Chaque lundi depuis le début du mois de septembre, May retenait son souffle. Elle regardait sans en louper une miette chaque épisode de Race of Australia et s’analysait. Elle était vraiment de se voir à la télévision et à chaque épisode, sa dose d’émotion. Les audiences tombaient chaque mardi et chaque mardi, c’est un soulagement pour la Glitters à qui ont annonçait la meilleure audience pour la chaine. ROA remportait la plus grosse part du marcher à chaque fois et un peu plus chaque semaine. Pour elle, c’était satisfaction et son égo était rempli à bloc. Elle recevait des messages lui disant à quel point elle était merveilleuse – des proches, beaucoup de proches – et allait sur twitters et d’autres réseaux sociaux pour voir si on parlait d’elle. Effectivement, on parlait d’elle. Si, en parti, on trouvait qu’elle était plutôt bonne pour une nouvelle, on voyait plusieurs fois qu’elle avait l’air coincée et qu’elle devait apprendre à sourire avec plus de naturel. Elle se vexait presque à chaque fois et était contrariée pour la journée.
May avait rendez-vous avec la production et la réalisation de ROA, ABC serait présent aussi, représenté par le directeur des programmes. Il était temps de faire un point à la moitié de la diffusion et de savoir si oui ou non le programme allait encore être diffusé jusqu’à la fin, comme c’était prévu. May savait bien que la réponse serait positive mais c’était monnaie courante et ce genre de réunion servait aussi à ce que chacun puisse se faire mousser du succès de l’émission.
ABC avait confirmé, l’émission serait bel et bien diffusée jusqu’à la finale, au rythme prévu depuis le début, c’est-à-dire un épisode par semaine. Elle qui pensait que la réunion allait se terminer ainsi, elle fu plus que surprise en apprenant que le lendemain, elle avait rendez-vous pour un cours de théatre afin de l’aider à se décoincer si à l’avenir, elle voulait pouvoir signer un nouveau contrat avec la chaine. Sans détour, on lui avait expliqué qu’elle allait sans doute animer d’autres émission à la seule condition qu’elle fasse moins pète sec à l’écran. Visiblement, les spectateurs avaient accroché avec la Glitters mais qu’elle devait vraiment se détendre pour emporter avec elle le public et être à fond dans l’émission. Faisant résonnance avec ce qu’elle avait lu sur les réseaux jusqu’à présent, elle n’avait pas tellement apprécié qu’on lui fixe un rendez-vous sans lui demander son avis au préalable et d’autant plus que visiblement, ce serait un rendez-vous hebdomadaire pour une durée indéterminée. Allait-elle devoir rendre des comptes à la fin avec une évaluation devant jury ? Elle espérait sincèrement ne pas avoir à aller jusque-là.
On lui avait dit que Rory Craine serait son professeur et elle avait pris soin de faire des recherches à son sujet pour savoir à qui elle allait avoir affaire. Ancien joueur de football - soit disant qui a du arrêté à cause d’une blessure, c’est ce qu’ils disent tous… - acteur qui, d’après les tabloïd en est venu au main avec son dernier réalisateur. C’est donc ça que mérite May Glitters ? Un acteur qu’on allait bientôt oublier à cause de son impulsivité ? Génial…
May attendait à l’adresse où on lui avait dit de se rendre pour 18h. Arrivée à l’heure pile, elle avait poussé la porte déjà ouverte pour entrer dans cette pièce totalement vide. Seules deux chaises sur le côté et rien d’autre. Une fenêtre qui donnait sur une rue très peu passante. Le bruit d’un train à quelques dizaines de mètres de là faisait vibrer les murs et c’est tout. Pas un bruit de plus. Elle s’assit sur une des deux chaises et attendait patiemment son professeur. Elle se demandait bien à quelle sauce elle allait être mangée. L’assistant de ABC lui avait bien dit que son professeur avait reçue des consignes sur les exercices qu’il allait lui confiée et avait apparemment du se taper les épisodes de ROA déjà diffusés pour mieux se rendre compte de qui était la Glitters.


@Rory Craine

 

@MAY GLITTERS & RORY

Depuis qu'il avait commencé à vivre de sa passion pour la comédie, Rory n'était jamais resté aussi longtemps loin d'un plateau de tournage. Et cette impression déroutante d'errer sans but depuis maintenant plusieurs mois le replongeait des années en arrière, après son accident. Seulement cette fois, le contrecoup était d'autant plus rude qu'il se savait entièrement responsable de cette situation et de la façon dont la presse se plaisait depuis le départ à rapporter et déformer les faits, toujours fermement convaincue de détenir la vérité. Donna lui avait conseillé d'éviter de lire tout ce qui se disait, mais c'était bien mal le connaître que de penser qu'il resterait sagement assis à ignorer ses détracteurs. Aujourd'hui l'affaire commençait doucement à se tasser mais lui nageait toujours en plein flou artistique, incapable de dire quand il reprendrait le chemin des studios ou si ça arriverait seulement dans les prochains mois. On lui disait d'être optimiste, que d'autres avaient obtenu d'absolution du métier pour bien pire qu'un coup de sang, mais l'impression d'avoir anéanti des années d'efforts parce qu'il n'avait pas pris une seconde pour réfléchir aux conséquences de ses actes, c'était ça, le plus difficile à vivre au quotidien. Il y avait heureusement l’hôpital, et cette association qu'il avait rejoint le mois dernier et dans laquelle il s'épanouissait plus qu'il n'aurait probablement osé l'espérer. Là-bas la plupart des gens se fichaient bien de le connaître ou non, d'avoir potentiellement vu son nom apparaître dans le journal, et au contact de ces enfants il ne se sentait jamais ni jugé ni sous-estimé. Il savait pourquoi il se rendait là-bas et faisait ce pour quoi il s'était engagé, simplement, comme s'il avait trouvé dans cette parenthèse le refuge près duquel il pourrait attendre que la tempête s'estompe. Et alors qu'il aurait pensé devoir faire profil bas encore un temps avant d'envisager quoi que ce soit d'autre, sa dernière conversation avec son agente lui avait valu de recevoir une proposition aussi inattendue qu'intrigante. La chaîne ABC, connue pour diffuser depuis le début du mois une émission particulièrement populaire – y compris auprès de sa petite sœur, fervente passionnée de Race of Australia – désirait semble-t-il offrir quelques cours de théâtre à leur nouvelle coqueluche : May Glitters, récemment propulsée sur le devant de la scène. Rory n'en avait pas su beaucoup plus, si ce n'est qu'on attendait de lui qu'il métamorphose l'animatrice, jugée trop guindée par la chaîne, en quelqu'un de plus naturel et spontané. Une idée qu'il aurait probablement jugée loufoque quelques mois en arrière, mais qui sonnait aujourd'hui comme une nouvelle occasion de se rendre utile, pour lui qui depuis un mois consacrait le plus clair de son énergie à l’hôpital. Ainsi il avait accepté, convaincu par Donna autant que par la perspective de s'occuper l'esprit.

Ces derniers jours, Rory les avait donc passé à rattraper les premiers épisodes de Race of Australia et ainsi pu observer sa future élève à l’œuvre. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle semblait anormalement tendue pour quelqu'un à qui on avait confié les rennes d'un programme aussi prometteur. Il avait du travail, et le tout était maintenant de savoir si May se montrerait coopérative ou s'il se heurterait à une personnalité aussi forte que ce qu'elle laissait transparaître à l'écran. Une partie de lui ne pouvait s'empêcher de se demander si elle avait mené ses petites recherches de son coté, et si oui ce qu'elle pouvait bien penser de ses récents déboires. De tous les acteurs qu'on aurait pu lui mettre dans les pattes, la jeune femme pourrait légitimement se demander pourquoi on lui avait dégoté celui qui s'en était physiquement pris à son réalisateur, et la vérité c'est que Rory n'était pas totalement sûr de savoir ce qu'il faisait là non plus. Mais il prendrait son rôle autant au sérieux que s'il investissait un plateau de tournage, et parce que c'était de cette façon qu'il garderait la tête hors de l'eau le temps que la situation s'arrange. Arrivé sur le lieu de rendez-vous, sa montre affichant dix-huit heures, il poussa la porte qu'on lui avait indiqué et tomba nez à nez avec la fameuse May. « Bonsoir. » Il s'avança et lui tendit une main en guide de salutations, songeant que les embrassades attendraient qu'ils aient potentiellement noué des liens un peu plus profonds – et autant le dire, ils n'étaient pas là pour ça. « Je suis Rory, j'imagine que vous savez déjà pourquoi je suis là. » Nul doute que ses supérieurs avaient du la briefer en conséquences, qu'elle ne serait pas ici sans avoir eu un minimum d'informations sur ce rendez-vous. Ainsi Rory n'attendit pas pour tirer la deuxième chaise et s'asseoir face à elle. « Vous faisiez plus petite à la télé. » Il nota pensivement, peut être dans une tentative de détendre l'atmosphère, ou simplement pour jauger d'entrée de jeu ce qu'il pouvait ou non se permettre avec elle. « Pas mal votre émission, d'ailleurs. Mais je partage l'avis de vos supérieurs : vous gagneriez vraiment à avoir l'air moins coincée. » Il n'était pas là pour lui raconter des histoires ou prétendre qu'il ne voyait pas pourquoi on s'était adressé à lui : c'était un fait, elle renvoyait une image un peu trop austère et pour avoir tourné pendant des années pour le petit écran, il savait par expérience que les places y étaient chères. « Voyez le bon coté des choses : ils prendraient pas la peine de vous faire prendre des cours avec moi si vous étiez pas sur le point de prendre du galon. » Il pouvait voir à sa mine dubitative qu'elle aurait plus volontiers tué le temps autour d'un café, mais il était là à présent et bien décidé à se rendre utile.

Son regard traversait la vitre qui donnait sur cette petite rue piétonne de Spring Hill. Une des rare rue épargnée par les bruits de voitures, de klaxon, le marteau piqueur dans le quartier d’affaire qui n’avait de cesse de se développer ces derniers temps. En constante évolution, tout était en mouvement et le centre ville ne connaissait pas la paix. Même la nuit, on y trouvait du bruit, ça plaisait à certains, qui venait ici pour retrouver ce brouhaha constant mais d’autres voulait le fuir à tout prix. May elle, était citadine, elle aimait le bruit des voitures, le bruit des klaxons et des marteaux piqueur, ce sentiment de vie sans cesse, le dynamisme. Elle en avait besoin. Même si c’était à Bayside qu’elle avait élue domicile et même si étonnamment, c’était bien dans la nature qu’elle se sentait le mieux mais seulement de temps en temps, le temps de se ressourcer puis elle repartait de plus belle dans la jungle citadine. Elle trouvait l’attente longue et bien trop calme, elle avait le temps de cogiter n’ayant rien d’autre sur lequel se focaliser. Elle pensait à ROA, elle pensait aux audiences, à son succès auprès du public, à ces cours qu’elle devait faire de force, à sa réussite apparente, son rêve touché du bout des doigts mais après ? Quelle sera la prochaine étape ? Quel sera son prochain but ? Il était encore trop tôt pour le savoir, elle voulait, d’abord savourer l’instant présent.
« Bonsoir. » elle se retourna, observant son professeur entrer dans la pièce, elle le reconnu puisqu’elle l’avait traqué sur internet, sur les réseaux sociaux, elle était une professionnelle pour ça, c’était sa manière de procéder pour repérer et attirer les jeunes en quête de succès, quête de gloire. Elle se leva, par politesse, s’approcha de lui, prête à lui serrer la main pour le saluer. Elle restait professionnelle et courtoise pour autant, elle n’avait pas l’envie d’être ici. « Je suis Rory, j'imagine que vous savez déjà pourquoi je suis là. » elle savait pourquoi elle était là, cependant, elle n’en comprenait pas le sens réellement. « J’espère que vous allez pouvoir m’aiguiller davantage. » qu’il lui fasse comprendre que l’expression corporelle était importante, quels étaient les intérêts de maitriser tout l’art du théâtre, du spectacle alors qu’elle se donnait devant les caméras. Ne charisme parfois ne se suffisait pas à lui-même. « Vous faisiez plus petite à la télé. » May Glitters du haut de son mètre soixante-dix n’avait pas triché ce jour en mettant des talons pour paraitre encore plus grande. « Faut dire qu’on m’y voit souvent seule, face contre tous. » peu de moyen de comparaison pour voir se faire une idée de sa taille quand tout les autres restaient à distance et qu’elle n’avait comme décor que les paysages gigantesque d’Australie, on s’y sent forcément petit à côté. « Pas mal votre émission, d'ailleurs. Mais je partage l'avis de vos supérieurs : vous gagneriez vraiment à avoir l'air moins coincée. » elle grimaça, il entrait dans le vif du sujet et s’il pensait pouvoir la mettre à l’aise en ne mâchant mes ses mots de la sorte, c’était râté. Rien de tel pour voir la Glitters se fermer comme une huitre et son visage en témoignait sans mentir. « Voyez le bon coté des choses : ils prendraient pas la peine de vous faire prendre des cours avec moi si vous étiez pas sur le point de prendre du galon. » il notait ici le premier intérêt pour May de participera à ce cours mais il allait vraiment devoir apprivoiser la Glitters pour que l’ambience se détente et qu’autant lui que elle puisse passer un meilleur moment. « Combien de cours allons nous faire ? » elle n’avait pas eu l’information, elle ne savait pas combien de temps tout ce cinéma allait durer. « Je pense que nous devrions nous y mettre rapidement, si nous ne voulons pas perdre de temps. » Elle regarda son professeur, sans vouloir lui donner l’impression que c’était elle qui menait la danse… « On s’y met ? On commence par quoi ? »

 

@MAY GLITTERS & RORY

C'était une évidence, aucun d'eux n'aurait sûrement pensé se retrouver un jour dans cette pièce. Elle, parce qu'elle était cette présentatrice vedette au charisme avéré, qui ne semblait avoir besoin de personne pour gravir les échelons et devenir un beau jour une figure irremplaçable du petit écran. Lui, parce qu'il devrait être entrain de faire la promotion de son dernier film, et savourer pour la première fois de sa vie le bonheur de faire enfin partie d'un projet qui pourrait tout changer. Donner des cours de théâtre, il y avait déjà pensé mais ne s'imaginait pas vraiment emprunter cette voie-là aussi tôt dans sa carrière. C'était loin d'être quelque chose qui le rebutait, il avait en réalité beaucoup appris auprès de coachs et de professeurs pour qui il avait gardé le plus profond des respects aujourd'hui, mais il n'estimait pas avoir encore acquis suffisamment de recul pour dispenser des cours en personne, comme si son premier vrai rôle ne remontait pas à un peu plus de cinq ans. Il en avait conscience, pourtant, personne n'attendait de lui de faire naître la passion de la comédie chez une femme qui aspirait juste à animer ses émissions sans qu'on lui prenne la tête avec des histoires de charisme, de naturel ou de spontanéité. Non, personne ne voulait que May Glitters envisage après ça une reconversion comme comédienne, pas plus que qui que ce soit ne s'attendait sans doute à ce qu'il rentre dans des détails superflus quand il avait précisément toujours préféré la pratique à la théorie, l'action au fait d'ingurgiter des lignes et des lignes de cours à recracher par cœur. Sur ce point là, May Glitters pouvait être rassurée. Pour le reste, en revanche, il ne s'attendait pas à ce qu'elle se montre particulièrement enthousiaste à l'idée qu'on lui apprenne à avoir l'air plus souriante et naturelle à l'écran. Personne n'aimerait recevoir des conseils d'un acteur, plus jeune que soi de surcroît, dont ça n'était pas la spécialité de juger de l'image que renvoyait une femme comme elle, que n'importe qui trouverait douée dans ce qu'elle faisait. Mais elle n'avait pas plus le choix que lui avait l'intention de s'avouer vaincu, quand bien même il sentit dès leur premier contact que la jeune femme avait beaucoup de réserves. « Je suis pas prof de théâtre, à dire vrai c'est la première fois que je donne des cours à quelqu'un d'autre qu'un membre de ma famille. Mais on a pensé que vous aviez besoin de travailler sur l'image que vous renvoyez à l'écran et que j'étais la bonne personne pour ça. » Si elle n'avait jamais regardé l'une des séries qui lui avaient valu d'acquérir une certaine popularité auprès de certaines générations de téléspectateurs, quelques clics sur internet lui auraient appris qu'il n'avait pas forcément l'habitude de faire ce genre de choses, alors il préférait jouer la transparence et ne pas lui cacher que pour lui aussi c'était assez nouveau. Mais quand on y réfléchissait, il avait pour lui les seules choses dont May ait vraiment besoin aujourd'hui : l'expérience du petit écran et l'habitude d'être lui-même pointé du doigt pour ce qu'il pouvait faire de bien ou de moins bien aux yeux du public. Dernièrement, certaines critiques avaient été virulentes, mais sept mois après l'incident à Sydney il en venait véritablement à penser que ce qui ne tuait pas rendait plus fort.

May souleva d'elle-même un point important et Rory secoua la tête. « C'est justement ce qui fait que votre attitude est autant décryptée. Lorsque vous apparaissez à l'écran, personne ne partage généralement le cadre avec vous et l'attention du public se focalise sur vous pendant plusieurs secondes. » Il expliqua, repensant à ses premiers tournages pour la télévision où il lui arrivait aussi régulièrement de porter une scène à lui tout seul et d'être au centre du cadre sans co-vedette pour le partager avec lui. Le genre de plans qui ne pardonnaient pas si vous n'étiez pas parfaitement concentré et dans votre rôle. Dans le cas de May, on refaisait encore moins souvent les prises et tout devait toujours avoir l'air parfaitement spontané. « Si vous avez l'air crispée ou de vous être fait emplafonner votre voiture le matin-même, les gens le verront. Ils voient tout. » Et parce qu'il avait préparé ce premier cours avec le sérieux que ça demandait, Rory avait commencé à regarder son émission et put juger par lui-même que si certaines des critiques des téléspectateurs étaient comme souvent exagérées, d'autres étaient assez véridiques. May Glitters transpirait l'assurance, mais elle n'était pas exactement ce qu'on pouvait appeler une animatrice souriante et décontractée. Ce qui serait certes plus problématique si l'émission en elle-même n'était pas un jeu d'aventure où la tension était palpable et constante, mais l'idée était précisément de la préparer aux prochaines opportunités qu'on pourrait lui proposer. Car si elle était ici, c'est bien que ses supérieurs avaient des plans pour sa carrière. « On m'a pas dit précisément combien de semaines nous devrons nous voir, mais je suis censé faire un rapport à vos supérieurs au bout de quatre cours. On décidera à ce moment-là si on continue ou non. » Tout dépendrait de l'allure à laquelle ils avançaient et, naturellement, de la bonne volonté que May mettrait dans l'exercice. Rory se redressa alors, tiquant sur la prochaine prise de parole de la blonde. « On dirait que vous êtes déjà pressée d'en finir, May. » Il l'observa tout en se déplaçant à travers la pièce, tirant les deux chaises sur lesquelles ils s'étaient installés pour dégager un large espace au centre de la salle. Plus rien pour gêner, juste l'essentiel. « On va commencer par ce qu'il y a de plus simple : la respiration ventrale. C'est ce qui va vous permettre de vous détendre et de lâcher prise. » S'approchant de quelques pas, il lui indiqua une zone spécifique de l'espace tout autour d'eux, le plus au centre possible pour les besoins de l'exercice. « Placez-vous ici, les pieds bien ancrés dans le sol et relâchez les épaules. La nuque doit être souple mais droite et vos mâchoires desserrées. Gardez les yeux ouverts tant que je vous dis pas le contraire, regardez droit devant vous et posez une main au niveau de votre ventre. Maintenant, portez attention à votre souffle. » A la sensation que lui procurait l'air qu'elle inspirait lorsqu'il circulait à l'intérieur de son corps, de ses narines jusqu'au bas de son ventre. Le simple fait de sentir son ventre se soulever tandis que sa silhouette restait parfaitement droite et stable devrait aider à ce qu'elle se relaxe. « Qu'est-ce que vous sentez ? »

 May Glitters et toute sa délicatesse. Elle n’avait pas envie d’être ici et n’allait pas s’en cacher. Elle n’allait même pas faire un petit effort, plutôt se contenter de faire ce qu’on allait lui demander vite et bien pour que chacun puisse aller vaquer à ses occupations rapidement. Combien de temps allaient-ils rester dans cette pièce ? On lui avait parler d’une heure et demi, elle espérait pourquoi se faufiler avant, pretextant peut être un rendez-vous important ou une urgence qu’elle n’aurait pas prévu. Peu importe, la Glitters allaient trouver une solution pour fuir avant la fin théorique de l’heure. Et puis, lui toucherait dans tous les cas son petit salaire, une heure et demi ou une heure, peu importe en ce qui le concerne. « Je suis pas prof de théâtre, à dire vrai c'est la première fois que je donne des cours à quelqu'un d'autre qu'un membre de ma famille. Mais on a pensé que vous aviez besoin de travailler sur l'image que vous renvoyez à l'écran et que j'étais la bonne personne pour ça. » Elle savait bien qu’il n’était pas prof de théâtre, il était, d’après Wikipédia et d’autres sites d’information peu fiables, un acteur en pleine chute et sans doute qu’il n’avait eu d’autres solutions que d’accepter cette proposition. « J’espère qu’être l’homme qui réussira à rendre May Glitters suffisamment potable pour le petit écran vous rapportera gros. » dit-elle comme si elle était si importante que son rôle allait être récompensé à sa juste valeur. May était l’étoile montante du petit écran et ce malgré son âge déjà bien avancé pour ce business, on misait gros sur elle à ABC à présent, pour la grande chaine nationale, il était important que ce stage d’expression scénique se passe pour le mieux et soit productif. May n’avait d’autre choix que d’en sortir meilleure et si ce n’était pas le cas, ce serait forcément de la faute de Rory. Si il réussissait, personne n’en saurait sans doute rien, on se demandera juste qu’est ce que la Glitters a bien pu faire pour avoir si bonne mine à la télé. A croire que le succès rend beau.
« C'est justement ce qui fait que votre attitude est autant décryptée. Lorsque vous apparaissez à l'écran, personne ne partage généralement le cadre avec vous et l'attention du public se focalise sur vous pendant plusieurs secondes. » Bien joué capitaine Obvious. May en attendait un peu plus de la part d’un spécialise de l’image. Elle savait bien la place importante qu’elle occupait à l’écran et qu’un jeu télévisé marche sans doute grâce à son animateur aussi. Une figure que l’on reconnait, une figure à laquelle on attache un programme, c’est aussi important que le jeu en lui-même. « Si vous avez l'air crispée ou de vous être fait emplafonner votre voiture le matin-même, les gens le verront. Ils voient tout. » Piqué au vif May Glitters ? A en croire la manière dont elle s’était redressée et remit la tignasse en place, peut être qu’elle l’avait pris directement pour elle cette fois-ci. Il fallait peut être bien qu’elle comprenne où il voulait vraiment en venir : elle devait faire des efforts et basta. Arrêter de penser que tout est acquis chez elle, faire de la télévision n’est pas un don naturel alors même lorsqu’elle est contrariée, même lorsqu’elle est fatiguée, rien ne doit se voir sur l’écran. Et même si elle s’est pris une voiture le matin même. « On m'a pas dit précisément combien de semaines nous devrons nous voir, mais je suis censé faire un rapport à vos supérieurs au bout de quatre cours. On décidera à ce moment-là si on continue ou non. » Quatre cours ? Donc, quatre semaines ? « Je pensais qu’en deux séances, ce serait bouclé. » qu’elle lâche, faussement surprise en réalité, bien sûre, qu’en deux séances elle n’aurait pas pu faire grand-chose, mais c’était l’espoir auquel elle s’était accroché pour ne pas le vivre comme une si grosse contrainte, hm.  « On dirait que vous êtes déjà pressée d'en finir, May. » « J’ai la sensation de perdre mon temps. » elle allait être cash avec lui, alors oui, elle était pressée en finir, de ce cours et des trois autres qui suivraient.
Il s’active alors, place à l’action, stop aux paroles qui ne servent finalement à rien. La pratique, c’est ce qu’il fallait. May le suit des yeux, regarde cette chaise traverser la salle également. Plus rien ne les encombre. La place est vide et déstabilisante. Qu’allait-elle devoir faire à présent ? « On va commencer par ce qu'il y a de plus simple : la respiration ventrale. C'est ce qui va vous permettre de vous détendre et de lâcher prise. » respirer permettait donc de se détendre ? Elle était sceptique, la méditation n’était pas son fort. Elle restait silencieuse et attendait des consignes spécifiques.  « Placez-vous ici, les pieds bien ancrés dans le sol et relâchez les épaules. La nuque doit être souple mais droite et vos mâchoires desserrées. Gardez les yeux ouverts tant que je vous dis pas le contraire, regardez droit devant vous et posez une main au niveau de votre ventre. Maintenant, portez attention à votre souffle. » May restait droite, à l’emplacement indiqué, les pieds collés au sol, les épaules relâchée mais contractait toujours sa mâchoire. Il parait qu’elle grince toujours des dents la nuit, d’ailleurs. Regard droit devant elle, planté dans cette porte qu’elle rêve d’ouvrir pour s’en aller. Elle respire… ni plus ni moins. N’ayant aucune impression particulière si ce n’est de faire le minimum pour vivre. « Qu'est-ce que vous sentez ? » Son regard dévia de la porte pour venir se plaquer sur le visage de Rory. Hm, qu’était-elle censé sentir en réalité ? « Le froid ? » parce qu’il semblait ne pas avoir de chauffage dans cette pièce et qu’en restant immobile, un frisson l’avait parcouru. « Rien de particulier… » pour répondre à sa véritable question. « Qu’est ce que je suis censée ressentir ? »

 

@MAY GLITTERS & RORY

Personne ne serait tellement enchanté à l'idée que quelqu'un ait été envoyé pour lui apprendre à paraître plus décontracté à l'écran, sur ce point-là Rory n'était pas surpris que l'idée inspire à May peu d'enthousiasme. Pour autant, il s'était engagé à faire ce pour quoi on l'avait missionné et se sentirait comme un imposteur s'il encaissait gentiment son chèque sans avoir fait quoi que ce soit pour le mériter. May ne serait pas une élève facile, mais Rory en avait vu d'autres. S'il avait convaincu plusieurs directeurs de casting de lui donner sa chance avec les années, y compris pour des rôles parfois très exigeants, il devrait pouvoir persuader la présentatrice qu'il était uniquement là dans son intérêt. Après tout, lui non plus ne s'était pas réveillé un matin en se disant qu'il aimerait s'essayer au coaching, ça n'était pas ce qui le passionnait et s'il avait eu le choix, c'est sur le tournage d'un film qu'il se trouverait. Mais cette année avait vu sa carrière prendre un tournant critique et il ne pouvait pas se permettre de décliner ce genre de propositions lorsqu'elles se présentaient. « Pas autant que si j'étais quelque part sur un plateau de tournage, pour rien vous cacher. » Il souffla en toute transparence, reposant son regard sur la jeune femme. « Mais c'est pas vraiment pour l'argent que je le fais. » Ça l'avait forcément décidé à accepter parce qu'il touchait ici à quelque chose de tout à fait inédit, quelque chose qu'il n'avait fait qu'effleurer à l'époque où il donnait des masterclass et s'adressait à un groupe d'étudiants et non pas à un seul individu. Il aurait eu peu d'intérêt à accepter de le faire simplement pour l'enjeu que ça représentait, pour autant il y voyait aussi l'occasion de combler le vide laissé dans sa vie depuis plusieurs mois. En absence de rôles, il se retrouvait plus souvent qu'il ne le voudrait à tourner en rond et aussi désolant que ce puisse être, il y avait une limite au nombre d'heures qu'il pouvait passer chaque semaine à l'hôpital dans son costume de Flynn Rider. Ce n'était pas censé devenir du temps plein, ainsi chaque occasion qu'il avait de tromper la routine était toujours bonne à prendre, surtout lorsque ça touchait à la comédie. May Glitters n'était pas n'importe qui et une partie de lui avait aussi été sensible à l'idée d'aider la présentatrice. Il venait de la télévision, quand bien même il n'y avait jamais animé quoi que ce soit. Bien des personnes s'étaient montrées bienveillantes avec lui à l'époque et s'il avait à son tour l'occasion de donner des astuces à la jeune femme pour la transformer aux yeux du public, il ne voyait aucune raison de refuser. On comptait sur lui et il était toujours mieux ici que dans son loft à ressasser un millier de choses qui ne l'aideraient en rien, elles.

La franchise serait donc de mise au cours de ces séances et ça n'était pas pour déplaire à Rory, qui avait toujours eu à cœur de contrebalancer l'illusion des plateaux de tournage avec une honnêteté à toute épreuve. Si on mettait du moins de coté les quatre années qu'il avait passé à vivre sa relation avec Swann à l'abri des regards et à faire passer l'anglais pour un de ses amis à défaut de pouvoir avouer au reste du monde ce qu'il représentait vraiment à ses yeux. Mais c'était le seul moyen pour être auprès de lui, et il le referait sans hésiter. Et tandis que l'idée de revenir pour trois autres séances ne semblait pas enthousiasmer son élève, Rory pinça ses lèvres au moment de s'apprêter, là encore, à se montrer parfaitement franc. « Vos supérieurs ont du estimer que deux séances ne suffiraient pas vu l'ampleur du travail qui nous attend. » Quatre séances, c'était en réalité bien peu pour la débarrasser de toute sa retenue. Plus encore si elle y mettait de la mauvaise volonté, mais sur ce point il ne désespérait pas d'arriver à certains résultats. « Et sans vouloir en rajouter, c'est de mon rapport que dépendra la suite. Alors meilleur il sera, plus vite vous serez libérée. » Et si ça May l'avait sans doute compris, c'était autre chose de faire en sorte que ni elle ni lui ne perde son temps pendant ces séances censées apporter des résultats. Il ne pourrait enjoliver le tableau simplement pour les libérer plus vite, ce ne serait pas professionnel et ça ne rendrait pas non plus service à la présentatrice. Alors puisqu'il serait forcé de rendre compte de la réalité à l'issue de ces quatre séances, autant faire en sorte qu'elles soient fructueuses.

Le premier exercice sur lequel Rory comptait miser avait pour but de relaxer la présentatrice. Si May restait une boule de nerfs, l'acteur savait qu'il ne pourrait rien en tirer de constructif et que tout le monde repartirait chez lui avec un arrière-goût de gâchis. Il la guida alors, pas à pas, de manière à ce qu'elle adopte la bonne gestuelle. Cet exercice en lui-même n'aurait pas d'effets miraculeux mais il était censé la mettre en condition. Censé, car May semblait là aussi peu réceptive et ne tirait que peu de bénéfices de ces mouvements pourtant censés lui faire du bien. « La position devrait vous aider à faire le vide autour de vous, vous devriez déjà vous sentir plus détendue. » C'était du moins ce qu'elle aurait du ressentir mais Rory commençait à comprendre qu'elle ne lui faciliterait pas la tâche. « Un jour, un de mes profs m'a appris que le stress nous empêchait d'insuffler suffisamment d'oxygène. Plus vous allez prendre le temps de prendre de longues inspirations, plus vous allez vous détendre et moins vous aurez l'air crispée. » Et c'était le but qu'ils poursuivaient, la raison pour laquelle ses supérieurs avaient eu l'idée de ces séances. Rory croisa les bras, son regard posé sur la présentatrice. « Vous êtes une bosseuse, May, ça se sent. Mais il faut que vous vous accordiez des pauses, que vous relâchiez toute la pression que vous vous mettez parce qu'elle se lit sur votre visage. » Elle portait un air sévère qui aurait pu être de circonstances si elle avait présenté les actualités, seulement May animait des divertissements et on attendait d'elle qu'elle mette les téléspectateurs à l'aise en paraissait la plus naturelle possible. « J'ai un autre exercice. Moins technique, il devrait vous plaire. » Du moins, il ne serait pas seulement question d'écouter sa propre respiration et si May préférait le concret, elle devrait être servie. « A mon signal, vous allez prendre une grande inspiration et hurler de toutes vos forces pour faire sortir ce que vous avez à l'intérieur de vous. Vous avez besoin de vous lâcher, c'est l'occasion. » Elle pouvait y aller, on leur avait donné rendez-vous dans une pièce assez isolée du reste des bureaux du bâtiment pour que personne ne soit gêné par l'exercice. C'était un peu comme une scène improvisée, ici. « Vous avez le droit de penser à quelqu'un qui vous insupporte. Même à vos supérieurs, juré je dirai rien. » Même à lui, si ça pouvait l'aider. Un fin sourire étira le coin de ses lèvres et Rory joignit ses mains devant lui avant de les taper entre elles pour donner le top départ. « Allez-y, lâchez tout. »

Forcément que le grand manitou de ABC n’avait pas embauché le ténor du coaching, forcément qu’il fallait bien redorer l’image de quelqu’un. Rory était sans doute lui aussi victime dans cette histoire : May n’était pas un cadeau et elle ne lui ferait aucune courbette sous pretexte qu’il était acteur. Pour elle, il n’était plus acteur et il était ici parce qu’il fallait bien manger tous les jours. Accepter ce job, même s’il n’était pas aussi bien payé qu’un tournage, n’était pas vraiment négociable pour lui. Ca lui permettait de garder un pied dans le show biz et en même temps, s’il avait mieux à faire, il ne serait pas là. Celle qui s’en sortirait bien, finalement, c’était May. Ces cours lui permettraient de garder sa place sur la chaine, mais le Craine, qu’avait-il vraiment à y gagner ? Si ce n’est de garder la tête hors de l’eau ? « Mais c'est pas vraiment pour l'argent que je le fais. » pas de surprise. « Quand on a plus l’choix, hm. » Bref, elle n’était finalement pas là pour juger de ses choix de carrière ou plutôt, de ses obligations de carrière. Ca pourrait cependant être pire : finir à la caisse d’un supermarché où tous ses fans se précipiteront, le pensant être là pour une bonne action, jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que ce n’était pas que de la figuration pour attirer de nouveaux clients mais bel et bien sa nouvelle vie misérable qui s’était imposée à lui. Fini le strass et les paillettes, la vie des tapis rouges : cette vie qui s’offrait tout juste sous les pieds de May, à contrario.
Et pour accéder aux strass et aux paillettes, elle devait bosser. Il était l’heure de s’y mettre pour de bon. Elle avait compris qu’elle ne ferait pas entorse à ces quatre séances imposées, qu’elle allait devoir réaménager son emploi du temps pour faire place nette à ces nouvelles rencontres avec Monsieur le Professeur Craine. « Et sans vouloir en rajouter, c'est de mon rapport que dépendra la suite. Alors meilleur il sera, plus vite vous serez libérée. » Allait-elle être si insupportable que jamais il ne voudrait la revoir une cinquième fois ? Elle en serait bien capable. Mais elle avait aussi l’impression d’être face à quelqu’un de finalement droit dans ses bottes, loin de la corruption dont elle pourrait user. Même si elle était la pire élève, s’il estimait qu’elle aurait besoin du double de séances, sont rapports en ferait les préconisations. Alors elle avait finalement tout intérêt à être studieuse, sérieuse et assidue.
Comme il l’indiquait, elle avait les pieds bien ancrés au sol – si bien qu’elle pourrait prendre racine – et respirait. Sans grande conviction, certes. Elle ne voyait pas bien où il voulait en venir. Qu’était-elle donc censé ressentir ? « La position devrait vous aider à faire le vide autour de vous, vous devriez déjà vous sentir plus détendue. » May Glitters détendue, c’était rarement un terme qui pouvait la définir. Toujours droite comme un piquet, toujours crispée, le dos noué. « Un jour, un de mes profs m'a appris que le stress nous empêchait d'insuffler suffisamment d'oxygène. Plus vous allez prendre le temps de prendre de longues inspirations, plus vous allez vous détendre et moins vous aurez l'air crispée. Vous êtes une bosseuse, May, ça se sent. Mais il faut que vous vous accordiez des pauses, que vous relâchiez toute la pression que vous vous mettez parce qu'elle se lit sur votre visage. » là, il avait marqué un point en flattant la blonde. Bosseuse, c’est tout ce qu’elle avait besoin d’entendre, une reconnaissance qu’elle attendait depuis toujours et dont, elle avait enfin l’impression de pouvoir jouir. Le travail acharné dont elle faisait preuve depuis des années finissait par payer, au détriment de bien d’autres versants de sa vie. Notamment sa vie sociale et surtout, sa vie familiale. Petite victoire, il avait suffit à Rory de prononcer ces quelques mots pour que peut être, elle finisse par caler sa respiration sur la sienne. Prolongeant ses inspirations et ses expirations. Pas forcément convaincue du résultat, mais au moins, elle tentait. « J'ai un autre exercice. Moins technique, il devrait vous plaire. » elle releva les yeux, curieuse de voir ce qu’il pourrait préparer ensuite. « J’commençais à m’y faire. » qu’elle lança, taquine. Presque détendue ? N’abusons pas.
« A mon signal, vous allez prendre une grande inspiration et hurler de toutes vos forces pour faire sortir ce que vous avez à l'intérieur de vous. Vous avez besoin de vous lâcher, c'est l'occasion. » est-ce que là, il pouvait lire la panique sur son visage ? Si elle était tant un livre ouvert ? Parce que crier, lâcher prise, sans raison particulière, c’était tout ce que May n’était pas. « Vous avez le droit de penser à quelqu'un qui vous insupporte. Même à vos supérieurs, juré je dirai rien. » Elle se creusait la tête, la seule personne à qui elle pouvait penser c’était bien Norman. D’ailleurs, pas besoin de se creuser la tête pour ça, c’était venu en moins d’une seconde. Norman, le père de sa fille, celle qu’elle est capable d’aimer autant qu’elle ne le déteste, ou l’inverse… Elle souffla, fit un signe de la tête, attendait le top départ. Il avait bien un signal non ? Quel signal ? Un mot ? Un geste ? Un clin d’œil ? Elle observa Rory, attentive à ses moindre faits et gestes et alors qu’il allait ouvrir la bouche, sans même avoir eu le temps de dire un mot, persuadé que le signal arrivait, elle tentait de crier. « AAH ! » ah, c’est tout May ? Un son à peine audible ? Un son qui n’avait rien d’un cri bestial, rien d’un cri de haine, un cri de désespoir. Juste un son plein de retenu, qu’elle peinait à faire sortir. Un lionceau qui tentant de rugir, loin d’être crédible. Se rendant compte qu’elle était d’un ridicule – elle le vivait ainsi – elle pourrait avoir tendance à se braquer mais, avant Norman en tête, elle voulait hurler maintenant tout ce qu’elle avait en elle. « On recommence, j’attends votre signal. » elle se redressa, implantait ses pieds au sol, comme il lui avait indiqué plus tôt. C’est maintenant May !