui, au fond.

***

Trois gobelets de café vide s’entassaient sur la tablette près du lit de Norah, et sur les genoux d’Anwar le dossier qu’il feuilletait pour s’occuper l’esprit avant que le sommeil ne vienne le prendre par surprise menaçait de glisser pour terminer sa course sur le linoleum. Depuis deux jours Norah s’agitait un peu, un bon signe d’après le balai de personnel médical qui allait et venait dans la chambre jour et nuit, et plusieurs fois depuis la veille elle s’était mise à marmonner dans son sommeil de plomb – elle appelait Frank, et chaque fois qu’elle le faisait le cœur d’Anwar se serrait un peu plus. Même assoupi ses sens n’étaient jamais totalement au repos lorsqu’il était là, et pour cette raison le changement soudain dans la respiration de Norah et la légère accélération des bips calés sur le battement de son cœur avaient suffi à le réveiller en sursaut. Son dossier terminant pour de bon sur le sol sans qu’il ne s’en préoccupe, il s’était levé et avait attrapé la main de l’infirmière qu’une atèle n’emprisonnait pas tandis que ses paupières papillonnaient pour tenter d’appréhender son environnement. « Norah … hey. Norah. » Il chuchotait presque, n’osait pas parler trop fort, et l’avait à peine entendue lorsqu’enfin elle était parvenue à articuler « Annie, il était juste là. Frank ... » dans un murmure. Caressant doucement son front à la naissance de ses cheveux, il avait tenté de la rassurer d’un « Shhh, tout va bien … » et n’avait plus bougé durant les quelques minutes supplémentaires où la brune n’avait plus rien dit, ses paupières semblant toujours hésiter entre s’ouvrir pour de bon ou la renvoyer au sommeil encore un peu plus. « Il ... Il s'est passé quoi ? … Je me souviens de rien ... » Des larmes s’étaient mises à perler au coin de ses yeux, et semblant réaliser peu à peu la situation elle avait repris avec inquiétude « Les enfants, où sont les enfants ? »« Ils vont bien, tout le monde va bien. Ils sont avec ton frère. » Lequel, ça Anwar n’en savait trop rien ; Il les laissait s’organiser et se contentait de s’ajouter à la boucle comme on le lui accordait, conscient d’être la pièce rapportée au milieu d’une ribambelle de Leckie à nouveau au complet depuis le retour de Caelan. « Tu es à l’hôpital. Tu as eu un accident de voiture. » Il avait marqué une pause, pour laisser le temps à Norah d’assimiler les informations mais aussi pour se laisser le temps à lui-même de retrouver une contenance et d’essuyer les quelques larmes que le soulagement venait de lui faire abandonner. « Ça va aller maintenant. Ça va aller. » Il lui parlait à elle autant qu’il se parlait à lui-même, pour sûr, mais c’était au moins une chose dont il était persuadé maintenant.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyLun 28 Sep 2020 - 18:32

BE STILL AND KNOW I'M WITH YOU
when darkness comes upon you and colors you with fear and shame be still and know that i'm with you - @anwar zehri
Si Norah avait toujours bien pris en considération le sentiment de vulnérabilité que pouvait avoir un patient lorsqu'il se trouvait au fond d'un lit d'hôpital, jamais n'aurait-elle songé le vivre d'elle-même. Le pire sentiment qui soit. Etre dans un tel état de faiblesse, à la merci des soignant sans être capable de bouger le petit. Et pourtant, elle savait qu'il s'agissait de ses collègues, qu'ils étaient compétents et qu'ils savaient très bien faire le travail et faire ce qu'il y a de mieux pour le patient. Cela n'empêchait pas Norah d'être tétanisée par son incapacité à mouvoir comme elle le voulait, à ressentir une douleur aigue à chaque fois qu'elle inspirait, à dépendre d'autant de matériel médical alors qu'elle ne se rendait à peine compte de tout ce qui était en train de se passer. Une panique inexpliquée l'immergeait et la première chose qu'elle avait envie était d'avoir Frank à ses côtés. Ce vœu était si fort qu'elle aurait juré l'avoir vu, l'espace de quelques secondes, jusqu'à voir la silhouette de son époux s'évanouir. La voix d'Anwar retentissait avec douceur dans la chambre, comme s'il cherchait à ne pas y perturber le silence. Elle se voulait rassurante et soulagée alors qu'il devait faire face à l'esprit encore bien embrouillé de son amie de longue date. Les lumière blanches et criardes des luminaires de la pièce l'éblouissaient au possible, faisant papillonner ses yeux et forçant ainsi ses larmes à tracer un parcours sur ses joues. Elle n'y pouvait rien, elle n'arrivait pas à se contrôler. Le fait de ne pas se souvenir, ne pas comprendre ce qu'il se passait était ce qu'il y avait de plus perturbant. Elle n'en était pas non plus à en oublier son prénom, mais cette confusion l'embrouillait d'autant lorsqu'elle vit les traits soucieux et fatiguées de l'inspecteur pendant qu'il veillait sur la douceur de son réveil. Norah n'était pas suffisamment attentive pour prêter attention à davantage de détails qui aurait pourtant pu l'aider à comprendre la situation. Sa priorité était de savoir si ses enfants allaient bien. Passer son bien-être avant tous les autres, cela faisait souvent partie de la constitution d'une infirmière et elle ne faisait pas exception. Sa respiration s'était accélérée le temps que le brun ne lui fournisse une réponse, jusqu'à ressentir un profond soulagement. "Tout le monde va bien." répéta-t-elle dans un soupir en enfonçant un peu plus sa tête dans l'oreiller. Ses paupières se fermèrent quelques secondes. Se réveiller d'un coma était au fond assez épuisant. L'énergie fournie pour tout resituer était considérable et Norah avait parfois de quelques secondes durant lesquelles elle semblait totalement ailleurs. "Un accident de voiture ?" Elle n'en avait pas le moindre souvenir pour le moment. Ses yeux rivés au plafond, elle tentait, tant bien que mal de se souvenir des faits. Mais ça ne lui revenait pas encore. "Mais... Comment ?" Elle s'efforçait de se rappeler de tout le plus vite possible et ça la frustrait au possible de ne pas y parvenir. "Combien... Ca fait combien de temps que je suis là ?" Il lui était impossible de se situer dans le temps, de savoir depuis quand elle se trouvait dans ce lit d'hôpital. Elle levait les yeux sur les perfusions, y devinant quelques noms d'antibiotiques, de poches avec les apports nutritifs nécessaires pour compenser tout ce qu'elle n'avait pas mangé depuis son admission, et d'autres noms que sa vision ne parvenait pas encore à déchiffrer. Elle pu identifier le drain thoracique, la sonde urinaire, le redon... Le tout lui permettant d'en venir à la conclusion que ce n'était pas un petit accident. Les larmes, pourtant peu courantes chez Anwar, confirmaient à Norah la gravité de la situation. "Dis-moi tout ce que tu sais, Annie." souffla-t-elle finalement. La belle brune ne désirait pas rester dans l'ignorance sous prétexte qu'elle venait à peine de se réveillée, tant elle était pressée de retrouver sa mémoire et de pouvoir retracer d'elle-même les derniers événements. En effleurant sa joue humide, Norah sentit les lunettes à oxygène posées sur son visage. "Tu veux bien voir si je peux avoir un peu d'eau ? J'ai la bouche terriblement sèche." demanda-t-elle finalement. Elle se doutait bien qu'elle y aurait droit à condition de ne pas être seule en buvant ses premières gorgées d'eau depuis plus d'une semaine mais elle était bien placée pour savoir que le personnel soignant préférait être informé de ce genre d'initiative. Malgré les baies vitrées qui laissaient une excellente visibilité à ce qu'il se passait dans la chambre afin de faciliter la surveillance de l'état des patients. Andy ne serait définitivement pas contre la voir boire et retrouver un peu de son autonomie après des jours de léthargie. "J'adorerais revoir les enfants le plus vite possible, mais je tiens pas à ce qu'ils me voient comme ça." Norah n'aurait pas l'énergie nécessaire pour donner des explications qu'Aidan puisse rapidement comprendre et elle ne voulait pas marquer l'enfance de Julie par une image aussi traumatique que celle-ci. Sa mère se pensait bien égoïste alors de les réclamer à son chevet. "Ils me manquent..." pensa-t-elle à voix haute. Un besoin maternel que de s'assurer que sa progéniture se portait bien. Pour l'heure, Norah songeait à nouveau au fait qu'elle ait vu Frank. Autant dans son rêve qu'à son réveil. Elle jurait l'avoir vu, ou du moins, elle espérait que c'était vrai, qu'il était bien là. Pendant une demi-seconde, elle y avait tellement cru. Et revenir à la réalité était toujours aussi brutal.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyMer 4 Nov 2020 - 13:18

Les hôpitaux, lorsque l’on n’y travaillait pas, étaient de ces endroits où le temps semblait distendu. Quand on se tenait dans le fauteuil du visiteur comme c’était actuellement le cas d’Anwar il semblait s’étirer à l’extrême, chaque minute avait l’air d’une heure et chaque journée qui passait avait des allures d’éternité. Quand on se retrouvait cloué dans un lit dans le rôle du patient il pouvait être immensément long ou infiniment court, dépendamment de son niveau de conscience. Et puis de temps à autres surgissaient des instants fugaces où le temps semblait se suspendre, où l’avant et l’après cessaient provisoirement d’exister sans que l’on ne puisse mettre de mots dessus, et cet indescriptible sentiment c’était celui dont avait été saisi Anwar lorsque Norah s’était enfin sortie du sommeil dont elle était prisonnière depuis dix jours – ou une éternité, donc. Impuissant quant à tout ce qui la diminuait physiquement, le brun n’avait pas d’autre pouvoir à cet instant que celui de tenter de la rassurer, d’empêcher les questions et l’angoisse de la submerger tellement qu’elle s’en trouverait plus mal encore que ne l’avait occasionné son accident. Comme tout bon parent son premier réflexe avant même de s’inquiéter pour elle-même avait été de s’inquiéter pour ses enfants, et balayant sa crainte d’une voix volontairement rassurante le brun l’avait été lui aussi d’entendre le bip réglé sur le rythme cardiaque de la mère de famille ralentir un peu après s’être d’abord emballé. « Tout le monde va bien. » Acquiesçant d’un signe de tête tandis qu’elle fermait de nouveau les yeux, il avait répété dans un murmure « Tout le monde va bien. » et continué de caresser le dos de sa main avec son pouce, s’attendant presque à ce qu’elle sombre à nouveau dans le sommeil et préférant ne pas le troubler si tel était le cas. Au bout de quelques secondes cependant Norah avait de nouveau ouvert les yeux, et voyant qu’elle luttait pour rester éveillée et obtenir des réponses aux autres de ses questions il ne l’avait pas maintenue dans l’ignorance plus longtemps. « Un accident de voiture ? Mais ... Comment ? Combien ... Ça fait combien de temps que je suis là ? » Chaque question semblait lui demander un effort incommensurable et nécessitait qu’elle fasse une pause, Anwar se retrouvant dès lors embourbé dans ses hésitations et l’incertitude que dresser à l’infirmière le tableau de la situation ne l’aide à se calmer. N’obtenant pas de réponse celle-ci avait néanmoins ajouté « Dis-moi tout ce que tu sais, Annie. » avec insistance, et s’éclaircissant la gorge tout en essuyant sa joue avec le bout de sa manche il avait consenti à quelques détails, non sans minutieusement les sélectionner. « Quelques jours. Une voiture t’es rentrée dedans à un carrefour, les enfants n’étaient pas avec toi. » Il ne voulait pas l’abreuver d’informations et risquer de la faire paniquer à nouveau, n’ayant pas besoin d’avoir déjà été à sa place pour se douter que la situation avait déjà suffisamment de quoi s’angoisser. « Tu nous as vraiment fait peur. » avait-il tout de même admis. « Mais ça va aller maintenant. Et tout le monde est aux petits soins pour toi ici. » Anwar n’était pas dupe, il se doutait que le balai des proches de Norah visant à ne jamais la laisser seule n’aurait pas été aussi bien accepté si la jeune femme n’avait pas fait partie « de la maison », mais pour autant les Leckie et lui n’avaient eu aucun scrupule à profiter de la brèche. « Tu veux bien voir si je peux avoir un peu d'eau ? J'ai la bouche terriblement sèche. » Quittant un instant la mère de famille des yeux il avait cherché après le bouton d’appel, et pressé dessus avec la certitude que quelqu’un ne tarderait pas à venir, à la fois parce qu’il s’agissait de la chambre de Norah et parce qu’aucun de ses visiteurs ne l’avait jusqu’à présent utilisé à mauvais escient. « J'adorerais revoir les enfants le plus vite possible, mais je tiens pas à ce qu'ils me voient comme ça. Ils me manquent ... » Quelque part il était rassuré qu’elle pointe elle-même du doigt le fait que voir leur mère dans son état actuel ne ferait peut-être que les angoisser davantage au lieu de les rassurer – ainsi il n’avait pas à prendre la responsabilité de tenter de la raisonner. « Tu leur manques aussi. Ils sont encore à l’école à cette heure-ci, mais on essayera de les appeler un peu plus tard si tu es assez en forme ? » Pour l’heure il fallait déjà qu’il prévienne le reste des Leckie du réveil de l’infirmière, quand bien même il n’osait pour l’instant pas lâcher sa main, et tandis qu’il ajoutait en souriant « Aidan t’as fait une montagne de dessins qu’il meurt d’impatience de te montrer. Et Julie elle … » il avait été interrompu par l’arrivée du médecin attaché au service, qui après avoir frappé contre le battant de la porte déjà ouverte était entré dans la pièce avec, cela méritait d’être souligné, un air moins préoccupé que toutes les fois où il avait passé la porte les jours précédents. « Regardez qui a décidé de revenir parmi nous. » Profitant de ce que le médecin allait sûrement avoir besoin de ne pas l’avoir dans les pattes pour quelques minutes, le policier avait indiqué « Elle m’a dit qu’elle avait soif … » puis reporté son regard et son attention sur Norah « Je sors passer un coup de fil à Caelan, je reviens après, d’accord ? » Dans le regard de l’infirmière une lueur supplémentaire semblait s’être allumée à la mention de son jumeau, et plutôt que de lui laisser le temps de se poser la question il avait ajouté « Il est rentré. » et lui avait adressé un rapide clin d’œil, avant de lâcher sa main et de rejoindre le couloir.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyMar 10 Nov 2020 - 4:16

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Encore totalement perdue, Norah ne comprenait pas en premier lieu pourquoi il lui était si difficile d'inspirer, et d'expirer. Elle se sentait coincée, incapable de gonfler ses poumons comme elle le devrait. Impossible de prendre une profonde inspiration pour contrôler la panique dans laquelle elle se sentait totalement immergée. Comme toute bonne personne ayant un sens aigue de l'empathie, la première chose à laquelle pensait Norah était ses enfants et ses autres proches. Anwar cherchait à se rassurer lui aussi, maintenant qu'il avait vu son amie ouvrir les yeux, reprendre conscience de son corps. Il gardait précieusement sa main dans la sienne, qu'il caressait avec le plus grand soin comme si elle n'était qu'une petite chose fragile. A ce stade, elle l'était. Même si elle était encore un peu confuse suite à son réveil, elle avait pu voir les yeux rougis de l'inspecteur et les larmes qui en découlaient. C'était discret, mais c'était là. Il en fallait beaucoup pour qu'il montre ainsi ses émotions. "Dieu merci." souffla-t-elle avec un profond soupir de soulagement lorsqu'il lui assurait que les enfants n'avaient pas été dans la voiture. "Et la voiture ?" Ca, c'est que matériel, lui dirait-on. Mais étant encore un petit peu à côté de la plaque, la patiente voyait ses priorités encore ailleurs : l'organisation du quotidien des enfants, l'assurance de la voiture. Toutes ces pensées s'entremêlaient et se brouillaient encore et encore, ce qui ne faisaient qu'accentuer sa panique. "Je me souviens de rien." Le trou noir le plus complet, si ce n'était quelques images qui manquaient de sens, floues et difformes : rien qui ne puisse lui permettre de comprendre. "J'étais en faute ? Les flics et l'assurance disent quoi ?" s'alarmait-elle, les larmes au bord des yeux. "Il y a d'autres blessés ? J'ai fait du mal à quelqu'un ?" Cela compliquerait considérablement la situation et surtout, Norah en aurait alors beaucoup trop sur la conscience. Elle tremblait un petit peu, son regard était toujours perdu tandis que le brun faisait au mieux pour se montrer optimiste. A moins qu'il ne cherche à se le persuader lui-même. Qu'elle se soit réveillée était déjà une étape importante, mais le plus gros du travail restait encore à faire. Norah n'était vraiment pas encore sortie de l'auberge. Mais Anwar avait raison sur un point : tout le monde allait la bichonner, ici. C'était une collègue, une amie de longue date. Difficile de mettre une barrière entre l'affect et le professionnalisme, et pourtant, il semblerait que l'équipe s'en sorte plutôt bien. Après avoir fait un point plutôt succinct sur la situation, la jeune femme mourrait d'envie de revoir ses enfants. Mais elle était partagée aussi, de leur imposer une vision aussi traumatique que de voir sa mère dans un sale état, branchée à une multitude de machines au fond d'un lit d'hôpital. Ils seraient marqués à jamais. Ils avaient déjà perdu leur père, inutile de leur imposer une telle expérience. Anwar avait alors eu une très bonne idée : les appeler. Tout simplement. Le simple fait d'imaginer entendre leur voix la comblait de joie et d'espoir. "J'adorerais, oui." dit-elle à voix basse en relevant le regard vers Anwar. "Ca serait vraiment..." Elle n'avait pas les mots. Mais ça lui ferait beaucoup de bien, c'était certain. "Tu pourras me ramener les dessins d'Aidan ? J'adorerais les avoir ici." Elle ne pourrait pas forcément les afficher dans la chambre, mais le simple fait de savoir qu'ils étaient auprès d'elle lui ferait plaisir. Une conversation aussi simple que celle qu'elle était en train d'avoir avec le brun lui demandait beaucoup d'énergie. Si ça ne tenait qu'à elle, elle s'assoupirait à toute vitesse. Mais elle tenait à se désaltérer, à retirer cette sensation bien désagréable de bouche sèche. L'inspecteur se chargeait d'appuyer sur la sonnette pour faire appel à un soignant et ce n'était personne d'autre qu'Andy, en personne, qui fit rapidement son apparition. En le voyant, Norah sourit faiblement en l'entendant parler. Anwar se levait, laissant la place au médecin et en profiter pour passer quelques appels. Les yeux de Norah s'arrondirent quand il mentionnait le nom de son frère jumeau. "Vraiment ?" lui demanda-t-elle, de crainte de se faire de faux espoirs, en serrant sa main un peu plus fort jusqu'à ce qu'il lui affirme son retour. Suite quoi elle le regardait sortir de la chambre tandis qu'Andy s'approcher pour l'ausculter. "Comment tu te sens ?" demanda-t-il tout en vérifiant les constantes affichées sur le moniteur. "Dans le coltar." admit-elle avec un faible sourire. "C'est ton but de me shooter, pas vrai ?" dit-elle d'un air plaisantin. "Bien sûr, sinon même avec ton drain, tu serais venue bosser avec nous." Il parlait sur le même ton. Après quelques secondes de silence, il finit par prendre la place assise d'Anwar. "Tu nous as tous fait une sacrée frayeur, tu sais." reprit-il après bien plus de sérieux. Il restait calme malgré tout, quasiment stoïque. Un silence qui laissait de l'espace à Norah pour s'exprimer si l'envie lui en disait. "Je suis pas passée loin, pas vrai ?" lui demanda-t-elle finalement, la gorge nouée. Andy acquiesça d'un simple signe de tête, songeur. "T'as eu droit à deux passages au bloc, c'était pas gagné." expliqua-t-il en croisant ses bras. "Comment tu le sais ? C'est ton ami qui te l'a dit ?" Oui et non, à vrai dire. Anwar était toujours très inquiet pour les Lindley depuis la disparition d Frank mais il avait appris à bien le cacher. Là, face à Norah, il n'y était plus parvenu. Mais ce qui avait mis la puce à l'oreille de Norah, ce n'était rien d'autre que son rêve. "Non, non. Juste une intuition." se contenta-t-elle de lui dire. Après quoi, le médecin prenait le temps de l'ausculter, de faire quelques tests afin d'évaluer d'éventuels troubles neurologiques, surtout après une anesthésie aussi longue. Il prenait le temps nécessaire, se devant d'être délicat de ne pas lui faire plus de mal qu'un simple effort ne lui faisait déjà. Il l'aidait à la réinstaller, veillait ensuite à ce qu'elle ne fasse pas de fausses routes avec sess premières gorgées d'eau. Il avait du lui tenir le verre : entre une main dans une attelle et l'autre qui manquaient aussi cruellement de force. Andrew laissait la place à l'inspecteur, qui en avait fini avec son appel. Il précisait qu'elle ne devait vraiment pas hésiter à les solliciter si elle avait besoin de quoi que ce soit. "Tu as réussi à l'avoir ? Il va bien ?" lui demanda-t-elle. La belle brune tenait à rester éveillée le plus longtemps, bien que cela lui était de plus en plus difficile. "Dis-moi que tu t'es quand même reposé." Elle posait un regard triste sur lui. Elle doutait que ses proches se soient vraiment reposés, et que s'ils parvenaient à dormir, leur sommeil était réparateur. Il y avait de quoi. "Dis-moi que t'en fais pas une affaire personnelle." Depuis la mort de Frank, il s'était toujours responsable de la famille qu'il avait laissé derrière lui. Norah ignorait encore si elle était responsable de cet accident de voiture ou non, mais dans un cas comme dans l'autre, sa vie avait été menacée et elle savait que l'inspecteur aurait alors eu l'impression d'avoir failli à son devoir.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyVen 4 Déc 2020 - 16:34

Pour quelqu’un qui était passé à ça – comprenez à un cheveu, et du genre fin – de passer l’arme à gauche, Norah semblait plutôt en forme au moment de se perdre en préoccupations purement matérielles et secondaires, au point qu’Anwar s’en retrouve un peu pris au dépourvu. Toutes proportions gardées bien évidemment, car l’infirmière restait coincée dans un lit d’hôpital et harnachée à tout un tas d’équipements qui la faisaient paraitre bien plus petite et plus frêle qu’elle ne l’était en réalité. Commençant d’abord et sans surprise par prouver le soulagement que lui inspirait la confirmation de ne pas avoir été accompagnée de ses enfants au moment de son accident, la jeune femme s’était en effet rabattue ensuite sur d’autres inquiétudes bien moins essentielles, questionnant « Et la voiture ? » d’un ton perdu avant d’admettre « Je me souviens de rien. » dans une frustration palpable. « J'étais en faute ? Les flics et l'assurance disent quoi ? Il y a d'autres blessés ? J'ai fait du mal à quelqu'un ? » Le menton tremblant et les yeux se remplissant de larmes, Norah cédait à nouveau à un vent de panique qu’Anwar avait tenté de contrer en resserrant un peu plus sa main autour de celle de la jeune femme, puis secoué la tête pour lui assurer « Tu n’as rien fait de mal. Les témoins de l’accident sont tous unanimes à ce sujet alors ne t’en fais pas pour ça, d’accord ? » Bien sûr qu’elle s’en ferait, quoi qu’il en dise, mais c’était mal le connaître que de croire qu’il n’allait pas insister auprès de Caelan pour qu’il fasse sa part également pour faire rentrer l’information dans le crâne de sa sœur. Lui, elle l’écouterait. « Et pour autant qu’on sache, tu es la seule à avoir été blessée. » Le fait que le conducteur de l’autre véhicule s’en soit sorti avec quelques séquelles lui aussi n’était bien évidemment pas à exclure, mais aucun patient n’avait été admis dans l’un des hôpitaux de la ville avec des blessures qui pourraient correspondre, et en toute honnêteté que le responsable soit amoché était bien le cadet des soucis d’Anwar. Au mieux trouverait-il que ce n’était que justice. Le sujet des enfants, à la fois plus safe et plus important selon lui, était cependant rapidement revenu sur le tapis, et s’il approuvait sans avoir besoin de le faire remarquer la possibilité qu’imposer à Aidan et Julie la vision de leur mère en aussi mauvaise posture soit une fausse bonne idée, il comprenait autant le besoin de Norah d’avoir de leurs nouvelles que celui des deux petits d’être – enfin – rassurés sur l’état de cette dernière, et avait donc coupé la poire en deux en proposant de leur téléphoner dans un premier temps. « J'adorerais, oui. Ça serait vraiment ... » Ne trouvant pas ses mots ou peinant encore simplement à rester concentrée, l’infirmière n’avait pas terminée sa phrase mais néanmoins rebondi sur la mention de la quantité astronomiques de dessins produits par son fils dans l’attente de la savoir tirée d’affaire. « Tu pourras me ramener les dessins d'Aidan ? J'adorerais les avoir ici. »« Bien sûr. » avait-il aussitôt acquiescé en souriant avec douceur, ajoutant « Je te préviens, il y en a de quoi recouvrir tous les murs. » d’un ton amusé tandis qu’ils étaient finalement interrompus par l’arrivée du médecin du service. Y voyant l’occasion de s’éclipser un instant pour avertir Caelan du réveil de sa sœur – et compter sur lui pour faire passer le mot au reste des Leckie – le brun avait répondu par un clin d’œil lorsque Norah avait questionné « Vraiment ? » comme si elle ne croyait qu’à moitié à son retour, et répondant par un clin d’œil complice il avait lâché sa main et quitté la pièce en adressant un sourire poli à l’homme en blouse blanche.

Comme la plupart des conversations qu’il avait eu avec Caelan depuis les quelques jours qu’il était de retour, celle-ci ne s’était pas éternisée plus que de raison, bien que teintée d’un soulagement palpable tant chez l’un que chez l’autre et ayant momentanément pris le pas sur le malaise que créaient les non-dits qui subsistaient toujours. L’appel durant moins longtemps que le temps qu’avait accordé le médecin à sa collègue et désormais patiente, Anwar avait patienté à l’extérieur de la chambre avec pudeur et croisé le regard d’Andy lorsqu’il en était ressorti, ce dernier indiquant « Elle a encore besoin de se reposer, alors ne la fatiguez pas plus que de raison. Et n’hésitez pas à appeler s’il y a quoi que ce soit. » et obtenant du policier un hochement de tête étonnamment docile. De retour auprès de Norah, cette dernière l’avait aussitôt assailli de questions à propos de Caelan « Tu as réussi à l'avoir ? Il va bien ? » et retrouvant sa place sur le fauteuil près de son lit le brun avait acquiescé d’un signe de tête puis répondu « Il va bien, maintenant que toi aussi. Il m’a dit qu’il prévenait tes frères et vos parents et qu’il venait ici ensuite. Comme ça j’irai prendre le relais auprès de Marcus auprès des petits et il pourra venir vous rejoindre. » Tout un programme mais qui témoignait à peine de la façon dont tous avaient adapté leur routine afin de s’assurer que Norah ne soit jamais seule, aucun ne souhaitant laisser la place à l’éventualité que l’infirmière se réveille sans personne à son chevet. « Dis-moi que tu t'es quand même reposé. » avait-elle finalement repris, la fatigue d’Anwar sans doute trahie par le geste las avec lequel il avait passé une main sur son visage fatigué. « Dis-moi que t'en fais pas une affaire personnelle. » Touché. Jugeant que nier ne servirait à rien, il s’était contenté de secouer la tête « Une de mes amies est à l’hôpital et a bien failli y passer, bien sûr que c’est personnel. » Le contraire aurait à ses yeux été bien plus inquiétant, quant à savoir s’il s’était reposé il n’avait probablement pas besoin de préciser qu’il dormirait bien mieux maintenant qu’il avait pu lui parler et voir de ses propres yeux qu’elle était – normalement – tirée d’affaire. « Outre les dessins d’Aidan, tu as envie qu’on te ramène quelque chose ? » Sur le dossier du fauteuil, son blouson trônait avec dans l’une des poches intérieure une enveloppe qu’Anwar avait traîné partout avec lourdeur, et la sensation qu’elle lui pesait sur la poitrine. Mais ça, il n’était pas certain que maintenant soit le meilleur moment de le mentionner … Ne la fatiguez pas plus que de raison, avait conseillé le médecin.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyMar 8 Déc 2020 - 17:53

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La respiration de Norah était parfois haletante, parfois coupée. Elle sentait qu'elle ne pouvait pas se permettre de prendre une profonde inspiration au risque de générer des douleurs insupportables. Sa matière grise encore embrumée par des restes de médicaments anesthésiants et par l'accumulation d'autres thérapeutiques qu'on lui administrait et de ce fait, son sens des priorités étaient totalement biaisées : elle n'avait que faire de ses blessures, de son état. Là, elle s'inquiétait de la voiture, des enfants, des démarches administratives dans lesquelles elle allait devoir se lancer. Se sentir totalement perdue la faisait paniquer, elle n'était pas tranquille. D'être bloquée dans un lit, à tenter d'assimiler les faits. Anwar faisait au mieux pour la rassurer, en précisant qu'elle n'était en rien fautive de l'accident d'après  les premiers témoignages recueillis. Elle tenait de creuser dans sa mémoire pour retrouver ne serait quelques fragments de souvenirs de l'accident. Mais rien ne lui revenait à l'esprit. "Tant mieux." Qu'elle soit la seule à avoir été blessé dans l'accident. Elle restait une victime, certes, mais la seule. "Je me souviens vraiment de rien." Et ça la frustrait. Sinon, elle aurait donné volontiers un maximum d'informations à l'inspecteur – elle avait conscience qu'il ne lâcherait pas l'affaire tant que l'on n'aurait pas mis la main sur le conducteur fou. La belle brune ne pouvait désormais qu'attendre. Attendre que les souvenirs resurgissent, attendre de sortie de l'hôpital, attendre de guérir. Elle était patiente pour beaucoup de choses, mais pas avec elle-même. "Ca apportera un peu de couleurs, c'est pas plus mal." lui répondit-elle quand Anwar donnait une idée de la quantité de dessins qu'Aidan avait fait pour sa maman. Elle ne doutait pas qu'il arrivait à gérer ce qu'il vivait; des semaines entières sans même pouvoir voir sa mère. Qu'il tienne autant à s'exprimer par les dessins étaient toutefois surprenant : ce même était hyperactif. Nul doute qu'en dehors de ses gribouillages, il ne tenait pas en place, mais  il était tout à fait notable de constater qu'il parvenait à se canaliser à d'autres moments que celle de l'histoire du soir. Suite à quoi, Andrew fit irruption dans la pièce, afin de voir de ses propres yeux le réveil de sa collègue. L'inspecteur avait annoncé à Norah, avant d'avoir quitté la pièce, que son frère jumeau était de retour en ville. C'était inespéré, si bien qu'elle avait demandé la confirmation auprès d'Annie. Andy et elle prirent le temps de discuter mais il ne s'éternisait pas non plus, laissant à nouveau la place à Anwar après lui avoir précisé de ne pas chercher à trop la solliciter. Une fois réinstallé auprès d'elle, il lui expliquait rapidement comment ils s'étaient tous organisés pour les enfants et pour elles, une sorte de rotation tout en s'adaptant à leur train de vie habituelle. "Merci, pour tout ce que vous faites." lui souflla-t-elle, son regard bleu plus que reconnaissant. "Ca a du sacrément chambouler vos journées, de gérer les enfants H24." C'était un rythme à tenir. Deux tempéraments foncièrement différents qu'il fallait savoir suivre. Ses frères et Anwar les connaissaient bien, comme ils voyaient Julie et Aidan de façon très régulières. "Surtout que t'as déjà la petite aussi." Et Alma n'était encore qu'un nourrisson, et tout bébé demandait beaucoup d'attention quand même. "Je vous en dois une, et une sacrée." dit-elle finalement après quelques secondes de silence. Elle venait à peine de se réveiller qu'elle se sentait déjà redevable. Etre reconnaissante, oui, ça lui allait. Mais redevable, non. Ce n'était pas tout à fait la même chose. Son regard fatigué restait rivé sur Anwar. Ils se côtoyaient depuis de nombreuses années et à force, elle savait comment il fonctionnait. Elle avait une idée de ce qu'il pouvait ressentir. Alors, forcément, il considérait cette accident comme une affaire personnelle. "Ne te prends pas trop la tête avec ça." tenta-t-elle, bien qu'elle avait conscience que l'on devait déjà faire de son mieux pour trouver n'importe quel indice capable de lever le voile sur cet accident. Il en avait déjà bien trop sur la conscience pour ajouter une enquête qu'il prendrait trop à coeur, même si cela relevait d'un autre département de police. Norah était en vie, il avait eu la chance de la voir enfin se réveiller, de même pouvoir parler avec elle. Cela devrait être suffisant pour qu'il retire ce poids de ses épaules. "Si tu veux bien me ramener des affaires de toilettes : gel douche, shampoing, brosse à dents..." Elle prenait de réfléchir bien qu'elle sentait ses paupières s'alourdir de plus en plus. "Des serviettes aussi, des sous-vêtements... Tu devrais trouver tout ça assez facilement. Merci beaucoup." C'était déjà une bonne base, dans un premier temps. Elle ne lui demanderait pas de lui apporter de quoi s'occuper, elle était de toute façon bien trop faible pour se concentrer sur ça et dans le pire des cas, elle ferait le tour des chaînes télévisées. Et puis, de ce qu'Anwar laissait comprendre, la jeune femme ne serait jamais bien souvent seule et on lui tiendrait volontiers compagnie. "Déjà ça, ce serait top. Le reste, ça peut attendre." lui souffla-t-elle. Cela dit, elle avait l'impression de voir Anwar encore un peu tracassé. Elle supposait que c'était le trop-plein d'émotions des derniers jours qui se marquaient un peu trop sur son visage. Il pouvait y avoir un bon nombre de suppositions mais Norah était loin de s'imaginer ce qu'Anwar lui dissimulait encore à ce moment là, et à raison. La belle brune restait longuement silencieuse. Il lui était encore difficile de réaliser tout ce qu'il se passait. C'était beaucoup à assimiler, c'était encore tout récent. Tous les neurones n'étaient pas encore reconnectés et il fallait dire que son réveil avait drainé pas mal du peu d'énergie qu'elle avait. Elle conservait précieusement la main d'Anwar dans la sienne, même si elle n'arrivait pas à la serrer en bonne et due forme. "Je viens à peine de me réveiller, je suis déjà épuisée." dit-elle avec un rictus amusé. Elle finit par clore ses yeux, appelée par un repos plus que mérité et que, pour une fois depuis bien longtemps, elle acceptait sans rechigner.
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Message(#)noranwar + be still and know that I'm with you EmptyJeu 10 Déc 2020 - 9:30

Anwar n’était pas dupe, il savait qu’avoir « l’air bien » ne voulait pas nécessairement dire « aller bien » et c’est donc avec une certaine fébrilité qu’il attendait que le médecin ressorte de la chambre. Fort heureusement ce dernier ne semblait pas particulièrement alarmé en quittant la pièce, et outre quelques recommandations quant au fait de ne pas fatiguer inutilement Norah il l’avait laissé rentrer à nouveau sans poser de problème. Ayant déjà passé tant de fois cette porte ces derniers jours sans trouver autre chose que la silhouette endormi et immobile de l’infirmière, le brun avait eu une nouvelle seconde de flottement, presque surpris une fois encore de la trouver éveillée quand pourtant il ne l’avait quittée que quelques instants. Son visage avait semblé s’illuminer un peu lorsqu’il avait mentionné le nom de Caelan, et surtout confirmé le fait que ce dernier était (enfin) rentré. C’est donc sans grande surprise qu’elle avait aussitôt demandé après lui lorsqu’il était revenu, et lui assurant qu’il serait bientôt là il en avait profité pour mentionner le reste de sa famille et le fait que tous s’arrangeraient pour venir la voir dès que possible « Merci, pour tout ce que vous faites. Ça a du sacrément chambouler vos journées, de gérer les enfants H24. » avait-elle alors repris, entre émotion et inquiétude. « Surtout que t'as déjà la petite aussi. » Cela leur avait pour sûr demandé une certaine organisation, mais à aucun moment l’un d’entre eux n’avait ne serait-ce qu’envisagé les choses d’une autre manière, et lorsqu’enfin Norah avait ajouté « Je vous en dois une, et une sacrée. » Anwar avait aussitôt secoué la tête et assuré avec tranquillité « Tu ne nous dois rien du tout, Nono … Ils sont ta famille et tu es mon amie, la question ne s’est même pas posée. Et tu en aurais fait autant à notre place. » De cela il n’avait pas le moindre doute, et quand bien même, ce n’était pas un critère qui avait pesé dans la balance. « En tout cas les petits ont vraiment été géniaux, ils sont sages comme des images. Tu peux être fière d’eux. » Surtout compte tenu des circonstances. Il y aurait probablement de quoi gratter un peu par la suite, car si Julie était si peu bavarde et Aidan si peu remuant – comparé à d’habitude – c’était probablement parce qu’ils étaient inquiets, perturbés, mais pour l’heure ils semblaient avoir pris la mesure de la gravité de la situation et avaient fait de leur mieux pour ne pas rajouter de contrariétés supplémentaires à ceux qui tentaient déjà tant bien que mal de ne pas (trop) chambouler leur quotidien.

Trahi sans doute par son air chiffonné et la taille des cernes sous ses yeux, le brun s’était vu opposer dans la plus grande ironie un commentaire à ce sujet de la part de celle d’eux deux qui, pourtant, était dans un lit d’hôpital. Et bien qu’une partie d’Anwar trouvait malgré tout cela un brin attendrissant, cette incapacité de Norah à ne pas s’inquiéter pour son entourage et ce en toutes circonstances, l’autre comprenait bien le sous-entendu qui se cachait derrière … Mais fallait-il vraiment espérer de lui qu’il reste sans rien faire, sans rien dire face à cet événement quand déjà il était celui qui n’avait (toujours) pas rendu justice à Frank ? Non, ce délit de fuite, bien qu’il n’ait fort heureusement mené à rien d’aussi tragique, devenait une affaire personnelle dès lors qu’Anwar avait de nouveau manqué perdre quelqu’un de cher par l’action d’un autre. Lorsque Norah avait demandé « Ne te prends pas trop la tête avec ça. » pourtant, il n’avait rien répondu. Le moment n’était pas à cette discussion, le lieu non plus, et au bout du compte Anwar préférait que la jeune femme utilise toute son énergie à se préoccuper d’elle-même – chose qu’elle ne faisait que bien trop peu depuis un long moment. Changeant de sujet, il avait proposé de lui ramener quelques affaires, et hoché la tête tandis qu’elle listait « Si tu veux bien me ramener des affaires de toilettes : gel douche, shampoing, brosse à dents ... Des serviettes aussi, des sous-vêtements ... Tu devrais trouver tout ça assez facilement. Merci beaucoup. » En s’interrompant parfois, la réflexion autant que les longues phrases semblant solliciter une grande partie de son énergie. « Déjà ça, ce serait top. Le reste, ça peut attendre. » Le reste pouvait attendre, oui. Et le reste attendrait, effectivement, tout comme la lettre bien à l’abri dans la poche de sa veste et qu’il n’avait plus l’intention de quitter tant qu’elle n’aurait pas, une bonne fois pour toutes, trouvé sa destinataire … Pour l’heure, et alors qu’il sentait les doigts de Norah remuer sous les siens avant de s’y refermer à nouveau, cette dernière avait murmuré « Je viens à peine de me réveiller, je suis déjà épuisée. » et lui offrant un sourire rassurant il avait murmuré à son tour « Repose-toi, je bouge pas d’ici. » et attendu patiemment qu’elle sombre à nouveau dans un sommeil aussi mérité que nécessaire. L’instant d’après lui aussi s’était assoupi, profitant pour la première fois en dix jours d’un brin de sommeil plus serein.
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